1Auroville, cité « utopique » ou « spirituelle » fondée en 1968 en Inde du Sud, mélange l’esthétique du futurisme technologique et architectural le plus visionnaire des années 1960 et les formes de vie traditionnelles de l’Inde du Sud. Si la cité est, comme ses fondateurs l’ont pensée et comme le relayent encore ses résidents et les observateurs qui la visitent, une « ville du futur », de quel futur s’agit-il ? Depuis que Lloyd Dunn a forgé le terme en 1983 dans son journal éponyme, le rétrofuturisme désigne le plus souvent des futurs imaginés dans les années 1950 et 1960, inspirés de l’aéronautique, de la conquête spatiale et des espoirs mis dans l’énergie atomique. Ces futurs restent une référence pour la science-fiction et continuent de nourrir les récits d’anticipation malgré l’impossibilité récurrente de les mettre en œuvre. Entre les prédictions futurologiques d’Alvin Toffler en 1971 (la confrontation violente entre un présent déjà dépassé par un futur qui le colonise) et la rétrotopie (le regard vers un passé utopisé) (Baumann 2019) résonnent en régime de haute modernité les modes vestimentaires et artistiques rétrofuturistes qui jouent des métissages entre esthétique victorienne et science-fiction (steampunk), nourrissant une « fascination ambivalente […] pour les “lendemains d’hier” [yesterday’s tomorrows] » (Latham 2009 : 340). La notion de rétrofutur qui s’est largement déployée, au-delà de la science-fiction, dans la prospective urbaine et culturelle (Miles 2007, Cauquelin 2015, Jaccaud et al. 2012), a-t-elle vraiment une pertinence dans le contexte d’une cité comme Auroville ? La « cité de l’aurore » (son nom officiel) mérite-t-elle encore l’appellation de cité « du futur » (son projet), c’est-à-dire porteuse d’un futur non encore advenu, ou est-elle déjà devenue une « cité de science-fiction » (Parker 2018 : 383), autrement dit le vestige d’un futur toujours impossible ?
2Souvent citée en exemple des villes « futuristes » – fruits d’une imagination « visionnaire » et qui comportent une dimension d’espérance telle qu’elle prévaut dans l’imaginaire futuriste des années 1960‑1980 (Iavarone 2022) –, Auroville est née des aspirations de deux gourous, l’un indien, Sri Aurobindo Ghose (1872‑1950), et l’autre française, Mira Alfassa (1878‑1973), dite « la Mère », qui a pris sa succession à la tête de l’ashram de Pondichéry après sa mort.
3Le projet d’origine mêle l’évolutionnisme scientifique (inspiré par la biologie de la première moitié du xxe siècle) et un hindouisme modernisé (Obadia 2020) fondé sur la conviction que seule l’alliance entre Science et spiritualité peut mener à la véritable émancipation et à l’avènement du « Surhomme » (Birmingham 1972). La cohérence idéologique de ce superhumanisme spirituel s’incarne dans un imposant corpus de textes aux accents syncrétiques : il s’agit d’intégrer, de prendre le meilleur et de sublimer à la fois les traditions hindoues, bouddhiques et chrétiennes, les sciences de la vie et les derniers apports de la biologie et de la physique. De volumineuses productions littéraires témoignent de cette symbiose, composées essentiellement d’aphorismes, diffusées par les éditions de l’Ashram de Pondichéry. Celles-ci ont publié les nombreux enseignements, poésies et réflexions d’Aurobindo (relayés à l’occasion par des éditeurs spécialisés comme Albin Michel et Buchet Chastel) entre 1890 et sa mort en 1950, ses traductions des Upanishads, et ses Lettres sur le yoga en quatre volumes dans lesquelles il a posé les bases de sa méthode dite « intégrale », qui s’applique à toute situation de l’existence (même très ordinaire) et à l’orienter vers un but ascétique1. La production littéraire de la Mère est tout aussi prolifique, chez le même éditeur qui s’est fait le relais de ses pensées sur la méditation, l’éducation, le yoga et la santé. À l’image des maîtres dans les traditions sud-asiatiques, une grande partie de ses vues sur l’alliance entre hindouisme et science ont été publiées sous la forme d’Entretiens (entre 1929 et 1958, en huit tomes, aux éditions de l’Ashram) et consignées par son secrétaire privé Satprem (Bernard Enginger) dans un Agenda (en treize tomes, entre 1951 et 1973, aux « Éditions des recherches évolutives »). Lieu « expérimental » pour un « projet visionnaire » (Shin 1984), désigné comme un « laboratoire » pour l’humanité et largement soutenu par l’Unesco, Auroville affiche dès sa fondation une orientation progressiste : il s’agit d’œuvrer au progrès spirituel et à l’émancipation de l’humain. Si la notion de futur est mobilisée, c’est toujours en référence à un travail nécessaire de sublimation des paradoxes et des dualités (matérialisme et ascétisme, esprit et matière, collectif et individualité), au dépassement de la condition humaine par la mise en œuvre concrète d’une nouvelle forme de conscience – une utopie qui se matérialise sous la forme d’une cité (Obadia 2021). La charte élaborée par la Mère, initialement rédigée à la main en 19681, et depuis largement diffusée à Auroville sous la forme d’un feuillet ou d’un poster, stipule :
« Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures. Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète. »
- 2 Peter Scriver & Amit Srivastava, « Bulding Utopia : 50 Years of Auroville », The Architectural Revi (...)
