Navigation – Plan du site

AccueilNuméros27l'AmourDestins tragiques des coups de fo...

l'Amour

Destins tragiques des coups de foudre

Les archives de Ménie Grégoire
Smaïn Laacher
p. 71-80

Entrées d’index

Thème :

émotions

Lieu d'étude :

France
Haut de page

Texte intégral

1« J'ai ouvert la porte et j'ai retenu mon souffle. Jamais je n'avais approché homme aussi beau, aussi grand, aussi rayonnant, aussi royal. J'ai senti la foudre s'abattre sur moi, mais négativement et positivement à la fois, une foudre vécue comme un éblouissement, mais aussi comme un anéantissement de moi-même. Je ne l'ai jamais revu. Je l'ai aimé pendant un an, passionnément comme une déesse, une image, un être inaccessible. Il a été pendant cette année l'unique motivation de tous mes actes. Il n'en a jamais rien su. Combien de fois je l'ai observé sans que jamais il ne s'en doute un instant ! Il a été la cause d'un incompréhensible déchirement. Ce n'est pas de l'amour, c'est de la possession. Qui m'en délivrera, Ménie ? »

2En juin 1972, Ménie Grégoire organisait sur les ondes de Radio-Télé-Luxembourg (RTL) une semaine sur le thème du coup de foudre*.

3L'animatrice demandait aux auditeurs de lui faire parvenir leurs témoignages écrits sur le sujet. Elle précisait toutefois qu'elle souhaitait recueillir des récits aussi variés que possible : on pouvait bien sûr avoir le coup de foudre pour quelqu'un, mais tout autant pour une couleur, un pays, un livre, etc.

4Elle reçut cent lettres, aujourd'hui classées dans le corpus général sous la rubrique « Coup de foudre ». Une seule émanait d'un homme et, malgré le champ largement ouvert par l'animatrice, toutes ces missives, à une exception près, relataient un coup de foudre amoureux, et ce qu'il en était advenu.

5La majorité des lettres ont été rédigées bien après le coup de foudre qu'elles relatent, à la faveur d'un moment d'apaisement. En effet, le coup de foudre, au moment où il survient, suscite un tel trouble du corps et une telle confusion des sentiments qu'il est, pour la plupart de ses victimes, impossible d'écrire dans cet état. Autant demander à une personne foudroyée par un éclair de prendre des notes au cœur même de l'orage. Toutes les lettres sont donc des textes qui ont été travaillés pour pouvoir prendre une certaine distance avec l'événement. En adressant un tel courrier à un personnage public, on connaissait nécessairement le risque qu'il soit lu à l'antenne, et on le souhaitait même parfois afin de faire partager son histoire. Les rédactrices se sont appliquées à employer un langage choisi, à la mesure du caractère exceptionnel de l'événement, c'est-à-dire des mots et des tournures inusités dans la vie quotidienne, tels que : « éblouissement », « éternité », « au-delà du temps », « anéantissement », etc.

Un bouleversement dramatique

6Qu'il se soit passé récemment ou qu'il date déjà d'un certain temps, le coup de foudre est décrit comme une passion qu'un seul et premier regard (celui échangé avec le « foudroyeur ») suffit à déclencher (chez la « foudroyée »). Il se traduit par une violente perturbation affective et intellectuelle, un état d'« ivresse » par rapport auquel les rédactrices amorcent un mouvement de compréhension et d'interprétation. L'événement laisse des traces, quelle que soit la nature que prit ensuite la relation amoureuse qu'il initia (nous y reviendrons) : tantôt une secrète obsession d'être aimée en retour par celui à qui on n'a pas pu avouer sa propre passion ; tantôt la tentative restée sans lendemain de le prolonger en vie commune ; dans de rares cas (trois lettres), une liaison qui aboutit à un mariage.

7Le coup de foudre n'est donc pas seulement une secousse physique et sentimentale, un moment passager d'effervescence. Parce qu'il met en scène un contexte et des acteurs, il a une dimension dramatique : il noue instantanément une intrigue qui implique soi-même et les autres. En ce sens, il est une manifestation de la vie collective. Les rédactrices racontent comment elles ont été brutalement sommées de redéfinir leur identité et leur statut : voici qu'elles étaient soudain devenues « quelqu'un d'autre », un être dont l'existence n'était plus attestée que par un seul regard, celui du foudroyeur. Dès lors, il leur fallait engager tout un travail pour faire face à la complexité de cette nouvelle situation, c'est-à-dire pour passer de cet état de passion inexprimée et unilatérale à une relation apaisée et réciproque, de celles qui lient, pour un temps ou pour toujours, les amoureux. Si le coup de foudre plonge au départ la foudroyée dans un état de « passivité » tel qu'elle ne peut que « se soumettre » aux sensations qui assaillent son corps, il suscite, dans un deuxième temps, une activité nouvelle qui, si elle est toujours inspirée par l'émotion, peut aussi être organisée de façon réfléchie. Le corpus de récits recueillis par Ménie Grégoire sur le coup de foudre atteste que la passion non seulement agite intérieurement les êtres, mais aussi qu'elle les fait agir sur le monde extérieur, les pousse à constituer des relations, à se poser des questions, à produire des critiques et des interprétations. Le langage passionnel n'est nullement, comme le remarque très justement Denis de Rougemont (1972 : 186-187), une domination sans partage de la nature sur l'esprit mais un « excès de l'esprit sur l'instinct », une volonté d'introspection et une exposition de ses sentiments comme « pour mieux jouir de soi-même ». Le courrier des foudroyées montre bien leur désir d'intensifier toujours plus la douleur du sentiment amoureux. Mais ce trop-plein d'amour est travaillé par un mouvement fondamental : l'impossibilité de convertir la passion (malheureuse de n'être pas partagée) en paisible communion amoureuse tient au fait que le coup de foudre se vit avant tout comme une transgression. On cherche à le vivre idéalement, sans contraintes, hors du monde. Il est comme un déni de la réalité. Aussi faut-il l'envisager comme un processus spécifique d'attachement dont les conditions d'avènement, les formes d'expression et les modes de dénouement ne deviennent intelligibles qu'à condition de les rapporter aux contraintes morales, sociales ou religieuses des circonstances de son avènement.

