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Perspectives

Propagande de guerre et idéal jusqu’au-boutiste

L’opération « Skorpion-Oberrhein » dans la poche de Colmar (nov. 1944 – fév. 1945)
Geoffrey Koenig

Résumés

À la fin de l’année 1944, la Seconde Guerre mondiale semble d’ores et déjà perdue pour l’Allemagne nazie. Pourtant, dans un dernier espoir, celle-ci jette ses ultimes ressources dans la bataille. Alors que le conflit atteint les portes du Reich à l’Est comme à l’Ouest, chaque portion de terre doit être défendue jusqu’au dernier homme. Le front recule vers l’Alsace, une région annexée à l’Allemagne nazie et qui doit être défendue comme telle. Dans la poche de Colmar, entre novembre 1944 et février 1945, la 19e armée s’applique à incarner cette doctrine. Mais au-delà des affrontements, c’est aussi par la propagande que la guerre jusqu’au-boutiste se manifeste. Une unité de propagande spécifique, la Propaganda-Einheit 619 est assignée à la 19e armée afin d’assurer la couverture médiatique du secteur. Sous le contrôle de la SS, elle produit et diffuse des messages visant autant à maintenir le moral des soldats allemands qu’à ébranler celui de leurs opposants français et américains. La propagande apparaît dès lors comme une interface entre la conception idéologique de l’histoire et la réalité du front. Son objectif n’est autre que de participer à la prophétique « Victoire finale ».

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Texte intégral

1Au début du XXe siècle, le développement des médias couplé à la société de masse a entraîné l’essor de la propagande. L’étude pionnière de Jacques Ellul a tenté d’en définir la nature en la voyant comme un ensemble de règles précises visant à déclencher une action, et en soulignant ses aspects psychologiques et culturels (1962). L’intérêt des historiens pour cet objet s’est développé, révélant que la Seconde Guerre mondiale concorde avec l’apparition de nouvelles pratiques propagandistes, qui s’appuient sur la diversité des médias de diffusion pour répéter leurs messages. Les études de Charles Cruickshank (1977), Anthony Rhodes (1992) ou David Welch (2017) ont souligné l’importance des moyens injectés dans la propagande autant par les Alliés que par l’Axe, et l’enjeu croissant que représente le contrôle des informations durant le conflit. Les travaux d’Ortwin Buchbender sur la propagande de guerre allemande, notamment sur les tracts envoyés à l’Armée rouge (1978), ont permis de valoriser cette source. Depuis, les ouvrages se sont succédés, tous révélateurs de l’effort investi dans cet aspect de la guerre, insistant sur ses objectifs et son organisation (Kaden, 2009) ainsi que l’implication de la Wehrmacht (Uziel, 2008) et la Waffen-SS (Seidel, 2012) dans son élaboration.

2Toutefois, ils ont peu interrogé la tension qui existe entre l’idéologie et la situation sur le front. Or, la propagande comme moyen de faire la guerre constitue une documentation toute choisie pour ce faire. Elle concerne des espaces en contact direct avec la ligne de front, ce qui suppose qu’elle prenne davantage en compte le rapport aux forces ennemies dans la nature du message qu’elle entend propager, autant que dans ses modalités de production et de diffusion. La propagande est une interface entre la vision idéologique du conflit et la réalité du front.

3À partir de l’année 1944, la situation ne cesse d’empirer pour l’Allemagne nazie. À l’Est comme à l’Ouest, les combats se rapprochent dangereusement de ses frontières. Le 20 juillet, l’attentat manqué contre Hitler provoque un raidissement à l’égard de la Wehrmacht : l’encadrement est renouvelé, la surveillance se renforce et le pouvoir coercitif s’exerce sans retenue (Kershaw, 2012). En octobre 1944, la défense d’Aix-la-Chapelle donne lieu à vingt jours de violents combats urbains. Suite à cela, le Haut-commandement de la Wehrmacht exhorte à ce que chaque ville allemande soit défendue sur ce modèle et jusqu’au dernier homme (Schwendemann, 1999). Soutenir cette nouvelle façon de concevoir et de faire la guerre devient l’une des priorités de l’appareil de propagande.

  • 1 Heinrich Himmler, envers qui la confiance d’Hitler a été renouvelée après l’attentat du 20 juillet (...)
  • 2 Au 31 janvier 1945, la 19e armée allemande dispose de 21 500 combattants, 139 blindés et 292 canons (...)

