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Notes de lecture

Marc Perrenoud & Pierre Bataille, Vivre de la musique ? Enquête sur les musicien·ne·s et leurs carrières en Suisse romande (2012-2016)

Loïc Riom
p. 228-232
Référence(s) :

Marc Perrenoud & Pierre Bataille, Vivre de la musique ? Enquête sur les musicien·ne·s et leurs carrières en Suisse romande (2012-2016), Lausanne, Antipodes, 2019

Texte intégral

  • 1 Hasard des conférences universitaires, il se trouve que j’étais moi-même à cette soirée et je dois (...)

1D’un côté, une soirée concluant un congrès de sociologie dans un « luxueux hôtel lausannois » (p. 7) où « à peu près personne ne prête attention » à la musique1 (p. 8), de l’autre, le « vernissage-concert » de l’exposition d’un artiste plasticien espagnol, dans une grande fondation, au cours duquel « l’écoute est totale » (p. 10). Le même musicien – Marc Perrenoud lui-même – et pourtant deux « avatars du travail musical » (p. 1) complètement différents : c’est de cette opposition que Marc Perrenoud et Pierre Bataille tirent l’énigme à partir de laquelle se déploie Vivre de la musique ? :

« Au cours de ces deux soirées, nous avons joué de la musique en public et contre une rémunération. À chaque fois, d’ailleurs, nous avons joué “du jazz”. Pourtant, on comprend combien les formes et le rôle de la musique, ainsi que le rôle social des musiciens, sont différents entre ces deux engagements. Cette plasticité, on pourrait même dire cette élasticité des compétences et des carrières musicales, des façons de faire de la musique et d’être musicien·ne en Romandie aujourd’hui seront au cœur de ce livre. » (p. 10)

  • 2 Partie francophone de la Suisse qui représente environ un quart de la population du pays (un peu pl (...)
  • 3 Publié pour la première fois en français en 1988 par Flammarion. L’édition originale date de 1982.

2Dans la lignée des travaux d’Howard Becker, mais aussi de Robert Faulkner, de Martin Cloonan et John Williamson ou encore de Matt Stahl, les deux auteurs proposent d’envisager « la pratique d’un art, ici la musique, non pas tant comme l’expression romantique d’une intériorité ou d’une transcendance, mais plutôt comme une activité laborieuse, un travail » (p. 13). Le livre se veut ainsi avant tout une entreprise de décentrement de la figure du « musicien-artiste » pour rendre compte avec plus de nuances de ce qu’est de vivre de la musique en Suisse romande2. Plus de trente ans après la traduction française des Mondes de l’art3, cet ouvrage important propose une version très aboutie du projet de description de « l’artiste en travailleur » (Menger, 2002) tout en dessinant de nouvelles directions pour la sociologie de la musique.

  • 4 En plus du livre, plusieurs autres publications sont issues de ce projet. Celles-ci sont disponible (...)
  • 5 Voir, par exemple, Finnegan Ruth (2007 [1989]).

3Pour commencer, il convient de relever que Vivre de la musique ? est le fruit d’une ambitieuse enquête menée pendant trois ans (de 2012 à 2015) à l’Université de Lausanne sous le nom de Musicians Lives4. Aidés de plusieurs collègues, Marc Perrenoud et Pierre Bataille se sont appliqués à produire « une représentation d’une précision inégalée aussi bien sur la structure de l’espace professionnel musical que sur le déroulement des carrières individuelles des musiciens » (p. 11). Toutefois, cet exercice est bien moins évident qu’il n’y paraît. Les deux auteurs relèvent que les musicien·nes ne sont à la fois pas assez nombreux pour apparaître dans les statistiques officielles et trop peu visibles dans les médias, qui se concentrent quasi exclusivement sur quelques célébrités. Comment alors rendre compte des carrières des musiciens et des musiciennes « ni riches, ni célèbres » – pour reprendre une expression chère à Marc Perrenoud (2007) – qui constituent pourtant la majeure partie de ce groupe professionnel ? Tout le dispositif d’enquête mis en place vise à répondre à cette problématique récurrente des études qui souhaitent s’intéresser aux pratiques musicales « ordinaires5 ». Pour ce faire, l’équipe de recherche a mené une enquête d’envergure par entretien avec 123 musiciens et musiciennes basés en Suisse romande. Ces informateur·trices ont été recrutés selon une logique « relationnelle ». À partir de sept entretiens de départ, les enquêteur·trices ont demandé à leurs interviewé·es de lister les personnes avec lesquelles ils et elles avaient joué au cours de l’année écoulée et de leur recommander parmi cette liste trois nouveaux contacts. En suivant qui joue avec qui, les auteurs ont reconstitué un réseau de plus 1 200 individus qui composent « l’espace professionnel » romand. C’est ce tour de force méthodologique qui produit ce qui à mes yeux fonde les deux résultats centraux du livre : d’une part, la distinction de différentes manières de vivre de la musique et, d’autre part, la caractérisation d’un « régime d’emploi » propre à la Suisse romande.

