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Les prospérités du fouet

La flagellation ou la logique de l’excès [portfolio]
Christophe Granger
p. 128-147

Résumés

Comment se forment et se transforment les manières de jouir ? Quand et de quelle façon la flagellation a-t-il pris place dans l’ordre des plaisirs ? C’est tout l’objet de ce portfolio. De la naissance de la pornographie « flagellante », au foisonnement des enquêtes attachées à en dire les usages, en passant par l’inscription de la pratique au registre psychiatrique des perversions, le goût du fouet a émergé comme sexualité spécifique. La ritualisation des postures et des scénarios du jouir montre comment, portée par un ethos aristocratique qui célèbre la pureté des sensations excessives et le plaisir d’aller contre l’ordinaire disqualification de la douleur et de la cruauté, la flagellation se vit alors comme jouissance véritable.

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Texte intégral

« En général, on goûte les “plaisirs de la chair” à la condition qu’ils soient fades ».
Georges Bataille, Histoire de l’œil, Paris, René Bonnell, 1928, « Prière d’insérer ».

  • 1  Archives départementales de Paris, tribunal correctionnel, 6 juin 1902 ; exemple cité notamment pa (...)

1Paris, 23 rue Richer, escalier gauche, premier entresol. Une femme a pris coutume de recevoir là les adeptes de flagellation érotique. Ses ustensiles, verges, fouets, martinets, sont accrochés dans la chambre à des portants. Pour recruter ses clients, elle fait paraître des petites annonces. Toujours les mêmes. À la rubrique « Soins et hygiène » de plusieurs journaux parisiens, elle propose des « Massages anglais ». En juin 1907, pour la publicité dont elle entoure ainsi son activité, elle est condamnée à 25 francs d’amende1.

→ Fig. 1. « Sous la Croupe féminine ».

→ Fig. 1. « Sous la Croupe féminine ».

Illustration hors texte signée Wighead, extraite de l’ouvrage de Jim Galding, Sous la Croupe féminine, Paris, éditions Curio, 1936. Source : collection Archives d’Eros.

  • 2  Sigmund Freud, « “Un enfant est battu”. Contribution à la connaissance de la genèse des perversion (...)
  • 3  Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris, éditions Points, 2012 [1922], p (...)

2Si cet épisode mérite attention, c’est qu’il contient une énigme plus grande que lui. La voici : comment la flagellation a-t-elle pris place dans les modalités du jouir → Fig. 1 ? Étrange question, sans doute : non pas seulement parce qu’elle suppose de décrire des conduites de plaisir et déjà autre chose qu’elles, mais surtout parce qu’elle paraît trouver une réponse définitive dans la naturalisation psychanalytique de la sexualité. Si j’ai le goût de fouetter ou d’être fouetté, explique Freud, c’est que, dans la vie sexuelle, le principe de plaisir et celui de déplaisir vont ensemble, mais aussi que, dans mon enfance, à la faveur d’une correction mêlée de jouissance, s’est fixée en moi une « perversion » de ce genre2. Et si, prenant plaisir à être fouetté, je trouve un partenaire qui prend plaisir à me fouetter, c’est qu’un « sadique est toujours en même temps un masochiste3 ». Outre qu’elle réduit à rien la socialité des gestes, des désirs et des sensations qui organisent les formes de la jouissance, cette façon de voir empêche de saisir, dans sa cohérence, le moment historique qui a vu s’opérer la spécification de la flagellation comme art de jouir.

  • 4  Voir Niklaus Largier, In Praise of the Whip. A Cultural History of Arousal, New York, Zone Books, (...)
  • 5  Jean-Henri Meibomius (trad.), De l’utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisir (...)
  • 6  Camille Piton (éd.), Paris sous Louis XV. Rapports des inspecteurs de police au roi, Paris, Mercur (...)

3C’est entre 1880 et 1914 que, de la fessée à la passion du fouet, les pratiques qui font advenir la douleur et la cruauté dans l’acte sexuel sont regroupées comme étant de même nature et séparées des autres usages du sexe par un écart qui les fait brusquement apparaître comme étranges et inquiétantes : on parle de flagellomanie, de flagellophilie, de masochisme ou d’algolagnie (amour de la douleur). La présence du fouet, des verges ou des martinets dans l’ordre des pratiques sexuelles n’a alors rien d’une nouveauté4 → Fig. 2. Depuis un traité paru en 1629, lequel s’autorisait de la médecine antique et fut abondamment repris par la suite, il est d’usage de compter la flagellation au nombre des moyens propres à aiguillonner l’érection défaillante. « Cette cérémonie étrange », notait Meibomius, embrase ceux qui s’y soumettent « des feux de la lubricité, jusques à les faire écumer, et fait dresser vers le ciel cette partie qui constitue la virilité, de manière que son oscillation suit le nombre et le son des coups appliqués5 ». À Paris, confirment les inspecteurs de police du xviiie siècle, « bien des gens » s’y adonnent, au point que, « aujourd’hui, il n’y a point de maison publique où [l’]on ne trouve force poignée de verges toutes prêtes pour donner aux paillards refroidis la cérémonie6 ». Si bien que, chez Restif, chez d’Argens et plus encore chez Sade, la flagellation a sa place dans l’imagination érotique des Lumières → Fig. 3. Elle n’est pas seulement un adjuvant régulier des combinaisons sexuelles que la pornographie se plaît à inventorier : elle est, comme le montre une édition de 1795 de La Philosophie dans le boudoir, le moyen de mettre en mouvement la vigueur sexuelle des partenaires.

