L’agence Magnum en ligne. Photothèque et numérisation des images
Résumés
Comment la coopérative Magnum Photos, née à Paris et New York en 1947, s’est-elle adaptée à la transition numérique ? L’article de Clara Bouveresse analyse d’abord les discours accompagnant cette transition, révélant les perceptions ambiguës des changements technologiques, entre fascination et inquiétude. L’auteure s’attarde ensuite sur le fonctionnement de la photothèque de l’agence, avant de retracer la construction de la banque d’images accessible en ligne qui l’a remplacée. Cette adaptation, loin de constituer une « révolution », frappe au contraire par sa continuité. Depuis sa création, Magnum œuvre en effet pour la reconnaissance des droits des photographes et de leur statut d’auteur, des revendications qui passent par une organisation spécifique des archives. C’est le classement de la photothèque puis de la base de données numérisée qui assigne aux images leurs valeurs journalistiques, illustratives, biographiques et patrimoniales. Ces multiples entrées dans le fonds s’appuient sur un système d’accès aux photographies reflétant les principes fondateurs de l’agence et instruisant son positionnement stratégique. Face à la profusion offerte par les grandes banques d’images, Magnum cherche toujours à se distinguer par la finesse de son outil numérique.
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Mots-clés :
Magnum Photos, Hartmann (Erich), archives, numérisation, photothèque, agence photographiqueKeywords:
Magnum Photos, Hartmann (Erich), archives, digitisation, picture library, photographic agencyPlan
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1L’agence Magnum, coopérative de photographes fondée à Paris et New York en 1947, revendique le statut de marque de référence rassemblant quelques-uns des « grands noms » de la profession. Ses membres et ses employés présentent ce succès comme une survie miraculeuse, face à l’adversité d’un marché de la photographie toujours plus compétitif et malgré des tensions internes parfois destructrices. Le récit hagiographique de cette réussite inespérée doit prouver un peu plus l’importance, voire l’inébranlable nécessité de cette institution qui se veut incontournable. Le dernier épisode de cette histoire est celui de l’adaptation de l’agence à la transition numérique depuis la fin du XXe siècle. L’arrivée du numérique est décrite comme un bouleversement fascinant mais inquiétant, qui marque une transformation radicale des pratiques, même si cette évolution, progressive, s’étale sur plusieurs années.
Une transformation des métiers et de l’économie des agences
- 1 Lettre d’Erich Hartmann à Russ Melcher, chef du bureau de Magnum à Paris, 6 mars 1969. New York, Ma (...)
2À la fin des années 1950, Erich Hartmann, membre de Magnum installé à New York, répond à des commandes de l’entreprise d’informatique IBM qui cherche à développer sa communication. Cette collaboration nourrit l’intérêt croissant d’Hartmann pour les innovations informatiques. Il s’interroge sur l’impact de l’ordinateur, « symbole de notre époque de changements et d’incertitudes », source de progrès mais également générateur d’« angoisses »1. Dès 1960, ses images s’éloignent des codes de la photographie « corporate », alors en plein essor, pour se rapprocher de l’abstraction, isolant et magnifiant des formes géométriques colorées (fig. 1 à 3). Au tournant des années 1980, Hartmann érige les micro-composantes informatiques en monuments de la technologie. L’architecture des circuits intégrés rappelle la forme des gratte-ciel, emblèmes photogéniques de la modernité. Ces silhouettes scintillantes témoignent de l’ambiguïté des perceptions du progrès technologique, tout à la fois exaltant et indéchiffrable.
1. Erich Hartmann, Shapes of Sound, projet de reconnaissance vocale de IBM, New York, 1960

Diapositive. New York, Magnum Photos (HAE1960003K005).
Erich Hartmann / 2024, ProLitteris, Zurich
2. Erich Hartmann, Shapes of Sound, projet de reconnaissance vocale de IBM, New York, 1960

Diapositive. New York, Magnum Photos (HAE1960003K003).
Erich Hartmann / 2024, ProLitteris, Zurich
3. Erich Hartmann, IBM Integrated Circuits, New York, 1982

Diapositive. New York, Magnum Photos (HAE1982008K001).
Erich Hartmann / 2024, ProLitteris, Zurich
- 2 Lettre de Burk Uzzle à Magnum, 17 sept. 1979. New York, Magnum Foundation, MF010-004-001.
- 3 Pour une liste de facteurs, voir l’étude Claude Vauclare et Rémi Debeauvais, « Étude de la filière (...)
