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Lettres du jour (II)

Vingt ans après : le retour du refoulé. Les Belges au Congo

Claudette Sarlet
p. 95-110

Texte intégral

1Deux photographies dejeunes Belges appuyés au tronc d’un fromager, L’une sert de couverture aux Souvenirs d’Afrique. 1938 – 1945 d’André P. Verwilghen, publiés à compte d’auteur en 1992. L’homme se tient debout dans un repli du tronc énorme ; nu-tête, il est vêtu d’un pantalon foncé et d’une chemise claire à manches courtes. De la main gauche, il porte sa pipe à la bouche et son geste met en évidence une montre-bracelet. L’autre est assis sur une racine de l’arbre sortant de terre. Il porte un casque, des chaussures brillantes recouvertes de guêtres en tissu, un costume blanc, chemise blanche et cravate. Sa fine moustache accentue l’extrême jeunesse du visage. Cette photo est conservée dans un album de famille : c’est mon père, Marius Sarl et, en 1913, durant son séjour à Boma comme greffier du tribunal. À 21 ans, il commençait une carrière de 33 ans au Congo, riche en expériences qui eussent mérité d’être écrites. Il est mort d’un infarctus en deux jours à 64 ans, en 1956, avant que j’aie atteint l’âge où, adulte soi-même, on interroge parents et grands-parents sur leur histoire.

21913-1938 : vingt-cinq ans de distance, une génération. 1956-1992 : trente-six ans ; l’un meurt jeune, l’autre fête ses quatre-vingts ans, occasion pour laquelle enfants, neveux, cousins, amis offrent à l’octogénaire la publication du livre sollicité par un neveu.

3De 1913 à 1938, la représentation mythique de l’Afrique tropicale n’a pas changé. Pour soi, pour l’entourage demeuré en Belgique, on se fait photographier devant un des plus grands arbres de la forêt équatoriale, le fromager, qui symbolise une nature puissante où tout se mesure à une autre échelle que celle du petit pays d’origine.

4De 1956-60 à 1980-90, la parole étouffée s’est libérée, le refoulement cède à la mémoire, les tabous sont levés. Quels tabous ?

5Parole libérée comment, dans quelles conditions, pour dire quoi ? C’est ce que nous allons tenter de discerner dans la production textuelle très diverse parue depuis 1980. Pas de prétention à l’exhaustivité, mais une collecte due à des travaux antérieurs, à l’obligeance d’amis, à l’attention en éveil. Pas d’analyse systématique, « scientifique » encore moins, mais un parcours attentif et critique de ce que j’ai pu rassembler.

Le temps du silence

6L’amnésie collective qui a frappé la Belgique après 1960 a été maintes fois constatée ou dénoncée. Analysée ? Beaucoup moins.

7Disons d’entrée de jeu que le phénomène du refoulement et de l’occultation n’a pas frappé que la Belgique. Dans le domaine du cinéma français, il a fallu attendre un colloque et un festival organisés à Caen en 1996 par Patrick Leboutte, historien belge du cinéma, pour que sortent ou ressortent des films consacrés aux guerres coloniales françaises d’Indochine et d’Algérie. Le succès du film Indochine de Régis Wargnier (1992) eût été impensable, « politiquement incorrect », dans les années 60 ou 70. Mais en France, s’ils furent censurés, des livres et des films furent cependant réalisés durant les guerres ou juste après. En Belgique, rien ou très peu. Différences de cultures et, surtout, de dimensions des pays et des phénomènes. La Belgique a d’ailleurs évité la guerre coloniale.

8Et elle a fait silence. Silence sur une guerre qu’elle a eu la sagesse de ne pas entreprendre, à la différence d’un autre petit pays européen, le Portugal, qui s’engagea, sous dictature fasciste, dans la terrible guerre d’Angola. Mais silence aussi sur la honte d’un cuisant échec et, pour certains, d’un lâche abandon. En tous cas, silence sur la douleur d’une perte. En 1960, lors des cérémonies de Léopoldville pour l’octroi de l’indépendance par la Belgique au Congo, j’ai pleuré en écoutant les reportages radiophoniques. Mais je pleurais autant la perte de mon père que celle de ce Congo qui avait été sa vie et où j’étais née.

9La Belgique institutionnelle a gardé le silence aussi sur ce que je n’ai réalisé qu’à partir de 1990, à savoir qu’en bons pragmatiques, les Belges ont vite compris que le budget de la colonie, jusque-là strictement séparé de celui du Royaume, présentait à la fin des années 1950 un dangereux déficit, dû entre autres aux dépenses nécessitées par la modernisation du Congo, en plein développement. La métropole était contrainte de s’engager plus avant : généraliser l’enseignement officiel, opérer l’inéluctable péréquation des salaires, assurer les frais d’infrastructure pour la santé et la communication. Quitte à devoir payer sur sa propre cassette des dépenses de « coopération », la Belgique préférait un Congo indépendant, permettant un excellent profit au moindre coût.

