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Atlas des langues

Prendre la mesure linguistique du monde à l’époque moderne [portfolio]
Fabien Simon

Résumés

L’Atlas linguistique est constitué selon deux axes complémentaires : collecter (les langues/les écritures) et inventer (une langue/une écriture). D’un côté, la confrontation à la diversité des langues, dont on tente de déterminer le périmètre ; de l’autre, la tentative de la contrecarrer en revenant à une langue unique. La collecte de tous les idiomes vise à inventorier la nature ; les langues inventées veulent l’autopsier. La dimension cryptographique assumée des langues universelles les constitue en incitation à décrypter le livre de la nature en même temps que l’on décrypte l’écriture elle-même. Mais, paradoxalement, elle réserve aussi ces systèmes de signes destinés à être compris par tous, comme les « caractères réels » de John Wilkins, à un petit nombre de maîtres de ce savoir. Dans ce portfolio, Fabien Simon exhume les interprétations de différentes écritures, de la Renaissance au début du xviiie siècle.

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Texte intégral

  • 1 The Universal Character by which all the Nations in the World may Understand one anothers Concepti (...)
  • 2 Le charactere universel, par lequel toutes nations peuvent comprendre les conceptions l’une de l’a (...)

1Sur le frontispice de son Universal Character -> Fig. 1, Cave Beck (c. 1623-1706) fait figurer, suivant le topos iconographique en vigueur au xvie siècle, les quatre parties du monde personnifiées. Cependant, alors que généralement l’Asie, l’Afrique et l’Amérique honorent une Europe « impériale », les bras chargés de présents divers (plantes, animaux, etc.), ici, l’allégorie européenne, vêtue comme un gentleman anglais, fait un don aux trois autres parties du monde. L’objet de la rencontre cosmopolite est linguistique : il s’agit de « renverser Babel », et ce grâce à l’établissement d’une « voix commune » ou « Tongues in Brief1  ». Ce projet de langue universelle, élaboré par Beck, prend la forme d’un dictionnaire alphanumérique dans lequel environ 4 000 mots anglais, essentiels pour l’auteur, sont numérotés en suivant l’ordre alphabétique. L’écriture est donc un code, un « chiffre », une écriture secondaire renvoyant à l’alphabet latin, destinée à être lue dans toutes les langues. Beck réalise également, vraisemblablement lui-même, la traduction, parfois fort hasardeuse, de son ouvrage en français, dans un opuscule séparé, appelant de ses vœux d’autres 
traductions2.

Fig. 1. Rencontre linguistique, Cave Beck, 1657

Fig. 1. Rencontre linguistique, Cave Beck, 1657

© Bibliothèque nationale de France, RES 8-NFR-214

  • 3 Il s’agit du dieu du commerce et de la communication entre autres. Beck utilise l’expression dans (...)

2Le projet de Beck contient trois des principales dimensions généralement présentes dans les propositions de langues universelles fleurissant aux xvie et xviie siècles. Tout d’abord, malgré une tentative de phonétisation, il est avant tout une pasigraphie – une langue écrite – ce qu’indique l’appellation « caractère universel ». Le système suppose d’être en possession du dictionnaire pour décoder le message, sauf à connaître tous les numéros des mots par cœur. Cette dimension graphique est censée offrir la diffusion la plus large possible à la langue, Beck qualifiant son invention de « Mercure de poche pour les voyageurs3 ». D’autre part, l’influence de la cryptographie y est forte, ce qui n’est pas sans conséquences vis-à-vis de la réception offerte à ces projets. Enfin, l’entreprise repose sur la comparaison avec d’autres écritures existantes, présentées comme moins efficaces : il est fait systématiquement référence aux hiéroglyphes et aux caractères chinois qui, bien que lus par tous les « voisins » de la Chine, sont disqualifiés pour avoir été réalisés « sans proportion et sans méthode » selon Beck.

  • 4 Pour une présentation de ces projets sur le temps long, voir Umberto Eco, La recherche de la langu (...)

3Plutôt que dresser ici une typologie exhaustive, nous insisterons sur deux dimensions complémentaires de la manière dont les langues, en particulier par le biais de leurs écritures, sont abordées aux xvie et xviie siècles4 : d’un côté, la confrontation à leur diversité dont on tente de déterminer le périmètre ; de l’autre, la tentative de la contrecarrer en revenant à une langue unique.

  • 5 Myriam Jacquemier, « Babel, discours des origines », in James Dauphiné & Myriam Jacquemier (dir.), (...)