3Erich Hartmann devient peu à peu, à Magnum, l’un des spécialistes des questions informatiques. Il s’équipe d’un ordinateur et commence à cataloguer informatiquement ses images. Avec Philip Jones Griffiths, ils écrivent des rapports destinés aux autres membres de l’agence, ceux qui se considèrent comme des « photographes barbares moyens », incompétents en la matière2. De la fin des années 1970 jusqu’aux années 2000, quelques photographes « experts » jouent un rôle central dans la mise en place des programmes qui permettent à Magnum de cataloguer informatiquement ses images, puis de les scanner, et enfin de les rendre accessibles en ligne sur son site Internet, ouvert au public en 2002. Cette transformation, qui s’étale sur plusieurs années, est vécue comme un bouleversement profond, car elle implique la fin d’une certaine économie du métier. Agences, photographes, éditeurs, retoucheurs, iconographes doivent s’adapter en tâtonnant, au fil des évolutions technologiques. Certaines agences disparaissent, ne pouvant faire face au coût des investissements nécessaires, et plusieurs fonds sont absorbés par de vastes banques d’images monopolistiques, comme Getty et Corbis. Ces dernières proposent, entre autres, des abonnements qui fidélisent leurs clients mais qui font baisser le prix d’achat des images à l’unité, et donc les revenus des auteurs. En parallèle, les images libres de droits se multiplient sur Internet et accélèrent encore cette baisse des prix3. Enfin, le principe même du droit d’auteur se trouve menacé. Sur Internet, les images échappent au péage de l’instance émettrice et peuvent être reproduites gratuitement, mettant en péril le modèle économique des agences comme Magnum, fondées sur la défense du droit d’auteur. Cette transformation affecte le statut et la valeur des images en leur sanctuaire même : la photothèque.
La photothèque. Un cosmos d’images
- 4 Entretien de l’auteure avec Guy Le Querrec, Paris, 12 mars 2014.
- 5 Sebastião Salgado, « Lettre à tous les photographes », Paris, 23 nov. 1992. Paris, archives Magnum.
- 6 Entretien de l’auteure avec Naima Kaddour, archiviste au bureau de Paris de 1992 à 2012, responsabl (...)
- 7 D’après Jonas Bendiksen, discussion lors de la réunion annuelle de Londres, 29 juin 2013.
4La transition numérique ébranle tout particulièrement le « poumon4 », « le centre spirituel de l’Agence5 » : sa photothèque – des boîtes de tirages et des tiroirs de diapositives répertoriés par des codes couleur, rangés par pays, par thème et par auteur (fig. 4 à 7). Chacun des deux bureaux historiques de Paris et New York, créés dès 1947, dispose d’un fonds d’images, de même que le réseau d’agents partenaires de Magnum à travers l’Europe et les deux antennes ouvertes à Tokyo et Londres au tournant des années 1990. Cette photothèque permet de répondre aux demandes des iconographes des journaux, des magazines et des maisons d’édition, venus puiser des images pour illustrer les sujets les plus variés. Chaque matin, les tirages et les diapositives empruntés pour reproduction sont retournés à l’agence où ils sont classés, « comme au tri postal », d’abord par continent6. Ce tri des images est une véritable école du regard pour les stagiaires, qui découvrent ainsi les fonds de l’agence – parmi eux, de futurs membres, comme Jonas Bendiksen, qui explore ainsi le fonds du bureau de Londres à dix‑neuf ans7.
4. Jimmy Fox, Joan Liftin sélectionnant des tirages noir et blanc pour la photothèque du bureau de Magnum à New York, mai 1977

Négatif noir et blanc. Paris, Magnum Photos (DRF1977001W00762/18A).
© Magnum Photos, Paris
5. Jimmy Fox, tri des tirages noir et blanc avant leur rangement dans la photothèque, bureau de Magnum à New York, mai 1977

Négatif noir et blanc. Paris, Magnum Photos (DRF1977001 W00762/20A).
© Magnum Photos, Paris
6. Gueorgui Pinkhassov, classement des diapositives de la photothèque du bureau de Magnum à Paris, 2000

Diapositive. Paris, Magnum Photos (PIG2000028K021).
© Magnum Photos, Paris
7. Les boîtes de tirages de la photothèque du bureau de Magnum à Londres, 2013

Collection particulière.
© Fondation Magnum, New York
- 8 Lettre de Thomas Hoepker à tous les photographes et chefs de bureaux, 9 juil. 1996. Paris, archives (...)
5Le passage par la photothèque est un rituel initiatique : cette bibliothèque d’images est bien le cœur de l’agence, une « mine d’or » générant plus de la moitié de ses revenus8. Elle représente le capital investi par les photographes dans leur coopérative. Le système de classement des images témoigne des principes fondateurs de l’agence.
