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Notes
Traité du Tout-monde, Paris, Gallimard, 1997, p. 31.
« Questions à Michel Foucault sur la géographie », Hérodote, numéro 1, 1976, p. 71-85, p. 76.
Nous renvoyons aux travaux séminaux d’Anne Tomiche sur le destin de cette appellation en France, dans une rare perspective comparée. Pour un éclairage récent et global, lié à la nouvelle collection New Modernisms de l’éditeur Bloomsbury, nous renvoyons à l’excellent panorama fourni par Sean Latham et Gayle Rogers, Modernism : Evolution of an Idea, Londres, Bloomsbury, 2015. La polysémie parfois paralysante du terme « modernisme » (tandis que la critique française des années 1990 a fortement exploré son envers, les « anti-modernes ») n’empêche pas d’interroger les œuvres qui privilégient l’expérimentation (réaliste ou abstraite), la difficulté, l’autonomie, et qui offrent des réponses d’ordre esthétique aux turbulences de la modernité (Modernism, p. 14-15). Notons aussi que Jacques Rancière ouvre une autre voie comparatiste, critique et globale du modernisme, par le biais de son appareil théorique sur les régimes de représentation et le partage du sensible. Voir Jacques Rancière, Malaise dans l’esthétique, Paris, Galilée, 2004.
Philippe Blanchet, Discriminations : combattre la glottophobie, Paris, Textuel, 2016.
Susan Rubin Suleiman et McDonald Christine (éds), French Global : A New Approach to Literary History, New York, Columbia University Press, 2010.
On pourrait ajouter également Tahar Djaout, Kateb Yacine, Pierre Guyotat, Aimé Césaire, Vincent Placoly, Édouard Glissant, Anne Portugal, Hélène Cixous, Monchoachi, Kossi Efoui et Sony Labou Tansi, parmi bien d’autres artistes. Dresser de telles listes relève de la gageure et révèle à coup sûr des failles, mais notre but est de présenter une littérature qui déplace son centre de gravité, et ce de façon radicale (ce qui ne veut pas dire de manière facilement perceptible). Catégorie non exclusive et soucieuse d’en outrepasser d’autres apparemment plus stables, cette liste est avant tout une invite à regarder différemment ce qui nous est familier ; peut-être aussi souhaitons-nous ouvrir de nouvelles pistes de lectures sur des autrices et auteurs encore trop peu étudié.e.s. En cela, certains noms ou mouvements des avant-gardes, l’Oulipo en particulier, révolutionnent bien la langue de l’intérieur, et forgent parfois un langage spécifique, mais sans nécessairement les faire sortir de leur axe. Nulle hiérarchie ici, mais tentative de dégager une dynamique autre du sein même de la littérature et de ses traditions. Dans certaines œuvres, quelque chose d’autre se passe, fait signe et est fait autrement : un glissement de repères et de perspectives opère, et ne peut être bien perçu que dans une perspective comparée justement, dont la méthodologie doit à son tour s’ouvrir aux changements induits par les œuvres. Toute l’œuvre de Glissant cherche tout autant à déceler qu’à effectuer ce changement de perspective.
Voir Gilles Deleuze, Critique et clinique, Paris, Éditions de Minuit, 1993.
Jahan Ramazani, A Transnational Poetics, Chicago, Chicago University Press, 2009, p. xiii.
Sur le concept de négativité, dans une belle comparaison entre Glissant et Blanchot sur ce point, voir John E. Drabinski, Glissant and the Middle Passage, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2019. Pour d’autres analyses récentes de la négativité en littérature, mais uniquement dans une optique occidentale, voir Joseph Acquisto, Poetry’s Knowing Ignorance, Londres, Bloomsbury, 2019 et William S. Allen, Aesthetics of Negativity. Adorno, Blanchot and Autonomy, New York, Fordham University Press, 2016. Pour une approche plus historique et étendue, du symbolisme au modernisme, voir également Pierre-Henry Frangne, La négation à l’œuvre, Rennes, PUR, 2005.
Traité du Tout-monde, Paris, Gallimard, 1997, p. 36.
