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L’archipel de la traduction

Glissant au prisme de la traduction, la traduction au prisme de Glissant
The archipelago of translation. Glissant through the prism of translation, translation through the prism of Glissant
L’arcipelago della traduzione. Glissant attraverso il prisma della traduzione, la traduzione attraverso il prisma di Glissant
Giuseppe Sofo

Résumés

Une « pensée archipélique » ne peut se construire qu’à travers la lecture plurielle d’un discours. La pensée de Glissant, construite à travers l’accumulation « à tous les niveaux » pour dévoiler une « réalité qui elle-même s’éparpille », ne peut être appréhendée véritablement qu’à travers une lecture plurilingue, c’est-à-dire « en présence de toutes les langues » et de tous les imaginaires. Dans cet article, nous proposons de lire certains des concepts-clés de la pensée de Glissant, tels que « Relation », « errance », « éclat » à travers leurs traductions en anglais, allemand, espagnol et italien. Cette lecture « fluide » des textes avec leurs traductions servira de point de départ pour une méthode de « lecture archipélique » du texte littéraire, aux Antilles et ailleurs.

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Texte intégral

  • 1 Édouard Glissant, Poétique de la relation : Poétique III, Paris, Gallimard, 1990, p. 231.

La poétique de la relation requiert toutes les langues du monde. Non pas les connaître ni les méditer, mais savoir (éprouver) qu’elles existent avec nécessité. Que cette existence décide des accents de toute écriture.1

  • 2 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues : Entretiens avec Lise Gauvin (1991-2009), Paris, Gallim (...)

Les langues vont se diversifier, se multiplier et s’archipéliser.2

  • 3 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin : Poétique V, Paris, Gallimard, 2005a, p. 75.
  • 4 Édouard Glissant, Le discours antillais, Éditions du Seuil, Paris, 1981, p. 17.
  • 5 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 37.

1Une « pensée archipélique »3 ne peut se construire qu’à travers la lecture plurielle d’un discours. La pensée de Glissant, construite à travers l’accumulation « à tous les niveaux » pour dévoiler une « réalité qui elle-même s’éparpille »4, ne peut être appréhendée véritablement qu’à travers une lecture plurilingue, c’est-à-dire « en présence de toutes les langues »5 et de tous les imaginaires.

  • 6 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 234.
  • 7 Voir: John Bryant, The Fluid Text : A Theory of Revision and Editing for Book and Screen, Ann Arbor (...)

2Comment traduire « Relation », « errance », « éclat » ? Et surtout, que nous disent ces traductions de l’identité des concepts de l’œuvre de Glissant ? et que peut découvrir la critique littéraire grâce à l’errance de ces concepts parmi les langues ? Ce que nous nous proposons c’est d’explorer cette « inimaginable réserve que procurent les langues du monde »6 pour étudier ce qui se passe à l’intérieur de l’écriture de Glissant une fois que son œuvre est traduite, déplacée. Cette lecture « fluide »7 des textes avec leurs traductions (et non contre leurs traductions) servira de point de départ pour une méthode de « lecture archipélique » du texte littéraire, aux Antilles et ailleurs.

  • 8 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 75.

3Nous allons essayer de tracer un itinéraire de ces mots qui voyagent, pour contribuer à tresser l’entrelacs du discours/Discours qui continue à se construire à travers les langues, afin de pouvoir le suivre « dans tous les sens »,8 explorant la polysémie des concepts glissantiens et les directions que ces sens alternatifs des mots nous dévoilent, nous ouvrent. D’ailleurs, c’est Glissant qui nous invite à le faire, car dans une note manuscrite qui porte le titre de « Traduction et relation », il écrit :

  • 9 Édouard Glissant, « Traduction et relation », feuillet volant manuscrit, carnet bleu, Boite 13 (Orm (...)

La traduction s’exerce comme une mise en rapports entre des totalités non totalitaires que nous sollicitent de partout. Nous n’enjambons pas seulement la distance d’une langue à une autre, nous entrons dans le mystère d’une multi relation où toutes les langues du monde, visibles ou secrètes, trament pour nous des chemins démultipliés qui sont en réalité les échos de la multiplicité.9

4C’est cette multiplicité que nous allons essayer de tracer, plutôt que de définir, pour pouvoir entrer dans ce « mystère d’une multi relation » qui peut nous en dire beaucoup non seulement sur l’œuvre de Glissant, mais surtout sur une possible méthode de lecture des textes entre les langues.

Les traductions de Glissant et leurs paratextes

5La traduction a trop souvent été pensée comme une activité qui n’amène qu’à une perte, mais la pensée postcoloniale nous a enseigné tout ce que la traduction apporte d’inédit. Traduire Glissant est un défi énorme, ce dont témoignent les longues préfaces, glossaires, notes et autres paratextes des traductions de Glissant qui montrent le besoin de tracer un discours autour de la traduction de son œuvre.

6Dans la longue introduction de Michael Dash à sa traduction du Discours antillais, aucune place n’est faite à une réflexion sur la traduction, mais le traducteur modifie partiellement le glossaire original, en ajoutant des termes que Glissant n’a pas besoin d’expliquer au lectorat français et francophone mais qui ne sont pas connus du lectorat anglophone (par exemple, béké, bel-air – bélé, DOM, etc.), et en ajoutant des renvois d’une entrée à l’autre du glossaire. Pour sa monographie consacrée à Glissant, Dash doit aussi traduire certains concepts-clés pour les expliquer, et il fait des choix parfois très distants de ceux qu’il avait faits dans la traduction du Discours, comme nous le verrons par la suite.

  • 10 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory : Strategies of Language and Resistance, (...)

7Une autre œuvre critique, Édouard Glissant and Postcolonial Theory : Strategies of Language and Resistance de Celia Britton, est très intéressante à ce propos car la chercheuse introduit son œuvre par une note sur la traduction10, ce qui est bien évidemment singulier pour un texte qui n’est pas une traduction. Elle le fait car elle utilise parfois les traductions du Discours antillais de Dash, tout en y apportant quelques modifications :

  • 11 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory, op. cit., p. IX.

I have quoted from the published English translations of the works of Fanon and of the parts of Glissant’s Le discours antillais that have been translated by Michael Dash. I have made occasional minor amendments to these, signaled by square brackets, where the published translation is not sufficiently exact for my purposes. Dash translates some of Glissant’s key concepts in a variety of idiomatic ways: Relation (“creolization,” “cultural contact,” “‘cross-cultural relationships”); Être (“original nature,” “single culture”); opacité (“inscrutability,” “obscurity”); détour (“diversion,” “defensive strategy,” “ploy”). I have replaced these with Relation, essence, opacity, and detour.11

  • 12 Betsy Wing, “Translator’s introduction” in Édouard Glissant, Poetics of Relation, Ann Arbor, MI, Th (...)
  • 13 Betsy Wing, “Notes” in Édouard Glissant, Poetics of Relation, Ann Arbor, MI, The University of Mich (...)

8Pour rester dans le domaine anglophone, Betsy Wing décide de faire précéder sa traduction de Poétique de la relation par une « Translator’s introduction »12 et un glossaire. De plus, elle ajoute aux notes de Glissant ses propres notes où elle explique ses choix de traduction.13

9Beathe Till, qui a traduit en allemand Le discours antillais et d’autres œuvres de Glissant, a écrit pour sa traduction de Poétique du divers un texte bien plus riche qu’un glossaire intitulé « Glissants Begriffe und ihre Definitionen in Französisch und Deutsch : Erläuterungen der Übersetzerin », c’est-à-dire « Les concepts de Glissant et leurs définitions en français et en allemand, avec les explications de la traductrice ». Elle écrit :

  • 14 Beathe Thill, “Glissants Begriffe und ihre Definitionen in Französisch und Deutsch : Erläuterungen (...)

Für dieses Buch, das als Einführung gedacht ist, habe ich mir die deutschen Entsprechungen von Glissants Begriffen noch einmal überlegt – und mich trotzdem zumeist für die alten Lösungen entschieden.14

[Pour ce livre, qui se veut une introduction, j’ai de nouveau réfléchi aux équivalents allemands des termes de Glissant – et j’ai opté dans la plupart des cas pour les mêmes solutions]

10Ce texte est particulièrement intéressant, car la traductrice utilise quatre moyens différents pour expliquer ces termes-clés : 1) les définitions données par Glissant dans Poétique du divers ; 2) les définitions de Glissant contenues dans un entretien de 2005 publiée dans la revue Les périphériques vous parlent ; 3) les définitions données par Wolfgang Bader dans un lexique critique des littératures contemporaines ; et 4) ses propres définitions.

