La traduction littéraire dans la Belgique du second après-guerre
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1Cet article entend contribuer à une meilleure compréhension de l’organisation et de la définition de la littérature en Belgique, par le biais d’une étude de quelques aspects de l’évolution qui a caractérisé la traduction de textes francophones en néerlandais durant les années 1945-1970. L’étude proprement dite sera précédée d’une description de la position scientifique inhérente au type de recherches dont elle relève, suivie d’une présentation de quelques repères dans l’évolution de la traduction littéraire en Belgique entre le début du xixe siècle et 1940.
Un objet illégitime
- 1 Cette observation vaut également, toutes choses égales par ailleurs, pour les autres disciplines s (...)
- 2 Cf. Paul Dirkx, « In alle talen zwijgen. Wetenschappelijke tradities, vertaalwetenschap en literat (...)
2La sélection d’un objet d’étude impliquant à la fois deux productions littéraires allophones en Belgique est chose assez rare, a fortiori le choix de l’aborder de manière empirique1. Cette lacune dans les études comparatistes européennes est due principalement à l’intériorisation du schéma politique dominant – une Belgique composée essentiellement de deux groupes (ethniques) rivaux – dans le chef du personnel scientifique belge, intériorisation qui fait subir au type d’objet étudié ici une délégitimation qui, ni consciente ni inconsciente, ni calculée ni fortuite, n’en produit pas moins des effets toujours plus sensibles2.
- 3 Voir « Entretien avec Marc Quaghebeur », dans Liber, n° 21-22 (La colère des Belges), mars 1995, p (...)
3En dépit d’un regain d’intérêt relativement récent pour les productions littéraires autochtones en français qui résulte d’une volonté chez certains de reconnaître la complexité particulière de leurs conditions de production3,
- 4 Les travaux de Marc Quaghebeur permettraient d’établir un premier programme de recherche sur ce po (...)
4on ne dispose toujours pas d’études consacrées aux fondements des spécificités discursives de ces conditions4. Il s’avère ainsi que l’analyse scientifique des interférences entre productions allophones, sur laquelle pèse désormais une réforme de l’État qui officialise la pensée identitaire dichotomique à tous les échelons de la société belge, est moins évidente que jamais, et ce dans une zone de l’Europe qui a tout pour faire penser le contraire.
- 5 On consultera, pour plus de détails, José Lambert, « Twenty Years of Literary Translation at the K (...)
5Il fallut attendre la fin des années septante pour voir des chercheurs s’intéresser d’une manière soutenue aux dimensions pluriculturelles de la configuration littéraire en Belgique. Ce fut plus précisément José Lambert à la K.U. Leuven qui ouvrit la voie dans ce domaine, surtout à partir de ses recherches sur la traduction (littéraire)5. Jusque alors, l’activité littéraire en Belgique dans sa complexité et son hétérogénéité spécifiques avait reçu un traitement plutôt essentialiste, voire prescriptif, lié à une conception arrêtée du caractère national ou non national de la « littérature française de Belgique – littérature belge de langue française ». Comme pour l’étude de n’importe quelle autre « littérature », aucune recherche ne tenait compte de ce qu’on serait tenté d’appeler ici la « réduction socio-sémiotique originelle » des textes littéraires, à savoir leur insertion automatique dans un corpus patrimonial (« la littérature française », « la littérature allemande », etc.) fondé, au sein d’un espace littéraire relativement autonome, sur des critères non strictement « littéraires », essentiellement politiques. Ce réflexe mental, méconnu dans ce qu’il a d’arbitraire et d’exclusif et repris par la plupart des discours métalittéraires, fut renforcé, dans le cas de la Belgique, par un besoin spécifique de distinction par rapport à des entités ressenties comme dominantes (l’autre « communauté », la France ou les Pays-Bas, ou le plus souvent les deux à la fois),
- 6 Il s’agit de la théorie du polysystème développée par des chercheurs israéliens à partir des hypot (...)
- 7 Cette conception illustre l’idée fort répandue, y compris en dehors de la communauté scientifique (...)
- 8 Voir, notamment, José Lambert, « De verspreiding van Nederlandse literatuur in Frankrijk : enkele (...)
- 9 Le premier livre consacré (en partie) à un aspect des interactions entre espaces littéraires belge (...)
