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Coprésences, conflits, complémentarités dans les usages des lieux par les touristes et les habitants

Les bords de Marne : espaces partagés ou mondes parallèles

The banks of the Marne: shared spaces or parallel worlds
Eric Levet-Labry

Abstracts

On the banks of the Marne, different populations live side by side, coming into contact, ignoring each other, or living in parallel worlds. These different groups appropriate the territory but do not make the same use of it. Such tourist, recreational, and hedonistic uses can lead to conflicts between the different user groups. Our research will be limited to a study of users of the banks of the Marne, the different uses of the space, and the conflicts of use linked to the practice of tourist, excursionist, or recreational activities on the banks of the Marne between Bry-sur-Marne and Meaux. The aim is to report, on the basis of a survey, on the perceptions of users, their appropriation of the area, and the conflicts that may emerge between the different populations and between the different leisure enthusiasts. The banks of the Marne, spaces for meeting and confrontation, are shared, juxtaposed, and even unknown to the people who frequent them. Practices intersect without their practitioners knowing or recognizing the ever-present other. Spaces of co-presence become negotiated or shared, or simply emerge as parallel worlds.

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1Depuis 2013 le Comité départemental du tourisme du Val-de-Marne travaille sur le projet d’un itinéraire culturel européen1 (ICE) pour les bords de Marne visant à définir un projet de territoire à l’est du confluent de la Seine et de la Marne, en amont de Paris. Cet itinéraire s’ancre dans une histoire urbaine, une histoire du développement des loisirs mettant la rivière et les transports au centre de la réflexion sur une continuité territoriale touristique (Levet-Labry et Schut, 2013). Des recherches ont été menées concernant la reconquête des espaces fluviaux à des fins récréatives (Seidl et Carre, 2016), soit en montrant que les territoires actuels, entendus comme la relation qu’entretient la population avec l’espace dans lequel elle vit et se développe (Requier-Desjardins, 2009), sont le reflet de contingences historiques (Delaive, 1998 ; Machemehl, 2011), soit, dans une approche socio-historique, que les transformations urbaines sont liées à une pratique sociale (Marsac, 2011 ; Beaudoin, 2016). Certaines recherches insistent sur la prise en compte de l’aspect patrimonial dans les politiques d’aménagement pour reconquérir les espaces (Gravari-Barbas et Jacquot 2016 ; Seidl et Carré 2016), la rivière étant perçue comme un espace urbain (Ultsch, 2010). Ces différents travaux montrent que le territoire est l’objet d’enjeux et de conflits d’usage (Catez et al., 2015), qu’ils soient sociaux (Paugam, 1990), économiques, politiques ou environnementaux (Rollin 2010 ; Desrochers et al., 2014).

  • 2 À noter que le questionnaire permettait de donner plusieurs réponses.
  • 3 GMV Conseil, 2015, Étude sur la fréquentation et les usages des bords de Marne et de Seine, <https: (...)

2Il existe plusieurs études sur les usages et les usagers. En 2012, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Île-de-France a réalisé une étude2 sur les usagers et l’environnement. Celle-ci fait apparaître que les espaces naturels (forêts, lacs, rivières) et les espaces publics (pars, jardins, rues) sont des lieux de pratique de loisirs pour les Franciliens. Ces pratiques de loisirs sont essentiellement tournées vers le sport avec une prépondérance pour la marche (48 %) et le vélo (39 %), puis la course à pied (16 %). Les sports nautiques et la pêche suivent (5 % pour chacune des activités) (IRDS, 2011). Cette enquête met aussi en évidence la baisse régulière et inexorable de la pêche et de la chasse en Île-de-France. Elle montre en outre que les espaces naturels, comme les espaces publics, sont occupés par des usagers qui viennent y pratiquer des activités sportives de délassement, mais ne se centre pas sur les usages qui font référence à des motifs divers, notamment en ce qui concerne les désirs d’individualisation des pratiques (Femenias et al., 2011). Un rapport, établi à la demande conjointe de la région Île-de-France (IDF), du conseil général du Val-de-Marne et du Schéma d’aménagement et de la gestion des eaux (SAGE) – Marne Confluence, dans le cadre de l’élaboration d’un itinéraire culturel européen, rend compte de la fréquentation et des usages des bords de Marne3. Ce document montre que c’est la population locale qui fréquente ces lieux de loisir, mais aussi que la fréquentation est régulière et ancienne. Ce sont essentiellement des familles qui viennent le weekend pour se retrouver à proximité de la nature et avoir une pratique sportive. Si la tranquillité est mise en avant par les personnes interrogées, le manque d’information sur les sites, le manque d’équipement d’accueil (sanitaires, fontaines, espaces de pique-nique) et le manque d’entretien (propreté) limitent l’attrait des sites qui pourraient aussi être mis en valeur grâce à une communication sur le patrimoine et la biodiversité.

  • 4 Association d’éducation populaire créée en 1982, elle concilie utilité sociale et préservation de l (...)

3La question des rapports qu’entretiennent les populations qui fréquentent les bords de Marne a été posée lorsqu’il a fallu établir la spécificité du territoire de l’Est parisien et de la Marne dans le cadre du projet d’ICE. Il apparaît que tous les acteurs se mobilisent autour de la qualité et de l’attractivité environnementales du territoire et notamment de ce cours d’eau. La Marne semble avoir un rôle fédérateur auprès des acteurs qui la reconnaissent comme un lieu de divertissement, mais aussi d’exemplarité, tant du point de vue des solidarités que de la sociabilité. En effet, la volonté politique de rendre son usage accessible à tous est mise en avant par les différents utilisateurs. Par exemple, l’association Au fil de l’eau4 propose de relier les différentes villes des bords de Marne pour un prix modique tout en formant des personnes en difficulté d’insertion sociale aux métiers de l’accueil et de la batellerie. Cependant, malgré le consensus sur l’importance des bords de Marne et sur la notion du « vivre-ensemble », il semble que le partage de l’espace fluvial engendre des contraintes, notamment en ce qui concerne les utilisateurs professionnels et les utilisateurs de loisirs. Ainsi, la navigation commerciale, prioritaire sur la Marne, doit être prise en compte par les bateaux de croisière lors du passage des écluses. Il en est de même pour les autres usagers de loisirs. Par exemple, le ski nautique crée un risque de chavirage pour les adeptes de l’aviron ou du kayak.

