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Le tourisme à l'ère de la décolonisation

Décolonialiser les asymétries de genre dans le tourisme autochtone :

Le cas des femmes bribris à Yokín, Costa Rica1
Decolonizing gender asymmetries in indigenous tourism
David Arias-Hidalgo and Sylvie Blangy

Abstracts

The Indigenous peoples of America (Abya Yala) since the time of European colonization in the 15th century have suffered constant expropriation of their territories, racism, knowledge extermination, and deterioration of their livelihoods, mainly due to the dependence on extractivism. It is a global process that is far from fading with the access of countries to independence and has been translated into the notion of coloniality (a global power structure that gives continuity to colonialism). Based on the analysis of the conceptual elements of decolonial theory developed by Aníbal Quijano and the case study of the Bribri Stibrawpa Indigenous women’s tourism association in Costa Rica, we identify the key elements of social change aimed at reducing asymmetrical gender relations. The case of the Bribri women shows that community-based tourism can be a way of rebalancing the current unequal relations between women and men in tourism and can also challenge the dominance of the patriarchal system in Indigenous settings.

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Full text

  • 1 Nous remercions le MICITT (Ministère de la Science, de la Technologie et des Télécommunications du (...)

1Le concept de décolonialité associé à l’étude du tourisme a gagné en importance dans les articles scientifiques les plus récents (Chambers et Buzinde, 2015 ; Finkeldei 2018 ; Boukhris et Peyvel 2019). Cependant, peu d’entre eux ont abordé ce débat en y intégrant la dimension de genre et en questionnant les relations entre genre et tourisme (Suárez et al., 2016 ; Vizcaino-Suárez et Díaz-Carrión, 2019). De plus, peu d’études portent sur les impacts du tourisme sur les femmes dans les communautés paysannes et autochtones.

2Selon Ernest Cañada (2019), en Amérique centrale, la diversité des expériences montre des résultats différents en fonction du contexte local. Dans cette optique, il convient de se demander dans quelles circonstances le tourisme pourrait être un instrument de transformation positive et d’indépendance pour les femmes autochtones.

3La perspective décoloniale est ancrée dans un projet théorique et politique qui cherche à opérer un retournement épistémologique, caractérisé par une forte dénonciation du pouvoir hégémonique et des structures de connaissances du système mondial moderne dominé par le patriarcat, le capitalisme et la colonialité (Arias-Hidalgo, 2023). En ce sens, la décolonialité est un processus à long terme qui vise à surmonter la colonialité.

4En effet, la perspective décoloniale conduit à une contre-position à la logique de la colonialité, c’est pourquoi il est important d’appeler à la décolonisation des structures de pouvoir de la modernité eurocentrique. Il s’agit d’un modèle contemporain qui permet de poursuivre en toute impunité le contrôle des territoires, des connaissances, des hommes, de leurs productions, des imaginaires. Cette attitude est basée sur une vision patriarcale des relations autochtones/colonisateurs (Bard Wigdor et Artazo, 2017 ; Montilla, 2017 ; Curiel, 2021). Par conséquent, la décolonisation des relations de genre implique la compréhension et la remise en question des relations de pouvoir complexes dans un système colonial patriarcal moderne qui génère des inégalités.

  • 2 Le terme « femmes bribris » est utilisé dans cet article, mais il n’est pas possible de parler des (...)

5Dans cet article nous décrivons d’abord le projet de la communauté de Yorkín à Talamanca, au Costa Rica. Les femmes bribris2 ont réussi à mettre en place en 1992 une entreprise de tourisme rural communautaire sur le territoire autochtone bribri de Talamanca appelée Stibrawpa, située dans la zone tampon du parc international de La Amistad, une réserve de biosphère de l’UNESCO (illustration 1) à la frontière avec le Panama.

Illustration 1

Carte de localisation de la communauté de Yorkin et PILA (La Amistad réserve de biosphère de l’UNESCO)

Source : David Arias-Hidalgo, 2023.

6Stibrawpa est l’une des entreprises de tourisme communautaire les plus connues et les plus anciennes au Costa Rica. Le succès de cette organisation autochtone a fait l’objet de plusieurs projets de recherche coordonnés par des étudiants universitaires et des chercheurs. Dans ces projets, Stibrawpa a été analysée sous différents angles : 1) les aspects économiques (Trejos et Matarrita, 2010) ; 2) la reconstruction de l’identité culturelle par le tourisme (Meri, 2016) ; 3) la valorisation du territoire et le développement rural (Calderón, 2018) ; 4) le rôle des genres sous la forme d’études comparatives avec d’autres groupes autochtones (Hartford, 2018 ; Cañada, 2019). Stibrawpa est aussi une des 200 initiatives de tourisme autochtone qui est mise en valeur dans le Guide des destinations indigènes3. Les résultats de toutes ces études et de notre propre travail de terrain de 2018 à 2020 nous ont fourni des données pour explorer plus en détail les liens entre le tourisme autochtone et les relations de genre femme/homme (Arias-Hidalgo, 2021).

  • 4 Nous traduisons community-based tourism par « tourisme communautaire » ou « villageois » et nous ut (...)

7Nous partons de l’hypothèse que le tourisme communautaire4 (villageois) peut être une démarche déterminante dans les processus de transformation et d’autonomisation des femmes et peut contribuer à réduire les relations asymétriques entre les genres dans le contexte autochtone d’Amérique centrale.

8Nous nous posons les questions suivantes :

  • Une entreprise touristique gérée par des femmes autochtones peut-elle améliorer la situation de ces femmes en général et leur rôle au sein de la communauté ? Peut-elle favoriser la prise en main et la maîtrise de leur avenir et de leur destinée, faciliter leur participation à la prise de décision ?

    • 5 Nous n’avons pas traduit en français le terme empowerment volontairement. Nous l’utilisons dans le (...)

    Comment se traduit « l’empowerment5 » chez ces femmes qui sont à l’initiative de cette entreprise, et peut-il aller bien au-delà de l’acquisition de revenus supplémentaires et des retours économiques classiques que génère le tourisme autochtone en général ?

  • 6 La décolonialité vise à surmonter la colonialité, c’est une perspective engagée en faveur de l’égal (...)

9Nous souhaitons ainsi mieux comprendre les changements sociaux générés par une entreprise de tourisme communautaire de manière participative par des femmes. Nous cherchons aussi à savoir comment ces changements ont été intégrés dans les ménages et les économies familiales et comment ils contribuent au processus de décolonialité6.

10Cet article s’appuie en particulier sur les résultats du projet de recherche intitulé « Développement du tourisme et dynamiques agricoles en territoire indigène bribri » (Arias-Hidalgo, 2021).

11Sur la base de l’analyse de la théorie décoloniale et du projet touristique initié par les femmes autochtones bribris de Stibrawpa au Costa Rica, nous identifions les éléments clés du changement social visant à réduire les relations asymétriques entre les sexes. Pour ce faire, nous avons effectué une revue de la littérature sur le concept de décolonialité liée au tourisme communautaire dans un contexte autochtone.

12Nous concluons que la vie des femmes de Stibrawpa a été grandement améliorée grâce à ce modèle de gestion touristique, basé sur un contrôle total de l’entreprise, une prise de décision collégiale et une grande ouverture vers des processus de changement social. Leurs familles et toute la communauté en général ont aussi grandement bénéficié de cette initiative. Si ces changements contribuent à surmonter les inégalités, ils peuvent être qualifiés d’actions décoloniales, qui proviennent de la valorisation de l’altérité (Dussel, 1995). L’entreprise touristique des femmes bribris nous éclaire sur ce que pourrait être un féminisme décolonial en Amérique latine. Il repose sur une économie locale circulaire, le bien-être familial, la revitalisation de la langue et de la culture bribris, des valeurs d’entraide et des liens profonds tissés avec la nature.