→ Fig. 2. « Bon ! Il sert mes Plaisirs ».

→ Fig. 2. « Bon ! Il sert mes Plaisirs ».

« Il est des personnes qui ne peuvent goûter les plaisirs de l’amour, si elles ne sont aiguillonnées par la fustigation » (J. H. Meibomius 1795, op. cit., p. 21).

Illustration extraite de J. H. Meibomius, De l’utilité de la flagellation dans les plaisirs du mariage et dans la médecine…, Paris, Claude Mercier dit de Compiègne, 1792, face p. 108. Source : collection Archives d’Eros.

→ Fig. 3. « Les huit fesses les plus appétissantes ».

→ Fig. 3. « Les huit fesses les plus appétissantes ».

La littérature pornographique des Lumières fait de l’usage du fouet ou du martinet une figure familière des orgies d’aristocrates ou de couvents.

Illustration extraite de Donatien Alphonse François, marquis de Sade, La Nouvelle Justine ou Les Malheurs de la Vertu, suivie de l’Histoire de Juliette, sa Sœur, en Hollande, 1797, t. 10, face p. 224. Source : Wikimedia Commons (licence CC-PD-Mark).

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  • 7  Michel Foucault, Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 64-6 (...)

4Pour autant, la généalogie est trompeuse. Ce n’est pas du fait d’être ancienne ou anciennement admise parmi les manières d’user du sexe que la flagellation tire son implantation dans l’ordre des plaisirs à la fin du xixe siècle. C’est tout le contraire : elle devient jouissance en s’arrachant à ces usages anciens ; elle est prise dans le grand mouvement d’administration des sexualités qu’a décrit Foucault et qui, par une volonté ramifiée de tout savoir sur le sexe, d’en traquer les perversions, d’en suivre obstinément les usages disparates et de susciter partout l’aveu des écarts, a eu pour effet de faire proliférer, en lieu et place de la pudibonderie ou de l’interdit qu’on imagine d’ordinaire, les « sexualités disparates » et les « plaisirs spécifiques7 ». La « passion du fouet » y a sa place. Elle est le lieu d’un triple déplacement qui, en quelques décennies, fait d’elle à la fois un phénomène social et une forme particulière du jouir.

  • 8  Dr Léon-Henri Thoinot, Attentats aux mœurs et perversions du sens génital, Paris, O. Douin, 1878, (...)
  • 9  Dr Émile Laurent, Fétichistes et érotomanes, Paris, Vigot frères, 1905, p. 44-45.

5Il y a d’abord l’implantation de la flagellation dans le champ des perversions. Dans le sillage de la Psychopathia sexualis (1869) du Dr Krafft-Ebing, qui forge la catégorie de « masochisme » pour dire la jouissance née de la douleur reçue, les aliénistes français, appliqués à en consigner les « cas » à la manière du Dr Thoinot en 1878, constituent à son sujet une analytique psychiatrique. « X., marié, père de famille, occupant une très belle position commerciale à Paris, se rendait dans une maison galante et s’y faisait mettre en présence de deux filles. Il leur faisait alors quitter leurs vêtements, quittait lui-même les siens et, s’armant d’un martinet, les flagellait. Puis, prenant des épingles, il les enfonçait jusqu’au sang dans la peau de la poitrine de ces malheureuses. Cette manœuvre amenait chez lui l’érection, et lui permettait d’accomplir le coït avec l’une ou l’autre de ses victimes8 ». De cette jouissance qu’ils ont soin d’installer dans un « en dehors » inquiétant de la sexualité, les psychiatres s’avisent aussi d’élaborer une explication. Pour l’essentiel, cette dernière a les traits d’une genèse des perversions → Fig. 4 : dans l’enfance, une jeune fille, un jour qu’elle était corrigée, a éprouvé une jouissance qu’elle n’a ensuite jamais cessé de rechercher dans la flagellation ; un garçon a vu un jour sa sœur, jupes relevées, fesses nues, recevoir une correction, « cela décida de sa vie génésique9 ».