6La recherche belge n’étant pas prédisposée à développer les instruments nécessaires à l’étude des interactions (littéraires) entre groupes linguistiques, il n’est guère surprenant que le projet de José Lambert cité ci-dessus et portant sur les rapports traductionnels en Belgique se soit inspiré d’un modèle théorique venu de l’étranger6. Dans l’optique globaliste de ce modèle visant à définir un ensemble d’universaux de la littérature, les chercheurs louvanistes considèrent leur pays comme un cas d’étude particulièrement fécond et susceptible de confirmer une série d’« hypothèses de travail » préexistantes7. Les éventuelles spécificités reçoivent un statut scientifique secondaire, en ce qu’elles résulteraient de la stratification particulière d’éléments plus ou moins universels. Ce programme a engendré de nombreux travaux de deuxième et troisième cycle à la K.U. Leuven, donnant lieu à plusieurs publications8. Même si l’effort est considérable, des synergies avec d’autres centres de recherche s’avèrent toutefois nécessaires pour être à même d’explorer, d’un point de vue synchronique et diachronique, un nombre suffisant de secteurs relevant des « systèmes » littéraires en question. Il n’empêche que l’interprétation des interférences discursives dans l’espace (littéraire) belge en termes de traduction, faisant de celle-ci un concept générique désignant toute forme d’adaptation discursive (« translation » dans un sens peirceien), est sans doute susceptible de dynamiser la recherche sur ces interférences. La traduction littéraire au sens strict, l’adaptation (théâtrale), le bilinguisme de nombreux auteurs, les belgicismes et autres dialectalismes, etc. sont autant de phénomènes qui gagneraient à être traités comme interdépendants. En tout cas, il semble clair que le développement de telles recherches, fondées sur les mêmes présupposés méthodologiques ou non, pourrait constituer non seulement un stimulant, mais l’impulsion qui ferait enfin démarrer le comparatisme belgo-belge, toujours quasi inexistant9.
La traduction littéraire en Belgique jusqu’en 1940
- 10 Pour plus de détails concernant ces tendances, voir « De verspreiding van Nederlandse literatuur i (...)
- 11 Cf. Vic Nachtergaele, « La Réception du symbolisme franco-belge en Flandre », dans Œuvres & Critiq (...)
- 12 Voir, entre autres, José Lambert, « L’éternelle question des frontières : littératures nationales (...)
7Il est néanmoins déjà possible de retracer certaines évolutions en matière de traduction littéraire depuis 1800 en se fondant sur les études mentionnées. Au XIXe siècle, quelque 45 % des textes traduits du néerlandais en français étaient publiés en Belgique. L’activité allait se développant au cours de la seconde moitié du siècle. En outre, une part croissante de ces traductions s’écoulait sur le marché belge, surtout au sein du lectorat francophone à Bruxelles et dans ce qui est aujourd’hui la Flandre10. On ne saurait sous-estimer l’intensité de ces échanges qui, du reste, confirme l’image de réseaux littéraires et, plus généralement, culturels francophones et néerlandophones étroitement entremêlés. Jusque vers 1900, il y a lieu de parler d’une vie littéraire (culturelle) partiellement commune11, qui rend problématique le traitement (traditionnellement) séparé des « deux » principales productions littéraires du pays12.
8Quant à la traduction littéraire en sens inverse au xixe siècle, c’est-à-dire du français en néerlandais, les études actuelles ne permettent pas encore d’en présenter les lignes de force. Elles ne donnent qu’une idée partielle du volume des traductions, des relations entre les trajectoires des traducteurs et de la structure du marché. Toutefois, ici aussi, il importe de situer l’objet dans le cadre de contacts plus larges et de voir l’importance des liens multiples et tout sauf superficiels entre les productions allophones. Si les études traductionnelles descriptives ont du mal à s’imposer dans un contexte scientifique difficile, du moins lorsqu’elles concernent la Belgique (cf. supra), elles ont le mérite d’attirer l’attention de l’ensemble des chercheurs en littérature belge sur la complexité socio-sémiotique de leurs objets.
- 13 On se reportera à Reine Meylaerts, art.cit.
- 14 Voir aussi ID., Un Traducteur "belge " : Roger Kervyn de Marcke ten Driessche. Louvain, K.U. Leuve (...)
9Pour ce qui est de l’entre-deux-guerres, cette période est actuellement défrichée par Reine Meylaerts, dont les investigations se concentrent sur certaines parties dominantes de l’espace littéraire francophone, moins bien connues que les avant-gardes. Il s’agit surtout d’analyser le rôle qu’y joue la traduction de textes belges néerlandophones, ceux-ci étant souvent adaptés en français en fonction de « normes » nationales, voire nationalistes belges13. Ce cas montre clairement la pertinence de l’étude des options traductionnelles, aux niveaux micro- et macro-textuel, en tant qu’indices d’évolutions structurelles plus larges14, Il illustre en outre le caractère paradoxal de certaines stratégies de légitimation francophones de l’époque, qui mettent au service d’une identité belge des textes « exotiques » dont on néglige toujours plus la langue et « la » culture d’origine. Enfin, il met en évidence l’affaiblissement des rapports symbiotiques entre certaines zones dominantes des littératures francophone et néerlandophone.
- 15 Anne Geysens, La Traduction comme problème belge. Questions et hypothèses. Louvain, K.U. Leuven (m (...)
- 16 Voir aussi les nuances apportées par Annick Capelle et Reine Meylaerts dans « Interactions littéra (...)
- 17 Il s’agit des listes de traductions reprises dans la Bibliographie de Belgique / Belgische bibliog (...)