Revue de la littérature

Colonialité du pouvoir et colonialité du genre

  • 7 La colonialité du pouvoir désigne un « régime de pouvoir qui émerge à l’époque moderne avec la colo (...)

13La contribution d’Aníbal Quijano à la théorie de la colonialité du pouvoir7 et de la race et comme éléments constitutifs du modèle de pouvoir capitaliste mondial (Quijano, 2007) est déterminante dans le débat scientifique sur la décolonisation. Comme postulat, Quijano catégorise l’Amérique latine non pas par la classe sociale mais par la race en tant que structure du pouvoir capitaliste. Dans cette même ligne de pensée critique se situe le groupe « modernité-colonialité » (dont Quijano était l’un des fondateurs) qui s’est constitué à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Ce réseau très diversifié de chercheurs a développé un langage commun autour du discours décolonial (Castro-Gómez et Grosfoguel, 2007). La perspective théorique décoloniale cherche à transcender la colonialité (la structure permanente mais en transformation constante de la colonisation). Dans cet article, les termes décolonisation et décolonialité sont utilisés comme synonymes, dans le sens de transcender les structures de pouvoir de la modernité : économique « extractiviste » (Svampa, 2015), raciale, patriarcale, etc.

14La colonisation est un processus genré. Les hommes et les femmes ne sont pas affectés de la même façon par ce processus. Pour comprendre les effets persistants des structures coloniales (le patriarcat moderne dans sa forme contemporaine en est un par exemple), il faut tenir compte de cette différence qui interfère évidemment avec la race et d’autres marqueurs identitaires et sociaux.

15L’un des liens entre la colonialité du genre et le pouvoir est « que la racialisation et l’infériorisation des femmes dans le processus de colonisation sont des processus sans lesquels le colonialisme et la colonialité n’auraient pas été possibles » (Cariño, 2019 : 37).

  • 8 L’épistémè étant l’ensemble des connaissances qui s’inscrivent dans un cadre historique, territoria (...)

16La colonialité du genre est liée au contrôle et à la domination de la vie des femmes ayant une histoire de racialisation, en relation avec la vision d’un système de pouvoir de genre moderne-colonial (Lugones, 2008 ; Espinosa et al., 2013). Pour María Lugones, l’idée de race et celle de genre vont de pair dans le processus de conquête et de colonisation. Celle-ci a développé les notions de colonialité du genre et de système de genre moderne/colonial basés sur l’analyse de l’intersection race/classe/sexualité/genre des femmes féministes noires aux États-Unis et des féminismes des pays sous-développés. Lugones (2008) souligne la soumission des hommes et des femmes dans tous les domaines de l’existence au sein d’un système patriarcal moderne. Ces relations de genre sont historiquement modifiées par le colonialisme et l’épistémè8 de la colonisation qui se reproduit en permanence (Segato, 2013). Pour Rita Segato (2013 ; 2016), les hiérarchies de genre caractéristiques de la vie communautaire, qu’elle décrit comme un « patriarcat à faible impact », sont transformées en patriarcat moderne ayant un impact et une capacité de nuisance beaucoup plus élevés.

  • 9 Abya Yala est le terme utilisé par le peuple Kuna du Panama pour désigner le continent américain, e (...)

17Selon Luisina Bolla (2019), les propositions féministes décoloniales engendrent une rupture qui dépasse désormais le cadre purement épistémologique. Cela se manifeste notamment à travers un activisme résolu de la part des femmes autochtones, qui luttent contre les discriminations et les inégalités structurelles. Par conséquent, le féminisme autochtone à Abya Yala9 revêt essentiellement une dimension décoloniale (Bard Wigdor et Artazo, 2017 ; Curiel, 2021). Il est important de souligner que bien souvent les femmes autochtones ne s’identifient pas explicitement comme féministes ou décoloniales. En effet, ces concepts leur sont habituellement étrangers, en particulier le dernier, qui revêt un caractère profondément universitaire.

Débat féministe décolonial sur le genre à Abya Yala (Amérique)

18Le féminisme décolonial s’attache à comprendre et à résister aux intersections complexes de l’oppression, qui sont le résultat de facteurs tels que le genre, la classe sociale, la race et la sexualité (Vergès, 2019). Il vise à reconnaître et à valoriser les connaissances et les perspectives autochtones et non occidentales (Curiel, 2021), tout en remettant en question les normes et les discours dominants.

  • 10 Aujourd’hui les sociétés matrilinéaires ne sont pas les mêmes que les sociétés matriarcales (sociét (...)

19María Lugones et Rita Segato sont devenues des références sur le thème du féminisme décolonial. Elles ont cependant des avis divergents sur la préexistence de la notion de genre avant la conquête espagnole. Lugones s’appuie sur le cas de la société yoruba de l’auteure Oyèronkẹ Oyěwùmí (1997) pour souligner que le système oppressif de genre a été imposé après la colonisation. Lugones (2008) affirme qu’avant la colonisation on observait un système égalitaire dans les relations de genre, notamment en ce qui a trait au rôle du pouvoir, à la liberté sexuelle et à la prise de décision. Les sociétés qualifiées de matriarcales10 et matrilinéaires dans lesquelles les femmes jouent un rôle important dans la prise de décision politique (Basile et al, 2017 ; 2018) ont été particulièrement affectées par la colonisation européenne.

20Pour Segato, il existe un patriarcat ancestral qui s’applique à toutes les sociétés du monde. D’ailleurs, le genre en tant que système oppressif existait dans les communautés autochtones bien avant la colonisation, mais sous une forme différente. Il s’agissait plus d’un patriarcat « à faible impact », qui n’est pas aussi violent (féminicide) et n’« objectifie » pas les femmes par rapport au patriarcat du colonisateur européen (patriarcat à haute intensité) (Segato 2013 ; 2016). L’union du patriarcat autochtone et du patriarcat européen est ce que Juilieta Paredes (2013) a appelé entronque partiarcal (lien patriarcal).

21Les chercheuses et les militantes mayas du Guatemala ont contribué aux études sur le genre et le patriarcat à partir de leur propre expérience. Aura Cumes (2012 ; 2017) s’appuie sur leurs propos pour avancer l’existence d’un système patriarcal en Amérique latine, lequel ne peut s’expliquer sans la colonisation, tout comme la colonisation ne peut se concevoir sans oppression patriarcale.

22David Arias-Hidalgo a eu l’occasion de rencontrer Lorena Cabnal et d’échanger sur ce sujet lors de sa visite à Talamanca en 2014. Au cours de cette conversation, Cabnal a donné son point de vue sur la perspective du féminisme communautaire et a souligné que le terme « patriarcat », en tant que racine du système de toutes les oppressions, a été pris comme un concept permettant d’analyser les relations intercommunautaires entre femmes et hommes (Cabnal, 2010).

23Les paragraphes précédents nous montrent qu’un idéal autochtone d’égalité dans les relations entre les genres ne peut être ni généralisé, ni romancé. D’après certaines femmes autochtones militantes issues du milieu universitaire, l’oppression des femmes avant la colonisation ne peut pas être niée. Cependant, des cas tels que ceux identifiés par Lugones (2008), en plus de nos expériences de travail avec les communautés autochtones au Costa Rica, nous suggèrent d’élargir le champ aux multiples réalités autochtones. Nous doutons de l’existence d’un patriarcat ancestral qui s’applique à toutes les sociétés autochtones en Amérique. Cela nie ou contredit la grande diversité des peuples autochtones d’Abya Yala. L’universalité de la subordination sociale des femmes à travers l’histoire et dans toutes les cultures, par exemple, pêche par l’imposition de l’ordre socio-symbolique patriarcal de la culture occidentale blanche à toutes les sociétés (Gargallo, 2014). En ce sens, les visions de Chandra Mohanty (1988), d’Oyèronkẹ Oyěwùmí (1997) et d’Aura Cumes (2017) sont partagées et nous aident à poursuivre le débat et à remettre en question les visions universalistes et totalisantes du genre et du patriarcat.