8On tentera également, à partir de ces cent lettres, d'approcher la façon dont les rédactrices s'efforcent de rendre compréhensible une expérience que, paradoxalement, elles caractérisent par le fait qu'elle court-circuite au départ toute faculté de jugement. C'est qu'entre le premier regard fatidique et la lettre envoyée à Ménie Grégoire le coup de foudre a eu le temps de se doter d'un destin. C'est le récit de l'avènement et du devenir du coup de foudre qui organise la très grande majorité des récits. Cet événement, tenu pour imprévisible et arbitraire, n'est-il vraiment que le fruit du hasard ? A l'inverse, l'objet de la passionnée ne vient-il pas « tout à coup » investir la place qui lui était de longue date réservée ?

Qui écrit ?

9On a vu que le courrier envoyé à l'animatrice est, à une exception près, féminin. Dans 40 % des cas, on a pu repérer l'âge des rédactrices : il se situait entre 18 et 55 ans, et 70 % d'entre elles étaient mariées.

10Contrairement au courrier de l'émission concernant les ruptures conjugales et familiales, et qui abonde en détails autobiographiques, les lettres sur le coup de foudre se gardent de décrire les acteurs en question, qu'il s'agisse de soi-même ou de l'objet de sa passion. Autant, dans le courrier portant sur les injustices domestiques, on n'hésite pas à revenir sur son passé, à exposer le moindre des éléments de parcours ou de contexte propre à justifier son histoire et à la rendre intelligible à l'animatrice comme aux auditeurs, autant les récits de coups de foudre dressent des portraits quasi désocialisés de soi et des autres. C'est que l'amour au premier regard annule tout le passé. Le coup de foudre inaugure un autre temps. Tout commence avec ce séisme et se poursuit par ses effets. Le monde qui le précède s'est éclipsé.

11Ces récits ne livrent donc pratiquement pas d'informations sur les rédactrices. Deux personnes seulement ont précisé leur niveau d'études (l'une un baccalauréat, l'autre une licence). Quant à la profession, seules cinq personnes la mentionnent (chauffeur de taxi, ingénieur, représentant, psychologue, ouvrier). En revanche, nous connaissons très précisément le temps qui s'est écoulé entre le premier (et unique, pour 95 % des rédactrices) coup de foudre et le moment de la rédaction de la lettre. Moins d'un an dans 30 % des cas ; entre un an et trois ans dans 50 % des cas ; entre cinq et dix ans dans 10 % des cas ; plus de dix ans dans 5 % des cas. La majorité des rédactrices relatent donc des expériences relativement récentes.

12Il n'y a que 10 % de récits qui sollicitent explicitement l'intervention de l'animatrice. Pour celles qui viennent juste de subir leur coup de foudre, cette opportunité radiophonique joue un rôle particulier. L'amoureuse, plongée dans un profond désarroi, incapable de juger et de décider, demande de l'aide à l'animatrice : « Que penser de lui ? Qu'avait-il pour moi ? Que dois-je faire ? Je vous en supplie, répondez-moi aussitôt, c'est urgent. Surtout ne mentionnez pas mon nom à la radio. J'aurais peur d'être reconnue. »

13On craint que l'être aimé ne se soustraie à l'espace d'interconnaissance (en déménageant par exemple), ou qu'il se soumette à ses devoirs familiaux, ce qui couperait court à tout projet de vie commune. Que faire avant qu'il ne soit trop tard ? Autrement dit, comment agir pour qu'il ne disparaisse pas d'une histoire en train de naître ? Il s'agit là de foudroyées qui sont célibataires et qui aspirent à ce que cette relation naissante devienne un jour légitime et puisse s'épanouir publiquement.