11Les traductions italiennes et espagnoles sont différentes des traductions étudiées plus haut par leur choix de ne pas introduire les œuvres par de longues introductions ou de ne pas utiliser un grand appareil de notes. La traduction italienne de Poétique de la relation n’est précédée par aucune introduction de la traductrice Enrica Restori qui s’exprime parfois à travers des notes de bas de page pour commenter la complexité de certaines expressions. Francesca Neri, qui a traduit Poétique du divers, justifie son choix de ne pas utiliser de longues notes, et de ne pas avoir rédigé de préface, dans une brève introduction de deux pages, en précisant qu’il s’agit d’une stratégie pour conserver l’opacité recherchée par Glissant dans son écriture :

  • 15 Francesca Neri, “Nota della traduttrice” in Édouard Glissant, Poetica del diverso, Rome, Meltemi, 1 (...)

Per rispettarne le risonanze, e quell’opacità programmaticamente scelta dall’autore, non ho voluto quindi appesantire il testo con un inopportuno apparato di note che rendesse conto di tutte le stratificazioni dei sensi. Non si poteva sacrificare la sua programmatica complessità e la sua capacità evocativa a una presuntuosa volontà di chiarezza.15

[Afin de respecter les résonances et l’opacité choisies programmatiquement par l’auteur, je n’ai pas voulu charger le texte par un appareil de notes inapproprié qui prendrait en compte toutes les couches de sens. Sa complexité programmatique et sa capacité d’évocation ne sauraient être sacrifiées à un désir présomptueux de clarté]

  • 16 Édouard Glissant, Introducción a una poetica de lo diverso, traduction de Luis Cayo Pérez Bueno, Ba (...)
  • 17 Voir : Édouard Glissant, Poetica della relazione: Poetica III, tradudction d’Enrica Restori, Macera (...)
  • 18 Voir : Édouard Glissant, Poetica del diverso, op. cit., pp. 99-100 ; Édouard Glissant, Introducción (...)

12La traduction espagnole du même texte, Introducción a una poetica de lo diverso, par Luis Cayo Pérez Bueno,16 n’est précédée par aucune introduction ni note de traduction, et présente une seule note en bas de page du traducteur. C’est surtout la proximité de la langue italienne et de la langue espagnole à la langue française, par rapport à des langues germaniques telles que l’anglais et l’allemand, qui permet aux traductrices italiennes et au traducteur espagnol de calquer les expressions de Glissant plus aisément. On a donc par exemple « Relazione » et « Relación » pour « Relation »,17 « erranza » et « errancia »18 pour « errance ». Ces expressions sont habitées en italien et en espagnol par une ambiguïté semblable à celle de la langue française qui permet aux traductrices et traducteurs de jouer sur la langue de la même façon que Glissant le fait en français. Les langues germaniques semblent résister davantage à cette ambiguïté, comme on le verra en analysant ces traductions.

13On a dit la difficulté de traduire Glissant, mais il me semble aussi que la pensée glissantienne est faite pour être traduite, pour être lue entre les langues, car c’est par le prisme de la traduction que l’on peut éventuellement accéder aux sens de l’œuvre glissantienne de façon plus complète. Je tiens à préciser que ma lecture ne vise pas, comme le font trop d’études traductologiques, à dévoiler les manques des traductrices et des traducteurs qui se sont consacré.es à cette tâche énorme et ardue, mais plutôt à comprendre ce que leur travail peut nous dire de plus sur la parole de Glissant. L’introduction de la version anglaise de Poétique de la relation s’ouvre par un passage très éloquent à ce propos. Wing écrit :

  • 19 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XI.

The stumbling blocks of a translation frequently exist at its most productive points. Their usual first effect is frustration caused by obstinate resistance (on both sides), but, in their ever-renewed demand for conjecture, these apparent obstacles can allow us to escape the cramped, habitual postures of our own thought. This is the hoped-for reward of translators – whose first work is to be attentive, even hopeful readers – then, with as many premonitions of disaster as prospects of opening possibilities within their own languages, they must confront the task of making these new openings available to new readers.19

14C’est ainsi que nous allons étudier dans ces pages certains concepts de la pensée de Glissant par le biais de la traduction de ses textes. Cette lecture attentive entre les langues nous permettra d’échapper aux postures de lecture habituelles afin d’ouvrir le champ des possibilités.

L’« errance » de l’« être-comme-étant »

  • 20 Édouard Glissant, Philosophie de la relation : Poésie en étendue, Gallimard, Paris, 2009, p. 61.

15L’« errance » est un des concepts-clés de l’œuvre de Glissant. Pour le définir, l’auteur écrit dans Philosophie de la relation : « La pensée de l’errance n’est pas l’éperdue pensée de la dispersion mais celle (…) par quoi nous migrons des absolus de l’Être aux variations de la Relation, où se révèle l’être-comme-étant, l’indistinction de l’essence et de la substance, de la demeure et du mouvement ».20 Bien évidemment passer par une définition de ce type nous oblige à nous focaliser aussi sur les traductions d’autres concepts, tels que : « être-comme-étant ». Glissant clarifie le concept d’« étant » dans Introduction à une poétique du divers :

  • 21 Édouard Glissant, Introduction à une poétique du divers, Gallimard, Paris, 1996, p. 125.

Je crois qu’il n’y a plus d’« être ». L’être c’est une grande, noble et incommensurable invention de l’Occident, et en particulier de la philosophie grecque. La définition de l’être va très vite dans l’histoire occidentale déboucher sur toutes sortes de sectarismes, d’absolus métaphysiques, de fondamentalismes, dont on voit aujourd’hui les effets catastrophiques. Je crois qu’il faut dire qu’il n’y a plus que l’étant, c’est-à-dire des existences particulières qui correspondent, qui entrent en conflit, et qu’il faut abandonner la prétention à la définition de l’être.21

  • 22 Édouard Glissant, Poetics of Relation, traduction de Betsy Wing, The University of Michigan Press, (...)
  • 23 Mamadou Moustapha Ly, Édouard Glissant in Theory and Practice : A Diasporic Poetics of Politics, th (...)

16L’étant devient donc un processus, plutôt qu’une réalité stable et absolue. Wing traduit « être-comme-étant » par « Being-as-Being »,22 mais cela efface toute différence entre les deux parties de l’expression, « être » et « étant ». C’est pourquoi j’ai trouvé très intéressante la proposition de Mamadou Moustapha Ly qui, dans une thèse consacrée à Glissant, propose de traduire « étant » par « be-ing », avec un tiret, pour distinguer entre les deux formes et pour en souligner la nature progressive.23

17Pour revenir au concept d’« errance », comme nous le dit Betsy Wing :

  • 24 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XVI. Une autre traductrice de Glissant, Franc (...)

This is a word in which Glissant’s literary formation, his “high” culture voice, is particularly apparent. A word out of the past, it is retrieved for the use of a people weakened and oppressed as much by imposed cultural interpretations as anything else; so that it enters the spiraling, transformative mode of Relation, in which every voice can be heard and all can be said.24

  • 25 Édouard Glissant, Caribbean Discourse: Selected Essays, traduction de J. Michael Dash, Charlottesvi (...)
  • 26 Michael J. Dash, Édouard Glissant, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.
  • 27 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 22.
  • 28 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 12.

18Dash traduit ce concept par « wandering » dans la traduction en anglais du Discours antillais25, mais dans sa monographie sur Glissant26 il laisse parfois le terme en français. Dash parle pour l’auteur d’une « career of errance », « the writer as wanderer, vagabond, across cultures »,27 et parlant de Soleil de la conscience, il nous dit que cette œuvre « is a sustained reflection on exile and errance, not in terms of the Romantic cliché of rootlessness but of self-discovery ».28

19Betsy Wing propose de traduire « errance » par « errantry ». Elle écrit un long passage à propos de ce terme dans son introduction, pour s’écarter de la perception d’errance comme « wandering », qui ne permet pas de rendre toutes les facettes de ce concept :

  • 29 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XVI.

