Quel lieu pour la documentation photographique à la fin du XIXe siècle ? Le cas du Musée des photographies documentaires de Paris (1894‑1907)
Résumés
Cet article propose d’étudier le cas du Musée des photographies documentaires de Paris (1894-1907) au prisme de la question du lieu. Forgé par Léon Vidal dans l’enthousiasme documentaire du début des années 1890, hébergé à Paris au Cercle de la librairie, le projet peine à trouver un ancrage institutionnel pérenne malgré des tentatives auprès de la Bibliothèque nationale ou du Conservatoire des arts et métiers. L’article retrace cette quête d’un lieu permanent et tente à travers elle de comprendre les reconfigurations du projet, mais surtout les zones de blocage qui résistent à un établissement plus définitif. Si Léon Vidal a toujours mis l’échec du Musée documentaire au compte du défaut de légitimité institutionnelle de la photographie, faut-il le suivre dans cette analyse, ou au contraire aller chercher du côté des résistances au lieu – et notamment du rapport à l’espace et à « la place » – les raisons d’un arrêt de ce projet de documentation encyclopédique par la photographie ? C’est cette dernière voie que l’article voudrait explorer.
Entrées d’index
Haut de pagePlan
Haut de pageTexte intégral
1. « Entrées du mois de mai 1894 »

Page du Registre d’entrées du Musée des photographies documentaires, Paris, vol. A, p. 1. Paris, Bibliothèque nationale de France (YB4‑1698-FOL). « Bourse de Marseille », l’entrée n° 9, est reproduite infra, en figure 6.
- 1 William Jerome Harrison, Étude relative à la création d’un musée photographique national d’archives (...)
- 2 Voir Raphaèle Cornille, Stéphanie Manfroid, Manuela Valentino, Le Mun-daneum. Les archives de la co (...)
- 3 Voir Estelle Sohier, Ursula Baume Cousam, « Musée, histoire et photographie, le cas de Genève. Sur (...)
- 4 Voir l’article de Christian Joschke, infra, p. 40 sq., ainsi que Ulrich Pohlmann, « Die vergessenen (...)
1En 1893, lors du Congrès international de photographie de l’Exposition universelle de Chicago, le Britannique William Jerome Harrison plaidait pour la création de musées photographiques nationaux1. Depuis 1885, ce brillant scientifique était à l’initiative du Warwickshire Photographic Survey, mouvement invitant les amateurs à participer à un vaste relevé photographique. Dans les années qui suivent, entre 1890 et 1900, on voit éclore partout en Europe des projets aux ambitions comparables. Un Musée des photographies documentaires est formé en Belgique à la fin des années 1890, dont les collections viendront rejoindre l’Institut international de photographie en 19052. En Suisse, c’est le numismate Eugène Demole qui est à l’origine du Musée suisse de photographies documentaires ouvert à Genève en 19013. En Allemagne, outre l’Institut de photogrammétrie du Dr Meydenbauer créé dès 1885, on note la formation de nombreuses collections de photographies documentaires à la fin des années 1890, comme le Musée photographique pour l’ethnographie de la Saxe en 18984.
- 5 Voir notamment Léon Vidal, « Projet d’organisation en France d’un service d’archives photographique (...)
2En France, c’est Léon Vidal (1833-1906) qui, convaincu par le discours de Harrison, œuvre pour la fondation d’un Musée des photographies documentaires, et ce dès son retour des États-Unis. Dans ce contexte d’émulation internationale, Vidal orchestre de façon précoce une campagne d’opinion auprès des sociétés photographiques et des principales associations scientifiques françaises5, et, en décembre 1894, un vote de leurs principaux représentants entérine la création d’un Musée des photographies documentaires. En ce sens, le projet apparaît d’abord comme une émanation des préoccupations partagées par les milieux scientifiques et culturels autour de l’image documentaire. Et s’il n’est pas possible de proposer ici une archéologie de l’idée de collection de photographie documentaire, dont on peut trouver des traces dès les années 1840, il faut toutefois indiquer l’importance nouvelle prise par cette idée à partir de la fin des années 1880, grâce au perfectionnement des procédés photographiques permettant de produire des images dites instantanées. Ici, l’histoire de l’émergence institutionnelle de ces projets croise celle des possibilités techniques.
3Certes, résultat d’ambitions partagées et expérience collective, il n’en faut pas moins considérer le Musée des photographies documentaires comme le fruit de la persévérance d’un homme déterminé, Léon Vidal (fig. 2). Marseillais d’origine, issu d’une riche famille de négociants possédant des salins, c’est un notable habitué aux aventures entrepreneuriales depuis sa jeunesse – de l’Union des arts de Marseille à la pisciculture en passant par la photochromie. Vidal est aussi un fin connaisseur du milieu photographique. Depuis 1879 en effet, il est à la fois professeur à l’École des arts décoratifs, où il enseigne les procédés de reproduction, et rédacteur en chef de la revue Le Moniteur de la Photographie. Convaincu de la valeur de « preuve testimoniale » de l’image photographique, Vidal, à soixante ans passés, apparaît comme la véritable cheville ouvrière du projet.
2. Atelier Nadar, « Léon Vidal », s. l., 1895

Négatif verre noir et blanc. Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (NA24 001 908).
© Ministère de la Culture, RMN-Grand Palais, Paris
- 6 Les registres d’entrée du Musée des photographies documentaires sont conservés à la Bibliothèque na (...)
- 7 Je renvoie ici le lecteur à ma thèse de doctorat : Une Étrange Défaite. Les projets de musées photo (...)
