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Poésie et politique

Poésie officielle, poésie partisane pendant les guerres de Religion

Tatiana Debbagi Baranova
p. 15-34

Résumés

Un examen des représentations du rôle de la poésie dans la sphère politique et de ses usages pendant les guerres de Religion (1562-1598) montre l’existence d’un code officiel d’écriture poétique, une écriture qui doit contribuer à la consolidation des liens sociaux et à la réunion des sujets autour du roi. Ce code est souvent transgressé par l’engagement partisan des auteurs et notamment par le recours à la critique nominale. Le conflit entre ces deux pratiques est aggravé par la reconnaissance du pouvoir mystique de la parole poétique, capable d’entrer en contact avec une surréalité, de faire redescendre l’harmonie dans la cité ou, au contraire, d’attirer la colère divine sur l’ennemi. L’auteur s’intéresse aux formes officielles de l’intervention de la poésie dans la vie politique, puis à ses moyens discursifs afin d’essayer de comprendre les raisons de l’efficacité de sa mise en service partisane et de définir la spécificité de ses usages.

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Texte intégral

1L’importance du rôle de la poésie dans la vie de la cité et de l’Etat n’a peut-être jamais été proclamée aussi fort qu’au xvie siècle. L’Art poétique de Jacques Peletier du Mans (1517-1582) la place aux sources de la civilisation : « Les poètes ont été jadis les maîtres et réformateurs de la vie… Car les poètes ont à introduire toutes sortes de personnes – rois, princes, capitaines, magistrats – et de chacun dépeignent au vif les façons, grâces et offices, pour l’image de la vie. La poésie a congrégé les hommes, qui étaient sauvages, brutaux et épaves : et d’une horreur de la vie les a retirés à la civilité, police et société… La poésie a été cause des édifications des villes et constitutions des lois ; a montré la distinction du bien public d’avec le privé : du sacré d’avec le profane : des concubins vagabonds et incertains, les a retirés aux mariages… Ce qui est manifeste par cela que les lois furent premièrement insculpées en vers, sur les écorces des arbres… » (Traités de poétique 1990 : 225). L’idée du pouvoir régulateur de la poésie est alors très répandue parmi l’élite politique et intellectuelle qui s’adonne d’ailleurs volontiers à l’écriture poétique : le roi François Ier lui-même compose des poèmes. Les guerres de Religion (1562-1598), en entraînant un dysfonctionnement de la société, mettent en valeur l’ambition des auteurs de participer à la régularisation de la crise et à la réformation de la vie de la cité. Mais quel rôle la poésie joue-t-elle ou prétend-elle jouer dans le conflit et en quoi est-elle différente d’autres types de production polémique ?

  • 1 C’est le politologue Carl Smitt qui a proposé de définir le politique à travers ces deux catégories (...)

2Avant de s’interroger sur ces questions, il convient de mieux définir la notion de littérature politique. Le problème a été abordé par les participants du colloque de Monopoli qui accordent ce statut à la littérature qui s’occupe du pouvoir et « qui envisage la fondation de la cité et les fondements de la politique… » (Actes… 1997 : 22). Nous nuancerons cette définition en considérant comme relative à la politique toute œuvre qui opère la distinction entre l’ami et l’ennemi de la cité ou de l’Etat 1, c’est-à-dire de la res publica. Mais ce principe fondamental de politologie doit lui-même être adapté à la pensée monarchique, pénétrée par l’idéal d’harmonie, tendant à ignorer l’adversaire. Désigner un ennemi intérieur autrement qu’en le ramenant à la justice signifie provoquer la discorde : il n’est permis de blâmer les vices que d’une façon impersonnelle. Désigner un ami, par contre, renforce la cohérence de la société. Cette idéologie détermine le décalage entre les pratiques officielles – les poèmes commandés, acceptés ou tolérés par le roi et son entourage – et partisanes – ceux qui transgressent les normes –, qui constitueront les deux pôles de cette réflexion. Ainsi, nous nous interrogerons en premier lieu sur la vision et les usages officiels de la poésie, puis sur la spécificité des formes poétiques et leurs techniques persuasives en vue d’aborder, enfin, la question des usages concrets de la poésie diffamatoire dans la lutte des partis.

La poésie officielle et l’idéal de concorde

  • 2 Le roi « voulut sçavoir la poésie et se mesler d’en escrire, et fort gentiment… [il écrivait] surto (...)

3La monarchie française de la Renaissance est séduite par le rêve néoplatonicien de l’unité et de la concorde qui recherche l’imprégnation divine dans tous les domaines de la pensée et de l’expérience. Marsile Ficin, le théoricien du néoplatonisme, pose la « contemplation » comme fin véritable de l’homme, et les arts y sont associés de façon vitale. La poésie et la musique occupent une place particulière : pratiquées autrefois par le poète mythique Orphée qui attirait les âmes et les faisait participer aux mystères divins, elles sont reconnues comme capables de faire descendre l’harmonie sur terre et de renforcer la cohésion du pouvoir politique et religieux. Lors de l’entrée à Lyon, les 13 et 14 juin 1564, Charles IX lui-même était représenté comme un joueur de luth, tel le roi Orphée qui apaise les passions par l’harmonie de son chant (Crouzet 1998 : 365). D’après le témoignage de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, le roi compose effectivement des poésies 2 et, en 1570, soutient avec enthousiasme la création de l’Académie de la poésie et de la musique sous la direction de Jean-Antoine de Baïf, justement destinée à ramener l’apaisement dans la société par l’étude des liens entre la musique et la poésie (Yates 1996).

4D’après Ficin, la poésie est néanmoins supérieure à la musique, car la parole poétique parle non seulement à l’oreille, mais aussi à l’esprit. Son origine est « plutôt dans la musique de l’esprit divin même, et par son effet peut mener l’écoutant droit à Dieu même » (id. ibid. : 53). Cette philosophie accorde à la poésie une nouvelle dignité et oppose les vrais poètes, sujets à l’inspiration divine, aux vulgaires « rimeurs ». La notion de poétrie, définie par Jacques Legrand dans son traité Sophilogium, est aussi importante pour comprendre la spécificité de cette vision : « Poétrie ne montre point la science de versifier, car telle science appartient en partie à grammaire et en partie à rhétorique. Et pourtant, à mon avis, la fin et intention de poétrie est de feindre histoires ou autres choses selon le propos duquel on veut parler » (Rigolot 2002 : 58). Le terme feindre signifie ici l’art de créer les fictions, souvent à l’aide de fables mythologiques (id. ibid.). A travers les mythes, la poésie révèle les vérités universelles, confirme les valeurs morales qui aident le lecteur à s’élever vers Dieu et à apaiser ses passions au profit de la concorde générale. Les événements officiels lui fournissent cette occasion et permettent d’intervenir directement dans la sphère politique.

Fêtes, événements officiels, histoire nationale

  • 3 Il s’agit de la première guerre civile (avril 1562-mars 1563).
  • 4 Elégie à milord Robert Du-Dlé, conte de Lencestre (Ronsard 1948, t. XIII : 63), l’Elégie à monsieur (...)