Here Glissant stresses overtones of sacred mission rather than aimless wandering; errance, its ending linked for the contemporary reader with deconstruction’s validation of différance, deflects the negative associations between errer (to wander) and erreur (error). Directed by Relation, errantry follows neither an arrowlike trajectory nor one that is circular and repetitive, nor is it mere wandering-idle roaming. Wandering, one might become lost, but in errantry one knows at every moment where one is – at every moment in relation to the other.29

  • 30 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XVII.

20Wing ajoute aussi que : « The word errantry has archaic overtones in English that, though not necessarily present in errance, do play an interesting part elsewhere in Glissant’s writing »,30 et elle écrit dans une note que cette traduction de « errance » par « errantry » a déjà des précédents dans la traduction des grands auteurs antillais vers l’anglais, et en particulier dans la traduction de Césaire :

  • 31 Betsy Wing, “Notes”, op. cit., p. 211.

While errance is usually translated as “wandering”, “errantry” seems better suited to Glissant’s use of the word, and there is precedence in translations of Césaire. Errance for Glissant, while not aimed like an arrow’s trajectory, nor circular and repetitive like the nomad’s, is not idle roaming, but includes a sense of sacred motivation.31

  • 32 Aimé Césaire, “Dit d’Errance” in Aimé Césaire, La Poésie, Paris, Seuil, 1994, pp. 237-240.
  • 33 Aimé Césaire, “Lay of Errantry” in Aimé Césaire, Lost Body, traduction de Clayton Eshleman et Annet (...)
  • 34 Gregson Davis, Aimé Césaire, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 121.
  • 35 Keith L. Walker, Countermodernism and Francophone Literary Culture : The Game of Slipknot, Durham-L (...)
  • 36 Janis L. Pallister, Aimé Césaire, New York, Twayne Publishers, 1991, p. 34.
  • 37 Aimé Césaire, Cadastre, traduction d’Emile Snyder et Sandor Upson, New York, Third Press, 1973, p. (...)
  • 38 Aimé Césaire, Lyric and Dramatic Poetry : 1946-82, traduction de Clayton Eshleman et Annette Smith, (...)
  • 39 Aimé Césaire, Cadastre, suivi de Moi, laminaire…, Paris, Seuil, 2006, p. 176.
  • 40 Clayton Eshleman et Annette Smith, “Introduction” in Aimé Césaire, Lyric and Dramatic Poetry : 1946 (...)

21La traduction de Césaire à laquelle Wing fait référence est sans aucun doute le dernier poème de Corps perdu, « Dit d’errance »,32 traduit par Eshleman et Smith sous le titre « Lay of Errantry ».33 La critique est pourtant partagée sur cette traduction, et propose d’autres solutions, telles que : « Lay of the Wanderer »,34 « Tale of Wandering »,35 « Song of Wanderer »,36 et « Song of Wandering » dans la traduction de Snyder de Cadastre.37 De plus, Eshleman et Smith ont aussi traduit « errance » par « errancy »38 dans le poème « Façon langagière »,39 même si selon les traducteurs dans ce cas « errance echoes the title of the final poem, “Dit d’errance”, in Césaire’s 1950 collection Corps perdu [Lost body] ».40

22Cela nous montre que la traduction d’« errance » a été tout aussi instable dans l’œuvre de Césaire, même si ce concept y est beaucoup moins présent et d’une façon moins variée que dans celle de Glissant. Entre « wandering », « errancy » et « errantry », « l’errance » de Glissant continue ainsi de voyager, et il ne pourrait peut-être pas en être autrement pour un concept né dans le mouvement et pour le mouvement, et qui – à travers ces traductions – semble reprendre et résumer ces différentes perspectives qui le composent : un vagabondage qui a en soit l’idée d’une mission, mais aussi une idée de faillibilité, dans le sens d’un détour au sein d’un parcours sûr et certain, qui refuse toute prévisibilité, d’une « erreur » qui est aussi une manière d’errer, d’aller d’un côté à l’autre, à l’aventure.

Entre Relation, métissage et créolisation

  • 41 Patrick Chamoiseau, communication présentée au colloque « Le discours antillais : La source et le d (...)

23Le concept de « Relation », à la fois processus créatif et produit constamment en mouvement du tissage de liens entre les identités (humaines, textuelles et autres), est au centre de l’œuvre de Glissant, du point de vue thématique et structurel, comme l’a dit Patrick Chamoiseau41. Pourtant c’est Glissant lui-même qui nous avertit des problèmes de traduction de ce terme. Il écrit :

  • 42 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., pp. 39-40.

Dans la mesure où notre conscience de la Relation est totale, c’est-à-dire immédiate, et dans la mesure où notre conscience de la relation est totale, c’est-à-dire immédiate et porte immédiatement sur la totalité réalisable du monde, nous n’avons plus besoin, quand nous évoquons une poétique de la Relation, d’ajouter : relation entre quoi et quoi ? C’est pourquoi le mot français “Relation” qui fonctionne un peu à la manière d’un verbe intransitif, ne saurait répondre par exemple au terme anglais “relationship”.42

  • 43 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 22.
  • 44 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 97.
  • 45 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 143.
  • 46 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 148.
  • 47 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 175.

24Dans la traduction de Poétique de la relation de Betsy Wing, Relation reste ainsi « relation » et non « relationship », mais il est encore plus intéressant de plonger dans le discours critique sur la « Relation » qui oblige à traduire ce concept, non seulement pour l’expliquer mais surtout pour le saisir. Michael Dash, dans son œuvre consacrée à Glissant, traduit ce terme par « relating, in all senses of the word »,43 « cross-cultural relating »,44 « cultural inter-re-lating »,45 « interrelating »,46 et dans un cas il utilise trois différentes traductions pour le même terme, « cross-cultural relating, intra-cultural relating and relating through narrative or storytelling »,47 en employant des termes en vogue dans les années 1980 aux Etats-Unis.

  • 48 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 16.

25On trouve encore d’autres exemples dans cette traduction du Discours antillais. Dash traduit le titre du chapitre « Poétique de la relation » par « Cross-cultural poetics », et il utilise plusieurs termes dans différents contextes, parmi lesquels « synthesis »48 et surtout « creolization », l’un des plus fréquents. Par exemple, à la fin de « Le retour et le détour », dans ce passage :

  • 49 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 26 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, o (...)

Diversion is not a useful ploy unless it is nourished by reversion: not a return to the longing for origins, to some immutable state of Being, but a return to the point of entanglement, from which we were forcefully turned away; that is where we must ultimately put to work the forces of creolization [les composantes de la Relation], or perish.49

  • 50 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 115.
  • 51 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 163 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, (...)
  • 52 Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 390.
  • 53 Michael J. Dash, “Introduction” in Édouard Glissant, Caribbean Discourse: Selected Essays, Charlott (...)

26Cependant, « creolization »50 est surtout le terme par lequel Dash traduit non seulement « créolisation »,51 mais aussi « métissage ».52 Dans son introduction à la traduction du Discours antillais, il écrit : « Glissant sees the world and the Caribbean in particular in terms of an intricate branching of communities, an infinite wandering across cultures, where triumphs are momentary and where adaptation and métissage (creolization) are the prevailing forces ».53 La traduction de « métissage » par « creolization » peut fonctionner dans certains contextes, comme le dit Betsy Wing, qui pourtant décide de garder « métissage » en français dans sa traduction, car, comme elle l’explique :

  • 54 Betsy Wing, “Notes”, op. cit., p. 214.

The word has a wide range of culturally specific meanings, all value laden. Most English translations, such as cross-breeding and mongrelization, bear a negative value. (The product, métis, is a “half-breed, etc.”) Crossing, braiding, and intermixing are perhaps the most neutral but ignore the problematics of racial difference. Creolization works but limits métissage to a cultural context. For Glissant métissage moves from a narrow range of racial intermixing to become a relational practice affirming the multiplicity and diversity of its components.54

  • 55 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 50.

27Wing nous dit que « creolization » limite le domaine du métissage au contexte culturel, alors que Beathe Thill s’appuie sur les paroles de Glissant dans La cohée du Lamentin, qui définissaient la créolisation comme « un processus de métissages inarrêtable, dont les résultantes sont imprédictibles »55, pour établir une distinction entre les deux termes, en traduisant ces concepts par « Kreolisierung » et « Mischung » :

Mischung (frz. métissage)

  • 56 Beathe Thill, “Glissants Begriffe und ihre Definitionen in Französisch und Deutsch”, op. cit., p. 8 (...)

