« On dit que les prospecteurs utilisaient du film photographique pour détecter l’uranium par sa trace. »
Cette observation du chercheur en humanités environnementales Peter C. Van Wyck au sujet des prospecteurs canadiens des années 1950 et 1960 établit un lien inattendu entre l’histoire de l’extraction de l’uranium et celle de la photographie. Ce lien, bien que surprenant, vient souligner un fait plus connu : la proximité qu’entretiennent photographie et radioactivité dès les débuts des recherches sur le phénomène de la radioactivité. Cette affinité ne se dément pas, au contraire, après la Seconde Guerre mondiale : de fait, la technique photographique a témoigné de l’avancée des recherches sur la bombe atomique tout en ayant été perfectionnée par celles-ci. Or, l’angle mort de ce fructueux mariage reste la dépendance extractiviste de l’une et l’autre, et c’est précisément ce qui rend la rumeur rapportée par Van Wyck saisissante. D’emblée, l’anecdote nous permet d’embrasser d’un même...