4De l’enregistrement des premiers dons en mai 1894 à sa liquidation en mai 1907, le Musée des photographies documentaires connaît treize années d’existence pour le moins mouvementées6 (fig. 1). Longtemps oubliée, puis jugée utopique, l’initiative de Vidal appartient à cette généalogie de projets ayant émaillé l’idée de musée photographique7, il en est même l’un des modèles. Quels freins ou obstacles ont empêché sa pérennisation et provoqué son échec ? Nous soutiendrons ici l’hypothèse que la cause principale de l’arrêt du projet réside dans l’impossibilité à trouver son lieu idéal : du Cercle de la librairie aux demandes formulées auprès de la Bibliothèque nationale, du Conservatoire des arts et métiers au Conseil municipal de Paris. À chaque fois, le lieu constitue l’espace où se jouent l’avenir et l’identité du musée ; il agit comme instance de définition et de redéfinition du projet. De là, une double interrogation : faut-il suivre les protagonistes lorsqu’ils expliquent que son inachèvement est lié au défaut de légitimité de la photographie et qu’ils ont été les victimes d’un bannissement en dehors de la sphère institutionnelle française ? Ou bien, la relecture de l’histoire de ce musée d’un « genre nouveau » ne nous révèle-t-elle pas en réalité la tension fondamentale entre volonté d’un ancrage physique et institutionnel rêvé par les défenseurs du musée et existence de facto d’un « musée de papier » de la reproduction photographique, à travers les livres et les revues ?
Au Cercle de la librairie, un musée privé
5En mai 1894, après seulement deux mois de recherche, les membres de la commission d’étude du projet annoncent qu’un hébergement leur a été accordé au Cercle de la librairie, 117 boulevard Saint-Germain, à Paris. Formé en mai 1847, le Cercle de la librairie est le nom du syndicat des professionnels du livre, qui rassemble éditeurs, libraires, typographes et imprimeurs, et fait office d’interlocuteur privilégié de l’État sur les questions de propriété littéraire. C’est aussi le nom de son siège : un hôtel particulier construit par Charles Garnier et inauguré en 1879, connu pour sa façade surmontée d’une coupole, symbole de puissance industrielle et littéraire (fig. 3). Le Cercle est à la fois un lieu d’exposition, de sociabilité et de concertation.
3. Le Cercle de la librairie, vue en perspective

Planche de Charles Garnier tirée du Cercle de la librairie, de l’imprimerie, de la papeterie, du commerce de la musique et des estampes, notice historique et descriptive, Paris, Cercle de la librairie, 1881.
6Cette annonce précipite la formation du Musée des photographies documentaires et de son association, dont les statuts sont votés le 9 mai 1894 à l’unanimité. C’est grâce à cette implantation, même provisoire, que démarre l’aventure.
- 8 Léon Vidal, « Projet d’organisation en France… », op. cit., p. 25.
7Pourtant cette stratégie du « privé » avait été et demeurait l’objet de débats au sein du milieu photographique. En février 1894, Vidal expliquait ne pas vouloir d’un engagement immédiat de l’État, préférant organiser le musée « à titre privé, avec l’appui de l’opinion publique et de toutes les grandes associations françaises8 », car, expliquait-il, les débuts seront une période de tâtonnements dans laquelle la souplesse sera nécessaire, et qui doit éviter les lenteurs administratives. L’État ne devra y être engagé que plus tard, afin de garantir la pérennité de la collection.
- 9 Alfred Liégard (1865-1934), journaliste, notable local et membre fondateur de la Société caennaise (...)
- 10 « Union nationale des sociétés photographiques de France, session de Caen, du 12 au 15 mai 1894. Pr (...)
8C’est au sein de l’Union nationale des sociétés photographiques, lors de la session de mai 1894, qu’une voix s’élève contre le modèle préconisé. Sur plusieurs points, Alfred Liégard, qui proposait en 1892 déjà d’établir des collections de photographies documentaires, est en désaccord avec Léon Vidal9. Liégard souhaite en effet privilégier l’armature régionale et locale sur le niveau national, en utilisant les bibliothèques municipales comme centres de collecte départementaux. Et il insiste sur l’implication nécessaire d’une organisation publique, garantissant un financement pérenne et donc la sécurité du projet10 :
- 11 « Douzième question. Archives photographiques. Rapport de M. Liégard », dans Exposition universelle (...)
Ces archives doivent être avant tout régionales, parce qu’il est plus facile de réunir les documents nécessaires sur place, et que moins le champ sera vaste plus la tâche sera facile.
Elles doivent être officiellement organisées, parce que l’initiative privée, quelque zèle et quelque intelligence qu’elle déploie, se heurtera toujours à des difficultés étant donné qu’il faut s’adresser à tous11.
- 12 Voir Marseille-Revue photographique. Organe officiel de la Société photographique de Marseille, 2e (...)
9Dès l’origine du projet, deux visions s’opposent : d’un côté celle de Léon Vidal, nationale et centralisatrice, aux prétentions universalistes, mais privilégiant dans un premier temps du moins l’initiative privée et l’univers associatif ; de l’autre celle d’un Liégard, qui défend la nécessité de faire intervenir l’État et privilégie le maillage préexistant du territoire, et notamment le réseau des bibliothèques ou des archives municipales. À travers ces débats se lit l’une des structurations les plus puissantes de l’histoire française, à savoir l’antagonisme Paris/Province : quand Vidal rêve d’un musée national qui puisse être le fer de lance d’un réseau international, Liégard imagine une multiplicité d’antennes locales. Et il n’est pas le seul à se méfier du jacobinisme parisien : lorsque le Musée des photographies documentaires de Provence se forme en 1905, ses statuts précisent noir sur blanc que ses collections ne peuvent en aucun cas venir s’adjoindre à celle du Musée des photographies documentaires de Paris12 (fig. 4).
4. Anonyme, « Place Cazaulx de la rue des Fabres », vers 1890

Marseille, Bibliothèque municipale de l’Alcazar. Épreuve issue du Musée des photographies documentaires de Provence.
10Ces débats ne remettent pas en cause le choix de Vidal et l’installation du musée au Cercle est maintenue. En réalité, la décision remontait au mois d’avril 1894, elle était donc antérieure à ces discussions. C’est sous la présidence d’Henri Belin (1893-1896) que l’hébergement du musée avait été accepté par l’assemblée générale et le conseil d’administration du Cercle. Lucien Layus (1858-1915), libraire-éditeur respecté, avait certainement joué un rôle déterminant dans cette affaire en sa qualité de secrétaire du Cercle de la librairie et de membre de la commission d’étude du Musée des photographies documentaires.