14D'autres rédactrices, qui vivent déjà leur passion de façon clandestine (à l'écart de l'espace public, à l'insu des conjoints), parfois depuis plusieurs années, sollicitent les conseils de l'animatrice. « J'écoute votre émission tous les jours et je la trouve très bien car vous savez aider et encourager tous ceux qui ont des problèmes. C'est d'ailleurs mon cas. [...] Je voudrais me donner à cet homme pour qui j'ai le coup de foudre et je ne veux pas tromper mon mari. Alors comment faire, je vous en prie, aidez-moi, je suis complètement désemparée, désorientée et je suis très nerveuse. [...] Je ne sais plus où j'en suis. J'espère que vous allez comprendre mon désarroi et me répondre le plus tôt possible. » Cette double vie leur impose d'être prudentes, de garder le silence, d'anticiper les situations, d'assumer leur culpabilité, mais cette pression psychologique n'entame en rien la passion partagée.

15Quoi qu'il en soit, que leur passion soit naissante et unilatérale, ou durable et partagée, aucune de celles qui demandent aide ou conseils n'envisage vraiment de relations sexuelles. Pour des raisons autant sociales que sentimentales, elles considèrent que l'amour doit rester platonique, qu'il doit conserver sa « pureté » pour pouvoir durer. « Il me semble que de mon côté, s'il m'arrivait de fauter, il me serait impossible de regarder mon mari et mes enfants en face. Nous avons déjà très mauvaise conscience de ces rendez-vous clandestins et pourtant nous ne faisons aucun mal à personne [...]. A présent, je peux vous affirmer qu'il m'aide à vivre, à supporter les soucis et les problèmes quotidiens [...]. Mon mari ne se doutera jamais que si j'ai surmonté bien des chagrins c'est grâce à celui qui est toujours vivant en moi. Mais peut-on continuer ainsi ? Où cela nous mènera-t-il ? Vos émissions sont pour moi un précieux réconfort, cette fois j'ai besoin de vous. Que faut-il faire ? Conseillez-moi, Ménie. »

16La grande majorité (90 %) des récits qui ne demandent ni aide ni conseils relèvent du témoignage ou de la confession. On décrit, souvent avec force détails, cette forme d'amour qui se « décide sur-le-champ », selon la formule de Paul-Laurent Assoun (1994 : 37-59) et qui pose toujours problème. Cette majeure partie du corpus se scinde en deux types de récits, en fonction des enjeux qui portent invariablement sur le contexte, les conséquences du coup de foudre et ses dénouements possibles. D'une part, on trouve des récits décrivant un coup de foudre qui est resté anonyme (20 %), de l'autre, des récits décrivant les efforts pour instaurer une relation enfin avouable (70 %). Dans trois cas seulement, ces efforts ont abouti : les foudroyées qui ont finalement épousé leur foudroyeur témoignent d'une union durable (leurs couples durent respectivement depuis douze, quarante-quatre et quarante-huit ans).

Le foudroyeur anonyme

17« Un jour, un groupe passa près de moi et de mon frère, instinctivement je me retournai et je vis le long regard de ce jeune homme : un long regard de ses beaux yeux bleus. Je le suivis longtemps des yeux, troublée, émue, immobile. Puis il a disparu [...]. Que de fois, que de fois depuis (quatre ans), j'ai pensé à lui avec émotion [...]. Ménie, l'homme que j'ai épousé n'était ni blond et n'a pas les yeux bleus. »

18L'amour qui frappe brutalement se différencie d'autres formes d'amour qui s'élaborent dans la durée et sont jalonnées de moments de délibération. Dans les récits où l'amour est sans réciprocité, le coup de foudre est exclusivement lié au regard. C'est fondamentalement une expérience perceptive, dont on n'envisage jamais le possible prolongement par une liaison. Tout à coup, on voit simplement le monde d'un autre œil, celui qui a croisé le regard du foudroyeur. Le coup de foudre réside tout entier dans ce croisement de regards dont le premier effet est de défaire immédiatement le monde de la foudroyée. Le corps tout entier se trouve soumis aux affres de la passion. La brutalité du coup de foudre tient non seulement à cet impact physique et émotionnel, mais aussi au fait qu'il crée, sans médiation aucune, une discontinuité temporelle : il arrache littéralement sa victime à son existence routinière et la somme de redéfinir d'urgence ses cadres spatio-temporels : « Je me suis mise à trembler » ; « Le monde s'effondrait » ; « Je suis restée immobile », etc.

19Dans ce cas du coup de foudre resté secret, un monologue intérieur s'engage jusqu'à conclure que cette expérience singulière ne sera pas partagée, qu'elle n'aboutira pas à une relation reconnue par la société et ne pourra donc jamais prendre une signification collective. Pourquoi ? Toutes les lettres de cette partie du corpus avancent une raison simple : celui sous l'emprise duquel on se retrouve est un inconnu, un inconnaissable. Le foudroyeur n'a ni nom ni identité, c'est un anonyme qui se situe hors du monde, « réfractaire à toute lumière », selon l'expression d'Emmanuel Lévinas (1979). On l'a bien vu, on a bien été vue par lui, on s'est même parfois revus, sans forcément se parler, puis chacun a disparu du regard de l'autre. Il n'y a eu ni témoignage de sympathie, ni évidence d'une communion, pas plus que l'amorce d'une relation prometteuse. Il n'en demeure pas moins que s'est originée là l'entrée catastrophique de la foudroyée dans une autre réalité. De cet état, la psychologie a déjà fait une description clinique. Le coup de foudre serait selon Freud (1991) une « attaque d'énamoration compulsionnelle sensuelle ». Finalement, les rédactrices ne disent pas autre chose quand elles parlent d'« éblouissement », de « ravissement ». La relation à leur foudroyeur est une relation avec quelqu'un qui reste définitivement autre : comme l'écrit Lévinas (op. cit.), « son mystère constitue son altérité, c'est l'altérité qui fait toute sa puissance ».

