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Les enjeux de l’insertion des entreprises dans l’action collective en faveur du développement durable urbain

The Stakes at Play in the Integration of Firms in Collective Action for Sustainable Urban Development
Christophe Beaurain
p. 54-64

Résumés

Dans cet article, nous abordons la question de la participation des entreprises aux démarches collectives en faveur du développement durable au sein des espaces urbains, en la resituant à l’intérieur du cadre général de la problématique de la gestion des ressources naturelles. Nous mettons l’accent sur le point de convergence entre les pratiques urbaines et économiques que constitue la démarche de rationalisation écologique. Puis nous insistons sur la définition d’une action collective intégrant l’indispensable confrontation des valeurs attachées à ces ressources naturelles par les différents acteurs du développement urbain.

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Texte intégral

Introduction

1Les analyses sur le développement durable urbain se focalisent en général sur le problème de la morphologie urbaine (la « ville dense et compacte »), ou sur les réseaux structurant l’espace urbain (les flux de personnes, de marchandises, ou d’énergie). En ce qui concerne les pollutions occasionnées par les processus de production (air, eau, sols...), les analyses privilégient le plus souvent les modalités de respect par les entreprises des contraintes réglementaires, et ne vont guère plus loin qu’une référence aux modalités d’engagement des entreprises dans la gouvernance urbaine élaborée dans le cadre des outils de planification actuels.

2Pour autant, le développement durable urbain, en ce qu’il renouvelle sensiblement les rapports de l’individu et du collectif au sein de l’espace urbain pose très clairement la question des modalités de participation des entreprises à une dynamique collective visant à redonner du sens aux rapports entre l’homme et la nature dans le cadre des milieux urbains.

3A quelles conditions, autres que la seule contrainte réglementaire, les entreprises peuvent-elles s’inscrire dans une démarche collective de développement durable au sein d’un espace urbain ?

4Cette question s’inscrit manifestement dans une réflexion critique à propos des conséquences négatives sur l’environnement de la mise en œuvre d’une rationalité économique de court terme, clef de voûte des décisions d’entreprise. Cette rationalité optimisatrice n’est pas nécessairement synonyme d’atteinte à l’environnement, mais elle doit néanmoins être complétée par la définition des déterminants possibles d’une action collective, reflétant les modalités d’une participation des entreprises à une dynamique d’acteurs. Nous faisons l’hypothèse ici que la notion de territoire permet précisément d’identifier ces deux niveaux de réflexion : la pertinence de la rationalité économique optimisatrice ; l’identification des fondements d’une action collective.

5Pour esquisser des réponses à cette question, nous rappelons tout d’abord les enjeux liés à l’évolution des choix urbanistiques dans le cadre du développement durable urbain, en insistant plus particulièrement sur l’intérêt d’une interrogation à propos de la gestion des ressources naturelles dans la problématique du développement durable (§.1). Puis, dans un deuxième temps, nous rappelons les modalités d’une approche des rapports entre l’économie et l’environnement par la rationalité optimisatrice (§.2). Enfin, nous esquissons les traits d’une approche territoriale de la dynamique collective visant à l’intégration des contraintes environnementales dans les processus de production (§.3). Nous soulignons alors l’importance du rôle des institutions, prises dans le sens ici de valeurs partagées, dans cette articulation des comportements individuels et collectifs, en mettant en évidence la dimension territoriale de cette articulation.