4Babel, lieu commun permettant de penser le monde social à l’époque moderne que Beck mobilise, incarne cette double dimension : il s’agit soit de reconstruire ce qui a été détruit, donc de retourner à la verticalité et à l’unité originelles, en passant par la redécouverte de la langue adamique ou l’invention d’une nouvelle langue partagée, soit de basculer de la dimension verticale à l’horizontale, de l’ascension à la dispersion, de l’unité à la diversité. Avec la distribution des 72 langues par les anges, c’est aussi à leur dissémination que préside Dieu dans les nuées5. Parmi la pléthore de représentations de Babel entre le xve et le xviie siècle, peu d’artistes se sont confrontés à cette dimension horizontale, lui préférant l’épisode de la visite du chantier par Nemrod et le moment de la construction incarnant l’orgueil des bâtisseurs. Karel van Mander (1548-1606) relègue, lui, la Tour à l’arrière-plan pour se concentrer sur les hommes et leurs langues en train de fuir aux quatre vents levés par l’orage divin -> Fig. 2. Il tente de rendre iconographiquement la confusio Babylonica, titre donné à son œuvre : au premier plan, trois tables alphabétiques – grec, hébreu et arabe – figurent métonymiquement la diversité linguistique en train de se répandre.

Fig. 2. La Confusion des langues, Zacharias Dolendo, c. 1600

Fig. 2. La Confusion des langues, Zacharias Dolendo, c. 1600

Le peintre représente l’épisode de Babel et de la confusion des langues, figurée par l’intermédiaire de trois planches de caractères – arabes, grecs, hébreux.

Illustration extraite de Karel van Mander, Confusio Babylonica, Leyde, Jacques de Gheijn © Rijksmuseum, Amsterdam

  • 6 Marc Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France…, Paris, J. Milot, 1609, p. 697-698.

5L’écriture est ici un moyen pour l’artiste de rendre visible la variété des langues
issues de Babel. Or l’association entre l’alphabet arabe et une représentation archétypale, dans sa version tupinamba, du Nouveau Monde « exotique », nu et emplumé, indique à la fois une volonté d’actualisation du mythe de la Genèse et le sentiment d’une certaine confusion vis-à-vis de la multiplicité des langues. À la Babel des vernaculaires européens, s’est ajoutée celle des idiomes du Nouveau Monde. Marc Lescarbot (c. 1570-1642), qui séjourna deux ans en Nouvelle France – colonie implantée en Amérique du Nord par la monarchie –, le souligne : « Les effects de la confusion de Babel sont parvenus iusques à ces peuples, desquels nous parlons, aussi bien qu’au Monde deçà. Car je voy que les Patagons parlent autrement que ceux du Bresil, & ceux cy autrement que les Perouans, & les Perouans sont distinguez des Mexicains […] bref chacun peuple est divisé par le langage […]6. » Cette extension transatlantique de la confusio est particulièrement problématique pour les érudits européens, qui ne savent, pas plus qu’au sujet des peuples américains eux-mêmes dont l’origine questionne, à quelles langues rattacher ou comparer leurs idiomes.

Inventorier la diversité linguistique

6Une réponse, apportée dans l’Europe lettrée à partir du xvie siècle pour faire face à cette diversité linguistique galopante, consiste à en déterminer les pourtours, à dessiner l’atlas des langues et des écritures. Faire l’inventaire du monde, dresser la carte de la Nature et donc de la Création divine, passe ainsi par la collecte de la faune et de la flore nouvellement « découvertes » – à faire coïncider avec le cadre fixé par les autorités antiques, de Ptolémée à Pline – mais aussi la collecte des langages encore inouïs. Prendre la mesure linguistique du monde devient un objectif majeur des humanistes. Un échantillon privilégié, du fait de l’importance que ces auteurs lui accordent, est l’écriture. Tel est le cas dans le Traité des chiffres et secrètes manières d’écrire de Blaise de Vigenère (1523-1596). Humaniste, il fréquente les milieux diplomatiques français à Rome, où il se rendit pour deux séjours en 1549 et 1566. Son ouvrage est issu d’un manuscrit qui lui aurait été volé, un manuel du bon diplomate intitulé Du secrétaire, dont il ne subsiste que cette partie consacrée à la maîtrise de l’écriture chiffrée. L’ouvrage va pourtant bien au-delà de la simple description d’un outil diplomatique : pour l’auteur, ces jeux sur l’écriture « occulte secrète » servent aussi de « clé » de lecture du monde. Un sous-titre, dans la marge du folio 54v, l’indique clairement : « Toutes les choses de ce monde ne sont qu’un vray chiffre ». L’écriture fait « office de la parole, comme muette & taisible, separee à part hors de nous, dont la main en est l’instrument », mais elle sert aussi à « voiler les sacresecrets [sic] de [la] Theologie, & Philosophie » comme c’était le cas chez « les Hebrieux, les Chaldees, Egyptiens, Ethiopiens, Indiens », afin de « ne la rendre intelligible qu’entre soy & ses consçachans » (f. 2v-3r). Cela est particulièrement vrai, pour un kabbaliste chrétien comme Vigenère, des caractères hébreux « formez du propre doigt du souverain Dieu ». Il consacre ainsi de longs développements au « Tetragrammaton », YHWH (« Seigneur » en hébreu).

  • 7 Blaise de Vigenère, Traité des chiffres ou secrètes manières d’écrire, Paris, A. L’Angelier, 1586.

