Bibliographie
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Prince, Gerald, Narratology. The Form and Functioning of Narrative, Berlin, De Gruyter, 1982.
Ryngaert, Jean-Pierre, Lire En attendant Godot de Beckett, Paris, Dunod, 1993.
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Notes
« Jeder Satz spricht : deute mich, und keiner will es dulden. » Theodor W. Adorno, « Aufzeichnungen zu Kafka », dans Franz Kafka. Neue Wege der Forschung, Claudia Liebrand (éd.), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2006, p. 21-33, p. 21. Traduction de Geneviève et Rainer Rochlitz dans Prismes : critique de la culture et société, Paris, Payot, 1986 (Critique de la politique), p. 215 (cité par Régine Robin, Kafka, Paris, Belfond, 1989, p. 111).
Par souci de brièveté, j’ai dû renoncer à intégrer le récit « Devant la Loi » dans ma comparaison. – Si je désigne non seulement Le Château, mais aussi la pièce de théâtre de Beckett comme « narration », je me réfère à la notion de « narrativité » liée à l’intrigue, non à celle liée à la présence d’une voix narrative. À propos de cette distinction, cf. par exemple Wolf Schmid, « Narrativity and eventfulness », dans What Is Narratology, Berlin, De Gruyter, 2003, p. 17-33.
Le concept de « narrativité », qui est censé définir la spécificité des énoncés narratifs, est l’objet d’une large discussion qui jusqu’à maintenant n’a pas mené à une définition consensuelle. Face au cadre restreint de cet article, je vais me borner à quelques remarques qui sont d’importance dans notre contexte sans pouvoir déployer les divers implications et développements historiques de ce concept.
Cf. Gerald Prince, Narratology. The Form and Functioning of Narrative, Berlin, De Gruyter, 1982, p. 145, 153 et suiv.
Ibid., p. 153.
Ibid., p. 151, 154, 158.
« Vladimir. – […] On n’a qu’à recommencer. » Samuel Beckett, En attendant Godot, Paris, Éditions de Minuit, 1952 (ci-dessous EAG), p. 89.
Cf. la chanson que Vladimir chante au début du deuxième acte.
Fludernik désigne par « narrativization » un processus qui a lieu pendant la lecture, et qui consiste à transformer quelque chose en une narration simplement par l'acte de lui conférer de la narrativité ( « This process of narrativization, of making something a narrative by the sheer act of imposing narrativity on it, needs to be located in the dynamic reading process ». Monika Fludernik, Towards a 'Natural' Narratology, London/N.Y., Routledge, 1996, p. 34). Quand des lecteurs sont confrontés à des incohérences dans un texte, ils essaient de reconceptualiser ce qu'ils trouvent dans le texte au moyen de paramètres naturels tels que « raconter », « faire l'expérience de » ou « voir », ou encore ils essaient de compenser ces inconsistances en appliquant des structures actantielles ou événementielles au niveau le plus élémentaire (« to re-cognize what they find in the text in terms of the natural telling or experiencing or viewing parameters, or they try to recuperate the inconsistencies in terms of actions and event structures at the most minimal level » , ibid.).
Iouri Lotman, La Structure du texte artistique, Anne Fournier, Bernard Kreise, Ève Malleret, Joëlle Yong (trad.), Paris, Gallimard, 1973.
Ibid., p. 330.
Ibid., p. 321, 330.
Ibid., p. 333.
Ibid.
Cf. Franz Kafka, Le Château, Georges-Arthur Goldschmidt (trad.), Paris, Pocket, 1984 (ci-dessous Château), p. 25.
La dichotomie entre village et château est soutenue par l’opposition topologique entre le haut et le bas, le château étant constamment associé à la hauteur. Cela se manifeste avant tout dans les remarques qui se réfèrent à Klamm en tant que représentant du château. Dans le deuxième entretien avec K., par exemple, l’aubergiste dit : « Si […] j’obtiens que votre requête […] soit transmise à Klamm, me promettez-vous de ne rien entreprendre […] avant que la réponse ne soit redescendue ? » (Château, p. 120) Plus tard, K. compare Klamm à un aigle, invoquant les « cercles indestructibles depuis les profondeurs où se trouvait K. qu’il traçait là, très haut selon des lois incompré[hen]sibles [sic] » (ibid., p. 154).
