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Varia

L’identification du portrait photographique au regard du cinéma

Identification of the Portrait Photograph as Seen by the Cinema
Rémi Lauvin
p. 142-153

Résumés

L’identification par le portrait photographique joue un rôle paradoxal dans l’avènement de la surveillance moderne : si de nombreux historiens des techniques de police ont évoqué le tournant statistique porté par l’anthropométrie judiciaire d’Alphonse Bertillon, le portrait photographique continue d’accompagner les mesures du corps humain sur la fiche signalétique, au tournant du XXe siècle. Au même moment, le cinéma fait de la photographie un motif de détournement de l’identité. Trois films des premiers temps s’attardent ainsi sur les techniques employées pour se dévisager en déformant son visage face à l’appareil. Puis plus tard, dans Hollow Triumph (Steve Sekeley, 1948), la photographie sert de modèle à la contrefaçon du visage d’un malfrat en cavale. L’étude de ces cas fournit à la fois un état des lieux des techniques de surveillance médiées par l’image et suggère la façon dont l’image peut, de l’intérieur, saper le potentiel indiciaire de la représentation.

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Notes de l’auteur

Une première version de cette étude a été présentée lors de la seconde édition des Journées de la recherche en histoire de la photographie, « Images des résistances. Photographies et stratégies visuelles des résistances, des combats, des luttes individuelles et collectives », organisées par l’Institut pour la photographie à la Maison européenne des sciences de l’Homme et de la société (MESHS) à Lille et à l’Université libre de Bruxelles, les 19 et 20 mai 2022.

Extrait du texte

Ce document sera publié en ligne en texte intégral en février 2025.

Plan

La laideur, la grimace : enrayer le portrait photographique
La retouche photographique du visage
Le miroir déformant de la photographie

Aperçu du texte

À la fin du XIXe siècle, les champions de l’anthropométrie judiciaire jugent sévèrement la photographie. Pour Alphonse Bertillon lui-même, pourtant grand promoteur de la photographie judiciaire, la prise de vue donne une marge de manœuvre trop large aux individus visés par l’identification. Face à l’objectif, la pose offre l’opportunité d’un jeu, d’un ajustement de l’apparence qui fausse la fiabilité documentaire du dispositif. L’historien du monde pénitentiaire Jean-Lucien Sanchez rapporte ainsi que le système anthropométrique a été établi par Bertillon en réaction au manque de rigueur de la photographie :

[L]es photographies sont prises sans uniformité, selon le goût des photographes, et les prévenus grimacent très souvent devant l’objectif. Au nombre de 80 000, leur consultation est très difficile et nécessite de gros moyens en temps et en personnel. Cet état de choses exaspère Alphonse Bertillon qui décide d’y mettre un terme en imaginant une autre méthode.

Sanchez évoque ici le d...

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Pour citer cet article

Référence papier

Rémi Lauvin, « L’identification du portrait photographique au regard du cinéma »Transbordeur, 8 | 2024, 142-153.

Référence électronique

Rémi Lauvin, « L’identification du portrait photographique au regard du cinéma »Transbordeur [En ligne], 8 | 2024, mis en ligne le 15 février 2025, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/transbordeur/1430 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12gy5

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Auteur

Rémi Lauvin

Rémi Lauvin est docteur de l’université de Paris, auteur d’une thèse intitulée La Contrefaçon de soi. Le cinéma à l’épreuve de la surveillance (en cours de publication aux éditions Mimésis). Lauréat de la bourse post-doctorale Balzan à l’université Sorbonne Nouvelle en 2022-2023, il a publié dans les revues Intermédialités, Sociétés et Représentations, InMedia et Débordements. Ses recherches portent sur les reprises et les détournements des gestes et techniques de surveillance au cinéma. Il est chargé d’enseignement à l’université Sorbonne Nouvelle, à l’Institut catholique de Paris et à l’université de Picardie-Jules Verne.
Rémi Lauvin holds a doctorate from the University of Paris and author of La Contrefaçon de soi. Le cinéma à l’épreuve de la surveillance (forthcoming from Mimésis). A recipient of the Balzan post-doctoral fellowship at Sorbonne Nouvelle University in 2022–23, his articles have been published in the journals Intermédialités, Sociétés et Représentations, InMedia and Débordements. His research focuses on the reworking and misuse of surveillance cues and techniques in cinema. He teaches at the University of Sorbonne Nouvelle, the Institut Catholique de Paris and the University of Picardie-Jules Verne.

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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