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HomeNuméros43-2La vague touristique du surfLa vague touristique du surf

La vague touristique du surf

La vague touristique du surf

Lecture dialectique entre utopies et dystopies d’une pratique sportive
Ludovic Falaix

Full text

1Depuis les premières retranscriptions de cette pratique au sein de l’univers socioculturel occidental fournies dans le journal de bord de James Cook, capitaine du Résolution parvenu en 1778 sur les îles de l’archipel hawaïen, et l’enthousiasme des chroniques de Jack London au début du XXe siècle rédigées lors de ses séjours à Waikiki, le surf est à présent devenu un phénomène mondial.

2Les textes qui composent ce dossier thématique en témoignent puisque les auteur·es nous emmènent sur les rivages de trois océans : Pacifique, Indien et Atlantique. Au-delà d’une invitation au voyage, leurs travaux mettent en exergue que la diffusion du surf (Augustin, 1995) a un impact sur de nombreux territoires littoraux. En effet, le surf bouleverse les configurations spatiales des stations balnéaires (Falaix et Favory, 2002), modifie les relations que les individus entretiennent avec l’océan (Anderson, 2013 ; 2014), recompose les imaginaires de la maritimité et des plages (Breteau et al., 2024), inaugure de nouvelles ambiances socioculturelles fondées sur des formes de corporéités ludosportives (Devienne, 2015), engendre de nouvelles aires d’attractivité touristique (Augustin et Suchet, 2021), précipite l’émergence de contestations sociales et politiques (Hales et al., 2017), remet en question la dimension soutenable des logiques de développement qu’il draine dans son sillage (Ponting et O’Brien, 2015), favorise la constitution de communautés locales (Towner et Lemarié, 2020), interpelle les pouvoirs publics sur la gestion des espaces publics dont la plage et les spots font partie (Falaix, 2024)… En d’autres termes, le surf est une épiphanie des dynamiques sociales, culturelles, politiques, territoriales et touristiques, c’est-à-dire que le surf est un marqueur des changements contemporains. Plus encore, et sous réserve qu’il soit transcendé au bénéfice d’une réflexion plus ambitieuse, le surf est un objet qui éclaire avec acuité les bouleversements, les mutations, les transformations auxquels font face les sociétés.

Le surf ou la visée transformative d’un objet de recherche en sciences humaines et sociales

3La nature de la reconnaissance accordée aux travaux entrepris dans le champ des sciences humaines et sociales dépend de plusieurs facteurs. L’actualité médiatique et l’émergence de nouvelles revendications identitaires, culturelles ou politiques jouent un rôle sur la légitimation des travaux et la capacité des acteur·rices à leur octroyer un pouvoir de transformation sociale. Embrasser des objets mineurs impose à toutes celles et tous ceux qui les investissent de faire preuve d’une exigence épistémologique pour prévenir toute forme de suspicion quant à la subjectivité des travaux qui pourrait venir pervertir l’authenticité de leurs investigations scientifiques. À tel point que des difficultés communes se font jour lorsque des chercheur·es se retrouvent autour d’objets situés aux antipodes de ce que l’orthodoxie scientifique considère comme légitime. Et ils s’échinent bien souvent à montrer « que la connaissance des marges est l’une des clefs de la connaissance des sociétés » et, plus encore, que cela constitue « un enjeu sociétal fort à une époque où [les marges] sont perçues comme une menace » (Robène et Serre, 2021 : 68).

4Ces objets, ces marges, qui suscitent parfois leur passion ou leur fascination (Roux et al., 2009), supposent que les chercheur·es qui les critiquent, les remettent en question et les étudient, soient en mesure de procéder à leur propre anamnèse, c’est-à-dire qu’ils déterminent les conditions sociales de leurs relations à l’objet et les expériences qu’ils tissent avec ce dernier (Bourdieu, 2003 ; Bouveresse, 2003), ou bien encore qu’ils puissent saisir l’imbrication des trois types de moi qui leur offrent un accès à la connaissance de l’objet : le « moi social », le « moi affectif » et le « moi cognitif » (Godelier, 2016). Ce processus de décentrement prévient ainsi le risque d’être accusé de verser dans une lecture trop empreinte d’une subjectivité. Et je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase de Bernard Lahire (2002 : 7) enseignée aux étudiants de première année de licence qui, pour la plupart, découvrent la sociologie, afin de les sensibiliser au caractère scientifique de cette discipline : « La sociologie est l’une des rares sciences qui est forcée, pour faire tomber les malentendus, de passer autant de temps à expliquer et justifier sa démarche qu’à livrer les résultats de ses analyses. »

