Notes
« C'était mon premier roman, et c'est celui qui m'a donné le plus de mal. Certains chapitres ont été refaits plusieurs fois », Léo Malet, La Vache enragée, Paris, Julliard, 1988, p. 167.
Interview de Léo Malet par Noël Simsolo pour l'émission « Mémoires du siècle » sur France Culture (1986), reprise dans Léo Malet sous pli discret, ouvrage édité à l'occasion de l'exposition de Mons (15 avril-2 mai 1988), Paris, Éditions Séries B, collection 10/18, p. 64.
Le décret du 6 mai 1939 ordonne l’interdiction administrative des livres de provenance étrangère et leur saisie à la frontière. À ce texte s’ajoute la seconde liste Otto du 24 mars 1942 : « Traductions de l’anglais : en principe toutes les traductions de l’anglais, excepté les ouvrages des classiques anglais, seront retirées de la vente », Pascal Fouché, L’Édition française sous l’Occupation 1940-1944, Paris, Bibliothèque de littérature française contemporaine de Paris VII, 1987, p. 29.
Léo Malet, La Vache enragée, Paris, Julliard, 1988, p. 167-168.
Léo Malet, Johnny Metal (1941), Paris, Nouvelles éditions Oswald, 1981, p. 15.
Léo Malet, La Vache enragée, Paris, Julliard, 1988, p. 168.
La toile de fond sociale choisie par Malet n’est pas sans rappeler le point de départ de la Moisson Rouge d’Hammett : Elihu Willsson, patron d’une corporation minière, règne en maître sur Personville (appelée « Poisonville » par ses habitants) et a fait engager des gangsters pour briser une grève sur le point d’éclater dans une de ses mines. Le lien de corruption entre les hommes de pouvoir et la pègre est un des thèmes récurrents du roman hard-boiled, Malet n’hésite donc pas à l’exploiter : il est par exemple précisé au sujet du gangster Teddy Brown-Smiles qu’il était auparavant un escroc ayant fomenté une grève, pour ensuite négocier son arrêt avec les patrons.
« Car voilà le problème : il s'agit de vendre sa salade ! Le truc est simple : vous écrivez une cochonnerie quelconque, vous y semez quelques termes de couleur locale (whisky, drugstore, bobby-soxers) deux ou trois idées à prétention sociale […], vous choisissez un titre raccrocheur et ajoutez “traduit de l'américain”. Car l'américain s'achète, la vente est garantie », Bertrand d'Astorg, « Les faussaires de l'obscénité », Esprit, n° 130, février 1947.
Un bulletin de commande du Scorpion clamera d'ailleurs : « Prix du Tabou/ Un roman irlandais dans la veine de J'irai cracher sur vos tombes, inédit dans la chaste Irlande », dans Raymond Queneau, Oeuvres complètes III, Romans (II), édition publiée sous la direction d'Henri Godard, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 2006, note 4, p. 1725.
Gilbert Pestureau, « Le marquy et le bison : fable pataphysique vécue », Temps Mêlés, documents Queneau, Bruxelles, Verviers, n° 36, 1987, p. 216.
C'est ainsi que le roman est présenté par les encarts publicitaires que d'Halluin fait paraître pour sa sortie.
C’était aussi le cas de Joe Christmas dans Light in August de William Faulkner.
« Alors, j’ai répondu [à Lou] que les Blancs avaient descendu mon frère, et que je serais plus dur à avoir, mais qu'elle, en tout cas, allait y passer, et j'ai refermé ma main sur un des seins jusqu'à ce qu'elle manque de s'évanouir, mais elle ne disait rien. Je l'ai giflée à mort. […] J'ai senti le sang me pisser dans la bouche, et ses reins s'agitaient malgré les cordes. […] À la fin, je me suis mis à lui taper dessus, juste avec mon poing droit d'abord, sur la mâchoire, j'ai senti ses dents se casser et j'ai continué, je voulais qu'elle s'arrête de crier. J'ai tapé plus fort, et puis j'ai ramassé sa jupe, je la lui ai collée sur la bouche et je me suis assis sur sa tête. Elle remuait comme un ver. Je n'aurais pas pensé qu'elle ait la vie aussi dure », Boris Vian, Romans, nouvelles, œuvres diverses, édition établie par Gilbert Pestureau, Paris, Librairie générale d’édition, collection La Pochothèque, 1991, p. 870.