20« Voici quinze ans, j'avais 30 ans, d'un seul coup j'ai connu le seul coup de foudre de ma vie. Et je sais maintenant qu'il ne s'effacera jamais [...]. C'était un dimanche matin du mois de décembre, un je-ne-sais-quoi a troublé tout mon être dès que je l'ai vu. Ce jeune homme, je ne le connaissais pas, je ne l'avais jamais vu, il n'est jamais devenu le compagnon de ma vie. Nous nous sommes seulement croisés plusieurs fois en quelques jours. Puis je ne l'ai plus jamais revu [...]. Il est resté la marque de ma vie, et souvent je reviens seule à l'endroit où je l'ai vu la première fois [...]. Ce coup de foudre, il durera ma vie entière [...]. Je ne vis nullement enfermée dans ce passé, il n'y a qu'à vous que je puis raconter cela. Mon mari n'en sait absolument rien. »

21Les récits de ce type mentionnent, sans équivoque, l'impossibilité d'entraîner l'autre dans sa « folie », de lui faire partager sa condition d'être aimant. Les rédactrices expriment clairement qu'elles ne comptent pas sur la réciprocité. Les qualités de l'être aimé n'entrent donc pas en ligne de compte. Aucune caractéristique n'est mentionnée – physique, sociale ou autre –, qui puisse justifier le coup de foudre, ou, à l'inverse, amener à s'étonner qu'il ait eu lieu. L'autre est un être désocialisé et désymbolisé en dehors de toute contingence sociale, religieuse ou familiale. La majorité des récits insistent plutôt sur la nature de la situation et de l'espace, le plus souvent public, où les regards se croisèrent silencieusement, et sur les effets ineffables qui s'ensuivirent, physiquement et émotionnellement. Cet instant d'élection ne provoque pas de métamorphose commune, mais uniquement une métamorphose du sujet aimant, envahi par l'« objet » aimé.

22Dans cette perspective, la foudroyée qui tait son amour s'empare mentalement de l'absent et le transforme en sujet d'un interminable ressassement. Que l'autre ne réponde pas, ne sache pas est une vérité parfaitement admise, à laquelle elle ne cherche d'aucune façon à échapper. C'est sur ce point que ces rédactrices se distinguent des érotomanes : elles ne se livrent à aucune interprétation délirante du silence et de la distance de l'absent, elles ne s'imaginent pas faire secrètement l'objet d'une inclination réciproque.

23En revanche, on inscrit d'autant plus facilement dans l'éternité celui par qui arrive le tourment amoureux (« Notre amour se poursuivra au-delà du temps » ; « J'y penserai toute la vie » ; « Cet instant sera éternel ») qu'on n'est pas dans l'attente, et qu'on n'effectue aucune tentative de donner une suite au coup de foudre. Cet amour fulgurant ne subit jamais l'épreuve des faits, avec ce que cela suppose de confrontation à la personne, de réajustement des perceptions, d'inadéquation des mondes de référence. Il ne chute jamais dans la réalité. Le coup de foudre a donc d'autant plus de chances de se transformer en pensées tenaces qu'il n'est pas réellement vécu.

24Au moment où ces récits ont été adressés à l'animatrice, les foudroyeurs avaient bien souvent disparu de la vie de celles dont ils avaient ravi l'âme. Désormais simples souvenirs, ils étaient devenus des « émotions qui font du bien quand on y pense ».

Des relations réciproques

25Alors que dans les récits du premier type (celui de l'amour resté anonyme : 20 % du corpus), le coup de foudre entraîne la foudroyée dans une passion où elle se trouve, dès le départ et pour toujours, dépossédée de son objet, les récits du deuxième type (70 %) attestent qu'on se heurte dès le premier regard aux obstacles que semble dresser le contexte social. Les rédactrices font état de l'intense travail, le plus souvent sans effet, qu'elles ont effectué pour transformer leur conviction personnelle (« Je l'aime à la folie ») en une relation réciproque. On s'emploie à passer d'un état de perturbation sentimentale, violent et individuel, à une relation apaisée et partagée, susceptible de déboucher sur un lien amoureux, durable et dénué d'angoisse.

