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TIC & Handicap

L’accessibilité des TIC par les personnes handicapées : état des lieux du contexte actuel

Philippe Balin et Cédric Gossart

Texte intégral

1Les technologies de l’information et de la communication (TIC) représentent pour les personnes handicapées, quelque soit le handicap, une réelle opportunité pour leur intégration, aussi bien dans la vie quotidienne que professionnelle, sous réserve que leur accessibilité soit prise en compte1. Malheureusement même si ces personnes représentent plus de 10 % de la population, l’accessibilité des TIC ne fait pas partie des priorités des fournisseurs ou développeurs impliqués dans les TIC ni pour les concepteurs de site internet.

2Pourtant, tous les référentiels techniques permettant d’avoir des TIC accessibles existent bel et bien. Même s’il est dans certains cas nécessaire d’avoir des solutions dédiées et spécifiques pour les personnes handicapées, elles doivent se limiter à ce qui n’est pas couvert par les produits standards afin de limiter les coûts. La prise en compte de l’accessibilité dans la phase de conception d’un produit conduit à des surcoûts marginaux, ce qui n’est pas le cas si l’on essaye de rendre un produit existant accessible.

Le contexte technique de l’accessibilité numérique

3L’avènement de la micro-informatique dans les débuts des années 1980 a révolutionné l’autonomie des personnes handicapées. Les standards ont permis à des développeurs de réaliser des adaptations en fonction de chaque handicap. La généralisation de l’utilisation d’un micro-ordinateur pour un usage domestique ou professionnel, sous réserve qu’il soit équipé des bonnes adaptations, permet à une personne handicapée de profiter de l’ensemble des services et outils numériques et de mener une vie professionnelle et vie privée comme tout un chacun.

En quoi consiste une aide technique pour handicapés ?

4L’aide technique va permettre à une personne handicapée d’utiliser les logiciels installés sur son micro-ordinateur ou son Smartphone et dépend du type d’handicap. L’utilisation d’un micro-ordinateur et d’un Smartphone impose le bon fonctionnement de certains de nos sens et de nos capacités physiques. L’aide technique met en place une alternative pour pallier le handicap. L’usage du micro-ordinateur par les aveugles est probablement le cas le plus compliqué à résoudre : la figure suivante montre les adaptations permettant de rendre un ordinateur accessible.

Exemples d’outils TIC adaptés

Exemples d’outils TIC adaptés

L’environnement technique numérique accessible

5Pour l’accessibilité des TIC, il est indispensable de prévoir :

  • Des alternatives au clavier et à la souris, qui sont obligatoires pour les déficients visuels et les handicapés moteurs.

  • Le respect du standard d’interface du système d’exploitation, par exemple Windows le standard MSAA (Microsoft Active Accessibility) pour l’interopérabilité avec les aides techniques utilisées par les handicapés.

  • La présentation des informations à l’écran en respectant les règles « WCAG 2.0 » du World Wide Web Consortium (W3C).

6Ces aides techniques ont pu exister grâce aux évolutions techniques développées pour le marché de masse : synthèse vocale, reconnaissance vocale, reconnaissance de caractères, etc. Elles ont aussi pu bénéficier de la mise en place des standards du marché pour les systèmes d’exploitation offrant ainsi un accès à une grande variété de logiciels. Les aides techniques pérennes sont celles qui ont réduit la spécificité du dispositif au minimum en ne couvrant que la particularité du handicap et en s’appuyant sur des produits standards du marché via des interfaces normalisées.

L’usage des TIC par les personnes handicapées au sein de l’entreprise

L’emploi des personnes handicapées

7Depuis 1987, en France toutes les entreprises employant plus de dix-neuf salariés ont l’obligation d’employer au moins 6 % de personnes handicapées. Cette obligation a été renforcée en 2005 par la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui impose entre autre la non-discrimination. Le 25 septembre 2014 a été présentée en conseil des ministres une ordonnance relative à « la mise en accessibilité des établissements recevant du public, des transports publics, des bâtiments d’habitation et de la voirie pour les personnes handicapées », qui simplifie et explicite les normes d’accessibilités et sécurise leur application.