- 18 Par exemple, Anne Geysens, op.cit., passim.
10Ce dernier point est corroboré par l’étude d’Anne Geysens portant sur les années 1930-198315. Les chiffres qu’elle donne à partir des listes de la Bibliographie de Belgique /Belgische bibliografie indiquent une diminution considérable du nombre de romans traduits au cours de ce demi-siècle. En 1930, pas moins de 61 % des auteurs francophones, principalement belges, étaient traduits en néerlandais, contre 43 % des auteurs néerlandophones en français. Au début des années 1980, seule une poignée de Belges francophones franchissaient encore la barrière linguistique, avec 25 % de leurs pairs néerlandophones. D’autres statistiques, notamment relatives aux années cinquante, permettent de préciser le rythme de la baisse d’intérêt mutuel. En outre, celle-ci doit être différenciée selon la position du (sous-) genre, tels les genres éminemment florissants en Belgique de la littérature de jeunesse et de la bande dessinée (considérée comme un genre appartenant au « système » littéraire). Mais ces nuances ne contredisent pas l’hypothèse d’une délégitimation progressive, depuis le milieu des années trente, des échanges entre zones littéraires plus ou moins dominantes16. Les quelques bibliographies disponibles en sont autant de preuves supplémentaires17. La conclusion selon laquelle le monde littéraire semble ainsi précéder le monde politique sur la voie de la séparation fédéraliste18 est sans doute un peu hâtive et risque d’évacuer la question de l’intériorisation, dans le chef du le personnel littéraire, de schémas politiques de type fédéraliste avant la lettre.
La traduction de textes belges francophones en néerlandais après 1945
11La délégitimation observée plus haut semble inversement proportionnelle à la légitimation des interactions avec la France, d’une part, avec les Pays-Bas, de l’autre. Afin de mieux comprendre cette corrélation hypothétique, on s’attardera un peu plus longuement sur les années 1945-1970, encore quasi inexplorées et précédant la période d’institutionnalisation massive de la vision politique dominante du pays (cf. supra). Seules les traductions d’œuvres francophones seront prises en considération.
- 19 L’absence de bibliographies spécialisées est un indice du statut particulièrement fragile des trad (...)
12Pour cette période, les données fournies par la Bibliographie de Belgique / Belgische bibliografie, incomplètes en raison de l’instauration tardive (1966) du dépôt légal en Belgique, peuvent être suppléées par la consultation de l’Index translationum publié par l’U.N.E.S.C.O. et de la Bibliographie des écrivains français de Belgique publiée par l’Académie royale de langue et de littérature françaises19. Même si l’ Index translationum repose largement (mais pas uniquement) sur la bibliographie nationale belge et que la bibliographie de l’Académie est assez lacunaire en matière de traductions, ces trois outils permettent d’établir une liste opérationnelle.
13Tout d’abord, le nombre moyen d’ouvrages traduits par an est de 22,4, chiffre qui ne témoigne pas d’une production intense. Certes, le nombre annuel augmente graduellement, allant d’une moyenne de 6,6 titres entre 1945 et 1950 à 54 en 1967. Mais cette augmentation doit être relativisée à la lumière d’une seconde remarque, qui porte sur le type de textes traduits en priorité. En effet, bien qu’aucune des bibliographies consultées n’opère de regroupements génériques ou autres, il convient de distinguer entre ouvrages « légitimes » et « moins légitimes » (ou « littéraires » et « paralittéraires »), tout en soulignant que ces étiquettes n’ont rien d’absolu et que la frontière qu’elles instaurent n’est pas étanche. Or, la proportion d’ouvrages « moins légitimes », issus de genres dominés et traduits par des maisons d’édition hétéronomes, s’accroît presque chaque année pour atteindre le chiffre de 503 titres sur un total de 580, soit 86,7 %. Cette disproportion grandissante au sein du corpus est un indice du désintérêt des maisons dominantes et des producteurs et lecteurs qu’elles représentent pour la production littéraire (légitime) belge en français, et ce en dépit de l’augmentation constatée du nombre de traductions de textes « moins légitimes ».
14Plusieurs autres observations vont dans le sens de cette position peu confortable de la production légitime. Ainsi, les genres dominants, qui n’occupent que 13,3 % du corpus, sont moins bien représentés au fil des années. En outre, la distribution générique – 49 fictions, 18 pièces de théâtre, 6 essais et 4 recueils de poèmes – ne correspond pas à la hiérarchie des genres au sein de la production francophone, où le rapport entre prose et poésie est loin d’être aussi désavantageux à cette dernière. Enfin, les auteurs traduits ne reflètent ni l’« histoire » officielle de la « littérature française de Belgique – littérature belge de langue française », ni l’évolution contemporaine. En ce qui concerne la première, Charles De Coster est très présent avec plusieurs traductions de sa Légende d’Ulenspiegel (14 % des textes en prose), mais il se trouve être le seul prosateur décédé avant 1945, à l’exception d’André Baillon, Tous les autres textes en prose sont à peu près contemporains de leurs traductions. D’une manière générale, la « littérature nationale » de l’après-Jeune Belgique n’est représentée que par Georges Rodenbach (et même pas par Bruges-la-Morte, mais par Le Carillonneur), Émile Verhaeren (un seul recueil de poésie) et Maurice Maeterlinck (un essai et une anthologie). Quant au théâtre, 14 sur 18 pièces ont été écrites entre 1951 et 1963, qui plus est par un dramaturge mineur, Charles Cordier.