5Le surf figure sans doute au rang des objets inscrits dans les interstices d’une science normative. Et sans doute faut-il de l’audace à une revue comme Téoros pour se lancer dans la publication d’un numéro thématique exclusivement consacré à cet objet. En France, le surf, appréhendé comme fait social total, a d’abord été analysé sous l’angle exclusif d’un paradigme structuraliste et déterministe. En revendiquant la paternité de l’objet, en s’agitant au cœur du champ scientifique, forts de leur position institutionnelle et au regard de la confidentialité de l’objet, les garants de ces approches ont observé la multiplication des travaux dont l’ambition consistait à mettre en lumière la complexité systémique du concept de totalité défendu par Marcel Mauss (2004). L’émergence d’une multiplicité des approches, des cadres paradigmatiques mobilisés pour penser le surf, a ainsi permis de rompre avec une forme de conservatisme scientifique arcbouté sur des justifications fondées sur des lectures déterministes et structuralistes parfois instrumentalisées pour balayer d’un revers de la main les autres productions scientifiques pourtant pensées dans une perspective complémentaire et dont les propositions retenues au sein de ce dossier illustrent la fertilité. À l’instar d’autres objets de recherche, le surf ne se dérobe donc pas à la dispute scientifique et ce numéro de Téoros dessine peut-être une nouvelle voie au sein de l’espace scientifique ; de ce « tout petit monde » (Lodge, 1984), où la singerie consiste à produire des connaissances cumulatives sur l’objet qui sont sans grand intérêt pour celles et ceux qui défendent la visée transformative des activités de recherche. En d’autres termes, le surf n’échappe pas à cette dynamique identifiée par Pierre Bourdieu (1982) à propos du concept de champ, défini comme un espace de forces au sein duquel il est difficile de transgresser les codes au nom d’une pulsion créatrice fétiche pourtant présentée comme le terreau fertile d’une transcendance d’institution.

6Voilà pourquoi, dans une perspective interdisciplinaire, les textes proposés ici caractérisent la variété des positionnements épistémologiques et des protocoles méthodologiques sur lesquels les auteur·es se sont appuyé·es pour mettre en lumière les dimensions sociospatiales et touristiques qui gravitent dans le monde du surf. Ils témoignent aussi d’une grande diversité quant aux cadres conceptuels mobilisés pour saisir les significations autant symboliques et métaphysiques que politiques, socioculturelles ou touristiques que le surf charrie. Plus utopique encore, ce dossier thématique entérine peut-être la structuration d’une communauté de chercheur·es enclin·es à investir le surf comme objet de recherche qui aurait comme ambition commune, non pas de s’inscrire dans le champ d’une science cumulative, mais plutôt dans les sphères d’une science transformative en considérant que les dynamiques que génère le surf sont une occasion de réfléchir à un monde plus juste tant sur le segment spatial, social, que politique, culturel, environnemental ou touristique : une manière de naviguer à contre-courant de certaines recherches sur le surf qui renforcent les stéréotypes et les caricatures. D’autant plus qu’aux marges de cet ancrage épistémologique qui renvoie à un structuralisme génétique, certain·es, pourtant issu·es de cette école, sont désormais disposé·es à en rediscuter les contours théoriques dans une volonté émancipatrice qui fait souvent défaut à celles et ceux qui militent pour l’établissement d’une vérité univoque. Ils plaident en faveur d’un abandon des processus de « thick description » considéré comme « dernier refuge anthropologique du renoncement positiviste » qu’ils qualifient « d’empirisme moral » fondé sur une « induction analytique », au profit d’une « thick construction qui se donne comme mission de construire scientifiquement une construction sociale ordinaire de la réalité qu’il faudra sans faute et sans ambages ancrer dans la triple historicité de l’agent, du monde, de la connaissance » (Wacquant, 2023 : 11). Voilà sans doute le défi qui se présente à celles et ceux qui explorent le surf comme un objet scientifique opportun pour penser le monde. L’odyssée est périlleuse, sinon vertigineuse, dans la mesure où les chercheur·es investi·es dans cette démarche, voué·es « de tout corps à la science ne pourront renoncer à leur libido ethographica » (ibid. : 252), c’est-à-dire à s’emparer du plaisir de la recherche en établissant les contours de la connaissance de l’objet par corps (Wacquant, 2015).