4Ainsi, les bords de Marne, comme tout territoire, voient se côtoyer différents groupes sociaux qui entrent en contact, s’ignorent ou vivent dans des mondes parallèles. Les tensions et les conflits naissent des usages concurrents et des représentations différentes. Ces tensions ne représentent en réalité que l’émergence d’une opposition entre groupes sociaux dans une démarche d’appropriation de l’espace. Seul un usage équilibré du cours d’eau leur permet de se côtoyer harmonieusement (De Myttenaere et D’Ieteren, 2009).

5Le choix a été fait d’étudier les usagers des bords de Marne, leurs différents usages des lieux et les conflits pouvant apparaître en lien avec la pratique d’activités excursionnistes ou récréatives sur les bords de Marne entre Bry-sur-Marne et Meaux (illustration 1). Nous délaisserons les pratiques à usage commercial qui d’une part répondent à une autre logique et d’autre part utilisent la Marne comme support d’un déplacement sans usage des bords de la rivière (ex : bateaux de croisière).

Illustration 1 : Les sites enquêtés dans l’Est parisien

Illustration 1 : Les sites enquêtés dans l’Est parisien

Source : Levet-Labry, 2018.

6Sans entrer dans une étude des conflits et l’émergence de solutions entre les acteurs (Plottu, 2015), il s’agira de rendre compte des représentations, entendues comme un « ensemble d’informations et de croyances, d’opinions et d’attitudes à propos d’un objet » (Abric, 2003 : 19) qu’ont les usagers, de leur appropriation des lieux et des conflits pouvant émerger entre les différentes populations et entre les différents adeptes des loisirs.

7On peut s’interroger sur ce lieu particulier que représentent les bords de Marne et les usages qui en sont faits. Les bords de Marne constituent-ils un élément de la sociabilité urbaine ou ne répondent-ils qu’à un besoin de délassement et, à ce titre, ne sont-ils que des espaces caractérisés par une coprésence ? Ces lieux sont-ils des espaces partagés ou juxtaposés, voire méconnus par la population qui les fréquente ? Sont-ils des espaces de rencontre ou de confrontation ? Les pratiques des usagers permettent-elles de créer des espaces de convivialité ou au contraire assiste-t-on à des pratiques qui se côtoient sans (re)connaissance ni intérêt pour l’autre ? L’occupation de l’espace est-elle négociée ou les utilisations des espaces sont-elles simplement parallèles ?

8Pour répondre à ces différentes questions, et après avoir présenté la méthodologie de l’enquête et les sites enquêtés, une première partie s’attardera sur une analyse sociodémographique de la population étudiée et analysera ses représentations des bords de Marne. La seconde partie mettra en avant les résultats concernant l’usage de l’espace bordier, notamment en ce qui concerne son utilisation dans le temps et l’espace. Une sous-partie sera par ailleurs consacrée aux problèmes liés à la coprésence des usagers, ce qui permettra de s’interroger sur l’émergence de mondes parallèles reflétant une juxtaposition des pratiques.

Méthodologie

9Pour répondre à ces interrogations, une analyse quantitative a été préférée. Deux questionnaires ont été établis dont les questions se centraient sur une connaissance de la population, ses représentations des bords de Marne, ses usages et sa fréquentation, ainsi que sur les conflits. Le questionnaire adressé aux pêcheurs comprenait des questions plus spécifiques sur leur activité. Un total de 600 personnes fréquentant les bords de Marne et 85 pêcheurs ont été interrogés dans les villes de Bry-sur-Marne, Noisy-le-Grand, Lagny-sur-Marne et Meaux.

10Chaque site a fait l’objet d’une enquête auprès de 150 personnes qui ont été interrogées de manière aléatoire. Les questionnaires ont été administrés à différents moments de la journée entre le 1er juin et 31 juillet 2016. Les enquêteurs se positionnaient dans des lieux prédéfinis qui correspondaient à des endroits fréquentés par les promeneurs des bords de Marne. Dans chacun des terrains d’enquête, les enquêteurs interviewaient la première personne qu’ils croisaient, puis une fois l’entretien terminé, ils interrogeaient la suivante qui se présentait. Cela s’est fait de manière aléatoire, sans critère d’âge, de sexe, de catégorie sociale ou de provenance géographique. Les personnes interrogées sont des passants qui se déplaçaient à pied. Pour des raisons évidentes de commodité de réalisation de l’enquête, il n’a pas été possible d’arrêter les cyclistes ni les pratiquants de sports nautiques.

11L’enquête concernant les pêcheurs a été mise en place de façon différente. Compte tenu de la population plus restreinte, il a été décidé de considérer l’ensemble des quatre villes comme un seul terrain d’enquête. De même, l’enquête s’est déroulée en deux vagues, une du 1er juin au 31 juillet et l’autre du 1er octobre au 15 novembre 2016. Il est à noter cependant qu’il a été parfois difficile, voire impossible de questionner certains pêcheurs qui avaient des difficultés de compréhension et ne maîtrisaient pas le français. Souvent, originaires de l’Est de l’Europe, pêchant en groupe, ils étaient soit des travailleurs détachés, soit des habitants qui logeaient dans des habitats précaires ou des bidonvilles.

12Les sites enquêtés sont de tailles différentes mais ont pour caractéristiques communes de se situer sur les bords de la Marne, sur une distance 30 kilomètres (Bry-sur-Marne 16 000 habitants, Noisy-le-Grand 65 000 habitants, Lagny-sur-Marne 21 000 habitants, Meaux 55 000 habitants). Ces terrains se situent à l’Est de Paris. Ils sont accessibles facilement en transport ferré et possèdent des bords de Marne aménagés, notamment avec des promenades ou des parcs (Meaux), et des structures nautiques. Les deux premières villes (Bry et Noisy) sont situées dans les départements limitrophes de Paris, dans des secteurs urbanisés de la proche banlieue. Lagny et Meaux sont des villes du département de la Seine-et-Marne, tournées plus vers leur territoire semi-rural que vers Paris, étant à mi-chemin entre des villes de banlieue et des villes de province. Malgré ces caractéristiques communes, des divergences apparaissent sur le plan de la population.

Une population urbaine avec des différences socioprofessionnelles marquées

13Les terrains étudiés montrent des populations différentes qui ont des appropriations diverses des bords de Marne. La population est urbaine quelle que soit la commune étudiée. Cependant, les quatre villes se différencient en ce qui concerne les revenus (tableau 1) et les catégories socioprofessionnelles (illustration 2), la ville de Bry-sur-Marne apparaissant comme plus aisée alors que la ville de Meaux est plus ouvrière.

