Entre-deux, van twee kanten : la posture intrabelge de Caroline Lamarche
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- 1 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », dans Van Istendael (Geert), dir., Ah !, n° 12 (...)
1En 2011, alors que la Belgique battait le record mondial du nombre de jours sans gouvernement, la revue Ah ! de l’Université libre de Bruxelles publiait un numéro thématique, Ah ces Flamands !, censé offrir une image plus favorable de la Flandre au lectorat francophone. En plus de textes traduits d’auteurs flamands renommés et de diverses figures culturelles, ce numéro comportait les contributions de deux Belges francophones : Jacques De Decker et Caroline Lamarche. Dans « La construction du désir », cette dernière alignait quelques brefs paragraphes consacrés à ses récentes activités transfrontalières : sa participation à des événements bilingues à la maison des littératures Passa Porta, ses contacts avec des auteurs flamands, sa correspondance sur la crise gouvernementale, ses observations concernant la frontière linguistique à Renaix et Overijse, sa lecture de la littérature flamande en langue originale ou non… Elle affirme l’espoir que cette liste « aidera le lecteur à prendre mesure de l’amitié et de l’intérêt de la Flandre à notre égard1 ».
- 2 Meizoz (Jérôme), Postures littéraires : mises en scène modernes de l’auteur : essai, Genève, Sla (...)
- 3 Ibid., p. 16.
- 4 Ibid., p. 25.
- 5 Gonne (Maud) et Meylaerts (Reine), « Introduction », dans Gonne (Maud), Merrigan (Klaartje), Mey (...)
- 6 Ibid., p. 14.
2Dans « La construction du désir », Lamarche décrit ses rapports avec la Flandre, et adopte un profil de figure frontalière, de médiatrice à l’égard de l’autre communauté en période de heurts. Nous pouvons défendre l’hypothèse selon laquelle ce texte contribue à la posture intrabelge de Lamarche. Sous ce terme de posture, le sociologue de la littérature Jérôme Meizoz entend les « actes énonciatifs et institutionnels complexes, par lesquels une voix et une figure se font reconnaître dans le champ littéraire2 », ou encore une « façon d’occuper une position dans le champ3 ». S’il existe, selon Meizoz, diverses « familles posturales » telles que celles de « l’écrivain-citoyen », du « génie malheureux » ou de l’« indigent vertueux », nous serions tenté d’y ajouter celle des passeurs de frontières4. En Belgique, on parlera dès lors de posture intrabelge lorsqu’un auteur participe activement au dialogue entre les communautés linguistiques et qu’il opère le lien entre les sphères flamande et francophone de la littérature belge, par le biais de diverses formes de transfert culturel. Ce terme générique « renvoie au processus transformateur et multidirectionnel d’échange (verbal ou non-verbal) au sein d’une même culture ou entre des cultures différentes, et qui nécessite la présence d’un médiateur5 ». L’étude des transferts culturels a donc pour objet l’ensemble des « espaces socioculturels6 » ; la traduction littéraire y joue un rôle aux côtés d’autres activités de transfert, telles que les événements littéraires bilingues, les publications multilingues, les numéros thématiques, les interviews, les débats, les échanges épistolaires, les résidences et les collaborations d’artistes.
- 7 Meizoz (Jérôme), « Ce que l’on fait dire au silence. Posture, ethos, image d’auteur », dans Boko (...)
- 8 Meizoz (Jérôme), « Ce que l’on fait dire au silence », op. cit.
- 9 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit.
3Meizoz entrevoit deux dimensions à la posture de l’écrivain. D’une part, la dimension actionnelle, qui comprend la conduite sociale de l’écrivain en tant que personne, ainsi que sa conduite institutionnelle en tant qu’auteur7. C’est dans cette dimension que s’inscrivent les activités transfrontalières énumérées par Caroline Lamarche, dimension que je propose de mettre ici en lumière par l’analyse de sa conduite institutionnelle à travers sa participation aux événements littéraires et ses stratégies de publication. Par stratégie, j’entends les choix qu’elle opère en matière de genre littéraire et de support (poème pour une anthologie, essai destiné au catalogue d’une exposition, document radiophonique), de langue (français, néerlandais, texte bilingue ou multilingue), de lieu de publication (France, Belgique, Pays-Bas). Meizoz distingue d’autre part une dimension discursive, définie comme l’image que l’écrivain crée de lui-même dans le texte, en tant qu’inscripteur. Meizoz considère cette posture comme équivalente au concept d’ethos de Dominique Maingueneau8, terme que nous privilégierons dans cet article. Maingueneau fait à son tour la distinction entre ethos dit, à savoir l’image discursive suscitée par les représentations que l’inscripteur crée de lui-même, et ethos montré : l’image discursive qui résulte par exemple du ton et du style. Dans « La construction du désir », il s’agit de la représentation qu’offre Lamarche de sa relation à la Flandre en tant que « patiente construction et histoire de désir9 », et de la mise en scène, en tant que texte littéraire, de ses multiples activités et contacts transfrontaliers. Vu le cadre restreint de cet article, l’objet de mon étude se limitera à l’ethos dit : les représentations de soi de l’inscripteur, la narratrice autodiégétique « Caroline Lamarche » en tant que passeuse de frontière dans quelques textes autobiographiques et enfin les métaphores auxquelles elle recourt pour parler des rapports intrabelges : « entre-deux », « désir », « mariage » ou « patinage ».
- 10 Meizoz (Jérôme), Postures littéraires, op. cit., p. 83.
- 11 Je retrace ici son parcours dans les grandes lignes. Un panorama chronologique exhaustif de ses (...)
- 12 Meizoz (Jérôme), Postures littéraires, op. cit., p. 23.
4La posture est un processus collectif et interactif10 : d’autres acteurs, tels que les traducteurs, les revues littéraires et les institutions culturelles participent à la représentation consciente ou inconsciente que Lamarche crée d’elle-même en tant que passeuse de frontière. Recréer son parcours transfrontalier fournit un aperçu de l’échange littéraire intrabelge au xxie siècle. Sa démarche est représentative de cet échange en raison de son implication dans nombre d’initiatives intrabelges et des contacts qu’elle entretient avec les principaux acteurs depuis la tournée Saint-Amour en 199811. À ceci s’ajoute le caractère dynamique – la posture évolue au cours du temps – et multiple de la posture : un auteur est présent simultanément sur des plans différents, s’affirmant de diverses manières selon le contexte et le public. Enfin, notons le caractère relationnel de ce concept : la posture de Lamarche ne prend tout son sens qu’une fois mise en rapport avec d’autres postures au sein de son œuvre (féministe, écologique, interartistique, etc.). Posture actionnelle et ethos sont également corrélés12.