  • 1  « Pierre Mulele et Christophe Gbenye (celui-ci secondé sur le terrain par Gaston Soumialot) sont à (...)

10Les institutions, les médias choisirent donc plus ou moins délibérément un silence qui s’est abattu comme une chape sur les individus. Comment, dans ces années tragiques de guerres coloniales, de révoltes et de guerre civiles au Congo, entre partisans de Lumumba, de Mulele, de Soumialot1, de Tshombe, de sécession katangaise, comment des voix individuelles auraient-elles pu se sentir autorisées à évoquer d’heureux souvenirs d’enfances africaines ?

11Toute une génération fut ipso facto réduite au silence : celle des enfants ramenés d’Afrique après la guerre, dans la hâte qu’avaient de rentrer les parents longuement séparés de la « mère-patrie », des familles. En vérité, rentrer pour quoi ? Les parents, grands-parents étaient morts, le pays avait complètement changé. On était rentré pour les études des enfants et pour mourir au pays. C’est ce que firent mes parents. Mon père en est mort trop jeune, après dix années (1946-1956) de vie malheureuse, durant lesquelles il ne m’a jamais parlé de ce qu’avaient été pour lui ses trente-trois ans (1913- 1946) au Congo. Aujourd’hui que j’ai presque l’âge qu’il avait atteint à son décès, je perçois quelle mutilation il s’était imposée.

12Quant aux enfants de cette génération dont je fus, ils eurent à choisir entre le retour à l’Afrique aussitôt les études terminées en Belgique, l’incapacité de s’adapter à la vie belge et le mal-être, ou l’assimilation à tout va, au prix du refoulement et de l’amnésie. Longtemps, j’ai oublié mon enfance.

Le temps des mots et des récits

13Dans la production contemporaine, depuis 1980, cette génération-là ne se manifeste guère. Les textes sont écrits par des hommes et des femmes qui ont vécu au Congo entre 1946 et 1960 et sont arrivés en Afrique avant ou après la guerre. Pour la plupart, ils ont dû quitter le Congo sous la pression des troubles qui ont suivi l’indépendance et c’est seulement vingt ans après que les plumes se délient.

1411 a fallu le temps du deuil et du travail de mémoire. La pression idéologique en faveur des mouvements de libération, l’anti-colonialisme affiché des années 60 n’ont plus lieu d’être puisque les indépendances sont acquises. L’air du temps a profondément changé, on n’hésite plus, devant le chaos actuel du Zaïre, à rappeler des temps meilleurs, à évoquer l’époque coloniale, son abondance et son bien-être. Tout cela s’écrit souvent avec un accent de fierté et une volonté de léguer aux descendants le souvenir du grand œuvre réalisé par les Belges en Afrique centrale. Pour reprendre le titre du livre de Pierre Halen, on rappelle que “Le Petit Belge avait vu grand”. Il appartiendra à chacun de situer ces discours dans le champ idéologique contemporain.

15La dédicace de Gérard Jacques, en tête de son livre Lualaba. Histoires de l’Afrique profonde (1995), est particulièrement significative.

En hommage aux broussards de l’époque coloniale belge.
Je dédie ce livre à mes enfants et petits-enfants, ainsi qu ’aux générations qu’ils représentent ; pour qu ’ils prennent conscience des réalisations africaines de la Belgique et découvrent que celle-ci n’a pas à rougir de son passé colonial, bien au contraire, même si Pauvre ne fut pas parfaite.
Aux anciens d’Afrique qui se reconnaîtront dans ces mémoires et dont certains ont contribué à leur rédaction ou à leur évocation, je demande de les juger avec indulgence, tout en espérant qu ’ils trouveront plaisir et émotion à les parcourir.
Enfin, mon souhait est que les Zaïrois veuillent trouver dans ce livre ma modeste contribution à une meilleure compréhension de leur histoire, ancienne et présente (p. 5).

16Né à Roulers en 1928, Gérard Jacques a été administrateur territorial au Nord-Katanga de 1951 à 1960. Il est passé ensuite dans la carrière diplomatique et a terminé sa vie active comme Grand Maréchal de la Cour de 1989 à 1994. Son livre narre des souvenirs personnels, mais il a aussi l’ambition d’être un fragment de l’histoire du Congo en retraçant cinquante années du territoire de Kongolo que l’auteur a lui-même administré pendant dix ans.

