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Volumes parvenus à la rédaction.
Texte intégral
Écriture
1Cette élégante revue littéraire suisse consacre l’essentiel de l’un de ses numéros (n° 36, (Lausanne), 1990, 255 p.) aux Lettres belges d’expression française. Le lecteur doit savoir qu’il ne s’agit pas ici uniquement de critique littéraire ou d’histoire, mais aussi de textes de fiction. Ces derniers – prose, poésie, théâtre, récits – occupent l’essentiel du volume et sont de J.– P. Verheggen, Nicole Malinconi, Guy Goffette, Jacques Vandenschrick, Jean Louvet, Éric Clemens, Francis Dannemark, Françoise Lalande, Guy Vaes, Anne Rotschild.
2À l’exception de Philippe Dewolf qui consacre quelques pages aux deux gloires locales que sont les frères Piqueray, les études critiques concernent l’histoire des lettres françaises de (en ?) Belgique. Marc Quaghebeur met en question le titre même de ce numéro spécial sur les « lettres belges ». J-M. Klinkenberg remémore les contradictions et la difficile quête d’identité des écrivains belges francophones. Daniel Laroche fait de même en parcourant l’histoire de cette « parole inhabitable ». La contribution de Paul Aron semble la plus riche et le plus originale. Elle traite des rencontres entre peintres et écrivains en Belgique francophone. Ce sujet avait déjà attiré l’attention de C. Lemonnier dont Labor a réédité L’école belge de peinture. Il a été, depuis la parution de ce numéro d’Écriture, l’objet de plusieurs publications dont celle de Claudette Sarlet, Les écrivains d’art en Belgique (Labor), mais reste une source féconde de recherches.
Bulletin francophone de Finlande
3À l’enseigne de l’Université de Jyväskylä, cette publication de l’Institut des langues romanes et classiques consacre l’essentiel de sa quatrième livraison à la Suisse romande et à ses écrivains. Des varias, en fin de volume, diversifient considérablement ce propos, puisqu’on s’y intéresse à des questions concernant l’ensemble de la francophonie. Ainsi, dans « Le syndrome de Durham : notes sur quelques écrivains francophones et l’Histoire », Daniel Attias examine l’hypothèse d’un commun dénominateur qui unirait les zones francophones hors d’Europe, dans un rapport semblable à un passé de domination : voilà qui pourrait peut-être enrichir, par ricochets, certains débats sur l’identité en Belgique et en Suisse ? Julie Leblanc s’interroge par ailleurs sur « L’émergence d’une littérature du “moi” au Québec ». Enfin, un intéressant article compare les « Images du père dans l’œuvre romanesque de Georges Simenon et chez Jean Ray » (Jean-Yves MALHERBE).
4Dans le n° 5, le même critique brosse rapidement (trop rapidement, sans doute) un tableau qui représente « La demeure vivante dans la littérature belge » : chez Thiry, Owen, Eekhoud, Ghelderode, Ray, Hellens. Dans cette livraison de 1993, on trouvera aussi des articles intéressant la littérature francophone africaine (y compris algérienne) et antillaise, la langue au Québec et en Suisse, le peintre David.
Écritures
5La nouvelle série d’Écritures, revue que l’on sait liée à « la romane » de l’Université de Liège, fait montre d’une belle ambition encore dans sa deuxième livraison (avril 1992, 190 p.), en partie vouée aux « Péchés de jeunesse ». Hormis le compte rendu d’un roman de Jean-Philippe Toussaint et un intéressant article d’hommage à François Jacquemin, par Laurent Robert, on n’y fait guère de place aux lettres belges de langue française (ni néerlandaise, d’ailleurs). Ce n’est pas le but, mais...
Lettres et cultures de langue française
6La revue de l’A.D.E.L.F. (Association des Écrivains de Langue française) à Paris diversifie, dans son n° 18 (1er semestre 1993), le panorama des pays francophones qu’elle avait entrepris dans sa livraison précédente. Après deux entretiens sur la francophonie (avec Philippe Séguin et Boutros Boutros-Ghali), les « Amériques » (Québec, Acadie, États-Unis), l’Europe centrale (Roumanie, Hongrie) et le Proche-Orient (Liban, Syrie) sont tour à tour évoqués.
7Le n° 19 (2e semestre 1993), notamment dans deux entretiens, avec Jacques Toubon et avec Jean-Louis Roy, fait une fois de plus état du « combat » pour la langue, à l’heure de l « exception culturelle ». L’argument de r « humanisme » et du « respect de la diversité », censément vertus de la langue française, fera une nouvelle fois sourire... Rien, par contre, à propos de l’abandon peu courageux, par la France d’abord, d’une réforme de l’orthographe qui était enfin une mesure concrète en vue de faciliter à la fois l’usage et l’accès à la langue. Dans la même livraison, un intéressant dossier est consacré au Québec et notamment aux Éditions de l’Hexagone.