4Qui sont les musiciens et les musiciennes romands ? Voilà donc la première question à laquelle s’attelle ce livre. Ici, l’enquête se base, en premier lieu, sur l’analyse des revenus des personnes interviewées. Des calendriers de vie ont servi à récolter de manière systématique non seulement les différents projets musicaux auxquels ces personnes ont pris part, mais également leurs sources de revenus. À partir du traitement statistique de ces données, Marc Perrenoud et Pierre Bataille identifient trois figures : les « créateurs », les « artisans » et les « enseignants ». Chacun de ces groupes entretient un rapport singulier au travail de musicien·ne et construit différemment ses revenus.

5Les créateurs sont ceux qui s’approchent le plus de la vision romantique de l’artiste-créateur. Ils et elles composent et jouent leur propre musique. Leurs revenus sont hétérogènes : concerts, enregistrements, mais aussi droits d’auteur, de synchronisation ou encore commandes. Pour les auteurs, ils se situent au sommet de la hiérarchie professionnelle. Les artisans correspondent eux à la figure du musicos que Perrenoud documente depuis de nombreuses années. Ils vivent principalement des cachets de concerts. Ils jouent rarement leur propre composition, mais la musique des autres dans des situations de divertissement ou d’animation (mariages, marchés). Enfin, les enseignants tirent principalement leurs revenus d’activités pédagogiques, mais sans se limiter à celles-ci. En parallèle des cours qu’ils donnent, ils composent et développent leurs propres projets artistiques.

  • 6 Vente de disques, enregistrement, travail technique, sessions, salarié permanent, vente de merchand (...)

6Lapport principal de cette typologie est sans aucun de doute de partir des revenus pour souligner des manières très différentes de vivre de la musique. Lintérêt vient notamment du fait que les auteurs prennent en compte une vaste gamme de revenus6 qui restitue la pluriactivité des mondes de la musique. Alors que la recherche sur la musique est encore largement tintée dune forme de discocentrisme qui – comme le montre très bien le livre – exclut de fait certaines façons d’être musicien·ne, cette analyse permet de saisir les manières dont les musiciens et les musiciennes articulent ces différentes activités, trop souvent étudiées de façon distincte.

  • 7 C’est notamment le projet du réseau « Working in Music ».

7Ces nuances entre manières d’être musicien débouchent sur un second résultat portant, cette fois-ci, sur l’organisation de l’emploi musical. Celui-ci se lit à travers le groupe des enseignants qui constitue une des conclusions singulières du livre. En effet, dans ses enquêtes en France, Perrenoud avait identifié une séparation relativement nette entre musicien·ne et enseignement de musique. Or, en Suisse romande, cette frontière semble plus poreuse. Cette observation contribue à caractériser un « régime demploi » musical propre à la Suisse romande. La taille relativement restreinte du marché, la pratique répandue dun instrument, la diffusion des emplois à temps partiel, le fort pouvoir dachat ou encore la difficulté pour les musicien·nes à accéder au système de lintermittence sont autant d’éléments qui participent dune configuration très spécifique de lemploi musical. Celle-ci se traduit notamment par lintégration de lenseignement dans le « faisceau de tâches » du musicien et de la musicienne. À partir de ce résultat, Perrenoud et Bataille appellent à poursuivre ce travail et à entreprendre de nouvelles comparaisons internationales7 dans le but de situer ces différentes manières de vivre de la musique.

  • 8 De la même manière que les auteurs défendent que « le projet de vivre de la musique » demande à cel (...)