11Cette invitation du Cercle révèle l’implication qui sera celle des milieux de l’édition et de la librairie dans le projet. Les éditeurs – Plon, Hachette, Larousse – sont les plus importants donateurs du musée. Lucien Layus, Joseph Bourdel, éditeur de la maison Plon, et Georges Moreau, directeur de la Revue encyclopédique (fig. 5) pour la maison Larousse, siègent tous au Conseil de direction du musée. Éditeurs et photographes partagent alors les mêmes préoccupations pour l’image documentaire. Les propos de Georges Moreau sont à cet égard éclairants :
- 13 Georges Moreau, « Revue encyclopédique », Revue encyclopédique, 1e année, nº 1, 1891, p. 1.
La Revue encyclopédique offrira donc la même variété que le Grand dictionnaire Larousse, en y ajoutant un élément nouveau, d’un intérêt considérable, l’illustration. De la sorte, elle deviendra rapidement un musée universel sans cesse accru, où toutes les formes de la nature et de l’art, les productions les plus remarquables de l’industrie, seront l’objet d’une exposition permanente avec descriptions, explications et commentaires13.
5. « Ruine de la Cour des comptes »

Tiré de H. Castets, « La Cour des comptes et les fresques de Th. Chassériau », Revue encyclopédique, 1898, p. 83.
12Neuf ans plus tard, au Congrès international de photographie de 1900, il tient des propos quasi similaires, mais cette fois à propos du Musée des photographies documentaires :
- 14 Georges Moreau, « Douzième question. Vœu à émettre pour qu’il soit créé, dans les différents pays e (...)
Le Musée des photographies permettra d’établir au jour le jour le bilan du monde visible, le panorama des aspects de la nature, et de former une galerie universelle, sans cesse accrue, des hommes et des choses de notre époque : ce sera par excellence le Musée de la vie contemporaine14.
- 15 Voir « Statuts du Musée des photographies documentaires, article 1er » dans Mémoires et comptes ren (...)
13Les deux projets, la revue illustrée et le musée documentaire, apparaissent ici comme les deux faces d’une même médaille, partageant l’ambition d’offrir au public une galerie universelle et un instrument d’éducation grâce aux images documentaires. À certains égards, ils sont complémentaires : à la différence de la revue, le musée est capable d’accueillir les documents photographiques sur tous supports et dimensions (épreuves papier, clichés verre, planches de photogravure, etc.)15. Mais comme structures permettant l’exposition des images reproductibles, il n’en reste pas moins que ces deux initiatives – publication et musée – se font concurrence. Léon Vidal semble avoir senti cette ambiguïté et s’en est justifié :
- 16 Léon Vidal, « Du progrès de la photographie dans l’Art, la Science et l’Industrie », La fotografia (...)
Un Musée photo-iconographique ne saurait faire double emploi avec un Musée bibliographique. La description des faits gagne beaucoup à être complétée par des représentations photographiques, et lors même que les images se trouveraient dans des livres, il convient qu’il y ait un service iconographique distinct, ayant sa classification spéciale, ses procédés particuliers de conservation, de recrutement et de reproduction16.
- 17 Cercle de la librairie, « Séance du 20 avril 1894 sous la présidence de M. Henri Belin », dans Proc (...)
- 18 Entre mai 1894 et décembre 1897, ce sont 12 201 dons d’images qui sont répertoriés dans les registr (...)
- 19 Voir Le Cercle de la librairie, de l’imprimerie, de la papeterie, du commerce de la musique et des (...)
14Ainsi, la localisation du musée au Cercle de la librairie apparaît comme le fruit d’intérêts communs qui lient le milieu du livre à celui de la photographie. Au mois d’avril 1894, le conseil d’administration du Cercle accorde au Musée des photographies documentaires, de manière temporaire et révocable, la possibilité d’entreposer et de classer ses collections dans la rotonde des imprimeurs17. Dès lors, le musée possède une adresse pour l’envoi des dons, qui arrivent en masse dans les premières années18 (fig. 6). Cette salle arrondie, percée de trois fenêtres, servait aux séances de la Chambre des imprimeurs typographes19, elle se trouvait au deuxième et dernier étage du Cercle, au-dessus des salons d’honneur. De cette installation, nous n’avons pas de traces. Il faut se contenter de quelques rares descriptions :
- 20 Anonyme, « Photographies documentées », La Presse, 16 mai 1895, p. 3.
Hier donc, j’arrive au siège social de ce musée, au Cercle de la librairie. Dans la vaste salle en forme de rotonde sont réunis tous les membres du comité – c’est le jour de la séance. […] Ce disant, mon interlocuteur m’ouvre de vastes armoires où sont renfermées les richesses de ce musée nouveau20.
6. Léon Vidal, « Bourse de Marseille », 1878

Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des estampes et de la photographie (Eo-310 a-Boîte fol). Entrée nº 9 et première image de Vidal répertoriée dans le Registre d’entrées du Musée des photographies documentaires (voir supra, fig. 1).
- 21 Sur le public imaginé pour le musée, voir Guy Tomel, « Au jour le jour. Le musée des photographies (...)
- 22 Au comité de direction du Musée des photographies documentaires en janvier 1895, on trouve : Léon V (...)
15Mais les mots du Conseil d’administration ont été clairs : il s’agit d’un lieu de dépôt et de classement, et non d’un espace de consultation ou d’exposition des collections, ce qui limite les objectifs initiaux du musée. Dès 1896-1897, les fondateurs se mettent donc en quête d’un autre lieu, plus pérenne, mais surtout qui leur permette d’accueillir le public de savants, d’éditeurs, de journalistes, d’ouvriers d’art, de décorateurs dont ils rêvent pour leur musée21. Le moment est donc venu de mettre à l’épreuve la stratégie défendue par Léon Vidal dès février 1894, et acceptée par le comité directeur22, qui voulait d’abord passer par un projet initié dans la sphère associative privée, avant de s’agréger au domaine public.
À la recherche d’un lieu : bibliothèque, conservatoire ou musée
- 23 Cercle de la librairie, « Séance du 17 mars 1899, présidence de M. René Fouret », dans Procès-verba (...)
- 24 « Rapport du président relatif à l’année écoulée », Bulletin de l’Association du musée des photogra (...)