8L’usage des TIC est incontournable dans l’entreprise ; tous les postes et tous les outils de travail ont été conçus en utilisant les TIC. Si, grâce aux aides techniques complétées par la mise en place de l’accessibilité, les personnes handicapées pouvaient utiliser des logiciels, consulter des sites internet, utiliser les services de communications électroniques d’une manière efficace, les TIC permettraient d’embaucher des personnes handicapées non pas uniquement par obligation, mais parce qu’elles seraient capables d’exercer pleinement leur métier dans l’entreprise. Une autre difficulté pour les entreprises désireuses d’embaucher des personnes handicapées est le manque de compétences de ces dernières ; la généralisation de l’usage des technologies de l’information et des communications électroniques dans les établissements scolaires et universitaires, sous réserve qu’elles soient accessibles, permettrait à terme aux personnes handicapées d’acquérir les compétences et les diplômes dont les entreprises ont besoin.

Ce qu’il faudrait faire

9Pour qu’une aide technique fonctionne bien, il est indispensable que les ingénieurs et les techniciens développant les systèmes d’exploitation, les logiciels standards, les logiciels métiers, les applications grand public, et les équipements électroniques prennent quelques précautions dans l’interface utilisateur. Des règles existent qui permettent de réaliser une application informatique, de consulter des sites internet ou de lire des documents électroniques sans que la qualité graphique, ergonomique et fonctionnelle n’en soit altérée.

10Les entreprises ont l’obligation d’embaucher des personnes handicapées sous peine d’être pénalisées financièrement. Pourtant, les éditeurs de logiciels, les opérateurs de services de communications électroniques, ou les fabricants d’équipements électroniques ne sont aucunement pénalisés s’ils fabriquent des solutions ne respectant pas les règles d’accessibilité. Un décret paru fin 2009 demande à l’ensemble des institutions et établissements publics de rendre leur site internet accessible avant l’année 2012, mais il ne prévoit aucune pénalité et ne s’applique pas aux entreprises privées2. L’année suivante, le décret n° 2010-124 du 9 février 2010 créait l’Observatoire interministériel de l’accessibilité et de la conception universelle (Obiaçu), chargé notamment « d’identifier et de signaler les obstacles à la mise en œuvre de la loi et les difficultés rencontrées par les personnes handicapées ou à mobilité réduite dans leur cadre de vie ». Il recense et diffuse les bonnes pratiques en matière d’accessibilité et de conception universelle sur le site de l’accessibilité.

11Développer une solution accessible ne coûte pas plus cher si l’accessibilité est prise en compte dès la première phase de spécification et de conception des applications, des sites internet, des systèmes, des produits et des services. La méconnaissance des règles à respecter n’est pas suffisante pour justifier une aussi faible prise en compte de l’accessibilité. Certains, ne voyant jamais de personnes handicapées, ne comprennent pas l’utilité de ces règles. Pourtant, si l’accessibilité était prise en compte les handicapés seraient plus présents. La solution la plus efficace consisterait sans doute à mettre l’accessibilité comme une norme obligatoire sans discuter le pourcentage d’utilisateurs potentiels…

Les décideurs acteurs dans une démarche de progrès

12Au-delà des normes, il ne faut pas négliger le pouvoir des acteurs publics et des grandes entreprises vis-à-vis de leurs fournisseurs informatiques. Il faut qu’ils intègrent dans leurs choix pour l’acquisition de logiciels, d’équipements électroniques et de services de communications électroniques standards des critères d’accessibilité et leur usage potentiel par les salariés handicapés de l’entreprise, les consommateurs handicapés, et plus généralement les citoyens en situation de handicap. 

L’accessibilité numérique

L’accessibilité des sites internet

13L’accessibilité numérique est prise en compte dans le développement des nouveaux sites internet, intranet ou dans les nouvelles pages des règles d’accessibilité aux personnes handicapées (W3C, norme WCAG 2.0). Le WAI (Web accessibility initiative) est un groupe de travail international qui travaille en permanence sur la construction et l’évolution d’un référentiel utilisable pour rendre un site internet 100 % accessible à tous les types de handicap.