- 3 Catherine Ruchon, « Auroville, Brasilia et Akon city (1). L’utopie des villes nouvelles », L’Auberg (...)
4La cité, qui a désormais un demi-siècle d’existence, se révèle un mélange complexe entre un futurisme affiché dans la matérialité des édifices et dans l’idéologie, et le traditionalisme de l’hindouisme populaire des cultures environnantes. La cité se pare de surcroît des couleurs multiples des différentes nations qui la composent : cité internationale, elle est organisée autour de « pavillons nationaux » et regroupe plus de 3 300 personnes originaires de pays différents. Traditionnelle d’un côté, la ville regorge d’inventions de bâtisses originales en leur temps2 à l’image d’autres « villes nouvelles » ou « expérimentales3 ».
5Roger Anger, l’architecte français en charge du projet, résumera ainsi le moment clé qu’Auroville constitue pour faire vivre la vision d’Aurobindo bien longtemps après sa mort : « Sa quête d’une super humanité propose aux hommes follement raisonnables que nous prétendons être, la folie raisonnable d’un monde à transfigurer ici et maintenant » (présentation à l’Unesco en novembre 1966).
6« Il n’y avait rien d’autre qu’une terre sèche et quelques baraques, et nous étions assez fous pour suivre les conseils de la Mère et commencer à construire la ville », rappelle Frédéric, considéré comme le premier résident d’Auroville (car arrivé sur la zone avant sa création). Des années de fondation de leur ville, les premiers Auroviliens (installés dans les années 1960 et le début des années 1970) ont conservé l’idéal contre-culturel d’une communauté en autogestion et qui tend vers l’autarcie, qui a banni l’argent et qui œuvre à la réalisation de ses objectifs. La construction d’Auroville devait matérialiser l’idéal d’une surhumanité émancipée par la discipline du yoga, une catégorie large qui inclut non seulement l’ascèse traditionnelle, mais aussi l’engagement dans le travail manuel, l’organisation communautaire, les productions artistiques, les activités d’érudition et de connaissance. Aurobindo l’avait affirmé dans ses Lettres sur le yoga de septembre 1930 : « Le yoga est scientifique dans la mesure où il procède par expériences subjectives et fonde toutes ses découvertes sur l’expérience ». La Mère bien des années plus tard insiste dans son Agenda de 1966 : « Sciences, if you study them deeply enough, will teach you the unreality of appearances and will thus lead you to the spiritual reality ». Mais « pour faire naître le surhomme, il fallait une ville », confie Jean, pionnier qui a rejoint Auroville au début des années 1970. C’est en 1965 que la Mère a une première « vision » du Parc de l’Unité où sera érigé plus tard le Matrimandir. En 1970, elle a une seconde vision de la « chambre intérieure », qu’elle relate à l’architecte Roger Anger, mari de sa petite-fille, auquel elle avait déjà confié la construction du centre sportif de l’ashram. Il propose alors différents modèles du cadastre de la ville, selon une composition en spirale évoquant une galaxie afin d’incarner l’esprit universel qui anime la cité, ainsi que des maquettes du Matrimandir dont il lancera les travaux en juin 1970.
- 4 Peter Scriver & Amit Srivastava, art. cit., 2016.
7Inspiré par l’architecture « visionnaire » du mouvement moderniste du xxe siècle (Kundoo 2009), Roger Anger (2009) a les références futuristes en vogue à l’époque où la cité d’Auroville était dans ses premières étapes de construction (entre 1968, date de fondation de la cité, et les années 1980, qui ont vu la communauté reconnue par l’État indien) : des « maisons-sculptures » selon l’expression de l’architecte, aux lignes épurées, géométriques (arrondies ou pyramidales, cubiques ou composées de figures élémentaires4), ces formes qui ont fait les beaux jours des styles modernistes des années 1950 aux années 1970 (Lista 2001). Roger Anger a établi le plan d’occupation des sols d’Auroville et pensé le Matrimandir. Il a dessiné les édifices que les Auroviliens valorisent désormais comme remarquables (devenus sites patrimoniaux) et des bâtiments collectifs à usage éducatif (After School, Last School et No School) inspirés de la même esthétique.