5En célébrant le roi, le poète participe à un rituel qui réaffirme l’origine divine de la monarchie et consolide les liens sociaux. Les fêtes de la cour lui donnent la possibilité d’exercer ce pouvoir conciliateur. Dans sa préface aux Elégies, mascarades et bergeries qui rassemblent les productions poétiques destinées aux fêtes de Fontainebleau le 13 et le 16 janvier 1564, Pierre de Ronsard explique qu’elles ont été commandées par Catherine de Médicis « pour joindre et unir davantage, par tel artifice de plaisir, nos princes de France qui étaient aucunement en discorde 3 » (Ronsard 1948, t. XIII : 36). Le poète officiel a aussi d’autres occasions pour célébrer la politique royale : les entrées, les conclusions de paix, les victoires du monarque sont des moments forts permettant le rassemblement des sujets autour de sa personne. Les compagnies poétiques sont parfois déployées pour confirmer les bonnes relations diplomatiques : la reine mère Catherine de Médicis demande à Ronsard de donner la plus grande publicité au traité de Troyes entre la France et l’Angleterre (12 avril 1564). Il compose alors, en avril 1564, l’Elégie à la majesté de la reine d’Angleterre (id. ibid. : 39) et trois autres poèmes consacrés aux grands nobles et officiers anglais 4, tous contenus dans les Elégies, mascarades et bergeries (1565), dédiés à Elisabeth. Il participe ainsi dans un « honorable combat » de présents, dont s’échangent les reines.

  • 5 Le Dictionnaire des lettres françaises. Le xvie siècle donne un bon aperçu de tous les auteurs d’un (...)

6Les poètes officiels ne sont pas les seuls à produire des pièces de circonstance, mais toute l’élite humaniste y participe : les professeurs des universités et des collèges, traducteurs, médecins, avocats, etc. 5. Quelles que soient les motivations qui les poussent à prendre la plume, tous partagent le même idéal : conciliateur de la monarchie.

  • 6 Ronsard a projeté la Franciade dès 1549. Henri II la lui commande en 1554, mais il entend récompens (...)

7Dans cette même logique, Ronsard entreprend la Franciade, la première épopée nationale sur le modèle de L’Enéide, dont les quatre premiers chants paraissent le 13 septembre 1572, dans les semaines qui ont suivi le massacre de la Saint-Barthélemy, sans que le poète ne fasse d’allusions à cet événement. En célébrant le mythe d’origine de la grande nation et les actes héroïques des rois de France, reconnus par tous les partis, le poète ne nourrissait-il pas un espoir de réconciliation de la noblesse autour de son passé ? D’après la préface de la Franciade, Ronsard poursuit un double but : honorer la maison de France en chantant les vertus de son prince, Charles IX, dont les actions sont comparées à celles de Charlemagne, et s’affirmer en tant que poète épique (1983, t. XVI : 8, 9). En effet, sans épopée, sans replacer l’histoire dans une perspective mythique, ni les grandes nations, ni les grands poètes ne sauraient exister. Mais il n’a jamais achevé son œuvre : la mort du roi, commanditaire du poème 6, le décourage, en témoignant que son lien avec le monarque était plus fort qu’avec les « destinées nationales », ce qui est naturel à une époque où la personne royale joue un rôle déterminant dans la vie politique. Former le bon roi qui fera le bonheur de ses sujets est alors le rêve le plus cher des poètes.

Education du prince

8Les traités d’éducation du prince se répandent en France dès le xiie siècle. La poésie récupère rapidement ce thème : capable d’émouvoir, donc de produire un effet supérieur à celui du texte en prose, plus courte et plus facile à retenir, la forme poétique est reconnue comme un instrument efficace pour exhorter le prince à suivre le chemin de la vertu. Elle est utilisée non seulement par des poètes officiels, mais aussi par des grands officiers de la couronne, comme Michel de L’Hospital (1505-1573), premier président de la Chambre des comptes, membre du Conseil privé et futur chancelier (1560). Son Discours sur l’instruction de François II, en vers latins, est traduit ensuite en français par Joachim Du Bellay. Il dessine l’idéal d’un roi plus vertueux que savant, qui sait inspirer de l’amour, qui observe la foi jurée, respecte la coutume, nomme les officiers en fonction de leur mérite, ne détourne pas les deniers de l’Etat pour en gratifier des indignes. Le roi ne doit ni inventer de « mauvais prétexte pour attirer l’argent dans ses coffres », ni persécuter les innocents, ni croire aux médisants sans enquêter sur le bien-fondé de leurs accusations, bref, il doit être parfaitement juste (L’Hospital 1857 : 258-260). Ce programme correspond à l’image communément reçue du bon souverain et toutes les expressions du mécontentement de la part des sujets se basent sur sa transgression.

  • 7 Ce poème lui a été commandé par Catherine de Médicis.

9Pierre de Ronsard prend la relève, en composant à l’occasion du couronnement de Charles IX l’Instruction pour l’adolescence du roy 7. Il ajoute aux conseils d’ordre moral le devoir d’une instruction complète, car les sciences sont capables de faire découvrir les secrets de l’harmonie universelle grâce aux mathématiques et à la musique, d’aider à obtenir le consentement des hommes grâce à la rhétorique et à la physionomie et à agir avec prudence, grâce à l’histoire. Les deux poètes prient le roi de garder l’humilité en lui rappelant qu’il partage la condition humaine : « Car comme notre corps, vostre corps est de boüe, / De petis & des grands la fortune se joue » (Ronsard 1990, t. XI : 9). Ce lieu commun de la morale chrétienne lègue au poète les fonctions de prêtre. Il a le droit de rappeler même au roi adulte les préceptes moraux : ainsi le Discours à la reine de Ronsard (id. ibid. : 17) ou Le Moyen de bien regner et de bien maintenir la paix de Pierre Habert (1568), moraliste et poète occasionnel, donnent des conseils aux monarques, tout en s’inscrivant parfaitement dans le cadre du discours officiel. Il ne faut pas oublier que l’éloge poétique contient parfois un message d’humilité en affirmant, par exemple, que la victoire est une œuvre de Dieu et que le roi ne l’obtient qu’à la condition d’être vertueux. Dans l’Ode sur la prise de Metz (1558), L’Hospital rappelle à Henri II qu’il doit savoir dompter ses passions, « car un sot orgueil perdit bien des rois et des empereurs qui auraient été grands s’ils avaient été modestes » (L’Hospital 1857 : 116). Ce juriste-poète trouve que le monarque a besoin d’être mis en garde justement dans les moments de triomphe, quand il court le risque d’être ébloui par sa propre gloire. Cette charge morale de la poésie, capable de s’opposer aux vices des rois, des nobles et de toute la société en général, s’exprime également dans la satire.