La vague touristique du surf

7Depuis quelques années, le surf est devenu un objet de recherche fécond dans le domaine des sciences humaines et sociales. À l’échelle francophone, les travaux de Jean-Pierre Augustin (1994) sont fondateurs. Leur objectif consistait à répertorier les impacts territoriaux de cette pratique sportive sur les dynamiques sociospatiales des stations littorales (Falaix et Favory, 2002 ; Augustin, 2007). Depuis, nombreux sont les chercheur·es qui investissent le sujet avec l’intention de mettre en exergue le fait que le surf peut être considéré comme un territoire scientifique propice à l’analyse des dynamiques sociospatiales, touristiques, environnementales, culturelles et politiques.

8Phénomène mondial, désormais inscrit au panthéon des disciplines olympiques, le surf est pratiqué sur la plupart des littoraux par une population d’adeptes de plus en plus hétérogène. Au-delà de la seule dimension sportive, le surf contemporain permet d’exhumer un héritage culturel dont le berceau originel se situe au cœur de l’archipel hawaïen (Coëffé, 2010 ; Lemarié, 2018). Le surf est aussi appréhendé dans sa dimension politique (Guibert, 2006), c’est-à-dire que les recherches mettent en exergue les stratégies élaborées par les pouvoirs publics pour inscrire ce sport dans une perspective de patrimonialisation et ainsi renforcer l’attractivité touristique des territoires. Le surf acquiert alors les attributs d’une véritable ressource territoriale (Falaix, 2012), non sans redessiner les contours des normes corporelles initialement fondées sur les bains de mer (Corbin, 1988) et les sociabilités plagiques (Urbain, 1994 ; Coëffé et al., 2012), mais aussi les tropismes balnéaires ou les dynamiques socioculturelles du tourisme littoral.

9Cette mise en tourisme du surf (Falaix, 2015a) qui se caractérise notamment par la commercialisation de l’encadrement de la pratique, la sécurisation et l’aménagement des sites de pratique et la promotion d’une programmation événementielle autour des éléments culturels véhiculés dans les imaginaires collectifs de cette pratique sportive, n’est pas sans soulever de nombreux enjeux, sans éprouver certaines limites (Taglioni et Guiltat, 2015) et sans soulever des questions sur ces dimensions prospectives. En effet, la mise en tourisme du surf suppose d’examiner comment s’orchestre l’encadrement de la pratique sur les plans juridique et pédagogique. Elle nécessite également d’appréhender le caractère soutenable du développement touristique dont certaines recherches, plus particulièrement celles entreprises dans le monde universitaire anglo-saxon, pointent les limites dans la mesure où la promotion du surf sur le segment touristique n’est pas nécessairement corrélée avec une approche durable, soutenable, des territoires (Ponting et O’Brien, 2013 ; Borne et Ponting, 2015).

10Par ailleurs, de nouvelles dynamiques se font jour et contribuent au développement touristique de certains territoires (Lemarié et Domann, 2019). La médiatisation du surf de grosses vagues ou des compétitions sportives renforce la notoriété de certains villages côtiers. L’artificialisation des sites de pratique (Falaix, 2018) autorise le développement touristique et sportif de territoires situés dans l’hinterland ou dans les zones urbaines éloignées de l’océan. La mise en tourisme du surf n’est pas sans renvoyer aussi à la nécessité de préserver les qualités environnementales du milieu océanique que certains pratiquants s’emploient à défendre (Wheaton, 2007 ; Simoncini, 2014 ; Weisbein, 2016). La promotion touristique du surf convoque également des imaginaires (Benassi, 2018), des mythes (Lemarié et Chamois, 2018), des esthétismes (Barjolin-Smith, 2020), des croyances (Booth, 2001), des stéréotypes (Maillot, 2011), s’inscrit parfois dans un syncrétisme culturel mâtiné d’une dimension folklorique (Penot, 2021), entérine souvent les discriminations genrées (Waitt, 2007 ; Roy, 2014 ; Terfous et al., 2019 ; Schmitt et Bohuon, 2021) et exacerbe les conflits entre les usagers de l’espace maritime (Falaix, 2014 ; Guyonnard et Vacher, 2016). Enfin, une nouvelle forme de développement du surf s’orchestre. Elle s’inscrit dans la veine d’un « slow tourisme » (Lebreton et al., 2020), plébiscite de nouvelles formes d’écologie corporelle (Andrieu, 2017) établies sur une relation parfois transcendantale avec la nature (De Soultrait, 2020 ; Anderson, 2023) afin de renouer avec le caractère existentialiste de cette pratique maritime (Falaix, 2015b ; 2017).