Posture actionnelle : l’activité transfrontalière
5Les nombreux événements littéraires transfrontaliers auxquels prend part Lamarche depuis 1998 revêtent des formes variées : festivals littéraires, présentations de livres, hommages, débats, promenades littéraires, résidences, projets interartistiques… Ces événements ont le plus souvent lieu à Bruxelles et à Anvers. À Bruxelles, les principaux acteurs sont des institutions multilingues : la maison internationale des littératures Passa Porta et le centre culturel Bozar. À Anvers, les événements littéraires organisés par le kunstencentrum voor literatuur, c’est-à-dire le « centre d’art littéraire », Behoud de Begeerte jouent un rôle essentiel, aux côtés d’un réseau composite d’initiatives gravitant autour de la revue Deus Ex Machina, du service municipal Antwerpen Boekenstad et de l’association d’écrivains PEN Vlaanderen. Bruxelles, le multilinguisme, l’Europe, l’identité belge et les échanges littéraires intrabelges forment des thématiques récurrentes de ces événements. Lamarche y partage le podium avec des écrivains flamands tels que Stefan Hertmans, David Van Reybrouck, Bart Moeyaert, Geert Van Istendael et Hilde Keteleer. Ces rencontres débouchent généralement sur des publications bilingues et sur des traductions. Quelques exemples de ces rencontres retiendront ici notre attention.
- 13 Demeester (Ann), « Le Saint-Amour nouveau est arrivé. Minifestival gaat over de taalgrens om “li (...)
- 14 Aerts (Frans), « Schrijven tussen droom en werkelijkheid: Een gesprek met de Waalse schrijfster (...)
6L’édition bilingue de la tournée littéraire Saint-Amour en 1998 constitue la première participation intrabelge de Lamarche. Behoud de Begeerte invite des auteurs francophones, parmi lesquels Pierre Mertens, Jean-Luc Outers et Carl Norac, à rejoindre des écrivains flamands tels que Hugo Claus, Leonard Nolens et Kristien Hemmerechts pour une tournée des théâtres aussi bien en Flandre et à Bruxelles qu’en Wallonie. Ensemble, ils partagent la scène et déclament chacun dans leur langue des textes consacrés à l’amour, dont la traduction apparaît simultanément à l’écran13. Lamarche fera souvent mention de l’événement dans ses propres textes ou lors d’interviews ; les noms de Claus, Nolens et Hemmerechts reviendront tour à tour sous sa plume. Inversement, il s’agit aussi pour la Flandre d’un premier contact avec Lamarche. La presse flamande parle d’elle (ainsi que de Carl Norac) comme de « la révélation de la soirée ». Le quotidien De Morgen lui demande aussitôt une interview14.
- 15 Bellon (Michael) « Praat achteraf: Passa Porta liet schrijvers debatteren over nationalisme », d (...)
- 16 Hofstede (Rokus), « Caroline Lamarche, ‘Het einde van de bijen’ (fragment) », dans Hof/Haan, htt (...)
7Au fil du temps, Lamarche renouvelle sa participation aux rencontres bilingues de Passa Porta, avec laquelle elle entretient un lien privilégié. Elle y a d’ailleurs animé un club de lecture (2018-2019) et est membre de l’assemblée générale. Elle constitue une valeur sûre du Passa Porta Festival, l’occasion pour les écrivains des deux communautés de se côtoyer dans le cadre d’échanges littéraires internationaux au sein de la capitale européenne. Elle participe en outre souvent aux soirées thématiques de Passa Porta, ou à des débats bilingues consacrés par exemple au nationalisme (« To belge or not to belge ») et au multilinguisme à Bruxelles (« Babeler Bruxel babbelen15 »). Enfin, en 2016, elle y assiste à l’atelier de traduction « Found in Translation », animé par son traducteur de l’époque, Rokus Hofstede, et consacré à la traduction en néerlandais d’un extrait de son roman alors en cours d’élaboration, La Fin des abeilles16.
- 17 Vanacker (Hans), « La littérature belge d’expression néerlandaise dans ses plus beaux atours », (...)
- 18 « Flirt #1 – David Van Reybrouck × Caroline Lamarche », https://flirtflamand.be/programma/flirt- (...)
- 19 « Les Voix de l’eau | Caroline Lamarche David Van Reybrouck », https://www.theatrenational.be/fr (...)
8Parmi les liens d’amitié qu’elle entretient avec divers écrivains flamands de renom, citons David Van Reybrouck. Ainsi, lors de la première édition en 2019 de Flirt flamand, une initiative intrabelge lancée par la Foire du Livre, Literatuur Vlaanderen et Passa Porta, Lamarche nous parle de son « livre flamand préféré » aux côtés de Véronique Bergen et de Caroline De Mulder. Elle choisit Zinc de Van Reybrouck : l’histoire de Moresnet, territoire belge enclavé entre trois frontières17. Deux ans plus tard, c’est avec David Van Reybrouck lui-même qu’elle engage la conversation pour Flirt flamand18. En 2023, en tant que curatrice du festival Mots à défendre au théâtre Wallonie- Bruxelles, elle invite ce même auteur à une soirée littéraire en hommage aux victimes des inondations de l’été 2021 en Wallonie. Lamarche y lit des textes extraits de Toujours l’eau (2021), un album photographique qu’elle a publié avec Françoise Deprez, et Van Reybrouck y récite son poème multilingue « Rain Requiem ». Les lectures sont accompagnées de la projection des photos de riverains prises par Deprez sur la vallée de la Vesdre19. Le plaidoyer des deux auteurs en faveur d’une forme de « Climate justice » illustre la posture écologique de Lamarche, qu’elle combine ici à sa posture intrabelge.
- 20 « Augustus: Belgische auteur Caroline Lamarche in de PEN-flat en De Groene Waterman », https://p (...)