24Le genre transcende même le binôme homme-femme dans le contexte des peuples d’Abya Yala. Voici un exemple : les Kunas autochtones du Panama, qui appartiennent à la famille Chibcha (comme les Bribris), démontrent que le genre va bien au-delà du dimorphisme sexuel. Parmi les Kunas, il y a les omegiidés, des hommes qui assument une identité efféminée. Cette catégorie remet en cause, dans une certaine mesure, la notion de genre basée sur le binaire masculin-féminin (Martínez, 2014).

Genre et tourisme

25La communauté scientifique part souvent du principe que le tourisme a des effets positifs et directs sur les relations entre les femmes et les hommes. Plusieurs auteurs affirment que le tourisme offre aux femmes des possibilités d’emploi, de revenus, et une ouverture salutaire sur le monde extérieur (Cánoves et Pérez, 2000 ; Tucker et Boonabanna, 2012). Une grande partie des recherches sur le genre et le tourisme s’est concentrée sur la notion d’indépendance économique (Tucker et Boonabaana, 2012) et sur la réduction de la pauvreté chez les femmes (Duffy et al., 2015).

26D’autres universitaires plus critiques soulignent que l’emploi des femmes dans l’industrie touristique reproduit une certaine forme de discrimination à leur égard. Cette situation présente un potentiel très limité pour rompre avec la subordination (Fuller, 2013 ; Pérez et Fuller, 2015 ; Rodríguez et Acevedo, 2015). Cette approche de la notion d’autonomisation économique des femmes a été très critiquée. Elle aurait tendance à instrumentaliser le problème de la pauvreté et se fonderait sur des idéaux eurocentriques et sur les relations entre les genres (Tucker et Boonabaana, 2012), d’où l’importance d’adapter les approches aux réalités particulières de chaque contexte.

27Les femmes représentent 54 % en Amérique latine et 60 % aux Caraïbes de la main-d’œuvre dans le secteur du tourisme dans le monde (UNWTO, 2019). Bien que le nombre de femmes employées dans l’industrie du tourisme soit considérable, les conditions de travail dans ce secteur ne sont pas meilleures qu’ailleurs. Comme dans de nombreux autres secteurs, il existe une importante ségrégation horizontale et verticale par le sexe (UNWTO, 2019 ; Ramos et al, 2002). Les hommes sont généralement mieux payés que les femmes qui sont, elles, cantonnées au rôle de serveuses dans les métiers du service. Les hommes sont surreprésentés dans les emplois plus rémunérateurs tels que les postes de direction (Moreno et Cañada, 2018).

28En Amérique centrale, et plus précisément au Belize, au Honduras et au Costa Rica, Lucy Ferguson (2010) souligne que les conditions de travail dans les entreprises touristiques continuent de montrer de profondes inégalités en termes de sexe, d’ethnicité, de classe et de nationalité. S’il est vrai que certaines femmes ont gagné en indépendance économique, l’industrie reste largement dominée par les hommes.

29Dans la même région, une étude sur les transformations des relations de genre dans les initiatives de tourisme communautaire rural reconnaît l’existence de résultats très contrastés, souvent contradictoires, dans les relations entre le tourisme et le genre (positives et négatives) (Cañada, 2019). Le type de gestion ou d’organisation de l’activité touristique joue un rôle fondamental dans la nature des transformations (Díaz-Carrión, 2013), principalement là où les femmes occupent un poste prépondérant dans la direction de l’entreprise. Certaines formes de tourisme deviennent parfois réellement un moyen de transformer les relations asymétriques entre les sexes, en dépassant les stéréotypes ou les rôles attribués aux femmes dans le travail du tourisme. C’est une autonomisation qui dépasse la sphère économique et cherche à améliorer le bien-être des familles. Ainsi, les initiatives touristiques à petite échelle et centrées sur la communauté offrent un plus grand potentiel pour améliorer la vie des groupes économiquement marginalisés, y compris les femmes en milieu rural (Scheyvens, 2000 ; Gentry, 2007).

Tourisme rural communautaire

  • 11 Reglamento de la Ley de Fomento de Turismo Rural Comunitario Decreto Ejecutivo n36273-MEIC-H-TUR.

30Le tourisme rural communautaire (TRC) fait partie de la grande famille du tourisme dit « alternatif » (Kieffer, 2014). Il est défini comme une forme de tourisme à petite échelle, en milieu rural, dans lequel les populations locales sont activement impliquées dans la gestion des activités touristiques, à travers leurs propres structures organisationnelles (Gascón, 2011 ; Telfer et Sharpley, 2015). Le TRC regroupe tous ces critères : le développement d’une économie locale, la justice sociale, la prise en main de sa destinée, la protection et la conservation des ressources naturelles, l’autonomisation et la durabilité des entreprises, et remet en cause le néolibéralisme (Giampiccoli, 2015). L’Institut costaricien du tourisme (ICT) et l’Alliance pour la consolidation11 du TRC définissent le TRC comme étant une série d’expériences touristiques planifiées, durablement intégrées dans l’environnement rural, développées par et pour la population locale et organisées au profit de cette communauté (Fontana, 2012).

31Parmi les aspects positifs du TRC dans les communautés rurales et autochtones figure le principe de non-substitution des activités agricoles traditionnelles. Le TRC est souvent envisagé comme un moyen de diversifier les activités économiques des communautés rurales et de compléter les revenus des familles. Pour l’Alliance et l’ICT du Costa Rica, les activités touristiques ne doivent en aucun cas supplanter, voire remplacer les activités agricoles traditionnelles (agroécologiques de subsistance). Le TRC est de plus en plus vu comme une possibilité d’évoluer vers une plus grande autodétermination politique, à condition que la communauté locale contrôle le fonctionnement de l’entreprise et ne dépende pas d’opérateurs privés extérieurs (Salazar, 2012 ; Blangy, 2017).

32Il convient cependant de mentionner qu’il existe des expériences de tourisme rural qui, au lieu d’apporter les bénéfices escomptés, ont exacerbé les tensions en interne et les conflits entre et au sein des communautés rurales. Jordi Gascón et Claudio Milano (2017) identifient des divergences entre les différentes approches du TRC. Le TRC peut être aussi bien un outil d’amélioration que de déstabilisation des populations rurales. C’est ce que Gascón et Milano nomment le « dilemme de la dualité ». Les résultats de ces études sont par ailleurs disparates ; les succès ou les échecs des initiatives de TRC dépendent de multiples variables (degré de contrôle local, participation et mode de commercialisation) liées aux facteurs internes et externes à la communauté (Butler et Hinch, 1996 ; 2007 ; Blangy, 2017).

  • 12 La Société internationale d’écotourisme (TIES) définit l’écotourisme comme un voyage responsable da (...)

33Néanmoins, malgré de nombreuses critiques à l’égard du TRC, il s’agit probablement de la forme de tourisme qui se rapproche le plus des principes de participation locale que l’écotourisme12 n’a pas réussi à atteindre (Morera, 2006 ; Léonard, 2020). Dans cet article, nous souhaitons étudier les effets positifs et négatifs de ce type d’organisation communautaire afin de mieux comprendre les opportunités que le TRC offre et les menaces qu’il fait peser.

Méthodologie et terrains

34Les caractéristiques de cette recherche sont qualitatives et exploratoires (Hernández et al., 2014). Le projet est basé sur une approche multi et interdisciplinaire pour essayer de mieux comprendre les liens entre le tourisme et le genre dans un contexte autochtone. Il s’inscrit dans la tradition phénoménologique, qui cherche à comprendre les phénomènes sociaux du point de vue de l’acteur, de sorte que la réalité qui compte est celle que les gens perçoivent comme importante (Taylor et Bogdan, 1990).