17Fernand Lekime publie pour sa part La Saga de l’Union minière du Haut-Katanga 1906-1966, sous-titre de son livre La Mangeuse de cuivre (1992). Très soigneusement documenté, et en cela intéressant, le livre n’en adopte pas moins le ton de l’épopée. Dans son « Avant-propos », l’auteur écrit que l’histoire de l’Union minière,

C’est l’épopée africaine dans toute sa splendeur, la grande aventure coloniale des Belges au Congo, l’édification spectaculaire par des hommes tenaces et courageux de ce formidable complexe minier et métallurgique du Katanga qui, pour quelques décennies, valut à la petite Belgique d’atteindre à une dimension mondiale dans le secteur des métaux non ferreux et lui permit plusieurs fois de jouer un rôle historique sur la scène internationale, notamment lors des deux guerres mondiales (pp. 7-8).

18Roger Depoorter, autre ancien de la « territoriale », arrivé au Congo en 1946 et chassé de Stanleyville en 1960 par Patrice Lumumba, exalte la ville coloniale qualifiée de perle du Congo. Dans Stanleyville où le Lualaba devenait Congo (1992), il s’attarde avec amertume sur la révolte des Simba, les pillages, le délabrement total de la ville après cinq ans d’indépendance.

19Plus centrés sur l’aventure de sa propre vie, les Souvenirs d’Afrique. 1938- 1945 d’André Verwilghen sont plus modestement dédiés à ses enfants et aux proches. Le ton est simple et modéré : « ces pages entendent d’abord informer sur ce que fut ma vie en ces temps-là ». Mais il ajoute aussitôt :

Au-delà de cette évocation personnelle, elles peuvent aussi témoigner en faveur d’une époque désormais révolue et tant décriée par ceux qui ne la connurent pas : celle de la colonisation. [...] cette époque engendra du bien et du mal, pas seulement du mal comme veulent le laisser croire certains historiens peu objectif (p. 9).

20A ces souvenirs personnels s’opposent des travaux comme l’ouvrage ouvertement marxiste, Le Congo. De la découverte à l’indépendance (1983) de Hubert Galle et Yannis Thanassekos. J’ignore si ces intellectuels de gauche ont vécu au Congo. Ils écrivent en historiens, commentent avec pertinence l’installation du néo-colonialisme dans le Zaïre de Mobutu. Leur ouvrage date déjà de quatorze ans. Verrait-il encore le jour aujourd’hui ?

Le travail et la recherche

21Avec les années 90, les travaux de recherche se développent. Comme si le temps de l’histoire advenait, de même que celui des souvenirs. La Revue belge du cinéma consacre son n° 29, printemps 1990, au Cinéma colonial belge. Archives d’une utopie.

22Le collectif Papier blanc, encre noire paraît en 1992 et sa sortie est accompagnée d’une importante exposition de livres et de peintures à Bruxelles. Les deux volumes rassemblent des études sur la littérature coloniale belge, sur la littérature zaïroise francophone ainsi que des textes d’écrivains belges liés à l’Afrique.

23Né au Congo en 1956, Pierre Halen soutient en 1991, à l’Université catholique de Louvain, sa thèse de doctorat consacrée au Récit colonial en Belgique francophone, au Congo Belge et au Ruanda-Urundi. La thèse comporte une très riche bibliographie, à laquelle je reprends bien des titres d’œuvres parues entre 1980 et 1991. Une partie de cette thèse est publiée en 1993, sous le titre « Le Petit belge avait vu grand ». Une littérature coloniale. Pierre Halen est ainsi le premier à constituer le corpus d’une littérature coloniale belge et à en faire un objet d’étude.

24Pierre Halen encore a collaboré à la publication par les éditions Le Cri d’une série de trois volumes dont deux sont parus : La Littérature coloniale. Tome I, Trois romans d’amour et Tome II, À travers le continent rétif. En tout six romans dont les éditions originales s’échelonnent de 1905 à 1954. Les deux tomes sont préfacés par Pierre Halen qui observe comme nous le regain d’intérêt pour l’époque coloniale. Il parle même d’une esthétique coloniale qu’il rapproche de la mode rétro. Le secteur de la bande dessinée n’a pas échappé à la sagacité de Pierre Halen, qui a publié un essai, « Le Congo revisité. Une décennie de bandes dessinées belges » (Textyles, n° 9, 1992).

25En dehors des éditions Le Cri, plusieurs ouvrages ont été récemment republiés : L’Homme qui demanda du feu, d’Ivan Reisdorff, paru en 1978, est sorti en 1995 chez Labor, dans « Espace-Nord », et Black Venus de Jef Geeraerts a reparu en « Babel » fin 1995, dans une nouvelle traduction de Marie Hooghe. Labor en avait publié la traduction française en 1984, le roman ayant paru en néerlandais en 1968 et tout aussitôt été saisi par la justice. Débloqué par la suite, il obtint le prix triennal de littérature en 1969.

