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Jouir comme des bêtes

Orgasme animal et domination interspécifique
Don Kulick
Traduction de Nathalie Ferron
p. 110-127
Cet article est une traduction de :
Coming like animals [en]

Résumés

L’origine évolutive de l’orgasme dans la lignée d’hominidés qui a conduit à Sapiens a donné lieu à de nombreux débats sur ses éventuels avantages adaptatifs. Cet article propose un pas de côté, en explorant d’autres branches et d’autres croisements dans l’arbre du vivant. Comment les autres espèces animales éprouvent-elle le plaisir sexuel et l’orgasme, avec un congénère ou… avec un humain ? Au terme d’un examen de diverses représentations du plaisir animal (dans la culture populaire, l’art, les ouvrages sur l’insémination artificielle, la pornographie zoophile), l’auteur suggère que ce dernier nous oblige à réfléchir à la configuration et aux limites de l’univers éthique que nous partageons avec les animaux.

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Texte intégral

1Le statut de l’orgasme chez l’animal et son devenir chez l’homme au fil de l’évolution font l’objet de vives controverses dans le domaine des sciences naturelles, qu’il s’agisse de la biologie évolutive, de l’anthropologie physique ou de la neurologie. Ces controverses portent toujours sur l’orgasme féminin, avec cette interrogation brûlante : puisque chez les femmes, l’orgasme n’est pas nécessaire à la reproduction, pourquoi celles-ci ont-elles la capacité de jouir ? Plusieurs hypothèses ont été formulées pour répondre à cette question. Selon l’une d’elles, plaisamment dénommée hypothèse de « l’aspiration », au moment de l’orgasme, les femmes déclenchent un mouvement d’aspiration provenant de l’utérus, destiné à faciliter le trajet du sperme dans l’appareil génital féminin. Selon une hypothèse rivale, celle du « bonus fantastique », ainsi nommée par la biologiste américaine Elizabeth Lloyd, les femmes connaissent des orgasmes pour la même raison que les hommes ont des tétons : il s’agit d’un produit dérivé résultant de l’existence de tissus communs aux deux sexes aux premiers stades du développement embryonnaire. Enfin, selon une dernière hypothèse actuellement en débat, les femmes ont des orgasmes parce que les premiers hominidés femelles ont vu disparaître l’œstrus – autrement dit, elles ont cessé d’avoir des périodes de chaleurs : la solution évolutionniste pour pallier cette disparition et donner aux femelles une bonne raison de continuer à avoir des relations sexuelles aurait été l’orgasme – lequel aurait par la suite fait l’objet d’une sélection naturelle en raison de son caractère adaptatif (Komisaruk, Beyer-Flores & Whipple 2006 ; Lloyd 2006).

  • 1 À l’exception de celles de Derrida, toutes les citations ont fait l’objet d’une traduction depuis (...)

2Ces diverses hypothèses sur l’évolution de l’orgasme féminin indiquent qu’à un moment donné de la Préhistoire, les primates sont devenus capables d’éprouver du plaisir sexuel ; en d’autres termes, ils ont découvert l’orgasme. Certaines études, notamment sur les primates, traitent explicitement du plaisir sexuel chez l’animal. C’est le cas du livre de Franz de Waal intitulé Bonobo. The Forgotten Ape : au chapitre « Apes from Venus », une photographie montre une femelle bonobo allongée sur le dos, se caressant le clitoris. Et l’auteur de se demander : « Pourquoi cette femelle bonobo se masturberait-elle si ce n’est parce que cela lui procure du plaisir ? Les femelles bonobos ont un clitoris particulièrement développé et font partie des créatures les plus actives sexuellement de tout le règne animal » (de Waal 1997 : 111)1.

3Dans ce type d’ouvrage, scientifiques et primatologues s’intéressent de fait au plaisir sexuel chez les animaux. Il semble donc légitime de se poser la question suivante : dans quel contexte les scientifiques peuvent-il s’estimer en mesure d’identifier ce plaisir sexuel et de l’évaluer ? Plus largement, quelles sont les représentations du plaisir sexuel animal dans nos sociétés ? Que révèlent-elles des rapports entre humains et animaux non-humains ?

4Telles sont les questions abordées dans le présent essai.