6 L’organisation thématique et géographique du fonds, caractéristique des photothèques, manifeste ainsi l’ambition humaniste et universaliste des créateurs de l’agence. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ils souhaitent participer à la reconstruction d’un monde de paix en documentant la vie des hommes et des femmes vivant dans les régions les plus éloignées. La photothèque constitue un cosmos d’images, traversé par les mêmes fleuves, villes et personnages que le monde parcouru par les photographes. Elle annonce l’avènement d’une humanité réconciliée, qui partage un langage commun, celui de la photographie.
7 Ensuite, la photothèque découle du combat mené par l’agence pour la reconnaissance des droits d’auteurs de ses membres : elle permet aux photographes de bénéficier des fruits de leur travail sur le long terme, même des années après la prise de vue, en assurant la republication des images et le paiement d’une facture pour chaque nouvel usage. Le classement donne ainsi accès aux fonds par auteur, car les images demeurent la propriété des photographes. Cette émancipation économique permet la reconnaissance journalistique puis culturelle de leur statut d’auteur, qui s’affirme toujours plus tout au long de la seconde moitié du XXe siècle.
- 9 John G. Morris, « Special Memo », 30 avril 1958. Tucson, Center for Creative Photography, AG 33, bo (...)
8 Enfin, la photothèque révèle l’ambition du témoignage journalistique : faire se rejoindre le temps court de l’actualité et le temps long de la mémoire. « Car, à moins que nous ne couvrions l’Histoire qui se déroule, nous ne pouvons prétendre être journalistes », écrit le rédacteur en chef de Magnum John G. Morris dès 19589. Pour faire fructifier la valeur des images dans le temps, celles-ci doivent être présentées comme des documents pour l’histoire, des instants d’actualité devenus éternels, saisis par des auteurs aguerris. À l’occasion d’anniversaires ou de disparitions, Magnum propose ainsi à ses clients des reportages rétrospectifs en puisant dans les images de sa photothèque.
9 Ni bibliothèque ni musée, Magnum combine un fonctionnement d’agence de presse, des méthodes d’archivage pour l’illustration et une préservation de l’unité de l’œuvre par auteur. Les images s’inscrivent à la fois dans la trajectoire individuelle de chaque photographe et dans l’histoire collective de l’agence. Pour ce faire, chacune d’entre elles combine deux identifiants : d’une part, les numéros de distribution mis en place au moment de la diffusion d’un reportage ; d’autre part, les numéros uniques des photographies. Le numéro unique est le passeport d’une image, un code qui traverse les différents supports : du négatif au tirage en passant par la planche-contact, la même image conserve cet identifiant. Il commence par trois lettres indiquant le nom du photographe, suivies par l’année de prise de vue et par des indications permettant de retrouver l’image au sein de la production puis sur le rouleau de film. « Unique », ce numéro l’est aussi parce qu’il a été mis au point spécialement pour l’agence, à la fin des années 1970 (fig. 8 et 9). Il fait la fierté de ses équipes, capables de décrypter les coordonnées d’une image d’un seul coup d’œil.
8-9. Schémas du projet de numéro unique pour répertorier les photographies, tirés de Robert H. Sebald et al., « Adapting Computer Technology to Magnum », 21 juin 1979, p. 6 et Philip Jones Griffiths, « Problems of Computerization. Design of the ‹ Unique Identifier › », 1er septembre 1979, p. 2.

New York, Fondation Magnum (MF010-004-001).
© Fondation Magnum, New York
- 10 Anne Crémieux, « Library User’s Manual », 1991, p. 14. Paris, archives Magnum.
- 11 Ibid., pp. 1-2.
10La complexité des codes et du système de classement participe de l’aura de la photothèque. Son histoire est émaillée de plans successifs de réorganisation : les photographies ne sont jamais assez bien rangées ni indexées, il est impossible d’atteindre le classement rationnel dont rêvent les archivistes. En 1991, la responsable de la photothèque parisienne déplore ainsi le dépouillement progressif des archives, vidées par les emprunts de certains clients qui ne retournent pas les clichés, et le manque de rigueur dans la numérotation des images : « Prendre une photographie, c’est la faire naître. Pour devenir adulte une photographie doit avoir un numéro et une légende10. » Ces manquements font de la photothèque le « maillon faible » de l’agence, révélant l’inévitable « incompatibilité entre la conservation des photographies et la commercialisation de leurs droits de reproduction »11. L’exploitation rapide des images menace leur préservation sur le long terme. Ces ambitions contradictoires tiennent au fonctionnement coopératif de l’agence, qui doit rémunérer les photographes tout en assurant la pérennité de leurs archives.
- 12 Pour l’identification par année des duplicatas en couleur, voir « Magnum Paris Log », 20 sept. 1966 (...)
- 13 La quantité des images semble d’ailleurs impossible à chiffrer avec précision – en 1985, il est par (...)
