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Dossier Université Invitée : Roumanie

Faculté des Lettres de l’Université de l'Ouest Timişoara

Ioana Marcu et Ramona Maliţa

Texte intégral

Avant-propos

1En 2018, le Centre de recherche Théorie et Pratique du Discours et le Département de langue et littérature françaises de la Faculté des Lettres de l’Université « Dunărea de Jos » [Le Bas Danube] de Galaţi (Roumanie) ont organisé, dans le cadre de la 15e édition des Journées de la francophonie, un colloque international portant sur « les villes en littératures ».

2C’était l’occasion de réunir des intervenants des quatre coins du globe, et c’était l’occasion pour moi, en tant que membre des comités de la revue de littérature générale et comparée de la Sorbonne Nouvelle Trans-, de faire la connaissance de collègues comparatistes roumains et de discuter autour de la présence de la francophonie et surtout de l’enseignement des comparatismes au sein de l’université roumaine.

3Suite à ces rencontres, il a été convenu de prolonger le débat et de concrétiser ces échanges via un Dossier Université Invitée qui mettra en avant les recherches et les travaux des doctorants du département de littérature comparée de Université de l'Ouest Timişoara, travaux et département introduits dans ce qui suit par Ioana Marcu, Maître-assistante, et Ramona Maliţa, Maître de Conférences HDR.

4Sana M’selmi

Présentation

5La collaboration avec la revue Trans- (Dossier Université Invitée) et la parution de ce numéro en 2023 ne sont pas faites au hasard : en effet, la ville de Timişoara sera en 2023 la Capitale européenne de la culture, ce qui augmentera la visibilité des événements académiques, comme celui-ci. Cette publication, réunissant des doctorants de l’Université de l’Ouest de Timişoara, nous honore par la proposition de collaborer et, pour cela, nous voudrions qu’elle soit dans le sillage de l’effervescence de cette année tout à fait spéciale du point de vue culturel.

6L’Université de l’Ouest de Timişoara est l’une des plus renommées universités polyvalentes de la Roumanie, un siège de l’éducation et de la culture, et, en égale mesure, un participant actif à la vie de la société dont elle est censée façonner le futur par les carrières exemplaires proposées, pour modèles, à la communauté. En 2021, la Faculté des Lettres de notre Université, un des fondateurs de cette institution d’enseignement supérieur, a fêté son 65e anniversaire. Ayant une longue tradition, elle s’affirme avec toujours plus de dynamisme sur la scène scientifique nationale et internationale, et essaie assidûment de s’adapter au contexte scientifique, de recherche et d’enseignement actuel. Elle unit ainsi ses efforts à ceux d’autres facultés du même genre de notre pays dans leur tentative d’accroître la visibilité des études de lettres dans une époque où les sciences exactes, naturelles ou techniques bénéficient d’une haute popularité, aidées parfois des classements internationaux qui semblent avoir été créés pour promouvoir mathématiques, physique, sciences biomédicales et d’autres domaines que l’on pourrait plus facilement relier à des critères « profanes », tels « indice h », « facteur d’impact », « bases de données internationales », etc.

7 À côté de l’étude de la linguistique, l’étude des littératures (française, francophones, roumaine, anglaise, italienne, espagnole, allemande, serbe, russe, latine, grecque et néogrecque) et de la littérature comparée représente un des piliers de l’enseignement et de la recherche scientifique cultivés dans les deux départements de la faculté : le Département d’études roumaines et le Département des langues et des littératures modernes.

8 Dès les premières années de son fonctionnement en tant qu’institution d’enseignement supérieur, la Faculté des Lettres a inclus dans les cursus universitaires l’étude de la littérature comparée : la Chaire de littérature roumaine et de littérature comparée a été, d’ailleurs, créée en 1956. À travers le temps, maints enseignants et chercheurs chevronnés, à prestige scientifique national et international, ont créé, à l’Université de l’Ouest, une pépinière scientifique dans le domaine de la littérature comparée : Adriana BABEȚI, Professeur des universités HDR, critique littéraire, essayiste, écrivaine, primée par l’Association romaine de littérature comparée et générale et par l’Union des écrivains roumains ; Ilie GYURCSIK, Professeur des universités, critique littéraire, essayiste. Un apport considérable aux études comparatistes ont eu, en égale mesure, le groupe d’intellectuels réunis sous l’égide « La Troisième Europe » (Adriana BABEȚI, Cornel UNGUREANU, Mircea MIHĂIEȘ).