26Certes, les sentiments éprouvés au premier regard sont, dans ce cas comme dans le précédent, l'« anéantissement » du moi, le « trouble » et le « tremblement ». Mais les conditions objectives dans lesquelles se trouvent les partenaires potentiels sont prises en considération, ce qui donne un avenir radicalement différent au coup de foudre. On prête toute son attention à ce qu'il peut y avoir de permanent dans l'espace d'interconnaissance où l'événement s'est produit. Le coup de foudre a pu y surgir et s'y déployer, il ne peut se doter de perspectives qu'à condition de disposer d'un minimum d'environnement stable où les partenaires pourront s'exercer à se connaître et à se reconnaître. Le contexte est suffisamment maîtrisé pour prendre des risques avec une relative confiance.

27Ici, l'objet d'amour de la foudroyée est à portée de regard et de voix. Le foudroyeur n'est plus présenté sous la figure éphémère d'une comète, mais sous celle, éternelle, du rocher. L'existence d'un temps commun et d'une proximité spatiale est posée comme essentielle pour que la rencontre se reproduise autant de fois qu'il le faut ; elle autorise un déchiffrement de tout ce qui constitue la nouvelle réalité. Tous les signes peuvent se transformer en signaux qu'on n'est d'ailleurs pas sûr de bien interpréter : « Il m'a regardée comme jamais on m'avait regardée, éprouve-t-il de l'amour pour moi ? »

28Mais surtout cet espace commun autorise une relation en l'inscrivant dans un monde commun : des horaires, des lieux, des itinéraires, des pratiques, etc. « Je sais qu'il fréquente le marché le samedi et je suis terrorisée, et en même temps, rien que le voir me met dans un état pas possible. »

La résolution d'une énigme

29Mais par qui au juste les rédactrices sont-elles absorbées ? Sur qui tombent-elles, de qui provient la foudre amoureuse ? Tous les récits du deuxième type désignent un proche : un voisin, l'ami d'un(e) ami(e), une relation de famille, une personne familière à son univers professionnel. Bref, le foudroyeur n'est finalement pas si étranger que cela à l'univers, réel ou imaginaire, de la foudroyée. Sur ce point les deux récits suivants sont exemplaires :

30« Rennes, le 17 juin 1972

31Madame,

32Vos émissions sur le coup de foudre m'ont bien touchée et je ne sais si j'arriverai encore à temps pour vous faire part de ce qui m'est arrivé à ce sujet. Lorsque j'étais petite, peut-être 10-11 ans, je disais à maman que plus tard je ferais "sœur missionnaire" pour le Congo (ceci étant dû à l'influence très religieuse qu'elle avait sur moi). A 12 ans, je perdais maman... mais mon cœur n'avait pas cessé de battre pour le large et je collectionnais les images de boîtes de fromage représentant le Congo, son genre de vie... Quand il y avait de petites disputes entre filles de pension, elles me disaient : "Congolaise." Mais cela ne parvenait pas à éteindre le feu que je portais en moi depuis ma plus tendre enfance. Un jour dans cette pension, le neveu de la sœur supérieure vint rendre visite à celle-ci... Il était métis et ce fut tout de suite le coup de foudre. Il était grand, svelte, beau garçon, les yeux noirs, le regard franc... et sa peau enivrée par son long voyage en bateau me faisait perdre la tête. Le hasard fit bien les choses... Ce qui veut dire que quatre ans plus tard nous nous sommes mariés. Maintenant après dix ans de mariage, nous sommes toujours aussi amoureux et heureux. Nous avons de beaux enfants basanés. Je dois vous avouer qu'avec la force et l'amour que j'avais en moi pour ce pays et cette race je n'aurais jamais épousé un homme blanc, alors que je suis blanche – et je suis très fière de ma petite famille. »

