Navigation – Plan du site

AccueilNuméros65Littérature et radio«  Du venin dans les plumes  »

Littérature et radio

«  Du venin dans les plumes  »

Des écrivains belges au micro de la radio de guerre  : rôles, pouvoirs et retombées
Céline Rase
p. 57-68

Texte intégral

  • 1 Extrait d’un discours de Joseph Goebbels du 25 mars 1933 (cité dans  : Pohle (Heinz), Der Rundfun (...)

119 mai 1940. Une voiture allemande, mitrailleuse à l’avant, mitrailleuse à l’arrière, s’arrête devant le bâtiment de l’Institut National de Radiodiffusion (inr) à Bruxelles. Neuf jours seulement que la Belgique a été envahie et, déjà, l’ennemi prend possession des installations radiophoniques du pays occupé. Les directives viennent d’en haut  : Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du IIIe Reich, considère la radio comme «  l’instrument le plus moderne qu’il soit pour influencer les masses1  ». Depuis 1933 et l’arrivée de Hitler au pouvoir, les nazis ont d’ailleurs armé leur réseau radiophonique pour que la voix du Führer résonne dans chaque foyer allemand puis dans l’Europe entière.

2Rapidement dès lors, le nouvel occupant rafistole le matériel de la radio belge, saccagé par l’ancienne direction en exode, recrute un personnel flamand et wallon hébété par la rapidité de l’invasion, et relance une programmation bilingue presque sans accent suspect.

  • 2 Référence à l’ouvrage de Noiriel (Gérard), Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour (...)

3Pendant quatre ans, Radio Bruxelles, comme se nomme ce nouveau «  post’  » aux basques de la Reichsrundfunk Gesellschaft, enregistre un certain succès d’audience, à défaut de remporter, jamais, un succès d’estime. La nouvelle programmation nationale-socialiste, aux relents anti-alliés et antisémites, cède une large place à la culture  : les émissions musicales, les commentaires littéraires ou les chroniques cinématographiques sont nombreux. Au micro, les voix sont majoritairement celles d’avant-guerre  : il faut donner au poste volé les allures de la radio des années 1930. D’autres talents locaux sont recrutés  ; Michel de Ghelderode, Félicien Marceau, Robert Poulet, Ludo Patris, Pierre Hubermont  : ils sont de ceux qui vont plonger leur plume dans le venin2.

  • 3 Pour un tour d’horizon complet sur la question de la collaboration radiophonique et de la répress (...)

4Comment ces écrivains belges ont-ils servi la propagande allemande  ? Dans quelle mesure leur activité à la radio constitue-t-elle une faute patriotique  ? L’enjeu de cette contribution, qui ne prétend pas être exhaustive (ne fût-ce que parce qu’elle se concentre sur quelques figures de la littérature française de Belgique), est de cerner la nature de la «  collaboration  » radiophonique des hommes de lettres et ses retombées symboliques ou réelles sur la suite de leur carrière3.

Des propagandes radiophoniques par la gent de lettres

  • 4 Les archives écrites et sonores de Radio Bruxelles sont conservées au CEGESOMA.

5Depuis ses débuts, la radio peut compter sur la présence active d’hommes de lettres. C’est que, d’une part, les écrivains – aux carrières parfois mal assurées – sont heureux de trouver dans les ondes une source de revenus complémentaires. D’autre part, la radio est un genre encore mal défini, qui ne s’est pas totalement émancipé du littéraire, qui renie parfois l’originalité de son oralité. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un œil aux tapuscrits de préparation des émissions4  : les scripts sont si cadenassés qu’ils figent jusqu’aux onomatopées. Les archives sonores de la radio le prouvent également  : les speakers de l’an 1940 se cramponnent à leur texte, respectant à la lettre les jonctures syntaxiques majeures de l’expression écrite. Dans un style austère et théâtral, embarrassant pour l’auditeur d’aujourd’hui, ils énoncent des billets interminables avec une solennité narcotique propre à engager une relation autoritaire avec les auditeurs d’antan.

  • 5 cegesoma (Bruxelles), AA 582, MBH, Service de la Propagande en Belgique, Situation de la propagan (...)
  • 6 cegesoma, AA 570, Propaganda Abteilung Belgien, Jahresbericht, août 1941.
  • 7 José Streel est un journaliste belge. Sous l’Occupation, il devient le rédacteur en chef du journ (...)
  • 8 Horace van Offel est un écrivain belge qui, pendant la guerre, rejoint l’équipe du Soir volé en t (...)

