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Repères

D’un mirage, l’autre

From one mirage to another
Jean-Pierre Piniès
p. 3-9

Résumés

Ultime étape dans la volonté de reproduction du réel, la photographie est longtemps apparue comme un instrument privilégié de l’ethnographie tant elle prétendait réduire la distance à l’imaginaire pour sacrifier au fait. Des générations de praticiens, de Walker Evans à Henri Cartier-Bresson ont mis fin à ce leurre en montrant que, art avant tout, la photographie ne saurait se laisser enfermer dans un tel carcan. À son tour, Sylvie Goussopoulos s’essaie à l’exploration de ce territoire où le témoignage sait laisser toute sa place à la vision personnelle. Photographiant les femmes au travail, pêcheuses de coquillages de l’étang de Thau ou femmes des mers du Sud de la Chine, elle ouvre ainsi un large champ à une réflexion sur le travail et l’imaginaire que ces femmes mettent en place tout en montrant l’impossible sécabilité, pour le photographe, entre son désir de dire le cœur du monde et celui d’exalter la création esthétique.

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Texte intégral

1Dès son origine, la photographie s’est vu confier, ou s’est fixé elle-même comme fin deux missions, en bonne part distinctes. D’une part, elle entendait se faire un véritable miroir intangible du réel, au-delà de toute invention, de l’autre, assez tôt ou parallèlement selon les points de vue et les acteurs, elle prétendait se ranger parmi les arts en affichant des visées esthétiques. De Prosper Mérimée, effrayé par la médiocrité des daguerréotypies à rendre compte de la majesté des monuments historiques, à Charles Baudelaire, méprisant pour ces pâles copies qui ne sauraient jamais rivaliser avec les toiles des maîtres, nous savons l’accueil qui fut aussitôt réservé à ces prétentions. De la même manière, nous sommes conscients que cette tension n’a pas cessé, qu’elle traverse l’histoire de la photographie ou mieux qu’elle en est l’essence même et que tous, des plus « grands », des mieux reconnus, aux amateurs du dimanche, jouent, peu ou prou, dans la même cour, avec plus ou moins de bonheur.

  • 1 Sylvie Goussopoulos (photos) & pierre Sécolier (texte), Femmes d’étang. Paroles et portraits de fem (...)
  • 2 « Femmes de la mer de Chine », Bouzigues, musée de l’étang de Thau, de juin 2013 au 31 décembre 201 (...)

2Parler dès lors de « photo ethnographique » pourrait paraître redondant. De Diane Arbus à Henri Cartier-Bresson en passant par Robert Franck, Robert Doisneau et les autres, tous n’ont-ils pas entrepris, à leur manière, avec plus ou moins d’intensité, dans un projet plus ou moins pensé, de rendre compte du réel, de discerner, plus loin que l’apparence, la vérité sociale de leur objet ? Il est maintenant connu et su de tous que, en ce domaine, les productions les plus illustres ne sont pas forcément le fait du hasard, du coup de génie qui capte miraculeusement le merveilleux éphémère. Certaines sont le fruit d’installations, pour reprendre un terme de la dernière modernité, de compositions longuement réfléchies, de mises en scène, quand la prise de vue « immortelle » n’est pas la conséquence de multiples essais préalables. Pour autant cette réalité imaginaire ne devient-elle pas plus puissante que ce dont elle aurait pu se faire le simple reflet ? De la même façon, comment nier la dimension esthétique des photographies de Walker Evans ou de Sebastião Salgado ? Peut-on seulement imaginer faire fi de l’empathie nécessaire entre acteur et sujet ? Ne mesure-t-on pas ce qu’a de convenu et d’artificiel la sacro-sainte distance que le photographe doit prendre avec l’objet de sa prise de vue ? Le débat peut se perpétuer au long de discussions académiques qui n’ont pour but que de laudifier leurs locuteurs, ou bien il choisit de se confronter à la mosaïque du vécu et de la mémoire maintenant assez riche de l’art photographique. Si les plus avisés constatent que la photographie ethnographique idéale est un leurre, il n’en reste pas moins qu’elle génère des approches parfois naïves, parfois relevant d’une stratégie concertée et que, dans tous les cas, elle relève plus de l’aventure et de la sensibilité personnelles que d’un codex intangible et parfaitement déterminé. Ainsi en va-t-il à nos yeux du singulier parcours photographique de Sylvie Goussopoulos, au moins au travers de deux expositions consacrées au travail des femmes. La première, itinérante, a donné lieu à un ouvrage, Femmes d’étang. Paroles et portraits de femmes du bassin de Thau1, la seconde, organisée au musée de l’étang de Thau, a pour titre « Femmes de la mer de Chine »2. Toutes deux nous semblent obéir à un principe bien éloigné de la démarche ethnographique classique en se présentant comme « le fruit de circonstances ». Nous sommes, dès lors, assez loin du projet concerté, mûri, discuté, soutenu par des mécènes-commanditaires, rigoureusement contrôlé ensuite par des experts qui assureront de sa scientificité. Qu’en dit l’auteure ?