16Entre 1898 et 1901, le musée semble entrer en sommeil, peut-être en partie parce que tous les membres du conseil de direction participent activement aux préparatifs de l’Exposition universelle de 1900, tous ou presque étant à la tête de groupes ou de sections de l’événement. Mais cette crise est aussi précipitée par la dégradation des conditions d’hébergement au Cercle : à partir de 1899, le musée occupe une cave, les collections du musée ayant été reléguées dans une pièce de stockage au sous-sol après les travaux d’agrandissement entrepris dans la rue Grégoire-de-Tours à la fin des années 189023. L’urgence de la situation est criante, et pour relancer la machine du musée, le lieu revêt un caractère vital : « L’absence d’une installation définitive, dans un local accessible au public est la cause de l’état de stagnation relatif au sein duquel nous vivons24. » Tout est à l’arrêt en attendant cette installation définitive, et en particulier les efforts de classification.
- 25 Ibidem.
17Avant 1898, le conseil de direction avait adressé ses premières requêtes à la Bibliothèque nationale, tant au Cabinet des estampes qu’à la direction du dépôt légal. Mais Georges Duplessis, directeur du Cabinet des estampes, lui avait réservé un accueil plutôt glacial : « l’accueil qui nous fut fait ne fut pas de nature à nous encourager25. » En 1901, Léon Vidal s’adresse de nouveau à la Bibliothèque nationale à la faveur des changements à la tête du cabinet (Henri Bouchot y a remplacé Duplessis), en vain.
18Le Conservatoire national des arts et métiers semblait davantage à la portée du Musée des photographies documentaires. En effet, Aimé Laussedat, qui dirige le Conservatoire des arts et métiers jusqu’en 1900, se trouvait aussi être à la tête de l’association du musée, et disposé à soutenir cette initiative. De plus, des liens anciens unissaient les sociétés photographiques et le Conservatoire. Néanmoins, alors que toutes les conditions paraissaient réunies – un rapport favorable de la commission des professeurs, l’appui de Laussedat –, le vote est ajourné sur une question budgétaire. Lors d’une deuxième tentative en 1901, le nouveau directeur du Conservatoire, Gabriel Chandèze, qui se dit pourtant pleinement acquis à la cause du musée, renvoie à nouveau les membres du conseil de direction de l’association du musée vers la Bibliothèque nationale. Lui-même en crise, concurrencé par la création du Musée des arts décoratifs et confronté à une baisse des budgets, le Conservatoire est fuyant, laissant les membres du conseil espérer pendant plusieurs années. Son refus définitif ne s’opère qu’en 1904.
- 26 « Concession d’un local pour le musée des photographies documentaires », Bulletin municipal officie (...)
- 27 Plusieurs articles avaient œuvré en ce sens pendant l’année 1903 : Léon Vidal, « Correspondance. Le (...)
19À partir de 1901, voyant la situation s’enliser, le conseil de direction de l’association du musée enjoint à Léon Vidal d’orienter aussi ses démarches vers les services municipaux de la ville de Paris. Entre 1902 et 1904, Léon Vidal cherche à obtenir un accord pour occuper une partie de l’étage des combles du Petit Palais, construit en 1900 pour l’Exposition universelle. Une pétition circule. La décision est plusieurs fois repoussée jusqu’à une conclusion positive au printemps 190426. Cette nouvelle localisation est annoncée par Vidal dans la presse en mai 190427 :
- 28 Paul Hervier, « Bibliothèque des photographies », La Presse, 3 mai 1904, p. 3.
– C’est en effet décidé. Une salle du Palais des beaux-arts de la ville de Paris nous est concédée afin d’aménager nos collections.
– Et quand comptez-vous inaugurer ce musée ?
– Le mot « musée » est un terme inexact. Il faut dire : bibliothèque, car il n’y aura jamais d’Exposition. Les locaux dont nous disposons ne nous le permettraient pas. Nous aurons une salle de travail, où les amateurs viendront consulter les documents28.
20Comme le montre cet entretien, le lieu modifie la conception du projet : celui-ci, ne pouvant plus être musée, devient bibliothèque. On renonce donc aux « expositions » – idée pourtant bien présente à l’origine.
- 29 Les Archives de Paris n’en disent pas plus à ce sujet que le Bulletin municipal. Entre 1912 et 1914 (...)
- 30 Voir Paul Louis Hervier, « Arts et bibelots. Le Musée des photographies documentaires », Revue illu (...)
- 31 Suggestion faite par Vidal en 1905 : voir Léon Vidal, « Chronique », Moniteur de la photographie, j (...)
21L’installation au Petit Palais ne se fait finalement pas. Vidal aurait-il refusé que les collections du musée deviennent la propriété de la ville de Paris comme l’exigeaient les conditions posées ? N’aurait-il pas réussi à trouver un terrain d’entente avec le Service des beaux-arts de la ville ? Il reste ici des zones d’ombre29. Toujours est-il qu’en 1905, les collections de photographies du musée documentaire demeurent logées au sous-sol du Cercle de la librairie. On sait que Léon Vidal a alors pensé à s’adresser à l’Imprimerie nationale30 ou au ministère de l’Instruction publique et des Beaux‑Arts31.
- 32 Cercle de la librairie, « Séance du 17 mai 1907, présidence de M. Mainguet », dans Procès-verbaux d (...)
22Se produit alors l’événement qui précipite la disparition du Musée des photographies documentaires : Léon Vidal, qui portait le musée à bout de bras, n’hésitant pas à combler les déficits de l’association sur ses fonds propres, meurt à l’été 1906. Qu’adviendra-t-il des collections ? Le Conseil d’administration du Cercle s’interroge : faut-il garder ce musée, l’héberger encore un peu ? Paul Eugène Venet tente de plaider sa cause, mais le conseil d’administration du Cercle refuse de s’engager dans cette voie : pas de locaux disponibles, des frais de fonctionnement trop élevés32. Le sort du musée est scellé le 17 mai 1907. Le don des collections est effectué à la Bibliothèque nationale à l’été 1907 :
- 33 BnF, Journal du conservateur, 1er janvier 1899-décembre 1914 (cote Réserve Ye-207), p. 126.
M. Lucien Layus, liquidateur de l’association du musée des photographies documentaires, fondée par Léon Vidal, transmet au département, 1o : une somme de 5001 fr. 10 centimes, restant en caisse de la société et destinée au classement et au montage des documents donnés. 2o : 5 boîtes de fiches, 4 registres, 25 volumes et 200 boîtes de photographies et cartes postales, conservées au siège de la Société33.