8Architecte de profession installé à Auroville en 1968, André H., qui réside encore dans l’une de ces maisons, a été missionné par la Mère pour poursuivre le travail d’Anger, dans une esthétique similaire comme en témoignent ses réalisations : le Centre for Research in Communication and Publication (CRCP), la communauté résidentielle Surrender, le Pavillon de Culture tibétaine de la « zone Internationale », Auromode, unité commerciale de la « zone industrielle », et l’école de la zone New Creation. Il se dit fier de son œuvre, conforme à l’esprit utopique de la première génération, et évoque la commande de la Mère et le vœu exprimé par celle-ci de « voir se développer les arts à Auroville ». Il ne fait nulle mention d’une quelconque fascination pour les colonies spatiales. Pourtant, sur le plan morphologique, son architecture semble inspirée de la mouvance « googie » (Chabot & Morris 2015) et de l’esthétique de l’« Âge spatial » des années 1960 (Dick 2008). Interviewé en 2013, André T. (décédé en 2018) vivait dans la communauté New Creation dont il était membre actif : sa maison était elle-même de type moderniste, de même que le sont encore les espaces éducatifs où il accueillait les enfants de la cité et des villages alentours. Si, selon lui, le terme « futuriste » n’a pas grand sens à Auroville – il lui préférait celui de « métaphysique » –, c’est en raison de l’ambition affichée par « le programme spirituel d’Aurobindo et de la Mère ».
9S’il est par excellence un édifice qui, entre tous, cristallise ce programme, c’est bien le Matrimandir (« temple de la Mère »), cœur géographique et unique sanctuaire de la ville. Sa construction, débutée en 1971 et achevée en 2008, avait mobilisé l’ensemble de la communauté. L’ouvrage qui conserve la mémoire de ce processus, Hymne aux bâtisseurs du futur (publié par le Centre d’Art d’Auroville en 2014), traduit, par son contenu même (photographies et textes), la préoccupation des Auroviliens pour leur passé (de fondation) et leur espoir dans un avenir (projectif), tous deux sublimés par la construction d’une ingénierie cosmique détournant subtilement les rêves de fuite dans l’espace vers un autre type de conquête : celle de l’espace intérieur.
- 5 Francky Knapp, « India’s Utopian “Star Wars” City », Messy Nessy, 19 juin 2018. En ligne : https:// (...)
- 6 Sarina Singh et al., South India, Lonely Planet, 2009, p. 428.
- 7 « Auroville épisode 2 : urbanisme façon DisneyLinde ? », TextSymbol, 6 janvier 2019. En ligne : htt (...)
10Sphère de 40 m de hauteur dorée à l’or fin, l’édifice affiche une épure qui a banni tout autre symbolisme (selon le principe d’un dépassement des religions par le spirituel). Il contient une « chambre intérieure » blanche et dépouillée, qui compte douze larges piliers et, en son centre, un globe de cristal traversé par un rayon de lumière qui provient d’un orifice percé au plafond. On entre au Matrimandir accompagné d’un Aurovilien. Le silence y est de rigueur. À l’intérieur, une lumière blanche tamisée, dans un sas où les visiteurs se déchaussent, puis cheminent vers une salle au cœur de la sphère, à dominante rose orangé, aux volumes simples et lisses, puis empruntent une rampe qui mène quelques dizaines de mètres plus haut à la chambre intérieure où l’on médite en groupe. Lors de mes visites à Auroville au Matrimandir (au cours de missions en 2013, 2016 et 2018), l’épure et la douceur des formes, les couleurs pastel et l’asepsie symbolique m’ont donné l’étrange sentiment de pénétrer dans un décor de film d’anticipation des années 1960‑1970, ce que d’autres visiteurs ont aussi noté dans les impressions de voyage qu’ils ont publiées. Un blog mentionne par exemple « the inside of the central meditation centre and various structures looks like something from a science fiction film5 » et l’édition anglaise de 2019 du guide Lonely Planet dédié à l’Inde du Sud évoque « One of those unfortunate buildings that tries to look futuristic and ends up coming off dated, this giant golden golf ball / faux Epcot Center6 », en référence critique à l’édifice d’un parc Disney, cet Experimental Prototype Community of Tomorrow imaginé par le dessinateur américain un an avant la fondation d’Auroville, et à l’esthétique comparable7.