8À la suite de ces deux résultats, la deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à des portraits d’interviewés issus de chacun des trois types de carrières. Ceux-ci illustrent non seulement les analyses statistiques, mais surtout les enrichissent. En restituant une situation particulière, chaque portrait contribue à décrire le paysage dans lequel ces musicien·nes évoluent. Ils donnent de la chair à ces enjeux et permettent de mieux saisir les épreuves auxquelles sont soumises ces carrières. Surtout, ces portraits laissent peut-être entrevoir une autre façon d’envisager l’héritage beckerien en comprenant moins le « travail » comme une question d’emploi et davantage comme une question d’activité. Les personnes interviewées non seulement vivent différemment de la musique, mais également la font vivre de manières différentes. Cette observation invite à revenir sur un postulat formulé au début de l’ouvrage : envisager la musique comme un travail permet de dépasser des approches plus culturelles notamment en termes de « styles musicaux » et des limites qu’elles engendrent. Cette volonté est à mon avis productive, en particulier lorsqu’elle donne à voir la diversité des carrières. Néanmoins, il me semble qu’il existe un risque à vouloir définitivement inscrire l’étude de la musique dans la sociologie du travail et à la détacher de toute composante « culturelle8 ». C’est sur ce dernier point que je souhaite terminer ce compte-rendu, non pas tellement pour souligner d’éventuels manquements de l’ouvrage, mais, à l’inverse, pour esquisser ce qu’en creux il permet de repenser de l’actualité de l’équation beckerienne « art = travail ».

  • 9 Le terme vient de publications plus anciennes de Perrenoud, voir Perrenoud Marc (2006).
  • 10 Sur cette perspective mêlant à la fois interactionnisme et dispositionnalisme, voir Perrenoud Marc (...)
  • 11 À la publication des Mondes de l’art, Antoine Hennion prévenait déjà de ce risque : « je n’ai parlé (...)
  • 12 Cette lecture alternative de Becker a déjà été proposée, voir en particulier Hennion (2013 : 185-19 (...)
  • 13 À ce sujet voir Gomart & Hennion (1999 : 220-247) et plus récemment Callon (2017).

9Si Perrenoud et Bataille partent des deux « dispositifs de jeu9 » décrits au début de ce texte, c’est pour les réinscrire dans « les jeux et enjeux de l’économie symbolique du prestige et de l’“économie économique” de l’argent » (p. 4). Pour le dire autrement, en interprétant « travail » comme emploi et en cherchant à saisir les logiques qui structurent ce « champ professionnel », les auteurs non seulement le détachent de son caractère culturel, mais en font la double détermination de l’économie et du social10. Or, si l’on souhaite être constructiviste, comme le revendiquent Perrenoud et Bataille, pourquoi ne pas l’être de manière symétrique et traiter le marché ou le prestige dans des termes similaires que l’art ou le génie ? Le risque, me semble-t-il, est de faire dans le même geste de la sociologie de l’art une sous-discipline de la sociologie du travail11. De ce point de vue, de la même volonté de faire de la musique un travail, un geste inverse est possible : inscrire le terme de travail dans un héritage différent, plus proche de l’activité, du « doing » et d’une certaine manière du pragmatisme12. Cette perspective permet de prendre au sérieux la notion de dispositif – entendu comme cadrage de l’action, forme de « faire faire13 » – afin de saisir la façon dont il performe non seulement un rapport à l’emploi, mais également une manière de faire musique et de faire émerger un monde avec elle. Pour emprunter une formulation de Keith Negus (1995 : 316-341), le pari serait non pas d'étudier la production de la culture – dans le cas de Vivre de la musique ? avec l’appui de la sociologie du travail –, mais la culture de sa production. Si les emprunts à la sociologie des professions sont à coup sûr heuristiques (par exemple l’étude des revenus ou des concepts comme ceux de carrières ou de faisceaux de tâches), ils esquissent également en creux d’autres apports possibles, notamment pour questionner la mise en marché de l’activité musicale. Et c’est bien pour toutes ces bonnes raisons que Vivre de la musique ? est un excellent livre pour remettre la sociologie de la musique au travail.

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Bibliographie

Bataille Pierre & Perrenoud Marc (eds.) (2021), « Back to Work ! », Volume! La revue des musiques populaires, vol. 18, no 1.

Becker Howard (1985), Outsiders : Études de sociologie de la déviance, Paris, Éditions Métailié.

Callon Michel (2017), L’emprise des marchés. Comprendre leur fonctionnement pour pouvoir les changer, Paris, La Découverte.

Finnegan Ruth (2007 [1989]), The Hidden Musicians : Music-Making in an English Town, Middletown, Wesleyan University Press.

Gomart Emilie & Hennion Antoine (1999), « A Sociology of Attachment : Music Amateurs, Drug Users », The Sociological Review, vol. 47, no 1, p. 220-247

Hennion Antoine, (1985), « Howard S. Becker, Art Worlds, 1982 », Vibrations. Musiques, médias, société, vol. 1, no 1, p. 196-198.

Hennion Antoine (2013), « Petit portrait de Becker en pragmatiste », in Benghozi Pierre-Jean & Paris Thomas (eds.), Howard Becker et les mondes de l’art, Paris, Éditions de l’École polytechnique, p. 185-193.