Die einfache Mischung (der Rassen, der Kulturen), deren Ergebnis in einen bestimmten Rahmen vorhersehbar ist. Darin liegt ihr Unterschied zur Kreolisierung.56

[Le simple mélange (de races, de cultures), dont le résultat est prévisible dans un certain cadre. C’est là sa différence par rapport à la créolisation]

28Le vrai problème avec la traduction de « métissage » par « creolization » est pourtant autre : c’est le fait que « créolisation » est aussi un terme-clé de l’œuvre de Glissant.

29Cela nous amène à un passage du Discours antillais où les concepts de « créolisation », de « métissage » et de « Relation » semblent se fondre dans la traduction anglaise du Discours. Vers la fin du chapitre « Poétique de la relation », Glissant utilise plusieurs fois le terme « métissage », que Dash traduit toujours par « creolization », mais il utilise plusieurs fois aussi « Relation », et là les choix de Dash se partagent entre « cross-cultural » et « creolization ». Lisons ce passage en entier, pour comprendre les conséquences de ce choix :

  • 57 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 140 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, (...)

One can even state with justification that by its very nature it is derived from that basic symptom of the cross-cultural process [Relation] that is creolization [métissage]. If we speak of creolized cultures [cultures métissées] (like Caribbean culture, for example) it is not to define a category that will by its very nature be opposed to other categories (“pure” cultures), but in order to assert that today infinite varieties of creolization [une approche infinite de la Relation] are open to human conception, both on the level of awareness and on that of intention: in theory and in reality. Creolization [métissage] as an idea is not primarily the glorification of the composite nature of a people: indeed, no people has been spared the cross-cultural process [croisement raciaux].57

30Il y a dans ce passage trois occurrences de « métissage » ou « métissés » traduites par « creolization » ou « creolized ». « Relation » est aussi traduit une fois par « creolization », et une fois par « cross-cultural process ». À son tour, « cross-cultural » est utilisé une fois de plus pour traduire l’expression « croisement racial ».

  • 58 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 142.

31Quelques pages plus loin, Dash traduit « poétique de la relation » par « cross-cultural poetics »,58 mais cela change juste après dans deux occurrences différentes :

  • 59 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 142 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, (...)

Any transphysical poetics of creolization [transphysique de la Relation] contributes to undermining this blind solidarity. This means that creolization and history could not lead us to any belief in cultural exclusivity, nor be expressed in terms of its poetics. Because the poetics of the cross-cultural imagination [la poétique de la Relation] turns up in a plowing up of phenomena that acquire significance when put together, and in the domain of the unseen of which we represent the constantly shifting background. The accumulation of the commonplace and the clarification of related obscurity, creolization [Relation] is the unceasing process of transformation.59

32« Relation » devient de nouveau « creolization », la transphysique de la Relation une « transphysical poetics of creolization », et la poétique de la Relation une « poétique de la « cross-cultural imagination ». Les définitions et les traductions se multiplient, et un seul mot peut en contenir, ou mieux en ouvrir et en stimuler une dizaine.

  • 60 Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 430.
  • 61 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 142.
  • 62 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory, op. cit., p. 19.

33Les choses se compliquent davantage quand Dash doit traduire un passage qui nous dit que le « métissage » et la « Relation » sont en effet liées : « La poétique du métissage est celle même de la Relation ».60 Dash traduit par : « The poetics of creolization is the same as a cross-cultural poetics ».61 C’est un des passages modifiés par Britton, qui traduit dans ce cas : « the poetics of métissage is the poetics of Relation ».62

34Ces traductions de Dash nous montrent une autre caractéristique de la traduction de l’œuvre de Glissant : non seulement un même mot peut être défini d’autant de façons différentes, mais il peut également traduire des concepts différents, puisque les concepts et leurs traductions s’entrelacent en nous montrant les proximités de certains termes-clés de l’œuvre de Glissant. Cela nous aide peut-être à suivre la trace de sa pensée, un fil rouge qui met en relation les différentes strates de sa pensée, dans laquelle Relation, métissage et créolisation ne sont que trois aspects, différents mais entrelacés, du même processus.

L’éclat d’« éclat » 

  • 63 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 46.

35Glissant écrit que la Caraïbe est « un des lieux du monde où la relation le plus visiblement se donne, une des zones d’éclat où elle parait se renforcer », et il précise que « le mot éclat est à prendre ici au double sens d’éclairage et d’éclatement »63. La traductrice italienne de Poétique de la rélation choisit « deflagrazione » pour « éclat », mais elle ajoute une note explicative qui expose encore plus la polysémie d’« éclat », et qui est en soi presque un essai de traduction. Dans sa note la plus longue, elle écrit :

  • 64 Enrica Restori in Édouard Glissant, Poetica della relazione, op. cit., p. 51.

Il termine éclat reca in sé una polisemia che, lungi dal poter essere univocamente tradotta, andrebbe quantomeno apertamente discussa con il lettore. Propriamente, éclat sta per scheggia, ma indica anche la luminosità e il boato di un’esplosione che mandi in pezzi qualcosa, scagliandone i frammenti in ogni direzione. Tuttavia intorno a questa parola di intrecciano in realtà molte linee semantiche: la frattura materiale (lo spezzarsi di qualcosa in schegge); la frattura metaforica (lo scandalo); la seminalità dei frammenti (materiali e metaforici); la luce che emana dall’evento genetico (dall’esplosione); il clamore “trasmittente”, ed altrettanto seminale, contestuale a tale luce. È dunque con questo plesso di senso che dovrà cimentarsi il lettore nel decifrare un’espressione che costituisce una sorta di sigillo all’indomabile complessità della materia affrontata. Da parte nostra si è scommesso sul termine “deflagrazione”, poiché sembra coprire nello stesso tempo l’area materiale (il frangersi illuminante) e quella metaforica (la fertilità scandalosa della continuità, che si propaga insieme all’eco moltiplicata dell’esplosione), nonché la fondamentale area comunicativa (la manipolazione del messaggio, dovuta al contagioso diffrangersi dello strumento, da medium a media, da mezzo a sistema).64

[Le terme « éclat » a en soi une polysémie qui, loin de pouvoir être traduite de façon univoque, devrait au moins faire l’objet d’une discussion ouverte avec le lecteur. « Éclat » signifie « scheggia » au sens propre, mais il indique aussi la luminosité et le rugissement d’une explosion qui va déchirer quelque chose, projetant ses fragments dans toutes les directions. Cependant, autour de ce mot, de nombreuses lignes sémantiques s’entremêlent : la fracture matérielle (la rupture de quelque chose en fragments) ; la fracture métaphorique (le scandale) ; la séminalité des fragments (matérielle et métaphorique) ; la lumière qui émane de l’événement génétique (l’explosion) ; le cri « émetteur », et également séminal, qui est contextuel à cette lumière. C’est donc avec ce plexus de sens que le lecteur doit tenter de déchiffrer une expression qui constitue une sorte de sceau à la complexité indomptable de la matière à traiter. Pour notre part, nous avons misé sur le terme « deflagrazione », puisqu’il semble couvrir à la fois le domaine matériel (l’éclatement éclairant) et le domaine métaphorique (la fécondité scandaleuse de la continuité, qui se répand avec l’écho multiplié de l’explosion), ainsi que le fondamental domaine communicatif (la manipulation du message, par le contagieux éclatement de l’instrument, de médium à média, de moyen à système)]

  • 65 Restori, qui a traduit Poétique de la relation, s’était trouvée face au défi de traduire le passage (...)
  • 66 Il s’agit d’une note de bas de page de quelques lignes seulement qui précède le texte et qui n’est (...)
  • 67 Enrica Restori in Édouard Glissant, Pensiero del tremore, traduction d’Enrica Restori, Milan, Schei (...)

36Toutefois, même cette longue explication détaillant la polysémie du terme n’arrive pas à résoudre définitivement la question. Quand Enrica Restori traduit La cohée du Lamentin l’année d’après, dont le titre devient Il pensiero del tremore (La pensée du tremblement),65 elle décide là aussi de ne pas écrire d’introduction ou de note pour expliquer ses choix. C’est d’autant plus significatif que dans la seule note qu’elle ajoute à la traduction,66 elle parle encore une fois de ce terme : « Di alcuni termini, come éclat o enlacement, ricchi di una polisemia particolarmente significativa, non si è potuto fornire un equivalente italiano (…). Ci è sembrato altresì inopportuno appesantire la lettura con il continuo rimando a note (…) » [Pour certains termes, comme éclat ou enlacement, riches d’une polysémie particulièrement importante, il n’a pas été possible de fournir un équivalent italien (...). Il a également semblé inapproprié d’alourdir la lecture avec une référence continue aux notes].67

  • 68 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 47.