Tableau 1 : Population en fonction du revenu, du taux de pauvreté et du chômage (population de la ville en 2014)

Tableau 1 : Population en fonction du revenu, du taux de pauvreté et du chômage (population de la ville en 2014)

Sources : Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), fichier localisé social et fiscal en géographie, 1er janvier 2015 ; et INSEE, Recensements de la population (RP) 2009 et RP 2014, exploitations principales en géographie, 1er janvier 2016.

14Il apparaît que l’éloignement de Paris est corrélé avec la baisse du revenu médian par unité de consommation. De même, les populations enquêtées qui fréquentent les bords de Marne sont différentes, du point de vue de la classification des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des populations des communes étudiées (illustration 2).

Illustration 2 : Population de 15 ans et plus selon la catégorie socioprofessionnelle (en %)

Illustration 2 : Population de 15 ans et plus selon la catégorie socioprofessionnelle (en %)

Sources : INSEE, RP 2009 (géographie au 1er janvier 2011) et RP 2014 (géographie au 1er janvier 2016), exploitations complémentaires.

15Ce territoire est donc diversifié. Les villes étudiées sont différentes par leur taille, leur positionnement géographique, leur sociologie et leur histoire. Cependant, toutes ces villes bénéficient de bords de Marne aménagés pour la promenade à pied ou à vélo et pour les activités de loisirs, et dans chacune de ces villes il existe d’ailleurs des clubs sportifs d’aviron ou de kayak, parfois les deux.

16Quels que soient les terrains d’enquête, les PCS les plus représentées sont les personnes sans activité et les retraités. Ces deux classes représentent à elles seules plus de 50 % du groupe, nettement au-delà de leur représentativité dans la structure de la ville. Cela semble logique si l’on considère que ce sont les personnes qui ont le plus de temps libre. Les grands absents de l’enquête sont les ouvriers (sauf sur Noisy : 2 % des sondés). La catégorie des employés est à l’image de son importance dans l’ensemble de la population des villes étudiées. Les professions intermédiaires sont sous-représentées dans l’étude, alors que les cadres et professions libérales sont surreprésentés (sauf à Bry-sur-Marne). La structuration de la population enquêtée indique, dans un premier temps, que les catégories surreprésentées sont celles qui disposent de temps libre ou qui peuvent aménager leur temps de loisir. Cela est d’autant plus vrai que dans leur grande majorité ces personnes sont issues (à plus de 70 %) de la ville enquêtée (sauf Bry-sur-Marne, 50 %). Si l’on étend le lieu d’habitation aux communes limitrophes, cela représente plus de 85 % des personnes interrogées, quelle que soit la commune. Le reste de la population habite l’Île-de-France et de façon très anecdotique la province.

17La population des pêcheurs est majoritairement issue de l’Île-de-France (plus de 90 %), rarement de la ville dans laquelle ils pêchent. Les autres pêcheurs ne sont pas franciliens, ils sont présents pour d’autres motifs que celui qui les occupe (visite familiale essentiellement). Lorsqu’elle vient de province, cette population est essentiellement masculine, peu importe l’âge. Les plus de 50 ans sont majoritaires (45 % des pêcheurs enquêtés). Cette population, dont le revenu médian est inférieur à celui de la population d’Île-de-France, est surtout constituée d’inactifs et de retraités (55 % des pêcheurs interrogés), dont 23 % de seniors (personne de plus de 60 ans selon l’INSEE) (Ennuyer, 2011). Les catégories artisans, cadres et professions intermédiaires sont sous-représentées (20 % des pêcheurs interrogés).

18Ainsi, la fréquentation des bords de Marne est avant tout une fréquentation de proximité pour les promeneurs, et une fréquentation régionale pour les pêcheurs. Les touristes sont absents des bords de Marne. La plupart du temps les promeneurs qui les fréquentent demeurent à moins d’un quart d’heure de route. Ils viennent à pied ou en voiture, plus rarement à vélo. Ces populations ne représentent pas les structures sociales des populations des villes étudiées, puisque les classes sociales des inactifs et les classes sociales favorisées sont plus représentées. Les pêcheurs, quant à eux, appartiennent aux classes sociales qui ont du temps libre (inactifs et retraités) et aux classes sociales les plus populaires (ouvriers).

Représentations des bords de Marne

19Les cinq groupes étudiés (les quatre terrains d’enquête plus les pêcheurs) ont été questionnés sur leurs représentations des bords de Marne. Les réponses obtenues diffèrent en fonction des lieux, mais aussi en fonction des attentes au regard des pratiques. Ainsi, les pêcheurs ont des exigences plus importantes que les autres groupes par rapport au milieu physique (illustration 3), c’est-à-dire la rivière, mais aussi par rapport aux aménagements. Cela peut s’expliquer parce qu’ils sont peu mobiles (ils installent leur matériel sur la berge et restent sur leur site de pêche) et observent davantage les rives du fait de leur long temps de présence sur les bords de Marne.

Illustration 3 : Représentations des bords de Marne par les populations enquêtées

Illustration 3 : Représentations des bords de Marne par les populations enquêtées

Source : Levet-Labry, enquête 2016.

20Les bords de Marne sont reconnus comme étant peu animés (sauf en ce qui concerne la ville de Meaux). Plus la ville est importante plus la fréquentation est source de désagrément, mais dans le même temps la population apprécie les efforts de propreté des communes traversées. Les deux villes les plus importantes (Noisy et Meaux) ont des scores supérieurs aux deux autres (Bry et Lagny). En fait, il semblerait, mais cela reste à démontrer, que les aménagements mis en place par les municipalités sont plus importants dans les communes les plus peuplées et permettent de satisfaire la population. La présence de bancs et d’espaces partagés importants semble satisfaire la population de promeneurs. Cette remarque est aussi valable pour la signalétique présente sur les rives de la Marne. Cela peut trouver une explication dans le fait que les utilisateurs des bords de Marne des deux villes les plus importantes peuvent parfois être assez éloignés de cet espace de détente, alors qu’à Bry et à Lagny les rives de la Marne ne sont jamais très loin et constituent les lieux de promenade habituels de la population. Par exemple, les habitants de Noisy, compte tenu de l’étendue de la commune, peuvent résider à plus de 4 kilomètres de la Marne à vol d’oiseau et doivent, pour l’atteindre, passer sous une autoroute qui traverse le territoire et au-dessus de voies ferrées. Au contraire, les habitants de Bry-sur-Marne sont assez proches de la rivière puisque la commune est nettement moins étendue et que les habitants parcourent un maximum 1,5 kilomètre pour attendre les rives ; le seul obstacle qui se présente à eux est la voie ferrée. Quels que soient la commune traversée par la Marne et les aménagements effectués par la municipalité, les bords de rivière sont source de calme et de rupture par rapport à l’espace citadin. Ils sont perçus comme un espace naturel reposant. Cependant, la perception de l’environnement diverge selon les usagers des différents terrains d’étude. Cette distinction peut s’expliquer par les particularismes locaux. En effet, les bords de Marne à Bry-sur-Marne et à Lagny-sur-Marne sont aménagés avec des voies partagées entre les voitures et les piétons. Les bords de Marne à Noisy et à Meaux, où des entretiens ont été effectués, sont réservés aux piétons et aux cyclistes (quai de la Rive charmante à Noisy-le-Grand et chemin des Pâtis à Meaux), ce qui réduit les nuisances urbaines et influence probablement les réponses en ce qui concerne l’aspect environnemental. Néanmoins, ces espaces des bords de Marne sont perçus comme naturels et agréables, globalement sécurisés par rapport à la ville environnante.