L’érotisme animalier

5Les représentations d’érotisme animalier sont innombrables et se retrouvent dans toutes sortes de cultures. Dans la culture occidentale contemporaine, elles prennent souvent la forme d’histoires d’amour plus ou moins mièvres : la Belle et le Clochard de Walt Disney partagent très chastement un plat de spaghettis et les accouplements hétérosexuels des papas et mamans pingouins font l’objet de descriptions sentimentales. Il arrive aussi que le plaisir de l’animal soit évoqué avec une connotation sexuelle plus explicite, comme dans la bande dessinée Fritz the Cat de Robert Crumb (Crumb 2012). Par ailleurs, l’érotisme animalier est régulièrement mis en lumière dans des documentaires sur la vie sauvage où les pratiques d’accouplement sont souvent présentées sous la forme d’un spectacle tantôt amusant tantôt violent. Généralement, le récit de ces pratiques est conduit de façon à inciter le spectateur à s’identifier aux mâles. Pour le mâle qui cherche à s’accoupler, il est ainsi question de relever un défi : affronter d’autres mâles ou s’efforcer de séduire des femelles capricieuses par toutes sortes de moyens – cadeaux, plumage extravagant, ramure impressionnante ou encore savante danse nuptiale, etc. Ce modèle fortement marqué par la distinction des genres est un trait récurrent des reportages sur la vie sauvage. Qui n’a jamais vu de veuve noire ou de mante religieuse dévorer son partenaire (souvent qualifié de « malheureux », adjectif propre à susciter de l’empathie devant cette créature malchanceuse et décidément bien à plaindre), ou bien de lion de mer, semblable à une gigantesque limace, contraint de se livrer à de féroces combats avant de pouvoir approcher un « harem » grouillant et dépersonnalisé, ou encore de baudroie abyssale dont le mâle minuscule s’accroche à l’énorme femelle pour finir absorbé par son corps et n’en être bientôt plus qu’un appendice ? Les récits qui accompagnent les documentaires sur la nature et qui décrivent les comportements sexuels des animaux conduisent subtilement le téléspectateur à prêter davantage attention aux tribulations des mâles qu’aux actes et aux désirs des femelles.

6Cette attention portée à l’activité sexuelle des animaux mâles se retrouve en thériogénologie. Véritable scientia sexualis dédiée aux animaux, la thériogénologie compte un nombre impressionnant de travaux, en particulier sur l’insémination artificielle, publiés dans des revues comme la Veterinary Clinics of North America Equine Practice. On y trouve des analyses sur la « libido » animale, du moins celle des mâles, et des instructions détaillées sur la façon de faire pour provoquer une éjaculation :

« Tout en appliquant une pression ferme, imprimer au pénis et au gland un mouvement doux et rythmé jusqu’à ce que l’étalon réagisse par des mouvements du bassin. La main suit les poussées de l’animal tout en maintenant une pression soutenue sur le pénis ; parallèlement, le gland est massé d’un mouvement circulaire et régulier, le pouce massant en particulier le corps caverneux qui se trouve à l’intérieur du gland. Lors des premières saillies, la position des mains ainsi que le rythme et la pression appliquée au pénis et au gland varient en fonction des réactions de l’étalon, le but étant de provoquer des poussées pelviennes profondes et un engorgement du gland comme lors d’une copulation normale. » (Crump & Crump 1989 : 342)

7De telles explications sont parfois accompagnées d’illustrations (McDonnell & Love 1990).

8À l’instar des documentaires animaliers, lesquels font la part belle à la représentation des efforts fournis par les mâles en vue de s’accoupler, les travaux portant sur l’insémination artificielle sont absolument fascinants du point de vue du genre car, ici encore, ce sont les mâles qui font l’objet d’instructions particulièrement détaillées. À titre d’exemple, on nous indique avec beaucoup de précision que les linges humides et chauds utilisés pour stimuler manuellement le gland du pénis de l’étalon doivent être à une température d’environ 45° C. En revanche, rien n’est dit sur la façon dont on pourrait éventuellement stimuler la jument avant de procéder à une insémination artificielle. N’importe quel mâle, étalon, verrat, chameau ou autre, peut bénéficier de ce que les spécialistes appellent des « stimuli reproducteurs », notamment de la présence proprement excitante de femelles en chaleur, qui sont de fait désignées comme des teasers. À l’inverse, semble-t-il, les femelles ne reçoivent pour toute stimulation que l’introduction dans leur utérus d’un cathéter et d’une seringue pour y déposer quelques gouttes de sperme. Il est grand temps de soumettre cette discipline au regard critique des féministes.

9Ce type de publication présente un intérêt supplémentaire au regard de l’orgasme chez les animaux : en effet, les préférences érotiques propres aux individus y sont reconnues. Tel article recommande par exemple, pour recueillir de la semence porcine : « saisir la partie terminale du pénis [du verrat] à la main (gantée ou nue, celle-ci doit être propre, sèche et chaude). Attendre que le verrat ait produit quelques poussées avant de resserrer l’étreinte. La pression exercée sur la partie spiralée du pénis produit un effet similaire à celui du col de l’utérus de la truie en chaleur : elle provoque l’éjaculation. Avec de l’expérience, on se rend compte que certains verrats apprécient particulièrement une pression plus forte. » (Queensland Government 2010). Autre exemple de la libido propre à chaque animal, on lit dans un article intitulé « Stallion ejaculation induced by manual stimulation of the penis » : « Dès lors qu’ils sont entraînés, [certains étalons] semblent souvent davantage intéressés par la personne chargée de recueillir son sperme que par la jument… L’un de nos étalons avait régulièrement une érection dès qu’on entrait dans son box avec le sac en plastique, et la stimulation manuelle suffisait à le faire éjaculer » (Crump & Crump 1989 : 345).