35Sur le plan méthodologique, nous avons suivi la tradition latino-américaine de la recherche-action participative (RAP) développée par Orlando Fals Borda (1999). « La RAP est une approche qui vise l’action et implique la participation des communautés concernées. Elle cherche à comprendre le monde tout en essayant de le changer, de manière collaborative et réflexive. La RAP favorise les enquêtes collectives et les expérimentations fondées sur l’expérience et l’histoire sociétale. » (Chevalier et Buckles, 2019)

36Nous nous inspirons aussi de projets de recherche menés au Canada et en Scandinavie avec des communautés Inuit, Cri et Sami dans une approche de recherche-action participative (Blangy et al., 2010 ; Blangy, 2017). Les projets nommés BOAZU13 et TUKTU14 montrent que les voix des femmes autochtones ont longtemps été exclues de la recherche. En ce sens, les chercheurs universitaires « conventionnels » ont joué un rôle important dans leur marginalisation (Blangy, 2006 ; 2009 ; 2017 ; Blangy et al., 2010). Les projets participatifs dans lesquels les femmes ont été impliquées récemment comme co-chercheuses leur ont permis de traiter les problématiques qui sont au cœur des préoccupations de leur communauté (tourisme, impacts miniers, changements climatiques, souveraineté alimentaire, indépendance énergétique, éducation des jeunes, transmission des savoirs entre les aînés et les jeunes, fossé générationnel qui se creuse).

37Les auteurs de cet article ont une longue expérience de projets en milieu autochtone. David Arias-Hidalgo est métis natif du Costa Rica et a mené toutes les études de terrain dans son pays. Sylvie Blangy travaille de concert avec des femmes co-chercheuses dans les projets co-construits avec les Premières Nations cries et les Inuits du Canada ainsi que les Samis de Suède. Elle a conduit des entretiens sur des initiatives de tourisme autochtone au Costa Rica mises en ligne sur le site ABORINET15.

38Le travail de terrain à Yorkin a été mené en 2018 (quatre visites de deux jours) et en 2020 (trois jours pendant la pandémie). Les données viennent également d’autres projets de recherche conduits de 2009 à 2017 à Talamanca (Arias-Hidalgo, 2016 ; Ruíz et al., 2019). Au cours de ces années, nous avons eu l’occasion de parcourir la quasi-totalité du territoire des Bribris, soit une vingtaine de communautés, en plus de Stibrawpa (illustration 1). Nous avons parlé à Talamanca avec plusieurs groupes dirigés par des femmes autochtones comme : l’Asociación de Mujeres Indígenas de Talamanca (ACOMUITA) à Shiroles, l’Asociación de mujeres trabajadas, l’Alakolpa kanewak à Amubri, l’Asociación Comunitaria de Agricultura Orgánica y Ecoturismo de Telire (ACEATA) à Shuabb et la Federación de Mujeres Bribris Defendiendo (Alakölpa Bribriwak Te Chok) ainsi que l’Asociación de Mujeres Kábata Könana dans le territoire Cabécar.

39Arias-Hidalgo a réalisé une vingtaine d’entretiens auprès des membres de Stibrawpa. Il a organisé un atelier participatif en 2018 (illustration 2) pour reconstruire collectivement les processus d’émergence et de consolidation de l’initiative touristique Stibrawpa. Au cours de cet atelier, il a utilisé les récits et la technique ethnographique de l’histoire de vie (Cornejo et al., 2008) plus précisément liés à la méthodologie autochtone du storytelling (Kovach, 2021). Les entretiens et l’atelier se sont déroulés le soir puisque, pour les Bribris, le récit ou siwãpakol est une activité qui a lieu principalement à ce moment de la journée.

40L’objectif de l’atelier était de retracer la chronologie, les dates et les étapes importantes de la vie de l’association, allant de sa création jusqu’à sa consolidation, d’identifier les motivations de ses membres, les personnes et les institutions concernées. Il s’agissait également de lister les événements qui ont pu affecter le bon fonctionnement de l’association depuis sa création, tels que les inondations, les tremblements de terre, la multiplication des parasites ou le développement des maladies qui ont détruit les récoltes (illustration 2).

41Les entretiens ont été enregistrés puis retranscrits intégralement (en verbatim). Arias-Hidalgo (2023) a pris des notes dans un journal de bord tout au long du séjour, et l’ensemble a été classé en plusieurs catégories de décolonialité : nature, savoir, pouvoir, genre et tourisme. Les informations les plus importantes sont liées à la consolidation des entreprises touristiques. Elles ont permis de rechercher des similitudes et des différences qui entrent en dialogue avec les éléments conceptuels de la perspective théorique décoloniale, parmi lesquels : la colonialité et la décolonialité du genre. Pour renforcer certains aspects de l’analyse, nous avons pris des photographies et recherché des éléments dans des enregistrements antérieurs à 2018.

Illustration 2

Illustration 2

Atelier participatif avec les partenaires bribris de Stibrawpa

Photo : Francisco Mojica, 2018.

42Les données de cet article sont basées exclusivement sur le travail de terrain avec les membres de l’association Stibrawpa ; les membres de la communauté Yorkin non liés à l’association Stibrawpa n’ont pas été interrogés en profondeur. Nous n’avons pas traité de la façon dont l’influence des religions extérieures a conduit à des changements dans les rôles des genres dans la société bribri dans son ensemble.

Résultats

Le cas des femmes bribris et leurs relations avec le tourisme

43Les données contextualisées de cette partie sont issues de nos propres entretiens sur le terrain. Elles apportent un éclairage nouveau aux informations déjà publiées dans les articles mentionnés précédemment.

44Les Bribris, avec les Cabécares, sont les seuls peuples autochtones du Costa Rica à avoir un système de parenté matrilinéaire (Ruíz et al., 2019). La structure matrilinéaire des Bribris-Cabécares est complexe. Le système de clan matrilinéaire est découpé en deux parties, dans lesquelles chaque clan a son rôle et son partenaire pour l’union (Bozzoli, 1967). Les principales caractéristiques du système matrilinéaire qui persistent aujourd’hui encore sont l’héritage du clan par la lignée maternelle et le travail réciproque entre les membres pour l’agriculture de subsistance.

45Selon David Robichaux (2008), les systèmes familiaux matrilinéaires sont caractérisés par des femmes cheffes de famille, qui ont une position économique forte ; la coopération dans les tâches de travail domestique entre les membres de la famille matrilinéaire est beaucoup plus élevée que dans les groupes de parenté patrilinéaire. Par exemple, les activités agricoles sont organisées collectivement dans la société bribri, société dans laquelle les clans matrilinéaires jouent un rôle fondamental dans le maintien du système de travail basé sur la réciprocité (tu m’aides donc je t’aide), sans rémunération économique (Arias-Hidalgo, 2023).

46L’association Stibrawpa (mot qui signifie « artisans » en langue bribri) est une entreprise de tourisme du type TRC qui a été créée par un groupe de femmes autochtones bribris avec trois objectifs principaux : le développement d’une économie familiale, la revitalisation de la langue bribri et la protection de l’environnement. L’association a été officiellement créée en 1992 à la suite d’un long travail de maturation démarré en 1985 par un groupe de femmes dirigé par Bernarda Morales Marín, cheffe fondatrice. Ce groupe a réussi à convaincre la communauté que le tourisme pouvait générer de nouveaux revenus et devenir une alternative économique complémentaire aux activités agricoles traditionnelles. Un atelier participatif a permis de découvrir les éléments suivants : la chronologie des événements, les dates et les étapes importantes de l’association, allant de sa création jusqu’à sa consolidation, et d’identifier les motivations de ses membres (tableau 1).