À Mèze, la mairie m’avait commandé une série de portraits sur les viticulteurs. Là je suis tombée sur une majorité de femmes qui m’ont largement inspirée par leur courage, leur énergie.

3Cela tiendrait donc de l’aubaine fortuite si on ne rappelait pas les conditions de l’autre manifestation autour des femmes chinoises. Cette fois il s’agissait, à nouveau, d’une commande du département, soit les regards croisés entre un photographe chinois venu rencontrer des viticulteurs de l’Hérault, et un photographe héraultais à la rencontre de paysans chinois travaillant à la culture du thé. Et là encore, même pas de côté, même emprunt d’un chemin de traverse, toujours au dire de la photographe :

Lors de ce voyage en Chine, en marge de mon reportage sur le thé, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre dans un village où toutes les femmes sont conchylicultrices.

4Il ne faut pas être grand clerc pour mesurer la part de ce qui est appelé, à l’ordinaire, « le hasard objectif » dans une telle entreprise. Plus que le canevas préalable, les lectures, les enquêtes ou les compilations, tout se passe ici comme si le terrain dictait sa loi ou, au moins, proposait de stimulantes perspectives neuves, sans apprêts. Cette situation initiale est capitale dans le travail et les choix de Sylvie Goussopoulos puisque, de fait, l’absence préalable de critères ou de dogmes permet libre création et aventure. Pour quels résultats, bien sûr, mais aussi au prix de quelles démarches, au vu de ces deux mises en perspective ?

5Et d’abord celle concernant les femmes du bassin de Thau. Le premier constat tient de la nouveauté de l’approche. Ces espaces, à l’évidence sont des plus particuliers, mais il faut ajouter que, jusqu’à il n’y a guère, ils étaient réservés. En effet il s’agissait d’un domaine presque totalement masculin où les femmes n’étaient admises que comme des ombres ou de furtives passagères. Les pêcheurs, au nom de la tradition, refusaient de les embarquer pour éviter le malheur ou la mauvaise pêche. Mais, de façon plus générale, toutes les cabanes qui bordent les étangs demeuraient le royaume des hommes. Là, au gré des saisons, dans la mouvance lagunaire, le long de l’incertaine frontière qui sépare le domaine public maritime et les premières avancées des terres privées, se côtoyait une population bigarrée faite de pêcheurs, de chasseurs, de braconniers des roselières, se muant parfois en ermites ou en « hommes sauvages ». L’exposition de Sylvie Goussopoulos est donc une découverte, un enchantement et un chant d’hommage. Elle montre que nous avons assisté, ces dernières décennies, à un changement profond, qui va bien au-delà de l’anecdotique. Les femmes, en effet, ont conquis ce monde (il est juste d’employer le mot de conquête tant il leur a fallu d’obstination, comme à l’accoutumée dans les combats qu’elles mènent). Mouvement bien sûr tout à fait pacifique, paisible dans ses apparences, même si nous n’en connaissons pas l’arrière-plan, qui leur a permis de prendre en main leur destin, à savoir aussi bien la maîtrise du savoir-faire que celle des connaissances halieutiques et conchylicoles. Elles ont donc, à leur tour, appris les gestes, les coups de main, les petits et les grands secrets que renferment les eaux, les variations infimes du vent qui guident les sorties… Ce savoir acquis, elles l’approfondissent au long de formations qui sont autant de gages de réussite. Mais, pour autant, elles n’excluent pas les hommes : simplement elles partagent. Il faut voir ainsi les belles images où elles semblent les accepter, pendant le ravaudage des filets ou la vente aux étals. Toutefois, le moment venu, elles sont aussi capables de la solitude de l’effort, de sa lenteur et de son entêtement. Ce partage, ce renversement disent vite que la photographe, découvrant, n’a pas choisi de s’arrêter à la technologie des mouvements, des outils et des objets dont des prises de vue cinématographiques suffiraient largement à rendre compte. Elle n’a pas non plus cherché à rendre compte des méandres du savoir naturaliste constitué au fil de générations de pêcheurs-éleveurs et qui passe, au demeurant, plus par la parole que par l’image. Ce qu’elle entend faire, c’est saisir le sens, tel qu’il nous est donné apparemment à voir et qui nous reste pourtant quasiment invisible, ce qu’elle veut, c’est saisir ce qui est clairement dit et qui se cache en même temps dans les attitudes, les poses, dans les manières quotidiennes et triviales d’être au monde. Dès lors ce sont des pans entiers du « réel » qui s’effritent, les conventions qui s’évanouissent au profit de la vision d’une autre organisation des jours et de la transparence de ses valeurs. Ainsi, ce qui frappe peut-être le plus ici, c’est la beauté de ces femmes. Nous sommes bien loin des créatures glacées du studio Harcourt, nous sommes au cœur du monde.