6Pendant la guerre, l’occupant allemand, soucieux de déguiser sa propagande dans des voix belges, favorise encore davantage le ralliement des hommes de lettres à la radio. Dans les rapports qu’ils envoient à Berlin, les fonctionnaires de la Propaganda Abteilung se vantent d’avoir su s’adjoindre la collaboration de poètes de renom5. Une collaboration généralement anodine, estiment les principaux intéressés qui tranchent ainsi leur cas de conscience. Les émissions culturelles paraissent inoffensives à ceux qui les écrivent, peut-être même à ceux qui les écoutent. Les écrivains ont pourtant dû composer avec la censure et l’autocensure car les chroniques culturelles ont toutes tendance à servir la cause du national-socialisme en exportant l’idée d’une supériorité de la culture allemande. Dans le chef de la Propaganda Abteilung, l’intention est en tout cas déclarée  : «  Il ne faut pas sous-estimer l’influence durable et positive des émissions radiophoniques apparemment non politiques à travers lesquelles l’idéologie et les façons de penser allemandes passent comme un fil rouge invisible mais d’un effet d’autant plus profond6  ». C’est ainsi que toute une rubrique radiophonique est consacrée aux auteurs allemands (elle s’appelle, fallacieusement, Les Lettres étrangères) et qu’ailleurs, dans les chroniques littéraires comme dans la rubrique Vient de paraître, les speakers paraphrasent des journalistes rexistes, comme José Streel7, ou recommandent aux auditeurs des ouvrages dont les auteurs sont des partisans de l’ordre nouveau, comme Horace Van Offel8.

  • 9 cegesoma, AA 570, Propaganda Abteilung Belgien, Jahresbericht, août 1941, p. 32.

7Assise de la supériorité culturelle allemande d’un côté, épuration des répertoires de l’autre  : les émissions littéraires concourent aussi à l’œuvre de propagande en dépouillant le patrimoine national de tous ses artistes gauchistes, juifs, pacifistes ou marxistes et en libérant l’offre littéraire des options étrangères. En 1941, les Allemands publient d’ailleurs un index expurgatoire de 1 000 titres indésirables, version belge des plus célèbres listes «  Otto  » françaises, dans l’objectif d’«  épurer la librairie belge de la littérature séditieuse d’origine française, hollandaise et anglaise9  ». Le but est aussi de «  diriger et canaliser la librairie belge propre  », explique la Propaganda Abteilung, ce que renforce encore l’étanchéité des frontières. Le marché littéraire est asséché des œuvres françaises, que Radio Bruxelles commente de moins en moins (la proportion chute de 42  % à 25  % entre 1941 et 1943), tandis que l’édition nationale connaît une véritable envolée (en miroir, la proportion d’œuvres belges commentées dans la Chronique littéraire passe de 49 à 61  %).

  • 10 Voir Delaunois (Jean-Marie), «  Poulet, Robert  », dans La Nouvelle Biographie nationale, 2007, p (...)

8La Chronique littéraire en question est tenue par Robert Poulet, un écrivain catholique qui connaissait déjà une certaine notoriété avant la guerre grâce notamment à son roman Handji10. Sous l’Occupation, Poulet fonde le quotidien Le Nouveau Journal, qui défend une politique de collaboration conditionnelle avec les Allemands, et rejoint Radio Bruxelles où il tient cette Chronique des Lettres ainsi que l’émission Les Lettres et la vie. Il commente les ouvrages qui se vendent alors en librairie, à savoir énormément de fictions (des romans policiers en particulier), des livres d’histoire et des textes louant le patrimoine et le folklore. Ces œuvres littéraires, participant à la construction identitaire du pays conquis et entretenant les liens communautaires, ont évidemment le soutien des Allemands qui, encore une fois, cherchent à rompre avec l’influence française. À la radio de guerre, deux auteurs s’illustrent brillamment dans ce registre de textes  : Michel de Ghelderode et Pierre Hubermont.

  • 11 De Ghelderode (Michel), Choses et Gens de chez nous, 2 t., Liège-Paris, Éditions Maréchal, 1943.
  • 12 Beyen (Roland), Michel de Ghelderode ou La hantise du masque. Essai de biographie critique, Bruxe (...)

9Michel de Ghelderode, Adhémar Mertens de son vrai nom, était fonctionnaire à l’administration communale de Schaerbeek depuis les années 1920. Avant la guerre, on retrouve ponctuellement son nom dans les programmes de causeries littéraires de l’inr  ; mais c’est sous l’Occupation qu’il devient un habitué du micro. À Radio Bruxelles, Ghelderode tient la chronique hebdomadaire Choses et gens de chez nous, chronique littéraire touchant à l’histoire, au patrimoine et au folklore de diverses villes du pays. En 1943, les éditions liégeoises Maréchal publient ses chroniques à succès11. C’est son heure de gloire, l’année la plus prolixe de sa carrière. Au total, sous l’Occupation, Ghelderode a perçu 173 cachets pour des chroniques généralement inoffensives, à l’exception de l’une ou l’autre dénotant en arrière-plan l’antisémitisme et l’anticléricalisme d’un auteur que ses biographes présentent par ailleurs comme étant médisant, paranoïaque, tragique12.

  • 13 cegesoma, Archives sonores Radio Bruxelles, Cass. 14, Pierre Hubermont, Chronique de la vie wallo (...)

