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Institutions nationales ou interculturelles ? Analyse de la programmation d’instituts culturels d'Europe centrale à Berlin et Paris à l'aube du vingt-et-unième siècle

Thèse de doctorat en études germaniques, sous la direction de Jean-Paul Cahn et d’Olaf Schwencke, soutenue le 28 mars 2013, Freie Universität Berlin, Université Paris-Sorbonne-Paris IV
Gaëlle Lisack

Texte intégral

1En 2009, vingt-deux des vingt-sept pays membres de l’Union européenne (UE) disposent d’un réseau d’instituts culturels à l’étranger. Ces réseaux ont été marqués au début du vingt-et-unième siècle par une dynamique d’ouverture et de fermeture. La Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et la Hongrie ont fait le choix, après la remise en cause du principe même d'une politique culturelle étrangère au début des années 1990, de conserver les instituts culturels qu’elles avaient dans les capitales française et allemande et, le cas échéant, d’en créer. Dans le même temps, en France comme en Allemagne, les critiques à l’encontre de ces institutions ne manquent pas.

2Ce travail repose sur l’hypothèse selon laquelle la particularité de ces institutions réside dans la possibilité qu’elles ont de constituer un lieu d’échange direct entre des représentants de différentes cultures. Pour répondre à la question de l’avenir de ces institutions, il est donc indispensable de se demander si elles ont fait du dialogue interculturel une priorité dans leurs objectifs et l’encouragent concrètement dans leur programmation. Le but de la recherche est de mettre en lumière la manière dont les instituts culturels des quatre pays du groupe de Visegrád conçoivent leur rôle dans les années qui précèdent et suivent l’entrée de leur pays dans l’UE et de voir s’ils contribuent au dialogue interculturel européen. L’analyse se concentre sur les questions suivantes : Ces institutions se sont-elles fixé comme objectif de s’établir comme lieu du dialogue interculturel ou se concentrent-elles sur la présentation unilatérale de leur pays ? Si ces institutions aspirent à soutenir le dialogue interculturel, quelle stratégie ont-elles élaborée pour ce faire ? Enfin, ces institutions s’inscrivent-elles dans la politique culturelle européenne ?

3L’analyse des objectifs, de la programmation et de la réception par le public des instituts culturels du groupe de Visegrád à Paris et Berlin au début des années 2000 montre que ces institutions ont pris congé d’une présentation culturelle exclusivement unilatérale. Des partenaires locaux sont intégrés et des questions de société européennes et internationales y sont abordées. Certains instituts ont intégré des éléments novateurs dans leur programmation et tentent de se positionner dans leur ville d’accueil par un programme de qualité afin de s’adapter aux défis actuels tels que la concurrence ou le manque de visibilité.

4Cependant ces éléments, qui pourraient être bénéfiques au dialogue interculturel, sont inégalement présents entre 2000 et 2008. De plus, la motivation première pour leur insertion dans la programmation est souvent la volonté de présenter une image positive, moderne et variée du pays à un public le plus large possible. Le dialogue interculturel n’est que rarement explicitement nommé comme motivation.

5Une coordination de la programmation des instituts culturels avec l’orientation de la politique culturelle européenne n’est pas perceptible. Au niveau européen s’est établie une conception élargie de la culture qui comprend une composante sociétale. Dans la présentation de leurs objectifs, les instituts culturels et leurs institutions de tutelle ne définissent pas précisément le concept de culture tel qu’ils l’entendent comme substance de leur programmation. Il est indéniable qu’il comprend plus que l’art mais une dimension sociétale n’est que rarement évoquée. Entre 2000 et 2008, les événements artistiques constituent le cœur de la programmation des instituts et l’approche interculturelle de questions de société n’en constitue qu’une part minime. L’entrée de leurs pays dans l’UE n’a pas apporté de changement majeur quant au concept de culture à la base de la programmation des instituts. Par ailleurs, l’élargissement de l’UE en 2004 a été un exemple du cloisonnement entre l’agenda européen et la programmation des instituts culturels nationaux étudiés. Cet événement n’a pas été l’occasion d’ancrer une composante européenne dans la programmation des instituts culturels des nouveaux pays dans les capitales française et allemande. Dans certains instituts, les conférences organisées à la veille de l’élargissement présentent même une dimension nationale renforcée. En 2008, un renoncement au caractère national de leur programmation au profit d’une dimension européenne ou internationale n’est pas à l’ordre du jour. Sans volonté d’une ouverture sur l’Europe de la part des instituts culturels, une intégration de leur activité dans le contexte de la politique culturelle européenne n’est que peu probable.

6Si les éléments favorables au dialogue interculturel identifiés dans la programmation sont renforcés et approfondis, les instituts culturels pourraient devenir dans les prochaines années des porteurs du dialogue interculturel européen. Mais il faut pour cela qu’ils se distancient de leurs objectifs premiers de présentation et de promotion et confèrent à leur programmation un caractère européen.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Gaëlle Lisack, « Institutions nationales ou interculturelles ? Analyse de la programmation d’instituts culturels d'Europe centrale à Berlin et Paris à l'aube du vingt-et-unième siècle »Trajectoires [En ligne], 7 | 2013, mis en ligne le 18 décembre 2013, consulté le 07 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/trajectoires/1094 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/trajectoires.1094

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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