Pornographie zoophile

10Après les documentaires animaliers et les ouvrages de thériogénologie, l’érection des étalons, la stimulation manuelle de leur pénis et leur éjaculation nous conduisent inexorablement à un troisième périmètre d’étude, celui de la représentation du plaisir sexuel des animaux : il s’agit bien sûr de la pornographie. Les représentations d’accouplements entre humains et animaux ont une longue histoire mythologique et artistique qu’on retrouve de par le monde, comme en témoignent les nombreuses représentations iconographiques du mythe de Léda, de l’histoire de la Belle et la Bête ou encore la célèbre estampe érotique japonaise du Rêve de la femme du pêcheur, où l’on voit un poulpe pratiquer un cunnilingus sur une femme pâmée de plaisir.

11En plus des représentations artistiques d’accouplements entre être humain et animal, on trouve de nos jours quantité de sites Internet abordant la question. Certains de ces sites sont tenus par des personnes qui se disent furries ou furverts, du nom d’une pratique érotique qui consiste à se déguiser en personnage de dessin animé ou de BD – exclusivement des animaux à fourrure – pour avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes pareillement accoutrées. On trouve aussi très facilement sur YouTube des photos et des vidéos d’animaux copulant avec d’autres animaux. Il existe également des sites sur la zoophilie, destinés aux personnes qui se désignent elles-mêmes comme des zoos : selon ces dernières, toute relation sexuelle avec un animal doit être fondée sur l’amour et le consentement. Sur la page d’accueil de Zoophile.net, par exemple, on peut lire que « prendre soin d’un autre être vous engage à entretenir avec lui une relation responsable, faite d’amour et de confiance. Une fois ces conditions essentielles réunies, on peut commencer à inviter son compagnon à copuler avec soi. Il faut toujours se rappeler que le coït n’est que l’expression d’un sentiment d’amour particulièrement intense à un moment donné, mais que cet amour doit avant tout s’exprimer à travers une coexistence quotidienne2 ».

12Les zoos sont très critiqués car ils transgressent une limite en passant de l’amour ordinaire envers des animaux de compagnie – dans lequel de nombreux propriétaires d’animaux se reconnaîtraient sans hésitation – à la relation sexuelle avec eux, laquelle relève de l’immoralité, voire de la maltraitance aux yeux de la majorité. Pourtant, les zoos affirment qu’ils ont une telle compréhension de leur animal qu’ils sont capables d’obtenir leur consentement en matière sexuelle. L’un des zoos que j’ai interrogés m’a fait part des signes qui lui permettaient de savoir si ses juments étaient prêtes à s’accoupler avec lui. « Si elles n’ont pas envie, elles te le font comprendre en s’éloignant », m’a-t-il expliqué :

« Si ton petit jeu ne les intéresse pas, elles s’en vont. Elles remuent la queue et la plaquent contre leur arrière-train. Il y a plein de petits signes par lesquels elles te font savoir qu’elles ne sont pas prêtes… Si ça leur plaît, elles ne bougent pas et si elles éprouvent vraiment du plaisir, elles se mettent à hennir et elles se plaquent contre toi… La queue est un indicateur très important. En général, une queue baissée signifie qu’elles ne sont pas intéressées, mais quand elles la relèvent, quand elles se mettent à la remuer de haut en bas, c’est qu’elles prennent vraiment leur pied. »

13En faisant part de ses observations sur le comportement équin, cet homme fait exactement la même chose que tous les propriétaires d’animaux de compagnie et les amis des animaux : il interprète les actes de l’animal comme s’ils étaient l’expression de son plaisir, comme s’ils permettaient de savoir si celui-ci prend plaisir à faire quelque chose ou non.

14La différence, qui ne laisse pas d’être dérangeante, c’est qu’il parle du plaisir érotique de l’animal.