→ Fig. 4. « La gouvernante », photographe anonyme, vers 1890.

→ Fig. 4. « La gouvernante », photographe anonyme, vers 1890.

« Un enfant de 4 ou 5 ans vit un jour sa sœur aînée à genoux […]. Il assure qu’il a toujours conservé le souvenir de ces fesses blanches, rondes, énormes. » (Dr Émile Laurent, op. cit., p. 44-45).

Source : collection Archives d’Eros.

  • 10  Ian Gibson, The English Vice. Beating, Sex, and Shame in Victorian England and After, Londres, Duc (...)
  • 11  Nicolas Petit, « La flagellation. Un genre, un fonds », Revue de la Bibliothèque nationale de Fran (...)
  • 12  On en trouve une belle étude dans Alexandre Dupouy, Anthologie de la fessée et de la flagellation, (...)

6Comme cela a été le cas en Angleterre quelques décennies plus tôt – au point qu’on a alors la certitude qu’il s’agit là d’un « vice anglais10 » –, la flagellation devient aussi, à dater de 1880, un genre à part entière de la littérature pornographique. Plus de 500 titres sont écrits, publiés et diffusés en France avant 1930 : Défilé de fesses nues, Les Conférences expérimentales par le colonel Cinglant, La Femme et son maître, Fouets et martinets, etc.11 → Fig. 5. Certains éditeurs, comme les éditions Jean Fort, les Éditions parisiennes ou le jeune Carrington, rue du Faubourg-Montmartre à Paris, s’en font une spécialité. S’attachant les services d’auteurs et d’illustrateurs réguliers – au rang desquels Gustave Le Rouge, Louis Malteste, Hector France ou Pierre Mac Orlan –, ils contribuent à fixer les formes de la pratique et à en exciter la ritualisation12. Une grande bourgeoise qui vole dans un magasin se voit châtiée par le fouet et y prend plaisir ; une petite dactylo multiplie les inattentions et reçoit une correction qui la remplit d’aise ; une amante veut être fouettée pour « connaître ce qu’on ressent quand on a le feu au derrière » et en retire une jouissance insoupçonnée.

→ Fig. 5. « La Comtesse au Fouet ».

→ Fig. 5. « La Comtesse au Fouet ».

À la fin du xixe siècle, la flagellation devient un genre éditorial à part entière dans l’univers des livres vendus sous le manteau.

Illustration de couverture de Pierre Dumarchey [dit Pierre Mac-Orlan ou Ludovic Riezer], La Comtesse au Fouet belle et terrible, Paris, Jean Fort éditeur, 1911. Source : collection Archives d’Eros.

  • 13  Dr Fowler, Maisons de flagellation. Traité sur les méthodes employées par les flagellomanes, Paris (...)
  • 14  Pierre Guénolé, L’Étrange passion. La flagellation dans les mœurs d’aujourd’hui. Études et documen (...)
  • 15  Dr Fowler, op. cit., p. 18.

7Il y a enfin une intense volonté de dire les pratiques effectives. Enquêtes et études pseudo-savantes se multiplient, qui font de la flagellation un fait de société. Elles classent ceux qui aiment à fouetter et à se faire fouetter, elles suivent la pratique parmi les lesbiennes, chez les institutrices et dans les chambres à coucher, elles rapportent le détail des savoir-faire en vigueur dans les bordels. En témoigne le tableau des ustensiles que donne en 1911 le Dr Fowler : « On se sert généralement de la verge, du bâton, de la cravache, du martinet et du knout. Les masseuses anglaises font beaucoup usage du “tawse”. C’est une bande large en gros cuir, recourbée et ayant à son bout la forme d’une main humaine13 » → Fig. 6. Quant aux scénarios suivis dans les maisons de rendez-vous, ils sont inventoriés avec soin. L’un d’eux, rapporté en 1904, se présente ainsi : dans une pièce meublée à la manière d’une salle de classe, une femme grimée en maîtresse d’école accueille le visiteur ; ce dernier joue l’écolier paresseux, ne répond pas ou répond mal ; il est mis à genoux, culotte rabattue, et reçoit de grands coups de martinet14. Sous couvert d’assouvir un désir de vérité qui mime souvent le désir tout court, ces textes ont pour effet de donner corps à une pratique sexuelle : en expliquant qu’il faut « savoir fouetter », qu’il ne s’agit jamais de « frapper à tort et à travers, comme la brute stupide », mais de « savoir amener, par des coups rapides, tantôt sur une fesse, tantôt sur une autre, l’afflux du sang qui amènera la jolie vicieuse au but qu’elle désire15 », ils ne font pas que documenter une sexualité et tout le décorum solidifié en elle ; en l’installant à la périphérie des plaisirs ordinaires, ils l’inventent en tant que sexualité singulière.