1. Les difficultés d’une articulation entre l’économie et l’environnement : l’exemple de la gestion des ressources naturelles

1.1. Développement durable et attractivité économique des espaces urbains

6Le développement des villes est une tendance lourde du vingtième siècle. Cette urbanisation s’est largement appuyée, dans les pays du Nord, sur un étalement des agglomérations, traduisant un empiètement continu de la ville sur le rural. Dans le mouvement de mondialisation qui caractérise les systèmes productifs depuis une trentaine d’années, les villes sont devenues les lieux de croissance économique, en vertu des avantages liés à la polarisation économique, et l’on s’interroge aujourd’hui tout autant sur les conséquences sociales et environnementales de cette polarisation que sur l’importance du cadre de vie dans les facteurs d’attractivité des espaces urbains. Si la mondialisation a fait prendre conscience du caractère inéluctable de l’articulation global-local dans les relations économiques, elle a surtout focalisé l’attention des gestionnaires de l’espace urbain sur la compétitivité économique des villes. Au-delà toutefois, elle a largement contribué à un renouvellement de la notion de territoire. Si l’on considère le seul point de vue économique, les territoires sont apparus en effet comme des lieux créateurs d’une différenciation économique indispensable à l’insertion des processus de production dans la concurrence mondiale (Gilly et Torre, 2000). Ils ont, plus précisément, été identifiés à des lieux de création de ressources spécifiques issues de coordinations entre acteurs et destinées à répondre aux problèmes productifs et à l’exigence de différenciation. Cette territorialisation des processus productifs reflète pour une large part le constat par les entreprises de l’existence d’une difficulté à maîtriser l’incertitude liée aux évolutions des conditions de production et aux fluctuations de la demande, et de l’importance des ressources issues d’une coordination renouvelée entre acteurs pour répondre à ces incertitudes.

7Dans ce contexte, l’engagement des collectivités locales dans la problématique du développement durable, d’abord initié à l’échelle internationale avec la Conférence de Rio puis quelques années après avec la Charte européenne des Villes durables, recouvre quelques objectifs majeurs visant à transformer sensiblement les choix réalisés dans l’aménagement urbain pendant la période de forte croissance économique de la deuxième moitié du vingtième siècle. Parallèlement aux objectifs de compétitivité économique, il s’agit de plus en plus pour les acteurs de l’espace urbain d’assurer une qualité de vie susceptible tout à la fois de répondre aux attentes des populations en faveur d’une protection de l’environnement et de faire de l’amélioration de la qualité environnementale un facteur d’attractivité des entreprises et de la main-d’œuvre. Les « agendas 21 » locaux traduisent pour une part l’intérêt porté désormais par de multiples acteurs à cette question de la qualité de vie. Ils mettent en avant l’importance d’une gouvernance porteuse d’une action collective dans la mise en œuvre du développement durable.

8Pour autant, l’harmonisation entre la compétitivité économique et l’amélioration de la qualité environnementale est le plus souvent postulée, et ne fait guère l’objet d’une réflexion approfondie portant notamment sur la définition des traits d’une dynamique collective facilitant l’intégration des contraintes environnementales dans les processus de production.

1.2. La gestion des ressources naturelles au cœur de l’articulation économie-environnement

  • 1 Christian Brodhag souligne ainsi que, s’il y a bien une contradiction entre les intérêts de l’espèc (...)

9De manière générale, la problématique du développement durable pose, à travers son programme de conciliation des objectifs économiques, sociologiques et environnementaux, la nécessité de renouveler les questions du contenu du développement et de la satisfaction des besoins humains qui est associée (Zaccaï, 2002  ; Da Cunha, 2003). L’un des principaux intérêts de la notion de développement durable est sans conteste d’inviter à dépasser la stricte définition économiste de ces besoins et à tenir compte de l’ensemble des aspirations humaines, tant écologiques que sociales. Il s’agit, en clair, de tenter de concilier les impératifs de maintien des capacités de reproduction des ressources naturelles et de préservation des capacités de renouvellement des systèmes économiques et sociaux. Cette conciliation renvoie à l’impossibilité d’une disjonction entre les deux, l’unité de l’espèce humaine incluant précisément une commune référence à la prééminence de la Nature et à sa libre jouissance par chacun, selon des usages différenciés .1

10Sans minimiser l’importance de la dimension sociale du développement durable, la grille de lecture offerte par la problématique du développement durable, d’une manière générale, amène à une interrogation systématique sur l’articulation possible d’une approche strictement économique et d’une approche écologique de « l’usage » des ressources naturelles. L’inclusion des ressources dans la problématique du développement durable signifie que l’utilisation de ces ressources dans les processus de production (les matières premières) doit tout autant être prise en compte que leur usage comme éléments constitutifs de la Nature que les individus trouvent toujours déjà là et dont ils entendent pouvoir jouir (Zaccaï, 2003). Celle-ci renvoie bien évidemment à la question complexe de l’articulation des différentes motivations à l’intégration des contraintes environnementales.