26Mais l’œuvre de Jef Geeraerts traduite en français ne s’arrête pas au brûlant et superbe Black Venus. Les éditions Complexe publient en 1990 un beau recueil de nouvelles traduites par Marie Hooghe. Contrairement à ce que suggère le titre, Été indien, quatre des six nouvelles se passent au Congo. En 1988 avait paru la traduction française de Le plus gros diamant du Zaïre, épais roman policier centré sur le trafic des diamants, la corruption des milieux zaïrois aussi bien que les manœuvres douteuses des trafiquants et des intermédiaires en Belgique

27L’observation d’une quasi absence, avant 1980, d’œuvres belges francophones inspirées de l’aventure coloniale a souvent été assortie d’une comparaison avec une production flamande plus abondante. J’ai entendu ce propos à maintes reprises, mais toujours énoncé sur le mode d’une considération générale. Qu’en a-t-il été plus précisément ?

28Trois écrivains flamands notoires, qui n’ont pas vécu au Congo mais y sont allés voir, ont produit dans les années 50 des romans qui connurent le succès : Gerard Walschap, Oproer in Congo (Révolte au Congo), 1953 ; Karel Jonckheere, Kongo zonder buks ofboy (Congo sans vieux fusils ni boy), sorte de récit de voyage poétique, 1957 ; Piet van Aken, De Nikkers (Les Nègres), 1959.

29C’est ce phénomène-là qui n’a pas eu lieu en Belgique francophone. Les écrivains de la métropole n’ont guère écrit sur la colonie, si l’on excepte trois personnalités reconnues qui font le voyage au Congo moderne des années 50 et en font le récit : Marie Gevers, Des mille collines aux neuf volcans (1953), Roger Bodart, Dialogues africains (1952) et Georges Sion, plusieurs récits (Voyage aux quatre coins du Congo, Kivu... 1951-1955).

30On n’a pas, non plus, l’équivalent d’un J.-M. Elsing, qui fut administrateur au Congo des années 1930 à 1960 et qui a laissé une production dramatique et narrative abondante. La pièce Eva, 1931, et la trilogie romanesque De 32ste bruid (La 32ème épouse), 1953, De rode dageraad (L’aube rouge), 1954, et Pioniers (Pionniers), 1954, sont les œuvres les plus remarquées de ce colonial écrivain.

  • 2  Je dois ces informations à Marie Hooghe, que je remercie chaleureusement.

31Dans la génération suivante on compte Jef Geeraerts. En revanche, on n’observe pas du tout, à partir de 1980, une efflorescence comparable à celle que l’on trouve dans la communauté francophone2. Ce décalage mériterait d’être expliqué, mais je ne puis ici que le signaler.

La venue de l’écriture

32Par le biais des travaux de recherche, des rééditions et des traductions, nous avons glissé des volumes de souvenirs et de récits plus ou moins historiques vers des textes qui revendiquent un autre statut et prétendent appartenir au corpus littéraire.

33Ils sont l’œuvre de quelques auteurs à qui leur production relativement abondante et diversifiée, publiée par des maisons d’édition belges ou étrangères, confère effectivement le statut d’écrivains.

34Parmi ceux-ci, je distinguerai ceux qui sont nés en Afrique, ou qui y ont vécu, de ceux qui, sans avoir d’attaches au Zaïre, y sont allés à l’occasion de missions diverses.

35Commençons par l’aîné, Jacques-Gérard Linze, qui a publié La Trinité Harmelin au Talus d’approche en 1994. L’auteur a vécu onze mois à Léopoldville en 1952. On l’a rapproché des nouveaux romanciers, notamment pour son beau roman, La Conquête de Prague (1965). La Trinité Harmelin est une narration classique, roman court ou longue nouvelle, dont l’intrigue raconte un inceste. Le récit n’a d’africain que son décor, une certaine topographie de Léopoldville reconnaissable sans doute pour ceux qui ont connu ces lieux. Pas d’atmosphère, pas de reconstitution de ce que pouvait être, dans les années 50, la vie des Blancs dans la grande ville africaine.

36La même année, Talus d’approche a publié l’épais roman de Jean-Louis Lippert, Mamiwata. Né à Stanleyville en 1951, Jean-Louis Lippert connaît en Belgique une adolescence et une jeunesse perturbées. En relation avec des Belges du mouvement situationniste, il publie sous le pseudonyme d’Anatole Atlas des brochures révolutionnaires. Un premier roman, aux éditions Messidor, Pleine lune sur l’existence du jeune bougre (1990), qui contient déjà des allusions à l’Afrique, est bien accueilli par la critique française et belge. Mamiwata se présente comme Six chants de deuil pour une sirène ajricaine. Chants épiques, baroques, où s’entremêlent séquences de l’enfance, séquences imaginaires, broderies poétiques sur Les Lusiades de Camoens. Le roman est dédié à la mémoire de Patrice Emery Lumumba ; voilà qui le situe loin des souvenirs nostalgiques de la vie coloniale.