6Ces femmes sont belles dans leurs gestes, dans leur attitude, dans leurs visages marqués par les saisons, le sel et les embruns. Cette beauté est encore soulignée par la chaleur des sourires et la complicité affichée. Pensons à deux d’entre elles qui ouvrent l’exposition et illustrent la couverture de l’ouvrage qu’elle a inspiré. Elles sont ensemble, toutes, dans leur diversité. Ici, des fillettes qui font leur apprentissage, là, celle-ci, plus avancée en âge, s’appuyant sur une canne mais qui dit sa fierté et son plaisir de participer à cette aventure, au milieu des autres dans un temps à la fois aboli et perpétuellement en mouvement. Tout dit, tout montre leur travail, ses difficultés, ses peines, mais surtout les photographies témoignent de la force des liens qui les unit et qui en fait, non des personnages pittoresques mais des acteurs au sens plein du terme.

7Il en va de même, cassant les distances et mettant au point une topographie étonnante, de l’exposition consacrée à la Chine, visible au musée de l’étang de Thau à Bouzigues. Nouant avec une ancienne tradition occidentale, ou plutôt, afin de se garder de tout ethnocentrisme, lui faisant un singulier écho, ces femmes de petits villages lagunaires du sud de la Chine, à leurs façons et à travers leurs rites, répètent la vieille interrogation sur le travail et sa malédiction. De la damnation monothéique originelle au trepalium des Romains, toujours en lui se sont confondues la nécessité et la souffrance, au point que le même mot servit à désigner le travail et la torture. Nous savons toutes les luttes et toutes les révoltes, exaltées, qui s’en sont suivies, contournements aveugles à leur véritable objet souvent, mais aussi cheminements, parfois, vers l’essence de la convivialité, du partage et de la liberté. À leur manière ces femmes témoignent, et témoignent avec force si l’on veut bien prendre en compte, à travers la sérénité hiératique des gestes que détaille par ailleurs le beau film qui leur est consacré, la stratégie de refus symbolique qu’elles emploient et le singulier rapport au monde qu’elles tissent. Ainsi choisissent-elles deux voies dont les échos s’offrent au regard mais dont la construction du sens demande la déambulation et les arrêts méditatifs autour des photographies qui en fixent les figures. Leur premier choix, dont l’évidence nous submerge, est celui de la couleur, avec tout ce qu’il suppose implicitement de refus, essentiellement celui du noir perçu comme le point extrême où tout s’achève et disparaît. Royaume de la couleur donc qui multiplie ses nuances dans tous les objets et les moindres signes du quotidien, de l’éclatante vibration des sacs de plastique les plus triviaux, en passant par les filets dont elles ressassent le vert à l’infini et qui semblent avoir emprisonné la mer, jusqu’aux pièces chatoyantes des costumes et des ornements dont ces femmes se parent. La diversité et la richesse des tons ne sont pas seulement ostentation ou parade, avant tout elles sont offrandes. Car la seconde ambition de leur entreprise est un hommage à la mémoire. Hommage à la princesse mythique disparue, hommage aux ombres tutélaires qui hantent le village et les maisons, auxquelles il faut rendre sans cesse les honneurs en leur consacrant les autels les plus fastueux. Eux aussi débordent d’ors, de couleurs et de lumières puisqu’ils sont à la fois lieu et présence, ultime demeure des membres de la lignée dont ne sont effacés que les figures et le corps, leur esprit veillant toujours au destin de ceux qui les ont suivis.