9Notons enfin que Van Reybrouck avait invité Lamarche en résidence au PEN-flat d’Anvers en 2011, l’occasion pour elle de partager une rencontre littéraire à la librairie De Groene Waterman avec l’autrice et traductrice Hilde Keteleer. Pendant le même séjour, Lamarche emboîte le pas à l’artiste Christian Van Haesendonck, qui la guide à travers la ville. La visite lui inspire une série de poèmes sur Anvers, publiés en version bilingue dans le PEN jaarboek de 2011, et en français sur la plateforme Bela de la SACD et de la Scam en 2013. En contrepartie symbolique de son séjour à Anvers, Lamarche fut nommée membre de PEN Vlaanderen en tant qu’autrice belge d’expression française20.
Posture actionnelle : le parcours éditorial (en traduction néerlandaise)
- 21 Interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023.
10La production littéraire de Lamarche se répartit grosso modo entre ce que l’on peut appeler son œuvre romanesque et son œuvre non romanesque. Son œuvre romanesque englobe les romans et recueils de nouvelles publiés chez ses principaux éditeurs Gallimard et les Éditions de Minuit à Paris. Son œuvre non romanesque comprend d’une part les textes qu’elle entend faire publier par des maisons d’édition belges francophones, telles que Les Impressions nouvelles, Tétras Lyre ou Frémok, qui, selon elle, constituent dans ces cas un choix plus pertinent. Et, d’autre part, il comprend des commandes et des textes destinés à diverses revues belges, anthologies, catalogues ou projets de part et d’autre de la frontière linguistique, et représente une source non négligeable de revenus21.
- 22 Lamarche (Caroline), De dag van de hond, Amsterdam, Van Oorschot, 1999. Lamarche (Caroline), Van (...)
- 23 Interview de Rokus Hofstede le 20 janvier 2023, interview de Katelijne De Vuyst le 6 avril 2023. (...)
11Les traductions néerlandaises de l’œuvre romanesque sont publiées aux Pays-Bas. En 1999, Van Oorschot publiait une traduction du Jour du chien et, depuis 2019, des traductions de Nous sommes à la lisière, La Mémoire de l’air, La Nuit l’après-midi et La Fin des abeilles sont parues chez Vleugels22. On s’étonnera des vingt années d’intervalle entre les deux premières traductions, pendant lesquelles Lamarche multipliait les activités transfrontalières et jouissait d’une certaine visibilité dans le champ littéraire. Les deux communautés linguistiques semblent donc hors concours en ce qui concerne le parcours éditorial de son œuvre romanesque, en langue originale ou en traduction : Lamarche est publiée en France et aux Pays-Bas. Les traductions subventionnées par Literatuur Vlaanderen et par la Promotion des Lettres forment toutefois quelques exceptions, de même que ses traducteurs Rokus Hofstede, Néerlandais établi à Bruxelles, et la Flamande Katelijne De Vuyst. Ces deux traducteurs opèrent en outre le lien entre œuvre romanesque et œuvre non romanesque en néerlandais, puisqu’ils traduisent à la fois ses romans pour les éditeurs néerlandais et la plupart des autres écrits à la demande de Lamarche elle-même23.
12France et Pays-Bas jouent en revanche un rôle quasiment nul dans l’édition du volet non romanesque. Lamarche excelle dans les genres littéraires brefs tels que l’essai, le poème ou la nouvelle, moins en faveur chez Gallimard. Des formats tels que les pièces ou documentaires radiophoniques, les livres d’images ou de photographies, les textes destinés aux catalogues sont précisément ceux où s’exprime aussi l’aspect interartistique de son œuvre. Lamarche est régulièrement approchée par les revues, les journaux, les associations littéraires, les musées ou les groupes d’action : des profils institutionnels aussi divers que variés. Cette catégorie de textes recouvre donc principalement les publications transfrontalières inhérentes à sa posture intrabelge et expressément demandées par les acteurs flamands et bruxellois bilingues. Il s’agit souvent d’écrits publiés à l’occasion d’un événement littéraire bilingue ou d’un projet interartistique.
- 24 Lamarche (Caroline), « Op een bescheiden manier tijdloos », dans Deus Ex Machina, n° 157, André (...)
- 25 Lamarche (Caroline), « Verhaal van een vrachtwagenchauffeur », dans De Gids, vol. 161, n° 7, 199 (...)
- 26 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit., p. 106-111.
13Caroline Lamarche publie auprès de revues flamandes comme Deus Ex Machina, Gierik, Poëziekrant, Rekto : Verso et la version néerlandophone du magazine belge Wilfried. La plupart du temps, il s’agit de traductions de poèmes, de nouvelles ou de textes couplés à un projet interartistique, initialement publiés en français. Il lui arrive cependant de rédiger en français un texte qu’elle fait traduire en vue d’une publication en néerlandais, sans pour autant faire paraître l’original en langue française. Par exemple, un article pour le numéro thématique de Deus Ex Machina consacré à André Baillon en 2016, ou le poème « Traagheid » destiné à Poëziekrant à l’occasion du projet littéraire transfrontalier « Festival van de traagheid / Escales de la lenteur » en 202224. En comparaison, les rares extraits traduits dans les revues néerlandaises comme Armada, De Gids et Terras proviennent toujours de son œuvre romanesque25. Lamarche écrit aussi sur les relations intrabelges pour les revues belges francophones Septentrion, Ah ! et Marginales, le plus souvent dans le cadre de numéros thématiques, comme elle le fait pour les revues néerlandophones. Ainsi, Marginales et Ah ! consacrent chacune respectivement un numéro à la Flandre en 2002 et 2011, tandis que la littérature belge francophone fait l’objet d’une livraison de la revue Deus Ex Machina en 2009, et Bruxelles celui d’un numéro de Gierik en 201426.
- 27 Lamarche (Caroline), « De dood, het leven: De Slachthuizen van Brussel in Kuregem », dans Peeter (...)
- 28 Lamarche (Caroline), « À la fenêtre / Bij het raam », dans Pourveur (Céline) et Pourveur (Paul), (...)
- 29 Lamarche (Caroline), « Chaque soir », dans Dannemark (Francis), éd., Ici on parle flamand & fran (...)