11Ce numéro thématique décrypte quelles sont les logiques touristiques qui traversent les mondes pluriels, sinon ambivalents (Guibert, 2011 ; Lafargue, 2015) du surf. Trois grands axes structurent ce dossier. Le premier illustre comment les pouvoirs publics utilisent le surf pour pérenniser, sinon amplifier le développement touristique territorial local au risque d’engendrer des effets pervers liés à ce type de stratégies que les auteurs s’emploient à décrypter. Au sein de cet axe, le surf est un prétexte pour engager une discussion sur la nécessité de repenser la gouvernance littorale et touristique. Le second s’articule autour de l’analyse des représentations qui traversent la culture sportive du surf et plus encore comment ces imaginaires pluriels, parfois stéréotypés, irriguent les orientations prises dans le cadre de la promotion territoriale pensée par le prisme du développement des pratiques sportives. Au cœur de cet axe, l’objet surf est transcendé au profit d’une réflexion sur le rôle que jouent les représentations dans les processus de construction territoriale et la manière dont la légitimation de certains codes socioculturels influe sur l’identification des aménités spatiales. Enfin, le troisième axe revient sur la cohabitation de plusieurs styles de pratique du surf afin de relever comment les adeptes témoignent de leurs lectures du monde et contribuent à des fabriques socioterritoriales, touristiques, tout aussi hétérogènes que peuvent l’être les formes d’existentialisme des individus. Cet axe met en exergue que le surf peut être un tremplin pour s’emparer de questionnements plus universels tels que la mobilisation politique, les impacts des innovations technologiques ou la construction des ambiances socioculturelles des territoires touristiques.

1 – Les territoires touristiques du surf : Promotion institutionnelle et analyse des effets pervers de la mise en tourisme

12Le premier axe concerne l’analyse des impacts qu’engendre la promotion du surf sur la structuration des territoires touristiques balnéaires d’un point de vue sociospatial, culturel et/ou politico-économique. Les contributions abordent la reconfiguration de la gouvernance touristique littorale en relevant les éventuelles formes de contestations politiques qu’élaborent les pratiquants (Weisbein, 2015 ; Falaix et al., 2021). Par ailleurs, ce premier axe permet d’appréhender quelles sont les conditions socioculturelles et politiques qui autorisent ce processus de mise en tourisme du surf et de spécifier quels sont les enjeux relatifs à la sécurisation de la pratique, à la formalisation d’une catégorie socioprofessionnelle d’acteurs sportifs (Guibert, 2012), à la prise en compte de la soutenabilité, à la sanctuarisation des sites de pratique ou encore à l’examen des retombées économiques induites par le développement du surf.

13Le texte de Stephen Berrou et Antoine Marsac aborde les processus de construction territoriale ayant le surf comme vecteur en Bretagne. Ils mettent en lumière la manière dont les pouvoirs publics s’emparent du processus de labellisation initié par la Fédération française de surf pour asseoir la notoriété de la destination touristique dans le but de revendiquer le titre de « Ville de Surf » pensé comme marqueur d’une distinction balnéaire. Les auteurs présentent deux territoires communaux. Leurs investigations illustrent que la manière dont les surfeur·euses et les éducateur·rices sportifs sont perçus par les pouvoirs publics influe sur les modes de régulation de la mise en scène de la ressource territoriale. En effet, si à Plomeur, commune du Finistère, un processus d’institutionnalisation s’orchestre, c’est bien à la faveur de la reconnaissance de la notoriété du spot, mais plus encore de la légitimité des acteurs locaux et des moniteurs de surf qui s’emploient depuis des années à garantir la structuration d’une offre touristique et sportive. Les élus locaux plébiscitent ainsi la recherche d’un consensus avec les acteurs du surf présents sur la commune pour élaborer les contours d’une mise en tourisme du surf qui répondent à la fois à des objectifs de diversification de l’offre sportive et à l’émergence d’aménités spatiales dont peuvent profiter les habitants du territoire. À l’inverse, à Guidel, commune du Morbihan, les élus locaux instrumentalisent la labellisation « Ville de Surf » dans l’espoir de renforcer l’attractivité territoriale au risque de susciter les diatribes des communautés de pratiquants implantées localement plutôt enclines à dénoncer les logiques de surfréquentation des spots que cette stratégie de développement engendre dans son sillage. Ces postures défendues par les élus locaux dissimulent « une vision fonctionnaliste de l’espace inscrite dans la gouvernance post-politique néolibérale » (Lapointe, 2022). Le surf entraîne donc des recompositions de la gouvernance littorale. L’identification d’intérêts communs ne peut plus être l’apanage exclusif de responsables politiques autoproclamés défenseurs de l’intérêt général par le jeu de la démocratie représentative, puisque la promotion d’une identité territoriale établie sur le principe d’une participation ou d’une mobilisation citoyenne est traversée par la place qu’occupent les émotions et les affects dans leur élaboration (Blondiaux et Traïni, 2018).