- 34 H. Marcel, « Rapport sur les services de la Bibliothèque nationale en 1907, adressé par l’Administr (...)
23Ironie de l’histoire, les collections du musée sont léguées au Cabinet des estampes que Léon Vidal avait tant honni, où elles sont aussitôt dispersées. En effet, le Journal officiel de la République française parle d’une répartition des collections dans les « séries méthodiques du département », c’est-à-dire dans les séries documentaires du Cabinet des estampes34, – rendant aujourd’hui la tâche de l’historien qui voudrait s’atteler à connaître la collection du musée documentaire fort complexe. Néanmoins, le travail historique ne peut s’arrêter à cette description d’une vaine poursuite institutionnelle. Encore faut-il tenter de comprendre les ressorts de ce qui pourrait apparaître comme un bannissement.
Entre mise au ban et crainte de l’envahissement
24À la veille de sa mort, Léon Vidal est un homme amer. Quelle analyse fournit-il de la situation ? Pour lui, il va sans dire que le Musée des photographies documentaires a été mis à la marge, sciemment banni de la sphère institutionnelle française. Si Vidal n’a aucun doute sur ce constat, quelles en sont les raisons ? Ce bannissement, Léon Vidal l’impute clairement au défaut de légitimité de la photographie :
- 35 Léon Vidal, « L’image photographique est l’indispensable complément de la description écrite des ch (...)
« L’art photographique, écrit-il, est d’invention relativement récente, et cet art, principalement, précisément à cause de son caractère automatique, a été mal vu, peu estimé, jugé comme de valeur inférieure, comparé aux œuvres d’art d’interprétation35. »
- 36 Ibidem.
25Ici, il ne faudrait pas mal interpréter le sens du mot « art ». Si la pensée de Léon Vidal est parfois ambiguë, dans le cas particulier, il faut probablement comprendre le mot art au sens de technè. D’ailleurs, plus loin dans le texte, Vidal évoque la photographie comme « art graphique mécanique ». En effet, depuis les années 1860, Vidal est apparu comme un défenseur de ce qu’il appelle la photographie commerciale, mettant en avant la puissance en devenir de l’industrie photographique. S’il est prêt à reconnaître la nature potentiellement artistique de l’image photographique, pour lui, la question est subsidiaire. Spécialiste des procédés au charbon, passionné par la question de la reproduction, ce qui définit la photographie selon Vidal est précisément son caractère mécanique et automatique, sa fidélité à l’épreuve du réel, son utilisation comme outil documentaire. Or, et c’est bien ce qu’il explique dans ce passage, mettre la photographie sur le même plan que la gravure ou l’estampe, que le dessin ou la peinture, c’est faire un contresens : la photographie n’est pas à placer au rang des arts d’interprétation mais des arts de copie, et même de copie mécanique. Et d’après lui, c’est cette confusion qui est la cause de l’absence de légitimité du médium dans la sphère institutionnelle : « seulement le goût, déjà ancien, des belles estampes, a prévalu sur l’utilité récente des documents photographiques36 ». Son combat n’est pas de faire reconnaître la photographie comme art, mais bien d’accréditer sa puissance documentaire.
- 37 « Le département des estampes », dans La Bibliothèque nationale pendant les années 1935 à 1940, Rap (...)
26La force de Vidal est d’ériger ce rejet en symbole, celui de la photographie maltraitée et mal-aimée – discours qui sera particulièrement prégnant dans les milieux photographiques de l’entre-deux-guerres (et même après). Il vise en particulier ici le Cabinet des estampes, et ce non sans raison, puisque, de l’aveu même de son directeur Jean Laran en 1940, la photographie avait été jusque-là « bien plus subie que désirée37 » à la Bibliothèque nationale.
27Léon Vidal avait toujours fait de ce projet documentaire le fer de lance d’une vaste campagne de légitimation de la photographie dans la sphère publique. Si cette campagne avait échoué, pour Léon Vidal, c’était évidemment parce que la photographie n’était pas appréciée à sa juste valeur. Mais le défaut de légitimité de la photographie était-il seul en cause dans les refus conjoints du Conservatoire, de la Bibliothèque nationale ou du Petit Palais ? À l’aune des rares archives et des documents qui nous sont parvenus, ne peut-on aussi lire en filigrane l’angoisse de l’envahissement suscité par ce flux toujours croissant de photographies et les flottements quant à la nature même du projet ?
- 38 C’est là l’avis exprimé, par exemple, par Pierre Mainguet dans Assemblée générale du 22 février 190 (...)
- 39 Propos rapportés par Léon Vidal dans son article de 1905, « L’image photographique est l’indispensa (...)
28En effet, l’intérêt du projet est rarement remis en cause : qui oserait dire que des archives photographiques documentaires sont inutiles ? Il y a bien une forme de consensus autour de cette idée, dans la presse et au sein de la plupart des institutions, où elle est jugée ingénieuse et intéressante38. C’est sur sa mise en œuvre, sur son lieu « naturel » et la forme institutionnelle idéale qu’il y a débat. Ce qui effraie les institutions, les conservateurs ou les conseils d’administration, c’est la quantité exponentielle d’images documentaires – et son corollaire, la quasi-impossibilité de la juguler. Face à des photographies en augmentation constante, il faudrait des moyens et un espace toujours extensibles. C’est la « vraie » raison du refus du Conservatoire qui juge l’œuvre du musée trop générale et universelle ; celle aussi de Duplessis, qui considère que le musée documentaire ferait double emploi avec le Cabinet des estampes et que l’encombrement de la Bibliothèque est « bien suffisant par le fait des livres sans qu’on y ajoutât une autre collection appelée à être également très importante et à absorber une place considérable39 » ; celle enfin du Cercle, qui indique qu’une telle collection dépasse ses compétences et l’espace disponible.
- 40 Vidal lui-même juge les images des amateurs souvent inférieures à celles des professionnels. Voir P (...)
29Tous en effet ont bien à l’esprit l’essor de la production photographique. Vidal annonce 65 000 images en 1903, 80 000 en 1904, 100 000 en 1905. Et ces chiffres, volontairement gonflés et mis en exergue par Vidal pour montrer la légitimité du projet, ont pour effet non de rassurer mais d’inquiéter. C’est non seulement la masse photographique qui suscite la perplexité, mais aussi la nature hétérogène de ces images, leur valeur documentaire variable40, les difficultés liées à leur classement, et l’absence de définition probante du document photographique (fig. 7).
