• 1 CINEL : Comité d’Initiatives pour de Nouveaux Espaces de Liberté
• 2 Radio Tomate et Minitel Alter : Félix Guattari et les agencements post-média, coll. « Multitudes », (...)

Douze ans aussi qu’Emmanuel Videcoq, l’un des fondateurs de Terminal nous a quitté (21 avril 2011). C’est lui qui fut le « pont » entre Terminal et la mouvance de Guattari. Dès 1981, il participa à l’aventure de Radio-Tomate, avec le CINEL1. Fin 1986, A l’instigation de Félix, la revue Terminal et quelques associations créèrent un service minitel original, 3615 Alter. Celui-ci fonctionna de façon active jusqu’au début des années 1990. Il participa à l’association « Les Amis d’Alter », qui animait le service2.

• 3 https://Chaosmosemedia.net

2C’est avec ces quelques mots d’introduction que le collectif « Chaosmosemédia »3 invitait tout le mois d’octobre 2022 à une série d’événements (de par le monde !) pour marquer cet anniversaire et montrer la pertinence de cette pensée aujourd’hui encore. Il y eut notamment des présentations d’ouvrages réédités et de nouvelles parutions à la Fab d’Agnès b, des conférences hybrides à Paris 8 avec projections, des performances artistiques, des lectures de poèmes, de pièces de théâtre, projections de films, performances musicales, ...

• 5 Jean-Sébastien Laberge est enseignant chercheur à l’Université d'Ottawa et à l’École d'Études Polit (...)

Jean-Sébastien Laberge5 nous a rappelé comment Félix Guattari avait décelé la possibilité de mobiliser les nouvelles technologies de communication pour créer de nouveaux espaces de liberté. Non plus mobiliser les médias pour sérialiser les masses dans une infantilisante simplification du réel, mais développer des moyens de concertation qui sollicitent l’intelligence collective en faisant une place aux singularités et à la complexité des situations à l’exemple du Minitel et du réseau Alternatik (1986-1992). Il insiste sur le caractère collectif de ces expérimentations et sur le fait qu’elles se sont inscrites dans un contexte de mouvements sociaux et politiques (émergence de l’écologie comme force politique – Les Verts).

• 6 Igor Galligo est chercheur en design et théorie des médias à l’Université Paris 8 ainsi qu’à l’Inst (...)

6Igor Galligo6 nous fait, lui, partager l’expérience médiatico-politique des Gilets Jaunes, De l’automédia aux médias contributifs à partir d’un entretien avec Priscillia Ludosky, la cofondatrice du mouvement des Gilets jaunes à l’origine de la pétition contre la taxe carbone diffusée à l’été 2018, devenue ancienne co-administratrice du plus grand groupe Facebook Gilets Jaunes “La France en colère ! ! !” qui a réuni plus de 288 000 français fin octobre 2018. Depuis, elle a lancé plusieurs initiatives pour participer à la construction politique du mouvement. Cet entretien a porté essentiellement sur son expérience politique de la plateforme Facebook et sur les raisons technologiques de son ascension politique liée aux mécanismes d’usage de la célèbre plateforme. Elle explique en négatif que l’expérience techno-politique des Gilets Jaunes sur Facebook révèle une crise de la démocratie institutionnelle, de ses voies et supports d’expression. Facebook viendrait notamment combler un manque de l’expression politique auprès des catégories sociales populaires. »

• 7 Brett Zehner est un artiste et théoricien des médias qui écrit sur les technologies en resistance. (...)

7A l’opposé Brett Zehner7 étudie la production de subjectivité qui a conduit à l’attaque du Capitole. Ses recherches ont porté sur la montée transnationale des suprémacistes blancs et du capitalisme racial en relation avec le « big data ». Il met en lumière la récente tactique des approches des médias et le rôle des algorithmes dans l’expansion de la notion d’abolitionisme (des droits et des protections sociales). Le projet de Brett « Machine de Subjection » explore l’émergence des médias prédictifs sous la forme des machines apprenantes. Cette recherche consiste à conceptualiser une nouvelle forme de pouvoir politique où la décision par un individu est remplacée par un algorithme prédictif doué d’ubiquité.

• 8 Anne Alombert est maîtresse de conférences en philosophie française contemporaine à l’Université Pa (...)

8Dans son exposé, Anne Alombert8 propose de suivre Bernard Stiegler pour opposer aux « technologies persuasives » des « technologies contributives ». Faudrait-il abandonner le rêve d’une « ère post-média » et se résigner au fait de l’« ère post-vérité » ? Anne Alombert tente de montrer que la « post-vérité » n’est pas une fatalité : des alternatives contributives sont possibles, à condition de repenser le « design » des technologies de production, d’indexation et de diffusion numériques, le fonctionnement des algorithmes, et leurs enjeux psychiques, sociaux, politiques. Elle explore pour cela les voies ouvertes par les travaux de Bernard Stiegler sur le web « herméneutique » ou « néguentropique » .