L’influence croissante de narratologies dites cognitivistes a récemment permis à la narrativité de gagner en légitimité en tant qu’outil théorique dans l’étude des musiques populaires. Faire de la narrativité un mode de réception davantage qu’une propriété inscrite dans les textes et placer l’accent sur les expériences individuelles permettant à chacun de reconstituer ou non un récit au contact d’un objet comporte deux atouts : d’une part, l’abandon du débat structuraliste concernant la possible existence d’un récit musical autonome, et d’autre part, une approche plus juste des paroles des musiques populaires, souvent (mais pas toujours) plus elliptiques et poétiques que « narratives » au sens romanesque du terme. Malgré ce tournant cognitiviste (Fludernik, 1996 ; Rudrum, 2005 ; Herman, 2009), les études ancrées dans de véritables enquêtes de réception restent minoritaires, notamment en narratologie musicale. Tout en s’appuyant sur les propositions de Fludernik et en travaillant sur...
Entendre le récit dans les sons
Résumés
Les apports de la narratologie cognitiviste à l’étude des musiques populaires ont récemment permis d’adopter des approches analytiques permettant de rendre compte des processus de narrativisation à l’œuvre lors de l’écoute, c’est-à-dire des modes de réception caractérisés par l’interprétation des éléments sonores et verbaux au travers d’un prisme narratif. Malgré la généralisation de ce cadre théorique, peu d’études de réception ont encore été réalisées pour renseigner ces processus de narrativisation. Cet article se propose de contribuer à leur compréhension grâce aux résultats d’un questionnaire en ligne portant sur la réception narrative des chansons rock et folk, en se concentrant ici sur les strates musicales non vocales des chansons. Les témoignages d’écoute mettent en évidence trois éléments majeurs jouant le rôle d’incitants narratifs pour la population enquêtée : la complexité de la forme, la présence de soli instrumentaux, ainsi qu’une atmosphère jugée immersive. En s’appuyant sur les descriptions de ces caractéristiques par les enquêtés, cet article tente d’affiner l’identification de ces incitants narratifs non vocaux dans un contexte musical défini génériquement.
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Mots clés :
analyse musicale, écoute / auditeur / public / spectateurs, fans / amateurs, forme / structure, enquête / terrain / observation participante, narration / narrativité / récitKeywords:
analysis (musical), listening / auditor / audience, fans / fandom, form / structure, perceptions / representations (cultural), narrative / narrativityNotes de la rédaction
Cet article a reçu le prix « Premières recherches » décerné par la branche francophone d’Europe de l’International Association for the Study of Popular Music (IASPM-bfE) pour l’année 2021.
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Texte intégral en libre accès disponible sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2025.
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Pour citer cet article
Référence papier
Marion Brachet, « Entendre le récit dans les sons », Volume !, 19 : 1 | 2022, 181-194.
Référence électronique
Marion Brachet, « Entendre le récit dans les sons », Volume ! [En ligne], 19 : 1 | 2022, mis en ligne le 01 janvier 2025, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/volume/10005 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/volume.10005
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