10Quant à Joseph Jumeau, alias Pierre Hubermont, c’est un romancier réputé de la province du Hainaut. Sous l’Occupation, il collabore avec différents médias pro-allemands  : les quotidiens Le Nouveau journal et La Légia, le magazine Voilà et l’émetteur de Radio Bruxelles où il prend en charge la Chronique de la vie wallonne. Pierre Hubermont est aussi le Président de la «  Communauté culturelle wallonne  », une organisation subventionnée par les Allemands dans le but de tisser des liens entre les cultures wallonne et germanique. Ici comme là, Pierre Hubermont défend donc l’idée de la germanité des Wallons et prône le rattachement de la Wallonie au Grand Reich. L’écrivain verse rapidement dans l’antisémitisme. On peut l’entendre dans plusieurs de ses chroniques radiophoniques dont celle du 23 septembre 1941  ; il y parle de l’«  Europe nouvelle  » au sein de laquelle la Wallonie va pouvoir revivre, enfin délivrée de l’emprise d’une France nécrosée par l’influence de la race juive, «  biologiquement inférieure, négroïde par le sang mais redoutablement rusée13  ».

  • 14 Ludo Patris est un écrivain belge qui collabora avec différents médias pro-Allemands sous l’Occup (...)

11Certains auteurs quittent le domaine culturel et acceptent à Radio Bruxelles des postes plus généralistes. Ludo Patris14, par exemple, qui assure des chroniques cinématographiques ou des commentaires sur le roman policier, enregistre également des messages d’enfants à destination de leurs pères prisonniers. Tout cela peut paraître bien éloigné de la propagande nazie. Ces enregistrements font pourtant partie d’une stratégie, dans le chef de la direction allemande, pour proposer des émissions interactives  : messages de prisonniers, messages de légionnaires, messages d’enfants à leur père, la radio fonctionnait comme un élément de connexion entre les individus dont les relations étaient rompues par la guerre. Excellente propagande que ces vœux de courage, émaillés de «  Rex Vaincra  », criés par des petites filles fières de leur papa.

  • 15 Désiré Marcel Weyergans, dit Franz Weyergans, est un écrivain-journaliste catholique, père du plu (...)
  • 16 Jacques Biebuyck est un journaliste, poète et écrivain. Il est entré à la radio en 1937 et y rest (...)

12D’autres hommes de lettres ont endossé des responsabilités hiérarchiques au sein du poste volé. C’est le cas de l’écrivain Franz Weyergans15, commentateur littéraire à l’inr avant la guerre, qui devient chef du service littéraire et dramatique de Radio Bruxelles. Il sera remplacé, en 1944, par son ami le poète Jacques Biebuyck16 qui jusque-là animait L’Heure des auditeurs, une émission de dédicaces de disques – un interlude totalement apolitique mais qui génère les pics d’audience de la radio collabo.

  • 17 Entre autres  : cegesoma, Archives sonores Radio Bruxelles, Cass. 89, Louis Carette, Écho du jour(...)
  • 18 Dickschen (Barbara), «  Les années troubles de Louis Carette  », dans Les Cahiers de la Mémoire c (...)

13C’est le cas, aussi, de Louis Carette, mieux connu sous le nom de Félicien Marceau. Carette, rédacteur pour le journal parlé de l’inr, est projeté à la tête du service «  Actualités  » de Radio Bruxelles peu après l’invasion. À ce poste, il réalise ou avalise toutes sortes d’émissions qui, à bien les écouter, courtisent parfois l’Ordre nouveau. Les sons de Radio Bruxelles sont toujours là pour le prouver  : il tend le micro à des prisonniers ou à des légionnaires sur le retour et chaque interview est l’occasion de tirer l’honorable portrait de l’Allemagne et le sombre cliché de l’URSS17. La romaniste Barbara Dickschen repère dans les multiples interventions de Carette à la radio, interviews, billets ou reportages, un anticommunisme certain et une relativisation de l’antisémitisme et du régime nazi18.

Les retombées à la Libération

  • 19 Aron (Robert), Histoire de l’épuration, vol. II  : Le Monde de la presse, des arts, des lettres…, (...)

14Tous ces écrivains ont prêté leur plume et leur voix à «  la radio des Boches  ». Cela suffit à en faire des traîtres à la lumière de la Libération. Dès septembre 1944, ils sont emportés par la «  fureur de punition19  » qui inonde les rues, les tribunaux et les administrations. Différents processus épuratoires se superposent, dans ces lendemains de guerre, avec partout une idée fixe  : on veut séparer le bon grain de l’ivraie, juger les traîtres, écarter les impurs.