9Le leader de la génération actuelle des comparatistes de notre Université est Gabriela GLĂVAN, Maître des Conférences ; Alexandru BUDAC et Elena CRAȘOVAN complètent l’équipe de la Chaire de littérature comparée de l’UOT et représentent les nouvelles voix et voies dans le comparatisme de Timișoara. La tradition des recherches littéraires comparées est, de nos jours, perpétuée notamment par la revue Studii de literatură română şi comparată [Études de littérature roumaine et comparées] (publication de la Chaire, le premier numéro paru en 2003). D’autres chercheurs comparatistes rattachés aux Chaires d’espagnol, d’anglais, de français ou de roumain s’intéressent aussi à la littérature comparée et la choisissent comme domaine complémentaire d’études ; nous pouvons citer, entre autres, Ilinca ȚĂRANU, Maître de Conférences, critique littéraire et traductrice, primée en 2013 par l’Association romaine de littérature comparée et générale ; Dana PERCEC, Professeur des Universités HDR ; Cristina CHEVEREȘAN, Professeur des Universités HDR ; Ramona MALITA, Maître de Conférences HDR, critique littéraire et traductrice, primée en 2017 par l’Université de l’Ouest pour des résultats performants dans la recherche scientifique, Dumitru TUCAN, Maître de Conférences HDR, etc. 

  • 1 L’UOT est partie intégrante de l’Université européenne UNITA, à partir de 2020. C’est un consortium (...)

10Les programmes doctoraux en cotutelle, en partenariat avec des universités francophones, membres de l’alliance européenne interuniversitaire UNITA1, dans le domaine de la littérature comparée, se déroulant à partir de 2020, méritent un regard particulier. Il est à noter également les échanges de doctorant.e.s entre les universités membres de l’AUF, grâce au programme de bourses doctorales et postdoctorales Eugène Ionesco, financées par le gouvernement de la Roumanie (le Ministère de l’Education nationale) en partenariat avec l’Agence Universitaire francophone. Les sujets de ces thèses doctorales ou postdoctorales sont souvent choisis du domaine généreux de la littérature comparée et sont coordonnés par les chercheurs comparatistes avisés de notre Université. Ce sont des collaborations fructueuses, bien ciblées, car elles ont le rôle de créer des pôles de recherche et d’innovation, des pôles de réussite et un réseau des centres d’enseignement et d’apprentissage interuniversitaires européens.

11 Les articles rassemblés dans ce numéro de la revue Trans- sont signés par des doctorants de la Facultés des Lettres ou des anciens étudiants de notre Faculté, aujourd’hui doctorants en lettres modernes à l’Université « Babeș-Bolyai » de Cluj-Napoca, Roumanie. Se rattachant à deux espaces linguistiques distincts – l’espace francophone et anglophone -, ils sont la confirmation de l’essor de la littérature comparée et des études comparatistes au sein de notre faculté.

12 Dans son article « Chromatisme de l’amour et de la guerre dans la novella "Tempête" de Jean-Marie Gustave Le Clézio et le roman Le venin du papillon d’Anna Moï », Alexandra DĂRĂU-ŞTEFAN (doctorante, Université de « Babeș-Bolyai » de Cluj-Napoca) met en parallèle deux écrivains de l’extrême contemporain au parcours tout à fait distinct : français par naissance et de nationalité française et mauricienne vs. vietnamienne par naissance et française par acquisition ; un récipiendaire du Prix Renaudot (1963), du Grand Prix de littérature Paul-Morand de l'Académie française (1980) et notamment du Prix Nobel de littérature (2008), auteur d’une cinquantaine d’œuvres de fiction traduites en 36 langues vs. une auteure d’une œuvre littéraire multiforme, traversée par l’histoire de son pays natal, le Vietnam. Malgré ce contraste apparent entre les deux écrivains, Alexandra DĂRĂU-ŞTEFAN parvient à identifier des éléments communs dans leur écriture – les thématiques de la guerre et de l’amour – qu’elle analyse sous le prisme du chromatisme et de ses significations.

13 Claudiu GHERASIM (doctorant, Université de l’Ouest de Timişoara) s’intéresse à « l’empreinte romantique sur la Passion du Christ ». L’auteur de l’article se propose de voir comment la mise en scène par les romantiques des dernières heures de la vie du Christ est exploitée dans la littérature contemporaine. En fondant son analyse sur le poème « Le Mont des Oliviers » d’Alfred de Vigny et le roman Soif d’Amélie Nothomb, publié en 2019, Claudiu GHERASIM identifie, dans sa démarche comparative thématique, trois points communs aux deux œuvres littéraires appartenant à des époques différentes et évoquant un même événement : l’humanité du Fils de Dieu, la problématique de la filiation et le mutisme du Père.