37Albert Russo est né au Congo en 1940, de père italien et de mère anglaise ; il a passé sa jeunesse à Bujumbura, au Zaïre et en Afrique du Sud. Il voyage et écrit, publiant ses romans et ses poèmes en Belgique, en France, au Canada et aux États-Unis, en français ou en anglais. L’action de son dernier roman inspiré par l’Afrique, Éclipse sur le Lac Tanganyika (1994), est située en 1960, à Bujumbura, au moment de la décolonisation. Le milieu représenté est celui des commerçants grecs en relation avec un coopérant américain et un prince tutsi. On y pressent les rivalités et les luttes qui déboucheront sur les conflits actuels. Sang mêlé ou ton fils Léopold (1990) était situé dans l’Élisabeth vil le des années 50 et abordait la délicate question du métissage. Plus intéressant, Le Cap des illusions (1991) conte l’histoire d’une famille d’Africaners brusquement déclassés par les lois de l’apartheid, qui les font passer du statut de blancs à celui de métis. On le voit, la condition très difficile du métis en Afrique noire est un thème récurrent de l’œuvre d’Albert Russo.

38Anne Vallaeys, née en 1951, met en scène dans Coup de bambou (1991) un curieux personnage, Verdier, qui vient d’être assassiné. Un jeune juge d’instruction, fraîchement débarqué d’Europe, mène l’enquête. Celle-ci donne le fil narrateur pour décrire une société coloniale blanche passablement déliquescente et ce Verdier, qui a rompu avec le monde blanc et s’est en quelque sorte africanisé. Anne Vallaeys s’inscrit dans le courant d’une représentation critique assez sommaire de la société coloniale avachie, mesquine, mourant d’ennui et de whisky sous les tropiques.

39Né, lui aussi en 1951, à Ougrée, Jean-Pierre Orban-Grillandi a passé une partie de son enfance dans l’ex-Congo belge. Mère italienne, père belge, enfance africaine : en voilà assez pour se livrer à une vie itinérante, de Kinshasa à Damas et Belfast, en passant par Seraing ou Bruxelles. La Chronique des fins, suivi de L’homme en fuite, beau recueil de nouvelles publié en 1989, est une suite de récits en quête d’identité, situés tantôt au Zaïre, tantôt en Belgique, tantôt ailleurs.

40Dans Le Reste du monde (1987), le personnage d’Anna Geramys (1956- 1989) est une jeune femme arrivant à Bujumbura comme professeur dans le cadre de la coopération belge. L’auteur fut elle-même professeur de français à Kinshasa, Bukavu et enseignante à l’Université de Bujumbura. Anna Geramys est un pseudonyme dont le secret continue d’être assez jalousement préservé. Bujumbura, sa population bigarrée d’autochtones hutus et tutsis, de coopérants américains et européens, de commerçants grecs, libanais, pakistanais ; les rives du Lac Tanganika, sa lumière métallique, la fournaise de la cuvette sont en harmonie avec les passions et l’érotisme que vit la jeune femme avec le Français qu’elle a rencontré là. Tout est mis en place pour faire croire à une existence libérée. Pourtant, on retient surtout de ce roman le ressassement d’une sensualité obsédante, une atmosphère lourde de pourrissement matériel et moral sous les tropiques. On retrouve la même atmosphère, transposée en Asie du Sud, dans le dernier roman de l’écrivaine, Les Fruits tropicaux.

41Le roman, ouvertement autobiographique, de Marie-Claire Blaimont, née en 1950, Black Lola (1994), est un livre attachant, même si l’intrigue est assez mince.

Noir. C’est sans doute le maître mot de ces pages. [...] Deux pays noirs, c’est beaucoup dans une vie et comment s’étonner que Laura, métisse de ces deux pays, saute à cloche-pied de l’un à l’autre, sans jamais distinguer quel pays est le sien, entre nostalgie et réalité, entre enfance perdue et porte ouverte sur la vieillesse ? (Black Lola, incipit de l’Avant-propos).

42Tout en étant du côté de la nostalgie, le livre prend ouvertement position en faveur des Zaïrois, contre le régime de Mobutu, dans un élan de fraternité vers ceux qui furent les compagnons de l’enfance. Comme disait J.-P. Jacquemin lors d’un débat à Bruxelles en 1995, « Marie-Claire Blaimont revendique le droit de regretter son enfance coloniale, parce que c’est son enfance et qu’elle n’est pas responsable des méfaits de la colonisation ».