7Mais cette « science des lettres » peut être appliquée à d’autres caractères. Si, privés de leur usage, les « sauvages des terres neufves » ne manquent pas, selon lui, d’être « si barbares, incivils, bestiaux » (f. 2v), Vigenère envisage malgré tout l’existence d’autres systèmes graphiques. S’appuyant sur les « narrations des Indes occidentales », l’auteur mentionne, à « Mexico ou Temistan », « certains memoires & pancartes contenans les gestes des Rois de ceste region, par des figures » et, « d’un autre costé au Peru », des « Quippos Camaios, noüees à guise de patenostres [la prière du Notre Père, mais aussi le chapelet, avec ici, sans doute, le sens élargi de moyen mnémotechnique pour réciter un texte] de diverses couleurs, selon les choses qu’ils vouloient representer » (f. 11r). À ces mentions initiales, s’ajoute toute la deuxième partie du Traité intitulée « Alphabets de plusieurs nations, en nombre de cinquante six » (f. 287r et sq.). Les deux séquences sont complémentaires puisqu’il s’agit pour l’auteur de satisfaire la « curiosité » de ses lecteurs qui désireraient utiliser des « caracteres incogneuz » dans leurs chiffres. Il leur expose à cette fin « une varieté d’alphabets de divers peuples & nations ». Un addendum est même inséré, dans certaines éditions seulement, permettant à Vigenère de dévoiler, de façon presque inédite en Europe, en 1586, des caractères japonais imprimés. Ces spécimens d’écriture, fournis par une « ambassade » japonaise qui traverse l’Europe en 1585, sont parvenus jusqu’à lui depuis l’Italie, grâce à des contacts à la cour et notamment par l’intermédiaire des jésuites de l’entourage royal7.

  • 8 Sur cette question, voir Madeleine David, Le débat sur les écritures et l’hiéroglyphe aux xviie et (...)
  • 9 Claude Duret, Thresor de l’histoire des langues de cest univers…, Cologny, M. Berjon, 1613.

8Le Traité fonctionne comme une sorte de cabinet de curiosités linguistiques de papier : les langues y sont exposées par leurs écritures. Leur dimension visuelle est mise en avant, plutôt que la volonté de les déchiffrer – qui n’apparaîtra qu’au xviiie siècle8 –, ce qui ne manque pas de conduire à d’immenses quiproquos, ne serait-ce que l’évocation par Vigenère de l’« alphabet de la Chine et du Iappon ». Comme chez les naturalistes pour les plantes, les livres sont autant de réservoirs où piocher les informations, autant de territoires à arpenter par procuration. Les spécimens d’écritures circulent alors allègrement, par exemple du Traité de Vigenère au Thresor de l’histoire des langues de Claude Duret (1613), montage de citations, de près de mille pages, sur les langues du monde entier9 -> Fig. 3. Une importance primordiale y est donnée aux écritures, comme le souligne le titre explicite du chapitre LXXXVII : « Que les secrets & mysteres de la croisee du monde & de la croix ensemble de la rotondité du ciel & et de la terre sont proprement denotez & exprimez par les façons diverses d’escrire des peuples & nations de l’Univers ».

Fig. 3. Échantillons de langue : les alphabets, Claude Duret, 1613

Fig. 3. Échantillons de langue : les alphabets, Claude Duret, 1613

Le traité de Duret est ponctué de différents alphabets, par exemple ici l’arménien.

Illustration extraite de Thresor de l’histoire des langues de cest univers…, Cologny, M. Berjon pour la Société caldorienne.
Source et crédit photo : BNU de Strasbourg, C.100.264

9Outre les alphabets, un deuxième échantillon privilégié de la collecte des langues y figure : les prières. Celles-ci rendent également l’« autre » linguistique immédiatement assimilable, puisqu’automatiquement « traduisible ». Elles indiquent par ailleurs l’identité des collecteurs des langues et des écritures sur des terrains variés, en amont de leur thésaurisation dans les cabinets européens, c’est-à-dire les missionnaires. Leur mission suppose en effet de traduire le message évangélique dans les idiomes des territoires où ils se rendent. L’« horoscope catholique » du jésuite Athanasius Kircher (1601-1680) le représente explicitement. Il y portraiture le monde selon la Compagnie de Jésus -> Fig. 4, sous la forme d’un arbre dont le tronc, les branches et les feuilles, dessinant le monogramme IHS, portent les noms des lieux où la Compagnie se déploie.

Fig. 4. Une carte du monde selon les jésuites, Athanasius Kircher, 1646

Fig. 4. Une carte du monde selon les jésuites, Athanasius Kircher, 1646

Partant de son tronc romain et d’Ignace de Loyola lui-même, fondateur de l’Ordre, l’arbre jésuite se répand partout dans le monde.