Dans Pas d’orchidées pour Miss Blandish, de James Hadley Chase.
Marcel Duhamel, Raconte pas ta vie, Paris, Mercure de France, 1972, p. 555.
La Dépêche de Paris, 21 novembre 1946, dans Noël Arnaud, Le Dossier de l'affaire J'irai cracher sur vos tombes, Paris, Christian Bourgois, 2006, p. 10.
Michel Rybalka, Boris Vian, Essai d'interprétation et de documentation (1969), Paris, Minard, 1984, p. 134.
« Nul n'apprécie plus que moi une invention, une fantaisie, un canular imposant », Boris Vian, Manuel de Saint-Germain-des-Prés, Paris, Librairie générale française, 2001, p. 31-32.
Roger Picard, Artifices et mystifications littéraires, Montréal, Dussault et Péladeau, 1945, p. 161.
Boris Vian, Romans, nouvelles, œuvres diverses, op. cit., p. 791.
Boris, Vian, Œuvres romanesques complètes, édition publiée sous la direction de Marc Lapprand, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 2010, p. 338.
Boris, Vian, « Courrier des Lecteurs », Jazz-Hot, n° 99, mai 1955, cité dans David Noakes, Boris Vian, Paris, Éditions universitaires, collection Classiques du XXe, 1964, p. 25.
« Dans l’usine à romans noirs, le téléphone sonne sans arrêt. Les machines à écrire crépitent. Aux murs, de grands tableaux noirs quadrillés de jaune permettent de voir d’un seul coup d’œil où en est chaque livre de la série, à quel stade il se trouve de la lecture, de la traduction, de la relecture, de la fabrication, du tirage, de la vente. C’est vraiment la littérature élevée à la hauteur d’une industrie de chaîne », Thomas Narcejac, La Fin d’un bluff, essai sur le roman policier noir américain, Paris, le Portulan, 1949, p. 164.
Serge Arcouët, La Mort est dans le coup (Death and I), Paris, Le Portulan, collection La Mauvaise Chance, 1948, p. 7-8.
En 1951, Marcel Duhamel écrit à Léo Malet pour lui expliquer son refus d'éditer Le Froid dans le dos : « que veux-tu, chaque fois que j'essaie de donner sa chance à un bon bouquin français, c'est une catastrophe au point de vue de la vente. Dans la Série Noire, les gens ne veulent strictement que des traductions », Gilles Gudin de Vallerin et Gladys Bouchard, Léo Malet revient au bercail, Montpellier, Actes Sud, 2007, p. 91.
Serge Arcouët, La Mort et l'ange (1948), Paris, Gallimard, collection Le Carré Noir, 1972, p. 39.
Serge Arcouët, La Mort et l'ange (1948), Paris, Gallimard, collection Le Carré Noir, 1972, p. 75.
Le personnage du journaliste intègre, sans peur et sans reproche, qui finit par faire éclater la vérité, appartient aux types peuplant le roman hard-boiled. On le retrouve aussi chez Malet (Johnny Metal) ou chez Vian (Gary Killian dans Et on tuera tous les affreux).
Serge Arcouët, La Mort et l'ange, op. cit., p. 148.
« Si Duhamel fait imprimer en page de titre de La Mort et l’ange la mention “traduit de l’américain”, il ne pousse pas au-delà la mystification […]. C’est bien l’américanité du roman qui justifie sa place au sein de la Série Noire », Frank Lhomeau, « Le véritable lancement de la Série Noire », Temps noir. La Revue des littératures policières, Nantes, Joseph K., n° 4, 2e semestre 2000, p. 82.
France Dimanche, 13 février 1949, n° 128, p. 8.
Serge Arcouët, La Mort et l'ange, op. cit., p. 46.
« On traduit pour l’instant à peu près n’importe quoi, comme si la mention "traduit de l’américain" était une marque de fabrique magique », Robert Kanters, Spectateur, 26 novembre 1946.
Jean Bourdier, Histoire du roman policier, Paris, Éditions de Fallois, 1996, p. 214.
« Le meilleur roman américain de l'année a été écrit par un Français. Il a été publié à la NRF dans la “Série Noire” que dirige Marcel Duhamel sous la simple mention “traduit de l'américain”. Or, il paraît établi que l'auteur de ce roman, intitulé La Mort et l'ange, s'appelle en réalité Serge Arcouët. C'est un personnage discret, mais de nationalité française », France Dimanche, 13 février 1949, n° 128, p. 8.