- 20 Le champ éditorial néerlandais étant beaucoup moins centralisé que le champ français (ce que confi (...)
15Il faut encore préciser que seule la moitié des textes légitimes ont été traduits par des maisons belges (c’est-à-dire installées uniquement en Belgique). Les quatre recueils de vers et la quasi-totalité des pièces de théâtre en font partie. En revanche, la majeure partie des œuvres en prose ont paru chez des éditeurs hollandais (29 %) ou hollando-belges (28 %). C’est dire que, pour des raisons expliquées plus loin, les maisons belges, essentiellement flamandes, s’intéressent de moins en moins aux genres dominants (à commencer par le plus dominant d’entre eux, le roman). Plus le texte et/ou son auteur sont reconnus, moins on risque d’en retrouver une traduction chez un éditeur belge, ce que souligne d’ailleurs un dernier chiffre : les trois-quarts des traductions de textes d’auteurs belges fixés en France et la plupart du temps identifiés comme Français sont publiées par des éditeurs hollandais ou hollando-belges. Ainsi, Paris et Amsterdam20 fonctionnent, chacun à sa manière – l’un pour la production d’œuvres légitimes, l’autre pour leur traduction –, comme des lieux de production délocalisés. Une situation analogue caractérise le cas inverse de la traduction d’ouvrages néerlandophones en français.
- 21 Cf. Paul Aron, Dirk De Geest, Pierre Halen et Antoon Vanden Braembussche (s.l.d.d.), op.cit., p. 8
- 22 Voir Marc Quaghebeur, « Eléments pour une étude du champ littéraire belge francophone de l’après-g (...)
- 23 Pour un florilège des innombrables variantes de ce doute structural chez les agents littéraires be (...)
- 24 Le premier cas est illustré par André Fernez, le créateur de Nick Jordan (20 traductions entre 196 (...)
16Il reste maintenant à se demander si le désintérêt pour la production légitime a son équivalent pour les genres moins valorisés. Comme il a été dit plus haut, les romans policiers, de science-fiction, etc. prennent une place toujours plus grande au sein du corpus : de 5 unités en 1946, on monte à 31 en 1966 en passant par 21 en 1956. Tout donne à penser que ce succès relatif, qui révèle a contrario une indifférence croissante à l’égard des textes plus « littéraires », est dû principalement au développement général de l’activité éditoriale et traductionnelle, et qu’il ne résulte en rien de stratégies liées à l’origine belge des auteurs. Pendant la guerre, l’embargo culturel et économique avait engendré une dynamique proprement belge dans le secteur du roman commercial, d’abord policier. De nombreux jeunes écrivains étaient alors lancés par des aînés entreprenants, tel Stanislas-André Steeman avec sa collection du « Jury », qui se présentait comme « la première collection d’auteurs belges ». Toutefois, aussitôt la guerre terminée, les choses reprendront très vite leur cours « normal » d’avant 1940, à l’instar de la plupart des autres secteurs littéraires21. Cela signifie, entre autres, que la restauration du pôle d’intérêts parisien oblige à nouveau l’écrivain belge francophone à naviguer entre une identité « belge » et l’identification au modèle français. La légitimation des tendances à la dénégation des origines, qui marque désormais les institutions et les discours dominants22, et l’internationalisation accrue du marché des sous-genres amènent l’auteur de produits déclassés à douter plus que jamais de (l’intérêt à tirer profit de) ses spécificités23. En outre, les éditeurs de romans « paralittéraires « ne mettent généralement pas au centre de leur dispositif de promotion ni l’image de l’auteur, ni, encore moins, sa biographie. Dans de nombreux cas de séries romanesques, l’auteur finit même par disparaître derrière un héros au nom hollywoodien, à moins qu’il ne camoufle lui-même sa propre identité sous un pseudonyme « américain »24.
17Tous ces éléments entraînent un manque de visibilité qui ne favorise pas, en l’occurrence chez l’observateur néerlandophone, la reconnaissance, dans les deux sens du terme, des auteurs belges en tant que tels. Autrement dit, il est permis de penser que les traducteurs et les éditeurs flamands (de l’époque) ne sont guère incités à voir les textes d’écrivains belges, à plus forte raison quand ces derniers sont produits par Paris. Cette conclusion s’applique également à la production relevant des genres reconnus, où l’on retrouve plusieurs des mécanismes de (auto) méconnaissance décrits ci-dessus.