Illustration extraite de Ars magna lucis et umbrae in decem libros digesta, Rome, Hermann Scheus, p. 553
Source : Universitätsbibliothek Bern, ZB Math Q 53

Il cartographie donc l’unification jésuite du globe : sur un plan géographique tout d’abord – les bateaux à l’arrière-plan soulignent le caractère mobile de l’ordre missionnaire ; sur un plan temporel – un des ingénieux dispositifs « utopiques », dont le jésuite a le secret, permet en théorie, au moyen de différents cadrans solaires, de donner l’heure partout dans le monde ; et enfin sur un plan linguistique – l’appel du psaume 113-3, « Le nom du Seigneur doit être loué depuis le lever du soleil jusqu’au couchant », est traduit aux quatre coins de l’image, dans toutes les langues que les travaux des religieux ont rendu accessibles, du chinois au mexicain en passant par le hongrois ou l’éthiopien. Si certaines langues sont translittérées en caractères latins, le recours à d’autres écritures donne corps, au premier coup d’œil, à la diversité des idiomes abordés. La méthode est reprise sur une mappemonde des « Notre Père » postérieure, où les premiers mots de la prière apparaissent en copte, en perse, en malabarica ou encore en chinois -> Fig. 5.

Fig. 5. Carte du monde des « Notre Père », Gottfried Hensel, 1741

Fig. 5. Carte du monde des « Notre Père », Gottfried Hensel, 1741

L’étendue de chaque pays est délimitée par les premiers mots de cette prière dans les différentes langues du monde.

Illustration extraite de Synopsis universae philologiae…, Nüremberg, apud heredes Homannianos
© Bibliothèque nationale de France

  • 10 Pierre Borel, Les antiquitez, raretez, plantes, mineraux…, Castres, A. Colomiez, 1649, p. 136-137, (...)
  • 11 Clément Lafaille, Les pierres de La Rochelle. Lithographie ou essay en forme d’observations sur le (...)

10À cette grande perméabilité entre cabinets et terrains missionnaires, s’en ajoute une d’une autre nature, caractéristique de l’épistémologie des savoirs « en pratique » des cabinets de curiosités : celle entre artificilia et naturalia. Dans son « Catalogue des choses rares qui sont dans [son] Cabinet », Pierre Borel (c. 1620-1670) décrit des coquillages, « Porcelaines ou Conchae venerae » dont une est « couverte naturellement, de Characteres Hebrieux, Syriaques, Grecs, Latins, & de toutes autres langues », ou encore un « fruit des indes […] environné de lignes, & lettres ou figures roussastres qui semblent des Characteres Chinois10 ». Les artefacts linguistiques se présentent sous les formes les plus diverses : livres imprimés, mais aussi coquillages, vases ou obélisques. Quant au naturaliste Clément Lafaille (1718-1782), avocat et correspondant de l’Académie des sciences, il se penche simplement sur les pavés de sa ville de La Rochelle pour y ramasser les lettres de l’alphabet -> Fig. 6 : « on ne laisse pas de rencontrer quelquefois des E des F des O des P. Le pavé de cette ville surtout dont j’ay etudié longtemps le langage m’a paru sy riche en cette Bizarrerie qu’il reste peu de progres à faire pour porter à la perfection l’alphabet lapidifique11. » Il inscrivait son projet dans une perspective plus ambitieuse et élargie, tant par les idiomes concernés que par les conclusions à en tirer sur le caractère « naturel » des langues :

  • 12 Id., Les pierres figurées d’Aunis, manuscrit, Archives de la Société des sciences naturelles de la (...)

« l’auteur travaille à former une collection de toutes les figures géometriques qu’on decouvre dans les pierres ; il en a desja rassemblé en grand nombre, ainsi qu’un[e] bonne partie de celles qui figurent les chiffres et les différents caracteres qui entrent dans toutes les langues des nations connuës, avec ce secours il pretend prouver que les hommes ont puisé dans le sein des pierres les traits les signes ou les figures qu’ils ont emploié pour parler s’entendre et se communiquer leur pensée12. »

Fig. 6. Pierres figurées et alphabet lapidifique, Clément Lafaille, s.d.

Fig. 6. Pierres figurées et alphabet lapidifique, Clément Lafaille, s.d.

Le naturaliste recense et dessine des « pierres figurées », merveilles du règne minéral ; en forme de poire, de fève ou de croix, elles lui permettent aussi de découvrir tout un alphabet.

Illustration de gauche extraite du manuscrit Les pierres de La Rochelle
Illustration de droite extraite du manuscrit Les pierres figurées d’Aunis
Source et crédit photo : Archives de la Société des sciences naturelles de la Charente-Maritime, muséum de La Rochelle

  • 13 Notamment dans les travaux de Nicolas Fréret (1688-1749) et William Warburton (1698-1779). Voir Ni (...)

11L’alphabet « fossilisé » de Lafaille témoigne d’une inflexion dans la manière de concevoir les écritures au xviiie siècle, passant par un abandon progressif des figures de grands inventeurs de caractères, au premier rang desquels se trouvait Adam, pour une histoire des écritures, conçue généralement comme le passage progressif d’un système figuratif à l’abstraction de l’alphabet13.

(Ré)inventer l’unité linguistique

  • 14 John Wilkins, An Essay Towards a Real Character…, Londres, Royal Society, 1668, p. 451 ; Francis B (...)
  • 15 Athanasius Kircher, Polygraphia nova et universalis ex combinatoria arte detecta, Rome, Ex Typogra (...)