14Le W3C a sorti le WCAG (Web content accessibility guidelines) 1.0 en mai 1999. Ce référentiel définit 92 règles nécessaires pour obtenir un site accessible par l’ensemble des personnes handicapées. Il explique aussi comment les intégrer et donne des exemples d’implémentation très détaillés. Il a été complété en décembre 2008 par le WCAG 2.0 qui assure entre autres :

  • Une meilleure prise en compte des handicaps moteurs et auditifs,

  • Une plus grande précision sur le champ d’application de certaines recommandations (même s’il reste encore très générique à bien des égards),

  • L’indépendance des critères vis-à-vis des technologies. Les éléments propres à une technologie sont à présent fournis via un document évolutif intitulé « Techniques », qui n’est donc pas un document normatif mais plutôt un document pratique qui explique concrètement comment appliquer tel ou tel critère avec telle ou telle technologie.

15Un label international a même été défini en A, double A, triple A, permettant d’indiquer à l’internaute le niveau d’accessibilité de la page en question. Le référentiel WCAG 2.0 est en cours d’évolution pour la prise en compte du web 2.0 : WAI ARIA (Accessible Rich Internet Application), référentiel qui n’est pas encore implémenté par toutes les aides techniques et les navigateurs internet. Exemples de précautions à prendre dans une page Web :

  • Bonne construction des objets dans la page HTML (boîte d’édition et de liste, différents types de boutons, graphique, image, photo afin que ces objets soient identifiés et utilisables à travers l’aide technique) ;

  • Bien nommer un lien et de manière pertinente et non ambiguë pour que l’internaute handicapé sache bien à quoi ce lien correspond ;

  • Utilisation de titres, sous-titres dans la page avec prise en compte du niveau pour faciliter la lecture et la compréhension du contenu ;

  • Bonne identification des sections et des paragraphes de texte afin de pouvoir circuler plus rapidement dans la consultation de la page ;

  • Indication de la langue utilisée dans la page et changement de langue ponctuel quand apparaissent des mots à prononcer en langues étrangères pour que la synthèse vocale correspondante puisse être activée automatiquement ;

  • Les tableaux doivent être formatés afin de pouvoir les comprendre et circuler facilement de cellule en cellule ;

  • Images correctement titrées et intégrant un texte de remplacement, dont l’onglet est visible par un clic droit sur l’image ;

  • Vidéos accessibles (sous-titrage textuel ou en langue des signes, audio description synchronisée avec les images).

16Il existe des outils qui permettent de vérifier que les règles d’accessibilité sont bien respectées ; néanmoins les outils actuels ne permettent pas de vérifier la partie éditoriale des pages, ce qui pour l’internaute est la partie la plus importante. De plus, l’usage de ces outils nécessite de bien connaître le site internet et ces outils sont principalement utilisés par le webmaster.

17Enfin, la labellisation « W3C » est purement déclarative et ne nécessite pas d’être certifiée par un organisme indépendant. En cas de défaut constaté par l’internaute handicapé, celui-ci devrait avoir le moyen d’en référer au webmaster pour correction, et avoir la possibilité de faire remonter l’information auprès du W3C si les corrections ne sont pas faites afin que le label apposé sur la page soit retiré.

L’accès à la documentation électronique

18Le format PDF est un standard international très largement utilisé ; la diffusion gratuite de l’Acrobat Reader permettant de lire des documents au format PDF a considérablement facilité son usage. De plus, n’étant pas un format propriétaire comme les formats de Microsoft couramment utilisés, le format PDF est devenu la référence pour la dématérialisation des documents aussi bien publics que privés. Les mécanismes de sécurité, de protection et de cryptage permettent de protéger leurs contenus et leur diffusion.

19Depuis la version 5 de son Acrobat Reader, Adobe a ouvert les documents PDF pour les rendre accessibles. Pour ce faire, il propose sur son site internet une liste de règles et les moyens de les implémenter, permettant de rendre les documents PDF accessibles par les handicapés ; ces règles sont aussi couramment implémentées par les principales aides techniques. Adobe a aussi été à ce que ces règles d’accessibilité deviennent un standard international (PDF universal accessibility). Ces règles ont été reprises et complétées par le W3C dans son référentiel PDF techniques for WCAG 2.0., et donc aujourd’hui tous les ingrédients existent pour rendre accessible par l’ensemble des handicapés physiques un document en format PDF. Exemples de précautions à prendre pour qu’un document sous forme électronique soit lisible par une personne handicapée :

  • Identification de tout texte présenté en colonnes pour qu’une lecture compréhensible soit possible ;

  • Bonne construction des objets dans la page (boîte d’édition et de liste, différents types de boutons, graphique, image, photo), afin que ces objets soient identifiés et utilisables par l’aide technique ;