- 25 Sur un total de 197 traductions, seules trois virent le jour en Belgique : une première chez W. Be (...)
- 26 On ignore en effet dans quelle mesure Simenon, durant les années concernées, était réellement cons (...)
18Sans doute s’applique-t-elle jusqu’aux romanciers belges les plus réputés, tels que Georges Simenon. Après la guerre, ce dernier (dont la série des Maigret fournit à elle seule, entre 1951 et 1970, plus d’un tiers du corpus) rêvait toujours d’accéder au statut d’écrivain légitime, malgré une carrière parisienne fulgurante. À cet effet, il accepta même, en 1952, de siéger à l’A.R.L.L.F., institution qu’il ne portait pourtant pas dans son cœur. Mais le père de Maigret n’arriverait plus à se défaire de sa réputation d’auteur de romans faciles. Il continuait d’ailleurs lui-même à offrir l’image d’une usine à romans, qui plus est installée, de 1945 à 1955, au pays du roman et du film noirs, produits très bien diffusés dans la francophonie de l’époque. En raison de cette stratégie ambivalente, mais surtout à cause du poids de ses succès passés, ses livres continuaient d’être traduits à travers le monde dans des collections de moindre prestige. Celles-ci accueillaient même les « romans d’atmosphère » sur lesquels leur auteur fondait de si grands espoirs. Ainsi, l’éditeur néerlandais A.W. Bruna à Utrecht, qui avait le monopole des traductions des « Simenon »25, mélangeait (et mélange toujours) romans psychologiques et romans policiers dans sa fameuse collection de poche « Zwarte Beertjes ». Simenon offre ainsi un exemple complexe, mais non moins typique d’un auteur belge sans doute peu reconnu comme tel à l’époque, diffusé en Belgique francophone par Paris et en Belgique néer – landophone par des éditeurs et des traducteurs néerlandais26.
19Le cas de l’autre auteur à succès présent dans le corpus, Henri Vernes (69 « Bob Morane » entre 1956 et 1970), est différent, mais atteste lui aussi le poids grandissant de la domination éditoriale néerlandaise. S’adressant à un public plus jeune et s’appuyant en partie sur les solides structures de la bande dessinée en Belgique, cet auteur était davantage reconnu comme Belge et pouvait se priver du détour par Paris, où il avait pourtant résidé dans l’immédiat après-guerre. Mais il n’allait pas éviter le pôle éditorial hollandais, qui était en train d’absorber un nombre croissant de maisons flamandes. Déjà vers la fin des années cinquante, quelques-unes d’entre elles (Snoeck à Gand ou les éditions Dupuis à Anvers, qui adaptaient en néerlandais certains livres qu’elles avaient publiés à Marcinelle) durent arrêter leur production de traductions d’auteurs belges francophones, notamment à cause de la concurrence hollandaise. Plus d’un auteur de bestsellers serait désormais traduit aux Pays-Bas, dont Henri Vernes. Depuis 1956, le lecteur néerlandophone avait pu suivre les aventures de Bob Morane grâce à la Zuid-Nederlandse Uitgeverij (Anvers-Amsterdam) ou à la Standaard Boekhandel (Amsterdam). Mais, en 1959, Gérard & C° à Ver – viers, qui éditait la série en version originale dans la collection « Marabout », s’associa avec la maison amstellodamoise J.M. Meulenhoff pour publier les Bob Morane néerlandophones dans la collection « Maraboe-pockets », traductions désormais dues exclusivement à des auteurs d’outre – Moerdijk. En 1961, Meulenhoff fut remplacé par Bruna qui, six ans plus tard, devint l’éditeur unique de Vernes pour la langue néerlandaise. André Fernez connut un destin semblable : le succès aidant, son Nick Jordan allait également se retrouver chez Bruna, dans une collection spéciale portant son nom.
20Le cas d’Henri Vernes illustre bien le fait que l’édition néerlandaise attendit moins longtemps que son homologue française pour partir à la conquête du marché très développé de la fiction juvénile belge. Certains éditeurs flamands, De Schorpioen à Strombeek-Bever près de Bruxelles et W. Beckers à Anvers, tentèrent, semble-t-il, de résister à la concentration progressive de l’activité éditoriale au profit d’entreprises néerlandaises. Ces deux maisons, qui ne faisaient pas appel exclusivement à des traducteurs néerlandais, surent même faire revenir en Belgique l’œuvre de certains auteurs en vogue, notamment celle de Paul Kenny qui, en 1968, quitta Bruna pour De Schorpioen. Mais ces cas n’étaient pas assez nombreux pour renverser la tendance à la formation oligopolistique.