37Le combat avec « éclat » n’est pourtant pas terminé. Après avoir trouvé un terme qui la satisfait et après avoir bien expliqué à ses lecteurs et lectrices sa complexité en français, la traductrice décide un an après seulement de revenir sur son choix et de laisser le terme original, expliquant qu’il était impossible de trouver un équivalent. Cependant, en analysant les traductions du terme « éclat » dans la version italienne de La cohée du Lamentin, on voit que s’il apparaît parfois en français dans le texte,68 comme Restori le dit, d’autres fois il a été traduit ou accompagné de sa traduction. Le texte s’ouvre sur deux vers, et ici Restori traduit « éclats » par « bagliori » (éclairs), et elle le fait encore une fois plus loin:

  • 69 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., s.p. [7].

Ce qui par force se répète, et se fond à l’obscur du monde,
et y lève des intuitions : et tremblantes, et fracturées d’éclats.69

  • 70 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., s.p. [5].

Ciò che con forza si ripete, e si fonde nell’oscuro del mondo,
e vi innalza intuizioni: e tremanti, e fratturate da bagliori.
70

  • 71 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 45.

Ainsi apprenons-nous à fréquenter le Monde, ses éclats irréductibles et ses lumières répandues, unies comme des limons de fleuves qui s’enlacent.71

  • 72 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 45.

Impariamo così a frequentare il Mondo, i suoi irriducibili bagliori e le sue luci diffuse, unite come limi di fiumi che si intrecciano.72

38Dans d’autres cas, Restori utilise des binômes traducteurs, il faudrait dire plutôt des « trinômes » ou « quadrinômes » traducteurs, car elle conserve à la fois le mot français et y appose deux voire trois traductions :

  • 73 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 46.

Il nous désigne l’éclat.73

  • 74 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 46.

Matta ci indica l’éclat : lo scoppio, la scheggia, il bagliore.74

  • 75 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 239.

Bientôt, ce qui avait été querelle, dispute ou contestation, débat, partage et divagation, et distance, ainsi les avez-vous recensés au livre, mais il pourrait se lever une infinité d’autres processus, se rassemble infiniment et s’arrache de la violence, pour en estimer ici et là l’éclat.75

  • 76 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 224.

Presto, ciò che era stato motivo di discussione, disputa o contestazione, dibattito, divisione e divagazione, e distanza, così li avete recensiti nel libro, ma potrebbero spuntare un’infinità di altri criteri, si raccoglie infinitamente e si sottrae alla violenza, per valutarne qui e là, l’éclat, lo scoppio, lo scalpore.76

  • 77 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 62 ; Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, o (...)
  • 78 Dash utilise aussi « explosion », en traduisant la phrase : « Le discours antillais s’articule tout (...)

39Ces traductions qui suivent le mot « éclat » nous donnent l’impression de voir la pensée de la traductrice s’étaler sur la page, malgré sa volonté de ne pas traduire ce mot. Elle propose plus loin d’autres traductions, telles que « esplodere » pour « éclater ».77 « Scheggia », « scoppio », « scalpore », « bagliore », « esplosione »78 : le réseau sémantique du terme « éclat » a été exploré au maximum par Restori. Au lieu de choisir un terme qui pouvait essayer de résumer autant que possible tous les sens d’éclat, comme elle l’avait fait en choisissant « deflagrazione », la traductrice préfère cette fois, contrairement à ce qu’elle dit, nous offrir une accumulation de variations du terme « éclat ».

  • 79 Betsy Wing, “Notes”, op. cit., p. 220.
  • 80 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XIII.

40De plus, Restori n’est pas la seule traductrice à écrire si longuement à propos du terme « éclat ». Betsy Wing consacre deux pages à ce mot dans son introduction, en particulier à l’expression « agents d’éclat », ainsi qu’une note. On va partir de cette dernière, où Wing nous dit : « Flash agents is my solution to Glissant’s phrase “agents d’éclat”. This term in French is no more instantly legible than my English phrase ».79 Dans l’introduction, Wing écrit que « agents d’éclat » fait partie de ces expressions forgées par Glissant, pour lesquelles le sens de l’expression change selon le contexte dans lequel elle est utilisée, ce qui pose problème dans la traduction, et elle cite les autres solutions auxquelles elle avait pensé, mais qu’elle a ensuite écartées, comme « dazzlers, glamour mongers, etc. »,80 qui n’auraient servi que dans une occurrence ou deux.

41Dans l’introduction, Wing explique le réseau de sens de cette expression :

  • 81 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XIII.

This phrase includes, but is not limited to, our category The Media, with all the implications of shallowness, dazzle, and hegemony that this implies for us. But, as always in Poetics of Relation, activity in a concrete world is important; physical notions of the dazzling, explosive power of this agency cannot be left out. Think: flash in the pan for shallowness, the strobing flash of momentary glamour, the news flash in a sound byte from our sources.81

42Encore une fois, le discours ne se termine pas ici, car la difficulté de traduire « agents d’éclat » est aussi due à la complexité des deux termes qui la composent, et surtout d’« éclat » :

  • 82 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XIV.

Agents-d’éclat is a terse example of the merging of various discourses in Glissant’s work. Agents – has resonance in everyday language (agents de presse, etc.) but also carries overtones of political agency. Éclat (and éclater; the verb) is frequently repeated throughout Glissant’s poetry and prose. Éclat in the case of agents d’éclat has a somewhat pejorative sense. It is the sort of dazzle that can cause a people to lose its footing. In numerous other instances, however, it represents the sudden movement, the explosion onto the contemporary scene of “marginal” peoples, and the possible brilliance of their future. Always it is metaphorical and poetic. Balking at the task of translation is a questionable practice for a translator, but, along with totalité-monde, certain of Glissant’s coinages remain here in French.82

  • 83 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XV.
  • 84 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XV.

43Un seul mot, éclat, a obligé la traductrice italienne et la traductrice anglaise à écrire des pages qui ne sont pas une simple « explication », mais qui doivent se lire plutôt comme l’extension, la continuation d’un discours qui a « éclaté » grâce à la parole de Glissant, et qui continue à évoluer en dehors de l’œuvre originale. Et il est intéressant que Wing nous parle, juste après cette discussion de l’expression « agents d’éclat », de ce qu’une traduction peut ajouter à un texte. Elle écrit : « While the best of translations can impart new levels of meaning to common words, an additional layer of impenetrability is of little or no use ».83 Je suis absolument d’accord avec la première partie de la phrase : une bonne traduction peut vraiment ajouter des niveaux de signification à un texte. Je ne suis pas d’accord avec la seconde, et je ne suis pas le seul, car la traductrice elle-même ajoute en note : « This is not entirely true. To a student of ideologies they surely mark interesting moments when the languages, as perceived by a particular translator, are mutually resistant beyond repair ».84

44Savoir comment une langue « résiste » à un concept forgé dans une autre langue évidemment très intéressant, car cela nous en apprend beaucoup sur l’identité du concept, d’autant plus, que toute traduction, il me semble, peut effectivement contribuer à ajouter non pas des couches d’impénétrabilité mais plutôt des couches de complexité. Tout terme-clé devient plus complexe car son identité n’est plus unique, stable, sûre, mais se caractérise par le mouvement, l’instabilité et la complexité qui dérivent de la variation, de l’ajout des significations des termes utilisés en traduction à celles du terme français traduit.

Une lecture archipélique du texte et du monde

45La traduction peut parfois rendre un texte plus opaque qu’il ne l’est dans sa langue originale, mais ce sont des opacités productrices car elles nous emmènent plus loin dans la connaissance du texte, même si elles nous éloignent d’une compréhension immédiate. Comme l’a écrit Celia Britton :

  • 85 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory, op. cit., p. 156.

For the reader (…) opacity means that the text can never be grasped as a whole – that is, as a wholly known and therefore circumscribed entity. Instead, the areas that remain opaque mean that its borders are left undefined and open. Reading thus becomes similar to “errance”.85

  • 86 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 62.
  • 87 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues, op. cit., p. 116.