8Quelles que soient les différences d’usage, que les huîtres se fassent coquilles-écrins irisées de nacre ou tuiles et murs des maisons, quelles que soient les techniques en usage, petites pyramides, caisses ou filins, quelles que soient les dissemblances de l’apparat, femmes de Chine et de l’étang de Thau entretiennent une secrète connivence, immédiate, tant les gestes, la lassitude des corps une fois la tâche accomplie, le ressassement des horizons changeants, la solidarité aussi discrète que forte qui les anime, se ressemblent et dessinent un même territoire. Enquête, reportage, désir de saisir par un biais ethnographique pratiques et coutumes, quelles qu’aient été les hésitations ou les traverses, l’œuvre produite affiche l’évidence des liens étroits qu’elle entretient avec l’ethnologie, mais la boucle se bouclant, elle amène, une fois encore, à la mesurer à l’aune de la dimension artistique constitutive, dans ce domaine, de la photographie. Puisque aussi bien ce syncrétisme est fondateur. De George Catlin à Eugène Atget en passant par les somptueux clichés de voyage de Waldemar Abegg, comment faire la part de l’information et de l’émotion voire du bouleversement esthétique ? Même si ce n’est pas leur prétention, comment ne pas être ému, pour des raisons voisines, en regardant les photographies que le jeune Claude Lévi-Strauss prend des Bororo ou des Kaduveo en Amazonie ? Le travail de Sylvie Goussopoulos ne déroge pas à cette règle, mais, en même temps, il ne s’y soumet pas aveuglément, quand il ne l’utilise pas pour faire son miel. Et là, à nouveau, la recherche ne manque pas d’originalité puisqu’elle s’efforce de se glisser dans un interstice où s’affrontent encore des éléments appartenant aux vieux camps, pourtant incertains, de l’académisme et de la modernité. Tout un chacun sait, ou croit savoir, que pour la photographie, l’essence même de la création et de la restitution appartient au royaume du noir et blanc, que ce sont les variations entre ces extrêmes qui sont sa vraie richesse et le signe de son identité. Tardif, l’usage de la couleur n’aurait pour résultat qu’un affadissement des valeurs intrinsèques et une perte d’identité. Or, les photos de Sylvie Goussopoulos ne choisissent pas, ne s’articulent pas autour d’un refus, mais elles intègrent. Ce qui devient essentiel n’est pas l’absence ou la domination de l’une ou de l’autre des palettes chromatiques, mais l’irruption inattendue de leur usage, de façon faussement arbitraire. Comment, projette-t-elle, rendre compte de l’imperceptible, des nuances des couleurs de l’étang méditerranéen, de l’infinie nuance de ses bleus, des rapports renouvelés entre les gris et les verts, de la densité ouateuse ou déchirée des ciels ? Comment évoquer sur les rivages le bariolé des costumes, des barques ou des cabanes ? Dans son travail, la photographe choisit donc, pour traduire les oppositions et la diversité, de s’attacher, çà et là, dans la déclinaison dominante des noirs et des gris, à introduire des taches de couleur destinées à souligner l’improbable. Et tout à coup ces signes se font marqueurs, appels : le tablier bleu et plein de reflets d’une de ces femmes, une touche céruléenne au-dessus de l’horizon, une ampoule rouge, sorte de sémaphore qui semble indiquer leur chemin aux embarcations, ce que certains ont appelé « les sentiers invisibles de l’étang ». Toutes ces couleurs ont une constante : d’apparence inadvertantes, elles sont dérobées, volées au réel pour devenir des trésors. L’incursion chinoise suscitera un procédé quasiment inverse puisque là, dans la profusion permanente et renouvelée des teintes éclatantes, ce sont l’absence, le sombre qui vont servir de contrepoint sans cacher vraiment ce que le cheminement a de commun : où se situe donc le vrai foyer de la lumière, celui qui donne sens à l’inerte et au fugitif dont depuis Rembrandt et son Autoportrait à la flamme, les peintres, comme plus récemment les photographes, s’emploient à découvrir le secret ? Au terme de cette déambulation parmi les images émerveillées de ces femmes de bord d’étang, si proches ou si lointaines, il convient sans doute de dire qu’elle génère plus de silence et de questions que de réponses sur les rapports que la photographie entretient avec l’ethnographie, à moins que l’on considère que cette ambiguïté et ce mouvement de va-et-vient aux formes incertaines, entre fascination affective et méditation, ne soient le meilleur chemin pour en deviner quelques-uns des arcanes.

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Notes

1 Sylvie Goussopoulos (photos) & pierre Sécolier (texte), Femmes d’étang. Paroles et portraits de femmes du bassin de Thau, Saint-Rémy-de- Provence, Équinoxe, coll. « Itinéraires d’images », 2012.

2 « Femmes de la mer de Chine », Bouzigues, musée de l’étang de Thau, de juin 2013 au 31 décembre 2014.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Piniès, « D’un mirage, l’autre »Terrain, 64 | 2015, 3-9.

Référence électronique

Jean-Pierre Piniès, « D’un mirage, l’autre »Terrain [En ligne], 64 | 2015, mis en ligne le 13 mars 2015, consulté le 05 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terrain/15741 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terrain.15741

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Auteur

Jean-Pierre Piniès

Ethnopôle Garae

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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