Tableau 1

Dynamiques locales et rôles des femmes et des hommes dans les étapes importantes de l’association

Étape 1. Historique (1980-1991)

Les femmes dénoncent les problèmes du machisme dans la vie quotidienne

Une crise économique due à la moniliose du cacaoyer éclate

Les femmes n’ont pas le soutien des hommes pour créer un projet touristique

Les hommes partent chercher du travail dans les bananeraies

Les femmes commencent à travailler ensemble, sous la houlette de Bernarda Morales

Étape 2. Création (1992-2006)

Les femmes créent l’organisation Stibrawpa, dirigée par des femmes

Les femmes reçoivent une formation dans différents domaines thématiques (tourisme, droits des femmes, guidage)

Des hommes de la communauté rejoignent l’organisation

Les femmes continuent à diriger l’organisation

Étape 3. Consolidation (2007-2020)

L’organisation est confrontée à une crise à la suite d’une inondation qui a détruit les infrastructures touristiques du projet (hébergement, restaurant et salles de bains)

L’organisation met en œuvre des politiques d’équité entre les sexes

Les associés bénéficient de formation grâce à des bourses d’études par Stibrawpa

Les femmes se mettent d’accord sur trois axes : protection de l’environnement, sauvetage de la langue et de la culture, renforcement de la souveraineté alimentaire

L’organisation adhère au réseau de tourisme rural (ACTUAR)

L’organisation fait face à la crise de la COVID-19

La participation exclusive des femmes au conseil d’administration est renforcée

Source : David Arias-Hidalgo, 2023 ; basé sur un atelier participatif avec les partenaires de Stibrawpa.

47Le projet est situé dans la zone tampon du Parc international de La Amistad (PILA). La Amistad est tout à la fois un parc binational entre le Costa Rica et le Panama et une réserve de biosphère de l’UNESCO depuis 1982. Ce site est considéré comme très important pour la conservation de la diversité biologique de la région. Le « pavillon » touristique de l’association Stibrawpa, également connu sous le nom de « Maison des femmes », est situé dans la communauté de Yorkín, sur les rives de la rivière Yorkín qui constitue la frontière naturelle entre le Costa Rica et le Panama. Aujourd’hui, l’entreprise reçoit principalement des touristes étrangers d’Allemagne, de France, des États-Unis et d’Espagne. Les touristes nationaux sont pour la plupart des étudiants universitaires. La capacité d’hébergement maximale est de 80 personnes par jour dans la loge de Stibrawpa.

48En termes de services touristiques, Stibrawpa offre un large éventail d’activités récréatives et culturelles aux touristes, dont : la vente d’artisanat, la fabrication, la préparation et la dégustation de chocolat (boisson à base de cacao), les promenades en forêt avec des guides autochtones certifiés, les visites des fermes biologiques, les randonnées, la baignade dans les rivières, les démonstrations de tir à l’arc… Les séjours sont commercialisés principalement par le biais d’Internet (<https://stibrawpayorkin.wordpress.com/​>), d’ABORINET (<https://aborinet.cefe.cnrs.fr/​spip.php?page=article&id_article=109&lang=fr>), et par le bouche-à-oreille. L’ATEC (Asociación Talamanqueña Ecoturismo Conservación) et l’AGITUBRIT (Asociación de Guías Turísticos Bribris de Talamanca) sont deux des opérateurs locaux qui participent à la promotion et à la commercialisation du projet.

Illustration 3

Illustration 3

Cuisine et salle à manger du projet touristique de l’association Stibrawpa

Source : David Arias-Hidalgo, 2021.

  • 16 La moniliose est une maladie qui affecte les plants de cacao. Elle est causée par le champignon Mon (...)

49Dans le village de Yorkín, l’économie locale est basée principalement sur la production de cacao (Arias-Hidalgo, 2021). Pour compléter les revenus de cette production désormais en difficulté, les femmes de Yorkín ont cherché une alternative : le tourisme. La crise économique provoquée par la moniliose du cacaoyer16 a poussé de nombreux jeunes à quitter la communauté et chercher un emploi dans les plantations de bananes. Ces jeunes hommes ont été alors gravement exposés aux produits agrochimiques pulvérisés sur les plants de banane et sont tombés malades, comme le souligne Bernarda Morales (communication personnelle, 24 mars 2018) :

Les gens étaient dans le besoin puisque le cacao était affecté par la moniliose et ne se vendait plus. Ils avaient besoin d’argent. Ils ont migré et sont allés travailler dans les plantations de bananes et de plantains. Ils sont revenus malades à cause des produits chimiques qui ont contaminé les bananeraies. Certains sont devenus stériles et ont refusé de retourner travailler dans les plantations de bananes.

50Les maladies du cacao et les expositions aux pesticides dans les bananeraies ont grandement affecté la communauté. Les femmes ont cherché des solutions économiques et créé Stibrawpa. Il y a environ 40 personnes associées à Stibrawpa (19 femmes et 21 hommes) qui ne sont pas toutes actives en même temps (Cañada, 2019). L’association décide qui travaille et quand, selon le calendrier de travail hebdomadaire. Cette planification est faite par le conseil d’administration composé essentiellement de femmes. Leur objectif est que les associés participent à l’entreprise d’une manière équitable et à parts égales. Le conseil décide également chaque semaine à qui (les associés) les produits seront achetés (volailles, bananes, cacao, etc.). Tout ce qui est nécessaire pour l’activité touristique est fourni localement. Si les membres n’ont pas de produits d’alimentation à fournir, et seulement alors, ils seront achetés auprès d’autres familles de la communauté.

51Les femmes peuvent choisir leurs tâches au sein de l’organisation dans la partie opérationnelle (tableau 2). Les responsables essaient de faire en sorte que chaque personne exerce l’activité dans laquelle elle se sent le plus à l’aise. Parmi les principales tâches (en dehors du conseil d’administration) que les femmes assument, on peut citer : entretien ménager, cuisine, visites guidées. Certaines femmes peuvent conduire des bateaux, mais c’est un travail qui, aujourd’hui, est assuré davantage par des hommes.

Tableau 2

Répartition du travail par sexe à Stibrawpa

52(Observations pendant le travail sur le terrain)

Activité

Qui le fait ?

Navigation de plaisance

Les hommes

Cuisine

Les femmes

Entretien ménager

Les deux

Production artisanale

Les deux

Guide

Les deux

Agriculture

Les deux

Administration et gestion

Les femmes

Source : Arias-Hidalgo, 2023.

53Bien que l’association ait été créée par des femmes, il est important de souligner qu’aujourd’hui la participation des hommes est majoritaire en nombre de personnes (55 % des partenaires). Ces hommes assument principalement des rôles de bateliers et de guides. D’autres hommes aident à la cuisine ou au ménage. La plupart d’entre eux sont les fils ou les maris des femmes fondatrices et associées dans l’entreprise. Toutefois, les hommes ne sont pas autorisés à occuper des postes au sein du conseil d’administration. Ce sont exclusivement les femmes qui peuvent y participer, et ce, depuis les débuts de l’organisation jusqu’à aujourd’hui.