Frank Lhomeau, « Le véritable lancement de la Série Noire », Temps noir. La Revue des littératures policières, Nantes, Joseph K., n° 4, 2e semestre 2000, p. 83.
« Les visées de Boris sont tout autres : amateur passionné de littérature américaine, et de la meilleure, il assiste à la dégradation rapide du goût des lecteurs […]. Démontrer que le public se délecte de bas morceaux, démontrer que pareille littérature se fabrique industriellement et que c’est pitié d’être aussi crédule et aussi perverti (esthétiquement parlant), voilà ce qu’il a en tête », Noël Arnaud, Les Vies parallèles de Boris Vian (1966), Paris, Librairie générale française, 1998, p. 141-142.
Boris Vian, Romans, nouvelles, œuvres diverses, op. cit., p. 795.
Interview de Léo Malet par François Guérif, Polar, n° 8, janvier 1980, reprise dans Léo Malet sous pli discret, ouvrage édité à l'occasion de l'exposition de Mons (15 avril-2 mai 1988), Paris, édition Séries B, collection 10/18, p. 20.
« C’est dans l’ombre du sulfureux Sullivan que Boris Vian continue de produire les romans qu’il signe de son nom. Ceux-ci resteront éclipsés sa vie durant, et ce n’est qu’après sa disparition que la postérité “réhabilitera” le romancier Boris Vian », Boris Vian, Œuvres romanesques complètes, t. I, op. cit., p. XXVI-XXVII.
« Encore une fois, J’irai cracher sur vos tombes (je l’ai dit et redit publiquement) ne relève pas de la littérature, mais du divertissement », Boris Vian, cité dans Noël Arnaud, Les Vies parallèles de Boris Vian, op. cit., p. 155.
« Elles se rendent pas compte sonne donc le glas de la carrière de Vernon Sullivan. […] Le roman est d'ailleurs passé totalement inaperçu du vivant de son auteur », Boris Vian, Œuvres romanesques complètes, t. II, op. cit., p. 1261.
Queneau avait récupéré le prix du Tabou au nom de Sally Mara, absente de Paris.
Les épreuves de l'introduction de 1947 à On est toujours trop bon avec les femmes montrent que Queneau biffe son nom et le remplace par celui de Michel Presle (Raymond Queneau, Œuvres complètes III, Romans (II), édition publiée sous la direction d'Henri Godard, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 2006, p. 1503).
Raymond Queneau, Les Œuvres complètes de Sally Mara, Paris, Gallimard, collection « L’Imaginaire », 1962, p. 7.
La préface contient d’ailleurs une notice biographique fictive de Sally Mara, signée Michel Presle, qui nous apprend que Sally Mara serait morte en 1943 (c’est-à-dire avant la publication de On est toujours trop bon avec les femmes !), ce que dément fermement l’intéressée : « Je serais morte, obscurément à Cork en 1943 ? rien de plus faux : j’écris cette préface dix-huit ans plus tard et je n’ai rien d’un fantôme, à la corpulence près », Ibid., p. 9.
Leur mot de passe est « Finnegan’s Wake », ce qui rappelle que Queneau, en plaçant son roman en Irlande, voulait ainsi rendre hommage à James Joyce.
On est toujours trop bon avec les femmes, dans Raymond Queneau, Les Œuvres complètes de Sally Mara, op. cit., p. 191.
Ibid., p. 203.
Ibid.,p. 242.
« Ô doux émois d’un cœur de jeune fille, ô charmants frissons du printemps d’une sensibilité, ô chastes curiosités d’une fleurissante pucelle », Journal intime, dans Raymond Queneau, Les Œuvres complètes de Sally Mara, op. cit., p. 20.
On est toujours trop bon avec les femmes, dans Raymond Queneau, Les Œuvres complètes de Sally Mara, op. cit., p. 259.
« Le roman de Queneau, à forte charge érotique mais exempt de toute scène de stupre ou de sadisme explicite, ne fut jamais voué aux gémonies […]. L’auteur supposé ne cherchait ni à scandaliser, ni à duper le public ; tout se passe comme s’il voulait au contraire l’inciter à repérer les stéréotypes ou les allusions qui émaillent ces textes apparemment disparates », Jean-François Jeandillou, Supercheries littéraires, la vie et l’œuvre des auteurs supposés, Paris, ÉditionsUsher, 1989, p. 348.
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