21Les pêcheurs, quant à eux, ont des représentations assez proches des personnes enquêtées dans les villes de petite importance. Proches de la nature, stationnés en bordure immédiate de la rivière, ils sont beaucoup plus sensibles à l’environnement et à l’entretien du milieu naturel. Les items relatifs à la propreté, à la nature et à l’aménagement des berges obtiennent des scores de beaucoup inférieurs à ceux des autres populations enquêtées.

22Pour résumer, ce territoire est perçu comme un espace de détente propre dans un cadre naturel relativement peu fréquenté et peu animé. Cependant cet espace demanderait à être mieux signalé, sécurisé et aménagé pour permettre à la population de l’apprécier davantage. Il est à noter que ces caractéristiques sont moins marquées dans les petites villes que dans les grandes. Les réponses des pêcheurs sont relativement proches de celles des enquêtés dans les petites villes. En fait, il semble que plus la ville est importante, plus les rives de la Marne apparaissent comme des lieux de repos, de détente et de récupération. Elles semblent être un lieu extérieur à la ville, objet de curiosité ou but à la visite, comme si elles se trouvaient en dehors du territoire de la commune. Dans les petites villes, au contraire, elles semblent faire partie du territoire communal. L’urbanisation et la densité de la population semblent avoir une incidence sur la perception de ces espaces naturels par la population.

23En tenant compte de la connaissance des sites enquêtés, de la population présente et de ses représentations, nous essaierons de comprendre comment les usagers perçoivent l’espace bordier qu’ils fréquentent, de connaître les usages qu’ils en font et de nous intéresser aux relations qu’ils entretiennent avec les autres utilisateurs des bords de la Marne. L’analyse des résultats permettra de voir si ces espaces de loisirs sont des espaces de rencontres, des lieux de partage, des espaces frictionnels, ou si l’usage qui en est fait n’est qu’une juxtaposition de pratiques sans que les usagers se perçoivent comme utilisateurs d’un même lieu. Les lieux deviennent alors des mondes parallèles dans lesquels la sociabilité intergroupe est absente. Nous tenterons, enfin, de faire émerger une typologie des groupes qui fréquentent les bords de Marne.

L’espace bordier comme lieu de partage et de conflit

24Au regard des résultats de l’enquête, l’usage des bords de Marne fait état d’un partage dans l’espace et dans le temps. Ainsi, l’espace bordier est découpé en plusieurs zones qui permettent aux usagers une utilisation conjointe ou juxtaposée, ou un mélange des deux. La Marne est occupée par les usagers des sports nautiques (kayak, aviron) ou les excursionnistes qui utilisent les bateaux à moteur. La présence des usagers des sports nautiques est notable également dans la zone bordière, puisque leurs clubs et leurs pontons y sont implantés de longue date et constituent des sites importants d’animation, avec les guinguettes où s’épanouit la culture locale. La rive est le lieu où les pêcheurs installent leur tente et fixent leurs cannes à pêche. Ensuite, la zone bordière est occupée par les familles et les jeunes pour un usage récréatif du lieu. L’usage est plus lié à la détente, à la convivialité, au bronzage en été. En s’éloignant du bord, le chemin, aménagé de bancs et parfois de points d’eau, réservé aux piétons et au vélo, voit se côtoyer à la fois promeneurs et sportifs. Il y a donc une différenciation des espaces avec peu d’utilisations conjointes. Le territoire est découpé, rendant possibles des usages différents. De même, ces espaces font l’objet de règlements relatifs aux relations entre les groupes d’usagers : la vitesse est limitée sur la Marne, le chemin de circulation piétonnier/vélocipédique est constitué de deux voies différenciées…). L’usage des lieux semble réserver les activités matinales aux sportifs et les après-midi aux familles. Ainsi, l’espace est occupé par des usagers ayant des pratiques différentes qui sont complémentaires, se juxtaposent dans le temps, mais peuvent entrer en concurrence. De ces utilisations diverses naissent quelques conflits d’usage qui entachent la sociabilité liée à cet espace de détente, mais semblent se régler d’eux-mêmes.

Une utilisation partagée dans le temps

25Les bords de Marne sont fréquentés toute l’année et en toutes saisons (illustration 4) ; cependant les pêcheurs sont beaucoup moins présents l’hiver. Ils s’adonnent à leur activité surtout au printemps et en été. Cela est peu lié à la période d’ouverture de la pêche, puisque dans cette région ce sont surtout des espèces communes, qui ne sont pas l’objet d’interdictions spécifiques, qui intéressent les pêcheurs. Les pêcheurs de brochets y sont rares ; on peut supposer que cette pratique étant statique, les pêcheurs trouvent qu’il est plus aisé d’éviter la pêche hivernale, celle-ci étant moins attractive en nombre de poissons et moins conviviale à cause du froid. La présence de crues hivernales peut constituer une explication complémentaire, les rives de la rivière devenant difficilement accessibles compte tenu des arbres submergés.

Illustration 4 : Fréquentation saisonnière des bords de Marne

Illustration 4 : Fréquentation saisonnière des bords de Marne

Source : Levet-Labry, enquête 2016.

26Pour l’ensemble de la population, et cela semble ne pas induire (ou très peu) d’usages spécifiques, ces derniers étant essentiellement centrés sur les saisons les plus agréables que sont le printemps et l’été (les deux tiers de la population fréquentent les bords de Marne durant ces périodes). En journée, la fréquentation matinale et méridienne change en fonction de l’éloignement de Paris : plus on s’en éloigne et plus la fréquentation matinale et méridienne est importante. Inversement, plus on est proche de la capitale et plus la fréquentation est importante l’après-midi. On peut émettre l’hypothèse que pour la proche banlieue, les bords de Marne constituent une destination de type excursionniste, alors que, dans les villes plus éloignées de Paris, la Marne est intégrée dans les déplacements habituels de la population. Les gens y passent sans que cela soit un objectif exceptionnel de leur promenade. Quelle que soit la population étudiée, y compris celle des pêcheurs, environ 15 % des répondants y sont présents en soirée.