11 La photothèque est donc décrite comme impossible à gérer, immense, désorganisée, incommensurable : c’est un absolu dont on célèbre le mystère. Outil commercial, elle doit comporter une part impénétrable, puisqu’elle tend, grâce à son enrichissement constant, vers l’universel et l’infini. En 1966, il avait ainsi été question d’élaborer un cryptage indéchiffrable par les clients12. Les clés du sanctuaire sont jalousement gardées : nul ne peut prétendre maîtriser complètement ce cosmos d’images, atteindre ses limites, car la photothèque fait la promesse de redécouvertes, de surprises, de pépites cachées exhumées à la faveur de livres et d’expositions13. La promotion des images, du journalisme à l’exposition, passe par la mise en valeur de leur caractère exclusif, inédit, donc rare et précieux.
- 14 « Des Polonais » en 1983 ; « Kennedy » en 1983 ; « Monsieur le Président » en 1985 ; « Rétrospectiv (...)
- 15 Music. Magnum Images, Londres, André Deutsch, 1991 ; Alain Bergala et Agnès Sire (dir.), Magnum Cin (...)
12 Au cours des années 1980, les projets de livres et d’expositions se multiplient. En France, Magnum bénéficie d’un contexte propice avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et les initiatives du ministre de la Culture Jack Lang – le Centre national de la photographie, créé en 1982, expose régulièrement ses membres. L’agence ouvre une galerie à Paris et tire parti du classement de la photothèque pour organiser des expositions collectives thématiques14. Le département culturel, tout au long des années 1990, poursuit ce travail avec des livres sur des sujets comme la musique, le cinéma, un lieu (par exemple Israël), une période (comme l’année 1968), ou des figures comme les écrivains, la nuit, ou encore les arbres15. Ces différents projets vont faciliter la numérisation des fonds, à la fois en générant les revenus nécessaires, en permettant de traiter de vastes pans de l’archive, et en confirmant la valeur des images sur le long terme. À la fin des années 1990, les membres de l’agence sont ainsi invités à sélectionner leurs cinq cents meilleures images pour la numérisation, ce qui leur permet d’établir un corpus de référence, forme de catalogue raisonné virtuel.
13 La transformation de la photothèque en banque d’images numérisées conforte donc la valeur des images dans le temps. L’arborescence du thesaurus a été remplacée par des mots clés, les tirages et les diapositives ont fait place aux écrans, mais certaines constantes perdurent. La valeur des images tient toujours à leur accessibilité et à leur juste positionnement au sein d’un réseau, physique ou virtuel. Le fonds numérisé tend vers un idéal d’exhaustivité qui rejoint l’utopie universaliste de la photothèque, un monde d’images désormais disponible en ligne.
Du catalogue informatisé au site Internet
- 16 Communiqué de presse de la réunion annuelle de juin 2002. Paris, archives Magnum.
- 17 Du moins dans l’idéal, car l’indexation des images est parfois lacunaire. Sur Corbis, voir Estelle (...)
14Cette spécificité de la photothèque Magnum, qui prend en compte les « vies » successives des images et mise sur la finesse de leur positionnement dans un réseau thématique et géographique, explique, à bien des égards, l’adaptation de l’agence à la transition numérique. Celle-ci est présentée comme une réussite avant-gardiste et pionnière dès le début des années 200016. Ce discours auto-prophétique témoigne de l’importance du travail de promotion qui garantit la valeur des images et le prestige de la marque Magnum. L’alliance des politiques de patrimonialisation et de numérisation permet de valoriser le fonds collectif et la signature de chacun des membres. Face aux grandes banques d’images, l’agence assoit son positionnement de niche et mise sur la qualité plutôt que sur la quantité des images. Là où Corbis, après avoir racheté plusieurs fonds d’agences, doit clarifier les droits d’auteurs des images et mettre en place un classement afin de hiérarchiser les résultats de recherche parfois trop nombreux, le principe même de la base Magnum est de mettre en avant des photographes et des images de référence17.
- 18 Robert H. Sebald, Ira Bitz & Associates Ltd., « Adapting Computer Technology to Magnum Photos Inc. (...)