33« Le 15 Juin 1972

34Ménie,

35Quelle étrange découverte j'ai faite aujourd'hui en écoutant vos émissions sur le thème du coup de foudre. J'ai 42 ans (mariée, deux enfants). Je suis très mince, élégante, je me sens jeune. Au mois de décembre 1971, j'ai eu le coup de foudre pour un garçon de 25 ans. Voici comment les choses se sont passées. Henri était venu chez moi envoyé par un ami pour prendre des mesures en vue de l'installation d'une cuisine. Je le regardais, lui ne faisait pas attention à moi, et dès le premier instant, j'ai eu un vrai coup de foudre, je me suis sentie mystérieusement attirée par lui. J'éprouvais quelque chose en moi que je n'arrivais pas à définir. Je n'ai eu plus qu'un désir : le revoir. Je me souviens de cet instant magique quand je suis arrivée dans le magasin où il travaillait comme menuisier, pour venir chercher mon devis. Cela a été un nouvel éblouissement, il n'y avait plus que moi et lui. Je me suis avancée vers lui en disant : "Vous ne me reconnaissez pas ?" Il me regardait venir, et il était comme pétrifié, il n'en revenait pas. Il m'a dit en bégayant : "Vous êtes... vous êtes... ravissante." Ce n'est pas le compliment flatteur qui m'a touchée, c'était de sentir son émotion, son trouble. Il continuait à me regarder sans rien dire et moi aussi j'étais profondément troublée, mon cœur battait très fort. Je lui disais hypocritement : "Qu'est-ce qu'il y a, mais qu'est-ce qu'il y a ?" Comme si je ne le savais pas ! J'avais peur, j'aurais voulu me sauver. Il était mon miroir ; le reflet de ce qui se passait en moi. Quand je me suis retrouvée dans la rue, je flottais, je me sentais heureuse, je savourais mes sensations, je revivais à l'infini cet instant merveilleux. Nous nous sommes revus, il est devenu mon amant. La dernière fois que je l'ai vu, j'ai senti qu'il ne reviendrait pas, mais je n'ai pas voulu y croire. Il n'est plus revenu. J'ai crié, j'ai pleuré, je l'ai appelé. J'étais une écorchée vive à l'intérieur de moi. J'ai appris qu'il avait quitté la maison où il travaillait car son patron était décédé et le fonds de commerce allait être vendu. J'ai tout fait pour le retrouver et j'y suis arrivée. Il est à Grenoble, il a déménagé. Le destin nous a séparés, mais est-ce bien le destin, Ménie ? Quitter Grenoble pour aller travailler à Brest, pour retrouver la même situation, c'est-à-dire certainement sans amélioration notoire, je trouve que c'est une coïncidence illogique. Je déteste me leurrer, me monter la tête, mais mon intuition me dit qu'il m'a fuie, qu'il a fui l'amour. Est-ce que je me trompe ? J'ai un doute empoisonné. Je lui écris, il ne me répond pas. Je continue puisqu'il ne m'en empêche pas, je considère que c'est une autorisation (Henri est marié, mais son mariage ne va pas. Il ne veut pas quitter sa femme, m'a-t-il dit, car il a trop de choses en commun avec elle. Moi aussi j'ai fait un mariage malheureux qui est en train de se casser depuis deux ans et j'aimerais repartir à zéro dans l'existence avec Henri).

36« Je vous parlais, au début de ma lettre, d'une étrange découverte, j'y reviens : je cherchais le petit fait qui aurait pu exister et que j'aurais oublié concernant le coup de foudre. Je ne trouvais rien. Je repensais à tout ce que vous aviez dit et tout à coup je me suis souvenue. C'était au mois de mars, je disais à une amie qu'à la suite d'un rêve que j'avais fait à l'âge de 15-16 ans, j'ai toujours su qu'il y aurait un « Chinois » dans mon existence qui occuperait une grande place. Et en effet, depuis toujours j'attends mon "Chinois". A chaque fois que je rencontre un Vietnamien, un Japonais ou un Chinois, je me dis : "Est-ce lui ?" Mais rien ne m'a jamais avertie en moi que c'était lui. Cela m'a rappelé une scène qui a eu lieu récemment. C'était au restaurant, il y avait, comme par hasard, un ami d'Henri qui travaillait dans la même maison que lui. Il parlait de lui, il disait : "Vous savez, le Chinois", et en le disant il tirait ses yeux en oblique. C'était Henri, le "Chinois" de mon rêve ! Maintenant j'en suis sûre ! C'est vrai que morphologiquement il ressemble à un homme de race jaune. Il n'est pas très grand, mince, la peau assez foncée, les cheveux noirs et des yeux mordorés très tirés vers les tempes. Comment se terminera mon histoire ? Ménie, je vous écrirai à nouveau pour vous le dire.

37Je vous envoie mon amitié. »

38Ces deux récits montrent bien comment le coup de foudre peut être la résolution d'une énigme. Il bénéficie d'une disposition inscrite dans l'histoire personnelle bien avant le premier regard, en dépit du fait qu'il est vécu et relaté comme un phénomène précipité dans l'instant présent, un événement que rien ne permettait de prévoir. Il est probable qu'il résulte, tout au contraire, d'une lente et patiente construction de la figure de l'être attendu. Le foudroyeur est soudainement assigné à la place qu'on lui réservait de longue date (« C'était exactement le genre de gars dont je rêvais »). A la longue incertitude de l'attente il substitue la certitude présente, celle que c'est bien lui et aucun autre. Dans ces récits du deuxième type, l'intensité amoureuse est d'autant plus grande que le coup de foudre débouche sur un amour réciproque.

39Avant même d'être frappée d'amour par le premier regard, la foudroyée est littéralement ravie par l'apparition quasi miraculeuse du sujet « rêvé ». Dès que cet autre investi d'absolu surgit, le temps s'arrête, la vie antérieure disparaît, le futur devient évanescent ; la relation paraît d'autant plus immuable que l'objet aimé n'est ni encore approprié ni encore perdu. Cette soudaine proximité dans l'ordre de l'espace et du temps permet aux rédactrices de décrire l'être aimé (« Il est beau, il a les yeux bleus [...], on parle ensemble pendant des heures »), et l'heureux concours de circonstances de leur rencontre (« C'était pendant les vacances scolaires chez mon frère » ; « Il était en face de moi, à table au restaurant »).