15Il y a d’abord une répression judiciaire organisée par l’État au travers de ses Conseils de guerre. Au total, 79 prévenus sont attrapés par la machine judiciaire dans «  l’affaire de la radio  ». Ils sont jugés en deux temps, en fonction de leur rôle linguistique, dans des procès spectaculaires. Il s’agit des gros poissons  : les rédacteurs de billets politiques, les responsables hiérarchiques et les speakers les plus notoires. La justice leur reproche une collaboration «  politique  » telle qu’elle est définie par l’article 118bis du Code pénal  : ils ont «  méchamment  » ou «  sciemment  » «  servi la politique ou les desseins de l’ennemi  ». Contre eux, les preuves sont nombreuses, accablantes, éloquentes même  : un tourne-disque est installé dans la salle du Conseil de guerre pour faire entendre le crime. Faciles à instruire, ces procès se déroulent avant les autres, à l’heure où les passions sont encore vengeresses et la justice confuse. Les peines sont donc sévères  : journalistes et écrivains paient cher leur pouvoir d’influence quand les guides spirituels qu’ils sont ont choisi d’orienter l’opinion en sens contraire. Parmi les accusés, mais en fuite, Louis Carette. L’ancien directeur de Radio Bruxelles est jugé par contumace  ; il est condamné à 15 ans de prison, à la perte de ses droits civils et politiques et à la déchéance de nationalité.

16Le jugement des écrivains de la radio déborde des procès de la radio elle-même. Nombreux sont ceux qui comparaissent dans le cadre des procès de presse écrite. C’est ainsi que José Streel, qui tenait la Chronique des institutions à Radio Bruxelles, est condamné à mort dans le cadre du procès du Pays Réel. Il est fusillé en février 1946. Robert Poulet est également condamné à mort quand Le Nouveau Journal est jugé. Pierre Hubermont écope d’une peine de prison à vie dans le cadre du procès de La Légia. La liste des chroniqueurs condamnés est difficile à arrêter, tant les affaires sont dispersées. Une constante toutefois  : chaque fois, la collaboration des écrivains à la radio fonctionne comme une circonstance aggravante.

17Parallèlement à cette répression judiciaire se jouent des épurations administratives et professionnelles plus délicates à cerner, parce que les sources sont moins accessibles, parce que le crime est plus équivoque, parce que les procédures disciplinaires, sans Code pénal en garde-fou, sont abandonnées à l’appréciation des pairs et des collègues. Or, dans quelle mesure les collaborations culturelles, artistiques et littéraires constituent-elles des fautes patriotiques  ?

  • 20 Lettre de Michel de Ghelderode à Franz Hellens, 12 septembre 1944, citée dans Beyen (Roland), op. (...)
  • 21 Registre aux délibérations du Conseil communal de Schaerbeek, séance du 12 janvier 1945, reprodui (...)
  • 22 Cité dans «  Michel de Ghelderode et l’Académie. Communication de M. Roland Beyen à la séance men (...)
  • 23 Ibid., p. 200.
  • 24 Stevo (Jean), «  Entretien avec Michel de Ghelderode  », dans Synthèse, n°  94, 1954, p. 59-69.

18L’épuration administrative concerne tous les agents de la fonction publique au sortir des années noires. Elle s’applique donc, entre autres, à Michel de Ghelderode, qui, en marge de ses cachets à Radio Bruxelles, était fonctionnaire à l’administration communale de Schaerbeek. En octobre 1944, l’écrivain est appelé à rendre des comptes devant une Commission d’épuration, ou «  Conseil des Troubles de mon faubourg20  », ironise-t-il. À l’issue de l’enquête, le Collège échevinal révoque Ghelderode de ses fonctions. Le grief  ? Avec ses causeries hebdomadaires Les Gens et Choses de chez nous, l’écrivain «  a participé à la propagande voulue par les Allemands21  ». La sanction est sévère car, par le jeu d’une ribambelle d’arrêtés-lois orchestrant bien mal l’épuration administrative, elle occasionne pour celui qui est révoqué d’une fonction publique la perte de ses droits civils et politiques. L’écrivain ne peut plus publier. Il se pourvoit en appel. En février 1946, la sanction d’exclusion est convertie en trois mois de suspension sans traitement. L’arrêté royal paru dans le Moniteur belge des 4-5 mars 1946 maintient toutefois que, si «  ses causeries ne pouvaient en rien servir la propagande ennemie  », elles avaient quand même «  pour résultat de rendre attrayantes pour les auditeurs des émissions radiophoniques au cours desquelles de véritables collaborateurs se livraient à une propagande antinationale22  ». Et puis surtout, le mal est fait. Le dramaturge recevra encore des hommages, notamment le prix triennal de littérature française en 1945 et celui de théâtre en 1953, mais cette flétrissure d’incivisme l’empêchera par deux fois de rentrer à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique23. Son nom ne sera plus prononcé sur les antennes de l’inr avant le mois de novembre 195324. C’est moins long toutefois que ce qui avait été initialement décidé par le Conseil de gestion de la radio  : avec ses 173 cachets, Michel de Ghelderode était, à la Libération, estampillé «  indiffusable  » pour… 85 ans  !

  • 25 «  Dans le building de notre radio nationale. Les Allemands ont laissé intactes toutes les traces (...)
  • 26 PV n°  121 du CP de l’inr, 17 avril 1950, annexe «  Note au Conseil de gestion  », 11/04/1950.
  • 27 Rase (Céline), Interférences…, op. cit., p. 92.