14L’œuvre de Lamarche est quelquefois aussi reprise dans des anthologies thématiques unilingues (en français) ou bilingues, ou même publiées dans les deux langues séparément. Il s’agit notamment de contributions originales relatives à des événements littéraires bilingues. La promenade littéraire Bloem in Brussel / Bloum à Bruxelles, organisée par Het Beschrijf en 1999, forme un parfait exemple : au terme de la balade, douze auteurs flamands et douze francophones étaient invités à livrer leurs impressions par le détour d’un court texte littéraire. L’ensemble de leurs écrits a été ensuite publié en français et en néerlandais dans deux volumes distincts27. L’anthologie bilingue Verstolen werelden / Intérieurs secrets (2022), couplée à l’exposition de Céline et Paul Pourveur, réunit les postures intrabelge, féministe et interartistique de Lamarche. Vingt autrices flamandes et francophones y commentent chacune une photo de femme à la fenêtre, pour un total de vingt photos prises par des femmes photographes en tant que commentaire sur ce motif récurrent du XIXe siècle28. Enfin, bien que moins connue comme poétesse, Lamarche figure dans deux anthologies poétiques transfrontalières : Ici on parle flamand & français de Francis Dannemark (2005), où poètes belges néerlandophones et francophones sont publiés côte à côte en langue française, et Ceci n’est pas une poésie (2005), ouvrage de Benno Barnard, Werner Lambersy et Paul Dirkx qui ne reprend certes que des poètes belges d’expression française, mais publiés dans les deux langues29.
- 30 Lamarche (Caroline) et Olyff (Clotilde), Stad van letters, cahier X, Anvers, ABC2004, 2005. Lama (...)
- 31 Keteleer (Hilde) et Lamarche (Caroline), Twee vrouwen van twee kanten / Entre-deux, Liège, Le Fr (...)
- 32 Lamarche (Caroline) et Deprez (Françoise), Toujours l’eau, Tavier, Le Caïd, 2021
- 33 Certains catalogues sont multilingues, d’autres consistent en plusieurs éditions unilingues. Je (...)
15Ces anthologies mettent assez en lumière la diversité des supports et des langues qui caractérisent l’œuvre de Lamarche, souvent dans le cadre d’événements littéraires ou interdisciplinaires. En 2004 encore, comme Anvers avait été désignée Capitale mondiale du livre, elle élaborait avec la typographe Clotilde Olyff un projet interartistique autour de la lettre X, publié en version bilingue sous le titre Stad van letters, cahier X (2005). D’autres exemples confirment cette diversité, comme sa participation au sein au numéro unique de Frontières / Grenzen / Borders de la journaliste France Guwy pour Passa Porta, sous la forme d’un échange épistolaire avec l’écrivain flamand Bart Moeyaert, ou sa nouvelle Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour / We waren nog niet uitgepraat over de liefde (2022) écrit dans le cadre d’Europalia Train & Tracks Festival coorganisé par Behoud de Begeerte30. Lamarche est rarement à l’initiative de projets littéraires, à l’exception du recueil de poésie bilingue au titre programmatique Twee vrouwen van twee kanten / Entre-deux qu’elle a publié avec Hilde Keteleer en 2003. Les poèmes de Lamarche y sont traduits par Keteleer et ceux de Keteleer par Frans De Haes31. L’ouvrage bilingue est paru grâce à un petit éditeur liégeois, Le Fram. Toujours l’eau (2021), son album photographique coédité avec Françoise Deprez, a lui aussi été publié par un éditeur local. L’avant-propos, qui fait ressortir la solidarité de particuliers flamands envers les victimes, est publié dans les deux langues, et les traductions des témoignages sont reprises en annexe32. Enfin, parmi les publications multilingues, soulignons le statut particulier du catalogue d’exposition. Lamarche a contribué à nombre d’entre eux pour Bozar (Jef Wall, Michaël Borremans, Hugo Claus), le Fotomuseum d’Anvers (Cédric Gerbehaye), la Centrale (BXL Universel) et le Bam (Anto-Carte), etc. Grâce à la politique bilingue ou multilingue de ces musées, Lamarche franchit une nouvelle fois la frontière linguistique33.
- 34 Lamarche (Caroline) « Ver van het kleine paradijs », Bruxelles, deBuren, coll. Radioboeken, 2008 (...)
- 35 Interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023. Lamarche (Caroline), « L’autre langue », https: (...)
16Un type de publication mérite un détour : les documentaires et fictions radiophoniques. L’association culturelle flamande et néerlandaise deBuren à Bruxelles invite Lamarche à deux reprises. En 2008, dans le cadre de la série « Radioboeken », elle enregistre tout d’abord la nouvelle « Loin du petit paradis », plus tard intégrée au recueil Nous sommes à la lisière (2019). Elle assure elle-même l’enregistrement en langue française et la version néerlandaise est confiée à l’actrice flamande Iris Van Cauwenbergh. Sa seconde contribution, une évocation de la ville de Charleroi, s’inscrit dans la série radiophonique « Citybooks », et fait également l’objet de prises dans les deux langues, dans le cadre du projet de traduction « Traduction littéraire : collaborer pour communiquer », organisé par la Hogeschool Gent et l’Université de Mons34. Autre projet, en 2002 : France Culture et la RTBF lui commandent un docufiction. Lamarche produit « L’autre langue », une fiction autobiographique bilingue sur une francophone qui veut apprendre le néerlandais afin de pouvoir lire les textes du poète flamand Leonard Nolens. Une production de l’ACSR en collaboration avec Edwin Brys et Johan Roekens de la VRT. Les auteurs flamands Hilde Keteleer et Leonard Nolens sont aussi de la partie, ainsi que son professeur de néerlandais Jacques Van Tongerloo et un autre élève, le Bruxellois d’origine albanaise, Skender Feizula. En deux mots : une véritable expérience intrabelge35.
- 36 Interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023.
17Depuis la tournée Saint-Amour en 1998, les activités et publications transfrontalières de l’autrice résultent le plus souvent de demandes émanant de diverses institutions culturelles flamandes et bilingues. La Belgique francophone et Lamarche elle-même sont moins souvent à l’origine de ces initiatives36. On peut toutefois parler d’un effet boule de neige : appelée de plus en plus régulièrement à effectuer ce type de prestation, elle finit par incarner la figure littéraire transfrontalière par excellence. De plus, la politique éditoriale multilingue des musées et les projets interdisciplinaires auxquels elle prend part favorisent un rapprochement fructueux de ses postures intrabelge et interartistique. Curieusement, ce sont surtout ses œuvres littéraires les plus brèves qui franchissent la frontière linguistique ; la traduction de l’œuvre romanesque, quant à elle, progresse lentement (Le Jour du chien constituait le seul roman traduit début 2019).