12Au-delà de la mise en valeur de la diversité linguistique, la collecte des langues peut conduire à la volonté de retrouver une unité. Surmonter la variété des langues et les difficultés de communication qu’elle entraîne a pu conduire aussi à des tentatives d’invention de langues dites universelles. Sur le frontispice de Beck, les trois parties du monde ne venaient pas accompagnées de leurs écritures ; elles se voyaient confier une « voix commune », figurée par le chiffre inscrit sur un parchemin, renvoyant au dictionnaire numéroté de l’Anglais. À prendre ou à laisser. Les auteurs de projets de ce type se voient en nouveaux Atlas soutenant le monde sur leurs seules épaules. Ils repartent fréquemment du constat de la multiplicité des idiomes : John Wilkins expose ainsi, dans son Essay de 1668, une planche de caractères chinois, dont le parangon de la science expérimentale anglaise contemporaine, Francis Bacon (1561-1626), écrivait précisément qu’ils sont des « Caracteres reels, qui n’expriment pas les lettres ny les mots en gros, mais les choses & notions14 ». Kircher fait, quant à lui, de son musée du Collège romain, une « arche de Noé linguistique » -> Fig. 7. Mais c’est pour mieux tenter d’opposer à cette variété une langue unique permettant de les comprendre toutes : « Réduire toutes les langues à une seule » claironne la Polygraphia de Kircher15.

Fig. 7. Arche de Noé linguistique, Giorgio de Sepibus, 1678

Fig. 7. Arche de Noé linguistique, Giorgio de Sepibus, 1678

Athanasius Kircher, jésuite, orientaliste, fait découvrir à des visiteurs sa galerie-musée du Collège romain où sont exposés obélisques égyptiens et stèle chinoise.

Illustration extraite de Romani Collegii Societatis Iesu Musaeum Celeberrimum, Amsterdam
Source : Heidelberg University Library – CC-BY-SA 3.0

  • 16 Madeleine David, op. cit., p. 22, 44.

13L’Europe sert de point de référence, de méridien des langues. Rome n’est pas par hasard au centre de l’arbre cartographique jésuite : lieu de savoir et centre d’accumulation de matériaux linguistiques, la ville permet de penser un universel des langues, conçu depuis l’Europe, depuis la cité pontificale. Les œuvres de Kircher interagissent avec la Ville, dont elles sont un microcosme, alors que leurs pages se dilatent sur l’espace urbain. Les lieux de la Rome kirchérienne sont hybrides, de pierre et de papier : le jésuite redresse les obélisques, partie prenante, avec leurs hiéroglyphes, du discours pontifical universel/catholique, publie des ouvrages sur ces érections et fait de sa polygraphie elle-même un « hiéroglyphe ». Elle permet à la fois de lire toutes les langues, par l’intermédiaire de ses caractères renvoyant à des dictionnaires polyglottes encodés, mais aussi de préserver le secret du savoir qu’elle scelle entre initiés. Kircher prolonge ainsi l’interprétation d’une « Égypte idéalisée », mâtinée de néoplatonisme, issue notamment de la redécouverte en Grèce vers 1420 des Hieroglyphica d’Horapollon (2e moitié du ve siècle) : elle suppose une conception des hiéroglyphes comme symboles purs, et non comme écriture à proprement parler, appelant une « interprétation d’intuition16 ».

  • 17 John Dee, Monas hieroglyphica…, Anvers, G. Silvius, 1564 ; Johann Joachim Becher, Character pro no (...)

14La collecte de tous les idiomes visait à inventorier la nature, ces langues inventées cherchent à l’autopsier. La dimension cryptographique assumée des langues universelles les constitue, en effet, en incitation à décrypter le livre de la nature en même temps que l’on décrypte l’écriture elle-même. Il s’agit dans les deux cas d’expérimenter, de triturer les caractères comme l’on distille les plantes ou les minéraux sur les fourneaux alchimiques. L’écriture apparaît comme un laboratoire permettant d’investiguer les secrets de la nature. Il n’est donc pas étonnant de voir des alchimistes des xvie-xviie siècles – savants au plein sens du terme – s’intéresser à l’élaboration d’une langue/écriture universelle. C’est le cas de John Dee (1527-1608) dont la « monade hiéroglyphique » se veut une clé d’interprétation de l’univers, résumé en un symbole unique, associant 
Mercure, le feu, les quatre éléments, le soleil et la lune ; ou de Johann Joachim Becher (1635-1682), dont le frontispice de son dictionnaire polyglotte – utilisant non plus des chiffres pour renvoyer aux mots mais un caractère inventé – met en scène une rencontre cosmopolite -> Fig. 817.

Fig. 8. L’Alchimie de la langue, Johann Joachim Becher, 1661

Fig. 8. L’Alchimie de la langue, Johann Joachim Becher, 1661

Une foule cosmopolite est rassemblée autour d’un obélisque gravé à l’aide de caractères inventés par Becher pour en faire une écriture universelle.

