Photo prise le 26 11 22 par Philippe Bachimon au musée Égyptien du Caire (statuette enregistrée au Journal des Entrées du Musée sous la référence JE 30810 et au Catalogue Général sous le n° CG 241).
1Il s’agit bien là de la représentation du plus ancien back packer connu. Elle est visible au musée Égyptien du Caire. Cette statuette de 36 cm de haut a été retrouvée à Meir, sur la rive ouest du Nil, en Moyenne-Égypte. Meir est le nom "moderne" de l'ancienne nécropole de "Kis", aujourd'hui, el-Qusiya - gouvernorat d'Assiout. On y a trouvé dès la fin du XIXe siècle des objets ayant appartenu à des gouverneurs et des fonctionnaires de l'Ancien et du Moyen-Empire. Cette statuette date du règne de Pepi Ier (VIe dynastie)et a été exhumée du tombeau de "Niankhpepi, dit le Noir" : "gouverneur de la Haute-Égypte, chancelier du roi de Basse-Égypte, ami unique, respecté du Grand Dieu, prêtre ritualiste et grand prêtre." Il s'agit d'une représentation qui est surnommée : "statuette du porteur de Niankhpepi" qui a été découverte en 1894 par le service des Antiquités du Caire (de Morgan, 1895). En bois peint elle représente un homme à la peau sombre dans l'attitude de la marche. Ce serviteur porte un "sac à dos" blanc qui semble peser lourd (Grillot, 2018). Selon Eugène Grébaut : « On lui voit sur le dos, une sorte de sac ovale, de coupe oblongue et plate, un peu plus large par en bas que par en haut, et muni de deux grosses pointes en bois qui servaient à le ficher en terre. Il est en cuir blanc, mais le contour des côtés étroits est cerné d'un trait rouge et rempli d'un réseau simulant un filet. La partie supérieure de l'un des côtés longs, arrondie aux angles, se rabat sur l'autre comme celle de nos portefeuilles. Un tapis rectangulaire, à petites taches rougeâtres sur fond blanc, et à bordure imitant le dessin de la peau de panthère, est étendu sur le tout, et l'un de ses bouts, passé entre le cuir et la peau de l'homme, amortit le frottement pendant la marche. Une courroie blanche, large et longue, en étoffe ou en cuir, est attachée aux deux extrémités du côté qui s'applique au dos. L'homme l'a mise à son cou par-dessus l'épaule droite, puis il a relevé la valise à droite, jusqu'à ce qu'elle lui remontât dans la nuque à la façon du sac de nos soldats. Il a ensuite croisé les deux extrémités de la courroie l'une sur l'autre au côté gauche, et, dans l'anse ainsi obtenue, il a enfoncé jusqu'à moitié le bras gauche replié au coude ; la pression de ce bras, qui tend à descendre, serre la valise au dos, et la main appuyée à plat sur elle l'empêche de trop balloter. » (Grébaut, 1895)
2Voilà donc une statuette de plus de 4200 ans qui nous permet d'imaginer les lointains ancêtres des marcheurs modernes portant dans leur sac à dos des objets de survie et de confort pour leurs voyages touristiques, initiatiques, éco responsables, "en autonomie"... voyageurs qui obtiennent en allégeant leur fardeau grâce à un jeu de sangles, tel que décrit par Eugène Grébaut, qui en répartit la charge une sensation de bien-être. Sans vouloir surinterpréter, cette statuette qui est donnée à voir aux touristes du musée le plus visité d’Égypte (30e au classement mondial des musées), suscite l'intérêt des visiteurs du musée du Caire, sis sur la place Tahir, et déclenche en retour une multitude de prises de vue, selfies et commentaires des guides.