4En novembre 1944, la 19e armée allemande est repoussée en Alsace après avoir longuement battu en retraite. Annexée par l’Allemagne nazie dès 1940 et rattachée à la région administrative (Reichsgau) du Bade, l’Alsace est une frontière du Reich et doit être défendue comme telle (Riedweg, 2014 : 19-22). Le groupe d’armée « Rhin supérieur », sous les ordres d’Himmler1, a pour mission de tenir l’Alsace à tout prix. Face à elle, les Alliés peinent à progresser. Après la libération de Mulhouse et de Strasbourg, la ligne de front se change en une poche de cent soixante-dix kilomètres autour de Colmar. Alors que débute l’hiver, une guerre de position s’engage. Le rapport de force2 est favorable aux Alliés, mais les problèmes logistiques, la dépréciation climatique et l’offensive allemande dans les Ardennes en décembre 1944 les immobilisent et il faut attendre le 9 février 1945 pour que la réduction de la poche de Colmar soit définitive.

5La Schutzstaffel (SS) lance une campagne de propagande en Alsace nommée « Scorpion-Rhin supérieur » ; une unité attachée à la 19e armée allemande s’affaire à produire des documents divers, surtout des tracts et des journaux. Ceux-ci s’adressent d’abord aux Allemands, envers qui ils légitiment le combat, mais visent aussi leurs opposants, qu’ils tentent de déstabiliser. L’étude de cette unité de terrain permet de saisir certains aspects idéologiques du conflit à l’ouest et sa dimension jusqu’au-boutiste.

La Propaganda Einheit 619 : un appareil étroitement lié à la SS

6Dès 1943, la 19e armée dispose de l’unité de propagande 619 (Heinz-Werner, 1975 : 92-93), c’est-à-dire une force militaire déployée aux côtés des soldats qui accomplit des missions liées à la production et à la diffusion d’une propagande à l’aide de moyens divers. Les hommes qui la composent sont de véritables journalistes qui filment, photographient et écrivent afin de restituer les combats du secteur qui leur est assigné. Néanmoins, chacun d’eux a une formation militaire et peut être engagé sur le front si besoin en est (Férard, 2014 : 8-9). Leur travail permet d’alimenter les actualités filmées (Die Deutsche Wochenschau), radiophoniques (Wehrmachtbericht), ainsi que les différents journaux.

7Mais on attend surtout d’eux qu’ils mènent la guerre psychologique, soit la mise en œuvre de procédés visant autant à ébranler le moral des ennemis qu’à maintenir celui des troupes allemandes. Ce type d’opération s’inscrit dans des dispositifs spécifiques, sous l’égide de la SS, pour en faciliter l’organisation et le suivi : « étoile du Sud » (en Italie), « Scorpion-Est », « Scorpion-Ouest » et « Scorpion-Rhin supérieur » (Lenhardt, 2017 : 229). C’est cette dernière qui nous intéresse. L’opération avait, dans un premier temps, été nommée « Scorpion-Ouest II » et rattachée à l’ensemble du dispositif à l’Ouest. Mais une fois à la tête du groupe d’armée « Rhin supérieur », Himmler demande à ce qu’elle devienne « Scorpion-Rhin supérieur ». Cette modification a pu être perçue comme principalement formelle (Seidel, 2012 : 103-118), pourtant, il faut aussi y voir la volonté d’Himmler de renforcer son droit de regard.

  • 3 Bundesarchiv Militärarchiv (BAMA) Freiburg, RH20-19/285, p. 76.
  • 4 La « Standarte » est un terme nazi qui revoie à l’organisation des groupes paramilitaires, notammen (...)

8Le dispositif « Scorpion-Rhin supérieur » est dirigé par Rolf d’Alquen3. Ce SS a fait carrière au sein de l’hebdomadaire « Das Schwarze Korps », organe de presse de la SS, et de la SS-Standarte4 « Kurt Eggers », grâce à son frère, Gunther d’Alquen, lui-même rédacteur en chef de la revue et à la tête de la Standarte (Seidel, 2012 : 12-23). Ce régiment de correspondance de guerre a été créé en 1943, du nom d’un célèbre reporter de guerre, devenu martyr du régime national-socialiste après son décès sur le front de l’Est (Kaden, 2009 : 49-54). L’objectif initial de cette unité était de valoriser l’action des Waffen-SS en élaborant une propagande au plus près des hommes. La croissance de cette Standarte lui permet en quelques mois de concurrencer les reporters de guerre de la Wehrmacht (Leleu, 2007 : 639-644). À la fin de l’année 1944, la SS domine une grande partie des organes de propagande militaire. Si la Propaganda-Einheit 619 est de fait une unité de l’armée, son action en Alsace est dirigée par la SS, ce qui participe à expliquer la teneur jusqu’au-boutiste du message qu’elle véhicule.

  • 5 « Il faut dire à la troupe, aussi amer que ce soit, qu’ils doivent faire leur devoir, et que seulem (...)