27La population des pêcheurs est marquée par une forte présence le matin et l’après-midi, mais aussi, une caractéristique de cette catégorie, par une activité nocturne. Ces pêcheurs pratiquent surtout la pêche à la carpe, autorisée de nuit dans les rivières de deuxième catégorie comme la Marne.

28Lorsqu’on porte attention à l’espace de fréquentation, une autre particularité ressort. Il apparaît que la plupart des promeneurs des villes les plus importantes envisagent difficilement de traverser la rivière pour se rendre dans la commune voisine limitrophe. Les communes étant étendues, les ponts espacés, la moitié des usagers de ces villes restent sur leur propre rive. Les usagers des villes plus petites sont plus mobiles ; ils sont seulement 10 % à Bry et 20 % à Lagny à ne jamais se rendre de l’autre côté de la Marne. Cela s’explique par la courte distance représentée par les bords de Marne dans ces villes. Par exemple, la ville de Bry a environ 3100 mètres de rives, alors que Noisy en compte autour de 6800 mètres. Outre la distance, l’absence de pont constitue un frein à cette mobilité. En effet, Bry bénéficie de deux ponts et d’une passerelle, répartis de façon homogène sur le territoire, alors que Noisy compte trois passerelles et deux ponts inégalement répartis sur le territoire ; ainsi, trois de ces structures enjambent la Marne sur seulement 1200 mètres de distance dans une zone moins fréquentée et moins aménagée que sur le reste de la commune. Il semble donc que l’étendue de la ville et la facilité pour traverser la rivière soient des éléments importants de mobilité extra-muros. De même, l’animation, l’aménagement des berges de la ville adjacente sont des atouts pour inciter les visiteurs à venir. Les deux villes prises pour exemple répondent à ces différents critères.

29Bref, pour toutes les populations étudiées ici, la fréquentation est essentiellement diurne, avec une présence plus équilibrée dans la journée au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Paris. Par ailleurs, la population qui fréquente les bords de Marne peut élargir son espace de visite quand les aménagements le permettent.

Une utilisation conjointe de l’espace

30Les activités pratiquées habituellement et citées par les usagers se situent souvent sur la rive même où les personnes sont interrogées. La voie de cheminement entre les habitations et la rivière permet la réalisation d’activités terrestres et donne accès aux pontons réservés aux activités nautiques. Cette voie aménagée, dans tous les secteurs, est essentiellement fréquentée par des promeneurs et des sportifs.

  • 5 Pour notre enquête, nous avons fait la distinction entre promenade/balade et marche. La promenade e (...)

31L’appropriation de cette bande bordière se fait différemment en fonction de l’âge des personnes interrogées. Plus les personnes sont âgées, plus cette zone est à usage utilitaire, alors que l’utilisation est plus récréative pour les plus jeunes. Ainsi, par exemple sur le secteur de Bry-sur-Marne, on peut observer différents types d’utilisation qui correspondent à des usagers d’âges différents. Des seniors viennent pour promener leur chien, se balader et marcher5, ils recherchent un bienfait corporel. Ils viennent également pour l’aspect convivial, la possibilité de rencontrer d’autres personnes et de discuter. On voit aussi des pratiques sportives de quadragénaires, dont quelques-uns qui pratiquent la course et le vélo. Cependant ces pratiques restent minoritaires par rapport aux pratiques d’entretien précédentes qui touchent aussi les quinquagénaires. La sportivisation des pratiques apparaît avec les personnes d’une trentaine d’années qui majoritairement sont présentes sur les bords de Marne pour courir ou faire du vélo. Ce sont essentiellement des hommes qui sont ici concernés, la promenade en famille étant marginale par rapport à la pratique sportive. Les jeunes de moins de 20 ans s’approprient différemment les bords de Marne ; cet espace en devient un festif et convivial ; ceux-ci viennent faire des pique-niques entre amis. Ainsi, les pratiques font apparaître deux grandes catégories d’usagers : les uns viennent pour la convivialité, la rencontre, le délassement, alors que les autres s’adonnent à une pratique sportive.

32Si l’on étend le questionnement aux activités pratiquées par les usagers habituellement dans leur ville d’origine, il y a une grande constance dans les réponses. Les activités sportives arrivent largement en tête, indépendamment du groupe interrogé (illustration 5).

Illustration 5 : Activités pratiquées par les usagers des bords de Marne

Illustration 5 : Activités pratiquées par les usagers des bords de Marne

Source : Levet-Labry, enquête 2016.

33Avant toute chose, les activités de loisirs sont consacrées aux pratiques sportives, qui intéressent environ 70 % des répondants. Les sports pratiqués sont pour l’essentiel le jogging, le canoë, l’aviron et le vélo. Leur pratique dépend de la présence de clubs sportifs à proximité, montrant que si l’offre sportive est importante, les usages sportifs se multiplient, comme c’est le cas à Noisy-le-Grand qui offre en bordure de Marne un club d’aviron, un club de canoë-kayak, un stade de football, un club de tennis… Ces pratiques sportives génèrent aussi des conflits quant à l’utilisation conjointe des lieux de pratique. Par exemple, les rameurs (aviron) sont suivis, pour leur sécurité, par des bateaux hors-bord qui génèrent des vagues et posent des problèmes d’équilibration aux kayakistes de course en ligne dont les embarcations sont très instables.

  • 6 Depuis 2001, à l’initiative du Val-de-Marne, le festival de l’Oh ! accompagne un mouvement de recon (...)

34La socialisation représente une part non négligeable des activités des usagers des bords de Marne. Celles-ci sont tournées vers la détente, le délassement sur les plages aménagées (ex : Noisy-plage), vers les fêtes nautiques et le Festival de l’Oh !6 (Bry-sur Marne), ainsi que les bals et les guinguettes. S’ajoutent à cela les repas pris entre amis sur les bords de la rivière ; toutes des activités qui participent à la convivialité. Peu de promeneurs s’intéressent à des activités culturelles constituées de visites guidées, de spectacles et de visites de musée. Il faut cependant noter que les activités culturelles, implantées en centre-ville, sont éloignées des lieux de promenade. À Meaux, le centre-ville est éloigné ; à Lagny et à Bry, bien que ces villes soient plus petites, les bords de Marne sont très bien identifiés et il y peu d’interactions avec le centre-ville. À Noisy, les bords de Marne sont très excentrés ; ils sont à la marge de la ville et de ses structures culturelles.