Ibid., p. 25.
Ibid.
Ibid., p. 32.
Ibid., p. 34 et suiv.
Cela est annoncé déjà très tôt par l’hôtesse dans son premier entretien avec K. : « Vous n’êtes pas du château, vous n’êtes pas du village, vous n’êtes rien », dit l’aubergiste à K., et elle ajoute : « Or, malheureusement vous êtes tout de même quelque chose, un étranger. » (Ibid., p. 79.)
Gellhaus remarque également que le nom de métier de K. indique l’importance de la thématique spatiale pour le roman entier. Cf. Axel Gellhaus, « ''Scheinbare Leere'' : Kafkas narrative Relativitätstheorie », dans Kopflandschaften. Landschaftsgänge. Kulturgeschichte und Poetik des Spaziergangs, Axel Gellhaus, Christian Moser, Helmut J. Schneider (éds), Cologne, Böhlau, 2007, p. 277-295, p. 292.
Kubiak parle d’un « deserted setting » (cf. Aubrey D. Kubiak, « Godot : The non-negative nothingness », Romance Notes XLVIII, 2008, p. 395-405, p. 398). – L’impression du désertique est renforcée par la construction de l’isotopie du sable. Cf. EAG, p. 85 et suiv., 125.
Marc Augé, Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Éditions du Seuil, 1992, p. 68.
Cf. ibid., p. 100.
« Si un lieu [anthropologique] peut se définir comme identitaire, relationnel et historique, un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique définira un non-lieu. » (Ibid., p. 100.)
« Un monde où […] se multiplient […] les points de transit et les occupations provisoires […] propose à l’anthropologue comme aux autres un objet tout nouveau […]. » Augé, Non-lieux, p. 100 et suiv.
Ibid.
EAG, p. 112 et suiv.
Augé mentionne aussi l’aspect de l’attente. Cf. Augé, Non-lieux, p. 130.
« Le retour au lieu est le recours de celui qui fréquente les non-lieux […]. » Ibid., p. 134.
Ibid., p. 130.
On pourrait invoquer aussi le verbe « s’attendre à qqch », qui correspond mieux au verbe allemand « jdn./etw. erwarten ».
L’usage transitif du verbe « attendre » peut être traduit en allemand par l’ajout d’une préposition ( « auf jemanden/etwas warten » ).
EAG, p. 22.
« Garçon. – Qu’est-ce que je dois dire à monsieur Godot, monsieur ? Vladimir. – Tu lui diras – (il s’interrompt) – tu lui diras que tu m’as vu et que – (il réfléchit) – que tu m’as vu. » (Ibid., p. 130.)
Ibid., p. 131.
« Estragon. – Et s’il vient ? Vladimir. – Nous serons sauvés. » (Ibid., p. 133.)
Ibid., p. 118.
Cf. Mikhaïl Bakhtine, « Formes du temps et du chronotope dans le roman », dans Esthétique et théorie du roman, Daria Olivier (trad.), Paris, Éditions Gallimard, 1978, p. 235-398. Un concept comme le chronotope sert à penser deux dimensions (celles du temps et de l’espace) en même temps. Cet article s’efforce de tracer les relations entre trois aspects : la structure événementielle, spatiale et langagière-conceptuelle.
Dans ce contexte, Kafka subvertit notamment le concept de « voir » : K. a effectivement vu Klamm, assis à son bureau, dormant, mais l’hôtesse semble se référer à une autre conception de la vue quand elle dit à K. qu’il n’est « pas même en état de voir Klamm vraiment » (Château, 79).
Tout ce qui se passe semble avoir pour condition la bénédiction de Klamm. Cf. le neuvième chapitre du Château.
Cf. ibid., p. 216 et suiv.
Dans la philosophie grecque, la notion de logos a des significations différentes. Néanmoins, elle se réfère souvent et au langage et à la pensée, par exemple chez Héraclite, Parménide, Platon, Aristote et les stoïciens. Cf. Gérard Verbeke, « Logos », dans Historisches Wörterbuch der Philosophie, Bd. 5 : L-Mn, Joachim Ritter, Karlfried Gründer (éds), Bâle, Schwabe & Co. AG, 1980, col. 17395-17416.