21Cette évolution capitale du marché éditorial néerlandophone, qui s’est poursuivie bien au-delà de 1970, devrait être étudiée à partir du point de vue des éditeurs flamands. Ainsi, de nouvelles recherches devraient établir les raisons pour lesquelles aucun de ces éditeurs n’a pu briser, fût-ce pour quelques « Maigret », le monopole de l’œuvre simenonienne détenu par A.W. Bruna. Pour l’heure, il faut se contenter de l’hypothèse selon laquelle, gênés par leur peu de marge de manœuvre financière, les milieux éditoriaux belges évaluaient mal les possibles que leur offrait encore le marché.
En guise de conclusion
22Cette première étude consacrée aux années 1945-1970 confirme l’hypothèse d’une délégitimation progressive, depuis le milieu des années trente, des échanges traductionnels entre productions littéraires belges. Elle a permis de voir que les zones dominantes ne sont pas seules en cause et que le processus affecte également les (sous-) genres moins reconnus où les écrivains belges francophones parviennent souvent à se distinguer durablement par rapport aux modèles français. Tout donne à penser que, durant ces quelques décennies, la traduction est devenue l’indice principal du désintérêt mutuel croissant.
23Ont également pu être proposés une série de facteurs explicatifs de ce désintérêt. Il s’agit, d’une part, de facteurs structurels : la lente scission de la société belge conjugue ses effets, qui restent à étudier sérieusement, avec ceux produits par le développement du pôle éditorial néerlandais (parisien), accru, dans le cas des auteurs les mieux reconnus, par le poids du pôle parisien (néerlandais). Mais, afin de dépasser une approche qui condamne à voir dans les structures, y compris sémiotiques, les causes exclusives de l’évolution étudiée, il a aussi été question ci-dessus de l’intériorisation de ces structures par les éditeurs, traducteurs, etc. Ceux-ci ont des pratiques qui, inspirées par un certain immobilisme dans le cas du monde éditorial et par une adhésion généralisée aux identités « fortes » que généreraient les modèles français et néerlandais, s’ajustent à une situation qui leur est objectivement défavorable.
- 27 Voir, pour des exemples comparables dans le champ français : Clem Robyns, « The Normative Model of (...)
24L’ensemble de ces remarques devraient trouver leurs homologues dans l’espace des prises de position. L’étude conduit en effet à émettre également l’hypothèse selon laquelle les traducteurs, d’ailleurs toujours moins souvent belges, adaptaient toujours davantage leurs textes aux attentes du public néerlandais, surtout quand ces textes appartenaient aux genres populaires27. On a d’ailleurs vu que la sélection de textes se faisait de moins en moins en fonction d’une histoire spécifique ou d’une reconnaissance de compétences particulières chez les écrivains belges (francophones) en matière de poésie, de fiction pour la jeunesse, de certaines écritures réalistes déclassées, etc. Cette dernière remarque vaut à nouveau surtout pour la littérature populaire, où les textes (ainsi que les producteurs et les traducteurs) sont davantage réifiés et pris dans des circuits internationaux.
25Les analyses textuelles qui permettraient de confirmer ou de corriger ces quelques résultats provisoires devront s’appuyer sur l’étude approfondie des structures des champs impliqués, c’est-à-dire des systèmes différentiels de positions individuelles et institutionnelles, et des systèmes de dispositions des agents. Mais la mise en chantier de ce vaste programme supposerait que soient portés au jour systématiquement les effets d’hêtéronomisation spécifiques produits par le champ politique au sein de la recherche en sciences sociales en Belgique,
Notes
1 Cette observation vaut également, toutes choses égales par ailleurs, pour les autres disciplines scientifiques. Si l’on excepte les travaux socio-psychologiques de Jean-Marie Nuttin dans les années 1960-1970, aucun aspect de la question des groupes linguistiques en Belgique n’a été traité jusqu’ici de manière systématique (voir Albert Verdoodt, Les Problèmes des groupes linguistiques en Belgique [bibliographie]. Louvain, Peeters, coll. Bibliothèque des Cahiers de l’Institut de linguistique de Louvain n° 10, 1977 ; et Id., Bibliographie sur le problème linguistique belge, Québec, Centre international de recherche sur le bilinguisme / International Center for Research on Bilingualism, coll. Publications du Centre international de recherche sur le bilinguisme n° B-121), 1983, ou encore certaines bibliographies spécialisées plus récentes).
2 Cf. Paul Dirkx, « In alle talen zwijgen. Wetenschappelijke tradities, vertaalwetenschap en literatuur in België », dans Dirk Delabastita et Theo Hermans (éd.), Verlalen historisch berien. Tekst, metatekst, theorie. La Haye, Stichting Bibliographia Neerlandica, 1995, pp. 87-99. À ce sujet, une publication récente, regroupant sous une même couverture des contributions relatives à la production francophone et à la production néerlandophone, mérite d’être saluée, non pas au nom de la « différence » ou de quelque autre valeur, mais parce qu’elle permet à chacune des deux communautés de recherche de prendre connaissance de travaux scientifiques portant sur des objets peu reconnus, voire inconnus (Paul Aron, Dirk De Geest, Pierre Halen et Antoon Vanden Braembussche (s.l.d.d.), Leurs Occupations. L’impact de la Seconde Guerre mondiale sur la littérature en Belgique. Bruxelles, Textyles-Crehsgm, 1997).