46L’opacité du texte de Glissant en traduction n’est qu’un moyen supplémentaire pour envisager cette œuvre comme un point de départ pour les détours et les retours qui nous permettent de la lire de manière plus complexe et complète grâce aux « variations accumulées »86. Celles-ci nous permettent de voir au-delà de la page ce que le texte « dit sans dire tout en disant ».87 Glissant écrit :

  • 88 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., pp. 61-62.

Par la pensée de l’errance nous refusons les racines uniques et qui tuent autour d’elles : la pensée de l’errance est celle des enracinements solidaires et des racines en rhizome. Contre les maladies de l’identité racine unique, elle est et reste le conducteur infini de l’identité relation. L’errance est le lieu de la répétition, quand celle-ci aménage les infimes (infinies) variations qui chaque fois distinguent cette même répétition comme un moment de la connaissance. Les poètes et les conteurs se donnent instinctivement à cet art délicat du listage (par variations accumulées), qui nous fait voir que la répétition n’est pas un inutile doublement.88

  • 89 Voir : Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 61.

47L’identité même de l’écriture de Glissant est une « identité relation »,89 et il me semble que son œuvre ne peut être lue qu’en Relation avec ses traductions, dans ce « rhizome » multilinguistique créé par les fruits du métissage linguistique et littéraire qu’elle-même a produit. Glissant explique ainsi le concept de rhizome, dérivé de Deleuze et Guattari :

  • 90 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 23.

48Gilles Deleuze et Félix Guattari ont critiqué les notions de racine et peut-être d’enracinement. La racine est unique, c’est une souche qui prend tout sur elle et tue alentour ; ils lui opposent le rhizome qui est une racine démultipliée, étendue en réseaux dans la terre ou dans l’air, sans qu’aucune souche y intervienne en prédateur irrémédiable. La notion de rhizome maintiendrait donc le fait de l’enracinement, mais récuse l’idée d’une racine totalitaire. La pensée du rhizome serait au principe de ce que j’appelle une poétique de la Relation, selon laquelle toute identité s’étend dans un rapport à l’Autre.90

  • 91 Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux : Capitalisme et Schizophrénie, Paris, Éditions de (...)
  • 92 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 23.

49Deleuze et Guattari écrivaient aussi qu’il s’agissait de « principes de connexion et d’hétérogénéité », car : « n’importe quel point d’un rhizome peut être connecté avec n’importe quel autre, et doit l’être »91. Ce que Glissant nous dit s’applique également aux textes : « Toute identité s’étend dans un rapport à l’autre »92, et cela est vrai de toute identité textuelle aussi. Dans le rhizome du texte glissantien, tout texte est connecté avec n’importe quel autre, et doit l’être, et tout texte nous informe davantage sur les autres, copies et originaux confondus. Et c’est la métaphore du rhizome que Glissant utilise pour décrire les résultats d’un processus de traduction, dans le texte intitulé « Traduction et relation » que nous avons cité en début d’article :

  • 93 Édouard Glissant, « Traduction et relation », op. cit.

C’est ainsi que la traduction n’est plus un transfert linéaire d’un point à un autre, d’une seule langue à une seule autre, elle entre déjà dans le rhizome de tous les imaginaires, qui se réjouissent d’être multilingues. Aussi bien, toute traduction aujourd’hui est productrice de sens. C’est-à-dire qu’elle n’est pas une invention limitée à des équivalences merveilleuses, elle crée des concepts et bouscule des ordres établis.93

  • 94 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 61.
  • 95 Édouard Glissant in Lise Gauvin, “De la beauté comme connivence : Entretien avec Édouard Glissant” (...)

50Comme Glissant le dit, cette identité rhizomatique, plurielle et archipélique du texte nous invite à lire celui-ci de façon prismatique, dans les réflexions du texte que les traductions nous projettent, qui « créent » des concepts, comme Glissant l’écrit, en dévoilant des sens cachés ou implicites dans le texte original et qui doivent parfois être exposés en traduction. Cela ne peut que nous aider à lire cette « pensée de l’errance »,94 qui est nécessairement une pensée en mouvement, et à dévoiler la pluralité inhérente au texte, en révélant toute sa versatilité. D’ailleurs, dire un mot dans plusieurs langues contribue à forger l’identité de ce mot, car, comme Glissant dit dans un entretien avec Lise Gauvin : « s’il y a une seule manière de dire l’eau, c’est une terrible limitation de l’imaginaire. Si tout le monde dit water, ce n’est plus un élément de relation entre l’homme et le monde, mais un élément de codification ».95 Passer d’une lecture monolingue à une lecture plurilingue signifie ainsi passer d’une codification à une pensée en mouvement.

51Interaction et hétérogénéité sont à la base d’une compréhension du texte et de la littérature en tant que systèmes, dans lesquels n’importe quelle partie du système peut être connectée à n’importe quelle autre partie de ce même système, et doit en fait être connectée à toutes. Cela implique évidemment que l’identité du système, et de chacun des éléments qui le composent, est basée sur l’interaction et la relation.

52La Relation est donc une notion fondamentale pour la compréhension de la littérature en tant que système, et peut-être la véritable clé de voûte du système littéraire, puisque les relations entre les textes sont ce qui engendre la compréhension du sens de chaque texte, avec et par opposition à d’autres textes.

53Antoine Berman utilise d’ailleurs plusieurs termes chers à Glissant pour décrire le rôle de la traduction en tant qu’instrument d’ouverture, de métissage, et de construction de relations dans L’épreuve de l’étranger :

  • 96 Antonie Berman, L’épreuve de l’étranger : Culture et traduction dans l’Allemagne romantique : Herde (...)

La visée même de la traduction – ouvrir au niveau de l’écrit un certain rapport à l’Autre, féconder le Propre par la médiation de l’Étranger – heurte de front la structure ethnocentrique de toute culture, ou cette espèce de narcissisme qui fait que toute société voudrait être un Tout pur et non mélangé. Dans la traduction, il y a quelque chose de la violence du métissage. (…) Mais d’autre part, la visée éthique de la traduction s’oppose par nature à cette injonction : l’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage, décentrement. Elle est mise en rapport, ou elle n’est rien.96

  • 97 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 62.

54Ce n’est pas un hasard si l’archipel antillais a contribué si profondément à une telle vision du monde et de la littérature, car la notion d’interaction est peut-être la pierre angulaire de ces cultures qui tirent leurs caractéristiques de toutes les origines qui les composent, et de la valeur ajoutée des résultats imprévisibles de la créolisation. Cependant, si elle est née aux Antilles, cette vision du monde ne se limite pas aux îles : « aujourd’hui, les continents s’archipélisent, se créolisent ».97 Les implications de cette créolisation et de cette « archipélisation » sont fondamentales pour une compréhension du monde et de la littérature basée sur la multiplicité et le mouvement :

  • 98 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., pp. 62-63.

Que les variations de Relation grandissent avec ces archipels,
que la connaissance est errante bien plus qu’universelle,
qu’elle procède littéralement de lieu en lieu,
[…] qu’elle, la connaissance, se renforce et se libère, (diversifiée intensément), d’aller ainsi.98

55Selon Glissant, la connaissance est ainsi libérée et renforcée par son « errance », dans laquelle chaque identité singulière n’est pas niée, mais devient partie intégrante de l’ensemble. D’un côté, cette lecture multiple offre des possibilités inédites à l’intérieur de la langue, qui s’étoile, s’étend, se multiplie elle-même ; de l’autre côté, il est important de ne pas lire cette multiplicité comme un mélange de toutes les identités, dans lequel les particularités de chaque identité unique se perdent au profit d’un goût nouveau mais uniforme. Elle présuppose plutôt que l’un est confronté à l’autre, et que la résilience de chaque identité est ce qui rend l’interaction plus forte et plus significative.

  • 99 Édouard Glissant, L’intention poétique, op. cit., p. 23.

56C’est ce que Glissant nous dit : « La poétique de la relation suppose qu’à chacun soit proposée la densité (l’opacité) de l’autre. Plus l’autre résiste dans son épaisseur ou sa fluidité (sans s’y limiter), plus la réalité devient expressive, et plus la relation féconde »99. C’est peut-être pour cela que les langues les plus distantes de la création de Glissant sont celles qui nous permettent de découvrir des lectures alternatives de ces concepts, des variations sur ces textes qui ne se détachent pas de la pensée de Glissant, mais qui plutôt la complètent, et contribuent à lui donner une nouvelle forme.

57Cependant, il est fondamental de voir que cette multiplicité existe aussi dans la langue. Glissant l’écrit lui-même :

  • 100 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 234.