Illustration extraite de Character pro notitia linguarum universali…, Francfort, J. W. Ammonii
© Bibliothèque nationale de France, V-31705

  • 18 John Wilkins, op. cit., b 3ro. Les travaux sur le « caractère réel » sont nombreux, voir notamment (...)

15Les travaux de John Wilkins (1614-1672), théologien et philosophe naturel, sont inscrits, quant à eux, dans le cadre d’une des grandes institutions scientifiques de la période, la Royal Society. Il cherche à faire reposer sa langue sur la « nature des choses », et non sur un dictionnaire de mots18. Il s’agit de trouver une écriture permettant de « dire » directement l’objet auquel elle renvoie, de constituer une sorte de langue « muséale », qui n’est d’ailleurs pas adossée par hasard à l’élaboration du Repository – le cabinet de curiosités de l’académie – à laquelle Wilkins participe. La langue permet de classer le monde et de se repérer sur la carte de la nature et du savoir, envisagée selon la Royal Society. Elle prend la forme d’arborescences divisées en 40 genres, 251 différences particulières, 2030 espèces, auxquels le caractère renvoie 
-> Fig. 9.

Fig. 9. Langue et cartographie de la nature et du savoir, John Wilkins, 1668

Fig. 9. Langue et cartographie de la nature et du savoir, John Wilkins, 1668

John Wilkins invente un caractère pour chacun des 40 genres de sa classification générale de la nature.

Illustration extraite de An Essay Towards a Real Character, Londres, Royal Society
Source et crédit photo : BNU de Strasbourg, C.10.171, p. 387

Les « tables philosophiques », qui occupent plus de la moitié de l’ouvrage, sont réalisées en concertation avec des savants de l’académie anglaise dont le naturaliste John Ray (1627-1705). Le caractère permet de se repérer dans cette cartographie de la nature « rationalisée », il guide le lecteur dans le labyrinthe des embranchements : le mot « pommier » recourt ainsi au signe pour le 14e genre, « arbre », une inflexion sur la gauche du caractère indiquant la première différence (pomiferous) et sur la droite la première espèce à l’intérieur de cette différence.

  • 19 Robert Hooke, A Description of Helioscopes…, Londres, J. Martyn, 1676, p. 30-31 (nous traduisons). (...)

16L’une des rares formes de réception du « caractère réel » est offerte par le fellow Robert Hooke (1635-1703). Dans un recueil « sur le vif » des expérimentations qu’il mène, en tant que Curator of Experiments de la Royal Society, il fait paraître une planche rédigée dans la langue de Wilkins -> Fig. 10. Il souhaite ainsi divulguer, tout en la voilant dans le même geste, sa découverte concernant le mécanisme des montres de poche. Le passage codé n’est destiné qu’aux « vrais Amateurs de l’Art », « afin que [son] lecteur, qui aura du mal à déchiffrer et comprendre cette description, en fasse seulement usage pour sa propre information, et n’en communique pas l’explication à quelqu’un qui n’aurait pas eu lui-même la même curiosité [à déchiffrer le caractère]19 ». La langue cryptée est censée stimuler la curiosité des savants. On retrouve ici la dimension cryptographique, double, de bien des projets : l’idée de Wilkins était de faire de son caractère non une écriture secondaire, un code renvoyant à une autre écriture, mais une écriture de la nature elle-même, la retranscrivant directement par l’intermédiaire des tables philosophiques. La difficulté de la lecture du caractère pouvait être volontaire, comme le rappelle Hooke, afin de pousser à investiguer la nature, à décrypter son « livre » comme l’on doit déchiffrer le « caractère réel ». Pourtant, dans le même temps, Hooke renvoie aussi l’invention de Wilkins à sa dimension concomitante de « chiffre ». En contradiction avec l’ouverture revendiquée de la science expérimentale anglaise de cette période, se voulant « publique », l’écriture codée et le secret continuent à faire partie de l’habitus du fellow.

Fig. 10. Science expérimentale, publique, et langue cryptée, Robert Hooke, 1676

Fig. 10. Science expérimentale, publique, et langue cryptée, Robert Hooke, 1676

Cette planche présente plusieurs inventions de Robert Hooke, savant anglais du xviie siècle : sa découverte concernant le mécanisme des montres de poche, à gauche, est encryptée avec le « caractère réel » de Wilkins.

Illustration extraite de A Description of Helioscopes, Londres, J. Martyn
© Biblioteca Histórica de la Universidad Complutense de Madrid, BH MED 2262

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  • 20 Johann Friedrich Fritz & Benjamin Schultze, Orientalisch- und occidentalischer Sprachmeister, Lei (...)

17L’Atlas linguistique est constitué selon deux axes complémentaires : collecter (les langues/les écritures) et inventer (une langue/une écriture). Ils peuvent
parfois se rencontrer très explicitement, ce dont témoigne un ultime exemple. Benjamin Schultze (1689-1760), missionnaire protestant de Halle ayant séjourné au Tranquebar, en Inde, publie en 1748, avec Johannes Fritz, un « maître des langues orientales et occidentales ». Parmi 200 oraisons dominicales qu’ils ont assemblées, il insère trois exemplaires du « Notre Père » en caractères réels20 -> Fig. 11. Wilkins, fellow de la Royal Society et évêque de Chester, voyait aussi dans sa langue scientifique un moyen de diffusion de l’Évangile. Il est en quelque sorte exaucé a posteriori par cette adjonction de « sa » prière – sous la catégorie Confictae, inventée dans l’index – 
à la litanie des « Notre Père » dans toutes les langues. La diversité et l’unité linguistiques se rejoignent au sein d’un même ouvrage.