→ Fig. 6. « Arsenal flagellomane ».

→ Fig. 6. « Arsenal flagellomane ».

« On se sert généralement de la verge, du bâton, de la cravache, du martinet et du knout. Les masseuses anglaises font beaucoup usage du “tawse”. » (Dr Fowler, op. cit., p. 44).

Illustration signée Martin dit Martin Van Maele, extraite du Dr Fowler [Marius Boisson] & de Pierre de Jusange [Pierre Dumarchey, dit Pierre Mac-Orlan], Maisons de flagellation. Traité sur les méthodes employées par les flagellomanes. Édition revue et augmentée, Paris / Pragues, E. Torök, 1907, p. 46. Source : collection Archives d’Eros.

8C’est à ces trois opérations historiques, rabattues l’une sur l’autre, que la flagellation doit d’être devenue une forme particulière du jouir. L’insinuation des scènes de flagellation dans le marché des photographies érotiques, de même que la présence de la fessée dans les petits films muets projetés dans l’antichambre des bordels, témoignent que la pratique a alors sa place dans les manières d’exciter le désir. Mais saisir ce qui a permis la constitution de cette pratique comme sexualité ne suffit pas à comprendre ce qu’elle est effectivement. On n’a pas tort, bien sûr, de la placer sous la coupe des rapports de domination et de violence. Les illustrations sont formelles : celles d’Eric Galton, pour Les Malheurs de Colette (1914), comme celles plus tardives des Gitanes dominatrices de Jim Galding (1935), ou encore celles de Jim Black (Luc Lafnet) pour les Dresseuses d’hommes (1931), montrent la ritualisation des postures de soumission au sein des usages du plaisir → Fig. 7-8. À genoux, à quatre pattes, fesses en l’air, cheveux tirés, mains entravées, ravalé autrement dit à un état d’infériorité, l’homme ou la femme joue à se soumettre ; celui ou celle qui fouette et qui bat se tient au-dessus, le geste ample, dans l’attitude moitié féroce moitié dédaigneuse de celui qui domine. Ce que disent ces scènes, c’est l’institution d’une sexualité qui joue de la domination en outrant ce qu’elle est.

→ Fig. 7. « Gitane dominatrice ».

→ Fig. 7. « Gitane dominatrice ».

« À genoux, à quatre pattes, fesses en l’air, cheveux tirés, mains entravées, ravalé autrement dit à un état d’infériorité, l’homme ou la femme joue à se soumettre. »

Illustration extraite de Jim Galding, Gitanes dominatrices ou les voluptés infernales, Paris, Le Jardin d’Eros, 1935, pl. p. 48. Source : Bibliothèque nationale de France.

→ Fig. 8. « Fouetter le gracieux derrière ».

→ Fig. 8. « Fouetter le gracieux derrière ».

« Ce que disent ces scènes, c’est l’institution d’une sexualité qui joue de la domination en outrant ce qu’elle est. »

Illustration signée G. Topfler, extraite d’Aimé Van Rod, Les Malheurs de Colette, Paris, Librairie artistique et Édition parisienne réunies, 1914, p. 91. Source : Bibliothèque nationale de France.

  • 16  Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch. Le froid et le cruel, Paris, éditions de Minuit, 20 (...)
  • 17  Karen Halttunen, « Humanitarianism and the Pornography of Pain in Anglo-American Culture », The Am (...)
  • 18  Pour une étude à ce sujet, voir Sarah Al-Matary, « Quand l’abolitionnisme servait d’alibi aux porn (...)

9Toutefois, pour en saisir le fondement, il ne suffit pas, comme le soulignait Deleuze lisant Sacher-Masoch, de remarquer que ce genre de plaisir, parce qu’il repose sur un contrat entre celui qui jouit de battre et celui qui jouit d’être battu, appartient à l’ordre des règles morales16. En réalité, la flagellation est tout entière traversée par une profanation de la morale de son temps. Pas seulement parce qu’elle contrevient aux gestes chastes et aux jouissances tièdes que la médecine n’a de cesse de recommander dans les chambres à coucher. Mais surtout parce qu’elle prend à sa charge, dans l’ordre des sexualités, la survivance des châtiments corporels au moment même où ces derniers, sous le coup d’un humanitarisme affirmé au fil du xixe siècle, s’effacent à la fois dans l’armée, aux colonies, dans les prisons et à l’école17. L’« amour du fouet », ainsi que le montre la multitude des illustrations à travers lesquelles il se dit, mobilise l’imaginaire alors tenu pour rétrograde de la correction : celle du maître de plantation sur ses esclaves18, celle du prêtre, celle de l’instituteur sur ses élèves. La flagellation n’est ainsi pas simple plaisir de suspendre ou de renverser l’ordre habituel des choses, la femme devenant bourreau, l’homme petit garçon corrigé → Fig. 9. Elle est plaisir d’aller contre la « civilisation », c'est-à-dire d’abord le devoir de compassion et la disqualification de la cruauté et de la violence, qui s’impose alors en règle commune.

