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L’exil comme patrie. Les réfugiés communistes espagnols en RDA (1950-1989). Trajectoires individuelles, histoire collective

Thèse en histoire contemporaine, soutenue le 22 mai 2012, sous la direction de Fabienne Bock et de Thomas Lindenberger, université Paris-Est / Universität Potsdam
Aurélie Denoyer

Texte intégral

1L’objectif de cette thèse était de proposer une histoire sociale de l’exil de « gens ordinaires », expulsés de France en septembre 1950 de l’autre côté du rideau de fer du fait de leur engagement communiste.

2Souhaitant étudier l’exil politique d’un groupe particulier en prenant le parti de nous concentrer sur des histoires de vie afin d’établir une analyse fine des trajectoires individuelles, nous avons privilégié l’approche monographique : cette dernière permettait en effet d’étudier les individus au plus près de leur vécu (habitat, travail, sociabilités internes ou externes au groupe etc.). Le pays de départ tout comme le pays d’arrivée, les aspects politiques mais aussi les parcours migratoires ont alors été analysés, afin de reconstituer à la fois les déterminants macro-historiques permettant de comprendre le sort de la centaine de personnes constituant cette micro-population et les destins singuliers de ces individus ballotés par l’histoire européenne.

3Pour ce faire, nous avons travaillé à partir d’archives diverses par leur localisation (Espagne, France, Allemagne), par la langue mais aussi par le type (entretiens, documents produits par le parti est-allemand, par l’administration française ou par le parti communiste espagnol). Nous avons également conduit des entretiens à Berlin, Paris et Barcelone auprès des enfants de la première vague de réfugiés politiques espagnols accueillis en RDA. Suite au travail effectué sur les archives et les entretiens, nous nous sommes efforcés de reconstruire les trajectoires biographiques de ces individus en tenant compte de la diversité des trajectoires individuelles et des situations collectives.

4Une première partie se consacre au pays de départ, la France. La question principale porte sur les mécanismes qui précédèrent la mise en place de l’opération d’expulsion « Boléro-Paprika ». Nous inspirant de nombreuses études portant sur le traitement des étrangers et l’insertion de ce problème dans les politiques de sécurité française, nous nous sommes intéressés à la naissance du « problème espagnol », aux mécanismes précédant la mise en place de l’opération ainsi qu’à ses interprétations possibles. Une seconde partie est dédiée à l’accueil, l’installation et l’intégration des communistes espagnols en RDA. Il ressort que la politique suivie par la RDA en matière migratoire, fort mal connue, oscille rapidement entre affirmation de la solidarité avec les combattants de l’internationalisme prolétarien et défense d’un intérêt national qui vise à la reconnaissance internationale. Dans une troisième partie, ce sont les relations entre le SED et le PCE qui figurent au centre de l’analyse, notre objectif étant de contribuer à une histoire sociale du politique, dépassant les programmes et les idéologies pour appréhender concrètement les relations entre ces deux partis-frère, soutenant la thèse selon laquelle ils n’étaient pas tributaires de la politique dictée par le grand-frère soviétique et pouvaient également mener une politique qui allait dans le sens de leurs intérêts nationaux. La dernière partie pose le problème de la construction identitaire de la seconde génération. Dans un premier temps, les motivations au retour (ou au non-retour) sont analysées avant d’interroger, dans un second temps, l’impact du processus de socialisation biculturelle – voir multiculturelle – sur la construction identitaire de la seconde génération d’exilés ainsi que les mécanismes à l’œuvre dans l’attribution de l’appartenance nationale et dans l’intégration identificatoire. Il apparait que chaque individu développe des mécanismes qui lui sont propres pour se définir et que, bien souvent, il se distancie des termes dans lesquels est posée, du point de vue institutionnel, la question de l’appartenance.

5À travers les multiples thématiques appréhendées, ce travail d’histoire sociale nous a permis de contribuer non seulement au renouvellement de l’histoire de l’exil espagnol sur un terrain peu connu des historiens jusqu’à présent – la RDA –, mais également à une histoire différenciée de l’Allemagne de l’Est, présentant son histoire à travers l’expérience d’un groupe, certes privilégié du fait de sa loyauté politique affichée, mais qui évoluait également à la marge de la société, jetant un nouvel éclairage sur le traitement des étrangers en RDA.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Aurélie Denoyer, « L’exil comme patrie. Les réfugiés communistes espagnols en RDA (1950-1989). Trajectoires individuelles, histoire collective »Trajectoires [En ligne], 6 | 2012, mis en ligne le 14 décembre 2012, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trajectoires/966 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/trajectoires.966

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Auteur

Aurélie Denoyer

denoyer@cmb.hu-berlin.de

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