Ethos dit : ses propos sur la Belgique
- 37 Maingueneau (Dominique). Le Discours littéraire : paratopie et scène d'énonciation, Paris, Arman (...)
18Après avoir examiné la posture actionnelle de Lamarche à travers ses stratégies de publication et divers événements, j’approfondirai brièvement sa posture discursive, ou ethos dit, par l’analyse de ses propos sur les relations intrabelges et des métaphores employées. Seule son œuvre non romanesque se révèle ici pertinente, et plus précisément les pages consacrées à la frontière linguistique, à Bruxelles, au multilinguisme, aux auteurs flamands ou à ses tentatives d’apprendre le néerlandais. Il s’agit le plus souvent de textes produits à la demande d’institutions flamandes ou bilingues. Outre les essais et les interviews, beaucoup de récits autobiographiques mettent en scène une narratrice autodiégétique dont la vie présente de fortes similitudes avec celle de Lamarche. En d’autres termes, il devient ici impossible de distinguer l’inscripteur de l’écrivain ou de la personne Lamarche. Il est donc ici question du régime élocutif dont parle Maingueneau, « dans lequel “l’inscripteur”, “l’écrivain” et “la personne”, conjointement mobilisés, glissent l’un sur l’autre37 ». Pareils écrits contribuent eux aussi, en plus des publications et événements transfrontaliers, à l’image de passeur de frontière que le lecteur se fait de Lamarche.
- 38 Lamarche (Caroline), Nous sommes à la lisière, Paris, Gallimard, 2019, p. 111. Lamarche (Carolin (...)
19Si l’ethos intrabelge est à peu près absent de son œuvre romanesque, une évolution y est pourtant perceptible. Dans la maison un grand cerf (2017) fait intervenir l’œuvre de l’artiste flamande Berlinde De Bruyckere, la nouvelle « Horatio » dans Nous sommes à la lisière (2019) parle de Bruxelles comme d’« une ville de compromis qui cultive le chaos », et, dans un chapitre de La Fin des abeilles (2022), Lamarche rapporte sa visite d’Anvers et de l’église Onze-Lieve-Vrouwe-Ter-Sneeuw (Notre-Dame des Neiges), d’après un poème écrit pendant sa résidence en 201138. Les lecteurs français et néerlandais, probablement moins familiers de l’œuvre non romanesque de Lamarche, ne peuvent soupçonner son ethos intrabelge. Cette posture échappe tout autant aux lecteurs belges – flamands ou francophones – qui se bornent à lire ses romans et recueils de nouvelles.
- 39 Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », op. cit., p. 165. Lamarche (Caroline), « De o (...)
- 40 Lamarche (Caroline), « Sentir le vent du nord », dans Septentrion, vol. 36, n° 1, 2007, p. 97.
- 41 Lamarche (Caroline), « L’autre langue », op. cit., p. 23.
20Arrivée en Belgique après avoir passé sa jeunesse en France et en Espagne, Lamarche déclare ne rien connaître alors de son pays d’origine. Elle a grandi avec « le mythe révolu d’une Belgique unie », ignorant tout de l’histoire et des problèmes politiques belges, ce qui la conduira à « une forme d’oscillation identitaire » et « à la recherche constante d’un chez soi39 ». Sa relation à la Belgique se révèle ambivalente dès le début en raison de la complexité des rapports politiques et linguistiques qu’entretiennent les deux communautés, et de l’emprise culturelle qu’exerce la France voisine, où elle a reçu son éducation. Cette ambivalence s’exprime dans ses textes de façon récurrente. D’où l’idée d’« entre-deux qui nous sépare et nous réunit40 », et la réflexion tirée d’une version préalable de sa fiction radiophonique « L’autre langue », où elle dénonce le mépris que suscitent les variantes belges des langues française et néerlandaise : « Il y a donc deux langues qui n’en sont pas, de là ma difficulté à aimer ce pays41. »
- 42 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit.
- 43 Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », op. cit., p. 166-167.
- 44 Lamarche (Caroline), « Een land in snippers », dans Wilfried, n° 3, 2021, p. 95.
- 45 Lamarche (Caroline), « Où il est question de cohabitation dans un lit trop étroit et de patinage (...)
21Afin de mieux comprendre les relations intrabelges, Lamarche introduit des métaphores imprégnées des thématiques les plus représentatives de son œuvre, telles que l’érotisme et l’ambivalence des rapports entre les sexes. Son attitude vis-à-vis de la Flandre et du néerlandais devient « patiente construction et histoire de désir42. » Désir souvent accompagné de frustration. La première version de « L’autre langue » évoque des avances, restées sans réponse, auprès de son professeur de néerlandais. Dans son essai sur Claus, elle se dit trop timide pour séduire ce coryphée flamand qu’elle admire43. Sur un collage que Lamarche joint aux textes « La construction du désir » et « Een land in snippers », une fillette en robe rose fixe la silhouette sombre d’un homme avec un chapeau. L’homme lui tourne le dos et regarde par-dessus une balustrade (la frontière linguistique) un paysage urbain qui ressemble à Bruxelles-Nord, avec une femme nue et, sur un immeuble, un visage provenant d’une peinture de primitifs flamands. Dans le coin supérieur droit, des fragments de textes érotiques en français et néerlandais. Lamarche se projette dans la fillette en rose et compare sa propre perception des relations intrabelges avec la désillusion d’une jeune femme naïve face à la découverte suivante : « le mariage est rarement l’union de deux personnes qui regardent ensemble dans la même direction, mais bien plutôt un contrat de vie commune entre deux parties profondément différentes, et dont les principaux ingrédients sont malentendus et obscurs compromis44 ». Les époux dorment dans un lit trop étroit où chacun ne cesse de se retourner pour y faire sa place, sans pour autant parvenir à divorcer45.
- 46 Lamarche (Caroline), « Mijn positie: Ingewikkeld én interessant », dans Deus Ex Machina, vol. 33 (...)
- 47 Lamarche (Caroline), « Où il est question de cohabitation dans un lit trop étroit et de patinage (...)
- 48 Lamarche (Caroline), « Mijn positie: Ingewikkeld én interessant », op cit., p. 12.
- 49 Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », op. cit., p. 168.
- 50 Lamarche (Caroline), « Où il est question de cohabitation dans un lit trop étroit et de patinage (...)