→ Fig. 9. « La Brune piquante ».

→ Fig. 9. « La Brune piquante ».

L’amour du fouet mobilise l’imaginaire social de la correction au moment même où, dans l’armée, à l’école et dans les prisons, se développe la disqualification des châtiments corporels.

Illustration extraite de Bernard Montorgueil pour La Brune piquante, Rotterdam, éditions Bel-Rose, 1970, série « Le Jardin des Délices et des Supplices », t. 4, p. 15. Source : collection Archives d’Eros.

  • 19  Dr Jean Cabanès, « Les Algomanes », Le Petit Parisien, 30 juillet 1910, p. 1.
  • 20  Hugues Rebell, « Philosophie de la cruauté », L’Ermitage, no 18, 1899, p. 161-180. Sur Rebell, voi (...)
  • 21  Jean de Villiot, En Virginie. Épisode de la guerre de Sécession précédé d’une étude sur l’esclavag (...)

10Dans une série d’articles publiés en 1910, un médecin se lance à ce sujet dans une explication d’envergure. S’il y a en France une vogue d’« algolagnie », d’amour de la douleur, c’est parce que, pour certains qui ne s’accommodent ni des mollesses ni des sensibleries du temps, la douleur, infligée ou subie, est, au revers de tout sentimentalisme, promesse d’une pureté des sensations19. Et là est le fin mot de l’affirmation, en ces décennies, de la flagellation comme forme de jouissance : elle n’est pas seulement une autre manière de jouir ; elle est l’expression d’un ethos aristocratique qui puise dans les sensations excessives et dans l’expérience de la cruauté, conçue comme pulsion humaine réprimée, le ferment d’un autre rapport à la sexualité → Fig. 10. Dans les romans pornographiques qu’elle produit, dans les enquêtes auxquelles elle soumet la pratique, l’avant-garde cultivée, fascinée par l’anarchie, par Nietzsche et le décadentisme fin-de-siècle – comme le seront, d’une autre façon, Desnos, Bataille et les surréalistes dans l’entre-deux-guerres –, élabore en ce sens quelque chose comme une « théorie » de la flagellation. Cette dernière leur apparaît comme seule jouissance véritable. Dans la douleur et dans la cruauté, l’homme, détaché des convenances et des contentions ordinaires, retrouve la brutalité, la violence et le plaisir des émotions fortes qui forment le fond de bestialité viscérale de ce qu’il est → Fig. 11. Auteur symbolique de cet univers flagellant, Hugues Rebell (Georges Grassal), dandy anti-républicain, un temps proche des monarchistes de l’Action française, y puise le socle d’une « philosophie de la cruauté20 ». Dans la flagellation, explique-t-il, l’homme du moins ne ment plus. Il cesse de se complaire dans les raffinements de la « culture ». Il est rendu à sa « nature humaine », à « ce besoin de destruction qui le rend comparable à l’animal ». Il retrouve, par là, l’amour du sang et de la violence qui « liés par un lien indissoluble règneront encore longtemps sur l’esprit des hommes21 ».

→ Fig. 10. « Sur une dernière cinglade ».

→ Fig. 10. « Sur une dernière cinglade ».

Consommée dans la brutalité, la flagellation est l’affirmation d’une jouissance débarrassée de tout sentimentalisme.

Illustration hors texte signée O. Ridrick, extraite de A. Murtys, Esclaves malgré elles ou Les Captives domptées, Paris, éditions du Couvre-Feu, 1933, p. 56. Source : collection Archives d’Eros.

→ Fig. 11. « Pliage flagellation », Daphné Lejeune, 2017.

→ Fig. 11. « Pliage flagellation », Daphné Lejeune, 2017.

L’esthétisation d’une sexualité soumise aux sensations excessives et à l’expérience de la douleur manifeste l’ethos aristocratique d’un rapport « pur » et « véritable » à la jouissance sexuelle.

Illustration : Daphné Lejeune. © Penninghen 2017.