- 19 Lettre d’Erich Hartmann à Gilles Peress, 25 sept. 1986. New York, Magnum Foundation (MF010-004-002)
15 Le classement de la photothèque a ainsi facilité et instruit les premières étapes de la numérisation, c’est-à-dire l’indexation informatique des images. Le « numéro unique » des photographies avait d’ailleurs été mis en place à la fin des années 1970 pour préparer cette indexation. À New York, la photothèque comptait déjà 400 000 diapositives couleur et 150 000 tirages noir et blanc18. Dès le milieu des années 1980, les nouvelles productions y sont répertoriées à l’aide de logiciels de gestion de bases de données comme Condor puis dBASE, de même que 35 % du fonds ancien19. À partir de 1991, le bureau de Paris construit sa propre base de données, nommée Teldin. À ce stade, l’informatisation ne concerne que les métadonnées des photographies (légendes, numéro) et non les images elles-mêmes. Les fichiers numériques étant encore de faible qualité, plutôt que de numériser les photographies, Magnum choisit de faciliter l’accès aux images physiques en passant par un outil de recherche informatique. Le bureau de New York utilise de son côté le logiciel Prostock, qui donne à chaque tirage un code-barres et facilite leur localisation. Ces premiers outils ne remplacent donc pas les tirages physiques, ils ont pour fonction de les rendre plus accessibles et d’informatiser les métadonnées.
- 20 François Hébel, note de 1995. Paris, archives Magnum.
16 En attendant, à Paris, la photothèque est réorganisée en vue de préparer sa future numérisation. Lorsque des tirages sont effectués, on garde toujours un jeu nommé « ref set » (série de référence) qui sera un jour scanné20. À la fin de l’année 1996, des visuels commencent à être ajoutés à la base de données Teldin. Ces scans rudimentaires ont une valeur informative, jouant le rôle de simples renvois visuels, car ils ne sont pas de qualité suffisante pour être commercialisés directement. Les scanners ne permettent pas encore de numériser des négatifs, il est nécessaire de travailler à partir des tirages qui ne sont pas la matrice originelle et induisent une perte d’informations.
- 21 Entretien de l’auteure avec Enrico Mochi, qui travaille au laboratoire de 1993 à 1997 et au départe (...)
17 En 2000, l’agence acquiert des scanners qui permettent un traitement rapide et de précision des négatifs noir et blanc et des diapositives couleur21. À mesure que la qualité des scans augmente, il devient nécessaire de numériser à nouveau certaines photos. En 2004, la numérisation de tirages est définitivement abandonnée ; depuis, seuls les négatifs sont scannés. Jusqu’en 2002-2003, Magnum continue de fournir des tirages à ses clients, surtout à Paris, mais il devient onéreux de maintenir simultanément la production de scans et celle de tirages, et peu à peu, le laboratoire est remplacé par le département numérique – d’autant plus que dorénavant les clients demandent des fichiers numériques. Ces fichiers numériques font désormais partie intégrante de la collection et offrent une qualité suffisante pour permettre la commercialisation des images.
- 22 Entretiens de l’auteure avec Hamish Crooks, responsable des archives et de la base de données à Lon (...)
- 23 En raison des difficultés de transfert d’un logiciel à l’autre (indexation et qualité insuffisante (...)
- 24 « m2. Magnum Development Plan », version du 27 mai 1997. Paris, archives Magnum.
18 La base de données est donc d’abord un outil de recherche, auquel s’ajoutent des visuels à mesure que la qualité des scans augmente. Mais les différents bureaux de l’agence utilisent des systèmes informatiques différents. En 1998, ils décident de s’harmoniser et d’adopter Teldin, le logiciel du bureau de Paris, pour faciliter le transfert et la vente des tirages22. Le choix du logiciel développé à Paris, qui doit s’imposer à tous les bureaux, ne se fait pas sans heurts. Les photographes de New York craignent que la base de données parisienne ne favorise les membres européens de l’agence en leur donnant la priorité pour les scans. New York, qui traverse une crise financière, avait investi dans d’autres logiciels, et perd une partie des images numérisées jusqu’alors23. Le logiciel parisien est choisi parce qu’il a été spécialement conçu pour Magnum par le fondateur de la firme Orange Logics, au plus près des attentes de l’agence. Celle-ci souhaite ainsi s’assurer une forme d’autonomie et garantir son indépendance par rapport aux grandes entreprises informatiques24. Le bureau de Paris a une photothèque très riche, centralise les opérations européennes et représente le plus gros chiffre d’affaires. Enfin, Paris est une plateforme importante du photojournalisme, avec de nombreuses agences investissant alors dans le numérique. Pour tout le secteur de l’information, la rapidité de transmission des données est cruciale, et c’est dans ce contexte très concurrentiel que Magnum doit tirer parti de l’accélération des échanges numériques.
19 Même avec un logiciel commun, les échanges de données ne sont pas pour autant instantanés. Le bureau de Londres adopte le logiciel parisien Teldin dès 1997 ; mais tous les trois mois, les images sont encore sauvegardées sur des bandes magnétiques (Digital Linear Tapes) envoyées à l’autre bureau, des bandes dont le chargement échoue souvent. De leur côté, les photographes ont eux aussi des difficultés à transmettre leurs images numériques aux bureaux. Les courriels ne permettent pas encore le transfert d’images de grande qualité, qui sont envoyées sur CD par des coursiers. En 2001, Thomas Dworzak, l’un des premiers photographes à travailler avec un appareil photo numérique, envoie ainsi ses images sur CD depuis l’Afghanistan.