De combien d’idiomes, de dialectes, ne s’inspirerait-on pas pour rejoindre à chaque fois les mécanismes indémontables de la Relation ? faute d’accéder à cette multiplicité, nous tachons de la rejoindre du milieu même de la langue où nous nous exprimons. Quand nous voulons ainsi donner avec la multiplicité, nous ouvrons le bastion linguistique, nous multiplions à notre tour la langue où nous demeurons, nous l’étoilons : en un langage qui, par mouvement de traverse, rassemble la langue et l’éparpille.100

  • 101 John Bryant, The Fluid Text, op. cit., p. 113.

58Tout cela nous amène à percevoir le texte comme une entité fluide, composée de parties apparemment déconnectées les unes des autres, mais qui est en fait une nouvelle structure née de la combinaison inédite de diverses œuvres, ou de diverses versions d’une même œuvre, qui ont toujours appartenu les unes aux autres. De plus, si nous considérons un texte à travers toutes les versions qui le composent, nous avons beaucoup plus que la simple somme de ses composantes, qu’il s’agisse de révisions, de réécritures ou de traductions, car un texte fluide est non seulement le fruit de tous les fragments qui le composent mais aussi de la valeur ajoutée que le fait de les rassembler implique, et qui est la même valeur ajoutée inhérente à toute créolisation. Comme l’écrit John Bryant : « a literary work is more than the sum of its texts ; it is the combined energies of individual and social forces which through the processes of authorial, editorial, and cultural revision evolve from one version to the next ».101

59La recomposition d’une image du texte advient donc grâce à une vision de l’ensemble, générée par l’union, ou plutôt la Relation, entre toutes les différentes versions du texte, comme le souhaitait Glissant lui-même :

  • 102 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., pp. 221-222.

Le moulin à dérouler les traductions nous ouvrira peut-être des biefs entre ces eaux apparemment incommunicantes. Il y aurait ainsi une poétique de la traduction, qui éclairerait les poétiques particulières des langues du monde, sans les éteindre ni les effacer les unes dans les autres. Un jour nous roulerons entre ces diffusions nouvelles, d’une manière tout à fait imprédictible.102

  • 103 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues, op. cit., p. 14.
  • 104 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues, op. cit., p. 14.

60Cette « poétique de la traduction » est une poétique archipélique de la Relation, qui nous permet de tracer tous les mouvements amenant le texte à changer et à évoluer, et de révéler également les forces qui ont généré ces mouvements qui soulignent l’identité irrémédiablement plurielle des textes littéraires. Le temps est venu de comprendre que tout comme « on ne peut plus écrire une langue de manière monolingue »103, on ne peut même plus lire un texte et une langue de manière monolingue parce qu’on est « obligé de tenir compte des imaginaires des langues »104, et surtout parce que la rencontre entre ces imaginaires peut dévoiler des aspects inconnus de toute œuvre et de toute langue.

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Bibliographie

Œuvres de Glissant

GLISSANT, Édouard, L’intention poétique, Éditions du Seuil, Paris, 1969.

---, Le discours antillais, Éditions du Seuil, Paris, 1981.

---, Poétique de la relation : Poétique III, Gallimard, Paris, 1990.

---, Introduction à une poétique du divers, Gallimard, Paris, 1996.

---, La Cohée du lamentin : Poétique V, Gallimard, Paris, 2005a.

---, Philosophie de la relation : Poésie en étendue, Gallimard, Paris, 2009.

---, L’imaginaire des langues : Entretiens avec Lise Gauvin (1991-2009), Gallimard, Paris, 2010.

---, « Traduction et relation », feuillet volant manuscrit, carnet bleu, Boite 13 (Ormerod), NAF 28894 Fonds Édouard Glissant, Bibliothèque nationale de France, s. d.

Traductions des œuvres de Glissant

GLISSANT, Édouard, Zersplitterte Welten : Der Diskurs der Antillen, traduction de Beate Thill, Das Wunderhorn, Heidelberg, 1986.

---, Caribbean Discourse: Selected Essays, traduction de J. Michael Dash, University Press of Virginia, Charlottesville, VA, 1989.

---, Poetics of Relation, traduction de Betsy Wing, The University of Michigan Press, Ann Arbor, MI, 1997.

---, Poetica del diverso, traduction de Francesca Neri, Meltemi, Rome, 1998.

---, Introducción a una poetica de lo diverso, traduction de Luis Cayo Pérez Bueno, El Cobre, Barcelone, 2002.

---, Kultur und Identität: Ansätze zu einer Poetik der Vielheit, traduction de Beathe Thill, Wunderhorn, Heidelberg, 2005b.

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---, Pensiero del tremore, traduction d’Enrica Restori, Scheiwiller, Milan, 2008.

Autres sources

BERMAN, Antoine, L’épreuve de l’étranger : Culture et traduction dans l’Allemagne romantique : Herder, Goethe, Schlegel, Novalis, Humboldt, Schleiermacher, Hölderlin, Gallimard, Paris, 1984.

BRITTON, Celia M., Édouard Glissant and Postcolonial Theory: Strategies of Language and Resistance, University Press of Virginia, Charlottesville, VA-Londres, 1999.

BRYANT, John, The Fluid Text : A Theory of Revision and Editing for Book and Screen, The University of Michigan Press, Ann Arbor, MI, 2002.

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Note de fin

1 Édouard Glissant, Poétique de la relation : Poétique III, Paris, Gallimard, 1990, p. 231.

2 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues : Entretiens avec Lise Gauvin (1991-2009), Paris, Gallimard, 2010, p. 110.

3 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin : Poétique V, Paris, Gallimard, 2005a, p. 75.

4 Édouard Glissant, Le discours antillais, Éditions du Seuil, Paris, 1981, p. 17.

5 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 37.

6 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 234.

7 Voir: John Bryant, The Fluid Text : A Theory of Revision and Editing for Book and Screen, Ann Arbor, MI, The University of Michigan Press, 2002.

8 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 75.

9 Édouard Glissant, « Traduction et relation », feuillet volant manuscrit, carnet bleu, Boite 13 (Ormerod), NAF 28894 Fonds Édouard Glissant, Bibliothèque nationale de France, s. d. Je remercie Jeanne Jégousso, Assistant Professor de langue française à la Hollins University, et co-directrice de la Library of Glissant Studies, qui m’a fait découvrir ce texte lors du troisième volet du colloque consacré au Discours Antillais d’Édouard Glissant (« Le discours antillais : La source et le delta », Université des Antilles, 4-6 novembre 2019).

10 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory : Strategies of Language and Resistance, Charlottesville, VA-Londres, University Press of Virginia, 1999, p. IX.

11 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory, op. cit., p. IX.

12 Betsy Wing, “Translator’s introduction” in Édouard Glissant, Poetics of Relation, Ann Arbor, MI, The University of Michigan Press, 1997a, pp. XI-XX.

13 Betsy Wing, “Notes” in Édouard Glissant, Poetics of Relation, Ann Arbor, MI, The University of Michigan Press, 1997b, pp. 211-224.

14 Beathe Thill, “Glissants Begriffe und ihre Definitionen in Französisch und Deutsch : Erläuterungen der Übersetzerin” in Édouard Glissant, Kultur und Identität : Ansätze zu einer Poetik der Vielheit, Heidelberg, Wunderhorn, 2005, p. 72.

15 Francesca Neri, “Nota della traduttrice” in Édouard Glissant, Poetica del diverso, Rome, Meltemi, 1998, p. 8.

16 Édouard Glissant, Introducción a una poetica de lo diverso, traduction de Luis Cayo Pérez Bueno, Barcelone, El Cobre, 2002.

17 Voir : Édouard Glissant, Poetica della relazione: Poetica III, tradudction d’Enrica Restori, Macerata, Quodlibet, 2007 ; Édouard Glissant, Poetica del diverso, traduction de Francesca Neri, Rome, Meltemi, 1998, p. 61 ; Édouard Glissant, Introducción a una poetica de lo diverso, op. cit., p. 81.

18 Voir : Édouard Glissant, Poetica del diverso, op. cit., pp. 99-100 ; Édouard Glissant, Introducción a una poetica de lo diverso, op. cit., p. 130.

19 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XI.

20 Édouard Glissant, Philosophie de la relation : Poésie en étendue, Gallimard, Paris, 2009, p. 61.

