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Chroniques
Comptes rendus

Zumkir (Michel), Amélie Nothomb de A à Z. Portrait d’un monstre littéraire

Bruxelles, Le Grand Miroir, coll. Une Vie, 2003
Laurent Demoulin
p. 115-116
Référence(s) :

Zumkir (Michel), Amélie Nothomb de A à Z. Portrait d’un monstre littéraire, Bruxelles, Le Grand Miroir, coll. Une Vie, 2003, 183 p., ill.

Texte intégral

1L’œuvre d’Amélie Nothomb, sur la place publique depuis 1992 et la parution d’Hygiène de l’assassin, avait déjà donné lieu à de multiples émissions de radio et de télévision, à des sites Internet, à des articles, des colloques, des travaux universitaires, à une notice dans le Robert des noms propres, à des adaptations théâtrales, lyriques et cinématographiques, mais pas encore à un ouvrage : c’est désormais chose faite, grâce à Michel Zumkir, romaniste, écrivain et critique littéraire, et son Amélie Nothomb de A à Z. Comme l’indique un sous-titre explicite (Portrait d’un monstre littéraire), il est plus question ici de l’écrivaine que de ses textes. Certains romans sont commentés çà et là, surtout Hygiène de l’assassin et Stupeur et tremblements, mais les ébauches d’analyse les concernant sont dispersées dans l’ensemble de l’ouvrage et aucun chapitre ne parcourt l’œuvre de manière systématique. Michel Zumkir s’est surtout intéressé à la personne et au personnage d’Amélie Nothomb.

2La méthode qu’il a adoptée apparente son livre à un dictionnaire moderne ou à un CD-Rom : une série de fragments classés par ordre alphabétique sont reliés les uns aux autres grâce à de nombreux renvois. La plupart de ces fragments sont construits autour de déclarations : retranscriptions d’interviews dans la presse ou dans les médias et entretiens réalisés par Zumkir lui-même. Celui-ci a en effet effectué un patient travail d’investigation : il a interrogé les proches de la romancière, ses parents, sa sœur, ses amis célèbres (Jacqueline Harpman, Stefan Liberski, Gilles Lapouge...), différents acteurs du monde culturel ayant travaillé ou travaillant avec elle : son attachée de presse, son éditeur, son éditrice en Italie, Sylvie Testud, qui a interprété le personnage d’Amélie dans Stupeur et tremblements, Alain Corneau qui a réalisé ce film, la chanteuse Robert, les réalisatrices de théâtre qui l’ont également adaptée... En outre, Zumkir a recueilli le témoignage du professeur de l’ULB ayant dirigé le mémoire d’Amélie Nothomb (sur Bernanos), de Jacques De Decker, d’un universitaire américain appliquant le schéma du stade du miroir lacanien au Sabotage amoureux, de quelques fans et du créateur d’un site Internet à son sujet. Quand certains de ces témoignages se contredisent, Michel Zumkir souligne délicatement la chose, sans prendre parti.

3Il en ressort un portrait multiple et imposant, écrit avec brio, à la fois riche d’informations diverses et agréablement rythmé. Quant à la femme qui apparaît à travers ce kaléidoscope, elle ne se limite pas, loin en faut, au « monstre » médiatique bien connu. Amélie Nothomb semble imposer à son entourage direct et indirect une vive admiration presque moins par sa force de travail, sa singularité, son esprit et son talent que par son extrême gentillesse.

4Si Michel Zumkir termine ce portrait en remerciant Amélie Nothomb, qu’il « espère ne pas avoir trahie » (p. 179), son livre est tout sauf naïf. Ou, si l’on veut, il est faussement naïf. Le mythe Nothomb ne l’intéresse que dans la mesure où il lui permet d’aborder la question de la réception de ses romans. Il fait notamment état du lien troublant entre l’accueil réservé à l’écrivaine par les critiques et les intellectuels dans les différents pays et la notoriété des maisons d’édition qui l’y publient. Ainsi, en Italie, « [...] l’œuvre de la romancière [...] est presque entièrement traduite et éditée par la maison Voland, maison unanimement reconnue pour la rigueur de sa ligne éditoriale. Un éditeur qui dans le champ littéraire italien est à l’opposé de la place qu’occupe Albin Michel en France. Dès lors, la réception d’Amélie Nothomb est totalement différente. Elle est considérée comme une auteure à part entière, certes excentrique mais une auteure dont on considère les livres avant la personnalité. [...] On la compare davantage à Marguerite Yourcenar pour sa culture et son écriture classique qu’au premier faiseur de best-sellers venu. » (pp. 92-93) Dire que Michel Zumkir fait œuvre de sociologue serait exagéré, mais la sociologie n’est jamais loin, comme si son objectif, outre d’intéresser les lecteurs acquis à la cause d’Amélie Nothomb, était de fournir aux sociologues de la littérature des matériaux prêts à être analysés, c’est-à-dire de l’information triée, classée et identifiée précisément (par un appareil de notes).

5Sans doute peut-on regretter que la question de l’écriture d’Amélie Nothomb n’ait pas été abordée plus profondément : une entrée « Style », par exemple, n’aurait pas été superflue, mais peut-être, justement, la problématique de la réception et de l’étonnant succès de l’écrivaine était-elle la plus intéressante et la plus urgente à traiter.

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Pour citer cet article

Référence papier

Laurent Demoulin, « Zumkir (Michel), Amélie Nothomb de A à Z. Portrait d’un monstre littéraire »Textyles, 25 | 2004, 115-116.

Référence électronique

Laurent Demoulin, « Zumkir (Michel), Amélie Nothomb de A à Z. Portrait d’un monstre littéraire »Textyles [En ligne], 25 | 2004, mis en ligne le 01 septembre 2007, consulté le 15 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/771 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.771

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Auteur

Laurent Demoulin

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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