La revue générale
8La doyenne des revues belges, qui est aussi réputée pour avoir porté haut l’étendard du nationalisme, continue étrangement de vouloir ranger dans la rubrique « Nos lettres françaises » des œuvres sans grand rapport avec la France. C’est encore le cas dans ce numéro (n° 5, mai 1992) où Jacques Groothaert, ancien ambassadeur, notamment en Chine, évoque les souvenirs que lui a laissés la fréquentation de Simon Leys, alias Pierre Ryckmans, sinologue de renom et l’hôte, depuis quelque temps, de l’Académie bruxelloise. Sous une autre rubrique (« Stylistique »), Laurence Rosier propose une étude intitulée « Achille Chavée ou la poésie de la répétition », qui devrait attirer par sa clarté l’attention des enseignants et rendre une certaine justice au poète louviérois. À l’enseigne des « Souvenirs » enfin, Léo Moulin évoque de manière impressionniste les « Chansons de [s]on enfance », aspect essentiel et trop souvent négligé de la vie culturelle.
Francofonia
9La revue Francofonia (Revista del Grupo “Estudios de Francofonia” de l’Université de Cádiz) prend le relais des Estudios de Lengua y Literatura Francesa et s’intéresse, comme sa cousine de Bologne qui porte le même titre, aux littératures francophones hors de France. Les livraisons seront annuelles et thématiques, le sujet étant déterminé par l’orientation des travaux de recherche et d’enseignement au sein du Département de Français de l’Université. Ce premier numéro (1992, 203 p.) est, quant à lui, constitué de mélanges.
10Nous ne pouvons que signaler ici les contributions qui concernent d’autres aires culturelles que la Belgique. En premier lieu, l’intéressante approche historique que Cristina Boidard consacre à Georges Henein et à son « courage d’être surréaliste en Égypte » ; ensuite, divers articles dévolus à la littérature africaine et antillaise, notamment à Birago Diop et à Henri Lopes ; on y épinglera tout spécialement la réflexion polémique autant que salutaire de Mohamadou KANE, « Sur l’histoire littéraire africaine ».
11Concernant la Belgique, signalons tout d’abord, par Francisco Javier Deco Prados, une version espagnole de poèmes choisis dans deux recueils de Marc Quaghebeur. Plusieurs études sont par ailleurs proposées. Dans l’ordre chronologique, évoquons d’abord la confrontation qu’élabore Estrella Della Torre Gimènez entre Mademoiselle Vallantin et Eugénie Grandet ; le roman réaliste de Paul Rieder (1862), aujourd’hui quelque peu oublié, est ainsi replacé dans le contexte des relations littéraires franco-belges du XIXe siècle. Deux autres articles s’attachent à la période du symbolisme. Dolores Bermudez Medina présente une intéressante lecture des Aveugles de Maeterlinck, notamment du point de vue spatial ; elle débouche sur une comparaison, du point de vue un peu plus arbitraire de la valeur littéraire, avec L’Intruse. De son côté, Elisa Luengo Albuquerque reprend utilement « la question du symbole comme pierre de touche du symbolisme » ; l’approche, relativement abstraite et privilégiant par exemple les propos de Mockel par rapport à ceux de Maeterlinck ou de Rodenbach, est enrichie par une documentation théorique étoffée et l’on y suivra avec intérêt la comparaison devenue topique entre symbole et allégorie.
12En quelques pages de synthèse, Jacques Carion situe avec clarté le « phénomène Jean Ray » et analyse comment, sur le marché de la librairie et de la critique plutôt que dans l’effectivité de l’Histoire, a pu se constituer l’étiquette d’une « école belge du fantastique ». L’influence de Poe, le rôle moteur et l’importance théorique de Hellens et ce, jusqu’à ces années 60 où se rassemble un corpus dans les collections de Marabout, tout plaide aussi en faveur de la thèse selon laquelle le fantastique n’est pas un genre, mais une forme produisant un effet ; resterait à détailler cette forme et cet effet, ce qui reviendrait à isoler, nous semble-t-il, quelques créateurs singuliers comme le second Hellens et Thiry, par rapport à un peloton dont les procédés fondamentaux relèvent d’une tradition déjà constituée au XIXe siècle.