15Les personnes qui, à l’instar de cet homme, se désignent comme des zoos s’opposent à un autre groupe qu’ils nomment les beasties. Ces derniers sont à la fois les principaux producteurs et consommateurs d’un genre où j’aurais pensé trouver les représentations les plus élaborées du plaisir érotique chez les animaux ; je veux parler du porno animalier ou bestial. Avant d’entreprendre les recherches qui ont fondé la présente étude, tout comme la plupart des gens je suppose, je n’avais jamais vu ce genre de film. J’avais fait des recherches et donné des cours à l’université sur la pornographie, et j’avais lu une grande partie des travaux des spécialistes sur la question ; par conséquent, je savais que la pornographie, comme tout autre genre de représentation, respectait certaines conventions. Ce qui m’intéressait en abordant la pornographie animalière, c’était de comprendre selon quelles conventions le plaisir animal pouvait être représenté. Les conventions traditionnelles s’appliquaient-elles dans ce domaine ? Le plaisir sexuel d’un chien ou d’un cheval serait-il représenté par ce qu’on appelle dans l’industrie pornographique un money shot, c’est-à-dire un plan resserré sur un pénis en train d’éjaculer (qui constitue souvent la scène finale) ? Y aurait-il des money shots dans le porno animalier ? L’acte sexuel entre être humain et animal serait-il filmé suivant une alternance de plans sur le coït et sur la tête de l’animal haletant ou éventuellement battant de la queue ? Comment serait représenté le plaisir sexuel des femelles ?

16En cherchant des réponses à ces questions, j’ai fait une double découverte : premièrement, les représentations populaires de la bestialité concernent le plus souvent des hommes s’unissant à des animaux – il suffit de penser à toutes les histoires de zoophilie qui circulent, comme la rumeur qui s’est répandue dans les années 1980 sur le compte de Richard Gere et de sa gerboise (que l’acteur aurait glissée dans un préservatif avant de se l’introduire dans le rectum), ou encore à la séquence du film de Woody Allen, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (1972), où l’on voit un médecin, incarné par Gene Wilder, tomber amoureux d’une brebis nommée Marguerite. Les histoires concernant les bergers esseulés et leurs moutons participent du même phénomène : Padre Padrone, le célèbre film des frères Taviani sorti en 1977, est un classique du genre, et l’intrigue de The Goat, or Who is Sylvia?, une pièce d’Edward Albee récompensée par le prix Pulitzer en 2002, met en scène un homme ayant une relation amoureuse avec une chèvre.

  • 3 Selon une légende célèbre, la Grande Catherine, impératrice de Russie, serait morte écrasée par l’ (...)

17Toutes ces fictions reflètent peut-être une donnée empirique : les hommes seraient plus nombreux que les femmes à avoir des relations sexuelles avec des animaux – du moins si l’on en croit Alfred Kinsey, qui a demandé à 20 000 Américains combien de fois ils avaient eu des rapports sexuels avec des animaux (notez que la question n’était pas « Avez-vous déjà eu des rapports sexuels avec un animal ? » mais « Combien de fois avez-vous eu des rapports sexuels avec des animaux ? »). D’après les réponses (sans doute données par un public passablement surpris), Kinsey déduit que 8 % des Américains et 3,5 % des Américaines ont eu des expériences sexuelles avec des animaux à un moment ou à un autre (Kinsey, Pomeroy & Martin 1948 : 673-677)3.

18Outre que cela puisse refléter un fait social, l’idée communément répandue selon laquelle que la bestialité est davantage l’affaire des hommes est un exemple de processus social significatif. La mise en évidence d’un aspect comique de la relation homme-animal (Woody Allen) ou au contraire dramatique (Padre Padrone, Edward Albee) ouvre un espace culturel que peuvent éventuellement coloniser des images beaucoup plus transgressives de rapports érotiques entre femmes et animaux. En effet, contrairement à ce qu’on peut constater dans les différents discours sur la bestialité, dans les représentations picturales, ce sont les femmes qui ont des rapports sexuels avec des animaux. C’est non seulement le cas avec le mythe de Léda, l’histoire de la Belle et la Bête ou encore le motif de la femme du pêcheur mentionnés plus haut, mais aussi, de façon patente, dans la pornographie animalière. La croyance populaire très répandue selon laquelle ce type de pornographie ne met en scène que des hommes est fausse. À de très rares exceptions près, on y voit des femmes ayant des rapports sexuels avec des animaux.

19La pornographie animalière a commencé à faire l’objet d’une production commerciale à partir du début des années 1970. Les premiers films furent pour la plupart produits au Danemark, dans le sillage des mouvements de libération sexuelle, avec l’idée qu’une sexualité libérée devait inclure toutes sortes d’accouplements : entre femmes, entre hommes, entre jeunes et vieux, entre bien portants et handicapés, entre humains et animaux. Cette idée a été résumée par la féministe américaine radicale Andrea Dworkin, qui a déclaré en 1974, dans un livre intitulé Woman Hating, que « la bestialité est une réalité érotique qui place l’individu au sein de la nature et non au-dessus d’elle ». Elle espérait qu’adviendrait une société sexuellement et politiquement progressiste dans laquelle « les humains et les autres animaux laisseraient leur érotisme s’exprimer plus explicitement sans qu’il ne dégénère en maltraitance. Les animaux feraient partie de la tribu et, tout comme nous, seraient respectés, aimés et libres » (Dworkin 1974 : 189).