9La présence d’Himmler à la tête des opérations en Alsace ne fait que renforcer cette dépendance. Celui-ci veut s’assurer du fait que la propagande corresponde bien aux besoins de la politique jusqu’au-boutiste. Dans un courrier du 30 janvier 1945 adressé à Rolf d’Alquen, il précise : « Der Truppe muss gesagt werden, dass sie, so bitter es ist, gerade jetzt weiter ihre Pflicht tun muss und dass nur dann, wenn jetzt im Westen abgeschirmt wird, die deutsche Wehrmacht im Osten in der Lage ist, zunaechst die Stoesse aufzufangen und dann wieder aktiv zu werden. [...] Von Ihnen selbst erwarte ich auch innerlich die Haltung eines SS Mannes.5 ». En plus de s’assurer de la fidélité de son subordonné, Himmler rappelle que la propagande en Alsace doit correspondre à l’idéologie jusqu’au-boutiste (Seidel, 2012 : 120).

  • 6 Les sources dont nous disposons ne permettent pas de préciser la composition de cette unité, ni de (...)
  • 7 BAMA Freiburg, RH20-19/285, p. 76.
  • 8 BAMA Freiburg, RH19-XIV/1, p. 183.
  • 9 Fin janvier 1945, Himmler décide de le renommer « Appel », un nom qui lui semble plus approprié au (...)
  • 10 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 76.
  • 11 BAMA Freiburg, RH20-19/241, p. 32

10Au mois de décembre, la relative stagnation du font permet à l’unité de propagande d’entrer en action. Bien que le quartier général de Rolf d’Alquen soit à Baden-Baden, l’unité est déployée à l’ouest du Rhin. Sur le terrain, le lieutenant Wiese dirige les hommes6 depuis son poste de commandement à Guebwiller (Haut-Rhin)7. L’un des départements a pour mission de réaliser un journal spécifique à la 19e armée : treize hommes, dirigés par le sous-lieutenant Weber, en alimentent le contenu8. Ce périodique de quatre pages, appelé « Die Wacht9 » et imprimé à Emmendingen (Bade), paraît d’abord tous les deux jours avant de devenir un journal quotidien10. Le 2 janvier 1945, on confie aussi à l’unité le soin de réimprimer le « Kolmarer Kurier » : ce quotidien civil, dont la parution fut stoppée en novembre 1944, est l’un des principaux organes du régime en Alsace. Cette nouvelle version n’est cependant qu’une édition jumelle de « Die Wacht », aux articles quasiment identiques11.

  • 12 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 78 et p. 161.
  • 13 L’épisode du 7 décembre 1944 mentionne les « combats dans les Vosges ». Si nous avons la certitude (...)

11Il semblerait aussi que l’unité ait été à l’origine d’une documentation visuelle, puisqu’elle fait part de l’utilisation de « Leicafilme » et de « Kinofilm » en décembre 1944 ainsi qu’en janvier 194512. On peut donc supposer qu’elle a été équipée d’appareils photographiques de types Leica III et de caméras à épaule (Schulterkamera) de 120 millimètres (Férard, 2014 : 32-33). Malheureusement, aucune trace de ces documents n’a pu être retrouvée, et ils ne figurent pas non plus dans les actualités filmées13.

Stimuler l’idéologie jusqu’au-boutiste"

12La première mission de la Propaganda-Einheit 619 est de faire le récit des combats de la poche de Colmar. Toutefois, cette production répond à des besoins politiques, économiques et militaires (Uziel, 2008 : 22-24), relatifs au contexte général que nous avons décrit. Dans une perspective jusqu’au-boutiste, le combat apparaît comme une valeur en soi. Le 14 janvier 1945, un article intitulé « Front südlich Straßburg rollt ! » paraît dans le journal « Die Wacht ». Le reporter Heinz Sponsel y décrit les combats :

  • 14 « Le front au sud de Strasbourg roule ! […] Durant des mois, les grenadiers avaient tenu les fronts (...)

« [...] Wochenlang hatten die Grenadiere im Elsaß die Fronten gehalten. [...] Am frühen Morgen des Wintersonntags, kurz nach fünf Uhr jedoch erhoben sich die Grenadiere aus den hartgefrorenen Gräben, die sie zuvor Tag für Tag verteidigt hatten, und griffen an14. »

13L’auteur valorise ici la dimension humaine du combat en faisant du grenadier anonyme une figure de l’abnégation et de la fermeté. La principale force de la Wehrmacht ne réside pas dans le matériel, mais bien dans la détermination de ses soldats. Depuis les grands échecs à l’Est en 1943, la propagande dénonce l’idée que les affrontements d’homme à homme aient été remplacés par les masses de matériels et la technique meurtrière (Bartov, 1999 : 47). La communauté des tranchées reste, dans l’imaginaire nazi, un espace chaleureux et sacralisé face aux destructions engendrées par la technique (Kühne, 1999). La propagande défend l’idée que la conviction du soldat est l’élément décisif dont dépend l’issue du conflit, légitimant d’autant plus le jusqu’au-boutisme.