14L’article « Métamorphoses du mythe de Judas chez Sylvie Germain et Éric-Emmanuel Schmitt » de Roxana MAXIMILEAN (doctorante, Université de « Babeș-Bolyai » de Cluj-Napoca) s’inscrit dans la même ligne d’étude contrastive/conjointe de deux écrivains ayant des parcours distincts. L’auteure y analyse la métamorphose que subit Judas, un des douze apôtres de Jésus, celui qui a facilité l’arrestation de son Maître, devenant ainsi l’archétype du traître. Si chez Germain, écrivaine imprégnée par l’éducation catholique reçue dans son enfance, Judas garde son caractère diabolique, chez Schmitt il est présenté comme un personnage bienfaisant dont le but était de sauver toute la collectivité. Roxana MAXIMILEAN montre que, tout en s’opposant dans la construction du personnage biblique, Germain et Schmitt mettent en avant les mêmes interrogations métaphysiques et une quête identitaire semblable.

15 Valentina GOJE (doctorante, Université de l’Ouest de Timişoara) propose une autre perspective du comparatisme littéraire, à savoir une étude comparative au sein des œuvres d'un même écrivain. Dans son article, elle analyse la manière dont Maupassant « figure » la Normandie dans ses nouvelles et ses romans. En prenant en discussion la description de plusieurs éléments constitutifs du paysage normand, Valentina GOJE observe qu’il y a des similitudes et des différences entre la représentation du pays de l’enfance et de l’adolescence de Maupassant dans la prose courte différente de celle des romans.

16 L’article « Les éditions bilingues roumaines au XIXe siècle : des comparaisons à visée (auto)didactique ou une arme à double tranchant ? », signé par Ioana-Simina GIURGINCA (doctorante, Université de l’Ouest de Timişoara), entraîne le lecteur vers un champ de recherche interdisciplinaire (littérature-traductologie). Dans son étude, l’autrice propose une analyse de la pertinence de la publication de certains textes en éditions bilingues au XIXe siècle. Ioana-Simina GIURGINCA évoque les avantages et les inconvénients de ce genre de traduction auprès d’un public souvent inexpérimenté, dont les goûts littéraires sont en train de se former.

17 L’étude « The Lion King: The Intricate Process of Subtitling a Children’s Movie » de Paula-Andreea GHERCĂ (doctorante, Université de l’Ouest de Timişoara) est un dernier exemple de la présence significative des études comparatistes au sein de la Faculté des Lettres de l’UOT. En adoptant une démarche traductologique contrastive, la contribution met en exergue l’analyse du sous-titrage en roumain de deux versions du film The Lion King, produit par Walt Disney Pictures et en dégage toute une série de difficultés, d’erreurs de traduction ou de traductions inappropriées.

18 En relevant des études littéraires ou de la traductologie ou en s’inscrivant dans une démarche interdisciplinaire, les articles retenus pour ce numéro de la revue Trans- témoignent tous de l’intérêt dont la littérature comparée, en particulier, et les études comparatistes, en général jouissent parmi les doctorants de l’École doctorale de sciences humaines de la Faculté des Lettres. Ils ont tenté de faire prévaloir de façon implicite et explicite, à la fois, les multiples orientations thématiques et méthodiques généreusement offertes par ce que l’on nomme, dans les études philologiques, comparatisme.

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Notes

1 L’UOT est partie intégrante de l’Université européenne UNITA, à partir de 2020. C’est un consortium de l’enseignement supérieur qui réunit six universités à dimensions et à trajectoires différentes, qui comptent plus de 165000 étudiants, 13000 enseignants et personnel non-didactique: Université de Turin (Italie), Université Beira Interior (Portugal), Université de Saragosse (Espagne), Université de Pau et des Pays de l’Adour (France), Université Savoie Mont Blanc (France), Université de l’Ouest de Timişoara (Roumanie).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Ioana Marcu et Ramona Maliţa, « Faculté des Lettres de l’Université de l'Ouest Timişoara »TRANS- [En ligne], 28 | 2022, mis en ligne le 23 novembre 2022, consulté le 19 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trans/8382 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/trans.8382

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