Menger Pierre-Michel (2002), Portrait de l’artiste en travailleur, Paris, Seuil.

Negus Keith (1995), « Where the Mystical Meets the Market : Creativity and Commerce in the Production of Popular Music », The Sociological Review, vol. 43, no 2, p. 316-341.

Perrenoud Marc (2006), « Jouer “le jazz” : Où, comment ? Approche ethnographique et distinction des dispositifs de jeu », Sociologie de l’art, vol. 8, no 1, p. 25–42.

Perrenoud Marc (2007), Les musicos : Enquête sur des musiciens ordinaires, Paris, La Découverte.

Perrenoud Marc (2021), « Pour un interactionnisme dispositionnaliste dans l’étude du travail. Le cas de l’espace professionnel des musicien.ne.s ordinaires », SociologieS, en ligne : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologies/16646 [consulté le 22 juin 2021].

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Notes

1 Hasard des conférences universitaires, il se trouve que j’étais moi-même à cette soirée et je dois bien avouer n’avoir aucun souvenir d’un groupe de musique se produisant ce soir-là.

2 Partie francophone de la Suisse qui représente environ un quart de la population du pays (un peu plus de 2 millions d’habitants).

3 Publié pour la première fois en français en 1988 par Flammarion. L’édition originale date de 1982.

4 En plus du livre, plusieurs autres publications sont issues de ce projet. Celles-ci sont disponibles sur la page de Marc Perrenoud : https://applicationspub.unil.ch/interpub/noauth/php/Un/UnPers.php?PerNum=1079074&LanCode=37&menu=pub. Voir également le récent numéro de Volume ! coordonné par les deux auteurs (Bataille & Perrenoud, 2021).

5 Voir, par exemple, Finnegan Ruth (2007 [1989]).

6 Vente de disques, enregistrement, travail technique, sessions, salarié permanent, vente de merchandising, activité d’enseignement, droits d’auteur, chômage et cachets de concerts.

7 C’est notamment le projet du réseau « Working in Music ».

8 De la même manière que les auteurs défendent que « le projet de vivre de la musique » demande à celui ou celle qui le poursuit de se détacher de ses goûts amateurs (p. 50), on pourrait s’interroger sur le fait de savoir si ce détachement n’est pas en soi un rapport très spécifique à ce qu’être musicien·ne et à la manière dont il constitue en lui-même une forme de sociologie – menés cette fois par les acteurs – que Perrenoud et Bataille héritent directement des squares décrits par Becker, voir Becker Howard (1985).

9 Le terme vient de publications plus anciennes de Perrenoud, voir Perrenoud Marc (2006).

10 Sur cette perspective mêlant à la fois interactionnisme et dispositionnalisme, voir Perrenoud Marc (2021).

11 À la publication des Mondes de l’art, Antoine Hennion prévenait déjà de ce risque : « je n’ai parlé que de sociologie des occupations, mais essayez maintenant de parler d'art comme avant » (1985 : 198).

12 Cette lecture alternative de Becker a déjà été proposée, voir en particulier Hennion (2013 : 185-193).

13 À ce sujet voir Gomart & Hennion (1999 : 220-247) et plus récemment Callon (2017).

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Pour citer cet article

Référence papier

Loïc Riom, « Marc Perrenoud & Pierre Bataille, Vivre de la musique ? Enquête sur les musicien·ne·s et leurs carrières en Suisse romande (2012-2016) »Volume !, 19 : 1 | 2022, 228-232.

Référence électronique

Loïc Riom, « Marc Perrenoud & Pierre Bataille, Vivre de la musique ? Enquête sur les musicien·ne·s et leurs carrières en Suisse romande (2012-2016) »Volume ! [En ligne], 19 : 1 | 2022, mis en ligne le 01 juin 2022, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/volume/10465 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/volume.10465

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Auteur

Loïc Riom

Loïc Riom travaille à l’Université de Lausanne et enseigne à l’École polytechnique de Lausanne. Il est titulaire d’un doctorat en études des sciences et des techniques (Centre de sociologie de l'innovation de l'École supérieure des Mines de Paris). Sa thèse porte sur l'économisation de formats intimistes et secrets de concerts. Plus largement, ses intérêts de recherche se situent à l’intersection de la sociologie de la musique et des études sociales des techniques avec un intérêt particulier pour les marchés de la musique. Ses enquêtes actuelles se concentrent sur la Music Tech et les investissements financiers dans l’industrie musicale. Il est le lauréat du prix jeune chercheur de la branche francophone d'Europe l'IASPM (2015) et a coédité avec Marc Perrenoud le livre Musique en Suisse sous le regard des sciences sociales (2018).

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