7. Henri Guinot, « Saint-Gervais. Les bains. Ce qu’il en reste après réparations », s. d.

Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des estampes et de la photographie (Eo-1367-Boîte fol B), don du Musée des photographies documentaires.
- 41 Guy Tomel, « Au jour le jour. L’invasion photographique », Journal des débats politiques et littéra (...)
30Paru en 1896, un article intitulé « Invasion photographique » évoquait la multiplication des plaques de projection photographiques et terminait sur ce post-scriptum : « puisqu’il s’agit, en cet article, de l’invasion photographique, qu’on nous permette de rappeler ici où se trouve le quartier général des envahisseurs. Le Musée des photographies documentaires, qui célébrait avant-hier, en un premier banquet annuel, l’anniversaire de sa fondation41 ». Sur le ton de l’humour, l’auteur traduit bien cette conscience de la multiplication incontrôlée des images, qui effraie tant les institutions françaises.
Sur le seuil de l’histoire
- 42 Sur ce premier point, il faudrait sans doute un peu nuancer, car Léon Vidal est tout de même préocc (...)
31L’étude de cas du Musée des photographies documentaires de Paris nous donne à voir la jeunesse d’un projet et la prise de conscience, certes diffuse et progressive, inavouée jusqu’au congrès de Marseille de 1906, que ce bel universalisme de la documentation photographique relève de l’utopie. Dans ce cycle de maturation et de redéfinition du projet au gré des lieux envisagés, les changements de vocabulaire – musée d’un genre nouveau, archives, bibliothèque – sont le reflet des hésitations sur le modèle d’institution à promouvoir. On peut y lire une adaptabilité et une habileté de la photographie à se couler dans des modèles préexistants, mais on peut aussi y déceler un flou définitionnel qui lui porte préjudice. On pourrait dire que le lieu est indécis, parce que la définition même du musée documentaire est inaboutie. Musée, archives, bibliothèques, autant de formes qui semblent correspondre peu ou prou au projet, sans tout à fait lui convenir. Ce flou des définitions touche tant le document photographique42 que le public et les usages sociaux du musée qui restent de grands impensés. Parmi les protagonistes de l’association, Georges Moreau est l’un des rares à souligner les usages pédagogiques et politiques du nouveau musée :
- 43 Georges Moreau, « Douzième question… », op. cit., p. 133.
Mais un tel musée n’aura pas seulement un intérêt d’archives ; il aura une portée éducative dont on ne peut encore mesurer l’étendue. […] Les collections réunies avec discernement deviendraient entre les mains des instituteurs et des conférenciers une source inépuisable d’images éducatives au premier chef. Ces images réunies en albums, transformées en tableaux muraux, projetées sur l’écran du conférencier, animées par le cinématographe, éveilleraient dans l’esprit de la jeunesse un monde d’idées et contribueraient à développer chez l’enfant et chez l’adulte la faculté de voir, de comprendre et d’admirer.
Comme conséquence immédiate, le paysan, l’homme des champs, aujourd’hui indifférent aux spectacles merveilleux qui l’entourent, comprendrait désormais les beautés de sa terre natale et aurait un motif puissant de s’y attacher43.
- 44 Le legs du Musée des photographies documentaires à la Bibliothèque nationale ne fait l’objet que d’ (...)
32C’est bien un musée inachevé qui disparaît en 1907. Aujourd’hui, on ne peut analyser cette expérience comme un laboratoire des projets ultérieurs du même type. En effet, pour qu’il y ait généalogie, ou laboratoire, encore faut-il que la tentative soit revendiquée, narrée, bref qu’on s’en souvienne. Or, précisément, et c’est bien là tout le problème, à la crise institutionnelle répond une crise mémorielle qui fait que le Musée des photographies documentaires n’est cité quasiment nulle part après sa disparition. Il n’apparaît pas sous la plume du géographe Jean Brunhes pour les Archives de la planète, ni sous celle des photographes Henri et Gaston Manuel, porteurs d’un projet de musée photographique dans les années 1930, ni sous celles, pourtant érudites, de l’historien de la photographie Georges Potonniée, du collectionneur Gabriel Cromer, des critiques d’art et journalistes Louis Cheronnet et Raymond Lécuyer, c’est-à-dire des principaux défenseurs d’une institutionnalisation de la photographie. D’une manière horizontale, à l’époque de sa création, le musée français sert d’horizon à d’autres, notamment en Belgique et en Suisse – et il faudrait penser la multiplication concomitante des projets documentaires comme des constellations – ; mais diachroniquement, sa disparition signe son effacement des récits historiques au moins jusqu’au milieu des années 199044, à un moment où d’une part les recherches historiques sur la photographie se développent, et où d’autre part ces projets longtemps oubliés entrent en résonance avec l’actualité des questions posées par les outils numériques et les collections virtuelles.
Notes
1 William Jerome Harrison, Étude relative à la création d’un musée photographique national d’archives documentaires, extrait du Moniteur de la Photographie, 2e série, tome 1, 1894. Voir Luce Lebart, « Archiver les photographies fixes et animées. Matuszewski et l’Internationale documentaire », dans Boleslas Matuszewski. Écrits cinématographiques, Paris, AFRHC, 2006, p. 47‑66.
2 Voir Raphaèle Cornille, Stéphanie Manfroid, Manuela Valentino, Le Mun-daneum. Les archives de la connaissance, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2008.
3 Voir Estelle Sohier, Ursula Baume Cousam, « Musée, histoire et photographie, le cas de Genève. Sur les traces du Musée suisse de photographies documentaires (1901-1909) », dans Silvio Corsini, Anne Lacoste, Olivier Lugon (dir.), La Mémoire des images. Autour de la Collection iconographique vaudoise, Gollion, Infolio, 2015, p. 169‑193.
4 Voir l’article de Christian Joschke, infra, p. 40 sq., ainsi que Ulrich Pohlmann, « Die vergessenen Fotomuseen. Zur Geschichte realisierter und unausgeführter Vorhaben in Deutschland », Fotogeschichte, vol. 10, nº 35, 1990, p. 14‑20.