13Maria Luisa Mora Millân consacre une brève étude linguistique aux adverbes en – ment dans La danse du fumiste de Paul Emond, tandis qu’en fin de volume, Marc Quaghebeur évoque « Le dernier Kalisky. L’apocalypse, l’apothéose : Falsch ». A partir du rôle de la musique dans la pièce, le critique développe longuement la portée d’une intrigue en elle-même complexe, avant de conclure par une analyse limpide qui est aussi un hommage envers l’écrivain ; on y relève la question de l’espérance, eu égard à l’Histoire, et celle des « fictions identitaires exacerbées des nationalismes », qu’il n’est pas vain, Kalisky aidant, de vouloir penser.
14Dans l’ensemble, on le voit, un volume aussi varié que prometteur pour les livraisons ultérieures. Un regret de taille : la négligence typographique, orthographique et grammaticale de la plupart de ces pages qu’on ne lira, notamment en ce qui concerne la graphie de certains concepts (par exemple l’« aitiologie », p. 93), qu’avec circonspection. Souhaitons au numéro 2, qui devrait être consacré, en 1993, aux genres littéraires, une forme qui corresponde mieux, à la fois, à son propos et à ses ambitions légitimes. (Servicio de Publicaciones. Dr. Maranon s/n, 11002 Câdiz. Fax 220118).
Sources
- 1 Cfr le compte rendu par P. Lexert de la monographie due à Ferdinand Stoll, Jean Kobs, le prince du (...)
15Au sommaire de la onzième livraison de Sources, la revue de la Maison de la Poésie à Namur (n° 11, septembre 1992, 353 p.), plusieurs contributions sont consacrées à Edmond Jabès, tandis qu’un autre ensemble met en évidence la poésie de Hugo Claus. En ce qui concerne les lettres belges de langue française, en dehors des comptes rendus, deux écrivains sont mis à l’honneur. La réputation que l’on veut faire à l’un, Jean Kobs1, parait plutôt usurpée, ce qui ne veut pas dire que sa poésie soit dénuée de tout intérêt ; il y a même un aspect, disons, touchant, à cette entreprise de méditer, en sonnets et en tours parfois ingénus, sur l’heure et sur le lieu (ô Wallonie, ô Namur...). En revanche, la réputation du second, Jean Tordeur, a sans doute injustement pâti jusqu’aujourd’hui de n’avoir pas eu un propagandiste aussi zélé que Ferdinand Stoll l’est pour Jean Kobs.
16Les quelques articles qui concernent ici l’œuvre de Tordeur ne suffiront sans doute pas à la consacrer définitivement. Il devient difficile, néanmoins, de ne pas voir que ces quatre recueils (1947 à 1964) ont bien résisté à l’action du temps et qu’ils reviennent aujourd’hui frapper à la porte de notre sensibilité. Ce n’est pas un hasard si l’un des plus sûrs et de plus exigeants poètes de la jeune génération, Philippe Lekeuche, consacre ici au Conservateur des charges une lecture qui met en valeur la portée spirituelle et philosophique de l’ouvrage (« Fragile éternité : Jean Tordeur et la poésie »). Le bref hommage que Liliane Wouters rend à la « Baleine Tordeur » est bien sûr d’un tout autre ton, mais il n’en suggère pas moins certaines dimensions semblables, que souligne aussi Pierre Moniquet (« Jean Tordeur, conservateur des charges »). Plus retenue et cédant la parole à Tordeur lui-même, la contribution de Jacques De Decker retrace l’ensemble d’une œuvre quantitativement peu abondante. Christian Angelet, avec les qualités critiques qu’on lui connait, donne une lecture convaincante du « poème dramatique » imaginé par l’écrivain pour la radio en 1957 (« Société et culture dans Europe qui t’appelles mémoire de Jean Tordeur »). Poétique du paradoxe, poétique du palimpseste (notamment avec le texte biblique) ; trajets de l’exil et du retour, rapports évidents avec une Histoire qui, hélas, ne nous a pas fort éloignés de la « maison Kafka ».
17Dans sa douzième livraison, Sources s’attarde moins aux lettres belges de langue française, et l’on ne signalera que deux contributions consacrées à André Ruyters, l’une, plutôt biographique, de Victor Martin-Schmets (« Un rescapé de l’oubli ») ; l’autre orientée vers « L’œuvre d’André Ruyters », due à Pierre Masson (n° 12, mai 1993, 351 p.)
Notes
1 Cfr le compte rendu par P. Lexert de la monographie due à Ferdinand Stoll, Jean Kobs, le prince du sonnet, dans Textyles, n° 9, 1992.
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Référence papier
René Andrianne et Pierre Halen, « Revues », Textyles, 10 | 1993, 309-313.
Référence électronique
René Andrianne et Pierre Halen, « Revues », Textyles [En ligne], 10 | 1993, mis en ligne le 09 octobre 2021, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/1940 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.1940
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