La satire et la réformation des vices : les marges de la critique acceptée

10La règle essentielle de la poésie satirique acceptée officiellement est d’interdire la critique personnelle et nominale. D’après Peletier du Mans, « il n’y a chose si odieuse qu’une répréhension personnelle qui se fait publiquement » (Traités de poétique 1990 : 276). Joachim Du Bellay la trouve efficace à condition de « taxer modestement les vices de notre temps et pardonner aux noms des personnes vicieuses » (Du Bellay 1975 : 249). L’anonymat permet de se reconnaître et de se corriger sans être scandalisé. Du Bellay définit la satire par rapport à la tradition classique incarnée par Horace, dont le rire est plus persuasif qu’une attaque violente et directe. Un autre poète, Jean Vaquelin de La Fresnaye, croit que son effet dépend des capacités morales des lecteurs : si les ignorants se fâchent du fait de se reconnaître dans les personnages, les sages la lisent avec plaisir et la trouvent utile pour prendre conscience de leurs imperfections (La Fresnaye 1869 : 129).

11Michel de L’Hospital va davantage du côté de la sacralisation de la satire. Pour lui la première fonction de la poésie est de « reformer les mœurs et faire haïr le vice » : si elle ne doit pas nommer le coupable, elle peut « le dépeindre sous de telles couleurs, que toute une assemblée tourne les yeux vers lui quand le poète a fini sa lecture » (L’Hospital 1857 : 304). Il voudrait que le poète ait toute la dignité du prêtre ; comme le remarque Denis Crouzet, il « semble rêver d’une poésie… qui se confonde par la vertu même des mots avec la prédication évangélique, une poésie qui procède sans excès dans les louanges comme les accusations, en tenant un juste milieu » (Crouzet 1998 : 246). Avant d’accéder à la charge du chancelier, au cours des années 1550, il compose une quinzaine d’épîtres satiriques en latin, dont quelques-unes sont assez osées. L’Epître à Marguerite sœur du roi (1549) critique non seulement les courtisans qui obtiennent les faveurs par « l’intrigue, la servile obséquiosité, l’impudente présomption, l’affectation d’un zèle mensonger », mais aussi Henri II, qui semble obéir à cette foule de valets : « C’est vous, rois et parents des rois, qui encouragez de pareilles infamies (pardonnez à un poète qui parle avec conscience), vous les encouragez en évitant de voir leur indiscrétion, ou en la supportant trop ; vous ne savez chasser de vos palais cette foule désœuvrée… » (L’Hospital 1857 : 81). L’écriture poétique semble faire partie de sa charge de conseiller au Parlement, puis de premier président de la Chambre des comptes, mais aussi de sa position de proche du cardinal de Lorraine qui s’occupe des finances, car il croit être de son devoir de dénoncer le mauvais fonctionnement de la justice, la chicane et le luxe. Ces vices poussent les gens aux disputes et aux dépenses excessives, dont souffrent non seulement les particuliers, mais l’Etat entier, car les sujets, emportés par leurs passions et leurs intérêts privés, finissent par oublier le bien public ; la poésie de L’Hospital prend ainsi la défense de res publica.

  • 8 Michel de L’Hospital semble décrire la levée de soldats suisses en 1567, levée qui est demandée par (...)
  • 9 Dans sa disgrâce, L’Hospital rédige un poème contre le massacre de la Saint-Barthélemy qui critique (...)

12Avec le début des guerres et sa nomination à la chancellerie (avril 1560), il ne délaisse pas la poésie. Dans ses épîtres, le problème religieux est détourné, car à son avis le schisme provient d’un mépris général de Dieu qui rend possible le déchaînement des passions et des querelles. Sa critique reste non nominale : dans le Discours II. Des mauvais chrétiens, il dévoile « le système de tous ces tyrans », qui demandent la levée de mercenaires à l’étranger, en la justifiant par la prétendue insécurité du temps. Ils remplissent alors les villes de soldats qui s’adonnent au pillage et créent une insécurité réelle (L’Hospital 1857 : 302) ! Les « tyrans » profitent du désordre pour mettre la main dans le sac du trésor public : « Nos maîtres sont dominés par une folle présomption et ils n’ont plus la force de s’arrêter. Aussi un jour viendra où tous ces suppôts de l’enfer qui, dans l’espoir d’une infinité de jouissances apparentes, ont quitté le chemin de la vertu pour suivre le mensonge, la trahison et l’infamie, tomberont sans ressource du faîte de leurs espérances et recevront le juste châtiment de leur scélératesse » (id. ibid. : 303). Il est difficile de reconnaître une situation réelle dans cette description très générale 8. De quels tyrans parle-t-il ? De tous ceux à qui la guerre profite, peut-être, entre autres, du connétable de Montmorency qui se fait le porte-parole auprès du roi de ses neveux protestants de Châtillon, mais intègre le parti catholique une fois que le conflit éclate. De même, dans un discours Sur la guerre civile, L’Hospital critique un grand général, descendant de Charlemagne, accusé de privilégier ses intérêts particuliers à ceux du royaume (id. ibid. : 305-312) : il pourrait s’agir du duc de Guise, si le poème avait été rédigé avant son assassinat, en 1563, mais il semble plus tardif et dans ce cas il s’attaque plutôt au connétable, qui compte Charlemagne parmi ses ancêtres en lignée féminine. Mais aucun de ses textes ne le nomme explicitement 9.

  • 10 François Perussel, ministre protestant, le chapelain du prince de Condé.

13Nous trouvons un autre exemple du respect de l’interdit de la critique personnelle dans les Discours des misères de ce temps de Ronsard. Le poète officiel est amené à écrire contre les rebelles protestants au cours de la première guerre de Religion. Il le fait avec une grande prudence pour ne pas compromettre la confiance que lui accorde Catherine de Médicis. Dans son Discours des misères de ce temps, il se permet une attaque contre les ministres protestants qui abusent de la crédulité de la « tourbe » sotte et s’en prend particulièrement à de Bèze, à Calvin et à Perussel 10, mais seulement parce que ces personnages ne sont pas d’une grande qualité et que toute relation avec eux est officiellement rompue. En ce qui concerne le prince de Condé, le chef de l’armée qui menace Paris mais aussi le prince de sang, Ronsard en parle avec respect, en complimentant « ce noble seigneur », abusé par les prédicants, présenté plutôt comme une victime que comme un coupable. Car critiquer un personnage de si haut rang constitue une menace non seulement par rapport à la position personnelle de Ronsard, mais aussi par rapport à la cohésion sociale : après la pacification des troubles, cela l’empêchera de réintégrer le pouvoir (Ronsard 1990, t. XI : 52-53).

La monarchie et sa politique face à la poésie de combat

  • 11 Tels sont Elégie satyrique sur la mort de Gaspar de Colligny ou le Coq à l’asne des huguenots tués (...)