21 Édouard Glissant, Introduction à une poétique du divers, Gallimard, Paris, 1996, p. 125.

22 Édouard Glissant, Poetics of Relation, traduction de Betsy Wing, The University of Michigan Press, Ann Arbor, MI, 1997, p. 50.

23 Mamadou Moustapha Ly, Édouard Glissant in Theory and Practice : A Diasporic Poetics of Politics, thèse inédite, University of Michigan, 2014, p. 123.

24 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XVI. Une autre traductrice de Glissant, Francesca Neri, souligne cette idée d’une histoire propre aux mots, qui continue à vivre en ajoutant les « étymologies anciennes » aux sens contemporains: « Nessuna parola scelta da Glissant è casuale, nessuna si esaurisce nel solo significato quotidiano. Ogni termine porta invece con sé tutta la ricchezza della sua storia e, accanto al significato più ovvio ed evidente, sa conservare etimologie antiche, fa affiorare sensi dimenticati dagli stessi francesi, suggerisce accezioni non più in uso, ma da sempre presenti come un’eco nella coscienza linguistica della francofonia » [Aucun mot choisi par Glissant n’est aléatoire, aucun mot ne se limite à son sens plus commun. Chaque terme porte en lui toute la richesse de son histoire et, outre le sens le plus évident et le plus manifeste, chaque terme sait préserver ses étymologies anciennes, et fait remonter à la surface les sens oubliés par les Français eux-mêmes, suggérant des sens qui ne sont plus utilisés, mais qui sont toujours présents comme un écho dans la conscience linguistique du monde francophone] (Francesca Neri, “Nota della traduttrice”, op. cit., p. 9).

25 Édouard Glissant, Caribbean Discourse: Selected Essays, traduction de J. Michael Dash, Charlottesville, VA, University Press of Virginia, 1989, p. 195.

26 Michael J. Dash, Édouard Glissant, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.

27 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 22.

28 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 12.

29 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XVI.

30 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XVII.

31 Betsy Wing, “Notes”, op. cit., p. 211.

32 Aimé Césaire, “Dit d’Errance” in Aimé Césaire, La Poésie, Paris, Seuil, 1994, pp. 237-240.

33 Aimé Césaire, “Lay of Errantry” in Aimé Césaire, Lost Body, traduction de Clayton Eshleman et Annette Smith, New York, George Braziller, 1986, pp. 95-111.

34 Gregson Davis, Aimé Césaire, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 121.

35 Keith L. Walker, Countermodernism and Francophone Literary Culture : The Game of Slipknot, Durham-Londres, Duke University Press, 1999, p. 11.

36 Janis L. Pallister, Aimé Césaire, New York, Twayne Publishers, 1991, p. 34.

37 Aimé Césaire, Cadastre, traduction d’Emile Snyder et Sandor Upson, New York, Third Press, 1973, p. 134.

38 Aimé Césaire, Lyric and Dramatic Poetry : 1946-82, traduction de Clayton Eshleman et Annette Smith, Charlottesville, VA, The University Press of Virginia, 1990, p. 219.

39 Aimé Césaire, Cadastre, suivi de Moi, laminaire…, Paris, Seuil, 2006, p. 176.

40 Clayton Eshleman et Annette Smith, “Introduction” in Aimé Césaire, Lyric and Dramatic Poetry : 1946-82, Charlottesville, VA, The University Press of Virginia, 1990, p. XXXIX.

41 Patrick Chamoiseau, communication présentée au colloque « Le discours antillais : La source et le delta », Habitation Saint-Etienne, Gros-Morne, Martinique, 4 novembre 2019.

42 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., pp. 39-40.

43 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 22.

44 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 97.

45 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 143.

46 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 148.

47 Michael J. Dash, Édouard Glissant, op. cit., p. 175.

48 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 16.

49 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 26 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., pp. 56-57.

50 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 115.

51 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 163 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 476.

52 Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 390.

53 Michael J. Dash, “Introduction” in Édouard Glissant, Caribbean Discourse: Selected Essays, Charlottesville, VA, University Press of Virginia, 1989, p. XXVIII.

54 Betsy Wing, “Notes”, op. cit., p. 214.

55 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 50.

56 Beathe Thill, “Glissants Begriffe und ihre Definitionen in Französisch und Deutsch”, op. cit., p. 82.

57 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 140 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 428.

58 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 142.

59 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 142 ; Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 431.

60 Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., p. 430.

61 Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., p. 142.

62 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory, op. cit., p. 19.

63 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 46.

64 Enrica Restori in Édouard Glissant, Poetica della relazione, op. cit., p. 51.

65 Restori, qui a traduit Poétique de la relation, s’était trouvée face au défi de traduire le passage « La cohée du Lamentin » dans ce texte, et avait décidé de le laisser en français en y ajoutant une note, qui faisait référence à l’explication donnée par Glissant dans le texte La cohée du Lamentin (Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 39 ; Enrica Restori in Édouard Glissant, Poetica della relazione, op. cit., p. 217).

66 Il s’agit d’une note de bas de page de quelques lignes seulement qui précède le texte et qui n’est pas annoncée dans la table des matières.

67 Enrica Restori in Édouard Glissant, Pensiero del tremore, traduction d’Enrica Restori, Milan, Scheiwiller, 2008, s.p. [8].

68 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 47.

69 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., s.p. [7].

70 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., s.p. [5].

71 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 45.

72 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 45.

73 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 46.

74 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 46.

75 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 239.

76 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 224.

77 Édouard Glissant, Pensiero del tremore, op. cit., p. 62 ; Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., p. 64.

78 Dash utilise aussi « explosion », en traduisant la phrase : « Le discours antillais s’articule tout autant sur l’éclat du cri originel que par la patience du paysage reconnu que par l’imposition des rythmes vécus » (Édouard Glissant, Le discours antillais, op. cit., 347) par « A Caribbean discourse finds its expression as much in the explosion of the original cry, as in the patience of the landscape when it is recognized, as in the imposition of lived rhythms » (Édouard Glissant, Caribbean Discourse, op. cit., 104).

79 Betsy Wing, “Notes”, op. cit., p. 220.

80 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XIII.

81 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XIII.

82 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XIV.

83 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XV.

84 Betsy Wing, “Translator’s introduction”, op. cit., p. XV.

85 Celia M. Britton, Édouard Glissant and Postcolonial Theory, op. cit., p. 156.

86 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 62.

87 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues, op. cit., p. 116.

88 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., pp. 61-62.

89 Voir : Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 61.

90 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 23.

91 Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux : Capitalisme et Schizophrénie, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 1.

92 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 23.

93 Édouard Glissant, « Traduction et relation », op. cit.

94 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 61.

95 Édouard Glissant in Lise Gauvin, “De la beauté comme connivence : Entretien avec Édouard Glissant” in Francofonia, n° 52, printemps 2007, p. 122.

96 Antonie Berman, L’épreuve de l’étranger : Culture et traduction dans l’Allemagne romantique : Herder, Goethe, Schlegel, Novalis, Humboldt, Schleiermacher, Hölderlin, Paris, Gallimard, 1984, p. 16.

97 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., p. 62.

98 Édouard Glissant, Philosophie de la relation, op. cit., pp. 62-63.

99 Édouard Glissant, L’intention poétique, op. cit., p. 23.

100 Édouard Glissant, Poétique de la relation, op. cit., p. 234.

101 John Bryant, The Fluid Text, op. cit., p. 113.

102 Édouard Glissant, La Cohée du lamentin, op. cit., pp. 221-222.

103 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues, op. cit., p. 14.

104 Édouard Glissant, L’imaginaire des langues, op. cit., p. 14.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Giuseppe Sofo, « L’archipel de la traduction »TRANS- [En ligne], 25 | 2020, mis en ligne le 01 juillet 2020, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trans/3379 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/trans.3379

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Auteur

Giuseppe Sofo

Giuseppe Sofo est enseignant-chercheur de Langue et traduction française à l’Université Ca’ Foscari de Venise. Ses travaux de recherche portent sur la traduction et la réécriture, surtout dans l’espace francophone. Boursier de l’Université Franco-Italienne et du DAAD en Allemagne, il a publié une œuvre consacrée à la réécriture et à la traduction, I sensi del testo : Scrittura, riscrittura e traduzione (Novalogos, 2018) et il a codirigé une œuvre collective sur la traduction, Sulla traduzione : Itinerari fra lingue, letterature e culture (Solfanelli, 2015).

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