43Le récit est construit sur le mode de l’alternance de séquences de la vie présente à Charleroi et de séquences de souvenirs, remémorés ou phantasmes, de l’enfance africaine. À Charleroi, M.-Cl. Blaimont fait parler les adolescents qui l’entourent, qui racontent des incidents racistes dont ils ont été témoins, elle écoute une amie dépressive qui finira par se suicider, victime de la bêtise cruelle du type qu’elle a dans la peau. En Afrique, l’enfant écoute la sagesse du boy Barnabé qui l’appelle Biloulou (petite bestiole), et les dictons de Barnabé la réconfortent encore aujourd’hui. Elle s’enivre du parfum des bougainvilliers, ce qui à la lecture m’a troublée car je n’ai aucun souvenir de telles fragrances.

Moi, ces derniers temps, il me semble que mon enfance s’éloigne, que les souvenirs se fondent dans ma mémoire [...] et que l’odeur du bougainvillier me chatouille peu les narines. Un jour, peut-être, j’aurai des souvenirs comme tout le monde (pp. 230-231).

44Tout à la fin du roman, la narratrice découvre dans la rue aux fleurs un petit bougainvillier vendu en pot.

Je m’approche de la plante, m’avance, hume, hésite, reste perplexe, avance à nouveau le nez.
Les bougainvilliers n’ont pas d’odeur.

45Ainsi se clôt le roman. Ce constat de la réalité différente des souvenirs phantasmés marque l’accomplissement du travail de deuil d’une enfance brutalement interrompue en 1960,

46Dans cette moisson de textes, les deux meilleurs récits sont pour moi ceux de deux femmes, journalistes et écrivaines, qui n’ont pas de passé congolais, zaïrois ou burundais : Lieve Joris, dont Mon oncle du Congo a paru en néerlandais en 1987, traduit en français par Marie Hooghe en 1990, et France Bastia, qui a publié L’Herbe naïve en 1990, dans sa version intégrale.

47Lieve Joris est née en Belgique en 1953, journaliste et écrivaine, elle vit à Amsterdam. Son oncle a été missionnaire au Congo jusqu’en 1970. Il en revient très usé et après sa mort, Lieve Joris décide de partir sur ses traces. Sa découverte du Zaïre, les aventures et mésaventures que cette jeune femme rencontre au cours de son voyage, la remontée picaresque du fleuve de Kinshasa à Kisangani sur lEbeya, vieux bateau à roues à aubes avec ses barges surchargées, sont narrées avec fraîcheur, vivacité, humour. Elle porte sur le monde noir un regard sans préjugés, fait de sympathie et de lucidité. Le chapitre « Kisangani, la lutte contre l’oubli » est l’exposé, dénué de toute nostalgie, des affrontements dont la ville a été le théâtre, des misères et des splendeurs passées de Stanleyville (la perle du Congo, rappelez-vous). A la fin, de retour à Kinshasa, elle est aux prises avec la police zaïroise et mise en prison avec une autre journaliste hollandaise. Mais l’incident ne dure que le temps d’avoir vu aussi cette face-là du Zaïre, et le récit s’achève sur une anecdote drôle et un trait d’auto-dérision.

48Née à Bruxelles en 1936, France Bastia a passé la plus grande partie de sa vie dans le Brabant wallon. En 1970, avant la zaïrianisation de 1973, elle accompagne son premier mari envoyé en mission pour dresser un état des lieux des plantations des colons belges au Nord-Est de la Province Orientale, dans les régions de l’Uele et de l’Ituri. Après 1970, France Bastia a collaboré au service culturel de l’ambassade de Belgique à Kinshasa et elle a ainsi fait plusieurs voyages au Zaïre, mais c’est de l’observation et des notes prises lors du périple dans le Haut-Zaïre qu’elle a tiré la substance de son roman L’Herbe naïve. L’édition de 1990 constitue la version intégrale d’un récit abrégé et scindé en deux volumes parus en 1975, dans la collection « Travelling » de Duculot, destinée à la jeunesse. L’écriture date de 1975, mais l’œuvre n’atteint son statut proprement littéraire qu’avec l’édition de 1990, raison pour laquelle je l’intègre au présent corpus.

49Parce qu’elle est fortement décentrée par rapport aux grandes villes, par rapport aux régions réputées pour leur splendeur naturelle (Kivu-Rwanda-Burundi), par rapport aux exploitations minières importantes du Katanga (Union minière) et du Kasaï (mines de diamant) ; parce qu’elle reste une importante poche de résistance au régime, cette partie du Zaïre apparaît souvent comme une terre oubliée. On en parle peu, rarement bien, et je ne puis qu’être sensible à cet abandon puisque ces savanes en altitude m’ont vue naître et vivre jusqu’à mes treize ans. J’ai parcouru ces régions avec mon père dans ses tournées de travail dans les villages, avec mes parents faisant visite à des amis et pour me rendre dans les deux pensionnats où j’ai fait mes études primaires. Je ne puis donc que me rallier à la question que posait à France Bastia, en 1975, le dernier gouverneur de la Province Orientale du Congo : « Mais qui êtes-vous pour savoir tant de choses et avec de telles précisions ? Il me semble impossible de décrire tout cela sans avoir soi-même vécu ces événements ! » (Quatrième de couverture de L’Herbe naïve).