54Lors d’un entretien avec un des membres (masculin) de l’association, Cañada (2019) a enregistré ce témoignage :

Les femmes sont les fondatrices, donc quand nous tenons une assemblée, quand le conseil d’administration doit être renouvelé, quand nous allons voter, nous ne votons pas pour un homme, nous votons pour les femmes. Tout le monde dit « merci les femmes » d’avoir pu faire cela pour nous. Nous vous serons toujours reconnaissants. Et aucun homme ne dit le contraire, parce qu’ils savent que c’est la vérité, que si ces femmes n’avaient pas pensé à cela, nous n’aurions pas le travail que nous avons, un travail où le matin nous travaillons et le soir nous sommes à la maison avec notre famille, ce qui est vraiment quelque chose de bien. Grâce à cette initiative nous n’avons pas besoin d’aller chercher du travail ailleurs. (ibid. : 96)

55À l’issue des ateliers organisés à Talamanca en 2018, nous avons mieux compris l’émergence, la consolidation et le rôle prédominant de leadership des femmes de Yorkín dans la gestion réussie de l’entreprise de tourisme rural communautaire.

Discussion

56En utilisant des exemples concrets de la culture bribri et en nous basant sur l’expérience de l’association Stibrawpa, notre analyse se concentre sur les manifestations de décolonialité, en mettant en lumière les dimensions liées au genre.

Vers une compréhension du cas de Stibrawpa avec des éléments d’une perspective décoloniale

57Le tourisme traditionnel est la plupart du temps un bon exemple de maintien de la colonialité de genre, étant donné qu’il s’agit d’une industrie qui s’inscrit dans la logique capitaliste néolibérale et qui se caractérise par l’exploitation économique et la féminisation du travail touristique, sans oublier le tourisme sexuel avec une exploitation marquée des femmes. Il est donc intéressant de comprendre comment les femmes de Stibrawpa se sont réapproprié une activité d’accueil de visiteurs issus essentiellement de pays industrialisés et l’utilisent comme un outil pour renforcer leur culture, leur langue, leur économie et leur désir de consolider leur autonomie et leur posture égalitaire.

58Au Costa Rica, la colonialité de genre se manifeste dans certains des problèmes rencontrés par les femmes ; il existe un écart salarial marqué entre les femmes et les hommes (Torres et Zaclicever, 2022), et au sein des catégories de chômeurs (Morales, 2018). Les femmes ont un accès plus limité à la propriété foncière (Bonilla, 2010). La violence est marquée par un taux élevé de féminicides (Carcedo et Sagot, 2002). Nombre de ces problèmes sont encore plus aigus dans les communautés autochtones du Costa Rica (Esquivel et al., 2006 ; Arguedas Ramírez, 2017).

59Le cas de Stibrawpa mérite une attention particulière. Bien qu’il s’agisse d’une organisation dirigée par des femmes avec un haut degré d’autonomisation, on ne peut pas nier que certains des hommes de la communauté aient eu une attitude machiste envers les femmes au démarrage. Ces hommes doutaient de la capacité des femmes à développer une entreprise touristique viable économiquement. C’est la raison pour laquelle seules les femmes ont initié sa création. Ce comportement a changé au fil du temps. Les hommes ont accepté que les femmes prennent ce rôle de leadership et l’ont vu de manière très positive par la suite. Les relations entre les femmes et les hommes sont devenues plus égalitaires et équitables avec le temps.

60En ce qui concerne le processus de formation et d’autonomisation des femmes, Daisy Peterson Gamarra (communication personnelle, 24 mars 2018) déclare :

Les femmes timides ne voulaient pas participer. Il était difficile de changer cela. La seule personne extravertie qui sortait le soir était Bernarda, et personne d’autre. Je me souviens que lorsqu’elle sortait, les gens restaient là à se moquer d’elle. Ils disaient : « Sa femme va se trouver un autre homme. » J’ai dit à Prisca et Miriam qu’elles devaient prendre les rênes. Si elles n’étaient pas parties, elles ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Comme j’avais plus de formation, je leur ai dit qu’elles devaient utiliser ce que nous avions. Je sentais que le monde était différent. Je savais qu’elles étaient dans le même processus et qu’elles étaient arrivées à un point où elles sentaient qu’elles pouvaient changer leur vie…

  • 17 L’INAMU est une institution autonome du gouvernement costaricien.

61Un exemple de ce changement peut être observé dans le rôle que les hommes jouent dans leur foyer en s’occupant de leurs enfants lorsqu’une femme quitte le territoire pendant plusieurs jours pour une formation ou des réunions de travail. Les hommes assument désormais les tâches domestiques et la garde des enfants, ce qui, selon les membres plus âgés, n’était pas le cas au début de l’organisation. Ce changement de comportement est dû à des réunions de sensibilisation qui ont eu lieu au sein de l’association, ainsi qu’à des formations organisées sur les droits des femmes et l’égalité des sexes par l’Institut national des femmes (INAMU)17.

62Selon Walter Mignolo (2009), cela constitue un changement qui conduit vers une pensée indépendante et des actions décolonisatrices basées sur leurs propres logiques. Le cas de la transformation des relations de genre liées à l’activité touristique dans cette communauté autochtone – à travers Stibrawpa – montre qu’il est possible de dépasser, dans une certaine mesure, la participation stéréotypée de l’emploi féminin dans le secteur touristique – selon une division sexuelle du travail qui subordonne les femmes. D’après Norma Fuller (2013), il est très difficile d’améliorer cette division dans l’industrie du tourisme en général. Le cas de Stibrawpa révèle également que l’autonomisation peut aller bien au-delà de l’amélioration du revenu économique des femmes (Tucker et Boonabaana, 2012). Cette étude de cas montre, au niveau local, que les femmes sont à même de choisir leur propre mode d’organisation et de gouvernance, limitant ainsi le pouvoir des hommes, et que cela nécessite une structure salariale et une répartition des tâches très particulière qui tient compte des caractéristiques de la dynamique locale.

  • 18 Les perspectives du « bien vivre » font partie de la sagesse ancestrale des peuples originaux d’Aby (...)

63L’association s’est fixé un nombre maximal de 1500 visiteurs par an, affluence qui génère des ressources suffisantes pour vivre décemment. Leur objectif n’est pas d’accumuler de l’argent, mais de vivre sereinement avec une certaine tranquillité d’esprit. C’est une pensée qui s’inscrit dans la notion autochtone de « bien vivre18 » commune en Amérique du Sud comme paradigme alternatif au développement économique de la croissance illimitée (Arias-Hidalgo, 2023). Cette perspective du « bien vivre » ressort des entretiens avec Miriam Morales (communication personnelle, 18 mai 2018) sur la manière dont elle se projette dans une dizaine d’années :

Je souhaite que Yorkín reste tel qu’il est, que les membres de la communauté préservent leur culture, car c’est leur priorité. La coutume d’entraide est importante, tout comme la préservation de la forêt et des animaux. Que les jeunes apprennent les histoires de leur culture, car s’ils ne les connaissent pas, ils ne verront aucun intérêt à la préserver et à la transmettre. La connaissance de l’histoire culturelle s’enracine profondément en nous. C’est ce que je dis à mes enfants. Si les touristes me demandent ce que nous aimerions avoir pour vivre mieux, je leur réponds que pour être heureux et bien vivre, nous avons déjà la terre d’où nous tirons notre nourriture, de l’air, de la forêt, et de la médecine. Pourquoi en vouloir davantage ?

64Une autre manière de saisir la notion de buen vivir chez les Bribris réside dans la critique formulée par Prisca Hernández (communication personnelle, 2019) en ce qui concerne la perception de la pauvreté que les non-autochtones peuvent avoir à leur égard. Pour les Bribris, la pauvreté est bien loin d’être synonyme de manque d’argent.

Je dis à mes enfants que les gens de l’extérieur pensent que nous sommes pauvres et paresseux. Je leur dis de ne jamais le croire. Nous sommes travailleurs, regardez les bananes exportées. Le problème, c’est qu’ils ne nous paient pas le produit comme il se doit. La qualité des produits exportés vient de notre travail fourni à Talamanca. Ce sont eux les pauvres. Ils doivent se payer une maison, des services, un parking pour garer la voiture. Nous avons la rivière pour garer les bateaux. Ce sont eux les pauvres. Rien n’est plus beau que de vivre ici. Être pauvre, je ne sais pas dans quel sens ils le disent. Nous pouvons ne pas avoir beaucoup d’argent, mais nous sommes riches en ce qui concerne ce que nous avons. Ce sont eux qui vivent menacés par l’insécurité.