- 25 Résolution no 2, compte rendu de la réunion annuelle de 2002 : e-cortex est mis en ligne sous le no (...)
20 Après la mise en réseau des bureaux de l’agence, la dernière étape du développement de la base de données est celle de sa mise en ligne pour un plus large public. En 2002, Teldin devient e-cortex, et rend accessible 220 000 images aux clients de l’agence25. En 2005, il devient possible d’acheter et de télécharger ces images en haute définition. Aujourd’hui, près de 600 000 images sont disponibles en ligne, sur un total de plus de 1 700 000 photographies, scannées ou prises directement avec des appareils numériques.
21 Construire cette base de données représentait un défi : il était indispensable d’anticiper les évolutions à venir, sans miser trop tôt sur des technologies en plein développement, appelées à s’améliorer rapidement. Pour beaucoup, la préparation du passage au numérique dès la fin des années 1970 était visionnaire et s’est révélée a posteriori salvatrice pour l’agence. Les choix effectués depuis la fin des années 1990 sont davantage critiqués, notamment le fonctionnement du logiciel de l’agence, parfois inopérant, et le retard dans le lancement de l’e-commerce pour vendre en ligne les images.
22 Si la structure de la photothèque a défini la première orientation « qualitative » de la base numérisée, en permettant une indexation précise des images en amont, elle comportait aussi quelques inconvénients. La première base de données développée à Paris se fondait sur une arborescence de mots clés renvoyant aux archives physiques. Les catégories de la photothèque avaient pour fonction de rassembler les tirages à travers des thèmes fédérateurs, notamment pour éviter d’avoir des boîtes ne contenant qu’un seul tirage et gagner de la place. Ce classement facilitait la gestion du flux d’images entrant et sortant de l’agence tous les jours, et permettait de répondre aux demandes des clients. Les iconographes puisaient dans leur mémoire visuelle et dans leur imagination pour satisfaire les commandes les plus variées, des sujets abstraits – par exemple l’ennui, la force – aux besoins les plus précis – des enfants vêtus de rouge. L’index informatisé facilite d’abord ce travail, centré sur la médiation et l’expertise des iconographes.
- 26 Hamish Crooks, « eCortex report », pour la réunion annuelle de 2003. New York, Magnum Foundation (M (...)
23 Cette stratégie est efficace jusqu’à l’arrivée d’Internet, qui donne alors la possibilité aux clients de faire leur marché eux-mêmes sans payer les frais de recherche de l’iconographe qui prend la requête au téléphone. L’impératif devient donc d’améliorer le moteur de recherche pour le rendre accessible aux non-professionnels. Au bureau de Paris, les clients continuent de téléphoner pour leurs requêtes, mais à Londres, cette transition vers des recherches individuelles est très rapide. Le bureau de Londres commence donc à modifier le thesaurus établi par Paris, c’est-à-dire la liste de termes normalisés utilisée pour le choix des mots clés. Les clients ne connaissant pas les mots clés du thesaurus Magnum, il faut créer, à partir de l’étude des ventes, une multitude de synonymes pour répondre au plus grand nombre possible de requêtes, ce qui représente un travail considérable26.
24 Le premier thesaurus parisien correspondait en effet aux impératifs de l’archivage physique, rendu obsolète par la numérisation des images. Là où plusieurs tirages pouvaient être regroupés sous un thème vaste, de façon à être classés dans une même boîte, il devient possible de modifier l’indexation sans tenir compte des limites de place du rangement matériel. C’est un phénomène de path dependence ou de poids de l’habitude : des outils structurés en fonction de particularités passées perdurent alors qu’ils n’ont plus de raison d’être. Malgré cet « effet secondaire » indésirable, le fonds accessible en ligne se distingue encore aujourd’hui grâce aux principes hérités de la photothèque physique : indépendance, regard d’auteur, portée patrimoniale et mémorielle, ambition universaliste. Par défaut, les résultats de recherche débutent par les images les plus connues (« icons »), suivies par celles de catégorie « best archive », « archive », et enfin « base », souvent invisible pour les visiteurs du site. Ceux-ci sont également dirigés vers des albums comprenant des sélections d’images représentatives de l’œuvre d’un membre ou d’un sujet historique, favorisant la valorisation d’un canon des meilleures photographies.