50Eh bien, non ! France Bastia a vu les lieux, les paysages, elle les a observés avec une acuité extrême, mais elle a créé ses personnages. Oh, c’est simple : elle a imaginé Philippe et Catherine, enfants de colons dont les parents ont été tués lors des rébellions de 64-65. Philippe est retourné au Zaïre, en coopération, comme professeur de mathématiques. Aux grandes vacances, il invite sa sœur, de cinq ans sa cadette, à le rejoindre pour deux mois.

51Les enfants veulent retrouver la plantation et les tombes de leurs parents. Les circonstances de la mort de la mère n’ont jamais été élucidées. Philippe a rencontré un vieux broussard, un peu ours, qui se tient à l’écart des Européens, mais qui l’a pris en sympathie et qui l’aide à organiser le périple-pèlerinage.

52L’intrigue ainsi amorcée pourrait conduire au parcours d’une nostalgie des plus morbides et gluantes. Il n’en est rien. Le broussard, qui ne connaît que trop l’histoire de ces jeunes gens et de leurs parents, s’est arrangé pour faire accompagner Philippe et Catherine par un jeune Zaïrois, Vincent Makileke.

53N’en disons pas plus sur l’intrigue, sinon que Vincent, aujourd’hui brillant et sympathique intellectuel zaïrois, avait, dix ans auparavant, tenté de sauver la mère des deux jeunes gens.

54Le roman de France Bastia est fondé sur une intrigue simple, qui conduit banalement à ce retour aux sources. Mais les personnages ont de l’étoffe, une sensibilité pleine de nuances qui les amène à nouer entre eux des relations d’une psychologie fine. Le voyage-pèlerinage comporte les rebondissements requis pour introduire du suspens. Surtout, ce voyage est le prétexte à des pages remarquables de description des lieux, des paysages, des sentiments complexes.

55À Watsa _ que les roues de mon vélo avaient parcouru en tous sens – la perception d’un cataclysme est admirablement prêtée à Catherine qui, tout aussitôt après l’avoir éprouvée, se demande comment son nouvel ami zaïrois, Vincent, pourrait comprendre ses pensées.

La ville autrefois a dû être attrayante avec ses allées bordées de palmiers et de frangipaniers, mais le foisonnement des bougainvillées cache mal aujourd’hui l’abandon et la décrépitude des belles demeures résidentielles. Une civilisation semble avoir sombré si net qu’il en est resté comme une vague stupeur sur les gens et les choses. [...] Peu importe que nous ne soyons jamais venus, enfants, jusqu’à Watsa. La constante impression d’un cataclysme qui aurait entraîné le brusque effondrement d’un monde et d’une époque nous inspire, où que nous portions nos pas, un curieux sentiment de déjà vu, comme si un monde intime et familier s’était trouvé incompréhensiblement englouti. Je voudrais m’en défendre, je voudrais être juste, je voudrais comprendre, mais plus j’avance, plus ce que je vois me navre, plus je sens que notre tristesse, à Philippe et à moi, s’aggrave, face à l’œuvre des nôtres anéantie, d’une terrible, d’une poignante nostalgie...
Je me demande ce que penserait Vincent de cet état d’esprit, comment il juge nos silences parfois si désolés... (pp. 61-62).

56France Bastia poursuit, deux pages durant, une analyse très fine de la nostalgie qu’elle prête aux jeunes gens et des susceptibilités de Vincent, ex-colonisé, qu’ils sentent de plus en plus proche d’eux. À la fin du roman, Vincent demande à Catherine de l’épouser. Elle lui répond que c’est impossible, mais au moment de reprendre l’avion pour l’Europe, elle pleure. Vincent la console ;

– Vous reviendrez, Catherine, ne pleurez pas. Vous reviendrez, vous verrez En Afrique, on finit toujours par revenir...
Il vit qu’elle disait oui à travers ses larmes (p. 221).

57Le roman s’achève là, sur l’ouverture vers un avenir où Catherine pourrait effectivement revenir dans son pays d’origine et vers l’homme noir qu’elle aime.

58France Bastia n’a pas vécu elle-même au Congo, dans la plantation et la maison que recherchent les héros qu’elle a créés avec talent, en romancière qui objective l’action, les personnages, l’univers qu’elle fait naître et qui garde avec ce monde imaginaire la distance nécessaire à l’écriture.