14L’article d’Anthony Goreau-Ponceaud nous conduit à Pondichéry en Inde, où la pratique du surf connaît depuis quelques années un essor important. Son texte montre à quel point l’implantation, puis le développement du surf sur cette portion littorale modifient les modes d’usages des plages. En premier lieu, le surf introduit une modification des représentations maritimes auprès des classes moyennes indiennes, puisque celles-ci passent d’une forme de répulsion inscrite en résonance avec les croyances collectives originelles à une fascination nouvelle. Le surf, au sein duquel cohabitent cultures vernaculaires et modernité, introduit donc un syncrétisme balnéaire qui engendre une requalification des plages et des espaces littoraux. Par ailleurs, Goreau-Ponceaud démontre à quel point le développement du surf génère une « lutte des places » (Lussault, 2009), c’est-à-dire des processus de gentrification que les autorités locales peinent à contrecarrer et dont s’accommodent les classes sociales les plus aisées qui voient dans la pratique du surf un puissant levier de distinction sociale. En d’autres termes, si le surf est un vecteur de revitalisation des territoires balnéaires, il est aussi, revers de la médaille, un outil de discrimination sociale et un levier de prospective foncière pensée suivant une perspective spéculative.

15L’article de Grégoire Moron-Garreau et de Laurent Bourdeau aborde les sites de surf sur les rives de l’embouchure de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada, où l’eau est froide. Fondées sur une approche ethnographique immersive, leurs investigations scientifiques illustrent que la pratique du surf à de telles latitudes exige un engagement corporel total pour être en mesure de se confronter au caractère sauvage du surf en eau froide. Au regard des sacrifices auxquels les surfeur·euses locaux doivent consentir pour s’adonner à leur pratique, leurs recherches mettent en lumière que les individus qui composent les communautés de pratiquants sont viscéralement attachés à leurs territoires de pratique et résistent à l’idée que les pouvoirs publics s’engagent dans une mise en tourisme du surf au sein de ces espaces situés en périphérie des grandes métropoles. Leur texte examine aussi les logiques de gouvernance qu’appellerait l’émergence d’une reconfiguration des stratégies d’énonciation territoriale établies sur la promotion du surf en insistant sur le fait que les pouvoirs publics ne pourraient sans doute pas faire l’impasse sur la participation et la consultation des communautés locales pour définir les orientations stratégiques.

16Quant à l’article d’Alexandra Arellano et Carolina Espinoza Camus, il aborde le processus de mise en tourisme autour du surf à Huanchaco, station balnéaire située au nord du littoral péruvien et classée au rang de réserve mondiale du surf. Leurs travaux montrent dans quelle mesure le surf moderne bouleverse les cultures nautiques traditionnelles implantées depuis près d’un millénaire. Ainsi, le surf contemporain est suspecté d’introduire une emprise colonialiste sur le territoire. Pour autant et au risque que cela puisse relever d’une situation paradoxale, la promotion du surf contemporain et sa mise en tourisme ravivent les processus de patrimonialisation autour des cabillotos de totora, c’est-à-dire ces embarcations fabriquées à partir de roseaux qui permettaient aux habitants de s’adonner à des activités halieutiques tout en se jouant des dangers des vagues. Le surf moderne qui véhicule un impérialisme culturel et tend à engendrer dans le champ touristique une forme de disneylandisation du monde (Brunel, 2006) est ici analysé dans une perspective ambivalente puisqu’il contribue aussi à revitaliser le lien intime et charnel, voire ontologique, qu’établissent les populations locales avec l’océan. En d’autres termes, si le surf est porteur d’une occidentalisation du monde, il offre aussi l’opportunité d’un « pluriversalisme » qui inaugure « une démocratie des cultures et dans lequel toutes conservent leur légitimité » (Latouche, 2005 : 21).

2 – Les imaginaires du surf : En terrains vagues

17Le deuxième axe interroge les imaginaires et les mythes fondateurs de la culture surf qui sont véhiculés dans le cadre de la promotion touristique de cette pratique sportive. Les contributions évoquent notamment le fait que si les imaginaires touristiques du surf répandent toujours la dimension contre-culturelle (Loret, 1995 ; Guibert, 2011), c’est-à-dire le caractère postmoderne de cette pratique sportive, ils se recomposent néanmoins à la faveur d’une nouvelle trame narrative et d’un arsenal iconographique original.