22Lamarche recherche deux types d’issues à ses questions identitaires en littérature. Quelquefois, se détournant de ces interrogations, elle tient la langue française pour patrie et se réclame d’une « famille spirituelle » d’écrivains plutôt que d’un pays ou d’une communauté46. D’autres fois, elle considère l’hybridité culturelle de la Belgique et les frictions qui en découlent comme source de richesse : « Vivre sur la frontière nous permet de développer inépuisablement notre imagination et nos talents d’organisateurs de chausse-trappes auxquels nous apportons ces réponses rusées et toujours provisoires qui nous distinguent dans le concert des nations47. » Pareille réflexion lui permet aussi de prendre position vis-à-vis de la France : « Vu que je travaille en Belgique, je suis peut-être plus réceptive aux questions d’identité, de transition, de langues, de frontières, et je me sens davantage concernée par l’Europe et la littérature étrangère que si j’étais restée à Paris48. » Ses contacts avec les auteurs flamands jouent ici un rôle prépondérant. L’œuvre de Claus, par exemple, la « soustrait à l’esprit français49 ». Et lorsque Bart Moeyaert lui dédicace son roman Frères « à ma sœur », Lamarche conclut : « Ce jour-là, j’ai été guérie de mon enfance de petite Belge parisienne. Je me suis dit : ils nous envient50. »
- 51 Ibid., p. 76.
- 52 Ibid., p. 75.
- 53 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit., p. 106.
23Enfin, un motif récurrent est celui du décalage entre les incessantes querelles politiques au sujet des questions identitaires et l’entente dont témoignent les habitants de la frontière linguistique et les artistes. Elle compare elle-même son statut d’écrivain à proximité de la frontière au patinage clandestin sur le lac de Genval « où [elle] patine sans fin, d’un côté à l’autre, allègrement51 ». En tant qu’écrivain, elle tâche de se préserver des querelles politiques : « On ne m’ôtera pas de la tête que l’artiste n’est pas soluble dans l’eau trouble des revendications identitaires. Il est assis dans une barque mouvante, cherchant l’équilibre entre les extrêmes. Résistant, il supporte l’inconfort52. » Ne pas céder aux « revendications identitaires » implique aussi de s’intéresser à la diversité linguistique et ethnique qui permet de replacer les relations communautaires dans une perspective plus large et de les relativiser. Cet ethos s’inscrit parfaitement dans la posture actionnelle qui fait de Lamarche une valeur sûre de la maison internationale des littératures Passa Porta. Dans « L’autre langue », elle donne ainsi la parole à Skender Feizula, Albanais tout juste arrivé à Bruxelles qui doit choisir entre une école néerlandophone et un établissement francophone pour ses enfants. Relevons encore ce tableau qu’elle nous offre du métro bruxellois dans « La construction du désir » : « En face de moi, quatre adolescents. Un Marocain, un Turc, une Indienne, une Belge, copains de classe, visiblement. Ils passent du français au néerlandais avec le plus grand naturel53. »
24Si la nature intrabelge de l’ethos dit de Caroline Lamarche renforce sa posture actionnelle, elle la complexifie par la même occasion. Lamarche ne se contente pas de participer à des échanges intrabelges, elle conduit une véritable réflexion à ce propos. Ses textes autobiographiques, écrits à la demande d’institutions flamandes ou bilingues, l’amènent à s’affirmer en tant qu’écrivaine francophone dans un pays multilingue, alors que cette posture est à peu près absente de l’œuvre romanesque publiée en France et aux Pays-Bas. Au contraire du volet romanesque de son œuvre, le volet non romanesque revêt un fort caractère événementiel : il s’agit de textes rédigés en vue d’événements, de conférences, de rencontres littéraires ou artistiques dans un contexte intrabelge. Ses rapports à la Flandre, tels qu’ils ressortent de ses métaphores et des représentations qu’elle crée d’elle-même, ne sont pas exclusivement positifs. Elle parle en effet d’un désir ambivalent : le désir de l’autre s’unit à une conscience aiguë de l’« entre-deux » qui sépare les deux parties. L’emploi métaphorique d’un thème essentiel de son œuvre romanesque pour éclairer les relations intrabelges lui permet en outre d’allier son ethos intrabelge à son ethos féministe. Et cependant, les continuelles frictions de l’« entre-deux » sont ressenties comme source d’enrichissement, et aident Lamarche à prendre position vis-à-vis tant de la domination culturelle française que de la classe politique belge. Enfin, le projet européen et la diversité ethnique de Bruxelles viennent à ses yeux contrer l’opposition binaire entre les communautés linguistiques.
Notes
1 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », dans Van Istendael (Geert), dir., Ah !, n° 12, Ah ces Flamands !, 2011, p. 111.
2 Meizoz (Jérôme), Postures littéraires : mises en scène modernes de l’auteur : essai, Genève, Slatkine, 2007, p. 11.
3 Ibid., p. 16.
4 Ibid., p. 25.
5 Gonne (Maud) et Meylaerts (Reine), « Introduction », dans Gonne (Maud), Merrigan (Klaartje), Meylaerts (Reine) et van Gerwen (Heleen), Transfer thinking in translation studies: Playing with the black box of cultural transfer, Leuven, Leuven University Press, p. 11.
6 Ibid., p. 14.
7 Meizoz (Jérôme), « Ce que l’on fait dire au silence. Posture, ethos, image d’auteur », dans Bokobza Kahan (Michèle) et Amossy (Ruth), dir., Argumentation et analyse du discours, n° 3, Ethos discursif et image d’auteur, 2011, https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/aad/656, consulté le 25 avril 2023.
8 Meizoz (Jérôme), « Ce que l’on fait dire au silence », op. cit.
9 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit.
10 Meizoz (Jérôme), Postures littéraires, op. cit., p. 83.
11 Je retrace ici son parcours dans les grandes lignes. Un panorama chronologique exhaustif de ses multiples activités transfrontalières excéderait le cadre de cet article.