  • 15 Pensons entre autre à un article paru en novembre 1944 : « Wellen vom Oberrhein – Südwestdeutsches (...)
  • 16 Le blanc et le rouge sont les couleurs historiques du drapeau alsacien.
  • 17 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 76.
  • 18 « L’Alsace reste allemande. »

14La situation particulière de l’Alsace alimente aussi la propagande : la presse répète à plusieurs reprises que c’est le sol allemand qu’il s’agit de défendre15. L’unité fait tirer 2 500 coups d’artillerie blanc et rouge16 durant le mois de décembre 194417. Dans les villages autour de Colmar, bien des murs ont été couverts de graffitis comme « Das Elsass bleibt deutsch18 » par les officiers politiques de la 19e armée comme en témoignent les photographies prises après la libération (Lichtlé, 1999 : 314, 348). Le 24 janvier, le « Kolmarer Kurier » publie d’ailleurs le discours du Gauleiter Robert Wagner :

  • 19 « L’Alsace est toute entière une terre de culture germano-allemande [...]. Certes, l’ennemi a pu, à (...)

« Das Elsass ist aller germanisch-deutscher Kulturboden [...] Wohl konnte der Feind in einem Augenblick, als die Wehrmacht durch den feindlichen Massenansturm in Anspruch genommen war, durch Zusammenballung schneller Verbände eindringen. Die Voraussage, dass wir wiederkehren würden, wird sich aber erfüllen. [...] Es gibt auch keine andere Wahl, als den Kampf bis zum Letzten. Auch für das Elsass19 ! »

15Le propos insiste sur l’attachement du régime nazi à la région. Le caractère germanique de l’Alsace justifie la doctrine jusqu’au-boutiste : les forces allemandes défendent le sol allemand.

  • 20 « ‘‘Voilà comment je liquidai sept chars Sherman...’’ Avec le Panzerfaust et la Tellermine […] Je b (...)

16Enfin, plusieurs articles de presse louent les exploits des soldats de la 19e armée. Lorsque le caporal Josef Fink de la 106e brigade blindée parvient à détruire sept blindés en une journée, le journal « Front und Heimat » lui consacre une interview. L’article propulse le lecteur dans le feu de l’action. Fink se trouve dans le village d’Erstein, sur la route entre Sélestat et Strasbourg, lorsqu’il aperçoit deux chars voulant pénétrer dans le bourg. « ‘‘So erledigte ich 7 Shermanpanzer...’’ Mit Panzerfaust und Tellermine. [...] Ich sprang aus meinem Loch heraus, hinter ihnen im toten Winkel vorbei, um sie von vorne zu packen. Am ersten Haus schoß ich aus sechs Metern Entfernung dem ersten Panzer eine Panzerfaust in den Motor, so daß er ausbrannte20» Dans la nuit, après avoir détruit son septième char, Fink est blessé d’une balle de pistolet. À la fin du récit, l’auteur revient sur le comportement exemplaire de ce simple soldat, digne d’un héros médiéval ou romantique, sachant mêler courage et sagesse même dans une situation qui semble désespérée (Barrois, 1999 : 122-130). Le bon soldat est avant tout capable de surpasser ses peurs pour participer à la grandeur du Reich : c’est justement ce que les médias du régime cherchent à valoriser (Bartov, 1989). À partir de 1945, il devient courant pour la propagande nazie de profiter du prestige d’un soldat pour l’élever en figure de proue (Baird, 1975 : 241-243).

  • 21 Horst Wessel est une image emblématique du nazisme. Ce SA est tué en 1930 par un militant communist (...)

17Toutefois, les valeurs nazies des combattants sont aussi sujettes à l’exaltation. Dans un autre numéro de « Front und Heimat », une demi-page est consacrée au capitaine Erwin Bartel. Cet officier de la 106e brigade blindée n’a pas réalisé de prouesse comparable à celle de Fink ; ce qui lui vaut cet honneur est d’être considéré comme le « type du soldat politique ». Bartel était le camarade de Horst Wessel21, et alors qu’il n’a que seize ans, son caractère le pousse à se mobiliser dans la SA :

  • 22 « Capitaine Bartel, le type du soldat politique […]. Il y avait des quartiers à Berlin, où l’on pou (...)