Herman, prenant en considération l’interrelation entre narration et cognition, définit la « narrativité » comme une stratégie cognitive qui sert à structurer nos connaissances et nos expériences et à donner un sens au monde qui nous entoure (cf. David Herman, « Stories as a tool for thinking », dans Narrative Theory and the Cognitive Sciences, Stanford, CSLI Publ., 2003, p. 163-192). Cf. aussi Fludernik, Natural Narratology, p. 40 et suiv.
Cf. note 9.
Les plus petits détails font l’objet d’interprétations contradictoires : le sourire des aides de K. exprime-t-il humilité ou moquerie (cf. Château, p. 48) ? Les mains de Frieda, faut-il les interpréter comme petites et délicates ou comme faibles et impersonnelles (cf. ibid., p. 66) ? En général, l’emploi extrêmement fréquent du verbe « scheinen » et d’expressions synonymes souligne la réserve interprétative qui domine toute la réalité intradiégétique.
Ibid., p. 180. La réaction de K. est totalement contradictoire : « Des envoyés de Klamm, dit K. que cette appellation aussi naturelle qu’elle lui parût surprit tout de même beaucoup. » (Ibid.)
Les contradictions commencent déjà au niveau de la description des personnages : les hommes dans l’auberge de Frieda, par exemple, ont des visages « plats, osseux et cependant ronds » (ibid., 63). Le visage de l’hôtesse est censé être en même temps ridé et lisse (cf. ibid., p. 76).
Ibid., p. 83.
Ibid., p. 84.
Ibid., p. 86.
Il ne s’agit évidemment pas d’une énumération exhaustive des stratégies narratives employées par Kafka, mais d’une petite sélection dont le cadre restreint de cet article ne permet qu’une brève esquisse.
Cf. Fludernik, note 9.
Château, p. 52.
Ibid., p. 96.
Ibid., p. 97.
Cf. note 41.
Cf. Gilles Deleuze, Félix Guattari, « Qu’est-ce qu’une littérature mineure ? », dans Kafka. Pour une littérature mineure, Paris, Les Éditions de Minuit, 1975, p. 29-50.
Ibid., p. 48.
Ibid., p. 35.
Ibid., p. 46.
Cf. François Noudelmann, Beckett ou la scène du pire. Étude sur En attendant Godot et Fin de partie, Paris, Champion, 1998, p. 23-28.
Ibid., p. 27.
Pour une analyse détaillée de la perfomativité dans En attendant Godot, cf. Richard Begam, « How to do nothing with words, or Waiting for Godot as performativity », Modern Drama n° 50, 2, 2007, p. 138-167.
EAG, p. 97.
Ibid., p. 67.
Bien entendu, je fais ici allusion à la théorie de l’« acte de langage » d’Austin et de Searle.
Lucky, qui ne peut « penser » qu’à la condition de porter son chapeau, renforce ce lien métonymique entre chapeau et cerveau.
« [A] narrative where there is no continuant subject, no relationship between beginning and end, no (explanatory) description of a change in a given situation, a narrative made up of middles […] has practically no narrativity. » Prince, Narratology, p. 151.
Ross caractérise également En attendant Godot par « l’entre-deux ». Cf. Ciaran Ross, « Pour une poétique du vide : espace, corps et pensée dans En attendant Godot », dans Lectures d’une œuvre. En attendant Godot – Fin de partie de Samuel Beckett, Paris, Éditions du temps, 1998, p. 105-141, p. 119.
« Doch den “Sinn dahinter” gibt es nicht, weil die “Bilder” […] Kafkas Wirklichkeit meinen. » Susanne Kessler, Kafka – Poetik der sinnlichen Welt. Strukturen sprachkritischen Erzählens, Stuttgart, J. B. Metzler, 1983, p. 16, ma traduction.
Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman, Paris, Les Éditions de Minuit, 1963, Collection « Critique », p. 141.
Dans un essai qu’il a consacré à la peinture des frères van Velde, Beckett réfléchit sur le rôle de la « choseté » dans la peinture moderne. Cf. Samuel Beckett, Le Monde et le pantalon suivide Peintres de l’empêchement, Paris, Éditions de Minuit, 1989-1990, p. 56, et Noudelmann, Beckett, p. 77.
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