59Lieve Joris narre son voyage comme une sorte de reportage. France Bastia invente des personnages auxquels elle prête une motivation bien à eux pour leur faire sillonner la région qu’elle a elle-même découverte en 1970.

L’indispensable distance

60Les auteurs coloniaux ne parviennent pas à cette objectivation, à cette distanciation requises pour faire prendre forme au matériau. Certains narrent simplement leurs souvenirs sans qu’aucune poétique ne gouverne leur récit. Quant à ceux qui prétendent faire œuvre littéraire, ils adoptent, comme J.-L. Lippert une poétique chaotique comme s’il y avait chez eux une incapacité à structurer le récit de leur vie, ou d’une partie de leur vie, ainsi que font les bons auto biographes qui objectivent leur moi, même s’ils choisissent, à la manière d’un Michel Leiris, une esthétique du fragment. Ou bien, comme chez Albert Russo, la « littérarité » est conférée au texte par une surcharge de comparaisons et de métaphores.

Dans la plaine, une sirène hululait. Il était cinq heures du matin. Pris d’un léger frisson, Oswald chaussa ses pantoufles et se glissa le long du couloir avec la langueur d’un jeune félin encore tout grisé de som meil, puis, poussant la lourde porte vitrée de la véranda, il s’accouda au balcon. Il inspira goulûment et, d’un regard extasié, embrassa l’étendue mauve et or qui, telle une immense cape de velours, descendait en cascade sur la ville pour aller ensuite se mouiller sur les berges du lac Tanganyika.
Éclipse sur le lac Tanganyika, incipit

  • 3  « Je remercie également Nadine Fettweis pour ses indications précieuses et ses judicieuses remarqu (...)

61Les années 1980-1995 ont vu émerger une abondante production textuelle inspirée de l’époque coloniale. Le silence est levé. Mais on attend encore l’œuvre majeure générée dans un imaginaire nourri d’Afrique3.

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Bibliographie

Indications bibliographiques4

Romans, mémoires, souvenirs, histoire

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Lieve JORIS, Mon Oncle du Congo. Trad. du néerlandais par Marie Hooghe. Arles, Actes-Sud, 1990 ; éd. originale, Amsterdam, 1987.

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Notes

1  « Pierre Mulele et Christophe Gbenye (celui-ci secondé sur le terrain par Gaston Soumialot) sont à l’origine de deux foyers de rébellion contre le Gouvernement de Kasa-Vubu, L’insurrection muleliste éclate au Kwilu, à l’Est de Léopoldviile, en janvier 1964. En août 1964, Soumialot déclenche la rébellion à l’Est du Congo, Stanleyville est aux mains des Simba, le 4 août (Simba : lion en swahili. C’est ainsi que se sont nommés les rebelles de Soumialot). Dopés par des pratiques magiques et par le chanvre, les Simba terrorisent les populations civiles par des massacres ; les soldats de l’Armée Nationale Congolaise sont tout aussi terrifiés. Ainsi s’explique la rapidité de l’extension des Simba sur la moitié du territoire congolais, Il faudra le parachutage de troupes belges sur Stanleyville en novembre 1964 et l’intervention d’une colonne de mercenaires et de soldats katangais pour délivrer la ville. Mais les Simba contrôleront de vastes régions rurales jusqu’en 1968 (voir Benoīt Verhaegen, « 1963-1965 : d’oppositions en rébellions », dans Congo-Zaïre- La colonisation -l’indépendance – le régime Mobutu – et demain ? Bruxelles, GRIP, 1989, pp. 89-98).

2  Je dois ces informations à Marie Hooghe, que je remercie chaleureusement.

3  « Je remercie également Nadine Fettweis pour ses indications précieuses et ses judicieuses remarques.

4  Cette bibliographie ne mentionne pas les très nombreuses publications (articles et livres) suscitées par la tragédie rwandaise de 1994. C’est là un choix délibéré. En effet, même si la politique coloniale belge explique partiellement des circonstances qui ont alimenté les raisons du génocide, les écrits qui relatent et analysent celui-ci ne relèvent plus de ce que j’ai considéré comme une production textuelle relative à l’époque coloniale. Ces indications bibliographiques ont été considérablement enrichies par l’érudition de Pierre Halen : qu’il en soit vivement remercié.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claudette Sarlet, « Vingt ans après : le retour du refoulé. Les Belges au Congo »Textyles, 14 | 1997, 95-110.

Référence électronique

Claudette Sarlet, « Vingt ans après : le retour du refoulé. Les Belges au Congo »Textyles [En ligne], 14 | 1997, mis en ligne le 12 octobre 2012, consulté le 18 mai 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/2161 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.2161

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Auteur

Claudette Sarlet

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