« Hauptmann Bartel, der Typ des politischen Soldaten [...] Es gab Stadtviertel in Berlin, wo man geruhsamer hausen konnte, aber ihm ging es nicht um Behaglichkeit, sondern um das Werben und Marschieren für die Idee. [...] ‘‘Es gibt keine Aufgabe, die nicht geschafft werden kann. [...]’’ sagt der Hauptamnn. [...] Sie sind mehr, sie sind die Chronik einer Zeit und ihrer Idee, gespiegelt in den Abschnitten eines Lebens, das wie nur wenige so typisch für die Einheit von Politik und Soldatentum ist22. »

18L’homme, poursuit l’article, n’a pas changé, et sa devise pour 1945 n’est autre que : « Il n’y a pas de mission qui ne peut être accomplie ». Le texte précise qu’il n’est pas question d’exalter un homme, mais de forger un modèle. Le bon soldat n’est pas qu’un bon guerrier mais aussi un homme qui, par ses actes et sa pensée, participe à la concrétisation de la « Victoire finale ». De fait, la propagande se veut l’interface entre une réalité du front et une vision idéologique de l’histoire, permettant d’entretenir et d’expliquer l’une par l’autre et inversement.

Au contact des Alliés : l’entreprise démoralisante

  • 23 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 78 et p. 161.
  • 24 BAMA Freiburg, RH20-19/285, p. 175.

19L’unité de propagande est surtout mobilisée dans la production d’une propagande dite « noire », c’est-à-dire qui a pour objectif de démoraliser l’ennemi, en opposition à la propagande « blanche » qui cherche à valoriser les victoires (Rhodes, 1989 : 215). La propagande noire passe principalement par l’envoi de tracts derrière les lignes alliées. L’unité dispose de huit lance-grenades à cet effet et fait régulièrement appel à des déploiements de ballons. En tout, entre décembre 1944 et janvier 1945, 2,90 millions de tracts ont été répandus dans le secteur23. Pour rédiger les textes en anglais, en français et en arabe, l’armée allemande fait venir des interprètes tirés des camps de prisonniers24. Chaque tract fait office de sauf-conduit pour les hommes souhaitant se rendre.

  • 25 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 78.
  • 26 L’unité ne produit aucune donnée pour mesurer l’impact global de la propagande, mais choisit de réa (...)
  • 27 « Ein großer Teil der Gefangenen hatte die Flugblätter bei sich. Sie sagten übereinstimmend aus, da (...)

20Leur contenu varie selon les circonstances et est parfois adapté à une situation particulière. Dans la semaine de Noël 1944, l’unité décide d’envoyer un tract : « Papa, pourquoi n’es-tu pas à la maison pour Noël ? », avec pour illustration des images d’enfants25. Afin de mesurer l’impact de cette campagne, l’unité va à la rencontre des prisonniers de guerre26. Le 23 décembre, la 189e ID capture cinquante-six soldats sur une contre-offensive, et une grande partie des captifs « avait le tract sur eux » et il « les avait beaucoup interpellé et frappé27 ».

  • 28 Un exemplaire est numérisé dans Association BM24, 2004 : 206-207.

21En janvier 1945, une offensive allemande est déclenchée au nord de la poche de Colmar, en direction de Strasbourg (Rigoulot, 1992). Le bataillon de marche 24, une unité de FFL, se retrouve encerclé dans le village d’Obenheim (Bas-Rhin). L’unité de propagande conçoit un tract pour cette occasion, posant un dilemme entre « la vie ou la mort », et précisant que la « situation est sans espoir ». Il argumente que « cesser la lutte c’est vivre ! Vivre pour les parents, la femme ou les gosses28 ! ». Ce message fort remet le soldat, parfois à peine enrôlé dans les FFL, à sa place de civil. Après l’attaque, la Propaganda-Einheit rapporte :

  • 29 « Un quart des nombreux prisonniers qui ont été pris lors de l’assaut en direction de Strasbourg po (...)

« Ein Viertel der zahlreichen Gefangenen, die bei dem Vorstoß im Richtung Straßburg gemacht wurden, trugen, [...], unsere in den Tagen zuvor abgeschossenen Flugblätter bei sich. Nach Aussagen der Zivilbevölkerung hatten die gaullistischen Soldaten beim Essen über den Inhalt der Flugblätter lebhaft diskutiert. Andere Gefangene schwenkten bei der Gefangennahme unsere Flugblätter29. »

22Du reste, plusieurs tracts ont été conservés au Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar (Turckheim), tel que celui envoyé aux Américains dans les Vosges (figure 1). Le document est économe en texte : « Votre femme. Elle préfèrerait que vous rentriez sain et sauf ». En fond, on a représenté une femme au regard vide, à laquelle une main tend une médaille militaire, la Silver Star. Il reste que le thème de la famille est omniprésent dans la propagande allemande ; il est aussi l’une des préoccupations majeures du soldat, qui n’est souvent qu’un civil en uniforme resté proche de ses préoccupations domestiques (Mariot, 2003).

Figure 1 : Tract de propagande envoyé derrière les lignes américaines.