14Ainsi, au début des guerres de Religion, le roi et Catherine de Médicis mènent une politique de conciliation et de pacification, caractérisée par des tentatives de rassembler la société éclatée autour de la personne royale. Dans cette entreprise, la poésie d’éloge est son instrument de prédilection ou son alliée favorite. Si la critique « douce » des vices est permise, elle rejette toute possibilité de satire personnalisée. Pourtant les circonstances exceptionnelles l’obligent parfois à être plus permissive, voire à utiliser la production diffamatoire catholique, notamment pendant les périodes du conflit ouvert avec les protestants. Après le massacre de la Saint-Barthélemy, en sentant la faiblesse des moyens juridiques habituels pour justifier l’assassinat de Coligny et d’autres chefs protestants, le roi cherche à s’appuyer sur l’approbation de ses sujets : il fait appel à Etienne Jodelle, qui compose trois sonnets diffamatoires contre l’amiral et ses frères, affichés aux carrefours de Paris le 28 août, le quatrième jour après le massacre (Ms. Fr. 10304 : 216-218). D’autres poèmes diffamatoires circulent librement et portent l’adresse de l’imprimeur 11. Cette situation ne dure pas et Henri III, arrivé sur le trône en 1574, poursuit les tentatives d’apaiser son Etat par le recours à l’art ; en témoigne la création en 1575 de l’Académie de palais, consacrée à la poésie et à l’éloquence.

15La campagne de la propagande menée par Henri IV contre la Ligue est un autre moment de mise en service « partisane » de la poésie. A côté de la production poétique traditionnelle pour la monarchie – la célébration de ses victoires, entrées, etc. –, le roi permet la critique très virulente de la Ligue catholique, qui reste le plus souvent impersonnelle en vue d’une prochaine réconciliation avec l’adversaire. Cette retenue montre que les usages officiels de la poésie pratiquée par les poètes de la cour et les grands officiers de la couronne obéissaient à un code strict que les usages partisans transgressent sans cesse en faisant d’elle une arme de diffamation à côté du pamphlet. Ces deux types d’écrits de combat fonctionnent différemment, notamment à cause de leurs caractéristiques formelles et de leurs techniques discursives.

Les armes rhétoriques de la poésie diffamatoire et satirique

16Pourquoi privilégier la forme poétique dans la guerre des plumes ? D’abord les genres poétiques fournissent des structures communicatives très variées. Le coq-à-l’âne, l’invention de Clément Marot, est une épître en octosyllabes avec une rime plate qui prétend annoncer les dernières nouvelles en sautant du coq à l’âne, ce qui apporte un aspect ludique à son discours. Sa structure éclatée permet d’aborder tous les aspects de la vie de la société et sa fiction permet à l’auteur d’être osé, car le changement permanent et grotesque du propos laisse entendre que c’est un fou qui tient la parole, la seule personne qui peut dire la vérité au roi étant protégée par sa folie. En jouant avec l’information, le coq-à-l’âne entraîne le lecteur à reconnaître les situations, les personnages, les histoires ou les arguments auxquels il fait allusion et l’aide à mieux les assimiler. Il propose une sorte de « mots croisés » et insiste sur l’intimité de l’échange, suscitant ainsi un fort sentiment d’adhérence, de partage des mêmes références culturelles.

17La chanson, au contraire, simplifie l’information et prépare son passage dans la sphère orale, en élargissant son action sur l’ensemble de la population. C’est un excellent support pour retenir les noms des adversaires ou l’histoire d’une bataille et donc pour nourrir la culture politique minimale des citadins. On connaît son pouvoir émotionnel et intégrateur : chanter ensemble permet de se sentir membre d’une communauté, de se préparer à une épreuve.

18Le sonnet, le genre sérieux et savant, est destiné, d’après l’Art poétique français de Thomas Sebillet, aux affections et passions graves. Introduit par les protestants lors de la première campagne contre la famille de Guise, il prit un ton prophétique en dénonçant leurs abus tyranniques. Il est souvent utilisé dans les circonstances dramatiques : les sonnets politiques sont particulièrement nombreux après la Saint-Barthélemy et, du côté des royalistes, lors de l’organisation de la Ligue et sa prise du pouvoir. On le rencontre aussi dans les dédicaces qui doivent faire ressentir au destinataire la gravité, voire le tragique de la situation.

  • 12 La Complainte de Pierre de la Broce, barbier et grand favori de Philippe III le Hardi, exécuté en 1 (...)

19Les vers en alexandrins sont également propres au discours grave et plus particulièrement aux louanges ou aux complaintes. Au Moyen Age ils ont été notamment investis par la satire morale et politique 12. Le schéma est toujours à peu près le même : soit le héros reconnaît solennellement ses fautes, soit il est accusé par une entité allégorique comme la fortune, la France ou parfois le diable. La description des biens terrestres qu’il avait obtenus et de son ambition contraste avec sa misérable situation actuelle et la menace de la punition. Cette forme abonde dans la poésie de la Ligue pour dénoncer d’abord le duc d’Epernon, favori d’Henri II, et ensuite le roi lui-même, à partir de la fin décembre 1588, après qu’il a ordonné l’assassinat du duc et du cardinal de Guise. En 1589, le roi est souvent représenté en compagnie des démons : dans l’Adjournement fait à Henry de Valois pour assister aux estats tenus aux enfers, l’huissier infernal l’invite à se joindre à l’assemblée. Le roi lui raconte sa méchante vie et l’huissier le déclare alors capable d’être le premier chef de la gent diabolique. En se rapprochant de la satire morale traditionnelle, cette forme insiste sur l’enseignement chrétien de la Ligue. Bien sûr, la créativité littéraire dépasse souvent cette image des genres décrite par les Arts poétiques de l’époque. Mais l’auteur avait un large choix de formes, qu’il utilisait en fonction de la charge émotionnelle, informative ou référentielle qu’il voulait accorder à son propos.

20Ensuite, à l’époque où les journaux n’existent pas encore et où l’information se transmet souvent oralement, la poésie joue un rôle mnémotechnique. La rime, le rythme et parfois la fiction rendent la mémorisation facile. Un poème de 1585 intitulé l’Arche de Noé (L’Estoile 1943 : 398-401) donne la liste des nobles qui se sont joints à la Sainte Ligue : le roi d’Espagne (Dieu) a décidé de punir la France (l’humanité) en provoquant le grand déluge. Il prévient néanmoins son fidèle, le duc de Guise (Noé), et lui recommande de construire une arche dans laquelle il pourra se réfugier avec les principaux animaux. Chaque noble partisan de la Ligue est donc associé à un animal, d’après son comportement ou son physique. Ce procédé permet non seulement d’atteindre un certain effet satirique, mais aussi d’apprendre et de mieux mémoriser les noms des adversaires. Une poésie apprise par cœur sert aussi de preuve, d’ornement ou d’illustration dans une conversation et lors d’un discours, avantage non négligeable, vu l’importance de l’art oratoire pendant les guerres de Religion.