  • 22  Italo Baccardi, Osez… la fessée, Paris, La Musardine, 2005.
  • 23  Christopher Hooton, « A long list of sex acts just got banned in UK porn », The Independent, 2 déc (...)
  • 24 Voir en particulier Delmas Howes, The Flagellation, 1999 (tiré de la série : Stations. A Gay Passi (...)
  • 25  Je tiens à remercier Vanessa Manceron et Alexandre Dupouy pour leur aide précieuse dans la réalisa (...)

11Désormais, la flagellation n’a plus l’air qu’elle avait alors. La fessée, ce « jeu sans violence ni humiliation, ou juste avec un peu des deux », comme le dit le récent Osez… la fessée d’un masseur-kinésithérapeute22, a gagné l’ordre des sexualités légitimes ; et si l’usage érotique du fouet a été interdit en Angleterre dans les films X23, il a une place bien à lui dans l’univers Internet des sites pornographiques, et dans le marché, immense, des jouets sexuels et des jouissances instrumentées. En outre, étant porteuse pour certains groupes sociaux du pouvoir de se constituer contre – et contre la sexualité dominante pour commencer –, la flagellation a pris place dans la spécification des sexualités underground → Fig. 12. Dans sa série de tableaux monumentaux de 1999, Delmas Howe en a fixé l’une des incarnations érotiques les plus flamboyantes : décor industriel, sangles et cagoules de cuir, la flagellation, attachée à l’univers des pratiques « SM », évoque l’homosexualité masculine de groupe. Un pôle soft et ludique, d’un côté24 ; un pôle hard et puriste, de l’autre : la pratique flagellatoire, diversifiée dans les gestes, les symboles et les désirs qui s’attachent aujourd’hui à elle, ne suffit plus à définir une modalité particulière du jouir → Fig. 13-14. Elle ne cesse pas de rejouer ce moment, lointain à présent, qui l’a vue naître comme sexualité spécifique : produit des jeux sociaux qui organisent les formes du plaisir, elle est une jouissance qui se joue des jouissances instituées25.

→ Fig. 12. Pierre Molinier, Pantomime céleste, 1967.

→ Fig. 12. Pierre Molinier, Pantomime céleste, 1967.

Devenue le lieu de recherches artistiques, et notamment celles du body art, la flagellation participe à partir des années 1960 à la spécification des sexualités underground et des pratiques « SM ».

© Pierre Molinier / © ADAGP, Paris, 2017.

→ Fig. 13-14. Pierre Molinier, autoportrait de l’artiste, vers 1970.

→ Fig. 13-14. Pierre Molinier, autoportrait de l’artiste, vers 1970.

Diversifiée dans ses gestes et ses symboles, devenue jeu possible au sein des sexualités légitimes, la flagellation amoureuse ne suffit plus à définir une modalité particulière du jouir.

© Pierre Molinier / © ADAGP, Paris, 2017. Source : collection Archives d’Eros.

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Notes

1  Archives départementales de Paris, tribunal correctionnel, 6 juin 1902 ; exemple cité notamment par Annie Stora-Lamarre, L’Enfer de la IIIe République. Censeurs et pornographes (1881-1914), Paris, Imago, 1990, p. 194-195.

2  Sigmund Freud, « “Un enfant est battu”. Contribution à la connaissance de la genèse des perversions sexuelles » [1919], dans Névrose, psychose et perversion, Jean Laplanche (trad.), Paris, PUF, 1997, p. 219-243.

3  Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris, éditions Points, 2012 [1922], p. 46.

4  Voir Niklaus Largier, In Praise of the Whip. A Cultural History of Arousal, New York, Zone Books, 2007; John R. Yamamoto-Wilson, Pain, Pleasure and Perversity. Discourses of Suffering in Seventeenth-Century England, Farnham / Burlington, Ashgate, 2013, p. 95-105.

5  Jean-Henri Meibomius (trad.), De l’utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage et dans la médecine…, Paris, C. Mercier, 1795 [1629], p. 21. Principes repris par François Amédée Doppet, Traité du fouet, et de ses effets sur le physique de l’amour, ou Aphrodisiaque externe, Paris, 1788, puis par Auguste Debay, Hygiène et physiologie du mariage. Histoire naturelle et médicale de l’homme et de la femme mariés, dans ses plus curieux détails, Paris, E. Dentu, 1862 [1848], p. 263-269.

6  Camille Piton (éd.), Paris sous Louis XV. Rapports des inspecteurs de police au roi, Paris, Mercure de France, 1908, t. 2, p. 120.

7  Michel Foucault, Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 64-67.

8  Dr Léon-Henri Thoinot, Attentats aux mœurs et perversions du sens génital, Paris, O. Douin, 1878, p. 453.

9  Dr Émile Laurent, Fétichistes et érotomanes, Paris, Vigot frères, 1905, p. 44-45.

10  Ian Gibson, The English Vice. Beating, Sex, and Shame in Victorian England and After, Londres, Duckworth & Co., 1992 [1978].