18L’article de Frédérique Carey-Penot porte sur le processus de mise en tourisme orchestré par l’agence nationale irlandaise de tourisme pour que le surf devienne le marqueur emblématique de la destination. Cette auteure montre comment les autorités locales et les entreprises privées revisitent les marqueurs de la culture celtique de la maritimité dans une perspective commerciale. Elle relève ainsi comment la dimension mythopoétique est exploitée à travers une trame narrative et sémiotique pour véhiculer les imaginaires de ce qu’elle caractérise comme un « surflore irlandais » qui sublime les marqueurs esthétiques, identitaires, paysagers et culturels de cette aire sociogéographique. Elle met également en exergue le fait que les surfeur·euses locaux·ales se sentent parfois dépossédé·es des dimensions écophénoménologiques (Abram, 1996) et relationnelles qu’ils et elles mobilisent dans leurs pratiques et réinvestissent ensuite dans leurs habitabilités quotidiennes en redéfinissant les contours de l’exercice d’une citoyenneté territoriale. Ses recherches mettent ainsi en lumière une tension : celle qui existe entre, d’une part, l’appropriation des marqueurs d’un « surflore irlandais » pensée à des fins de développement touristique et, d’autre part, les résistances et les contestations que précipitent ces stratégies auprès des acteur·rices qui en sont les dépositaires, forts de la manière dont ils recomposent par le biais du surf leurs rapports au corps, au temps, à l’espace, à l’autre, à la nature, en étant souvent à contre-courant d’une orthodoxie sociorelationnelle considérée comme anomique.

  • 1 À ce sujet, voir l’appel à textes du colloque Sea More Blue : Approches écopoétiques et interdiscip (...)

19Dans une perspective anthropologique et philosophique, le texte de Christian Malaurie montre comment le surf introduit une rupture majeure dans les représentations de l’univers balnéaire. Non sans revenir sur les premières scénographies de la vague proposées dans le monde pictural du XVIe au XIXe siècle, il note que l’introduction du surf recompose les cosmogonies associées à l’océan (Roux, 1997). En effet, le surf est présenté comme l’occasion d’une nouvelle forme de résonance (Rosa, 2019) avec l’océan. Le surf contient une promesse existentielle inédite fondée sur la possibilité conférée aux adeptes d’accomplir « une prise trajective » (Berque, 2015) afin d’éprouver par la glisse l’intensité de sa présence au monde. Dans ce contexte, Malaurie révèle que le potentiel « écopoét(h)ique1 » du surf (Evers, 2006 ; Booth, 2013 ; Meillon et al., 2021), sa dimension écospohique (Naess, 1973), a une incidence majeure sur les pratiques et les usages du littoral et une reconfiguration de l’atmosphère socioculturelle et sportive des stations balnéaires au sein desquelles la recherche d’une ordalie (Le Breton, 1990 ; Baddeley, 2002), d’un ilinx (Caillois, 1957), occupe désormais une place prépondérante.

20Le texte de Jérémy Lemarié présente les stratégies d’énonciation territoriale élaborées par la marque de la destination touristique Hawaï. À partir des travaux de Roland Barthes (1956), il remarque que ces stratégies reposent sur une dialectique entre signifiant et signifié entendue comme élément moteur de l’émergence d’une destination dont l’attractivité repose sur la puissance des mythes qu’elle véhicule. Ses recherches montrent qu’il n’y a pas de stigmatisation genrée dans la manière dont les figures héroïques sont construites et qu’au cœur de la sphère iconographique et narrative le beachboy de Waikiki cohabite avec la hula girl. Il met en lumière le fait que l’érotisation de ces deux personnages, même si elle contribue au renforcement des stéréotypes de genre, constitue le socle fondateur d’une destination mise en scène comme étant paradisiaque. Ses recherches illustrent également le fait que les stratégies d’énonciation territoriale caractérisent un impérialisme culturel américain marqué par les évolutions socioculturelles et celles du contexte géopolitique, c’est-à-dire que les représentations iconographiques véhiculées alternent entre la mise en scène des natifs et des visiteurs, des hommes et des femmes, des résidents et des touristes.

3 – Les styles de pratique du surf comme moteurs de la fabrique socioterritoriale et touristique

21Les styles de pratique du surf ont un impact sur la structuration touristique des territoires du surf. Ainsi, l’article de Jon Anderson traite de l’émergence de nouveaux sites de pratique induite par la création de vagues artificielles. En étudiant deux sites – Surf Snowdonia et The Wave – situés respectivement au Pays de Galles et au sud-ouest de l’Angleterre, Anderson décrypte comment s’orchestrent les récits autour de ces nouvelles infrastructures. Il remarque que le positionnement marketing de ces espaces de vagues artificielles exhume les mythes originels de la culture surf fondés sur l’osmose avec l’océan non sans promettre la garantie de vivre une expérience, une aventure transcendantale, dans un contexte sécurisé, sécurisant et aseptisé. Par ailleurs, cet auteur soulève les enjeux inhérents à la multiplication de ces vagues artificielles en s’interrogeant notamment sur les incidences socioculturelles et sportives que pourrait avoir l’émergence d’une nouvelle communauté de surfeur·euses affranchi·es de toute nécessité d’une syntonisation avec le milieu marin (Mariani, 2013).