65En termes de rémunération, un mode d’organisation spécifique a été mis en place caractérisé par une participation équitable et souple des tâches. Il n’y a pas de salaire fixe, le revenu dépendra du nombre de touristes servis par mois, de l’effort et du temps passé à chaque tâche. Les indicateurs ont été établis par le conseil d’administration avec des critères basés sur le contenu, le lieu et la difficulté du travail effectué. Parmi les postes les mieux rémunérés figurent ceux de cuisinier, de batelier et de guide touristique. Ces emplois sont aussi ceux qui nécessitent le plus d’heures de travail.

66Les membres du conseil d’administration ne reçoivent pas de salaire supplémentaire pour le temps passé en réunion. Cependant, les femmes du conseil reçoivent des indemnités pour ce mandat. De plus, ce travail est reconnu pendant leurs heures de travail. Aujourd’hui, grâce à une initiative des membres les plus jeunes, Bernarda est la seule personne à ne pas déclarer d’heures de travail pour l’association. C’est une reconnaissance honorifique pour son rôle de membre fondatrice. D’autres postes de dépenses servent à l’acquisition de produits locaux (achetés directement auprès des membres) et des matériaux de construction (arbres à bois et feuilles).

67Stibrawpa est une organisation ouverte à de nouvelles candidatures. De plus en plus de femmes et leurs familles rejoignent l’association, y compris celles des communautés voisines de Guabo et Shuabb. C’est également l’une des organisations locales qui soutient le plus les travaux collectifs au profit de la communauté. L’association a soutenu financièrement et avec de la main-d’œuvre locale la construction de l’aqueduc rural et de l’école (secondaire) de la communauté. Elle encourage également le travail bénévole de projets communautaires et le soutien financier à d’autres groupes dirigés par des femmes, comme ACEATA, une organisation basée à Shuabb. Les femmes de Stibrawpa sont intimement liées à leur réseau relationnel et communautaire. Leurs luttes sont communautaires, enracinées dans leurs relations de parenté et leur territoire, pour le bien commun, pour rendre possible la multiplication des moyens de subsistance. Il ne s’agit pas seulement d’une lutte de femmes. Cette démarche s’inscrit dans la ligne de pensée décoloniale des féministes communautaires d’Amérique latine, revendiquant leurs différences (Del Carmen Puiggros, 2022).

Nous ne voulons pas être féministes ou masculinistes, nous voulons être des femmes et des hommes avec notre propre histoire et notre propre culture, avec un point de départ, pour nous nommer avec nos propres voix au milieu de ces processus de changement que connaît notre pays. (Páredes, 2013 : 73)

68L’entreprise touristique a eu aussi d’autres effets que créer des emplois et générer des nouveaux revenus. Constatant que la langue maternelle disparaissait, les femmes de Stibrawpa ont mis en place un programme de réapprentissage de la langue bribri. Ce programme de restauration de la langue a été conçu comme un moyen de renforcer la culture et l’identité bribris, de s’assurer que les nouvelles générations ne perdaient pas définitivement leur langue maternelle. Les femmes se sont aperçues que recommencer à parler bribri était très apprécié des visiteurs. La disparition de la langue bribri est principalement due à l’imposition de la langue espagnole par les colonisateurs. Ce processus de disparition insidieuse de la langue maternelle a été complètement enrayé depuis.

69Les féministes décoloniales soutiennent qu’il est important de lutter contre les modes traditionnels non équitables d’organisation du travail, de la propriété foncière, du contrôle de l’autorité, du contrôle du genre, de la race, de la classe et de la sexualité (Bard Wigdor et Artazo, 2017). L’autonomisation des femmes dans l’organisation de l’entreprise se manifeste par le rôle de leadership assumé par les femmes (sans négliger le rôle secondaire occupé par les hommes), qu’elles disent assumer en bonne intelligence et sans conflit. Du point de vue de l’organisation, cela minimise les luttes de pouvoir en interne entre les hommes et les femmes, puisque c’est le conseil d’administration qui prend les décisions les plus importantes dans l’organisation (les hommes ont une voix, mais pas de droit de vote dans ces décisions).

70Une autre manifestation considérée comme action décoloniale peut être vue dans la revitalisation de la langue bribri par Stibrawpa. Elle peut être interprétée comme une forme de résistance épistémologique, une représentation du pouvoir du local face à l’épistémicide généré par le capitalisme et le néocolonialisme dans la perspective de Bonaventura Santos (2011) ou la colonialité de la connaissance (Lander, 2000) dans une perspective théorique décoloniale. En relation avec ce qui précède, l’organisation promeut l’apprentissage de plusieurs langues comme une forme de politique organisationnelle interne pour le multiculturalisme, ce qui explique pourquoi les membres de Stibrawpa apprennent d’autres langues et ont eu la possibilité de faire des stages à l’international avant l’arrivée de la pandémie. À cet égard, un cas intéressant à Yorkín est celui du guide touristique Maynor Aguirre, fils d’une partenaire, qui parle deux langues maternelles (le bribri et le naso-teribe), l’espagnol (première langue), le français et l’anglais, et qui apprend l’allemand, en autodidacte et au contact des touristes et des étudiants bénévoles (avec lesquels il vit régulièrement de six à douze mois par an), afin d’améliorer son niveau d’expression orale et d’apprendre à connaître d’autres cultures.

71Naomie Léonard a observé qu’à Talamanca les femmes d’ACOMUITA ont développé une stratégie politique qui améliore leurs conditions matérielles d’existence (Léonard, 2019). L’expérience de Stibrawpa, avec son propre modèle de gestion touristique et les transformations positives qui concernent les relations entre les hommes et les femmes et l’autonomisation profonde des femmes, montre que, dans certaines circonstances, certaines formes de gestion touristique peuvent être un outil pour promouvoir une action décoloniale, principalement en termes de relations de genre.

72Les femmes bribris continuent de jouer un rôle très important dans la préservation de la culture et dans la production traditionnelle de biens de consommation et, surtout, dans les activités économiques telles que l’agriculture et le tourisme. La réalité des études de cas des femmes autochtones et de leurs luttes féministes est ancrée dans une historicité propre à leur culture et à leur territoire (Del Carmen Puiggros, 2022).

73Pour finir, l’influence du patriarcat dominant a eu des conséquences pour les femmes bribris. Le machisme était une réalité constante au début du projet, beaucoup d’hommes ne croyaient pas à l’initiative des femmes (Cañada, 2019). Cependant, le comportement des hommes a changé au fil du temps grâce à un profond processus d’autonomisation des femmes lié à un projet de tourisme communautaire qui va bien au-delà des avantages économiques classiques.

Conclusion

74Le genre reste une question marginale dans les études sur le tourisme en général et le tourisme autochtone en particulier. Cependant, l’étude de cas de l’association Stibrawpa fournit un bon exemple de la diversité des modèles de gestion du tourisme communautaire chez les peuples autochtones d’Abya Yala. Si les pratiques touristiques sont analysées dans la perspective théorique de la décolonialité, l’exemple de Stibrawpa confirme que le tourisme géré collectivement au niveau local peut avoir un impact positif sur la modification des relations asymétriques et des stéréotypes entre hommes et femmes, souvent difficiles à briser dans la rationalité de la société patriarcale.