21L’efficacité des formes poétiques du point de vue des techniques de persuasion n’est pas non plus la même que celle des textes en prose. L’auteur ne cherche pas à établir d’argumentation, le parti adverse est d’avance exclu de la communication et présenté comme le mal absolu. Le poète partage avec le lecteur le monopole du bon sens et développe une rhétorique du mépris ou de l’indignation face au discours ou, le plus souvent, à la personne même de l’adversaire, incapable de raisonner, aveuglée ou diaboliquement obstinée devant la vérité. Cette coupure provoque un effet de regroupement : la poésie semble s’adresser davantage aux lecteurs déjà convaincus afin de marquer et de renforcer leur adhésion, plutôt que de leur faire changer d’avis. Peut-être faut-il aussi chercher le succès de la poésie en tant qu’écrit de combat du côté de sa parenté avec l’image ? La représentation visuelle possède, en effet, une force incontestable, car elle est synthétique, elle montre et démontre complètement et simultanément la situation. Elle est elle-même le contenu, tandis que le discours joue toujours un rôle d’intermédiaire, ce qui provoque le changement du mode de réflexion : l’ensemble des images fait naître une réaction émotionnelle et intuitive, sans nécessairement faire appel au raisonnement. C’est aussi en fournissant les éléments visuels appropriés que le poète emporte l’adhésion du lecteur. Au xvie siècle, les auteurs affirment constamment la parenté de la poésie et des arts plastiques en soulignant la dimension picturale du texte poétique. Depuis l’Art poétique d’Horace, les théoriciens ne cessent de répéter qu’imiter les peintres est la première condition de la réussite du poète. L’image et la poésie sont d’ailleurs souvent réunies dans un placard illustré qui devient très fréquent pendant la Ligue.

22Le choix de la poésie répond aussi à l’envie de l’auteur d’insister sur un élément passionnel du discours, élégiaque pour regretter les beaux jours d’autrefois, imprécatif pour dénoncer les horreurs du parti adverse, ou encomiastique pour exalter la justesse de la cause que l’on défend.

23Souvent différents dans leurs moyens discursifs, le poème et le pamphlet ont aussi chacun des statuts distincts dans leurs usages concrets.

Les usages partisans de la poésie diffamatoire

  • 13 Notamment celles de Rasse de Noeux (Ms. Fr. 22560-22565), de Pierre de L’Estoile, de Daniel Rogers (...)
  • 14 Un autre lieu du développement de la satire est la politique internationale. Dès la fin du xve sièc (...)

24Si la poésie diffamatoire politique envahit aussi rapidement la société, c’est qu’avant les guerres de Religion il existe des pratiques de sociabilité liées à l’écriture poétique : le xvie siècle connaît une véritable floraison de la poésie qui va s’accroître encore au xviie. Elle est accessible à toute personne ayant suivi une formation, car on apprend à faire des épigrammes dans les collèges. Latines ou françaises, elles sont très répandues dans le milieu cultivé et participent aux échanges intensifs, comme en témoignent les collections contemporaines 13. Ainsi Pierre de L’Estoile, audiencier à la chancellerie du Parlement, se procure une grande partie de son recueil au palais de justice (L’Estoile 1943). On y écrit pour se moquer d’un collègue ignorant, de son adversaire, pour se venger d’un procès perdu, pour montrer son érudition ou renforcer les liens amicaux. C’est dans ces microsociétés juridiques et cléricales que la satire politique et religieuse prend racine 14.

25Avant le déclenchement des guerres civiles, la poésie semble l’unique lieu de la critique politique. Le recueil des poésies du chirurgien parisien Rasse de Noeux contient entre autres une dizaine d’épigrammes dénonçant la mauvaise politique d’Henri II, le roi « de cire » qui plie sous les exigences des favoris Diane de Poitiers et le connétable Anne de Montmorency. Le Coq aux asnes et aux veaulx, daté de l’année même de l’avènement d’Henri II, exprime la déception face à la politique du nouveau roi, car avec son couronnement l’auteur espérait voir mourir tous les vices. Mais « l’heureux soulagement / D’emprunts, de tailles & tempestes » ne s’est pas produit, mais « tout au contraire changea, / A peu que mon cueur n’enragea / De veoir sy peu triompher France » (NAF 1870 : LXXV).

Les usages de la poésie et du pamphlet

26Dès le début des guerres de Religion, la poésie diffamatoire, grâce à sa brièveté et à l’absence d’argumentation élaborée, précède souvent le discours pamphlétaire. Ainsi, quand après la mort accidentelle d’Henri II les protestants et les nobles mécontents se mobilisent contre la famille de Guise, favoris du nouveau roi François II, ce sont des poèmes qui préparent le terrain sur lequel s’ancrera le discours juridique. Les protestants espèrent qu’en renforçant le pouvoir du premier prince de sang, Antoine de Navarre, sensible à la nouvelle doctrine, ils pourront changer le sort de leurs coreligionnaires. Le groupe de juristes travaille pour prouver ses droits, disqualifier les Guise et justifier l’opposition. Ce travail est tenu secret, car c’est avec les armes à la main que les mécontents doivent présenter leurs exigences. Mais la poésie circule librement : le premier texte contre le cardinal de Lorraine que cite Louis Regnier de La Planche, auteur de l’Histoire de l’Etat de France… sous le règne de François II, est bien un poème dénonçant l’influence démesurée du cardinal de Lorraine. Le recueil de Rasse de Noeux comporte une dizaine de poésies qui peuvent avec certitude être datées d’avant la conspiration d’Amboise (mars 1560).

27Le parti catholique intransigeant utilisera la poésie diffamatoire contre ses adversaires politiques plus tard, bien que les chansons contre les ministres protestants commencent à circuler dès les années 1540. C’est un allié du roi et de la reine qui n’approuvent pas la diffamation, les auteurs sont donc forcés d’être réservés. La situation change au fur et à mesure qu’ils prennent conscience du décalage entre leurs souhaits et la politique royale. Apparaissent alors les premiers poèmes satiriques manuscrits contre Catherine de Médicis ou contre les « politiques », des officiers de la couronne qui prônent la coexistence pacifique entre les deux confessions en attendant le concile universel. Tel est le Régime de santé à la reine mère de 1561 qui énumère les courtisans ou les officiers, protestants véritables ou soupçonnés, qu’elle doit éviter d’écouter.

  • 15 Voir le Catalogue de l’histoire de France, BNF.

