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Andrei (Carmen), Réflexions sur l’identité, la culture et la littérature belges

Paris, L’Harmattan, 2022.
Paul Aron
p. 161-162
Référence(s) :

Andrei (Carmen), Réflexions sur l’identité, la culture et la littérature belges, Paris, L’Harmattan, 2022.

Texte intégral

1Professeure à l’Université Dunărea de Jos à Galați (Roumanie), Carmen Andrei livre dans ce volume une série d’études sur l’originalité de la vie culturelle et littéraire belge francophone. Une dédicace émouvante à Michel Otten, décédé en mai 2023, nomme le «  passeur  » de ce corpus et fait comprendre l’attention portée à la «  lecture  » attentive des œuvres. Comme souvent dans ce genre d’ouvrage, il s’agit ici de rassembler nombre d’études déjà publiées, certaines de manière confidentielle, qui ont été plus ou moins remaniées pour l’occasion  : la chercheuse donne ainsi un sens nouveau à des travaux entrepris depuis 2007. Généralement présentés lors de colloques ou dans des rencontres internationales et à destination d’un public étranger, ceux-ci font évidemment référence à des ouvrages ou à des articles bien connus par les lecteurs de Textyles. Tout en soulignant la bonne tenue de l’ensemble, il est peu utile de reprendre ici ce qui résulte d’un travail de synthèse. C’est pourquoi je me bornerai à pointer, au fil de la lecture, les passages qui m’ont paru les plus originaux et les plus stimulants pour notre champ de recherches. Très intéressante est ainsi la brève enquête sur le mot «  belgitude  » sur la toile, qui navigue entre 100 000 références… en 2011. Le terme a alors tous les sens et leurs contraires, de l’éclairage des autoroutes aux 24 heures vélo de Louvain-la-Neuve  ! Carmen Andrei met en évidence quatre significations, du dérisoire au patriotisme et de l’imaginaire débridé à l’indolence souriante (sic).

2Une partie de l’œuvre de Lemonnier est analysée dans les termes proposés par Georges Bataille dans La Littérature et le Mal. Un Mâle et L’Hallali seraient ainsi des romans articulés autour des thèmes de la souveraineté et de la transgression. Cachaprès est en effet un personnage singulier, au-delà des lois et des normes, qui tire son bien autant que sa jouissance de la chasse et de la prédation. Même si le rapprochement aurait gagné à être prolongé dans d’autres œuvres, il est suggestif. Une analyse nietzschéenne de Lemonnier serait un beau sujet de thèse (note personnelle, PA).

3Une brève analyse de la poétique d’Achille Chavée donne l’occasion à l’auteure de préciser l’humour noir qu’il pratique dans ses aphorismes (p.  112). Elle y repère plusieurs procédés de bouleversement du langage, par la déformation des proverbes, le déplacement des mots, la revalorisation d’expressions figées, les jeux sur la polysémie et l’homophonie, et un remaniement des clichés. Autre poète traité  : François Jacqmin, dont la «  poétique du peu  » est définie autant comme un refus de l’institution littéraire que comme le rejet d’une croyance dans les pouvoirs de la poésie elle-même. En misant sur l’illisible, le poète creuse ce qu’il nomme sa «  crevasse  ».

4Auteur moins souvent abordé par la critique, Paul Emond fait l’objet d’une approche qui prolonge celle qu’avait proposée Michel Otten. Ce sont ici les réflexions de la traductrice de la Danse du fumiste qui retiennent l’attention. Comment adapter les jeux polysémiques d’un écrivain qui joue avec le nom d’un nettoyeur de cheminées qui est aussi celui d’un mouvement littéraire  ? Qui dans le pigeon voit la dupe autant que l’oiseau  ? Ou qui mêle sciemment la main au feu et les mains propres  ? Qui confond les genres et les références  ? L’article se conclut par une double référence, à Emond et à Borgès, sur la littérature comme une «  forme de bonheur  ». Même si le lien avec l’identitaire est parfois un peu lâche, l’ouvrage, on le voit, comporte de nombreux aperçus originaux qui devraient intéresser tous ceux qui travaillent sur les auteurs belges francophones.

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Pour citer cet article

Référence papier

Paul Aron, « Andrei (Carmen), Réflexions sur l’identité, la culture et la littérature belges »Textyles, 64 | 2023, 161-162.

Référence électronique

Paul Aron, « Andrei (Carmen), Réflexions sur l’identité, la culture et la littérature belges »Textyles [En ligne], 64 | 2023, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 11 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/6374 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.6374

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Auteur

Paul Aron

Université libre de Bruxelles

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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