S’il y a bien un point sur lequel s’accordent les ethnomusicologues, toutes époques et tendances confondues, c’est l’importance de l’enregistrement sonore dans le développement et la pratique de leur discipline. De Otto Abraham et Erich von Hornbostel ([1904] 1975) à Christopher Scales (2012), en passant par Jaap Kunst (1959), Bruno Nettl (1975) ou Kay Kaufman Shelemay (1991), toutes et tous reconnaissent ce que l’ethnomusicologie doit à l’enregistrement, qui fait véritablement figure de « cadre de référence constant » (Keil, 1984 : 91).
De fait, la naissance de l’ethnomusicologie à la toute fin du XIXe siècle suit de près l’invention du phonographe en 1877 par Thomas Edison, et celle du gramophone, dix ans plus tard, par Émile Berliner. L’une des spécificités dont la discipline se prévaut dès sa création, notamment pour garantir son autonomie par rapport à la musicologie, est d’étudier les musiques « de tradition orale », alors synonymes de musiques « folkloriques » ou « primitives ...