Conservé au Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar (Turckheim).

  • 30 C’est ce que rapporte le général de Lattre de Tassigny dans un courrier à De Gaulle le 18 décembre (...)

23Les auteurs attisent également une réflexion sur le sens du combat, comme dans ce tract envoyé aux hommes de la 1ère armée française à la fin du mois de décembre qui explique que la défense alliée s’est écroulée dans les Ardennes (figure 2). Après avoir rappelé la résolution du soldat allemand, le texte interpelle : « Il est vrai que tu ne peux perdre davantage que la vie, non pas pour défendre ton sol déjà libéré, parbleu, mais pour châtier ces méchants Nazis qui ont trop violemment tiré les oreilles d’Abraham et d’autres Isaacs. Le jeu en vaut-il la chandelle, dis ? ? ? ». Le moral des troupes françaises est alors médiocre et beaucoup se questionnent quant aux sacrifices qu’ils consentent30, un élément qui semble amplifié par la propagande allemande. Mais ce message peut aussi être lu au prisme du jusqu’au-boutisme : le tract oppose l’Allié qui peine à trouver un sens au combat, à l’Allemand, qui est animé par l’idéal d’une « Victoire finale ».

Figure 2 : Tract de propagande à destination des troupes françaises de la fin décembre 1944.

Conservé au Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar (Turckheim).

24Le cas de la mission « Scorpion-Rhin supérieur » permet d’approcher le rôle de la propagande de guerre dans la mise en place d’une politique jusqu’au-boutiste à la fin de la guerre. Dans son aspect organisationnel, l’unité de propagande, pourtant de la Wehrmacht, n’en est pas moins soumise à la volonté d’une SS qui dispose d’un pouvoir toujours plus fort depuis l’attentat du 20 juillet 1944. En assurant la couverture médiatique du secteur, elle produit un contenu conforme à l’idéologie nazie. Le sens du combat est légitimé, non pas tant par des arguments stratégiques, mais par la mobilisation de valeurs relatives à l’imaginaire nazi : l’esprit de corps, la fermeté ou encore l’attachement au sol germanique. Elle est un moyen de faire la guerre, qui déploie d’importants efforts afin de perturber le moral des ennemis. Là encore, la Wehrmacht poursuit le combat et spécule sur un retournement de situation.

  • 31 Nous remercions Antoine Fersing et Mathieu Hoffmann pour la relecture.

25La prétention à la « Victoire finale », véritable fer de lance idéologique depuis la genèse du nazisme, ne s’est pas essoufflée. Au contraire, au fur et à mesure que la situation se dégrade, elle devient le principal argument du « sein oder nichtsein ». L’être ou le disparaître était le fondement du projet nazi qui devait aboutir soit à l’érection d’un Reich de mille ans, soit à la disparition du peuple allemand (Chapoutot, 2015 : 850). En 1944, si la situation stratégique semble désastreuse, l’idéologie y voit le dénouement : c’est l’ultime moment permettant à la Weltanschauung (« vision du monde » nazie) de passer du stade d’idée à celui de réalisation. Au contact du front, la dimension idéologique du jusqu’au-boutisme de la vision du monde nazi ne se trouve pas nuancée, mais bien exacerbée. Tous les moyens devaient être mis à disposition de cette fin31.

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Bibliographie

Sources

Archives Départementales du Haut-Rhin, Colmar, 42J/27/9, « Les derniers ‘‘Kolmarer Kurier’’« .

Bundesarchiv Militärarchiv (BAMA) Freiburg, RH19-XIV/1, « Kriegstagebuch der Heeresgruppe Oberrhein », 3. Dez.1944 – 22. Jan. 1945.

BAMA Freiburg, RH20-19/241, « Pressenotizen für Feindnachrichtenblätter », 8. – 27. Jan. 1945.

BAMA Freiburg, RH20-19/285, « Tatigkeitsbericht Ic », 14. Nov. 1944 – 10. Feb. 1945.

BAMA Freiburg, RH20-19/317, « Die Wacht – Frontnachrichtenblatt unserer Armee », 2. Sept. 1944 – 16. Jan. 1945.

BAMA Freiburg, RH45/140, « Front und Heimat - Ausgabe N », Juni 1944 – März. 1945 (Propaganda Kompanie).

BAMA Freiburg, RS16/12, « Propaganda-Tagesmeldungen », Mai 1944 – März 1945.

Fonds du Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar, Turckheim (Haut-Rhin).

Littérature secondaire

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Barrois, Claude (1999) : Psychanalyse du guerrier. Paris (Hachette).

Bartov, Omer, (1999) : L’armée d’Hitler. La Wehrmacht, les nazis et la guerre. Paris (Hachette).