11  Nicolas Petit, « La flagellation. Un genre, un fonds », Revue de la Bibliothèque nationale de France, no 7, « Érotisme et pornographie », 2001, p. 62-66.

12  On en trouve une belle étude dans Alexandre Dupouy, Anthologie de la fessée et de la flagellation, Paris, La Musardine, 1998, p. 17-39.

13  Dr Fowler, Maisons de flagellation. Traité sur les méthodes employées par les flagellomanes, Paris, Jean Fort, 1911, p. 44. Voir aussi Léo Taxil, La Prostitution contemporaine. Étude d’une question sociale, Paris, Librairie populaire, [s. d.], p. 165.

14  Pierre Guénolé, L’Étrange passion. La flagellation dans les mœurs d’aujourd’hui. Études et documents, Paris, Office central de Librairie, 1904, p. 104-106. Sur les usages flagellatoires, assez semblables, dans les maisons de tolérance, voir Alain Corbin, Les Filles de noces. Misère sexuelle et prostitution aux 19e et 20e siècles, Paris, Aubier, 1978, p. 183-184.

15  Dr Fowler, op. cit., p. 18.

16  Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch. Le froid et le cruel, Paris, éditions de Minuit, 2007 [1967], p. 28.

17  Karen Halttunen, « Humanitarianism and the Pornography of Pain in Anglo-American Culture », The American Historical Review, no 100/2, 1995, p. 303-334.

18  Pour une étude à ce sujet, voir Sarah Al-Matary, « Quand l’abolitionnisme servait d’alibi aux pornophiles. Rapports croisés de domination dans En Virginie (1901) de Jean de Villiot », Cahiers d’études africaines, no 212, 2013, p. 839-852.

19  Dr Jean Cabanès, « Les Algomanes », Le Petit Parisien, 30 juillet 1910, p. 1.

20  Hugues Rebell, « Philosophie de la cruauté », L’Ermitage, no 18, 1899, p. 161-180. Sur Rebell, voir Richard D. Sonn, Anarchism and Cultural Politics in Fin de Siècle France, Lincoln / London, University of Nebraska Press, 1989, p. 219.

21  Jean de Villiot, En Virginie. Épisode de la guerre de Sécession précédé d’une étude sur l’esclavage et les punitions corporelles en Amérique, Paris, Carrington, 1901, p. 338.

22  Italo Baccardi, Osez… la fessée, Paris, La Musardine, 2005.

23  Christopher Hooton, « A long list of sex acts just got banned in UK porn », The Independent, 2 décembre 2014.

24 Voir en particulier Delmas Howes, The Flagellation, 1999 (tiré de la série : Stations. A Gay Passion), huile sur toile.

25  Je tiens à remercier Vanessa Manceron et Alexandre Dupouy pour leur aide précieuse dans la réalisation de ce portfolio. Comme le veut l’usage, je reste bien sûr seul responsable de ce qu’il contient.