  • 2 On connaît l’opposition désormais classique entre les tenants d’une « soutenabilité faible » (écono (...)

11L’interrogation porte en effet sur le renouvellement de la ressource et son caractère plus ou moins substituable2, mais également sur la possibilité de concilier les intérêts supérieurs de l’espèce humaine, préserver la qualité du système écologique donnant naissance à la vie, avec les intérêts individuels et les mécanismes marchands qui les représentent.

  • 3 Cette question de la confrontation des valeurs attribuées aux ressources est largement développée p (...)
  • 4 Dans ce domaine, on notera par exemple la tentative de conciliation réalisée, dans le droit fil de (...)

12La théorie économique met en avant la pertinence des instruments économiques pour la gestion des ressources naturelles, en considérant leur plus grande efficacité économique (meilleurs résultats aux moindres coûts). Elle insiste également sur le constat que la mobilisation des instruments économiques renvoie à la possibilité d’une appropriation privée des ressources naturelles, mettant ainsi en évidence l’importance de la prise en considération des usages rivaux. A côté de l’usage traditionnellement attribué à une ressource naturelle considérée comme un bien commun, il peut exister quantités d’autres usages relevant davantage du domaine de la consommation et de la jouissance individuelle (Knoepfel et Nahrath, 2005). En outre, la définition des droits de propriété pose également la question de la justice environnementale. L’identification de droits de propriété renvoie en effet au problème de l’équité intra-générationnelle, dont les conflits à propos de l’usage des ressources constituent l’une des manifestations les plus exacerbées (Martinez-Alier, 2002  ; Martinez-Alier et al., 2004). Les populations les plus défavorisées, souvent les plus exposées aux pollutions, revendiquent ainsi à travers les conflits le droit à l’usage des ressources en fonction des valeurs qu’ils leur attribuent, qui peuvent être tout à fait différentes de celles fixées par les pollueurs3. Au total, la question posée semble bien celle d’une conciliation possible des approches écologiques et économiques des relations entre l’économie et l’environnement, dans ce domaine de la gestion des ressources naturelles4.

13Cette conciliation est le plus souvent abordée sous l’angle de la rationalité écologique, dont nous rappelons, dans le paragraphe suivant, les applications à l’espace urbain et aux processus de production