5 Voir notamment Léon Vidal, « Projet d’organisation en France d’un service d’archives photographiques documentaires », Association Française pour l’avancement des sciences, 1894, conférences de Paris, 23, Compte rendu de la 23e session, 1894, p. 22‑23.
6 Les registres d’entrée du Musée des photographies documentaires sont conservés à la Bibliothèque nationale de France. Ils constituent la source principale pour connaître les collections du musée formées entre mai 1894 et 1903, date à laquelle les registres s’arrêtent.
7 Je renvoie ici le lecteur à ma thèse de doctorat : Une Étrange Défaite. Les projets de musées photographiques en France (1850-1945), sous la direction de Michel Poivert, Université Paris 1, 2014, ainsi qu’à l’ouvrage à paraître chez Macula : Le Musée de photographie. Une histoire contrariée (1839‑1945).
8 Léon Vidal, « Projet d’organisation en France… », op. cit., p. 25.
9 Alfred Liégard (1865-1934), journaliste, notable local et membre fondateur de la Société caennaise de photographie. Sur ses propositions, voir Alfred Liégard, « La photographie et l’archéologie », Bulletin de la Société caennaise de photographie, 1e année, nº 15, décembre 1892, p. 121‑124.
10 « Union nationale des sociétés photographiques de France, session de Caen, du 12 au 15 mai 1894. Procès-verbal de la séance du 29 mars 1894 », Bulletin de la Société française de photographie, 2e série, tome 10, nº 21, 1894, p. 497‑511.
11 « Douzième question. Archives photographiques. Rapport de M. Liégard », dans Exposition universelle de 1900. Congrès international de photographie. Procès-verbaux, rapports, notes et documents divers, publiés par les soins de M. S. Pector, secrétaire général, Paris, Gauthier-Villars, 1901, p. 131‑132 (nous soulignons).
12 Voir Marseille-Revue photographique. Organe officiel de la Société photographique de Marseille, 2e année, 1905. Le Musée des photographies documentaires de Provence, fondé par la Société photographique de Marseille en 1905, est accueilli dans une annexe de la Bibliothèque municipale de Marseille. Le fonds a aujourd’hui été numérisé ; il comprend 3 000 photographies d’amateurs et de professionnels, accessibles sous le nom du « Musée des photographies documentaires de Provence » à la Bibliothèque municipale de Marseille. Voir Dominique Jacobi, « La Bibliothèque municipale de Marseille », dans Patrimoine des bibliothèques de France, vol. 6, Paris, Payot, 1995, p. 126‑135.
13 Georges Moreau, « Revue encyclopédique », Revue encyclopédique, 1e année, nº 1, 1891, p. 1.
14 Georges Moreau, « Douzième question. Vœu à émettre pour qu’il soit créé, dans les différents pays et à côté des archives composées de documents écrits, des dépôts d’archives photographiques documentaires comprenant tout ce qui peut être relevé d’intéressant par la photographie pour l’histoire d’une région », dans Exposition universelle de 1900. Congrès international de photographie, op. cit., p. 132‑135.
15 Voir « Statuts du Musée des photographies documentaires, article 1er » dans Mémoires et comptes rendus des travaux de la Société des ingénieurs civils, vol. 61, 1er semestre 1894, séance du 15 juin 1894, p. 592‑93.
16 Léon Vidal, « Du progrès de la photographie dans l’Art, la Science et l’Industrie », La fotografia artistica, vol. 1, nº 1, décembre 1904, p. 7.
17 Cercle de la librairie, « Séance du 20 avril 1894 sous la présidence de M. Henri Belin », dans Procès-verbaux des conseils d’administration, 25 mars 1892 au 22 février 1901 (IMEC, fonds du Cercle de la librairie, cote BCL 6.1), n. p.
18 Entre mai 1894 et décembre 1897, ce sont 12 201 dons d’images qui sont répertoriés dans les registres d’entrée du musée.
19 Voir Le Cercle de la librairie, de l’imprimerie, de la papeterie, du commerce de la musique et des estampes. Notice historique et descriptive, Paris, Cercle de la librairie, avril 1881, p. 81.
20 Anonyme, « Photographies documentées », La Presse, 16 mai 1895, p. 3.
21 Sur le public imaginé pour le musée, voir Guy Tomel, « Au jour le jour. Le musée des photographies documentaires », Journal des débats politiques et littéraires, 107e année, 12 avril 1895, p. 1.
22 Au comité de direction du Musée des photographies documentaires en janvier 1895, on trouve : Léon Vidal, Jules de Guerne, Sosthène Pector, Joseph Vallot, Paul Eugène Venet (capitaine Venet), Lucien Layus, Jules Fleury-Hermagis, Émile Belloc, Joseph Bourdel, Maurice Réalier-Dumas, Raphaël Blanchard, Roland Bonaparte, Paul Boyer, Étienne Charavay, Maurice Bucquet, Georges Moreau, Émile Mussat, Alfred Normand, Paul Regnard, Roger Sandoz.
23 Cercle de la librairie, « Séance du 17 mars 1899, présidence de M. René Fouret », dans Procès-verbaux des conseils d’administration, 25 mars 1892 au 22 février 1901 (IMEC, fonds du Cercle de la librairie, cote BCL 6.1).
24 « Rapport du président relatif à l’année écoulée », Bulletin de l’Association du musée des photographies documentaires, mai 1901, nº 4, p. 53.
25 Ibidem.
26 « Concession d’un local pour le musée des photographies documentaires », Bulletin municipal officiel, 19 mars 1904, p. 1134, et « 1903. P. 2484 – Concession d’un local au Palais des beaux-arts pour le musée des photographies documentaires (M. Fortin, rapporteur) », Bulletin municipal officiel, 3 avril 1904, p. 1495. Voir aussi Archives de Paris, dossier VR 246 (nous remercions vivement Béatrice de Pastre de nous l’avoir signalé).
27 Plusieurs articles avaient œuvré en ce sens pendant l’année 1903 : Léon Vidal, « Correspondance. Les richesses d’art de la France photographiées », Le Temps, nº 14, mars 1903, p. 3, repris dans la Gazette du photographe amateur, 11e année, nº 119, février 1903, p. 29‑30, et H. Harduin, « Propos d’un Parisien », parus dans Le Matin, 20e année, nº 7244, 26 décembre 1903, p. 1, Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire, nº 12343, 27 décembre 1903, p. 3, et Le Rappel, nº 12343, 27 décembre 1903, p. 3.