28Toujours en raison de sa brièveté et de son caractère passionnel, la forme poétique est le moyen le plus approprié pour réagir immédiatement à un événement. Elle précède la réflexion construite des pamphlets et donne un premier jugement. Ainsi les premiers écrits non officiels justifiant la Saint-Barthélemy sont poétiques. Les imprimés en vers abondent : pour les quatre derniers mois de 1572 on compte 17 poèmes catholiques contre seulement 6 textes justificatifs en prose 15 ! Déjà leurs titres – Hymne du très chrétien roi Charles IX, Ode triomphale au roi…, Allégresse chrétienne de l’heureux succès des guerres de ce royaume… – célèbrent l’événement comme une véritable victoire militaire, l’union nationale autour de la personne du roi, enfin conforme aux attentes des sujets. L’expulsion des ennemis défaits hors la loi permet dorénavant la révélation publique de leurs noms comme en témoigne le Déluge des huguenots, avec leur tombeau, et les noms des chefs et principaux, punis à Paris le XXIII jour d’aoust (août en moyen français). Du côté des protestants et des catholiques modérés, horrifiés par le massacre, la production poétique est encore plus importante : plus de 80 poèmes latins et français sont insérés dans le Ramas de divers escrits… publiez et semez pour et contre la journée de Saint-Barthélemy (Ms. Fr. 10304 : 229), dont plusieurs sont datés de 1572, alors que les pamphlets paraîtront plus tard, à partir de 1573.

  • 16 Note de janvier 1577.

29Ecrire un poème est aussi le moyen de réagir à des événements mineurs, trop insignifiants pour mériter un long discours, mais servant d’illustration, directe ou allégorique, à une tendance de fond de la vie politique, ou bien de critiquer nominalement les petits ennemis, indignes d’un discours pamphlétaire. Une série de sonnets et d’épigrammes est divulguée, par exemple après les états généraux de 1576, contre les députés du tiers état, qui se sont prononcés pour la poursuite de la guerre avec les huguenots, et surtout contre Versoris, dont le comportement était jugé scandaleux : « Quand on veit Versoris, ce gros porc vénérable, / Si gras et bouesoufflé, chacun à haute voix / Cria qu’on avait fait en lui fort mauvais choix, / Pour montrer la pitié du peuple misérable… » (L’Estoile 1943 : 159) 16.

30La poésie est donc plus mobile et plus souple que le pamphlet imprimé dont la réalisation est souvent longue et l’usage contraignant. Mais si elle le devance, elle lui rend aussi service, en trouvant les anecdotes, les illustrations, les sujets qui pourront ensuite être exploités dans des textes en prose.

Le manuscrit et l’imprimé

31Le poème manuscrit n’a pas le statut d’écrit officiel et semble plutôt destiné à la circulation interne, même s’il atterrit souvent sur la voie publique. Il ne contient pas non plus de spéculation juridique, ce qui lui permet d’exprimer un mécontentement sans provoquer de rupture avec l’objet de sa critique ou avec ses alliés.

  • 17 Les trois neveux du connétable Anne de Montmorency, l’amiral Gaspard de Coligny, le cardinal Odet d (...)
  • 18 L’Ane au coq (NAF 1870 : XXXIII-XXXVIII).

32Une campagne parisienne, menée en automne 1567 contre le connétable de Montmorency et son fils François, maréchal et gouverneur de Paris et de l’Ile-de-France, en est un bon exemple. Elle n’a laissé aucun texte imprimé. Les Montmorency, soupçonnés de sympathie envers leurs parents protestants 17, sont en tête de l’armée et bénéficient de la protection du roi. Dans ces conditions, l’impression d’un libelle est impossible et seuls les coq-à-l’âne et les chansons expriment cette crainte de trahison de leur part 18.

33De la même façon, la critique d’Henri III est avant tout poétique et manuscrite ; à partir de 1575 il est régulièrement moqué : déclaré dépensier, hypocrite, athée et homosexuel, directement ou à travers la critique de ses favoris, les mignons. Chacun de ses gestes est tourné en ridicule et quand en mars 1583, participant à la procession des pénitents de l’annonciation de Notre-Dame, il se couvre la tête avec son sac de pénitent pour se protéger de la pluie, on compose sur lui le quatrain suivant : « Apres avoir pillé la France, / Et tout son peuple dépouillé, / Est-ce pas c’est une belle pénitence / De se couvrir d’un sac mouillé ? » (L’Estoile 1943 : 327). Se couvrir d’un sac mouillé signifiait à l’époque trouver des justifications non valables à ses actions. Toutes ces railleries ont certainement joué un rôle dans la désacralisation de la personne royale, mais, jusqu’à l’assassinat du duc et du cardinal de Guise, aucun texte imprimé n’ose attaquer le roi et provoquer ainsi de rupture définitive.

  • 19 La Ligue catholique est organisée à la fin de 1584, après la mort du duc d’Anjou, l’unique héritier (...)

34Pendant les guerres de Religion, la poésie diffamatoire circule surtout sous forme manuscrite : l’absence d’imprimés est donc trompeuse. En 1585, par exemple, la totalité des poésies contre la Ligue catholique 19 qui circulent à Paris est manuscrite, en partie peut-être parce que leurs auteurs royalistes blâment les factions et ne veulent pas en constituer une par la publication de textes diffamatoires. S’ils se permettent de critiquer le roi pour avoir accepté de se déclarer chef de la Ligue, c’est justement parce que leurs poèmes ne sont pas destinés à l’impression.

  • 20 Le 12 mai 1588, la journée des Barricades chasse Henri III de Paris, où la Ligue catholique prend l (...)

35En effet, seuls trois moments de l’histoire des guerres de Religion ont vu apparaître des poèmes dirigés contre les grands nobles dans la sphère de l’imprimé : en 1569, une brève période qui suit la mort du prince de Condé et l’arrêt du Parlement contre l’amiral de Coligny, puis les quelques mois d’après la Saint-Barthélemy, quand la monarchie montre son consentement avec les catholiques intransigeants, et, enfin, les cinq années de la pleine puissance de la Ligue parisienne, de juillet 1588 à mars 1594 20. Pendant cette dernière période, deux changements se produisent, portant atteinte à la spécificité de la poésie. D’abord, les auteurs de la Ligue, dont la plupart sont prêtres (Histoire et dictionnaire 1998 : 1180), utilisent abondamment une invective en prose qui est en concurrence avec le poème grâce à une charge émotive de même intensité, à une absence d’argumentation développée et à une plus grande facilité d’écriture. Proportionnellement à la masse commune de la production imprimée, la poésie reste donc minoritaire. Ensuite, la facilité avec laquelle la poésie diffamatoire passe dans la sphère de l’imprimé lui enlève partiellement sa qualité d’écrit privé. La légende noire de la Ligue, constituée par les historiens royalistes, et donc le mépris qu’accordent les collectionneurs à sa production littéraire, fait en sorte qu’il nous reste très peu de sources sur l’activité poétique manuscrite pendant cette période. Mais comme l’écriture en faveur de la Ligue est un geste encouragé, il est certain que les poèmes manuscrits circulent parallèlement aux imprimés : la Bibliothèque nationale possède, par exemple, un livre d’emblèmes manuscrit, offert au cardinal Cajetan, légat du pape, qui comporte quelques dizaines d’épigrammes latines, dont certaines sont consacrées à la critique d’Henri III (NAL 2636 : fol. 15).

La poésie et le sentiment religieux

36Plusieurs poètes, protestants aussi bien que catholiques, sont persuadés du caractère sacré de leur mission et se croient annonciateurs et interprètes de la volonté divine. En vitupérant l’ennemi, ils expriment la colère du Seigneur, appellent à la pénitence et encouragent leurs confrères.