  • Bien nommer un lien et de manière pertinente et non ambiguë pour que l’internaute handicapé sache bien à quoi ce lien correspond ;

  • Utilisation de titres, sous-titres dans la page avec la prise en compte du niveau pour faciliter la lecture et la compréhension du contenu ;

  • Bonne identification des sections et des paragraphes de texte afin de pouvoir circuler plus rapidement dans la consultation ;

  • Les tableaux doivent être formatés afin de pouvoir les comprendre et circuler facilement de cellule en cellule ;

  • Gestion du changement de langue en cours de document pour l’activation automatique de la synthèse vocale correspondante ;

  • Gestion des champs de formulaires pour leur bonne utilisation ;

  • Gestion des histogrammes et graphiques avec alternative tableau pour leur compréhension ;

  • Nommer de manière pertinente et non ambiguë les images et les photos avec alternative d’un texte descriptif ;

  • Accès à la numérotation des pages, en-têtes et bas de page, renvoi aux notes de bas de page ;

  • Gestion de la table des matières pour accélérer l’accès à la partie souhaitée ;

  • Création possible par l’utilisateur de repères (bookmarks) pour une localisation plus facile du texte.

20Ces adaptations ne changent en rien la perception du document par l’utilisateur non handicapé, ce qui permet qu’un même fichier soit utilisable par tous. Cette démarche ne nécessite pas de compétences techniques particulières, mais surtout de mettre en place une procédure qui implique que tous les rédacteurs de documents respectent ces règles.

21Il existe des outils qui permettent de traduire automatiquement un document Word correctement réalisé en fichier PDF accessible. Il est indispensable que l’accessibilité des documents s’appuie sur le fait que les documents sont sous forme caractères et non sous forme d’images de points. Par exemple, le scan d’un document papier et son encapsulation en fichier PDF ne sera jamais accessible, à moins d’utiliser un logiciel de reconnaissance de caractères avec tous les risques d’erreur associés à ce procédé.

22Le niveau d’accessibilité par les handicapés des documents PDF disponibles est aujourd’hui très déficient. Par exemple, il existe très peu de modes d’emploi de téléphones portables téléchargeables sur le site internet du constructeur qui respectent les règles d’accessibilité, conduisant les opérateurs à reprendre totalement ces documents pour les clients handicapés. Néanmoins, nous constatons qu’il n’y aurait que peu de choses à faire pour rendre ces PDF accessibles pour tous. En particulier, il serait facile de nommer correctement les images graphiques correspondant à la touche sur laquelle appuyer et d’ajouter un bref descriptif en début de documentation pour que la personne aveugle puisse localiser seule les touches. Les opérateurs pourraient même l’exiger de leurs fournisseurs d’équipements.

23Si un fichier PDF accessible existe, sa conversion automatique en Braille, en gros caractères ou en vocal est possible. La principale difficulté pour un opérateur de communications électroniques de faire automatiquement du PDF accessible réside dans les documents personnalisés ou dans ceux comportant beaucoup de variables dont les valeurs sont alimentées par des applications informatiques, comme les factures par exemple.

L’accessibilité des applications

24Les applications de l’entreprise à usage interne pour les salariés ou externe à usage des consommateurs (logiciels, progiciels sur PC, Mac ou Smartphone) doivent être aussi accessibles pour les handicapés. Pour couvrir les besoins métiers ou spécifiques à l’entreprise, de nombreux développements sont réalisés par l’entreprise, soit par des salariés, soit par du personnel extérieur. Il faut intégrer au même titre que la qualité des logiciels la conformité des applications informatiques pour leur accessibilité par des personnes handicapées. L’ensemble des activités de spécification de développement et de maintenance est concerné. Il faut aussi sensibiliser les chefs de projet, les développeurs et les directions utilisatrices. Il est enfin nécessaire d’intégrer ces règles d’accessibilité dans les procédures de développement d’application.