2. Durabilité et utilisation rationnelle des ressources naturelles

2.1. La gestion des ressources naturelles dans le modèle de l’écologie urbaine

14Les réflexions récentes au sujet de la gestion des ressources naturelles en milieu urbain renvoient toutes peu ou prou à l’approche par l’écologie urbaine, privilégiant largement la rationalité écologique et le respect des impératifs écologiques sur la procédure démocratique et l’émergence d’une action collective qui signifieraient la participation du plus grand nombre aux décisions engageant le développement urbain. L’application du développement durable aux espaces urbains à partir de l’écologie urbaine met l’accent sur la représentation de ces espaces comme des éco-sociosystèmes fonctionnant sur le modèle des écosystèmes naturels. La notion de « métabolisme urbain » invite à définir la ville comme un quasi-organisme géant absorbant des ressources et rejetant des déchets en transformant son environnement immédiat (Chaline, 2005). Les modèles qui tentent de caractériser ce métabolisme urbain s’interrogent alors sur les relations organiques qui relient les sociétés urbaines à leurs espaces et cadres de vie et tentent d’esquisser les contours d’un idéal type de rapports ville-environnement sur le modèle des écosystèmes. De ce point de vue, un double constat est généralement établi : la ville est consommatrice de plus de ressources naturelles qu’elle n’en dispose, ce qui oblige à des relations avec l’extérieur et à des prélèvements qui ne sont pas sans conséquence sur l’état des ressources naturelles extérieures. D’autre part, la ville détériore la qualité de l’environnement extra-urbain par les nuisances de toutes natures (déchets, fumées, rejets dans l’eau...) et porte atteinte ainsi à l’intégrité des processus naturels. Sur la base de ces constats, des analyses ont mis en évidence les liens existants entre les distances urbaines, les consommations énergétiques et les flux de déplacement, contribuant à la généralisation du modèle de la « ville compacte » favorable à une gestion économe des ressources naturelles. La rationalité écologique préconise ainsi de limiter les quantités d’énergie et de matières consommées par une re-densification de l’espace et une diminution des déplacements humains consécutive. Dans cette approche de la ville durable issue de l’écologie urbaine, l’objectif de maintien de l’intégrité écologique des écosystèmes est clairement privilégié, et la planification urbaine concernant les activités humaines et l’occupation du territoire devient alors assujettie au bon fonctionnement des processus écologiques (Gauthier et Lepage, 2005).

15Les critiques à l’égard de cette approche par la rationalité écologique n’ont pas manqué. Des effets pervers à la densification existent en effet, qui peuvent paraître contradictoire avec les objectifs de durabilité de l’espace urbain (Bochet et Da Cunha, 2003). En outre, la menace d’une dérive technocratique n’est pas loin dans la mesure où l’action publique apparaît directement soumise aux impératifs du bon fonctionnement des processus écologiques. L’analyse des phénomènes urbains est ramenée à la mesure des flux d’énergie et de matière, et ignore généralement l’impact de l’environnement sur le développement personnel des individus (Emelianoff et Theys, 2001 ; Torres, 2005). C’est ici principalement la valeur économique de l’environnement qui est mise en avant, sans se soucier de la question délicate de la confrontation des usages et de la multiplicité des valeurs. Enfin on peut mettre en avant les faiblesses de cette approche par la rationalité écologique dans la définition d’une action collective reposant sur la coordination entre les acteurs de l’espace urbain (Gautier et Lepage, 2005). Cette coordination est ainsi le plus souvent ramenée à l’idée d’une adhésion collective aux impératifs écologiques et aux mesures à prendre pour y répondre.

16En considérant les limites de cette approche de la problématique du développement durable urbain par l’écologie urbaine, deux enjeux ressortent clairement de l’insertion des politiques d’aménagement urbain. Ils renvoient l’un et l’autre au rôle occupé désormais par les rapports de l’homme à la nature dans les politiques de développement territorial, et tracent les traits d’une articulation des préoccupations individuelles et collectives sur cette question.

17En premier lieu, l’enjeu est sans conteste de définir les termes d’une démarche collective susceptible de favoriser l’adaptation des espaces urbains aux objectifs contradictoires des acteurs qui les composent (demande en faveur de la qualité de vie, gestion économe des ressources naturelles, attractivité et compétitivité économique...). Un urbanisme participatif et fondé sur les projets collectifs issus des projections individuelles dans le futur semble ainsi incontournable pour concilier ces différents impératifs (Da Cunha, 2005).

  • 5 Quoiqu’il ne s’inscrive pas précisément dans la problématique du développement durable urbain, le m (...)