75Le tourisme de masse traditionnel de sol y playa qui prédomine en Amérique latine est un exemple clair de colonialité de genre. Des formes de tourisme apparemment moins envahissantes, comme celle de l’écotourisme dans sa version extractiviste au Costa Rica (Léonard, 2020 ; Arias-Hidalgo, 2021), peuvent reproduire également un modèle de colonialité qui affecte et reproduit les inégalités, la pauvreté et l’exploitation des femmes, d’où la recherche de formes alternatives de gestion du tourisme telles que le TRC. Les initiatives touristiques à petite échelle centrées sur la communauté offrent de plus grandes opportunités pour améliorer la vie des groupes économiquement marginalisés, y compris les femmes en milieu rural (Scheyvens, 2000 ; Gentry, 2007 ; Díaz-Carrión, 2013).

76Le cas de Stibrawpa est particulier en raison de la grande autonomisation des femmes dans le contexte du tourisme. Selon Eylla Gutierrez et Kazem Vafadari (2022), toutes les formes de tourisme ne contribuent pas à l’autonomisation des femmes. Il est important de comprendre les avantages du tourisme alternatif par rapport aux transformations positives des relations équitables entre les hommes et les femmes. Cela va bien au-delà de la création d’emplois pour les femmes et des revenus économiques que cette activité leur procure. Le TRC dans certains contextes peut mener vers une autonomisation plus significative qui transcende les stéréotypes de la division sexuelle du travail (Cañada, 2019). Le cas des femmes bribris de Stibrawpa montre que le tourisme alternatif peut être un moyen de transformer les relations traditionnelles des rôles du travail des femmes dans le tourisme. Le tourisme organisé par les femmes bribris remet en cause la domination du système patriarcal dans le contexte des populations autochtones.

77Plus qu’une « modification des relations asymétriques et des stéréotypes entre hommes et femmes », ce texte nous informe sur la compréhension de ce que pourrait être un féminisme décolonial bribri à travers cette organisation. Une partie de la réponse se trouve dans les principes, les valeurs et les façons de faire de ces femmes qui valorisent une économie axée sur la famille et qui visent un développement d’activités qui revitalisent la langue et la culture bribris, le tout à travers une épistémologie holistique aux valeurs d’entraide et d’interconnectivité avec la nature et une non-valorisation de l’accumulation matérielle.

78Compte tenu du nombre croissant des organisations de femmes à Talamanca et au Costa Rica, cette recherche ouvre une voie pour d’autres projets de recherche qui souhaitent approfondir les relations hommes–femmes au-delà du secteur du tourisme.

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Notes

1 Nous remercions le MICITT (Ministère de la Science, de la Technologie et des Télécommunications du Costa Rica, l’IFAC (Institut français d’Amérique centrale) et l’ITCR (Institut technologique du Costa Rica) pour le financement du projet de thèse Développement du tourisme et dynamiques agricoles en territoire indigène bribri. Analyse de l’évolution des « moyens de vie » à Talamanca Costa Rica. Un remerciement spécial à tous les membres de l’association Stibrawpa pour avoir participé au projet. David Arias Hidalgo remercie ses directeurs de thèse, Philippe Duhamel et Maxime Kieffer, de l’avoir accueilli et conseillé lors de ses séjours à l’Université d’Angers en France et à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). Il tient également à remercier le comité de suivi de sa thèse, composé de Sylvie Blangy et Eduardo García Frapolli.

2 Le terme « femmes bribris » est utilisé dans cet article, mais il n’est pas possible de parler des « femmes bribris » comme d’un groupe homogène, car il existe des différences dans les réalités vécues par les femmes selon leur communauté d’origine et leur noyau familial.

3 Description de l’initiative dans le Guide des destinations indigènes, 2006, <https://aborinet.cefe.cnrs.fr/spip.php?page=article&id_article=109&lang=fr>, consulté le 1er mars 2022.

4 Nous traduisons community-based tourism par « tourisme communautaire » ou « villageois » et nous utilisons indifféremment l’un ou l’autre dans ce texte.

5 Nous n’avons pas traduit en français le terme empowerment volontairement. Nous l’utilisons dans le sens de « prise en main ou maîtrise de la destinée ».

6 La décolonialité vise à surmonter la colonialité, c’est une perspective engagée en faveur de l’égalité mondiale et de la justice économique qui oriente une nouvelle forme épistémique, détachée de toute vision eurocentrique (Mignolo, 2013).

7 La colonialité du pouvoir désigne un « régime de pouvoir qui émerge à l’époque moderne avec la colonisation et l’avènement du capitalisme », mais ne s’achève pas avec le processus de décolonisation dans les années 1950-1960, continuant encore aujourd’hui d’organiser les rapports sociaux actuels dans le monde.

8 L’épistémè étant l’ensemble des connaissances qui s’inscrivent dans un cadre historique, territorial, politique et subjectif. L’épistémè du colonialisme se caractérise par sa vision eurocentrique de la connaissance.

9 Abya Yala est le terme utilisé par le peuple Kuna du Panama pour désigner le continent américain, et est reconnu par plusieurs peuples autochtones d’Amérique latine comme une forme de résistance épistémique à l’imposition coloniale.

10 Aujourd’hui les sociétés matrilinéaires ne sont pas les mêmes que les sociétés matriarcales (sociétés où les femmes sont au centre). La principale caractéristique d’une société matrilinéaire est l’affiliation maternelle de la progéniture. En ce sens, il s’agit d’un système de parenté relativement rare dans le monde.

11 Reglamento de la Ley de Fomento de Turismo Rural Comunitario Decreto Ejecutivo n36273-MEIC-H-TUR.

12 La Société internationale d’écotourisme (TIES) définit l’écotourisme comme un voyage responsable dans des zones naturelles qui soutient la conservation de l’environnement et améliore le bien-être des communautés locales.

13 BOAZU : <https://websie.cefe.cnrs.fr/boazu/>, consulté le 5 décembre 2023.

14 TUKTU : <https://websie.cefe.cnrs.fr/tuktu/>, consulté le 5 décembre 2023.

15 ABORINET : <https://aborinet.cefe.cnrs.fr/spip.php?page=article&id_article=107&lang=fr>, consulté le 5 décembre 2023.

16 La moniliose est une maladie qui affecte les plants de cacao. Elle est causée par le champignon Moniliophthora roreri qui est apparu à Talamanca vers 1978 (Arias-Hidalgo, 2021).

17 L’INAMU est une institution autonome du gouvernement costaricien.

18 Les perspectives du « bien vivre » font partie de la sagesse ancestrale des peuples originaux d’Abya Yala. Ce sont des perspectives au pluriel car il existe des différences entre les notions de buen vivir chez les peuples indigènes. Indépendamment des différences subtiles, il semble que la notion de bien vivre qui transcende l’accumulation matérielle permanente de biens matériels soit une notion indigène panaméricaine (Arias-Hidalgo, 2023).

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Credits Source : David Arias-Hidalgo, 2023.
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Title Illustration 2
Caption Atelier participatif avec les partenaires bribris de Stibrawpa
Credits Photo : Francisco Mojica, 2018.
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Title Illustration 3
Caption Cuisine et salle à manger du projet touristique de l’association Stibrawpa
Credits Source : David Arias-Hidalgo, 2021.
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References

Electronic reference

David Arias-Hidalgo and Sylvie Blangy, Décolonialiser les asymétries de genre dans le tourisme autochtone : Téoros [Online], 42-2 | 2023, Online since 13 December 2024, connection on 22 March 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/teoros/12141

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David Arias-Hidalgo

Professeur-chercheurInstituto Tecnológico de Costa Rica (ITCR)Cartago, Costa Rica, david.arias@itcr.ac.cr

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Sylvie Blangy

Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Université de Montpellier, École pratique des hautes études (EPHE), Institut de recherche pour le développement (IRD)Montpellier, France, sylvie.blangy@cefe.cnrs.fr

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