19Car la radio libérée s’épure également. Après tout, l’inr est un organisme parastatal  : les nouveaux directeurs s’alignent donc sur la procédure disciplinaire élaborée pour les administrations de l’État. Ils le font avec d’autant plus de zèle qu’ils sont auréolés des succès d’une déjà mythique Radio Londres et qu’ils veulent rompre publiquement avec la programmation des années d’Occupation. «  Aucune des “voix empoisonnées” n’est admise devant notre micro25  », prévient Roger Clausse, responsable des émissions françaises à l’inr en octobre 1944, annonçant ainsi une épuration exemplaire. De longues listes d’«  interdits  » écartent temporairement ou définitivement des studios des collaborateurs extérieurs. Pour juger son personnel sous contrat avant la guerre, l’inr institue une Commission d’enquête qui propose au Conseil de gestion l’exclusion de… 20  % des membres du service culturel. Les directeurs généraux s’en expliquent clairement  : «  Tous ceux qui ont collaboré avec l’ennemi par la plume ou par la parole, se trouvent dans une situation plus délicate que les artistes musiciens et autres, leur action et leur influence ayant été beaucoup plus nuisibles26  ». Franz Weyergans est ainsi définitivement exclu. Jacques Biebuyck est temporairement suspendu sur papier, définitivement exclu dans les faits puisque les syndicats s’opposent à son retour en service en 1949 et que l’inr s’incline face aux menaces et malgré le coût d’une lourde indemnisation pour l’écrivain27. Dans leur cas, les épurateurs soulignent la vocation d’«  appât  » du programme de divertissement qu’ils avaient en charge. Ainsi la Commission d’enquête développe-t-elle, dans son avis à l’encontre de Franz Weyergans  :

  • 28 ceges, AA 1297 657/5, Commission d’enquête, Sentence en cause de Franz Weyergans, 28 septembre 19 (...)

Si l’on peut admettre qu’en agissant de la sorte, W. ne croyait pas nuire à la Belgique, à laquelle il semble sincèrement attaché, il n’en est pas moins vrai qu’il a gravement enfreint son devoir de citoyen et fonctionnaire en livrant à la publicité, par le truchement d’un organisme contrôlé par les délégués de l’autorité ennemie, des dissertations dont il ne pouvait se dissimuler qu’elles abondaient dans le sens de la propagande nazie visant à capter les sympathies du grand public et à leur représenter la cause pour laquelle la Belgique en guerre continuait à lutter comme étant sans valeur28.

  • 29 Lacour (José-André), Le Châtiment des victimes, Paris, Julliard, 1949.
  • 30 Sartre (Jean-Paul), «  Qu’est-ce que la littérature  ?  », in Situations III  : Littérature et en (...)
  • 31 Le Gueux (Simon), Folle de son âme… Modeste contribution à la chronique de nos années de grâce, A (...)
  • 32 Ibid., p. 34.
  • 33 Lettre de Michel de Ghelderode à Louis De Winter, 3 février 1945, in Beyen (Roland), Correspondan (...)

20Exécutions, condamnations, révocations, suspensions  : les sanctions semblent lourdes aux écrivains qui les subissent et les dénoncent comme autant de «  châtiment[s] des victimes29  ». «  On dit aujourd’hui qu’il valait mieux construire le mur de l’Atlantique qu’en parler30  », remarque Jean-Paul Sartre en 1947. Ludo Patris s’en désole  : «  On veut absolument que l’écriture soit jugée comme une action lourde de sens, oui, lourde de plus de sens réel que la fabrication d’armes, la construction de blockhaus et les livraisons de toute nature31  ». Et l’ancien chroniqueur de Radio Bruxelles d’expliquer pourtant  : «  Une occupation ennemie n’est pas un lit de roses sans épines. Acceptons les choses comme elles sont, et ajoutons que pour notre pays, l’efficacité du refus intérieur et de la résistance était conditionnée par l’intelligence des concessions32  ». En écho, Michel de Ghelderode s’enflamme  : «  J’ai soutenu le moral de mes compatriotes – et c’est moi l’incivique  ! Démence  !…33 ».

  • 34 Marceau (Félicien), Les Années courtes, Paris, Gallimard, 1968, p. 342.

21Le monde des lettres s’émeut du sort réservé aux grandes plumes de l’Occupation. Des pétitions circulent  ; les «  purs  » signent pour soutenir les écrivains décrétés impurs, comme Robert Poulet ou Michel de Ghelderode. Bien souvent les sanctions sont revues. La peine de mort de Robert Poulet est commuée en prison à perpétuité  ; il est libéré en 1951. La révocation de Michel de Ghelderode est convertie en trois mois de suspension. Des après existent pour ces auteurs  : tous se remettent à publier. En France, où il s’est exilé, Louis Carette devient même Félicien Marceau. Il reçoit le prix Goncourt en 1969  ; il entre à l’Académie française en 1975. Mais jusqu’à leur dernier mot, la carrière de ces écrivains reste marquée par une tache d’infamie. «  Je suis un homme qu’on a fait patauger dans la glu de la connerie. Et c’est une drôle de glu. Cent fois, à des amis, j’ai essayé d’expliquer ce procès34  », confie Félicien Marceau trois décennies plus tard.