  • 21 Un volume de la collection de L’Estoile s’intitule Recueils divers de ce temps… principalement de t (...)

37La multiplication des poésies diffamatoires au moment de la mort de l’adversaire est la conséquence de leur charge religieuse. Depuis le Moyen Age, la mort était le moyen le plus propice de faire prévaloir les valeurs chrétiennes sur les valeurs de la vie terrestre. Pendant les guerres de Religion, le genre du tombeau littéraire atteint son apogée (Fleges s.d. : 71-142) : Pierre de L’Estoile et Rasse de Noeux constituent des recueils qui leur sont spécialement consacrés 21. Les épitaphes officielles pérennisent la mémoire du défunt, l’inscrivent dans la hiérarchie sociale en lui accordant des marques symboliques de son pouvoir, mais elles confirment aussi le statut du poète, capable de faire reculer la mort. Les épitaphes diffamatoires mettent également en valeur la figure de leur auteur, qui interprète des signes de l’intervention divine dans la politique, car c’est le Seigneur qui tue les ennemis de son peuple. Aucun événement ne provoque autant de poèmes que les décès inattendus d’Henri II, de François II, d’Antoine de Bourbon roi de Navarre qui n’a pas justifié les attentes des protestants, et l’assassinat du duc de Guise (Ms. Fr. 22560 et Ms. Fr. 10304). Au fur et à mesure que ces morts se suivent, une légende se crée : la présence du bras de Dieu est prouvée par la manière et les circonstances des décès royaux. Henri II voulait voir brûler les hérétiques et il fut frappé à l’œil. François II, qui n’a pas voulu écouter les plaintes de ses sujets à Amboise, est mort d’une maladie d’oreille. Antoine de Navarre, qui combattait les protestants « avec son bras », est blessé à l’épaule. Le duc de Guise a du mal à s’inscrire dans cette lignée ; un poème Du secours que l’Eglise de France a receu du Seigneur représente alors toutes ces morts royales comme un présage divin, envoyé au duc, comparé au Pharaon biblique et puni par l’intermédiaire de Poltrot de Méré, envoyé divin.

38L’assassinat-exécution du prince de Condé lors de la bataille de Jarnac suscite également de la part des catholiques quelques écrits diffamatoires en guise de tombe poétique. Les catholiques adoptent une stratégie d’humiliation avec le quatrain « L’an mil cinq cent soixante-neuf, / Entre Cognac et Chasteauneuf / Fut porté mort sus une ânesse / Le grand ennemi de la messe » qui a éternisé l’offense par le duc d’Anjou faite au corps du prince, transporté à Jarnac sur une ânesse, bras et jambes pendants, et a fait le tour des mémoires et des pamphlets de l’époque. Le Cantique de victoire par lequel on peut remarquer la vengeance que Dieu a prise dessus ceux qui voulaient ruiner son Eglise et la France, composé par Louis Dorléans, présente cette mort comme une punition divine. Les décès de l’amiral de Coligny (1572) et d’Henri III (1589) provoquent une véritable explosion d’épitaphes satiriques affirmant que leurs assassins ont agi sur ordre de Dieu. Ils vont encore plus loin, en diabolisant l’ennemi ou en transportant l’agression contre lui au-delà de la mort avec les descriptions de ses tourments en enfer ; le poète devient alors un magicien qui continue à poursuivre et à punir le défunt dans l’autre monde.

39Cet imaginaire du caractère sacral de sa fonction rend souvent son œuvre plus osée et plus violente que les autres types de discours. En 1567-1568, les textes les plus décidés sont des poèmes. La Grande Trahison et volerie du roy Guillot composé probablement par Artus Désiré et le Secret Conseil au roy Charles IX sur la refformation des abbuz de son royaume d’un auteur anonyme (NAF 1870 : XLII v°), le premier imprimé et le second manuscrit, menacent le roi d’une colère divine qui lui coûtera la vie s’il ne poursuit pas la guerre jusqu’à l’extermination de tous les huguenots, sans excepter les membres de sa famille. Parmi les libelles contemporains en prose, on ne trouve guère de pareils avertissements prophétiques, ni d’affirmation qu’il vaut mieux aller chercher le conseil « des bons marchans, / Que d’un tas de paillards meschans, / Que vous tenez en vostre court… ».

  • 22 Deux Discours sur les faits miraculeux advenus depuis quelques temps à l’endroit de plusieurs péler (...)

40L’influence du modèle de prédication est évidente dans le cas de Christophe de Bordeaux, marchand bourgeois de Paris et auteur du Beau Recueil de plusieurs belles chansons spirituelles (1570 ?) dirigées aussi bien contre des ministres que contre des gentilshommes engagés dans l’armée du prince de Condé. En 1562, il a déjà édité la Déploration sur la mort et trepas de… frère Jehan de Ham [Hans], le frère minime célèbre par ses propos particulièrement séditieux, qui, comme il le rappelle avec admiration, n’épargnait ni les grands ni les dames dans ses prêches. Le chansonnier qui se nomme « l’enfant de Paris » est pénétré de l’idée qu’en écrivant il accomplit, à l’image de Hans, son devoir civique, qu’il confirme la foi et le courage dans le cœur de ses confrères. Il semble aussi croire au pouvoir magique de l’injure, car dans un récit du miracle, imprimé en 1613, il met en scène une femme, abandonnée par son mari dans une situation critique et dont les injures entendues par Dieu attirent la juste vengeance sur le coupable 22. Sa violence poétique n’était-elle pas censée appeler la colère de Dieu sur la tête des infidèles ?

41Cette idée de devoir religieux et politique du poète est également proclamée pendant la Ligue, comme nous l’apprend un quatrain du Faux Visage découvert du fin Renard de France qui représente la composition d’un poème contre Henri de Valois comme un acte de foi : « Et vous divins ésprits, zèles pour Jésus Christ / Faites fondre sur lui vos carmes satiriques / En érnissant son nom de plus creux des chroniques. »

Conclusion

42La poésie n’est pas toujours un art intemporel et désincarné, mais les représentations de son rôle dans la société et ses usages changent sans cesse. En France au xvie siècle, elle est l’instrument politique par excellence grâce à ses pouvoirs émotifs qui peuvent inciter le lecteur à la perfection morale et à la participation à l’amélioration de la cité, mais aussi le faire sombrer dans les engagements militants des guerres de Religion si elle contient des injures nominatives. Son pouvoir est mystique, car elle est capable d’entrer en contact avec la surréalité, de découvrir les secrets magiques de l’univers et de faire revenir l’harmonie dans la cité ou, au contraire, d’attirer la colère divine sur l’ennemi en devenant l’instrument de la guerre sainte. La poésie est utilisée à tous les niveaux culturels de la société : l’écriture et l’échange de poèmes constituent des pratiques de sociabilité dans les milieux instruits, tandis que la chanson permet l’accès de tous les citadins à la parole poétique. Majoritairement manuscrit, le poème partisan échappe à la censure et aux contraintes de la production imprimée, définissant ainsi son usage spécifique dans la lutte des factions.