20Ce type de réflexion sur le pouvoir émancipateur de la sexualité a produit une star du porno bestial : une Danoise nommée Bodil Joensen. Elle a tourné des films (relativement) bucoliques dans leur genre au début des années 1970 et est devenue une sorte d’icône sulfureuse dans les milieux sexuellement libérés (Stevenson 2002).

21À la charnière des années 1980 et des années 1990, la production de pornos animaliers s’est déplacée au Brésil, où est encore réalisée la majeure partie des films distribués dans le commerce, parallèlement à la production d’Europe de l’Est. Il existe des différences entre les productions de ces deux régions du globe dans le traitement réservé aux femmes, les films des pays d’Europe de l’Est, aux contenus très divers, étant nettement plus dégradants à leur égard. De toute évidence, le texte filmique ne permet pas de déterminer avec certitude la part de contrainte s’exerçant sur ces femmes. Et chaque film est différent. Toutefois, contrairement aux films d’Europe de l’Est, l’un des traits distinctifs du porno animalier brésilien est que les femmes y sont en général très expressives : elles s’adressent aux animaux comme si elles parlaient à un partenaire sexuel masculin – ils sont gostoso (beaux et sexy) avec leur pica gostosa (leur bite sexy) – et manifestent vocalement leur plaisir. Elles le font de manière stéréotypée bien sûr, mais elles font tout ce qu’il faut pour donner l’impression qu’elles ont un orgasme. Au beau milieu d’une scène avec une chèvre ou un chien, on les voit parfois lever les yeux au ciel ou sourire, pour elles-mêmes ou au caméraman, d’un air qui laisse à penser qu’elles jugent ce qu’elles sont en train de faire plus ridicule que dégradant.

22Les films tournés en Europe de l’Est sont complètement différents. Dans tous ceux que j’ai vus, il est évident que les femmes sont contraintes et forcées. Cette contrainte se manifeste de diverses manières : elles gardent un silence obstiné lors des séquences pornographiques, ne regardent jamais la caméra, ont le corps crispé, une expression de dégoût ou d’apathie sur le visage, et souvent, des hommes sont présents devant la caméra et hors champ – ils sont en général entièrement vêtus et dirigent les animaux avec lesquels les femmes ont des rapports. Les voix étouffées de ces hommes donnent des ordres qu’on entend souvent tout au long du film ; et dans plusieurs des films que j’ai visionnés, les corps des femmes étaient marqués de larges bleus. On a clairement affaire ici à une forme de maltraitance sexuelle particulièrement perturbante.

23Ce problème de coercition et de maltraitance m’amène à envisager la question du point de vue des animaux. Quels types d’animaux voit-on dans la pornographie bestiale ? On en voit de toutes sortes, autant nos amis de la ferme, poules et chèvres, que des espèces beaucoup plus exotiques comme des anacondas ou des anguilles. L’un des pornos animaliers les plus célèbres, un film brésilien des années 1980 intitulé The Zoo, met en scène des rapports sexuels entre plusieurs femmes et un tapir. Cependant, l’immense majorité des films, et ce n’est peut-être pas très surprenant, fait apparaître des chiens et des chevaux.

24Concernant les chevaux, on voit de petits spécimens, mais aussi de grands étalons adultes. Quant aux chiens, ils sont de taille moyenne à grande, les dobermann et les dalmatiens étant les plus répandus, probablement en raison de leur poil ras qui laisse largement à découvert leurs parties génitales. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les danois sont plus rares, sans doute parce que plus l’animal est grand, plus il est difficile à contrôler. La maîtrise qu’il faut en avoir est une question fondamentale dans le domaine de la pornographie animalière. Lorsqu’ils sont excités sexuellement, les animaux ont tendance à ne pas rester en place ; or ce besoin de bouger pose problème lorsqu’il s’agit de tourner une scène de sexe qui doit durer un certain temps comme l’exigent les conventions du genre. C’est la raison pour laquelle la plupart des pornos animaliers montrent deux personnages à l’écran, dont l’un est chargé de tenir et de maîtriser l’animal afin qu’il ne sorte pas du champ ou qu’il ne se mette pas à mordre ou à donner des coups de patte, tandis que l’autre s’emploie à faire advenir un rapport sexuel avec lui. En général, ces deux personnages sont des femmes, de sorte que le porno animalier comporte souvent des scènes de rapports « lesbiens » que les partenaires expédient avant que l’une ne se tourne vers l’animal, tandis que l’autre le tient fermement.