11Exprimés sur un registre subjectif et en des termes parfois sarcastiques, ces commentaires traduisent une même sensation de contraste à laquelle les Auroviliens semblent indifférents. Jean, qui a installé un atelier de réparation proche du Matrimandir, prend un plaisir évident à le faire visiter (« à certaines personnes seulement », dit-il). Il rend visible avec minutie « l’autre côté » de la machine, ses subtils rouages et complexes mécanismes en faisant emprunter aux visiteurs chanceux des corridors connus des techniciens seulement, où se dévoilent les dispositifs qui contribuent au fonctionnement de la sphère (plaques dorées contrôlées mécaniquement à distance, système de régulation de la température et de l’humidité du bâtiment, entre autres). Rappelant l’ambition initiale d’Anger, Jean décrit les prouesses techniques qui étaient attendues du Matrimandir : « Roger voulait que tout fonctionne de manière automatique, et une porte (d’entrée) qui s’ouvre comme dans un vaisseau spatial ». La référence est ici allégorique : le Matrimandir est un « vaisseau » comportant une technologie qui doit rester invisible aux visiteurs afin de leur offrir une expérience spirituelle conforme au plan (idéologique comme topographique) des fondateurs de la cité. Objet de fascination pour les visiteurs et analystes d’Auroville, totem de la communauté des résidents, le Matrimandir est un objet parfaitement incorporé dans l’environnement des Auroviliens et il ne provoque en eux aucune sensation de décalage rétrofuturiste. « On s’habitue à tout, même à ce spectacle », dit Louis, l’une des figures de la première génération des Auroviliens, de ceux qui ont « connu la Mère », qui voit la silhouette du Matrimandir se détacher de la forêt environnante depuis sa résidence.
- 8 Le lecteur trouvera une représentation du centre sur le site Internet officiel d’Auroville : https: (...)
12Alors qu’Auroville s’engage depuis 2018 dans une nouvelle phase de son histoire, après avoir célébré son cinquantenaire, la communauté continue, dans une Inde et un paysage mondial qui ne cessent de se transformer, de distiller les conceptions de la « science » et du « futur » qui furent celles de sa fondation. N’est-ce pas précisément ce qui crée ce sentiment d’anachronisme qui est caractéristique du rétrofuturisme (Evans 2016) ? C’est ainsi que Geneviève, qui a rejoint Auroville dans les années 1980 et qui partage son temps entre l’Inde et la France, évoque le Centre for International Research on Human Unity (CIRHU) où seront réunies selon elle « toutes les recherches sur l’évolution de l’humanité, comme le voulait la Mère ». Elle est fière d’étaler devant moi le plan du futur site du CIRHU qui doit s’étendre largement autour du Matrimandir8 Projet ambitieux, lui aussi établi sur une esthétique fidèle au style d’Anger, le Centre fonde son programme sur des idées élaborées par la Mère dans les années 1960, comme l’exploration du « Yoga des cellules », le Yoga intégral d’Aurobindo et son impact au plus profond de la biologie humaine, relu et théorisé par la Mère. Le corps humain, la méditation et les effets vibratoires du yoga sur les cellules biologiques formaient un vaste chantier à explorer dans son Agenda en août 1965, et c’est ce projet d’un humain libéré, non encore advenu, toujours à faire, qui est poursuivi in extenso à ce jour.
13Si la cité d’Auroville peut être qualifiée aujourd’hui de rétrofuturiste, c’est donc dans un sens bien particulier. Son architecture garde la trace des imaginaires des colonies spatiales (Latham 2009), mais si conquête de l’espace il y a, c’est d’un espace cosmique et spirituel qu’il s’agit, d’une « conscience divine » à réaliser, selon les mots de la Mère. Faire sienne la quête métaphysique des fondateurs, c’est adhérer à un drôle de vertige spatio-temporel. Il s’agit de continuer à penser le futur d’une émancipation spirituelle, individuelle et collective toujours en chantier ici et maintenant. Dans ce contexte, Auroville s’avère un topos d’hybridation de régimes d’historicité et de répertoires esthétiques et matériels, le lieu d’un rétrofuturisme expérientiel pourrait-on dire, car fondé sur la saisie immédiate par les sens, et pas seulement par l’imagination, où plusieurs répertoires d’imaginaires se rencontrent et s’entrechoquent. Un premier plan de rencontre est celui où se mêlent l’hindouisme et l’évolutionnisme scientifique – deux systèmes qui, d’ailleurs, reposent virtuellement sur des régimes d’historicité très différents, rétrospectif pour l’un (car Aurobindo a procédé à une relecture des anciens textes sacrés de l’hindouisme) et prospectif pour l’autre (dans le sens où l’idée de « Science » était associée à une transformation imaginée et désirée des sociétés). Un second plan est celui où s’expriment les paradoxes d’une esthétique à la fois mystique et futuriste qui semble avoir eu son apogée dans les années 1960 et qui place Auroville à part, si on la compare à d’autres comme Akon City par exemple, au Sénégal, une « utopie motivée par une rétrotopie » (Ruchon 2020), dans le champ des utopies futuristes territorialisées.