Fig. 11. « Notre Père » en langue philosophique, Johann Friedrich Fritz & Benjamin Schultze, 1748

Fig. 11. « Notre Père » en langue philosophique, Johann Friedrich Fritz & Benjamin Schultze, 1748

La compilation de deux cents oraisons en différentes langues se conclut par trois exemplaires en caractères réels, langue « philosophique ».

Illustration extraite de Orientalisch- und occidentalischer Sprachmeister, Leipzig, C. F. Gessner
Source et crédit photo : BNU de Strasbourg, C.101.229, planche X

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Notes

1 The Universal Character by which all the Nations in the World may Understand one anothers Conceptions, Reading out of one Common Writing their own Mother Tongues…, Londres, T. Maxey & W. Weekley, 1657, poème dédicatoire. L’auteur était Master of Ipswich Grammar School et correspondant de la Royal Society dans le Suffolk.

2 Le charactere universel, par lequel toutes nations peuvent comprendre les conceptions l’une de l’autre…, Londres, T. Maxey & W. Weekley, 1657.

3 Il s’agit du dieu du commerce et de la communication entre autres. Beck utilise l’expression dans une lettre à Oldenburg, secrétaire de la Royal Society (H. Oldenburg, The Correspondence, éd. et trad. par Albert Rupert & Marie Boas Hall, Madison, Milwaukee & Londres, The University of Wisconsin Press, 1967-1986 ; t. V, lettre no 943, 15 août 1668, p. 14-17).

4 Pour une présentation de ces projets sur le temps long, voir Umberto Eco, La recherche de la langue parfaite dans la culture européenne, Paris, Éditions du Seuil, 1994.

5 Myriam Jacquemier, « Babel, discours des origines », in James Dauphiné & Myriam Jacquemier (dir.), Babel à la Renaissance, Paris, Eurédit, 2007, p. 21-43.

6 Marc Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France…, Paris, J. Milot, 1609, p. 697-698.

7 Blaise de Vigenère, Traité des chiffres ou secrètes manières d’écrire, Paris, A. L’Angelier, 1586.

8 Sur cette question, voir Madeleine David, Le débat sur les écritures et l’hiéroglyphe aux xviie et xviiie siècles et l’application de la notion de déchiffrement aux écritures mortes, Paris, SEVPEN, 1965.

9 Claude Duret, Thresor de l’histoire des langues de cest univers…, Cologny, M. Berjon, 1613.

10 Pierre Borel, Les antiquitez, raretez, plantes, mineraux…, Castres, A. Colomiez, 1649, p. 136-137, 140 (fruits).

11 Clément Lafaille, Les pierres de La Rochelle. Lithographie ou essay en forme d’observations sur les corps pierreux les plus singuliers que représentent les côtes de La Rochelle pour servir à l’histoire du pays d’Aunis, manuscrit, Archives de la Société des sciences naturelles de la Charente-Maritime, no 2, f. 19r.

12 Id., Les pierres figurées d’Aunis, manuscrit, Archives de la Société des sciences naturelles de la Charente-Maritime, no 3, f. 52r (note en marge).

13 Notamment dans les travaux de Nicolas Fréret (1688-1749) et William Warburton (1698-1779). Voir Nicholas Hudson, Writing and European Thought, 1600-1830, Cambridge, Cambridge University Press, 1994.

14 John Wilkins, An Essay Towards a Real Character…, Londres, Royal Society, 1668, p. 451 ; Francis Bacon, Le progrez et avancement aux sciences divines & humaines…, Paris, P. Billaine, 1624, p. 393.

15 Athanasius Kircher, Polygraphia nova et universalis ex combinatoria arte detecta, Rome, Ex Typographia Varesij, 1663.

16 Madeleine David, op. cit., p. 22, 44.

17 John Dee, Monas hieroglyphica…, Anvers, G. Silvius, 1564 ; Johann Joachim Becher, Character pro notitia linguarum universali…, Francfort, J. W. Ammonii, 1661.

18 John Wilkins, op. cit., b 3ro. Les travaux sur le « caractère réel » sont nombreux, voir notamment Mary M. Slaughter, Universal Languages and Scientific Taxonomy in the Seventeenth Century, Cambridge, Cambridge University Press, 1982.

19 Robert Hooke, A Description of Helioscopes…, Londres, J. Martyn, 1676, p. 30-31 (nous traduisons). Sur ce point, nous renvoyons à Fabien Simon, « Language as “universal truchman”. Translating the Republic of Letters in the 17th century », in Sietske Fransen et al. (dir.), Translating Early Modern Science, Leyde, Brill, 2017, chap. 12, p. 308-340.