25De fait, si l’on peut débattre des différents degrés de maltraitance et de d’humiliation qu’on inflige aux femmes dans les productions du Brésil et d’Europe de l’Est, il n’y a aucune différence de part et d’autre quant à la maltraitance et à l’humiliation qui sont infligées aux animaux. C’est là un point sur lequel il est important d’insister : la représentation du plaisir érotique des animaux est complètement absente. Et pour cause, à de très rares exceptions près, sur les tournages de pornographie bestiale, les animaux sont drogués et/ou entravés : les chiens ont les pattes attachées et on leur a administré un sédatif pour qu’ils restent allongés sur le dos le temps nécessaire, pendant que les femmes leur sucent le pénis ou le chevauchent ; les chèvres sont brutalement maintenues par la barbe et forcées à enfouir leur museau dans l’entre-jambe des femmes ; les chevaux sont enchaînés au sol pour éviter qu’ils ne bougent ou ne donnent des coups de sabots. C’est pourquoi, dans la pornographie bestiale, on ne voit jamais les animaux battre la queue ou haleter, ni éjaculer : drogués et stressés, ils n’ont pas d’orgasme. Et ce que ceci signifie – telle est la seconde découverte que j’ai faite au cours de la quarantaine d’heures que j’ai consacrée au visionnage de ces films (une expérience que je ne souhaite à personne) –, c’est que la pornographie zoophile est un genre entièrement axé sur le plaisir sexuel féminin (ce qui est rare dans la pornographie). Dès que l’activité sexuelle a commencé, on ne voit pratiquement jamais la tête de l’animal et la séquence ne se termine généralement pas par une éjaculation, mais par la manifestation bruyante de l’arrivée d’un orgasme chez une femme à califourchon sur un chien ou occupée à sucer le pénis d’un cheval.

26On pourrait être tenté d’interpréter ce fait en termes de conventions de représentation ; on pourrait – on devrait même – discuter des possibilités d’identification pour le spectateur. Ma principale découverte est cependant la suivante : bien que le but premier de la pornographie soit la représentation du plaisir sexuel, il est inutile d’espérer trouver ici la moindre ébauche de représentation du plaisir sexuel ou de l’orgasme animal.

27C’est là une caractéristique du genre de la pornographie animalière qui soulève d’une part le problème de l’exploitation et de la cruauté, et qui incite d’autre part à la réflexion sur l’identification et le plaisir. Elle engage en outre des questions éthiques et philosophiques fondamentales sur les relations entre les espèces. Au cours de ma réflexion, il m’est apparu de façon frappante que ce type de pornographie s’apparentait par bien des aspects à la pratique de la taxidermie, où il s’agit de « bourrer » une peau d’animal pour lui donner un aspect vivant. Selon Jane Desmond, spécialiste en études américaines, la taxidermie est une pratique bien étrange, qui consiste à tuer des animaux pour monter leur cadavre de manière à lui donner l’apparence du vivant (Desmond 2002). Un tel procédé semble caractériser assez bien le désir humain à l’égard des animaux : désir de les observer, de les imaginer, d’établir un lien avec eux, lequel, pour être satisfait, exige pourtant leur mise à mort.

28L’animal ne meurt pas dans les films pornographiques, mais il est tout de même entravé, drogué et manipulé. Peut-on envisager que ce type de pornographie reflète, du moins en partie, un authentique désir ou un fantasme ayant trait aux relations ou à l’identification entre les espèces, désir qui s’exprimerait de manière monstrueusement destructrice ?

Éthique de l’orgasme chez les animaux

29On peut penser que le problème est sans intérêt et que la pornographie animalière est un phénomène tout juste bon à être condamné, qui ne mérite pas en tous cas qu’on lui consacre une réflexion éthique ou philosophique. Je partage l’idée que la pornographie bestiale mérite d’être sévèrement condamnée, mais je pense par ailleurs qu’on aurait tort de s’arrêter à cette seule condamnation. En effet, cela nous empêcherait de réfléchir à ce que sont l’érotisme et l’orgasme animal, alors même que les travaux philosophiques sur les relations entre les espèces sont de plus en plus nombreux et riches. Pour ma part, je n’aurais jamais imaginé trouver des représentations du plaisir sexuel animal dans les travaux universitaires, et pourtant :

« Madame Cayenne Pepper colonise encore toutes mes cellules […]. Je parie que si l’on observait nos ADN respectifs, on trouverait des échanges massifs de gènes entre nous […]. Car les baisers qu’elle prodigue avec sa langue sont proprement irrésistibles. Sa langue rapide et agile de berger australien a imbibé les tissus de mes amygdales […], nous avons eu des conversations interdites, des relations orales […], nous nous entraînons l’une l’autre dans des formes de communication que nous comprenons à peine. »

30Cet extrait n’est pas tiré d’un blog zoophile mais d’un ouvrage écrit par un professeur américain très réputé, Donna Haraway, qui évoque son berger australien dans Le Manifeste des espèces de compagnie (Haraway 2003 : 1).