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Table des illustrations

Titre → Fig. 1. « Sous la Croupe féminine ».
Crédits Illustration hors texte signée Wighead, extraite de l’ouvrage de Jim Galding, Sous la Croupe féminine, Paris, éditions Curio, 1936. Source : collection Archives d’Eros.
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Titre → Fig. 2. « Bon ! Il sert mes Plaisirs ».
Légende « Il est des personnes qui ne peuvent goûter les plaisirs de l’amour, si elles ne sont aiguillonnées par la fustigation » (J. H. Meibomius 1795, op. cit., p. 21).
Crédits Illustration extraite de J. H. Meibomius, De l’utilité de la flagellation dans les plaisirs du mariage et dans la médecine…, Paris, Claude Mercier dit de Compiègne, 1792, face p. 108. Source : collection Archives d’Eros.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-2.jpg
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Titre → Fig. 3. « Les huit fesses les plus appétissantes ».
Légende La littérature pornographique des Lumières fait de l’usage du fouet ou du martinet une figure familière des orgies d’aristocrates ou de couvents.
Crédits Illustration extraite de Donatien Alphonse François, marquis de Sade, La Nouvelle Justine ou Les Malheurs de la Vertu, suivie de l’Histoire de Juliette, sa Sœur, en Hollande, 1797, t. 10, face p. 224. Source : Wikimedia Commons (licence CC-PD-Mark).
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-3.jpg
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Titre → Fig. 4. « La gouvernante », photographe anonyme, vers 1890.
Légende « Un enfant de 4 ou 5 ans vit un jour sa sœur aînée à genoux […]. Il assure qu’il a toujours conservé le souvenir de ces fesses blanches, rondes, énormes. » (Dr Émile Laurent, op. cit., p. 44-45).
Crédits Source : collection Archives d’Eros.
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Titre → Fig. 5. « La Comtesse au Fouet ».
Légende À la fin du xixe siècle, la flagellation devient un genre éditorial à part entière dans l’univers des livres vendus sous le manteau.
Crédits Illustration de couverture de Pierre Dumarchey [dit Pierre Mac-Orlan ou Ludovic Riezer], La Comtesse au Fouet belle et terrible, Paris, Jean Fort éditeur, 1911. Source : collection Archives d’Eros.
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Titre → Fig. 6. « Arsenal flagellomane ».
Légende « On se sert généralement de la verge, du bâton, de la cravache, du martinet et du knout. Les masseuses anglaises font beaucoup usage du “tawse”. » (Dr Fowler, op. cit., p. 44).
Crédits Illustration signée Martin dit Martin Van Maele, extraite du Dr Fowler [Marius Boisson] & de Pierre de Jusange [Pierre Dumarchey, dit Pierre Mac-Orlan], Maisons de flagellation. Traité sur les méthodes employées par les flagellomanes. Édition revue et augmentée, Paris / Pragues, E. Torök, 1907, p. 46. Source : collection Archives d’Eros.
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Titre → Fig. 7. « Gitane dominatrice ».
Légende « À genoux, à quatre pattes, fesses en l’air, cheveux tirés, mains entravées, ravalé autrement dit à un état d’infériorité, l’homme ou la femme joue à se soumettre. »
Crédits Illustration extraite de Jim Galding, Gitanes dominatrices ou les voluptés infernales, Paris, Le Jardin d’Eros, 1935, pl. p. 48. Source : Bibliothèque nationale de France.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-7.jpg
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Titre → Fig. 8. « Fouetter le gracieux derrière ».
Légende « Ce que disent ces scènes, c’est l’institution d’une sexualité qui joue de la domination en outrant ce qu’elle est. »
Crédits Illustration signée G. Topfler, extraite d’Aimé Van Rod, Les Malheurs de Colette, Paris, Librairie artistique et Édition parisienne réunies, 1914, p. 91. Source : Bibliothèque nationale de France.
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Titre → Fig. 9. « La Brune piquante ».
Légende L’amour du fouet mobilise l’imaginaire social de la correction au moment même où, dans l’armée, à l’école et dans les prisons, se développe la disqualification des châtiments corporels.
Crédits Illustration extraite de Bernard Montorgueil pour La Brune piquante, Rotterdam, éditions Bel-Rose, 1970, série « Le Jardin des Délices et des Supplices », t. 4, p. 15. Source : collection Archives d’Eros.
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Titre → Fig. 10. « Sur une dernière cinglade ».
Légende Consommée dans la brutalité, la flagellation est l’affirmation d’une jouissance débarrassée de tout sentimentalisme.
Crédits Illustration hors texte signée O. Ridrick, extraite de A. Murtys, Esclaves malgré elles ou Les Captives domptées, Paris, éditions du Couvre-Feu, 1933, p. 56. Source : collection Archives d’Eros.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-10.jpg
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Titre → Fig. 11. « Pliage flagellation », Daphné Lejeune, 2017.
Légende L’esthétisation d’une sexualité soumise aux sensations excessives et à l’expérience de la douleur manifeste l’ethos aristocratique d’un rapport « pur » et « véritable » à la jouissance sexuelle.
Crédits Illustration : Daphné Lejeune. © Penninghen 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-11.jpg
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Titre → Fig. 12. Pierre Molinier, Pantomime céleste, 1967.
Légende Devenue le lieu de recherches artistiques, et notamment celles du body art, la flagellation participe à partir des années 1960 à la spécification des sexualités underground et des pratiques « SM ».
Crédits © Pierre Molinier / © ADAGP, Paris, 2017.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 14M
Titre → Fig. 13-14. Pierre Molinier, autoportrait de l’artiste, vers 1970.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 2,8M
Légende Diversifiée dans ses gestes et ses symboles, devenue jeu possible au sein des sexualités légitimes, la flagellation amoureuse ne suffit plus à définir une modalité particulière du jouir.
Crédits © Pierre Molinier / © ADAGP, Paris, 2017. Source : collection Archives d’Eros.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/docannexe/image/16163/img-14.jpg
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Pour citer cet article

Référence papier

Christophe Granger, « Les prospérités du fouet »Terrain, 67 | 2017, 128-147.

Référence électronique

Christophe Granger, « Les prospérités du fouet »Terrain [En ligne], 67 | 2017, mis en ligne le 25 août 2017, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/16163 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terrain.16163

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Auteur

Christophe Granger

Université Paris I, Centre d’histoire sociale du xxe siècle

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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