J’y ai fait des photos que j’ai détruites, car il ne faut pas qu’une telle honte reste sur un pays. La France a reconnu ses torts et fermé le bagne après la guerre. On n’a pas le droit de punir un crime d’une peine qui dure toute la vie. » Cet extrait, issu de l’autobiographie de Germaine Krull rédigée en 1980 et publiée en 2015, fait référence au reportage de la photographe allemande sur le bagne de Cayenne, en Guyane, daté de mai 1941. Krull, installée à Monte-Carlo depuis 1935, fuit l’occupation allemande et embarque le 24 mars 1941 à Marseille sur un cargo à destination de la Martinique (fig. 1). Après une escale à Fort-de-France, la photographe, en route vers le Brésil, accoste à Saint-Laurent-du-Maroni pour quelques jours. L’escale sert à ravitailler l’administration coloniale qui gère les différents lieux pénitentiaires.
Germaine Krull, « The Terrible Banishing of France » (1941). La fabrique d’un essai photographique
Résumés
En 1941, la photographe allemande Germaine Krull (1897-1985), alors en route vers le Brésil, accoste à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane, pour quelques jours. Elle photographie le bagne et les forçats restés sur place malgré la fermeture officielle du pénitencier, mais, en dépit du caractère relativement spectaculaire du sujet, le reportage ne sera jamais publié dans la presse. Certaines des images du projet ainsi qu’un texte de présentation ont été récemment découverts dans les archives de la collection Black Star, conservée à l’Image Centre de Toronto, et permettent l’identification et l’analyse en détail des étapes suivies par une photographe de presse expérimentée dans la fabrique d’un reportage. Cette recherche vient s’inscrire dans une approche historique qui révèle les logiques collaboratives au cœur de la production de l’information visuelle. Sans abandonner les récits biographiques, ce tournant méthodologique résiste aux conceptions strictement auteuristes et réévalue l’importance du contexte de production, d’usage et d’échange des images, ainsi que le rôle joué par les organisations professionnelles. Appréhendée comme une pratique collective, la photographie de presse peut alors être redéfinie comme un système complexe d’acteurs et de réseaux, plutôt que comme une collection d’images prises par un nombre restreint d’opérateurs exceptionnels.
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Keywords:
photojournalism, photoreportage, Black Star, penal colony, French Guiana, Krull (Germaine)Extrait du texte
Ce document sera publié en ligne en texte intégral en février 2025.
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Pour citer cet article
Référence papier
Gaëlle Morel, « Germaine Krull, « The Terrible Banishing of France » (1941). La fabrique d’un essai photographique », Transbordeur, 8 | 2024, 182-193.
Référence électronique
Gaëlle Morel, « Germaine Krull, « The Terrible Banishing of France » (1941). La fabrique d’un essai photographique », Transbordeur [En ligne], 8 | 2024, mis en ligne le 15 février 2025, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/1462 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12gy8
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