Bartov, Omer, (1989): « Man and the Mass: Reality and the Heroic Image in War », History and Memory, 1.2, p. 99-122.

Bettinger, Dieter Robert (2010) : Die Geschichte der Hgru G : Mai 1944 bis Mai 1945. Aix-la-Chapelle (Helios Verlag).

Brackmann, Karl-Heinz (1988) : NS-Deutsch : "selbstverständliche" Begriffe und Schlagwörter aus der Zeit des Nationalsozialismus. Straelen (Straelener Manuskripte Verlag).

Bruns, Friedrich (1979) : Die Panzerbrigade 106 Feldhernhalle, Celle (Selbstverlag).

Buchbender, Ortwin (1978) : Das tönende Erz. Deutsche Propaganda gegen die Rote Armee im Zweiten Weltkrieg. Stuttgart (Seewald Verlag).

Buchbender, Ortwin et Horst Schuh (1974) : Heil Beil ! Flugblattpropaganda im Zweiten Weltkrieg. Dokumentation und Analyse. Stuttgart (Seewald Verlag).

Chapoutot, Johann (2014) : La loi du sang. Penser et agir en nazi. Paris (Gallimard).

Cruickshank, Charles (1977): The Fourth Arm: Psychological Warfare 1938-1945. Oxford (Oxford University Press).

De Lattre de Tassigny, Jean (1949) : Histoire de la Première Armée française : Rhin et Danube. Paris (Plon).

Ellul, Jacques (1962) : Propagandes. Paris (Armand Collin).

Férard, Nicolas (2014) : Propaganda Kompagnie : les reporters de guerre du IIIe Reich, Paris (Histoire et Collections).

Frei, Norbert (2005) : 1945 und Wir : Das III. Reich im Bewusstsein der Deutschen. Munich (C. H. Beck Verlag).

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Notes

1 Heinrich Himmler, envers qui la confiance d’Hitler a été renouvelée après l’attentat du 20 juillet 1944, est alors chef de la Schutzstaffel (SS), dirigeant de la police, ministre de l’intérieur, commissaire pour la consolidation de la nation allemande et commandant de l’armée de réserve. En plus de mobiliser des ressources, il n’a de cesse d’intervenir dans la planification des opérations militaires. (Lafon, 2015 : 563-564).

2 Au 31 janvier 1945, la 19e armée allemande dispose de 21 500 combattants, 139 blindés et 292 canons pour faire face aux 116 000 soldats, 847 blindés et 292 canons (sans compter les réserves) de la 1ère armée française. BAMA Freiburg, RH26-338/26, p. 9.

3 Bundesarchiv Militärarchiv (BAMA) Freiburg, RH20-19/285, p. 76.

4 La « Standarte » est un terme nazi qui revoie à l’organisation des groupes paramilitaires, notamment de la SS, et fait référence à l’étendard porté durant les parades. Elle est assimilable au régiment de la Wehrmacht.

5 « Il faut dire à la troupe, aussi amer que ce soit, qu’ils doivent faire leur devoir, et que seulement ensuite, lorsque la Wehrmacht sera protégée sur le front ouest, elle sera capable d’absorber le choc à l’Est et d’être à nouveau active », avant d’ajouter « j’attends aussi de vous que vous ayez l’attitude d’un SS. » BAMA Freiburg, RS16/12, p. 93. [C’est nous qui traduisons.]

6 Les sources dont nous disposons ne permettent pas de préciser la composition de cette unité, ni de dresser un tableau biographique des reporters.

7 BAMA Freiburg, RH20-19/285, p. 76.

8 BAMA Freiburg, RH19-XIV/1, p. 183.

9 Fin janvier 1945, Himmler décide de le renommer « Appel », un nom qui lui semble plus approprié au sens du journal. BAMA Freiburg, RS16/12, p. 106-107 et Heinz-Werner, 1975 : 93.

10 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 76.

11 BAMA Freiburg, RH20-19/241, p. 32

12 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 78 et p. 161.

13 L’épisode du 7 décembre 1944 mentionne les « combats dans les Vosges ». Si nous avons la certitude que ceci a été élaboré par la Propaganda-Einheit 619, cela ne concerne pas la poche de Colmar, mais la frontière suisse. BAMA Freiburg, RH20-19/285, p. 24 et Die Deutsche Wochenschau, n° 744, 5 :00 à 6 :15, Noir et blanc, 10 minutes 28 secondes [En ligne. URL : https://archive.org/details/1944-12-07-Die-Deutsche-Wochenschau-744. Consulté le 28 octobre 2017].

14 « Le front au sud de Strasbourg roule ! […] Durant des mois, les grenadiers avaient tenu les fronts en Alsace. [...] Mais au petit matin de ce dimanche hivernal, peu après cinq heures, les grenadiers surgirent des tranchées durcies par le gel, qu’ils avaient auparavant défendues jour pour jour, et passèrent à l’attaque. » BAMA Freiburg, RH20-19/317, « Die Wacht », n° 138.