Sur cette question des frontières lovées dans les méthodes et disciplines, au sujet des débats autour de la littérature comparée considérée comme européenne ou mondiale, voir Anne Tomiche, « frontières du comparatisme », Between, volume 1, numéro 1, 2011. Sans doute faudrait-il, sans négliger les régimes d’historicité et méthodologiques, envisager et repenser ces frontières comme étant perméables et ouvrant sur de nouvelles possibilités heuristiques, à la manière de Glissant dans sa « pensée nouvelle des frontières » qui demeure soucieuse de l’opacité des « différents », dans Philosophie de la Relation. Poésie en étendue, Paris, Gallimard, 2009, (p. 57). L’on pourrait ainsi proposer à notre tour, dans l’esprit de ces modernismes planétaires et transnationaux, ou New World Poetics (George Handley, New World Poetics, Athens, University of Georgia Press, 2007), d’explorer les rapports entre Aimé Césaire, Walt Whitman, Langston Hughes, Claude McKay, Jacques Roumain et Saint John Perse, mais ce pourrait être aussi tous ces rapports contenus en une œuvre, telle que Dictée de Theresa Hak Kyung Cha (1982), ou L’Espace d’un cillement (1959) de Jacques Stephen Alexis, sans pour autant passer outre aux spécificités langagières, culturelles et esthétiques (l’épineuse question des termes de modernité, modernisme et avant-garde dans chaque entour national), mais en allant vers une redéfinition plus satisfaisante de celles-ci.
Harold Bloom, The Anxiety of Influence, Oxford, Oxford University Press, 1973. Selon Bloom, tout poète subit un sentiment d’angoisse par rapport à ses illustres modèles, ce qui l’amène à utiliser une panoplie de ruses rhétoriques et de tropes visant à justifier son originalité, et partant à se légitimer.
Sur la notion d’influence revisitée par Glissant, dans le contexte d’une archipélisation des études comparées, voir Hugues Azérad, « The Jugglers of the Concrete : Pierre Reverdy and Édouard Glissant », dans Naomi Segal et Gill Rye (éds), When Familiar Meanings Dissolve, Essays in Memory of Malcolm Bowie, Oxford, Peter Lang, 2011, p. 113-131 et « Édouard Glissant and the Test of Faulkner’s Modernism », dans Celia Britton et Martin Munro (éds), American Creoles. The Francophone Caribbean and the American South, Liverpool, Liverpool University Press, 2012, p. 197-215.
Jahan Ramazani, Transnational Poetics, op. cit., p. 4. [Parce que la compacité poétique exige que des idiomes et des paysages sonores, des tropes et des sous-genres discordants soient regroupés de force, la poésie – à la fois contrainte et fracturée par cette convergence – nous permet d’examiner de près comment les vecteurs interculturels de la modernité globale fusionnent parfois, parfois s’entrechoquent, parfois forment un contrepoint vertigineux. Incorporer la poésie dans une conversation critique sur la mondialisation peut donc aider à attirer l’attention sur la texture créolisée de l’expérience transnationale telle qu’elle s’incarne dans les formes esthétiques et dans l’imagination.] « Nous traduisons »
Encre, sueur, salive et sang, Paris, Seuil, 2014, p. 39.
Op. cit., p. 43. [Dans un recadrage théorique de l’histoire poétique moderne et contemporaine, la nationalité et l’ethnicité ont encore un rôle important à jouer. Ni localiste ni universaliste, ni nationaliste ni fadement mondialiste, une poétique translocale met en exergue les intersections dialogiques – tantôt tendues et résistantes, tantôt ouvertement assimilatrices – de discours, genres, techniques et formes spécifiques, d’origines diverses. À cheval sur plusieurs lieux, l’histoire littéraire transnationale et interethnique diffère ainsi de l’histoire « post-nationale » ou « post-ethnique », dans laquelle les écrivains sont considérés [...] comme flottant librement dans un univers ambiant de formes et de discours dénaturés et déracialisés.] « Nous traduisons »
Susan Stanford Friedman, Planetary Modernisms, New York, Columbia University Press, 2015 ; voir aussi Jessica Berman, Modernist Commitments, New York, Columbia University Press, 2011, Rita Felski et Susan Stanford Friedman (éds), Comparison: Theories, Approaches, Uses, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2013, ainsi que le récent numéro consacré aux nouvelles études comparées dans Modern Languages Open, [en ligne] https://www.modernlanguagesopen.org/collections/special/comparative-literature-section-launch-issue/, consulté le 10 septembre 2019. Pour des approches très complètes et porteuses de nouvelles pistes ou traces en littérature générale et comparée, voir également Amy J. Elias et Christian Moraru (éds), The Planetary Turn : Relationality and Geoaesthetics in the Twentieth-Century, St Evanston, Northwestern University Press, 2015 ; Mark Wollaeger et Matt Eatough (éds), The Oxford Handbook of Global Modernisms, Oxford, Oxford University Press, 2012. Glissant reste la référence privilégiée pour toutes ces études, et ce même si ses derniers écrits théoriques sont loin d’être encore tous traduits en anglais. Notons enfin la parution de l’excellent Penser la différence culturelle du colonial au mondial. Une anthologie transculturelle, Silvia Contarini, Claire Joubert et Jean-Marc Moura (éds), Sesto San Giovanni, Mimésis, 2019.