Des conflits liés à des usages différents

35Les résultats issus des questionnaires montrent que les usagers utilisent l’espace bordier différemment en fonction de leur âge et de leurs activités. Les CPS ont peu d’incidence sur les différents usages, hormis dans la population des pêcheurs. En effet, il faudrait s’intéresser à l’usage de la rivière pour voir les catégories sociales se différencier dans leurs pratiques, comme c’est le cas des adeptes de l’aviron qui proviennent généralement des couches sociales les plus favorisées (Duret, 2015).

36Au regard des remarques faites par les usagers, la zone bordière est un espace à partager dans lequel chaque groupe d’utilisateurs se considère comme prioritaire. Sur le plan des pratiques, comme on l’a vu précédemment, deux mondes se côtoient, celui des utilisateurs hédonistes et celui des sportifs. Ils se retrouvent dans le même espace, se côtoient et parfois endossent les deux rôles à des moments différents : ainsi, un homme, le matin, pourra utiliser ce lieu de pratique pour son jogging et il peut être vu l’après-midi en famille, en train de pester contre les cyclistes qui vont trop vite sur la promenade et ont un comportement dangereux pour les enfants. Sportifs en plein effort, marcheurs, promeneurs en famille, cyclistes, pêcheurs utilisent ce même lieu dans des buts différents. Chacun désire des transformations et des aménagements au regard de son usage. Si l’on se centre seulement sur la ville de Bry, des conflits d’usage apparaissent entre les différentes populations qui fréquentent la zone bordière. Ainsi, certains veulent davantage de place pour les cyclistes sur la promenade, alors que d’autres désirent une séparation entre promeneurs et cyclistes, afin de pouvoir se balader tranquillement ou courir. De même, les promeneurs de chien souhaitent plus d’espaces et des « toutounettes » pour leur animal, alors que d’autres veulent contraindre ces propriétaires pour qu’ils tiennent leur chien en laisse ou encore veulent la création de parcs pour chiens pour des raisons d’hygiène ou de sécurité. Ces conflits amènent certains usagers à suggérer la mise en place de sanctions et d’interdictions pour limiter les désagréments. L’étroitesse de la zone bordière oblige les différents groupes d’usagers à négocier les espaces géographiques et temporels. Ainsi, augmenter la surface des aires de jeux pour enfants, comme certains l’envisagent, est incompatible avec l’élargissement de la promenade pour permettre aux marcheurs et aux cyclistes de se côtoyer sans difficulté. De même, la promenade familiale à pied ou à vélo se déroule à un moment autre que l’utilisation sportive par les coureurs et les vététistes.

  • 7 La vitesse des bateaux pour le ski nautique est de 60 km/h et semble excessive par rapport à celle (...)

37Ces mêmes remarques concernent les pêcheurs qui, proches de la rivière, recherchent tranquillité et calme pour pratiquer leur activité. Gênés parfois par les promeneurs, ils retiennent surtout les nuisances des bateaux de tourisme et du ski nautique. Leurs conflits sont surtout centrés sur le partage de la rivière, les berges leur étant de fait réservées. Il est rare qu’un promeneur vienne importuner un pêcheur lorsqu’il est en pleine activité. Ainsi, ce sont les engins motorisés, le bruit et la vitesse « excessive7 » des bateaux qui gênent le plus les pêcheurs. Les activités anciennes et traditionnelles (canoë, aviron, péniches de transport) ne semblent pas perturber leur tranquillité. Elles font partie intégrante de la rivière et semblent même découler de son rythme naturel.

38Il est à noter que les conflits, lorsqu’ils existent, sont en général considérés comme mineurs par rapport à l’usage qui est fait de la zone bordière. Les gens viennent se détendre, se délasser, sortir de leur quotidien, et souhaitent ne pas s’appesantir sur les tensions qui peuvent être créées par la coprésence. En cas de conflit, l’apaisement est de rigueur.

Illustration 6 : Réactions des pêcheurs face à une attitude gênante (données en %)

Illustration 6 : Réactions des pêcheurs face à une attitude gênante (données en %)

Source : Levet-Labry, enquête 2016.

39Par exemple, plus de 90 % des pêcheurs portent un regard bienveillant sur les nuisances provoquées par les autres usagers (illustration 6), même si parfois elles engendrent des discussions. En général tout rentre dans l’ordre, chacun continuant sa pratique en évitant de trop gêner l’autre. Les invectives et les menaces sont rares et ne concernent que 7,5 % des cas.

40Ainsi, globalement, même si les usages peuvent engendrer des conflits, il apparaît que le bon sens, la civilité et le respect de l’autre permettent aux différents utilisateurs de vivre ensemble dans les mêmes lieux. Cependant il semble que ce vivre-ensemble relève plus d’un usage juxtaposé des lieux que d’une utilisation concurrentielle, conflictuelle de ceux-ci.

Des usages favorisant l’émergence de mondes parallèles

41Les usagers des bords de Marne sont aussi centrés sur leurs usages. Ils développent une appropriation particulière qui vise à concevoir cet espace comme un espace personnel et, de fait, excluent les autres usagers considérés comme ayant des pratiques mineures, moins importantes. Il y aurait de bonnes pratiques sur les bords de Marne qui seraient dépendantes des usagers et mettraient en tension le bien-être personnel et le bien commun. Il y aurait, à ce stade, une convergence entre intérêt individuel et intérêts collectifs (Brasseur et Deslandes, 2015) débouchant sur un usage parallèle des lieux par des personnes qui se côtoient tout en s’ignorant.

42L’habitat est le reflet de cette perception de l’espace bordier et constitue un marqueur des représentations tant spatiales que sociales des bords de Marne. Lorsqu’on demande aux promeneurs comment ils perçoivent l’habitat sur leur lieu de visite, les réponses ne sont pas homogènes. En effet, les villes les plus proches de Paris, Bry et Noisy, se distinguent des autres (illustration 7). Dans ces deux villes, il ressort que les maisons « ordinaires » apparues avec le développement des lotissements des années 1900, qui sont peuplées par les classes ouvrières et les employés, se sont transformées sous la pression démographique et laissent la place, aujourd’hui, à des maisons bourgeoises. Les maisons bourgeoises présentes dès la fin du XIXe siècle sur les bords de Marne semblent constituer des points de fixation autour desquels les constructions se modifient et permettent à la population actuelle, plus aisée, de profiter de ses attraits. Elles étaient d’ailleurs occupées, à l’origine, par les classes moyennes et la bourgeoisie parisienne qui venaient se délasser la fin de semaine ou s’installer pour échapper aux miasmes de Paris (Beaudouin, 2016). Le développement du chemin de fer a permis de répondre à l’engouement pour la Marne et ses guinguettes. Les bords de Marne constituent un espace essentiellement bourgeois dans ces deux villes, espace que l’on ne retrouve pas totalement dans les autres villes, plus éloignées de Paris. En effet, à Lagny et à Meaux, les promeneurs observent une mixité urbanistique mêlant maisons ordinaires et bourgeoises.