Le retour au réel

40Dans ces 70 % de cas où la foudroyée cherche à entrer en relation, celle-ci peut suivre deux modes de déroulement. Dans le premier (très minoritaire), l'histoire tourne court. La foudroyée aurait tôt ou tard tenté quelque chose, mais elle s'est laissé piéger par le temps. Trop bouleversée et incertaine des sentiments de l'autre, elle l'a tout simplement laissé filer. « Cela fait deux mois qu'il est parti au Havre. Ses parents ont déménagé. C'est arrivé trop brusquement. J'ai le pressentiment que si je ne le revois pas, ce sera affreux. J'ai un besoin irrésistible de le revoir, même si ce n'est que pour lui faire des adieux [...]. L'éloignement joue en faveur de l'oubli. Vaut-il mieux ne rien faire ? Peut être que j'aurais dû agir avant, pendant qu'il était là [...]. Il va me hanter même à 100 000 kilomètres de moi. »

41Dans le second mode de déroulement, nettement plus fréquent, la fascination est réciproque et l'état amoureux est bientôt déclaré ; les protagonistes reviennent dans les mêmes lieux, s'informent mutuellement de leur état. Les modes de communication sont divers : dans quelques rares cas, on s'écrit ou on se téléphone, mais le plus souvent on organise des rendez-vous clandestins. Des liens tangibles tendent à s'instaurer. Les amants agissent pour se voir, se revoir. Au fil des rencontres, la relation amoureuse évolue et amène à envisager la vie différemment. « On m'a présenté un jour un jeune homme qui venait manger chaque soir dans le restaurant de mes parents, il était âgé de 23 ans, il me semblait que je n'avais jamais vu un homme aussi beau et aussi élégant. Lorsqu'il rentrait au restaurant, quelque chose d'inexplicable se passait en moi. Je devenais une enfant, la peur, je tremblais, je rougissais. Puis un jour quelque chose m'a poussée à le suivre au fond d'une petite cour derrière la maison, là où il se rendait pour aller chercher de l'eau auprès d'une petite fontaine. Je l'ai donc suivi et là je me suis approchée. Il m'a prise dans ses bras et m'a embrassée puis il est reparti, et je suis restée là sans bouger. Ce baiser m'avait bouleversée, c'était à la fois merveilleux et terrible, car en moi quelque chose venait de me traverser le corps, je tremblais, le cœur battait trop fort. Après ce baiser bouleversant, nous nous sommes fréquentés deux années. Nous avons parlé de nous et du mariage, et nous nous sommes mariés. Douze ans de mariage heureux, Ménie. »

42Toutes les histoires n'ont pas, loin de là, un déroulement et une fin aussi heureux (3 % de mariages seulement, rappelons-le). La relation en vient nécessairement à se heurter aux multiples contraintes sociales : « Il est ingénieur et je n'ai pas de diplôme » ; « [...] J'appelle encore son numéro pour l'entendre mais il n'est plus là, son service est terminé. Mais je sais que pour lui aussi il reste une place pour moi dans son cœur car il veut partager sa vie avec moi. J'étais déjà mariée, avec une petite fille, et n'ai pas voulu détruire mon équilibre par un divorce. J'aime mon mari mais ce n'est pas le grand amour. Dans mes moments de cafard, j'entends encore sa voix douce, tendre, chaleureuse me consoler secrètement car je suis sûre maintenant que c'est avec lui que j'aurais dû partager ma vie et aurais été vraiment heureuse [...]. »

Les exigences de la raison

43Le coup de foudre majoritairement relaté dans les cent lettres reçues par Ménie Grégoire, celui que les amoureux auraient souhaité convertir en relation durable, concerne des femmes que de nombreux liens et valeurs éloignent de l'homme qu'elles aiment passionnément : leur statut de femme mariée, de mère, leur position sociale, leur culture religieuse. En voici quelques exemples :

44« En octobre dernier des missionnaires mormons sont venus frapper à ma porte. [...] Très rapidement j'ai été bouleversée par l'un des deux, un blond que l'on a envie de protéger. Bob est américain et durant le temps de leur mission, qui dure deux ans, les mormons n'ont pas le droit de s'intéresser à des filles. [...] Il m'a demandé de me faire baptiser dans sa religion. Mais mes parents s'y opposent. Il me dit qu'il veut que je sois heureuse et m'a promis qu'après mon baptême il reviendrait et qu'il serait toujours là pour m'aider. Or j'ai appris plus tard que les missionnaires ne devaient pas revenir chez les baptisés. Est-ce vrai ? [...] Cela fait deux mois qu'il est parti à Bordeaux. Et j'ai le pressentiment que je ne le reverrai plus. Ce sera affreux. [...] Je veux partir à Bordeaux. J'ai un besoin irrésistible de le revoir. Je n'arrête pas de pleurer, Ménie. [...] J'ai un autre pressentiment qui me dit qu'il fera tout pour m'oublier, et que l'éloignement joue en la faveur de sa lutte contre ce qu'il pense être contraire à son devoir. »

45« Il voulait que je quitte mon mari, mes gosses, que je parte avec lui, enfin tout un tas d'idées folles que l'on ferait sur le moment, et qui n'arrangeraient pas la situation. »