Voir « A Theory of Resonance », PMLA, Volume 112, numéro 5, 1997, p. 1060-1071, ainsi que son livre Through other Continents : American Literature across Deep Time, Princeton, Princeton University Press, 2006.
Op. cit., p. 32. [Cette approche aide à esquisser une histoire littéraire dans laquelle la créolisation, l’hybridation et l’interculturation transnationales deviennent presque aussi fondamentales à notre compréhension du modernisme qu’elles le sont pour le postcolonial. Elle permet une comparaison interculturelle fondée sur la migration et le mélange des formes, des tropes et des identités de la littérature qu’elle étudie] « Nous traduisons ».
Dipesh Chakrabarty, Provincializing Europe : Postcolonial Thought and Historical Difference, Princeton, Princeton University Press, 2008.
Sur la notion de créolisation, dans ses répercussions en littérature comparée, voir Françoise Lionnet et Shu-mei Shih (éds), The Creolization of Theory Durham, Duke University Press, 2011 ; de manière plus critique dans les sciences humaines, voir Mimi Sheller, « Creolization in Discourses of Global Culture », dans Sara Ahmed, Claudia Castañeda, Anne-Marie Fortier et al. (éds), Uprootings/Regroundings. Questions of Home and Migration, Oxford, Berg, 2003, p. 273-294.
Alain Ménil, Les Voix de la créolisation. Essai sur Édouard Glissant, Paris, de l’Incidence éditeur, 2011.
L’Entretien du monde, Édouard Glissant et François Noudelmann, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2018, p. 59.
« La multi-énergie des créolisations ne crée pas un champ neutre où s’assoupiraient les souffrances des humanités, elle réactive cette dilatation vertigineuse où se défont non pas les différences mais les anciennes souffrances nées de la différence », Traité du Tout-monde, op. cit., p. 239.
Rappelons que pour Glissant, la modernité, ni souveraine ni autoritaire, est un éta(n)t du monde aujourd’hui, tel qu’il se déploie, mais ce pourrait être aussi transhistoriquement et de façon non linéaire : « dans la totalité-terre aujourd’hui physiquement réalisée, où la créolisation a remplacé la pulsion de l’extension et de la légitimité de la conquête, la Poétique de la Relation permet d’approcher la différence entre une terre (lieu incontournable de tout étant) et un territoire (réclamation comme rituelle, et désormais infertile, de l’Être). La modernité serait le jeu, à chaque fois recommencé, de cette différence et de cette mutation. », Ibid., p. 197.
La Cohée du Lamentin, Paris, Gallimard, 2005, p. 50.
Robin Cohen et Paola Tonitano (éds), The Creolization Reader, Londres, Routledge, 2010. Voir aussi Stuart Hall, The Fateful Triangle. Race. Ethnicity. Nation, Cambridge, Harvard University Press, 2017 ainsi que Edward Kamau Brathwaite, Roots, La Havane, Casa de las américas, 1986. Pour une fine analyse de la créolisation dans un contexte géopoétique, voir Muriel Rosemberg, « La géopoétique d’Édouard Glissant, une contribution à penser le monde comme monde », L’Espace géographique, volume 45, 2016/4, p. 321-334.
Outre les travaux d’Anne Tomiche, mais aussi d’Yves Citton et Dominique Viart, ainsi que les contributions dans les récents numéros de la Revue de littérature comparée (« La valeur littéraire à l’épreuve de l’archipel caraïbe », 2017/4 et « Traversées atlantiques des avant-gardes », 2018/2), mentionnons les importantes études de Kathleen Gyssels, Passes et impasses dans le comparatisme caribéen. Cinq traverses, Paris, Champion, 2010 ; Claire Joubert (éd.), Le postcolonial comparé, anglophonie, francophonie, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2014 et Jean-Claude Laborie, Jean-Marc Moura, Sylvie Parizet (éds), Vers une histoire littéraire transatlantique, Paris, Garnier, 2018. La liste est loin d’être exhaustive mais témoigne d’une insertion progressive (mais là aussi, en retard sur d’autres écoles de pensée outre-Hexagone) de la théorie littéraire glissantienne.
De manière concomitante (re-)paraissaient les séminales études de Eliane Viennot, Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, Paris, IXe, 2017 et les travaux sur le queer de Paul Preciado, se réclamant ouvertement de Glissant, et qui connaissent un regain d’intérêt sur tous les continents (comme par exemple le Countersexual Manifesto, trad. Kevin Gerry Dunn. New York, Columbia University Press, 2018 [2000]). Dans un même souci d’émancipation (l’ « empowerment » restant un quasi-intraduisible en français) de toute approche exclusive de la langue française, notons aussi le remarquable livre de Maria Candea et Laélia Véron, Le français est à nous! Petit manuel d’émancipation linguistique, Paris, La Découverte, 2019.