28 Paul Hervier, « Bibliothèque des photographies », La Presse, 3 mai 1904, p. 3.
29 Les Archives de Paris n’en disent pas plus à ce sujet que le Bulletin municipal. Entre 1912 et 1914, les combles sont aménagés pour accueillir la collection d’Eugène et Auguste Dutuit. Aujourd’hui, ils sont utilisés comme centre de documentation du Petit Palais. Voir en ligne : <petitpalais.paris.fr>.
30 Voir Paul Louis Hervier, « Arts et bibelots. Le Musée des photographies documentaires », Revue illustrée, 20e année, vol. 40, nº 17, 15 août 1905, n. p.
31 Suggestion faite par Vidal en 1905 : voir Léon Vidal, « Chronique », Moniteur de la photographie, janvier 1905, tome 11, 2e série, nº 1, p. 2.
32 Cercle de la librairie, « Séance du 17 mai 1907, présidence de M. Mainguet », dans Procès-verbaux du conseil d’administration, 15 mars 1901 au 17 juin 1910 (IMEC, Fonds du Cercle de la librairie, cote BCL 6.2).
33 BnF, Journal du conservateur, 1er janvier 1899-décembre 1914 (cote Réserve Ye-207), p. 126.
34 H. Marcel, « Rapport sur les services de la Bibliothèque nationale en 1907, adressé par l’Administrateur général au Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts », Journal officiel de la République française, 40e année, nº 61, 2 mars 1908, p. 1572.
35 Léon Vidal, « L’image photographique est l’indispensable complément de la description écrite des choses et des faits », La fotografia artistica, 11e année, nº 12, décembre 1905, p. 6‑9.
36 Ibidem.
37 « Le département des estampes », dans La Bibliothèque nationale pendant les années 1935 à 1940, Rapport présenté à M. le Ministre de l’Éducation Nationale par M. Julien Cain, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, 1947, p. 86. Le rapport de Jean Laran, sur lequel ce bilan de 1940 s’appuie largement, s’intitule « Remarques sur l’organisation du Cabinet des estampes ».
38 C’est là l’avis exprimé, par exemple, par Pierre Mainguet dans Assemblée générale du 22 février 1907. Présidence de M. Pierre Mainguet. Compte rendu de l’année 1906, Paris, Cercle de la librairie, 1907, p. 8.
39 Propos rapportés par Léon Vidal dans son article de 1905, « L’image photographique est l’indispensable complément de la description écrite des choses et des faits », op. cit.
40 Vidal lui-même juge les images des amateurs souvent inférieures à celles des professionnels. Voir Paul Hervier, « Bibliothèque des Photographies », op. cit., p. 3.
41 Guy Tomel, « Au jour le jour. L’invasion photographique », Journal des débats politiques et littéraires, 108e année, 21 mars 1896, p. 1.
42 Sur ce premier point, il faudrait sans doute un peu nuancer, car Léon Vidal est tout de même préoccupé par la question de l’inaltérabilité des tirages.
43 Georges Moreau, « Douzième question… », op. cit., p. 133.
44 Le legs du Musée des photographies documentaires à la Bibliothèque nationale ne fait l’objet que d’une ligne dans l’article de Bernard Marbot, « Collections de la Bibliothèque nationale. Guide établi par Bernard Marbot », Photographies, nº 1, printemps 1983, p. 81.
Haut de pageTable des illustrations
![]() |
|
---|---|
Titre | 1. « Entrées du mois de mai 1894 » |
Légende | Page du Registre d’entrées du Musée des photographies documentaires, Paris, vol. A, p. 1. Paris, Bibliothèque nationale de France (YB4‑1698-FOL). « Bourse de Marseille », l’entrée n° 9, est reproduite infra, en figure 6. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 886k |
![]() |
|
Titre | 2. Atelier Nadar, « Léon Vidal », s. l., 1895 |
Légende | Négatif verre noir et blanc. Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (NA24 001 908). |
Crédits | © Ministère de la Culture, RMN-Grand Palais, Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 705k |
![]() |
|
Titre | 3. Le Cercle de la librairie, vue en perspective |
Légende | Planche de Charles Garnier tirée du Cercle de la librairie, de l’imprimerie, de la papeterie, du commerce de la musique et des estampes, notice historique et descriptive, Paris, Cercle de la librairie, 1881. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 851k |
![]() |
|
Titre | 4. Anonyme, « Place Cazaulx de la rue des Fabres », vers 1890 |
Légende | Marseille, Bibliothèque municipale de l’Alcazar. Épreuve issue du Musée des photographies documentaires de Provence. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 846k |
![]() |
|
Titre | 5. « Ruine de la Cour des comptes » |
Légende | Tiré de H. Castets, « La Cour des comptes et les fresques de Th. Chassériau », Revue encyclopédique, 1898, p. 83. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 814k |
![]() |
|
Titre | 6. Léon Vidal, « Bourse de Marseille », 1878 |
Légende | Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des estampes et de la photographie (Eo-310 a-Boîte fol). Entrée nº 9 et première image de Vidal répertoriée dans le Registre d’entrées du Musée des photographies documentaires (voir supra, fig. 1). |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 588k |
![]() |
|
Titre | 7. Henri Guinot, « Saint-Gervais. Les bains. Ce qu’il en reste après réparations », s. d. |
Légende | Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des estampes et de la photographie (Eo-1367-Boîte fol B), don du Musée des photographies documentaires. |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/335/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 392k |
Pour citer cet article
Référence papier
Éléonore Challine, « Quel lieu pour la documentation photographique à la fin du XIXe siècle ? Le cas du Musée des photographies documentaires de Paris (1894‑1907) », Transbordeur, 1 | 2017, 30-39.
Référence électronique
Éléonore Challine, « Quel lieu pour la documentation photographique à la fin du XIXe siècle ? Le cas du Musée des photographies documentaires de Paris (1894‑1907) », Transbordeur [En ligne], 1 | 2017, mis en ligne le 01 octobre 2024, consulté le 23 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/335 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12gw8
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page