25L’adaptation de l’agence Magnum à la transition numérique témoigne de l’importance des supports assurant la valorisation des images. Il s’agit d’abord d’un système de classement et d’indexation qui doit permettre de les vendre sur les marchés de la presse puis de l’illustration et assurer leur préservation dans une optique patrimoniale, donnant lieu à des expositions et des livres sur le long terme. Les métadonnées (légendes, codes) permettent aux images de circuler d’un marché à l’autre, ils sont au cœur de l’économie de la photothèque puis de la base de données, sans jamais atteindre la précision ni l’exhaustivité idéale dont rêvent les archivistes. Les discours entourant ces archives, tant sur la richesse du fonds que sur l’importance ou la vitesse des progrès technologiques, confèrent aux photographies une aura caractéristique de l’image de marque construite par Magnum au fil des années. L’architecture de la photothèque puis de la base de données et la culture les entourant, faite de récits et de perceptions véhiculés par les photographes et les employés de l’agence, accompagnent l’adaptation numérique et assurent la continuité du positionnement de niche de Magnum sur un marché en pleine transformation.
Notes
1 Lettre d’Erich Hartmann à Russ Melcher, chef du bureau de Magnum à Paris, 6 mars 1969. New York, Magnum Foundation (MF010-004-001).
2 Lettre de Burk Uzzle à Magnum, 17 sept. 1979. New York, Magnum Foundation, MF010-004-001.
3 Pour une liste de facteurs, voir l’étude Claude Vauclare et Rémi Debeauvais, « Étude de la filière du photojournalisme », Ithaque, 2010, pp. 34-36. Sur les mentions « Droits réservés », voir le rapport de Marie Bertin et Michel Balluteau, « Photojournalistes. Constat et propositions », Inspection générale des affaires culturelles, ministère de la Culture et de la Communication, Paris, 2010, pp. 29-36.
4 Entretien de l’auteure avec Guy Le Querrec, Paris, 12 mars 2014.
5 Sebastião Salgado, « Lettre à tous les photographes », Paris, 23 nov. 1992. Paris, archives Magnum.
6 Entretien de l’auteure avec Naima Kaddour, archiviste au bureau de Paris de 1992 à 2012, responsable de l’édition depuis 2005. Paris, 13 déc. 2012.
7 D’après Jonas Bendiksen, discussion lors de la réunion annuelle de Londres, 29 juin 2013.
8 Lettre de Thomas Hoepker à tous les photographes et chefs de bureaux, 9 juil. 1996. Paris, archives Magnum. La photothèque représenterait entre 50 et 70 % des revenus du bureau de Paris d’après Anne Crémieux, « Library User’s Manual », 1991, Paris, archives Magnum ; entre 60 et 70 % du chiffre d’affaires de l’agence d’après Sebastião Salgado, « Lettre à tous les photographes », Paris, le 23 nov. 1992. Paris, archives Magnum.
9 John G. Morris, « Special Memo », 30 avril 1958. Tucson, Center for Creative Photography, AG 33, boîte 48.
10 Anne Crémieux, « Library User’s Manual », 1991, p. 14. Paris, archives Magnum.
11 Ibid., pp. 1-2.
12 Pour l’identification par année des duplicatas en couleur, voir « Magnum Paris Log », 20 sept. 1966. Paris, archives Magnum.
13 La quantité des images semble d’ailleurs impossible à chiffrer avec précision – en 1985, il est par exemple question de « trois millions » d’images (communiqué de presse de la réunion annuelle, 2 juil. 1985, MF010-004-002) ; en 1990, d’« un million » (Howard Scott, « The Magnum Case Study », étude marketing sous la direction d’André Jean Rigny, Jean Paul Lemaire et Gérard Petit, Paris, 1990). New York, Magnum Foundation.
14 « Des Polonais » en 1983 ; « Kennedy » en 1983 ; « Monsieur le Président » en 1985 ; « Rétrospective Vietnam » en 1985 (livre d’or de la galerie Magnum). Paris, archives Magnum.
15 Music. Magnum Images, Londres, André Deutsch, 1991 ; Alain Bergala et Agnès Sire (dir.), Magnum Cinéma, Paris, Cahiers du cinéma, 1994 ; William Frankel (dir.), Israel. The First Forty Years, New York/Londres, Thames & Hudson, 1987 ; Israël, 50 ans, Paris, Hazan, 1998 ; Agnès Sire (dir.), 1968, Magnum dans le monde, cat. exp., Paris, Hazan, 1998 ; Écrivains, Arbres et La Nuit, Paris, Terrail, 1998.