Le cas particulier de l’accessibilité des téléphones mobiles

25 Pendant longtemps, les téléphones mobiles ont reposé sur des systèmes d’exploitation propriétaires rendant difficile et coûteuse l’intégration de dispositifs permettant de pallier le handicap, comme la vocalisation de l’écran par exemple. L’évolution de la puissance des équipements mais aussi l’utilisation de systèmes d’exploitation standards communs à plusieurs modèles a motivé les entreprises spécialisées dans le développement d’aides techniques s’appuyant sur ces standards. Le premier fabriquant ayant montré l’exemple est Nokia, avec Symbian et Talk pour la vocalisation. Aujourd’hui, tous les Smartphones reposent sur des systèmes d’exploitation standards comme Symbian, Windows Mobile 7, Iphone Os ou Android, et proposent un niveau d’accessibilité par l’adjonction ou l’activation de fonctions d’accessibilité déjà présentes dans l’équipement standard.

26Mais la prise en compte des différents handicaps et le niveau de qualité de l’accessibilité sont très variables d’un système d’exploitation à l’autre. Le problème majeur vient surtout du fait que beaucoup d’applications parmi celles qui sont proposées ne sont que partiellement voire pas du tout accessibles, même si l’aide technique l’est puisque les développeurs n’appliquent pas les spécifications proposées par les fournisseurs de systèmes d’exploitation. L’évolution vers les écrans tactiles a rendu complexe l’accessibilité pour les déficients visuels et les handicapés moteurs. La généralisation de ce type d’écran risque de pénaliser encore plus les personnes en situation de handicap les moins agiles, même si des solutions existent3.

La diffusion de l’utilisation d’aide techniques par les personnes handicapées

27L’offre d’aides techniques adaptées aux différents types de handicap est assez variée ; par exemple pour les déficients visuels nous avons pour les micro-ordinateurs :

  • Supernova Access Suite 12.02 - full screen reader offering magnification, speech, and Braille support from Dolphin. Support for PDF started with HAL version 5.

  • JAWS 12 for Windows - screen reader from Freedom Scientific. Support for PDF started with JAWS version 4.

  • MAGIC 11 - screen magnifier from Freedom Scientific.

  • NVDA 2011.1 – Non Visual Desktop Access, open source screen reader distributed by NV Access. Providing feedback via synthetic speech and Braille, NVDA allows blind and vision-impaired people to access and interact with the Windows operating system and many third party applications.

  • System Access To Go - screen reader from Serotek Corporation.

  • VoiceOver - screen reader for Mac OS X v10.6 Snow Leopard.

  • Window-Eyes 7.2 - screen reader from GW Micro. Window-Eyes was the first screen reader to provide support for PDF files, in Window-Eyes 4.2.

  • ZoomText 9.1 - screen magnifier and screen reader from Ai Squared, with support for Adobe Acrobat and Reader.

28On pourrait penser que le potentiel de l’usage des TIC par les personnes handicapées impliquerait que le pourcentage de personnes handicapées disposant d’un micro ordinateur équipé d’une aide technique serait important. En fait, il n’en est rien et ce pour plusieurs raisons :

  • Le prix élevé des aides techniques : cet argument risque de s’amoindrir du fait qu’avec la nouvelle loi de 2005, la compensation du handicap attribuée par les MDPH peut financer l’acquisition de l’aide technique permettant de compléter le dispositif offert aux entreprises (elles sont remboursées par l’AGEFIPH pour l’achat d’aide technique permettant l’emploi ou le maintien dans l’emploi de salariés handicapés). De plus, on trouve maintenant des aides techniques gratuites ou fournies gratuitement par le fournisseur du système d’exploitation.

  • L’insuffisance d’applications et de sites internet et de documents électroniques accessibles aux handicapés, ce qui n’aide pas à motiver les handicapés à s’équiper en aide technique.

  • La complexité de leur utilisation qui repousse les plus anciens ; plus tôt les gens seront équipés, plus le handicap technologique sera réduit.

29De plus, les développeurs d’aides techniques ne privilégient pas suffisamment la facilité d’utilisation. En effet, une fonction peut être considérée comme techniquement accessible mais rester difficile à utiliser par une personne handicapée. L’évolution de l’interface homme-machine, essentiellement conçue pour les non handicapés, a pour objectif de rendre les fonctions plus rapides et plus faciles à utiliser. Il n’y a pas de raison que les handicapés ne puissent pas eux aussi bénéficier de ces évolutions avec une ergonomie adaptée ; l’accessibilité n’est pas un but en soi, c’est l’usage qui doit être au cœur de l’accessibilité à travers une généralisation de l’approche « design for all » dès la phase de conception des produits et services.