3 Voir « Entretien avec Marc Quaghebeur », dans Liber, n° 21-22 (La colère des Belges), mars 1995, pp. 18-20 ; et « Une Arche inachevée. Un témoignage de Marc Quaghe – beur sur l’institution littéraire belge depuis 1980 », dans Textyles, n° 13 (Lettres du jour, I), 1996, pp. 137-148.
4 Les travaux de Marc Quaghebeur permettraient d’établir un premier programme de recherche sur ce point important,
5 On consultera, pour plus de détails, José Lambert, « Twenty Years of Literary Translation at the Katholieke Universiteit Leuven », dans Harald Kittel (éd, ), Die literarische Ubersetzung. Stand der Erforsehung. Göttingen, Sonderfurschungsbereich, 1988, pp. 122-138.
6 Il s’agit de la théorie du polysystème développée par des chercheurs israéliens à partir des hypothèses des formalistes russes et de leurs héritiers.
7 Cette conception illustre l’idée fort répandue, y compris en dehors de la communauté scientifique belge, d’une Belgique qui constitue une sorte de laboratoire naturel en tant que « carrefour de l’Europe » (cf. supra). D’une manière générale, le fondateur de la théorie polysystémique, Itamar Even-Zohar, suggère la priorité de certains présupposés théoriques universels sur le réel, lorsqu’il écrit que « [t]he acuteness of heterogeneity in culture is perhaps most "palpable", as it were, in such cases as when a certain society is bi- or multilingual [...] The polysystem theory [...] is designed precisely to deal with such cases, as with the less conspicuous ones » (dans Poetics Today, 11, nr 1 (Polysylem Studies), printemps 1990, pp. 12-13).
8 Voir, notamment, José Lambert, « De verspreiding van Nederlandse literatuur in Frankrijk : enkele beschouwingen », dans Ons Erfdeel, 23, nr 1, janvier-février 1980, pp. 74-86 ; ainsi que Rainier Grutman, « Le bilinguisme littéraire comme relation intersystémique », dans Canadian Review of Comparative Literature / Revue Canadienne de Littérature Comparée, 17, n° 3-4, sept.-déc. 1990, pp. 198-212, ou encore Reine Meylaerts, « Translation Policy in Belgium Between the Two World Wars », dans Clem Robyns (éd.). Translation and the (Re) produdion of Culture. Seleeted Papers of the CERA Research Seminars in Translation Studies 1989-1991. Louvain, The CERA Chair for Translation, Communication and Cultures, 1994, pp. 237-258,
9 Le premier livre consacré (en partie) à un aspect des interactions entre espaces littéraires belges ne date que de 1991. Raymond Vervliet y affirmait qu’il n’existait alors « aucune étude comparatiste dans ce domaine » (Jean Weisgerber (s.l.d.d.), Les Avant-Gardes littéraires en Belgique. Au confluent des arts et des langues 1880-1950. Bruxelles, Labor, coll. Archives du futur, 1991, p. 46).
10 Pour plus de détails concernant ces tendances, voir « De verspreiding van Nederlandse literatuur in Frankrijk : enkele beschouwingen », art.cit.
11 Cf. Vic Nachtergaele, « La Réception du symbolisme franco-belge en Flandre », dans Œuvres & Critiques, 17, n°2 (La réception du symbolisme belge), 1993, pp. 19-39, p. 22.
12 Voir, entre autres, José Lambert, « L’éternelle question des frontières : littératures nationales et systèmes littéraires », dans Christian Angelet, Ludo Melis, Frans-Jozef Mertens et Franco Musarra (éd.). Langue, dialecte, littérature. Études romanes à la mémoire de Hugo Plomteux. Louvain, Leuven University Press, coll. Symbolae, Series A 12, 1983, pp. 355-370, p, 367 ; Erik Spinoy, « De l’Origine du flamand : Symptôme du système littéraire de la jeune Belgique », dans La Licorne, n° 12 [Aspects de la littérature française de Belgique), 1986, pp. 187-196, p. 194 ; ID., « De samenwerking van Hendrik Conscience en Octave Delepierre. Elet literaire systeem in België (1830-1840) », dans Spiegel der Letteren, nr 30, 1988, pp. 143-160, p. 158 ; Joris Vlasselaers, « Belgian Literature ? Some Reflexions on Socio-Cultural and Geopolitical idéntity », dans Roger Bauer et Douwe Fokkema (éd.), Proceedings of the XIIth Congress of the I. C. LA. / Actes du XIIe Congrès de l’A.I.L.C. Space and Boundaries / Espace et frontières. München 1988 Munich. 5 volumes. Vol. 4. Munich, Iudicium, 1990, pp. 139-144. Pour certains secteurs, le traitement séparé est déconseillé jusque dans l’entre-deux-guerres (cf. Jean Weisgerber (éd.), op.cit.).