Le pouvoir de la radio

22L’enjeu n’est pas de refaire le procès des écrivains. Même dans l’historiographie la plus récente, la tension persiste, irréductible  : tout argument pour l’une ou l’autre thèse se résume à une prise de position à l’égard de l’ambiguïté.

  • 35 Voir Fréché (Bibiane), «  L’épuration des Lettres en Belgique francophone  », dans Textyles, n°   (...)
  • 36 Archives de l’arb, dossier 001827, Lettre du Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Scienc (...)
  • 37 V. (F.), «  Chez les écrivains belges  », dans La Cité Nouvelle, 19 octobre 1946, p. 2.

23Mais on doit reconnaître un élément troublant incontestable  : ceux qui ont collaboré à la radio ont été plus rudement sanctionnés que les autres. Si l’inr libéré a mis une énergie folle à faire amende honorable, les autres milieux professionnels où gravitent les hommes de lettres procèdent différemment  : les clubs, les académies, les sociétés d’écrivains favorisent une épuration passoire qui n’épingle pas d’autres noms que ceux déjà sous le coup des sanctions judiciaires. Trois éléments l’expliquent35  : d’abord, les écrivains n’ont pas créé de comité central d’épuration, dans lequel seraient représentées les principales sociétés littéraires  ; ils ne peuvent se concerter à l’heure du châtiment. Ensuite, les sanctions sont conditionnées par l’adhésion à une de ces sociétés  : il suffit de ne pas en être pour ne pas être sanctionné  ; facile. Enfin, et surtout, l’idée est de faire passer le message que la classe des lettres n’a pas fricoté avec l’occupant. «  Le prestige de l’Académie royale rend souhaitable qu’aucun reproche ne puisse lui être adressé36  », écrit ainsi le Secrétaire perpétuel de l’Académie en octobre 1944. Du côté de l’Association des Écrivains, on se félicite  : «  Les brebis galeuses ont été extrêmement rares parmi nos écrivains37  ».

  • 38 Eck (Hélène), dir., La Guerre des ondes  : histoire des radios de langue française pendant la Deu (...)
  • 39 Clausse (Roger), La Radio, huitième art, Bruxelles, Lebègue, 1945, p. 84.
  • 40 Rase (Céline), «  Les ondes en uniforme. La propagande radiophonique allemande en Belgique occupé (...)
  • 41 Ganshof Van der Meersch (Walter), Réflexions sur la répression des crimes contre la sûreté extéri (...)
  • 42 Lasswell (Harold D.), Propaganda Technique in World War I, New York, P. Smith, 1937 [1927].
  • 43 Ainsi naît, en 1946, sous une coprésidence franco-soviétique, l’Organisation internationale de Ra (...)

24L’analyse de la répression radiophonique montre que, de tous, les intellectuels diffusés sur le poste collaborateur sont les plus impardonnables. Les sanctions frappent les chroniqueurs mais, en réalité, c’est la radio elle-même qui est jugée. L’aridité des peines envers les plumes vénéneuses est révélatrice du regard posé sur le média radiophonique à la Libération. La «  Guerre des ondes38  » a fait prendre conscience aux belligérants de la force politique de ce qui n’était jusque-là qu’une boîte à musique. Plus que jamais, au sortir du conflit, la radio est perçue comme une «  arme redoutable  », un «  huitième art39  » dont les effets sont aussi craints que surestimés. On le sait aujourd’hui  : la propagande radiophonique allemande en Belgique occupée fut aussi impressionnante dans ses moyens que médiocre dans ses effets40. Mais les années noires ont convaincu du contraire. Les libérateurs, bientôt épurateurs, estiment que quatre années de manipulation nazie ont provoqué des ravages «  incalculables41  » sur la conscience des Belges. Ils se rallient au modèle linéaire de la «  piqûre hypodermique42  », tel qu’il est formulé à l’époque par le sociologue américain Harold Lasswell, qui postule qu’une idée injectée est une idée assimilée – une conception confortable pour les épurateurs qui se persuadent du même coup que leur contre-propagande, lancée sur les ondes de la bbc, a eu un effet tout aussi immédiat sur les auditeurs. La répression est dès lors dotée d’un esprit de croisade  : le châtiment vise à rétablir la légitimité du média, sa netteté morale, car la puissance qu’on lui reconnaît désormais le place au cœur du dispositif de reconquête des outils politiques. La radio a fait la guerre, maintenant, elle doit renouer avec la mission que lui donnaient ses pionniers  : elle doit construire la paix43. Sur ce chantier, elle sacrifie l’égalité et la mesure de l’épuration des écrivains qui se sont rapprochés de l’ennemi, laissant pour nous ouvert le débat sur la responsabilité des intellectuels.