16 Communiqué de presse de la réunion annuelle de juin 2002. Paris, archives Magnum.
17 Du moins dans l’idéal, car l’indexation des images est parfois lacunaire. Sur Corbis, voir Estelle Blaschke, Banking on Images, The Bettmann Archive and Corbis, Leipzig, Spector, 2016, pp. 190-193. Voir aussi Audrey Leblanc et Sébastien Dupuy, « Le fonds Sygma exploité par Corbis », Études photographiques, no 35, 2017.
18 Robert H. Sebald, Ira Bitz & Associates Ltd., « Adapting Computer Technology to Magnum Photos Inc. », 21 juin 1979. New York, Magnum Foundation (MF010-004-001).
19 Lettre d’Erich Hartmann à Gilles Peress, 25 sept. 1986. New York, Magnum Foundation (MF010-004-002).
20 François Hébel, note de 1995. Paris, archives Magnum.
21 Entretien de l’auteure avec Enrico Mochi, qui travaille au laboratoire de 1993 à 1997 et au département numérique depuis 1997, Paris, 11 janv. 2013.
22 Entretiens de l’auteure avec Hamish Crooks, responsable des archives et de la base de données à Londres depuis 1993, 30 juil., 2 août et 2 sept. 2013.
23 En raison des difficultés de transfert d’un logiciel à l’autre (indexation et qualité insuffisante des images). New York utilise les logiciels 20-20 (« Twenty twenty ») et PNI à partir de 1994 (rapport du bureau de New York par Tom Keller, 1994. New York, Magnum Foundation, MF010-004-002), puis Prostock.
24 « m2. Magnum Development Plan », version du 27 mai 1997. Paris, archives Magnum.
25 Résolution no 2, compte rendu de la réunion annuelle de 2002 : e-cortex est mis en ligne sous le nom de domaine magnumphotos.com. New York, archives Magnum.
26 Hamish Crooks, « eCortex report », pour la réunion annuelle de 2003. New York, Magnum Foundation (MF013-001-001)
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | 1. Erich Hartmann, Shapes of Sound, projet de reconnaissance vocale de IBM, New York, 1960 |
Légende | Diapositive. New York, Magnum Photos (HAE1960003K005). |
Crédits | Erich Hartmann / 2024, ProLitteris, Zurich |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 500k |
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Titre | 2. Erich Hartmann, Shapes of Sound, projet de reconnaissance vocale de IBM, New York, 1960 |
Légende | Diapositive. New York, Magnum Photos (HAE1960003K003). |
Crédits | Erich Hartmann / 2024, ProLitteris, Zurich |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 403k |
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Titre | 3. Erich Hartmann, IBM Integrated Circuits, New York, 1982 |
Légende | Diapositive. New York, Magnum Photos (HAE1982008K001). |
Crédits | Erich Hartmann / 2024, ProLitteris, Zurich |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 716k |
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Titre | 4. Jimmy Fox, Joan Liftin sélectionnant des tirages noir et blanc pour la photothèque du bureau de Magnum à New York, mai 1977 |
Légende | Négatif noir et blanc. Paris, Magnum Photos (DRF1977001W00762/18A). |
Crédits | © Magnum Photos, Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
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Titre | 5. Jimmy Fox, tri des tirages noir et blanc avant leur rangement dans la photothèque, bureau de Magnum à New York, mai 1977 |
Légende | Négatif noir et blanc. Paris, Magnum Photos (DRF1977001 W00762/20A). |
Crédits | © Magnum Photos, Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
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Titre | 6. Gueorgui Pinkhassov, classement des diapositives de la photothèque du bureau de Magnum à Paris, 2000 |
Légende | Diapositive. Paris, Magnum Photos (PIG2000028K021). |
Crédits | © Magnum Photos, Paris |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 434k |
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Titre | 7. Les boîtes de tirages de la photothèque du bureau de Magnum à Londres, 2013 |
Légende | Collection particulière. |
Crédits | © Fondation Magnum, New York |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 993k |
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Titre | 8-9. Schémas du projet de numéro unique pour répertorier les photographies, tirés de Robert H. Sebald et al., « Adapting Computer Technology to Magnum », 21 juin 1979, p. 6 et Philip Jones Griffiths, « Problems of Computerization. Design of the ‹ Unique Identifier › », 1er septembre 1979, p. 2. |
Légende | New York, Fondation Magnum (MF010-004-001). |
Crédits | © Fondation Magnum, New York |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/docannexe/image/1680/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 308k |
Pour citer cet article
Référence papier
Clara Bouveresse, « L’agence Magnum en ligne. Photothèque et numérisation des images », Transbordeur, 3 | 2019, 136-145.
Référence électronique
Clara Bouveresse, « L’agence Magnum en ligne. Photothèque et numérisation des images », Transbordeur [En ligne], 3 | 2019, mis en ligne le 01 octobre 2024, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/1680 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12gyj
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