13 On se reportera à Reine Meylaerts, art.cit.
14 Voir aussi ID., Un Traducteur "belge " : Roger Kervyn de Marcke ten Driessche. Louvain, K.U. Leuven (mémoire de licence inédit s.l.d.d. José Lambert), 1987.
15 Anne Geysens, La Traduction comme problème belge. Questions et hypothèses. Louvain, K.U. Leuven (mémoire de licence inédit s.l.d.d. José Lambert), 1986.
16 Voir aussi les nuances apportées par Annick Capelle et Reine Meylaerts dans « Interactions littéraires entre la Flandre et la Wallonie au cours des années quatre-vingt », dans Liber, op.cit., pp. 30-31.
17 Il s’agit des listes de traductions reprises dans la Bibliographie de Belgique / Belgische bibliografie ainsi que, pour les textes traduits du néerlandais, de : Prosper Arents, De Vlaarmche schrijvers in vertaling 1830-1931. Proeve van bibliographie. Bruxelles, Standaard Boekhandel, 1931 ; Georg Hermanowski et Hugo Tomme, Zuidnederlandse literatuur in vertaling. Bibliografie. Hasselt, Heideland, 1961 ; Jean-Pierre Pépin, Essai de bibliographie des traductions françaises des œuvres de la littérature néerlandaise depuis 50 ans 1918-1968. Bruxelles, Commission belge de bibliographie, 1972 ; les listes périodiques paraissant dans certaines revues, notamment Ons Erfdeel ou Septentrion.
18 Par exemple, Anne Geysens, op.cit., passim.
19 L’absence de bibliographies spécialisées est un indice du statut particulièrement fragile des traductions de textes littéraires francophones en néerlandais comme objets d’étude scientifiques.
20 Le champ éditorial néerlandais étant beaucoup moins centralisé que le champ français (ce que confirme la variété relative des lieux d’édition des traductions étudiées ici), il vaudrait mieux parler des Pays-Bas.
21 Cf. Paul Aron, Dirk De Geest, Pierre Halen et Antoon Vanden Braembussche (s.l.d.d.), op.cit., p. 8.
22 Voir Marc Quaghebeur, « Eléments pour une étude du champ littéraire belge francophone de l’après-guerre », dans ibid., pp. 235-270. À ce sujet, on aura l’occasion de donner ailleurs une analyse éclairante de la rubrique littéraire du quotidien Le Soir (« La vie littéraire ») dans les dix premières années de l’après-guerre. La montée de l’esthétique universaliste-française sous la plume de ses rédacteurs, souvent des (futurs) membres de l’Académie royale de langue et de littérature françaises, y est corrélative de la diminution considérable du nombre de comptes rendus de textes belges.
23 Pour un florilège des innombrables variantes de ce doute structural chez les agents littéraires belges francophones en général, voir Stefan Gross et Johannes Thomas (éd.), Les Concepts nationaux de la littérature. L’exemple de la Belgique francophone. Une documentation en deux tomes. Tome 1 : 1815-1880. Tome 2 : 1880-1980. Aix-la-Chapelle, Alano Verlag / Rader Publikationen, 1989.
24 Le premier cas est illustré par André Fernez, le créateur de Nick Jordan (20 traductions entre 1961 et 1967), le second par Paul Kenny, qui imagina « le meilleur agent secret de France », Francis Coplan, dont les aventures furent publiées par Fleuve Noir à Paris (17 traductions de 1963 à 1970). Combien de lecteurs néerlandophones (et francophones) soupçonnaient que Paul Kenny s’appelait en réalité Jean Libert, écrivain belge exilé en France après la guerre et souvent assisté par son compatriote Gaston Vandepanhuyse ?
25 Sur un total de 197 traductions, seules trois virent le jour en Belgique : une première chez W. Beckers à Anvers, les deux autres, manifestement rachetées à Bruna, chez Heideland à Hasselt.
26 On ignore en effet dans quelle mesure Simenon, durant les années concernées, était réellement considéré par ses compatriotes comme Belge, c’est-à-dire par quelle partie de son lectorat ; en tout cas, ce qui précède incite à être prudent quant à son ampleur, surtout en Flandre.
27 Voir, pour des exemples comparables dans le champ français : Clem Robyns, « The Normative Model of Twentieth Century Belles Infidèles. Detective Novels in French Translation », dans Target, 2, nr 1, pp. 23-42.
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Référence papier
Paul Dirkx, « La traduction littéraire dans la Belgique du second après-guerre », Textyles, 14 | 1997, 181-192.
Référence électronique
Paul Dirkx, « La traduction littéraire dans la Belgique du second après-guerre », Textyles [En ligne], 14 | 1997, mis en ligne le 12 octobre 2012, consulté le 08 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/2172 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.2172
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