Hubert Roland, Die deutsche literarische “Kriegskolonie” in Belgien, 1914-1918. Ein Beitrag zur Geschichte der deutsch-belgischen Literaturbeziehungen, 1900-1920
Hubert Roland, Die deutsche literarische “Kriegskolonie” in Belgien, 1914-1918. Ein Beitrag zur Geschichte der deutsch-belgischen Literaturbeziehungen, 1900-1920, Frankfurt, Peter Lang, 1999, 343 p.
Texte intégral
1Les échanges culturels germano-belges furent d’une exceptionnelle intensité dans les décennies qui précèdent la première guerre mondiale. Goethe, Lessing et Hauptmann sont représentés au Théâtre du Parc. La Monnaie contribue beaucoup à la diffusion de la musique wagnérienne. La peinture belge est portée très haut en Allemagne, surtout lors d’une exposition à Berlin (1908) où l’on admire, entre autres, des œuvres de James Ensor, Henry de Groux, Théo van Rysselberghe et Fernand Knopff. Les artistes et écrivains nouent de solides amitiés, dont la plus célèbre est celle de Verhaeren et de Zweig. Mais il y eut aussi celle de Stefan George et de Paul Gérardy. La guerre de 1914-1918 portera un coup fatal à l’intensité de ces échanges et, après le conflit, il faudra repartir sur de nouvelles bases. Mais le temps de guerre, curieusement, reste une époque de contacts et d’échanges de par la présence à Bruxelles d’un certain nombre d’écrivains allemands et non des moindres. L’essai de Hubert Roland — sa thèse de doctorat soutenue en 1998 — s’attache à cette période et se trouve novatrice sous bien des aspects.
2Carl et Théa Sternheim sont installés à La Hulpe dès 1913. Un cercle d’amis se retrouve à « Claircolline », leur demeure. Ils seront la cheville ouvrière des contacts belgo-allemands dans un contexte difficile après la déclaration de guerre. Hubert Roland éclaire ici le rôle de Gottfried Benn (romancé par Pierre Mertens : Les Éblouissements. Paris, Seuil, 1987), la participation de Carl Einstein à la révolution bruxelloise de novembre 1918 et son influence sur Otto Flake et Friedrich Eisenlohr.
3Le chapitre 2 de la première partie est entièrement consacré, avec minutie, à la publication par l’éditeur Anton Kippenberg d’un grand nombre d’œuvres d’écrivains flamands qui, de ce fait, connurent un succès enviable en Allemagne et devaient, tout au moins aux yeux de l’occupant, servir la « Flamenpolitik ».
4Quels furent les contacts entre écrivains allemands et belges durant cette période ? Hubert Roland se penche ici sur le cas exemplaire de Résurrection (1917-1918) de Clément Pansaers, et de l’amitié de ce dernier avec Carl Einstein. Il montre bien que considérer la colonie allemande à Bruxelles comme un groupe essentiellement composé de partisans de la révolution socialiste a conduit à faire de Résurrection un journal d’opposition suivi par la censure allemande alors qu’il était soutenu par l’administration civile de la « Wallonie autonome ». Il y a encore les cas de Georges Eekhoud, Felix Timmermans, Paul Collin, etc.
5La deuxième partie est consacrée à l’expressionnisme allemand et à ses représentants à Bruxelles. Carl Sternheim et Carl Einstein rompent avec l’idéologie bourgeoise. Se situe ici une analyse de Negerplastik de Carl Einstein dont on sait l’influence sur l’étude des arts nègres. De même une étude sur Gottfried Benn et Otto Flake.
6Enfin, la dernière partie est consacrée à l’espace belge et à ses projections imaginaires. Il y a chez Carl et Théa Sternheim un « espace mystique » non négligeable. Les écrivains allemands étaient bien conscients de la complexité de la vie sociale et culturelle belge.
7Cette présentation de la structure de l’étude de Hubert Roland ne laisse qu’entrevoir sa richesse et sa rigueur. L’auteur a systématiquement dépouillé et exploité des archives qui ne le furent que partiellement avant lui. Celles du Ministère des Affaires étrangères à Bruxelles, celles du Musée de la Littérature à la Bibliothèque albertine, la Deutsches Literaturarchiv à Marbach, le journal de Théa Sternheim, publié partiellement, et des correspondances inédites. On voit naître ainsi d’utiles rectifications aux recherches déjà publiées et des éclairages nouveaux, vus bien souvent du point de vue allemand. Hubert Roland a également redécouvert des romans peu connus mais importants pour éclairer cette période, tels Das Gläserne Netz de Friedrich Eisenlohr ou Sackgassen de Théa Sternheim. On déplorera que de tels travaux ne soient pas traduits en français pour les mettre à la disposition des chercheurs francophones. Hélas, la barrière de la langue est toujours une réalité.
Pour citer cet article
Référence papier
René Andrianne, « Hubert Roland, Die deutsche literarische “Kriegskolonie” in Belgien, 1914-1918. Ein Beitrag zur Geschichte der deutsch-belgischen Literaturbeziehungen, 1900-1920 », Textyles, 16 | 1999, 122-123.
Référence électronique
René Andrianne, « Hubert Roland, Die deutsche literarische “Kriegskolonie” in Belgien, 1914-1918. Ein Beitrag zur Geschichte der deutsch-belgischen Literaturbeziehungen, 1900-1920 », Textyles [En ligne], 16 | 1999, mis en ligne le 30 juillet 2012, consulté le 10 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/textyles/1192 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/textyles.1192
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