  • 8 Ce plan, obligatoire depuis 1995, est élaboré par la commune et vise à limiter et à encadrer les co (...)

43Une explication peut être trouvée dans la distance géographique par rapport à Paris. L’espace bordier est un lieu perçu comme incertain au regard des aléas de la Marne et notamment des risques d’inondation. Paris semble protéger, de fait, sa proche banlieue même si, exceptionnellement, des inondations importantes ont touché les bords de Marne au premier trimestre 2018. En effet, les structures d’endiguement de la Marne et de la Seine (murets), de régulation (les quatre lacs réservoirs sur l’Yonne, l’Aube, la Seine et la Marne ; la vanne secteur de Saint-Maur) et les zones inondables en amont de Paris (Seine-et Marne, anciennes régions Bourgogne et Champagne-Ardenne) sont des outils à la disposition des pouvoirs publics pour limiter les crues touchant Paris et sa proche banlieue en cas de fortes précipitations (Établissement public territorial de bassin [EPTB] Seine Grands Lacs, 2014). Alliée au processus d’embourgeoisement des bords de Marne, cette politique de gestion du risque provoque une transformation urbaine aboutissant à la multiplication des demeures bourgeoises sur les rives. La réaction est inverse en ce qui concerne les communes les plus éloignées de Paris. Les berges pouvant être inondées, les maisons restent plus « communes » ou les constructions intègrent ces risques, comme en atteste par exemple la multiplication des immeubles qui, respectant le Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI)8, ne présentent des locaux d’habitation qu’à partir du premier étage.

44Loin de ces préoccupations, les usagers des bords de Marne n’observent pas cet environnement immédiat, puisque peu d’entre eux ont connaissance de ces règlementations. Centrés sur leur promenade et sur leur pratique hédoniste, ils n’observent que rarement de façon objective leurs lieux de visite. Lorsqu’on leur demande de préciser les formes d’habitations qu’ils croisent le long de la Marne, peu relèvent l’existence de campings ou voient les péniches d’habitation qui sont amarrées sur les quais, dans les ports ou près des berges. Il en est de même en ce qui concerne les bidonvilles et les habitats précaires qui, comme le fait remarquer un passant interviewé, « sont cachés derrière les arbres ». Cela semble indiquer que les promeneurs ne s’éloignent guère de leur lieu de départ et traversent rarement la Marne (voir plus haut). Les campings et les habitats précaires sont éloignés des terrains d’enquête. Pour les observer il faut parcourir plusieurs kilomètres (Joinville et Neuilly-sur-Marne pour les campings ; Noisy, Neuilly-sur-Marne, Chelles recèlent quelques cabanes et maisons précaires). Il est plus surprenant que l’observation de péniches d’habitation soit peu mise en avant, compte tenu des lieux d’enquête qui croisent des sites abritant ces bateaux. Il semblerait donc que tout se passe comme si les usagers avaient une appropriation récréative des bords de la rivière et ignoraient ou ne voulaient pas voir ce qui se passe autour d’eux.

Illustration 7 : L’habitat perçu par les promeneurs (moyenne des réponses sur 10)

Illustration 7 : L’habitat perçu par les promeneurs (moyenne des réponses sur 10)

Source : Levet-Labry, enquête 2016.

45Cette appropriation des bords de Marne peut être mise en parallèle avec celle des activités pratiquées. Le questionnaire a permis de différencier les activités pratiquées de celles offertes aux usagers. Cette distinction est importante puisqu’elle participe à la représentation que se font les utilisateurs du site visité. Il apparaît que les bords de Marne constituent un espace naturel préservé par rapport à la ville, même s’il est situé en zone urbaine. Tous notent, quel que soit le secteur, que ce qui les incite à venir est la proximité de la rivière par rapport à leur habitat, le cadre naturel, le calme et l’absence de voiture. En fait, les usagers oublient le côté citadin du quai, de la promenade, pour se tourner exclusivement vers la Marne et ne retenir que l’espace aquatique et l’environnement apaisant qui le caractérise.

46Tout est en place pour que ces populations se côtoient et ne se rencontrent pas. Chacun vit dans son monde, a sa propre perception de l’espace, l’utilise de façon unique, créant ainsi des mondes parallèles. Les usagers utilisent les bords de Marne dans des temps et des espaces différents. Ainsi, il est rare de voir, en journée, la population logeant dans les abris précaires se mêler à la foule des promeneurs. Promeneurs, mariniers, habitants, campeurs, habitants précaires et pêcheurs ne se rencontrent que très rarement. La plupart du temps ils se côtoient sans établir de relations directes. Les pêcheurs sont les plus attentifs de l’espace qui les entourent, peut-être est-ce un éloge à la lenteur de leur activité (Honoré, 2007) qui leur permet d’être des observateurs privilégiés des bords de rivière ? Dans l’ensemble ils sont capables de rendre compte de façon plus précise du positionnement des différentes formes de logement, des différents usages et de la diversité des usagers.

  • 9 À titre d’exemple, les clubs de kayak et d’aviron de Bry ou de Noisy ne s’adressent qu’à des membre (...)

47De même, ces mondes parallèles émergent lorsqu’on s’intéresse à la connaissance qu’ont les usagers du secteur dans lequel ils se trouvent. Ils s’approprient de façon différente les rives. Ainsi, les promeneurs pensent majoritairement qu’ils peuvent, s’ils le souhaitent, accéder à la pratique des activités nautiques telles que le kayak et l’aviron. Cette perception est en partie erronée. En effet, la pratique de ces sports par les néophytes est quasiment impossible, car ces activités institutionnalisées nécessitent souvent, sur la Marne, l’obligation d’une inscription dans un club et la participation à un entraînement régulier9. Tout se passe comme si les pratiques sportives des bords de Marne étaient euphémisées. La population qui fréquente les bords de Marne s’imagine s’être approprié ces pratiques sportives, elles font partie intégrante de son environnement proximal. Le fait de croire que ces activités sont abordables physiquement suffit à la population des usagers. En réalité, elle n’en a pas l’usage tant culturellement que financièrement, ou n’en fait pas usage. Chacun pense pouvoir accéder, au même titre que les autres, aux différentes activités offertes. Cependant, on s’aperçoit rapidement que si l’offre est présente, son usage est fortement limité par des conditions matérielles, mais aussi sociales et culturelles. Tout laisse à penser que les usagers utilisent l’espace bordier en fonction de leur catégorie sociale et de leur structure familiale.