Haut de page

Notes

1 Extrait d’un discours de Joseph Goebbels du 25 mars 1933 (cité dans  : Pohle (Heinz), Der Rundfunk als Instrument der Politik  : zur Geschichte des deutschen Rundfunks von 1923-1938, Hambourg, Bredow-Institut, 1955, p. 231).

2 Référence à l’ouvrage de Noiriel (Gérard), Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République, Paris, La Découverte, 2019.

3 Pour un tour d’horizon complet sur la question de la collaboration radiophonique et de la répression des collaborateurs de la radio, voir Rase (Céline), Interférences. Radios, collaborations et répressions en Belgique (1939-1949), Namur, PUN, 2021. Les résultats de recherche présentés dans cet article sont partiellement issus de cet ouvrage et plus généralement de la thèse de doctorat  : Rase (Céline), Radio Bruxelles au pilori. Des ondes impures à l’épuration des ondes. Contribution à l’histoire de la radio, des collaborations et des répressions en Belgique (1939-1950), thèse de doctorat, UNamur, 2015, inédit.

4 Les archives écrites et sonores de Radio Bruxelles sont conservées au CEGESOMA.

5 cegesoma (Bruxelles), AA 582, MBH, Service de la Propagande en Belgique, Situation de la propagande et rapport sur l’activité y déployée du 1 au 15 avril 1941, 16 avril 1941, p. 8.

6 cegesoma, AA 570, Propaganda Abteilung Belgien, Jahresbericht, août 1941.

7 José Streel est un journaliste belge. Sous l’Occupation, il devient le rédacteur en chef du journal collaborationniste Le Pays Réel ainsi que le chef politique du mouvement Rex de Léon Degrelle. À Radio Bruxelles, il tient la «  Chronique des institutions  » de 1941 à 1943. Sans sympathie pour le nazisme, il se retire de la vie politique en janvier 1943 et collabore avec Le Soir, plus modéré. Il quitte le pays à la Libération et est condamné à mort par contumace. Il revient après la fin de la guerre sous une fausse identité, est arrêté, rejugé, sa peine de mort est commuée en détention à perpétuité, mais en appel l’auditeur militaire obtient à nouveau la peine de mort  : José Streel est fusillé le 21 février 1946.

8 Horace van Offel est un écrivain belge qui, pendant la guerre, rejoint l’équipe du Soir volé en tant que rédacteur en chef. Il publie de nombreux textes de propagande à la gloire d’Adolf Hitler. À la Libération, il fuit en Allemagne et y meurt le 6 octobre 1944.

9 cegesoma, AA 570, Propaganda Abteilung Belgien, Jahresbericht, août 1941, p. 32.

10 Voir Delaunois (Jean-Marie), «  Poulet, Robert  », dans La Nouvelle Biographie nationale, 2007, p. 294-296.

11 De Ghelderode (Michel), Choses et Gens de chez nous, 2 t., Liège-Paris, Éditions Maréchal, 1943.

12 Beyen (Roland), Michel de Ghelderode ou La hantise du masque. Essai de biographie critique, Bruxelles, Palais des Académies, 1971.

13 cegesoma, Archives sonores Radio Bruxelles, Cass. 14, Pierre Hubermont, Chronique de la vie wallonne, 23 septembre 1941.

14 Ludo Patris est un écrivain belge qui collabora avec différents médias pro-Allemands sous l’Occupation dans le cadre de chroniques littéraires et cinématographiques. Après la guerre, sans être condamné, il est inscrit sur les listes d’inciviques et perd ses droits civils et politiques. En 1947, sous le pseudonyme de Simon Le Gueux, il publie le pamphlet Folle de son âme… Modeste contribution à la chronique de nos années de grâce, dans lequel il défend la position des écrivains englués dans ladite «  collaboration intellectuelle  ».

15 Désiré Marcel Weyergans, dit Franz Weyergans, est un écrivain-journaliste catholique, père du plus célèbre François Weyergans. Diplômé en droit, il est entré à l’inr dans les années 1930 et il reste à la radio sous l’Occupation. Les années de guerre sont celles durant lesquelles il publie ses premiers romans. Sa carrière littéraire s’envole véritablement dans les années 1960 quand il décroche plusieurs prix, dont le Prix Victor Rossel en 1969 pour L’Opération (Dumont (Georges-Henri), «  Weyergans Franz  », dans La Nouvelle Biographie nationale, t. 5, 1999, p. 379-380).

16 Jacques Biebuyck est un journaliste, poète et écrivain. Il est entré à la radio en 1937 et y reste pendant les années de guerre, «  poète égaré dans cette politicaillerie  » (Biebuyck (Jacques), Journal, janvier-décembre 1940, inédit). Après la guerre, il est exclu de l’inr et fonde notamment le journal Le Ligueur en 1950.

17 Entre autres  : cegesoma, Archives sonores Radio Bruxelles, Cass. 89, Louis Carette, Écho du jour, 20 et 21 janvier 1942.