30Il est donc indispensable de s’appuyer sur des TIC accessibles et utilisables pour offrir une égalité d’accès aux personnes handicapées. Mais il sera encore nécessaire, pour un pourcentage de gens de plus en plus faible, de fournir l’accès à ces informations de manière plus traditionnelle : l’utilisation d’une tierce personne, de documents en Braille ou en gros caractères. Enfin, un autre usage des TIC en faveur des handicapés mérite d’être mentionné, car il montre jusqu’où peut aller l’usage des TIC pour faciliter la vie des personnes en situation de handicap. Il s’agit d’un outil de navigation pour Smartphone permettant de se déplacer dans les bâtiments de l’entreprise, les bâtiments publics, ou les centres d’exposition. Il est le produit d’une extrapolation d’un outil de navigation pour piétons utilisé couramment pour trouver sa route dans les milieux urbains.

Quel avenir pour le handicap ?

31L’enquête « Handicap, incapacités, dépendance de l’Insee » (HID 1999) estime à environ 23 millions le nombre de personnes concernées par le handicap en France. Même si les progrès de la médecine ont fait diminuer les handicaps à la naissance, les accidents de la vie, mais surtout le vieillissement de la population, les maladies cardiovasculaires, le cancer, l’obésité, les maladies environnementales, ou le diabète ont considérablement fait augmenter le pourcentage des personnes en situation de handicap.

32La quasi-totalité des entreprises ne s’est pas préoccupée d’offrir des produits et des services utilisables par les personnes handicapées. Les services de marketing ne voient pas encore dans cette tranche de population un marché pouvant créer une augmentation du revenu et des bénéfices. En effet, les personnes handicapées ont surtout été vues jusqu’à présent comme peu solvables, voire même une charge pour la société civile.

33En quoi les TIC peuvent-elles aider les entreprises à proposer des produits et des services accessibles aux clients handicapés ? Nous proposons ci-dessous quelques exemples pris dans des secteurs différents :

  • Banques : site internet accessible, consultation de son compte sur son Smartphone.

  • Entreprises de transport en commun : site internet accessible, systèmes de navigation permettant aux handicapés de circuler seuls dans les aéroports, les gares, les trains, les stations de métro et de s’y déplacer de manière autonome grâce au Smartphone, localisation et réservation des places de stationnement dédiés aux personnes à mobilité réduite.

  • Entreprises d’agro-alimentaire et laboratoires pharmaceutiques : étiquetage de leurs produits adapté, accès sans restriction au mode d’emploi grâce au Smartphone (lecteur code datamatrix avec chargement automatique du mode d’emploi en format accessible).

  • Fournisseurs de service ADSL tripleplay : site internet accessible, boîtiers équipés d’écran à cristaux liquides et de claviers de télécommande accessibles.

  • Domaine de l’édition : livres, dictionnaires, encyclopédies, revues, journaux généralistes ou spécialisés en format électronique accessible et téléchargeables sur Smartphone ou tablette.

  • L’industrie du disque pourrait aussi proposer que soit accessible sur le site internet en format électronique tout le contenu textuel fourni avec le CD ou avec le lecteur MP3 intégré sur le Smartphone, 

  • L’industrie de l’audiovisuel (télévision, cinéma, catch up-TV, VOD…) : site internet accessible, programmes accessibles, et tout cela accessible aussi sur son Smartphone, contenus accessibles.

  • Restaurants : menu actualisé accessible sur leur site internet, accessible et téléchargeable sur Smartphone et autres terminaux mobiles.

  • Les entreprises de matériel HI-FI et électroménager doivent elles aussi intégrer l’accessibilité aux personnes handicapées des produits qu’elles réalisent et ceci dès leur conception, sans restriction des fonctionnalités (écran, clavier de commande, site internet accessible, modes d’emploi sous forme électronique disponibles sur les sites internet).

34Enfin, l’accessibilité est un gain ergonomique pour tous. Les sites internet et les produits accessibles sont reconnus comme plus faciles à utiliser par tous et notamment par les personnes âgées. Les services d’aide à la personne tournés vers le public handicapé pourront, par l’utilisation des TIC et leur évolution, proposer de nouveaux types de services pour tous les publics. En outre, elle permettrait de générer de nouveaux revenus car un handicapé intégré et qui travaille consomme plus qu’un handicapé assisté et restant chez lui… L’accessibilité n’est plus un fardeau, elle est source d’innovations technologiques et sociétales !

