Navigation – Plan du site

AccueilNuméros5Université invitéePrésentation : Le lever du jour a...

Université invitée

Présentation : Le lever du jour au Texas

Oswaldo Zavala
Cet article est une traduction de :
Presentación: El amanecer en Texas [es]

Texte intégral

1Le présent dossier a été préparé pour donner aux lecteurs de Trans- un aperçu – un sample, dirait-on en anglais – du travail d’une nouvelle génération d’enseignants universitaires. Quelles sont les problématiques les plus stimulantes pour les jeunes chercheurs des Etats-Unis ? Les approches liées aux cultural studies, les complexités politiques, raciales et littéraires du nationalisme, la poétique du voyage, la traduction, la diffusion et la réception de la littérature latino-américaine aux Etats-Unis sont au centre des interrogations des articles choisis.

2Cette sélection réunit, autour de sujets variés, six spécialistes dont le dénominateur commun est d’avoir obtenu leur doctorat à l’Université de Texas à Austin, et d’occuper maintenant un poste de junior faculty, pour leur première ou deuxième année d’enseignement universitaire. Pourquoi cette institution ? L’Université de Texas (UT), l’une des plus grandes universités publiques du pays, a été le foyer d’une importante tradition humaniste. Jorge Luis Borges et Octavio Paz y ont été accueillis comme enseignants de littérature ; J.M. Coetzee est l’un de ses anciens étudiants les plus reconnus ; son vaste fond bibliothécaire comprend, par exemple, les archives complètes de Norman Mailer, des centaines de manuscrits et la collection de documents sur l’Amérique Latine qui est peut-être la plus importante du Continent.

3Rien d’étonnant alors à ce que ces textes se concentrent sur les études latino-américaines. Dans le premier des articles ici rassemblés, Sarah Pollack élabore une critique lucide sur la manière dont le "lecteur états-unien" approche les traduction anglaises de la littérature latino-américaine. L’œuvre de l’écrivain chilien Roberto Bolaño, explique-t-elle, est en train de reconfigurer l’imaginaire de l’altérité qui, depuis le surgissement du réalisme magique, était resté figé dans l’œuvre de Gabriel García Márquez et de ses épigones.

4Afin d’approfondir le débat autour du concept de nation du point de vue de l’Amérique Latine, Jaime Marroquín et Brian Price proposent de revisiter deux des fondateurs de la littérature mexicaine et brésilienne. Le premier nous offre une analyse sociopolitique du Mexique post-révolutionnaire à travers les essais et les récits de José Revueltas, dont la lucidité parvient à démonter le projet nationaliste mexicain - visant à cacher l’échec de la Révolution - avec une efficacité qui n’a d’autre pareil que celle du journaliste anarchiste Ricardo Flores Magón. Dans le cas du Brésil, Price propose une lecture de O cortiço, roman qui construit un microcosme racial, historique et politique où s’élabore l’héritage du XIXe siècle de la société brésilienne, ainsi que son présent moderne, composite et contradictoire, pour lequel l’intégration sociale est l’un des défis les plus pressants à relever.

Les trois derniers textes proposés nous introduisent dans le courant prédominant des cultural studies. Anna Nogar nous propose un parcours fascinant à la recherche de Sor María de Agreda, une nonne du XVIIe siècle qui laissa des archives abondantes documentant une vie proche du miracle : pourvue du don d’ubiquité, la nonne fut aperçue simultanément en Espagne et en Amérique du Nord. Nogar examine un corpus textuel trans-atlantique et nous offre une vision globale de cette légende qui, au cours des siècles, a inspiré des écrivains et des artistes des deux continents. L’exploration transatlantique d’autres cultures selon une perspective latino-américaine et européenne est le sujet central de l’essai comparatiste de Susan Briante. Son article analyse l’itinéraire du voyage d’Octavio Paz en Inde pour mieux le comparer avec celui d’André Breton au Mexique. Susan Briante oppose le regard colonisateur de Breton avec la rencontre de deux périphéries qui discernent aussi bien leurs points communs que leurs altérités respectives. Le résultat de cette poétique naissante du voyage en Amérique Latine est théorisé par Irma Cantú, qui semble dialoguer ad hoc avec Susan Briante pour le présent numéro, toutes deux invitant à penser la différence culturelle qu’impliquent les récits de voyage dus à des auteurs latino-américains.

5Conçu comme un parcours exploratoire à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis, le présent dossier voudrait familiariser les lecteurs avec les lignes de recherche de ces jeunes enseignants universitaires au sein du champ littéraire tel qu’il s’exprime dans le circuit académique états-unien. Comme on peut le déduire de la lecture de ces articles, l’objectif central de cette expérience était de ne pas renoncer à l’espoir de jeter un pont TRANS- atlantique parmi les différentes pratiques de recherche universitaire qui, dans l’immédiateté d’un monde globalisé, exigent une lecture intégrale, simultanée et dialogique.

6Après son séjour comme professeur à l’Université de Texas, Borges fit sienne la citoyenneté d’Austin au même rang que celle de Buenos Aires. La volonté d’extrapoler son identité, de pénétrer le monde anglo-saxon, l’amena même à écrire un poème où il remercie le « divin » pour « le matin au Texas ». L’éditeur de ce dossier voudrait aussi exprimer sa reconnaissance pour chacun de ces levers de soleil, littéraires et littéraux.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Oswaldo Zavala, « Présentation : Le lever du jour au Texas »TRANS- [En ligne], 5 | 2008, mis en ligne le 31 janvier 2008, consulté le 07 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trans/232 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/trans.232

Haut de page

Auteur

Oswaldo Zavala

Assistant Professor of Latin American Literature à la City University of New York (CUNY)

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search