Gérald Billard, Jacques Chevalier et François Madoré : Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en Amérique du Nord
Gérald Billard, Jacques Chevalier et François Madoré : Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en Amérique du Nord, Presses Universitaires de Rennes, collection Géographie Sociale, Rennes, 2005, 235 pages
Texte intégral
1Cet ouvrage, excellemment rédigé et agrémenté de nombreuses illustrations (cartes, schémas, photographies) est une intéressante synthèse sur les politiques d’aménagement et gestion de la ville menées des deux côtés de l’Atlantique autour de la notion de sécurité résidentielle.
2L’analyse est menée en dix chapitres regroupés en trois parties : la diffusion spatiale des enclaves résidentielles, les logiques de l’enfermement résidentiel, une ville ouverte sous surveillance. Dans les deux premières sections, les auteurs examinent en détail le phénomène des « gated communities » françaises et américaines après les avoir replacées dans un contexte mondial. Les trois premiers chapitres décrivent le phénomène dans ses dimensions spatiales et géographiques (localisations, typologie paysagère, stratégies de promoteurs), les trois suivants se penchent sur les logiques sécuritaires et les types de socialisation, enfermement et gouvernance qui leurs sont associées. Les quatre derniers chapitres examinent les préoccupations sécuritaires dans les espaces urbains non enclos, tant dans les mécanismes de surveillance (centres-villes, espaces commerciaux) que dans les choix d’urbanisme sécurisant, la prévention du crime et la surveillance (police de proximité en France, community policing des États-Unis : « neighborhood watch »).
3Les auteurs étayent leurs propos de nombreux exemples, issus de leurs recherches de terrain aux États-Unis (G. Billard et J. Chevalier : San Diego, Phoenix, Floride, Caroline du Sud..) ou en France (Rouen, Le Mans, Toulouse, Nantes…). Peut-être aurait-il été judicieux d’évoquer davantage des villes comme Los Angeles (à partir de travaux de R. Le Goix) ou New York (expériences de sécurisation du Bronx ou de Harlem), et de mettre davantage en valeur l’importance des faits d’ethnicité dans les sentiments d’insécurité aux États-Unis, surtout aux interfaces entre espaces fortement identitaires, mais les cas choisis sont pertinents et démonstratifs.
4La dimension comparative est particulièrement enrichissante, et les auteurs montrent clairement que l’on ne peut pas appliquer tel ou tel concept américain en France, et vice-versa. Les cultures sociales sont trop différentes, par exemple dans le rapport avec la police ou la propension à former des corps intermédiaires entre l’individu et l’État ;
5Au final, un ouvrage de qualité, bien construit, riche en exemples, appuyé sur une abondante bibliographie bilingue, et qui mérite donc de figurer dans toute bonne bibliothèque universitaire.
Pour citer cet article
Référence électronique
Yves Boquet, « Gérald Billard, Jacques Chevalier et François Madoré : Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en Amérique du Nord », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 3 | 2007, mis en ligne le 14 mars 2017, consulté le 14 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/989 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/tem.989
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