46« J'ai connu il y a deux ans un jeune homme qui tout de suite m'a attirée, dès que je l'ai vu j'ai eu le coup de foudre. J'allais voir ma sœur qui attendait un bébé, lui venait pendant les vacances d'août avec ses parents, ce sont les voisins de ma sœur. Ils viennent quelquefois chez elle. Dès que je l'ai vu, j'ai tremblé, je l'ai aimé tout de suite et je crois bien que lui aussi m'aimait, mais je ne voulais pas lui dire, je cachais mon amour car ses parents sont des gens riches, ils n'auraient pas voulu d'une jeune fille comme moi sans ressources et qui vient d'une famille modeste. [...] J'ai essayé par tous les moyens de l'oublier [...]. J'ai appris qu'il était marié, ses parents l'ont forcé à épouser une fille après ses études à la faculté. Il est ingénieur en électricité. [...] Je suis retournée au village et là j'ai demandé à un de mes amis s'il voulait m'épouser et comme lui aussi il était seul, il a accepté. Je me suis mariée et j'ai une petite fille. Mais mon cœur ne cesse de souffrir, je regrette de l'avoir épousé [...]. Ménie, j'ai pensé à des idées absurdes, par exemple demander le divorce et lui aussi, mais à quoi bon, ses parents sont tellement méchants, je ne suis pas assez bien pour eux, je ne suis qu'une ouvrière [...]. »

47« Mais voilà, mon amour est marié et ne veut pas divorcer et moi non plus je ne peux pas divorcer, j'ai trois enfants. Mais nous désirons que notre bonheur, que ce secret, qui nous unit et nous lie dure le plus longtemps possible. Si cela s'arrête, alors je connaîtrai l'enfer. »

48Dans tous ces cas de figure, les contraintes sociales priment sur l'intérêt individuel.

49Tout se passe comme si le coup de foudre se manifestait de manière insidieuse, soit trop tôt, soit trop tard, jamais au bon moment. Plutôt que des personnes libres dans leurs attaches et leurs appartenances, il frappe des personnes sur lesquelles pèsent de puissantes pressions sociales et morales. Il semble qu'il y ait peu de gagnants au jeu du coup de foudre, une fois qu'on passe du ravissement hors du monde à la réalité concrète. Quand l'un est pris, l'autre pas. Quand les deux sont pris, tout désir de refaire leur vie leur paraît devoir être payé d'un coût trop élevé.

50Le désir de perpétuer le coup de foudre sous la forme d'un bonheur éternel, de se maintenir envers et contre tout dans l'ivresse des premiers instants qui ont donné naissance à l'amour et une nouvelle existence à la passionnée (sous l'effet d'un regard qui lui était destiné), échoue, tôt ou tard, sur le constat d'un amour impossible. La réalité finit par l'emporter sur le rêve d'un amour si fort qu'il saurait défier durablement et concrètement l'ordre social. Le coup de foudre ne semble exister, pour l'écrasante majorité des rédactrices, que parce qu'il est impossible qu'il débouche sur une relation légitime et durable, confirmant ainsi l'analyse de Rougemont selon laquelle ce que l'Europe a exalté dans la passion amoureuse, « c'est l'élancement de l'âme vers l'union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie » (1972 : 78).

Haut de page

Bibliographie

Assoun P.-L., 1994. « Au premier regard », Revue française de psychanalyse, n° 49, pp. 37-59.

Cardon D. et S. Laacher, 1995. « Les confidences des Françaises à Ménie Grégoire », Revue sciences humaines, n° 53, pp. 18-25.

Duras M. et X. Gauthier, 1974. Les parleuses, Paris, Ed. de Minuit.

Freud S., 1991. Métapsychologie, Paris, Folio-Essai.

Green A., 1990. La folie privée, Paris, Gallimard.

Levinas E., 1979. Le temps et l'Autre, Paris, PUF.

Merleau-Ponty M., 1945. Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard.

Pesenti M., 1993. « L'objet de la passion, c'est le passionné », Apertura, n° 8, pp. 35-45.

Rougemont D. (de), 1972. L'amour et l'Occident, Paris, Plon.

Haut de page

Notes

*De 1967 à 1981 Ménie Grégoire anima sur RTL une émission qui constitua le premier programme de confession radiophonique. L'animatrice reçut toutes ces années durant un courrier considérable (environ 100 000 lettres). Des milliers d'auditeurs ont eu l'occasion de dialoguer avec elle à l'antenne. Les lettres analysées ici proviennent de ce corpus aujourd'hui déposé au Centre d'archives contemporaines d'Indre-et-Loire. La recherche sur ce dispositif radiophonique et le matériau qu'il a constitué est menée avec Dominique Cardon (cf. Cardon et Laacher 1995).
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Smaïn Laacher, « Destins tragiques des coups de foudre »Terrain, 27 | 1996, 71-80.

Référence électronique

Smaïn Laacher, « Destins tragiques des coups de foudre »Terrain [En ligne], 27 | 1996, mis en ligne le 18 juin 2007, consulté le 03 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/3394 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terrain.3394

Haut de page

Auteur

Smaïn Laacher

IAE, Paris I Panthéon-Sorbonne

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search