22Dans son article Lucie Fortun analyse les formes de mobilisations politiques qu’embrassent les communautés de surfeur·euses dans le département du Finistère en Bretagne dans le but de préserver leurs espaces de pratique. Elle mobilise le concept de capital d’autochtonie pour étayer sa démonstration et observe, d’une part, que les formes de protestations sont hétérogènes et que, d’autre part, elles dépendent de la relation que les individus entretiennent avec la pratique. En effet, ses recherches montrent que la reconnaissance sociale dont bénéficient les surfeur·euses influe sur leur capacité à engager un combat politique avec les acteurs institutionnels. À titre d’exemple, les moniteur·rices de surf ont réussi à se fédérer pour défendre leur intérêt commun au cours de l’épisode de pandémie de COVID‑19, c’est-à-dire lorsque les plages étaient fermées. Elle pointe ainsi les limites de « l’instrumentation de l’action publique » (Halpern et al., 2014). À l’inverse, elle met en lumière que la constitution d’alliances politiques est beaucoup plus précaire lorsqu’il s’agit de dénoncer la surfréquentation des spots que certain·es surfeur·euses imputent aux autorités locales considérées comme responsables de ce phénomène au regard de leur politique touristique articulée sur la valorisation de la pratique du surf.

23Enfin, l’article d’Adolphe Maillot présente comment la configuration des vagues influe sur la nature des interactions sociales sur les spots. Ses travaux réalisés à La Réunion lui permettent d’élaborer une distinction entre trois types de configuration : le « spot-café », le « spot-maison » et le « spot-cosmos » au sein desquels différents types de sociabilités voient le jour. À partir de matériaux ethnographiques, il montre que la nature du déferlement de la vague tout comme la configuration géographique du spot ont une incidence sur l’esthétique socioculturelle. En d’autres termes, les styles de pratiques définissent l’ambiance, au sens écophénoménologique conféré à ce terme par Bruce Bégout (2020), au sein des territoires du surf et qui couvre un large spectre allant du dilettantisme à la contemplation en passant par la transcendance existentielle ou les conflits d’usages.

Vers une nouvelle dialectique entre dystopies du tourisme surf et utopies de la pratique ?

24Pour conclure l’introduction à ce dossier, force est de constater que la vague touristique du surf s’inscrit en résonance avec les défis qui jalonnent les processus de mise en tourisme à l’échelle mondiale (MIT, 2002). En effet, la démocratisation du surf invite à s’interroger sur les limites d’un développement exponentiel. Les textes ici réunis montrent que le surf a introduit une recomposition des territoires balnéaires initialement fondés sur les bains de mer. Néanmoins, si le surf précipite de nouvelles formes de territorialités, il porte également les stigmates de processus, telle la gentrification des espaces côtiers. Il s’accompagne souvent d’un impérialisme culturel qui tend à dissoudre les identités locales mais aussi, au risque de mettre en lumière des dimensions paradoxales, à en revitaliser d’autres. Quant au développement touristique du surf, il porte les germes de résistances et de contestations politiques très hétérogènes tant du point de vue de leurs structurations que de leurs revendications.

25Plus encore, à l’heure d’une crise de l’anthropocène (Chateauraynaud et Debaz, 2017), des réflexions conduites sur l’avènement d’un après-tourisme (Bourdeau, 2009) ou d’un post-tourisme, le monde du surf est invité à se questionner sur la manière dont il sera en mesure de politiser des formes de renoncement (Monnin, 2023) dans le but de prévenir la multiplication de « communs négatifs », c’est-à-dire la métamorphose de la ressource en coût (Monnin, 2021). Peut-être en va-t-il même de l’avenir des stations touristiques (Vlès, 2021) ou plus globalement de l’univers balnéaire (Duhamel et al., 2015) ? Autrement dit, les mutations engendrées par le développement touristique fondé sur la promotion du surf pourraient être pensées non plus en termes « de système de production », mais en termes « de système d’engendrement » (Latour, 2017).