48Cette même remarque peut être faite en ce qui concerne l’offre culturelle. Les usagers dans une première approche sont peu intéressés et ne connaissent pas les possibilités de visites culturelles qui leur sont offertes. Ils viennent sur les bords de Marne pour se détendre physiquement et ne font pas de lien avec l’offre culturelle de la ville.

49Assez rapidement on observe des relations entre les réponses, l’âge des personnes interrogées et leur origine sociale lorsqu’on interroge les promeneurs sur la ville dans laquelle ils se trouvent. Les plus de 60 ans sont en majorité capables de citer des monuments, des manifestations culturelles et sportives et les événements marquants de la vie municipale. Dans les autres catégories d’âges et notamment chez les plus jeunes, certains sont incapables de nommer ces différents éléments. Les moins de 20 ans, lorsqu’ils sont capables de parler de leur ville, se réfèrent soit à des bâtiments municipaux (par exemple la mairie), soit à des lieux proposant des activités à la population (par exemple l’école de musique), des manifestations festives ou sportives. Les informations relevées chez les plus jeunes sont souvent liées à des lieux ou à des événements conviviaux qu’ils fréquentent pour se former ou participer à une fête populaire. Cette population est celle qui est la plus mobile, elle vient en partie des villes avoisinantes pour la convivialité des bords de Marne, sans se préoccuper des autres offres de la ville. Leur but est la rencontre, la promenade entre amis ; les autres activités les intéressent beaucoup moins.

50Il s’avère donc que les espaces sont partagés socialement tant dans le temps que dans l’espace.

Conclusion

51Les bords de Marne apparaissent comme des espaces récréatifs partagés tant au niveau des âges et des couches socioprofessionnelles que des pratiques sociales. Ils sont fréquentés par une population de proximité majoritairement constituée d’oisifs et d’usagers pouvant disposer de temps libre. Les grands absents sont les ouvriers.

52La zone étudiée apparaît comme un lieu de détente et de récupération par rapport à la vie citadine ; ses espaces « naturels » aménagés sont considérés comme extérieurs à la ville même s’ils en font intégralement partie. Fréquentés à tout moment de la journée, leur usage est néanmoins différent en fonction des périodes. Les activités sportives sont fortement représentées, tout comme les activités conviviales. Les sportifs du matin laissent la place aux promenades familiales en après-midi.

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Notes

1 <https://www.tourisme-valdemarne.com/pro-presse/projets/itineraire-culturel-europeen.html>, consulté le 1er mars 2017. Lancés par le Conseil de l’Europe en 1987, les itinéraires culturels démontrent, à travers le voyage dans le temps et l’espace, que le patrimoine de différents pays d’Europe contribue au patrimoine culturel commun.

2 À noter que le questionnaire permettait de donner plusieurs réponses.

3 GMV Conseil, 2015, Étude sur la fréquentation et les usages des bords de Marne et de Seine, <https://www.tourisme-valdemarne.com/espace-pro/wp-content/uploads/sites/3/2019/06/val-de-marne-tourisme-frquentation-marne-seine-synthese.pdf>, consulté en décembre 2019.

4 Association d’éducation populaire créée en 1982, elle concilie utilité sociale et préservation de l’environnement fluvial en s’appuyant sur des chantiers d’insertion.

5 Pour notre enquête, nous avons fait la distinction entre promenade/balade et marche. La promenade est un déplacement de faible intensité physique et de courte durée pendant lequel la recherche d’agrément est primordiale. La marche, en revanche, est considérée comme une activité physique basée sur un déplacement à pied qui a pour objectifs le bien-être et le maintien de la forme physique.

6 Depuis 2001, à l’initiative du Val-de-Marne, le festival de l’Oh ! accompagne un mouvement de reconquête de la Seine, de la Marne, et encourage l’appropriation citoyenne des enjeux environnementaux par l’action culturelle et pédagogique.

7 La vitesse des bateaux pour le ski nautique est de 60 km/h et semble excessive par rapport à celle des bateaux de commerce, qui est limitée à 12 km/h par l’arrêté inter-préfectoral no 2014-1-1155 portant règlement particulier de police de la navigation intérieure sur l’itinéraire Marne.

8 Ce plan, obligatoire depuis 1995, est élaboré par la commune et vise à limiter et à encadrer les constructions dans les zones à risques.

9 À titre d’exemple, les clubs de kayak et d’aviron de Bry ou de Noisy ne s’adressent qu’à des membres licenciés ; la location d’embarcations par les visiteurs est exceptionnelle, voire impossible.

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List of illustrations

Title Illustration 1 : Les sites enquêtés dans l’Est parisien
Credits Source : Levet-Labry, 2018.
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Title Illustration 2 : Population de 15 ans et plus selon la catégorie socioprofessionnelle (en %)
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Title Illustration 3 : Représentations des bords de Marne par les populations enquêtées
Credits Source : Levet-Labry, enquête 2016.
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Title Illustration 4 : Fréquentation saisonnière des bords de Marne
Credits Source : Levet-Labry, enquête 2016.
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Title Illustration 5 : Activités pratiquées par les usagers des bords de Marne
Credits Source : Levet-Labry, enquête 2016.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/teoros/docannexe/image/4142/img-6.jpg
File image/jpeg, 395k
Title Illustration 6 : Réactions des pêcheurs face à une attitude gênante (données en %)
Credits Source : Levet-Labry, enquête 2016.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/teoros/docannexe/image/4142/img-7.jpg
File image/jpeg, 385k
Title Illustration 7 : L’habitat perçu par les promeneurs (moyenne des réponses sur 10)
Credits Source : Levet-Labry, enquête 2016.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/teoros/docannexe/image/4142/img-8.jpg
File image/jpeg, 740k
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References

Electronic reference

Eric Levet-Labry, “Les bords de Marne : espaces partagés ou mondes parallèles”Téoros [Online], 39-1 | 2020, Online since 07 February 2020, connection on 09 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/teoros/4142

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About the author

Eric Levet-Labry

Maître de conférences, Université Paris-Est, UFR Sciences et techniques des activités physiques et sportives, Laboratoire analyse comparée des pouvoirs (Équipe d’accueil 3350) ; eric.levet-labry@u-pem.fr

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