18 Dickschen (Barbara), «  Les années troubles de Louis Carette  », dans Les Cahiers de la Mémoire contemporaine, n°  3, 2001, p. 153-174.

19 Aron (Robert), Histoire de l’épuration, vol. II  : Le Monde de la presse, des arts, des lettres…, Paris, Fayard, coll. Les Grandes études contemporaines, 1975, p. 2.

20 Lettre de Michel de Ghelderode à Franz Hellens, 12 septembre 1944, citée dans Beyen (Roland), op. cit., p. 293.

21 Registre aux délibérations du Conseil communal de Schaerbeek, séance du 12 janvier 1945, reproduit dans Beyen (Roland), Correspondance de Michel de Ghelderode 1942-1945, t. V  : 1942-1945, Bruxelles, Labor, 1998, p. 674-676.

22 Cité dans «  Michel de Ghelderode et l’Académie. Communication de M. Roland Beyen à la séance mensuelle du 4 avril 1998  », dans Bulletin de l’Académie royale de langue et de littérature française, t. LXXVI, n°  1, 1998, p. 206.

23 Ibid., p. 200.

24 Stevo (Jean), «  Entretien avec Michel de Ghelderode  », dans Synthèse, n°  94, 1954, p. 59-69.

25 «  Dans le building de notre radio nationale. Les Allemands ont laissé intactes toutes les traces de Kollaboration  », La Dernière Heure, 21 octobre 1944, p. 1.

26 PV n°  121 du CP de l’inr, 17 avril 1950, annexe «  Note au Conseil de gestion  », 11/04/1950.

27 Rase (Céline), Interférences…, op. cit., p. 92.

28 ceges, AA 1297 657/5, Commission d’enquête, Sentence en cause de Franz Weyergans, 28 septembre 1945.

29 Lacour (José-André), Le Châtiment des victimes, Paris, Julliard, 1949.

30 Sartre (Jean-Paul), «  Qu’est-ce que la littérature  ?  », in Situations III  : Littérature et engagement. Février 1947-avril 1949, Paris, Gallimard, 2013 [1949], p. 232-233.

31 Le Gueux (Simon), Folle de son âme… Modeste contribution à la chronique de nos années de grâce, Anvers, Éditions de la Première Heure, 1947, p. 79.

32 Ibid., p. 34.

33 Lettre de Michel de Ghelderode à Louis De Winter, 3 février 1945, in Beyen (Roland), Correspondance de Michel de Ghelderode…, p. 309.

34 Marceau (Félicien), Les Années courtes, Paris, Gallimard, 1968, p. 342.

35 Voir Fréché (Bibiane), «  L’épuration des Lettres en Belgique francophone  », dans Textyles, n°  31, 2007, p. 75-84.

36 Archives de l’arb, dossier 001827, Lettre du Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique Sélys Longchamps aux membres de l’Académie, 17 octobre 1944.

37 V. (F.), «  Chez les écrivains belges  », dans La Cité Nouvelle, 19 octobre 1946, p. 2.

38 Eck (Hélène), dir., La Guerre des ondes  : histoire des radios de langue française pendant la Deuxième Guerre mondiale, Paris, Colin, 1985.

39 Clausse (Roger), La Radio, huitième art, Bruxelles, Lebègue, 1945, p. 84.

40 Rase (Céline), «  Les ondes en uniforme. La propagande radiophonique allemande en Belgique occupée (1940-1944)  », dans Cahiers d’histoire du Temps présent, n°  23, 2011, p. 123-160.

41 Ganshof Van der Meersch (Walter), Réflexions sur la répression des crimes contre la sûreté extérieure de l’État belge. Discours prononcé à l’Audience solennelle du 17 septembre 1946 et dont la Cour a ordonné impression, Bruxelles, Bruylant, 1946, p. 19.

42 Lasswell (Harold D.), Propaganda Technique in World War I, New York, P. Smith, 1937 [1927].

43 Ainsi naît, en 1946, sous une coprésidence franco-soviétique, l’Organisation internationale de Radiodiffusion  : la radio est conçue comme pouvant servir la reconstruction de l’Europe en favorisant chez les auditeurs la conscience d’une identité élargie au-delà de leur communauté nationale. Mais rapidement, la dégradation de la situation politique dans le cadre de la guerre froide érode les ambitions de paix radiophonique. Les États membres de l’ouest de l’Europe font sécession pour fonder l’Union Européenne de Radio-télévision (UER), tandis que les États de l’Est s’exilent à Prague pour constituer l’Organisation Internationale de Radiodiffusion et Télévision (oirt). Une nouvelle guerre des ondes commence alors.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Céline Rase, « «  Du venin dans les plumes  » »Textyles, 65 | 2023, 57-68.

Référence électronique

Céline Rase, « «  Du venin dans les plumes  » »Textyles [En ligne], 65 | 2023, mis en ligne le 31 décembre 2023, consulté le 06 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/6485 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.6485

Haut de page

Auteur

Céline Rase

Université de Namur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search