Philippe Blanchet, op. cit., p. 164.
Édouard Glissant, L’Imaginaire des langues, Paris, Gallimard, 2010.
Paris, Galaade, 2007.
Philippe Blanchet, op. cit., p. 177.
Burns, Lorna, « Creolization and the collective unconscious: locating the originality of art in Wilson Harris’s Jonestown, The Mask of the Beggar and The Ghost of Memory », Postcolonial Text, Volume 4, Numéro 2, 2008, p. 1-18, p. 6. [Lorsque l’autre ou l’extérieur n’est pas mis en relation, le texte produit ne sera qu’une refonte de textes déjà existants, la somme de ses parties, tandis que là où l’autre fait partie du projet, une forme nouvelle et singulière en résulte. C’est ce processus qui répond à l’affirmation de Glissant selon laquelle ce qui caractérise la créolisation n’est pas le mélange en soi, mais la production de l’originalité. La créolisation doit apporter de la nouveauté, c’est pourquoi ce qui définit à la fois la créolisation et les œuvres originales de la littérature, c’est leur singularité.] « Nous traduisons »
Jean-Luc Nancy et Jérôme Lèbre, Signaux sensibles. Entretiens à propos des arts, Montrouge, Bayard, 2017, p. 23 et p. 165.
« A Theory of Resonance », op. cit., p. 1068.
La Terre, le feu, l’eau et les vents. Une Anthologie à la poésie du Tout-monde, Paris, Galaade, 2010, préface.
Gayatri Chakravorti Spivak, Death of a Discipline, New York, Columbia University Press, 2005.
L’histoire (de la pensée et de la littérature, mais pas seulement) ne fait que se répéter, de la French Theory dans tous ses états (postcolonial, genre, transnational etc.), ni totalement théorique ni vraiment hexagonale, qui a été considérée comme un « corps étranger » venu « contaminer » la belle intégrité et supériorité méthodologique des études littéraires en France (remarquable sur le fait littéraire mais souffrant d’une certaine circularité/insularité des regards critiques). Curieux phénomène que celui de la créolisation de l’université et de ses bastions de résistance, alors qu’un franc engagement critique et renseigné aurait permis à une autre histoire littéraire des trente dernières années de naître, ou tout simplement de laisser surgir de nouvelles hypothèses et recherches afférentes. De toute façon, le questionnement est inarrêtable et se nourrit des résistances, formes de « différence » après tout. Créolisation et « contre-créolisations » des savoirs forment le lancinant balan de nos modernités. Notons tout de même les récentes percées, dans le beau numéro « extension du domaine de la littérature » de la revue ELFe XX-XXI, mais qui est aussi symptôme d’un certain manque de prise en compte de la poétique de la créolisation glissantienne, qui est pourtant objectivement au cœur de ces débats, et ce depuis quarante ans (Glissant n’est quasiment jamais mentionné dans ce numéro se voulant pourtant novateur et plus globalisant, comme si « transnational » et « world literature » ou « planetary turn » ne s’en étaient pas inspirés) [en ligne] https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/elfe, consulté le 12 septembre 2019.
Citons Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La Découverte, 2010. Nous renvoyons aussi au très complet Collectif Write Back, Postcolonial Studies : modes d’emploi, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2013 ainsi que Felwine Sarr, Afrotopia, Paris, Philippe Rey, 2016.
Jean-Michel Rabaté, « Pound and the Globalization of Literature », et Christine Froula, « Pound and the Comparative Literature of the Present », dans Paul Stasi et Josephine Park (éds), Pound in the Present. Essays on Pound’s Contemporaneity, Londres, Bloomsbury, 2016, p. 119-146 et p. 147-186.
Sur cette question, nous renvoyons à l’excellent livre de Sam Coombes, Édouard Glissant, A Poetics of Resistance, Londres, Bloomsbury, 2018, qui mêle la pensée glissantienne aux débats contemporains sur les nouvelles formes de « progressive politics » et d’esthétiques (post-) modernes et post-anarchistes.
Seloua Luste Boulbina, Les Miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs (arts, littérature, philosophie), Dijon, Les Presses du réel, 2018, p. 55-56.
Clairement mise en évidence dans, par exemple, Brian Russell Roberts et Michelle Ann Stephens (éds), Archipelagic American Studies, Durham, Duke University Press, 2017, qui s’inscrit ouvertement dans le sillage de Glissant, amplement cité et repensé dans ce volume.
Op. cit., p. 17 et p. 113.
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