15 Pensons entre autre à un article paru en novembre 1944 : « Wellen vom Oberrhein – Südwestdeutsches Grenzland, wie es nicht im Baedeker steht. » (« Ondes du Rhin supérieur – La zone frontalière au sud-est de l’Allemagne, comme elle n’est pas décrite dans le Baedeker. ») BAMA Freiburg, RH45/152, « Front und Heimat », n° 53.

16 Le blanc et le rouge sont les couleurs historiques du drapeau alsacien.

17 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 76.

18 « L’Alsace reste allemande. »

19 « L’Alsace est toute entière une terre de culture germano-allemande [...]. Certes, l’ennemi a pu, à un moment où la Wehrmacht était accaparée par l’assaut en masse des troupes ennemies, pénétrer grâce à la concentration de regroupements rapides. Mais la prédiction que nous reviendrons se réalisera. [...] Il n’y a pas même d’autre choix que de se battre jusqu’au dernier. Même pour l’Alsace ! », Archives Départementales du Haut-Rhin, 42J/27/9.1, « Kolmarer Kurier », n° 18.

20 « ‘‘Voilà comment je liquidai sept chars Sherman...’’ Avec le Panzerfaust et la Tellermine […] Je bondis hors de mon trou derrière eux, dans leur angle mort, pour les avoir par devant. De la première maison, je tirai un Panzerfaust à six mètres de distance dans le moteur du premier blindé, si bien qu’il brûla entièrement. », Numérisé dans Bruns, 1979 : 407.

21 Horst Wessel est une image emblématique du nazisme. Ce SA est tué en 1930 par un militant communiste et édifié en martyr par le Parti. Un hymne à son honneur a même été composé (Horst-Wessel-Lied), devenant l’hymne du Reich en 1933 (Brackmann, 1988 : 100).

22 « Capitaine Bartel, le type du soldat politique […]. Il y avait des quartiers à Berlin, où l’on pouvait vivre plus tranquillement, toutefois lui ne se souciait pas de confort, mais plutôt de faire campagne et de marcher pour l’idée [nationale-socialiste] […].‘‘Il n’est pas de mission qui ne peut être accomplie. [...]’’ dit le capitaine [...] Elles sont plus, elles sont la chronique d’une époque et de son idée, qui se reflètent dans les paragraphes d’une vie qui, comme peu d’autres, est si typique de l’unité de la politique et de l’état de soldat. » BAMA Freiburg, RH45/140, « Front und Heimat », n° 70.

23 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 78 et p. 161.

24 BAMA Freiburg, RH20-19/285, p. 175.

25 BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 78.

26 L’unité ne produit aucune donnée pour mesurer l’impact global de la propagande, mais choisit de réaliser le suivi d’une opération chaque mois.

27 « Ein großer Teil der Gefangenen hatte die Flugblätter bei sich. Sie sagten übereinstimmend aus, dass das Flugblatt sie sehr angesprochen und beeindruckt haben. » BAMA Freiburg, RH-20-19/285, p. 76.

28 Un exemplaire est numérisé dans Association BM24, 2004 : 206-207.

29 « Un quart des nombreux prisonniers qui ont été pris lors de l’assaut en direction de Strasbourg portaient [...] sur eux les tracts que nous avions envoyés dans les jours précédents. Selon la population civile, les soldats gaullistes avaient eu des discussions animées autour du contenu du tract au moment du repas. D’autres agitaient nos tracts tandis qu’ils étaient faits prisonniers. » BAMA Freiburg, RH20-19/285, p. 160.

30 C’est ce que rapporte le général de Lattre de Tassigny dans un courrier à De Gaulle le 18 décembre 1944 (De Lattre de Tassigny, 1949 : 332).

31 Nous remercions Antoine Fersing et Mathieu Hoffmann pour la relecture.

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Table des illustrations

Légende Figure 1 : Tract de propagande envoyé derrière les lignes américaines.
Crédits Conservé au Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar (Turckheim).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trajectoires/docannexe/image/3039/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
Légende Figure 2 : Tract de propagande à destination des troupes françaises de la fin décembre 1944.
Crédits Conservé au Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar (Turckheim).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trajectoires/docannexe/image/3039/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Geoffrey Koenig, « Propagande de guerre et idéal jusqu’au-boutiste »Trajectoires [En ligne], 12 | 2019, mis en ligne le 01 février 2019, consulté le 24 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trajectoires/3039 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/trajectoires.3039

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Auteur

Geoffrey Koenig

Université de Strasbourg (EA3400), geoffreykoenig1@msn.com

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Droits d’auteur

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