31Et Jacques Derrida évoque lui-même, dans un long essai paru à titre posthume en 2006, L’animal que donc je suis, une scène devenue célèbre où il se tient nu devant son chat : « le chat m’observe nu de face, en face à face, et si je suis nu face aux yeux du chat qui me regarde de pied en cap, dirais-je, juste pour voir, sans se priver de plonger sa vue, pour voir, en vue de voir, en direction du sexe. Pour voir, sans aller y voir, sans y toucher encore, et sans y mordre, bien que cette menace reste au bout des lèvres ou de la langue. Il se passe là quelque chose qui ne devrait pas avoir lieu » (Derrida 2006 : 18 ; les italiques n’ont pas été conservées ici).

32Les relations orales entre Donna Haraway et son chien, tout comme les méditations de Jacques Derrida sur la relation entre son sexe nu et les yeux, les lèvres et la langue de son chat, sont les symptômes d’un intérêt nouveau manifesté par les intellectuels pour les animaux et la barrière entre les espèces. Selon le philosophe Tom Regan, « les philosophes ont davantage écrit sur les droits des animaux au cours des dix dernières années qu’au cours des deux mille ans qui ont précédé » (Regan [s. d.]). Aujourd’hui, toutes sortes de spécialistes s’intéressent à ce sujet : philosophes, sociologues, linguistes, anthropologues, psychologues, écologistes – si bien que les ouvrages portant sur les animaux et sur la question de la barrière entre les espèces se comptent par centaines.

33Le fait que tant de savants portent leur attention sur la question animale et qu’ils soient nombreux à rédiger leurs ouvrages dans un style chargé de sensualité et d’érotisme – aussi surprenant que cela puisse paraître –, est tout à fait symptomatique. De quoi ? D’une certaine façon, d’un désir d’explorer un domaine nouveau. Au cours des vingt dernières années, les sciences sociales et les humanités ont construit des disciplines à part entière autour des problèmes de genre, de classe, d’appartenance ethnique, de race, autour de la question du colonialisme, de la sexualité et, de plus en plus, autour de celle du handicap – même si les réflexions n’en sont ici qu’à leur début. Ce qui veut dire que les femmes, les ouvriers, les immigrés, les minorités, les subalternes, les homosexuels et les infirmes sont des sujets qui ont déjà été abordés. Que reste-t-il ? Vers quels horizons les théories académiques peuvent-elles se porter ? La question des espèces semble un bon pari.

34Au-delà de la nouveauté, qui est bien entendu porteuse d’innovation et de créativité, il est évident qu’on s’intéresse de plus en plus aux animaux parce qu’aujourd’hui, comme le soulignent nombre des spécialistes qui travaillent sur la question de la barrière entre les espèces, la différence entre humains et animaux n’est plus une simple différence parmi d’autres. C’est, au contraire, ainsi que l’explique Cary Wolfe dans son analyse des travaux de Derrida, « la différence la plus différente, et par conséquent la différence la plus riche en enseignements » (Wolfe 2003 : 67). Le décentrement de l’homme et la remise en question de ce que nombre d’auteurs, à la suite du philosophe Peter Singer, appellent le « spécisme », de même que le carnophallo-logocentrisme de Derrida, aux formules déconstructionnistes si caractéristiques, ont un impact éthique et politique très profond.

35À travers leur dénonciation des multiples formes de violence institutionnalisée qui sont infligées aux animaux – argumentaire fondé sur l’idée qu’hommes et animaux partagent un même univers moral –, les universitaires accomplissent un travail essentiel. L’étude des perceptions, des représentations mentales, des théories et des pratiques relatives à l’orgasme et à l’érotisme animal peut contribuer à définir les contours et les limites de cet univers commun. Au cours des dix dernières années, des lois sur la bestialité ont été votées dans plusieurs états des États-Unis et dans quelques pays européens, dont certains, comme la Suède, ont exhumé des lois médiévales qui avaient été abolies il y a plus d’un siècle et qui proscrivaient ces pratiques. Cette nouvelle vague de lois interdisant les rapports sexuels avec les animaux repose toujours sur la même justification : ces pratiques s’apparentent nécessairement à de la maltraitance dans la mesure où les animaux ne sauraient donner leur consentement à ce genre de relation (Cassidy 2012). Mais il est symptomatique et révélateur qu’un procédé comme l’insémination artificielle – qui nécessite en premier lieu, comme on l’a vu plus haut, une stimulation éventuellement manuelle des individus mâles pour amener ces derniers à éjaculer, puis une insémination contrainte des femelles –, ne soit pas considérée au regard de ces lois comme du sexe ou de la maltraitance. Et le fait même qu’aucun animal ne peut consentir (et ne consent en effet) à être abattu, euthanasié ou à faire l’objet d’expériences de laboratoire ne semble guère heurter la logique qui sous-tend ces lois.