20 Johann Friedrich Fritz & Benjamin Schultze, Orientalisch- und occidentalischer Sprachmeister, Leipzig, C. F. Gessner, 1748.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Rencontre linguistique, Cave Beck, 1657
Crédits © Bibliothèque nationale de France, RES 8-NFR-214
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 488k
Titre Fig. 2. La Confusion des langues, Zacharias Dolendo, c. 1600
Légende Le peintre représente l’épisode de Babel et de la confusion des langues, figurée par l’intermédiaire de trois planches de caractères – arabes, grecs, hébreux.
Crédits Illustration extraite de Karel van Mander, Confusio Babylonica, Leyde, Jacques de Gheijn © Rijksmuseum, Amsterdam
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 805k
Titre Fig. 3. Échantillons de langue : les alphabets, Claude Duret, 1613
Légende Le traité de Duret est ponctué de différents alphabets, par exemple ici l’arménien.
Crédits Illustration extraite de Thresor de l’histoire des langues de cest univers…, Cologny, M. Berjon pour la Société caldorienne.Source et crédit photo : BNU de Strasbourg, C.100.264
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 292k
Titre Fig. 4. Une carte du monde selon les jésuites, Athanasius Kircher, 1646
Légende Partant de son tronc romain et d’Ignace de Loyola lui-même, fondateur de l’Ordre, l’arbre jésuite se répand partout dans le monde.
Crédits Illustration extraite de Ars magna lucis et umbrae in decem libros digesta, Rome, Hermann Scheus, p. 553 Source : Universitätsbibliothek Bern, ZB Math Q 53
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 885k
Titre Fig. 5. Carte du monde des « Notre Père », Gottfried Hensel, 1741
Légende L’étendue de chaque pays est délimitée par les premiers mots de cette prière dans les différentes langues du monde.
Crédits Illustration extraite de Synopsis universae philologiae…, Nüremberg, apud heredes Homannianos © Bibliothèque nationale de France
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
Titre Fig. 6. Pierres figurées et alphabet lapidifique, Clément Lafaille, s.d.
Légende Le naturaliste recense et dessine des « pierres figurées », merveilles du règne minéral ; en forme de poire, de fève ou de croix, elles lui permettent aussi de découvrir tout un alphabet.
Crédits Illustration de gauche extraite du manuscrit Les pierres de La RochelleIllustration de droite extraite du manuscrit Les pierres figurées d’AunisSource et crédit photo : Archives de la Société des sciences naturelles de la Charente-Maritime, muséum de La Rochelle
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 295k
Titre Fig. 7. Arche de Noé linguistique, Giorgio de Sepibus, 1678
Légende Athanasius Kircher, jésuite, orientaliste, fait découvrir à des visiteurs sa galerie-musée du Collège romain où sont exposés obélisques égyptiens et stèle chinoise.
Crédits Illustration extraite de Romani Collegii Societatis Iesu Musaeum Celeberrimum, AmsterdamSource : Heidelberg University Library – CC-BY-SA 3.0
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 386k
Titre Fig. 8. L’Alchimie de la langue, Johann Joachim Becher, 1661
Légende Une foule cosmopolite est rassemblée autour d’un obélisque gravé à l’aide de caractères inventés par Becher pour en faire une écriture universelle.
Crédits Illustration extraite de Character pro notitia linguarum universali…, Francfort, J. W. Ammonii © Bibliothèque nationale de France, V-31705
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 590k
Titre Fig. 9. Langue et cartographie de la nature et du savoir, John Wilkins, 1668
Légende John Wilkins invente un caractère pour chacun des 40 genres de sa classification générale de la nature.
Crédits Illustration extraite de An Essay Towards a Real Character, Londres, Royal SocietySource et crédit photo : BNU de Strasbourg, C.10.171, p. 387
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 353k
Titre Fig. 10. Science expérimentale, publique, et langue cryptée, Robert Hooke, 1676
Légende Cette planche présente plusieurs inventions de Robert Hooke, savant anglais du xviie siècle : sa découverte concernant le mécanisme des montres de poche, à gauche, est encryptée avec le « caractère réel » de Wilkins.
Crédits Illustration extraite de A Description of Helioscopes, Londres, J. Martyn © Biblioteca Histórica de la Universidad Complutense de Madrid, BH MED 2262
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 362k
Titre Fig. 11. « Notre Père » en langue philosophique, Johann Friedrich Fritz & Benjamin Schultze, 1748
Légende La compilation de deux cents oraisons en différentes langues se conclut par trois exemplaires en caractères réels, langue « philosophique ».
Crédits Illustration extraite de Orientalisch- und occidentalischer Sprachmeister, Leipzig, C. F. GessnerSource et crédit photo : BNU de Strasbourg, C.101.229, planche X
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/17434/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 386k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Fabien Simon, « Atlas des langues »Terrain [En ligne], 70 | 2018, mis en ligne le 06 novembre 2018, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/17434 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terrain.17434

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Auteur

Fabien Simon

Université Paris-Diderot

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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