Conclusion

  • 4 Voir par exemple le dossier de la Revue de l’Électricité et de l’Électronique intitulé « Les TIC et (...)
  • 5 Le 11 décembre 2014 s’est tenue une Conférence nationale du handicap présidée par le Président de l (...)

35Le développement de la responsabilité sociétale des entreprises devrait favoriser la prise en compte des personnes handicapées et âgées (salariés, clients). Le handicap est-il un marché ? Est-il un coût pour l’entreprise et la société ? Comment faire avancer la cause de l’accessibilité, y compris celle du numérique ? Le dossier « TIC & Handicap » que vous propose ce premier numéro entièrement numérique (et accessible !) de Terminal propose d’apporter quelques réponses à ces questions et à participer à un débat crucial dans une société éprise de justice sociale. Qu’il soit alimenté par des chercheurs4, porté par des associations comme Handicapzéro qui publie un annuaire des sites accessibles, ou par des politiques publiques5, ce débat semble être revenu au cœur des préoccupations sociétales françaises, et nous y apportons notre pierre sous la forme d’un dossier comportant deux parties.

36Dans la première, afin de mieux comprendre comment les technologies de l’information et de la communication peuvent soutenir l’intégration sociale des personnes en situation de handicap, quatre articles abordent l’utilisation de TIC pour l’intégration des sourds par la langue des signes, pour la détection et l’alerte en cas de chute, pour l’autodétermination et création du « chez-soi », et pour l’accessibilité web en France. Dans la seconde partie, afin de mieux comprendre comment promouvoir une meilleure intégration scolaire des élèves en situation de handicap, quatre autres articles nous proposent une réflexion sur le handicap de la dyslexie, une analyse du multihandicap, ainsi qu’une enquête sur le handicap en milieu étudiant au Canada et un éclairage franco-japonais sur l’inclusion scolaire à l’heure des TIC. Pour finir, comme de coutume dans nos colonnes des libres propos d’acteurs de la société civile viennent conclure ce dossier. Tout d’abord, le responsable confédéral de la CFDT Hervé Garnier nous donnera son point de vue de syndicaliste sur l’accessibilité. Ensuite, c’est le président de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) qui nous fera part de son opinion sur le sujet. Nous terminerons par un cas pratique de l’exercice de l’accessibilité par une institution de l’enseignement supérieur, l’Institut Mines-Télécom, à laquelle appartient aujourd’hui la petite fille de l’ENST qui fut dans les années 1970 la première grande école d’ingénieur à accueillir un élève non voyant. Il s’appelait Philippe Balin…

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Notes

1 Une 1ère version de ce texte a été diffusée en ligne en mai 2011 sur http://ecoinfo.cnrs.fr/article219.html.

2 Pour l’actualité sur le sujet, voir la page consacrée au handicap et celle consacrée à l’accessibilité.

3 Voir « Touchscreen Use and Accessibility Issues », http://atcoalition.org/article/touchscreen-use-and-accessibility-issues, dernier accès le 11/12/2014.

4 Voir par exemple le dossier de la Revue de l’Électricité et de l’Électronique intitulé « Les TIC et la lutte contre la perte d’autonomie », http://blogrecherche.wp.mines-telecom.fr/2014/03/20/les-tic-et-la-lutte-contre-la-perte-dautonomie-un-dossier-de-la-ree-coordonne-par-andre-thepaut/, dernière consultation le 11/12/2014.

5 Le 11 décembre 2014 s’est tenue une Conférence nationale du handicap présidée par le Président de la République, qui précise par exemple que « Chaque projet d’école devra désormais comporter un volet sur l’accueil et les stratégies d’accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers », et que les achats publics devront intégrer les exigences d’accessibilité. Voir http://www.social-sante.gouv.fr/espaces,770/handicap-exclusion,775/dossiers,806/conference-nationale-du-handicap,2092/, page consultée le 11/12/2014.

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Table des illustrations

Titre Exemples d’outils TIC adaptés
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terminal/docannexe/image/751/img-1.png
Fichier image/png, 40k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Philippe Balin et Cédric Gossart, « L’accessibilité des TIC par les personnes handicapées : état des lieux du contexte actuel »Terminal [En ligne], 116 | 2015, mis en ligne le 25 décembre 2014, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/terminal/751 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/terminal.751

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Auteurs

Philippe Balin

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