36Cette contradiction, qui passe souvent inaperçue malgré son énormité, entre l’horreur qu’inspirent les relations sexuelles entre humains et animaux d’une part, et l’acceptation de l’abattage, de l’euthanasie et des expériences sur les animaux de l’autre, incite à penser que la réflexion sur l’orgasme chez l’animal peut nous éclairer sur l’une des propositions fondamentales formulées par Derrida en réponse au défi que posent les animaux à la philosophie et à l’éthique.

37Derrida défend en effet l’idée selon laquelle, pour dépasser l’humanisme carnophallo-logocentrique – posture qui sous-tend et entérine l’assujettissement et l’exploitation de plus en plus « monstrueuse » des animaux –, la relation animal-humain doit être repensée : il s’agit d’abandonner l’obsession du manque, présente dans le discours occidental depuis deux mille ans (les animaux sont dépourvus de raison, de langage, d’émotions, d’inconscient, de la capacité de rire, de mentir, etc.), et de se poser la célèbre question du philosophe Jeremy Bentham : « les animaux peuvent-ils souffrir ? »

38La réponse à cette question, souligne Derrida, est positive et indéniable, et sa portée immense. Cependant, pour éviter d’avoir à y répondre (et même, dans une large mesure, de se la poser), « les hommes font tout ce qu’ils peuvent pour dissimuler ou se dissimuler [la] cruauté [avec laquelle les animaux sont systématiquement traités], pour organiser à l’échelle mondiale l’oubli ou la méconnaissance de cette violence que certains pourraient comparer aux pires génocides » (Derrida 2006 : 46).

39Pour être inattendue, la question de l’orgasme animal revêt une pertinence qui ne fait guère de doute : comme le montre clairement le phénomène récent des lois contre la bestialité, la sexualité entre espèces suscite dans le même temps chez l’individu un sentiment d’horreur face à l’exploitation des animaux, mais aussi de compassion envers ces derniers. Ces mêmes sentiments font néanmoins l’objet de répressions, d’incompréhension ou de déni dès lors qu’il s’agit de l’abattage de ces animaux. C’est sans doute sur ce point en particulier qu’il serait profitable de poursuivre la présente réflexion, afin de comprendre selon quels ressorts le sentiment de compassion spontanément ressenti face à la sexualité entre espèces pourrait être éveillé pareillement quand il est question d’abattage, d’expérimentations et d’euthanasie. Quelle spécificité de la relation sexuelle humain-animal est susceptible d’attiser le sens des responsabilités et du devoir ?

40« L’animal nous regarde, nous sommes nus devant lui. Et penser commence peut-être là » (Derrida 2006 : 50). Mais cette pensée ne doit surtout pas ignorer la portée et la puissance que l’image derridienne de l’homme nu devant son chat, avec sa charge érotique assumée, suggère sans les explorer.

41Remerciements
Je remercie Vanessa Manceron, qui m’a encouragé à écrire cet article et y a apporté de précieux commentaires au fil de ses versions successives. Je remercie également mon relecteur anonyme ainsi que l’équipe de rédaction de la revue Terrain, dont les propositions m’ont été très utiles lors de la relecture. Cette étude est la version révisée d’un article présenté il y a quelques années à un panel lors d’un congrès sur « L’orgasme », organisé avec une collègue, Emily Martin. Je n’aurais pu mener cette réflexion (ni bien d’autres choses) sans les remarques d’Emily, sans son soutien, sa sagacité et son humour. Je remercie enfin les participants à la table ronde pour leurs commentaires qui ont soutenu ma réflexion.

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Bibliographie

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Notes

1 À l’exception de celles de Derrida, toutes les citations ont fait l’objet d’une traduction depuis l’anglais.

2 zoophile.net [dernier accès, novembre 2016].

3 Selon une légende célèbre, la Grande Catherine, impératrice de Russie, serait morte écrasée par l’étalon avec lequel elle tentait de s’accoupler. Cette rumeur (qui n’a pas connu de représentation picturale) au sujet d’une femme ayant des relations sexuelles avec un animal reste une exception. Bien entendu, l’histoire est fausse puisque Catherine est morte dans son lit à la suite d’une congestion cérébrale à l’âge de 67 ans.

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Pour citer cet article

Référence papier

Don Kulick, « Jouir comme des bêtes »Terrain, 67 | 2017, 110-127.

Référence électronique

Don Kulick, « Jouir comme des bêtes »Terrain [En ligne], 67 | 2017, mis en ligne le 25 août 2017, consulté le 08 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/16189 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terrain.16189

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Auteur

Don Kulick

Uppsala University

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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