12 Meizoz (Jérôme), Postures littéraires, op. cit., p. 23.
13 Demeester (Ann), « Le Saint-Amour nouveau est arrivé. Minifestival gaat over de taalgrens om “literaire segregatie” tegen te gaan », dans De Morgen, 2 novembre 1998, p. 17. Haubruge (Pascale), « Le défi linguistique de “Saint-Amour” », dans Le Soir, 16 mars 1998, https://www.lesoir.be/art/d19980316-W2ZF6C?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Danytime%26facets%3DIPTC%253A01010000%26sort%3Ddate%2Bdesc%26start%3D710%26word%3DSaint-Amour%2B, consulté le 25 avril 2023. De Ridder (Matthijs), Behoud de Begeerte: Een literaire geschiedenis 1984-2014, Amsterdam, De Bezige Bij, 2014.
14 Aerts (Frans), « Schrijven tussen droom en werkelijkheid: Een gesprek met de Waalse schrijfster Caroline Lamarche », dans De Morgen, 17 décembre 1998, p. 25.
15 Bellon (Michael) « Praat achteraf: Passa Porta liet schrijvers debatteren over nationalisme », dans Bruzz, https://www.bruzz.be/news/praat-achteraf-passa-porta-liet-schrijvers-debatteren-over-nationalisme-2010-12-01, mis en ligne le 12 janvier 2010, consulté le 25 avril 2023. « Babeler Bruxel Babbelen », http://www4.usaintlouis.be/4DACTION/WEB_Agendafiche/311/22953, consulté le 25 avril 2023.
16 Hofstede (Rokus), « Caroline Lamarche, ‘Het einde van de bijen’ (fragment) », dans Hof/Haan, https://www.hofhaan.nl/2016/rokus-hofstede/caroline-lamarche-het-einde-van-de-bijen-fragment/, mis en ligne le 11 avril 2016, consulté le 25 avril 2023. « Passa Porta; vertalers gezocht », dans Expertisecentrum Literair Vertalen, https://literairvertalen.org/nieuws/passa-porta-vertalers-gezocht, mis en ligne le 1er septembre 2016, consulté le 25 avril 2023.
17 Vanacker (Hans), « La littérature belge d’expression néerlandaise dans ses plus beaux atours », dans Les Plats Pays, https://www.les-plats-pays.com/article/la-litt%C3%A9rature-belge-dexpression-n%C3%A9erlandaise-dans-ses-plus-beaux-atours, mis en ligne le 21 mars 2019, consulté le 25 avril 2023.
18 « Flirt #1 – David Van Reybrouck × Caroline Lamarche », https://flirtflamand.be/programma/flirt-1/, consulté le 25 avril 2023.
19 « Les Voix de l’eau | Caroline Lamarche David Van Reybrouck », https://www.theatrenational.be/fr/activities/3030-les-voix-de-l-eau-caroline-lamarche-david-van-reybrouck, consulté le 25 avril 2023.
20 « Augustus: Belgische auteur Caroline Lamarche in de PEN-flat en De Groene Waterman », https://penvlaanderen.be/augustus-belgische-auteur-caroline-lamarche-in-de-pen-flat-en-de-groene-waterman/, mis en ligne le 29 juillet 2011, consulté le 25 avril 2023. Lamarche (Caroline), « Verblijf in Antwerpen, gedichten », dans Theunissen (Jeroen), éd., PEN jaarboek 2011, Berchem, PEN Vlaanderen, 2011, p. 46-57. Interview de Hilde Keteleer le 27 janvier 2023 et interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023.
21 Interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023.
22 Lamarche (Caroline), De dag van de hond, Amsterdam, Van Oorschot, 1999. Lamarche (Caroline), Van dieren en mensen: Novellen, Bleiswijk, Vleugels, 2019. Lamarche (Caroline), Het geheugen van de lucht, Bleiswijk, Vleugels, 2021. Lamarche (Caroline), Het einde van de bijen, Bleiswijk, Vleugels, 2022.
23 Interview de Rokus Hofstede le 20 janvier 2023, interview de Katelijne De Vuyst le 6 avril 2023. Tous deux ont bénéficié d’une aide financière de Literatuur Vlaanderen pour leurs traductions. Pour la traduction de La Fin des abeilles, Vleugels a obtenu des subventions de la Promotion des Lettres.
24 Lamarche (Caroline), « Op een bescheiden manier tijdloos », dans Deus Ex Machina, n° 157, André Baillon, 2016, p. 54-57. Lamarche (Caroline), « Traagheid », Poëziekrant, n° 3, 2022, p. 53-54.
25 Lamarche (Caroline), « Verhaal van een vrachtwagenchauffeur », dans De Gids, vol. 161, n° 7, 1998, p. 518-527. Lamarche, (Caroline), « Een parasolletje op de slagroom », dans Armada, vol. 3, n° 11, 1998, p. 24-32. Lamarche (Caroline), « Nuttige metalen », dans Terras, n° 12, Catacomben, p. 189-190.
26 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit., p. 106-111.
Lamarche (Caroline). « L’autre langue », dans De Decker (Jacques), dir., Marginales, n° 247, Les Fla les Fla les Flamands, p. 23-29. Lamarche (Caroline), « Een zekere vaagheid », dans Gierik, vol. 32, n° 3, 2014, p. 8.
27 Lamarche (Caroline), « De dood, het leven: De Slachthuizen van Brussel in Kuregem », dans Peeters (Koen) & Vanhole (Kamiel), éd., Bloem in Brussel: Literaire wandelingen, Amsterdam, Meulenhoff, 2000, p. 11-24. Lamarche (Caroline), « La mort, la vie », dans Peeters (Koen) & Vanhole (Kamiel), éd., Bloum à Bruxelles : promenades littéraires, Bordeaux, Le Castor astral, coll. Escales du nord, 2000, p. 15-24.
28 Lamarche (Caroline), « À la fenêtre / Bij het raam », dans Pourveur (Céline) et Pourveur (Paul), éd., Verstolen werelden/intérieurs secrets, Anvers, Bebuquin, 2022, p. 104-109.
29 Lamarche (Caroline), « Chaque soir », dans Dannemark (Francis), éd., Ici on parle flamand & français. Une fameuse collection de poèmes belges, Bordeaux, Le Castor astral, coll. Escales du nord, 2005, p. 128. Lamarche (Caroline), « J’ai bien reçu votre lettre / Ik heb uw brief goed ontvangen » et « Miroirs / spiegels », dans Barnard (Benno), Dirkx (Paul) et Lambersy (Werner), éd., Ceci n’est pas une poésie. Een Belgisch-Franstalige anthologie, Amsterdam / Anvers, Atlas, 2005, p. 436-439.