26Dans ce contexte, le surf est peut-être une alternative à la dystopie contemporaine dans la mesure où l’expérience corporelle qu’il sous-tend est un ordonnancement du Monde, une forme d’existentialisme singulier inhérent à cette faculté de pouvoir transformer le chaos – topos – en cosmos – chôra (Berque, 2009). Le surf est l’hétérotopie d’une utopie d’un corps incorporel (Foucault, 1966), c’est-à-dire que les contingences du corps sont oubliées, dissoutes, au bénéfice d’une osmose avec la Nature, avec la vague, qui permet, par la transcendance qu’elle engendre, par l’expérience numineuse qu’elle procure, d’accéder au sentiment d’être profondément vivant, intensément vivant, au cœur d’un lieu vécu, approprié, pratiqué dans ses dimensions matérielles et immatérielles afin qu’il devienne un espace géographique sacralisé où s’éprouve une forme de jubilation et dont les résonances ont un caractère existentiel. Les imaginaires, les symboles, les mythes que mobilisent les surfeur·euses afin de les transférer pour construire leur langage spatial, leur géographie existentielle et buissonnière (Raffestin, 2016), illustrent comment s’orchestre l’émergence de leur « espace potentiel » (Winnicott, 1971). En effet, compte tenu de leurs superficies, de leur pouvoir de fascination, de leur vertigineuse immensité, des ressources qu’ils génèrent, des fantasmes qu’ils charrient, des dimensions mythopoétiques qu’ils incarnent, de la puissance qu’ils génèrent, la mer et les océans inaugurent peut-être l’émergence de nouveaux régimes d’habitabilité terrestre. En leur sein serait plébiscité « un existentialisme écologique » (Pelluchon, 2024) affranchi du projet volontariste d’une ontologie solide issue du monde territorial au profit d’une ontologie liquide enfantée par l’immersion océanique entendue comme modalité inédite d’interprétation du réel permettant de s’ouvrir à toutes les composantes du vivant afin d’être en capacité d’en prendre soin. Les adeptes du surf, du moins les plus lucides d’entre eux sur l’intensité de la crise que traverse l’anthropocène, seraient alors les nouveaux ambassadeurs de ce renversement des regards. Pirates avant-gardistes, sentinelles d’un nouvel ordonnancement du monde, fossoyeurs d’un monde à l’agonie, les surfeur·euses, en faisant l’éloge de la mer et des océans, lutteraient ainsi contre un possible effondrement planétaire et civilisationnel en embrassant une responsabilité socioenvironnementale établie sur cette disposition à éprouver la dialectique entre le caractère sublime et abyssal de la condition humaine qu’autorise la relation avec le milieu océanique.

27Pour conclure, le surf est peut-être l’expression d’une utopie caractérisée par le désir de mobiliser l’expérience charnelle, émotionnelle et sensorielle avec l’océan pour dépasser le cadre topographique imposé par les limites de son enveloppe corporelle et celles introduites par les structures sociales et territoriales afin d’embrasser le monde, vivre le monde. Le surf est un rempart face à la production de « non-lieux » (Augé, 1992), à l’effervescence des « hyperlieux » (Lussault, 2017). Dès lors, sans doute est-il aussi possible d’appréhender le surf comme une pratique propice à un réenchantement du monde dont les acteurs du tourisme pourraient s’emparer ? Au regard de la puissance des chorégraphies corporelles avec la nature qu’il suppose, le surf consacre donc possiblement de nouvelles formes d’habitabilités (Paquot et al., 2007) qui feraient la part belle à une justice sociospatiale et environnementale au sein desquelles serait possible une cohabitation régénérée et solidaire entre l’humain et le non-humain (Morizot, 2020 ; Adrahane, 2024). Non sans que cette incantation fasse écho à la vision romantique de Charles Baudelaire (2005) au sujet de l’océan et de son pouvoir introspectif nécessaire et préalable à toute entreprise de bifurcation : « Homme libre, toujours tu chériras la mer. Et la mer est ton miroir. Tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame. »

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Notes

1 À ce sujet, voir l’appel à textes du colloque Sea More Blue : Approches écopoétiques et interdisciplinaires des mers et des océans : <https://ecopoetique.hypotheses.org/9116>, consulté le 5 juillet 2024.

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References

Electronic reference

Ludovic Falaix, “La vague touristique du surf”Téoros [Online], 43-2 | 2024, Online since 31 December 2024, connection on 20 March 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/teoros/13048

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About the author

Ludovic Falaix

Maître de conférences,
Université de Bordeaux,
LACES UR 7437 / CNRS UMR 5319 Passages,
ludovic.falaix[at]u-bordeaux.fr

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