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Bibliographie

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Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France
Ms. Fr. 10304
Ms. Fr. 22560-22565
N. A. F. 1870
N. A. L. 2636
Dupuy 952

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Notes

1 C’est le politologue Carl Smitt qui a proposé de définir le politique à travers ces deux catégories spécifiques de l’ami et l’ennemi qui déterminent sa spécificité aussi bien que les catégories du bien et du mal – l’éthique du beau et du laid – l’esthétique. Une communauté religieuse, par exemple, qui en tant que telle fait la guerre ou, au contraire, quand elle empêche une guerre par une interdiction faite à ses membres, c’est-à-dire impose sa décision en déniant la qualité d’ennemi à un adversaire, transcende ainsi sa nature de communauté religieuse et constitue une unité politique.

2 Le roi « voulut sçavoir la poésie et se mesler d’en escrire, et fort gentiment… [il écrivait] surtout des quatrains, qu’il faisoit fortgentiment, prestement et impromptu, sans songer, comme j’en ay veu plusieurs qu’il daignoit bien quelquesfois monstrer à ses plus privez en sortant de son cabinet… Bien souvent, quand il faisoit mauvais temps, ou de pluye, ou d’un extrême chaud, il envoyoit querir ses poëtes en son cabinet, et là passoit son temps avecqu’eux… » (Bourdeille 1869, t. V : 280-281).

3 Il s’agit de la première guerre civile (avril 1562-mars 1563).

4 Elégie à milord Robert Du-Dlé, conte de Lencestre (Ronsard 1948, t. XIII : 63), l’Elégie à monsieur de Foix (id. ibid. : 150) et Au seigneur Cécile, secrétaire de la reine d’Angleterre (id. ibid. : 159).

5 Le Dictionnaire des lettres françaises. Le xvie siècle donne un bon aperçu de tous les auteurs d’une quelconque importance.

6 Ronsard a projeté la Franciade dès 1549. Henri II la lui commande en 1554, mais il entend récompenser le poète après sa composition. Ce dernier, au contraire, demande un bénéfice qui pourrait lui apporter un revenu stable. Ce n’est qu’en 1564 qu’il obtient de Charles IX l’abbaye de Bellozane qu’il échange contre la prieure de Saint-Cosme. Le roi l’encourage à reprendre son ancien projet d’épopée et c’est à ce moment que Ronsard se met vraiment à l’œuvre (1983, t. XVI : VI-XVI).

7 Ce poème lui a été commandé par Catherine de Médicis.

8 Michel de L’Hospital semble décrire la levée de soldats suisses en 1567, levée qui est demandée par les protestants pour protéger la frontière française des troupes du duc d’Albe se dirigeant vers les Pays-Bas. Une fois cette armée passée, les Suisses ne sont pas licenciés. Les protestants craignent que ces forces se retournent contre eux. Les bruits de l’extermination totale des réformés qui aurait été décidée par le roi et la reine les poussent à prendre les armes (septembre 1567).

9 Dans sa disgrâce, L’Hospital rédige un poème contre le massacre de la Saint-Barthélemy qui critique violemment le roi et le menace de colère divine. Cet acte témoigne que jusqu’à ses derniers jours il a gardé une conscience de son devoir poétique (Ms. Fr. 10304 : 238-242 ; Crouzet 1998 : 290).

10 François Perussel, ministre protestant, le chapelain du prince de Condé.

11 Tels sont Elégie satyrique sur la mort de Gaspar de Colligny ou le Coq à l’asne des huguenots tués ou massacrés.

12 La Complainte de Pierre de la Broce, barbier et grand favori de Philippe III le Hardi, exécuté en 1278, en est un exemple.

13 Notamment celles de Rasse de Noeux (Ms. Fr. 22560-22565), de Pierre de L’Estoile, de Daniel Rogers (Dupuy 952), etc.

14 Un autre lieu du développement de la satire est la politique internationale. Dès la fin du xve siècle les rois de France soutiennent les poètes qui s’attaquent aux monarques étrangers adversaires. Ainsi Louis XII tolère Pierre Gringore, appelé la Mère Sotte, qui compose quelques pièces contre l’empereur (notamment l’Entreprise de Venise), mais qui critique également les abus dans le royaume.

15 Voir le Catalogue de l’histoire de France, BNF.

16 Note de janvier 1577.

17 Les trois neveux du connétable Anne de Montmorency, l’amiral Gaspard de Coligny, le cardinal Odet de Châtillon et François d’Andelot faisaient partie des chefs protestants.

18 L’Ane au coq (NAF 1870 : XXXIII-XXXVIII).

19 La Ligue catholique est organisée à la fin de 1584, après la mort du duc d’Anjou, l’unique héritier d’Henri III, pour empêcher Henri de Navarre, protestant, de succéder au trône à l’avenir. La Ligue, avec la famille de Guise en tête, proclame le cardinal de Bourbon, oncle du roi de Navarre, premier prince du sang et héritier légitime. En juillet 1585, le roi se voit obligé d’accepter les conditions des ligueurs et de se déclarer leur chef.

20 Le 12 mai 1588, la journée des Barricades chasse Henri III de Paris, où la Ligue catholique prend le pouvoir. Le roi réussit à négocier son retour à la condition du renvoi du duc d’Epernon et de la convocation des états généraux. Ceux-ci s’ouvrent le 12 octobre, à Blois, mais le roi fait le choix d’un coup de force : il fait assassiner Henri, le duc de Guise, chef de l’opposition, puis son frère le cardinal Louis de Guise. Cet événement provoque la rupture définitive avec le roi, assassiné l’année suivante par le dominicain Jacques Clément.

21 Un volume de la collection de L’Estoile s’intitule Recueils divers de ce temps… principalement de tombeaux curieusement recherchés et ramasses avec autres vers satiriques, traités et discours funèbres sur la misère du siècle (Ms. Fr. 10304). Le recueil de tombeaux ayant appartenu à Rasse de Noeux est conservé à la Bibliothèque Mazarine, 10694.

22 Deux Discours sur les faits miraculeux advenus depuis quelques temps à l’endroit de plusieurs pélerins de S. Michel du mont, par Christophe de Bordeaux, à Paris, chez Fleury Bourriquant, 1613.

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Pour citer cet article

Référence papier

Tatiana Debbagi Baranova, « Poésie officielle, poésie partisane pendant les guerres de Religion »Terrain, 41 | 2003, 15-34.

Référence électronique

Tatiana Debbagi Baranova, « Poésie officielle, poésie partisane pendant les guerres de Religion »Terrain [En ligne], 41 | 2003, mis en ligne le 10 septembre 2008, consulté le 15 septembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/1610 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terrain.1610

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Auteur

Tatiana Debbagi Baranova

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