30 Lamarche (Caroline) et Olyff (Clotilde), Stad van letters, cahier X, Anvers, ABC2004, 2005. Lamarche (Caroline) et Moeyaert (Bart), « Lettre à Bart / Brief aan Bart / Letter to Bart » et « Lettre à Caroline / Brief aan Caroline / letter to Caroline », dans Guwy, (France), éd., Frontières / Grenzen / Borders, Bruxelles, Passa Porta, p. 14-27. Lamarche (Caroline), Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour / We waren nog niet uitgepraat over de liefde, Antwerpen, Behoud de Begeerte, 2022.
31 Keteleer (Hilde) et Lamarche (Caroline), Twee vrouwen van twee kanten / Entre-deux, Liège, Le Fram, 2003.
32 Lamarche (Caroline) et Deprez (Françoise), Toujours l’eau, Tavier, Le Caïd, 2021
33 Certains catalogues sont multilingues, d’autres consistent en plusieurs éditions unilingues. Je cite ici quelques-uns de ces catalogues sous leur intitulé néerlandais : Lamarche (Caroline), « Insomnia », dans Proza voor Jef Wall, Bruxelles, Bozar, 2011, p. 10-11. Lamarche (Caroline), « The House of Opportunity », dans Grove (Jeffrey) et Amy (Michael), éd., Michael Borremans: As sweet as it gets, Ostfildern, Hatje Cantz, 2014 p. 112. Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », dans Hugo Claus. Con amore, Tielt, Lannoo, 2018, p. 164-177. Lamarche (Caroline), « De worp », dans Mengoni (Angela), dir., Berlinde de Bruyckere, Bruxelles, Mercatorfonds, 2014, p. 111. Lamarche (Caroline), « Tussen de mensen », dans Cédric Gerbehaye, Marseille, Le Bec en l’air éditions, 2015, p. 10. Lamarche (Caroline), « Variations sur un thème », dans Fol (Carine), éd., BXL universel. Portrait subjectif / Subjectief portrait / Subjective portrait, Bruxelles, CFC Éditions, 2016, p. 78-89. Lamarche (Caroline), « Sneeuw dwarrel neer », dans Laoureux (Denis), éd., Anto-Carte: Hemel en aarde, Gand, Snoeck, 2022, p. 15-21.
34 Lamarche (Caroline) « Ver van het kleine paradijs », Bruxelles, deBuren, coll. Radioboeken, 2008, https://soundcloud.com/deburen-eu/radioboek-caroline-lamarche-ver-van-het-kleine-paradijs?in=deburen-eu/sets/radioboeken, consulté le 25 avril 2023. Lamarche (Caroline), « Immaterieel erfgoed. Een verblijf in het Zwarte Land », Bruxelles, deBuren, coll. Citybooks, 2011, https://soundcloud.com/deburen-eu/citybooks-charleroi-caroline-lamarche-immaterieel-erfgoed-een-verblijf-in-het-zwarte-land?in=deburen-eu/sets/citybooks-nederlands, consulté le 25 avril 2023. deBuren, « citybooks Abdelkader Benali en Caroline Lamarche in vertaalprojecten », https://deburen.eu/magazine/1001/citybooks-abdelkader-benali-en-caroline-lamarche-in-vertaalprojecten, mis en ligne le 15 novembre 2011, consulté le 25 avril 2023.
35 Interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023. Lamarche (Caroline), « L’autre langue », https://carolinelamarche.com/lautre-langue-docu-fiction-caroline-lamarche/, mis en ligne le 30 juin 2022, consulté le 25 avril 2023.
36 Interview de Caroline Lamarche le 17 avril 2023.
37 Maingueneau (Dominique). Le Discours littéraire : paratopie et scène d'énonciation, Paris, Armand Colin, 2004, p. 110.
38 Lamarche (Caroline), Nous sommes à la lisière, Paris, Gallimard, 2019, p. 111. Lamarche (Caroline), « Un séjour à Anvers #1: Onze-Lieve-Vrouw ter Sneeuw », dans Bela, 14 novembre 2013, https://www.bela.be/fiction/un-sejour-anvers-1-onze-lieve-vrouw-ter-sneeuw, mis en ligne le 14 novembre 2013, consulté le 25 avril 2023
39 Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », op. cit., p. 165. Lamarche (Caroline), « De omweg tot jezelf », dans Overeind in Babel. Talen in Europa, Rekkem, Ons erfdeel, 2007, p. 72.
40 Lamarche (Caroline), « Sentir le vent du nord », dans Septentrion, vol. 36, n° 1, 2007, p. 97.
41 Lamarche (Caroline), « L’autre langue », op. cit., p. 23.
42 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit.
43 Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », op. cit., p. 166-167.
44 Lamarche (Caroline), « Een land in snippers », dans Wilfried, n° 3, 2021, p. 95.
45 Lamarche (Caroline), « Où il est question de cohabitation dans un lit trop étroit et de patinage artistique », dans MEET, n° 8, Franchir la frontière, 2011, p. 75.
46 Lamarche (Caroline), « Mijn positie: Ingewikkeld én interessant », dans Deus Ex Machina, vol. 33, n° 128, Een andere taal: Schrijven in Franstalig België, 2009, p. 12-13. Lamarche (Caroline), « De omweg tot jezelf », op. cit., p. 74. Lamarche (Caroline), « Op een bescheiden manier tijdloos », op. cit., p. 55.
47 Lamarche (Caroline), « Où il est question de cohabitation dans un lit trop étroit et de patinage artistique », op. cit., p. 75.
48 Lamarche (Caroline), « Mijn positie: Ingewikkeld én interessant », op cit., p. 12.
49 Lamarche (Caroline), « Die ontzagelijke schaduw », op. cit., p. 168.
50 Lamarche (Caroline), « Où il est question de cohabitation dans un lit trop étroit et de patinage artistique », op. cit., p. 73.
51 Ibid., p. 76.
52 Ibid., p. 75.
53 Lamarche (Caroline), « La construction du désir », op. cit., p. 106.
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Référence papier
Ewoud Goethals, « Entre-deux, van twee kanten : la posture intrabelge de Caroline Lamarche », Textyles, 64 | 2023, 103-118.
Référence électronique
Ewoud Goethals, « Entre-deux, van twee kanten : la posture intrabelge de Caroline Lamarche », Textyles [En ligne], 64 | 2023, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/6324 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.6324
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