18En second lieu, l’enjeu est également de considérer la dimension spatio-temporelle de cette articulation nécessaire entre les impératifs écologiques et économiques, ressortant du vécu des espaces urbains. Il apparaît ainsi indispensable d’insister sur le caractère patrimonial des éléments naturels présents au sein de l’espace urbain, en associant ainsi la défense dans le temps de la qualité de ces éléments à la construction et au renforcement de l’identité du territoire (Emelianoff, 2004). Il s’agit ici de porter son attention sur la protection d’éléments naturels, ceux-ci étant considérés, parmi d’autres éléments matériels ou immatériels, comme des véhicules de la mémoire d’un territoire et comme des garants de la pérennisation dans le temps de l’identité du territoire, représentative d’une certaine attractivité. La référence à l’existence concrète d’un élément naturel constitutif de l’urbain, une présence physique et un corps «  naturel » perceptible et sensible, que l’on peut toucher quotidiennement, traduisent alors une volonté collective de représentation de l’espace à travers la valorisation d’une identité et l’inscription du territoire dans le temps .5 La permanence dans le temps d’une perception au quotidien d’un corps naturel renvoie à l’idée d’une ville « contre nature », faisant corps avec un élément naturel, traduisant une certaine forme d’ancrage territorial.

2.2. Les entreprises au cœur du développement durable : l’écologie industrielle

19L’écologie industrielle se présente comme une tentative de donner un contenu opérationnel, au niveau des processus de production, à la notion de développement durable (Frosch, 1995). Pour atteindre cet objectif, elle s’inspire des connaissances sur les écosystèmes naturels et la Biosphère afin de déterminer les transformations susceptibles de rendre le système industriel compatible avec un fonctionnement normal des écosystèmes biologiques (Erkman, 1998). L’écologie industrielle propose donc d’engager le système industriel dans une réforme profonde de ses pratiques afin de concilier le respect de l’environnement avec l’efficacité économique (Jorda et Vivien, 2003).

20Réduit à sa plus simple définition, le concept d’écologie industrielle fait référence à un système dans lequel les déchets d’une entreprise (extrants) constituent les matières premières (intrants) d’une autre entreprise (Manahan, 1999). Les tenants de l’écologie industrielle mettent ainsi en évidence la possibilité d’un fonctionnement des systèmes industriels sur le modèle de celui des organismes vivants, notamment dans la gestion des sources d’énergie et des déchets. L’organisation du système industriel, sur le modèle des biocénoses présentes dans l’environnement naturel tendrait ainsi à maximiser les flux internes de matières et d’énergie (jusqu’au point où le seul prélèvement serait celui de l’énergie solaire) et à minimiser au contraire les flux externes (extraction de matières premières, émissions dissipatives, déchets...). Un tel objectif requièrt à la fois une organisation interne à chaque processus de production et un système de relations inter-firmes, à différentes échelles spatiales, spécifiques. Comme les écosystèmes naturels, les écosystèmes industriels composés d’entreprises fonctionnant selon les principes de l’écologie industrielle n’utiliseraient ainsi que des sources d’énergie illimitées et feraient largement appel au recyclage interne et externe des matières pour assurer au total une certain état de « stabilité » du point de vue des entrées-sorties de matières et d’énergie (« steady state »). L’écologie industrielle repose ainsi sur un processus d’internalisation des cycles de matière : la clôture de ces cycles à l’intérieur des processus de production et des systèmes industriels limite les transports sur longue distance et les dépenses d’énergie qui s’y rapportent. L’intervention de l’écologie industrielle dans le champ environnemental du développement durable paraît donc évidente : diminution des ponctions de matières premières et des rejets dans l’environnement grâce à une optimisation de l’usage de la matière dans les « chaînes alimentaires industrielles », réduction de la demande globale de matières. Globalement, les principes de l’écologie industrielle apparaissent donc en mesure de satisfaire l’objectif global de maintien de la capacité de survie de la planète, par la réduction significative des impacts écologiques (prélèvements de matières, pollutions, destructions...) de l’activité économique. Ces principes reposent sur une comptabilité des flux de matières et d’énergie et leur optimisation dans les processus de production, ce que traduit assez bien la notion d’éco-efficience. Celle-ci va au-delà de la seule idée d’amélioration du rendement des facteurs dans la mesure où son objectif semble bien être la recherche d’une réduction des impacts environnementaux et de la consommation matérielle (développer les services répondant aux besoins humains plutôt que favoriser la croissance de la consommation matérielle).

21Selon O. Boiral, l’écologie industrielle semble ainsi en mesure, sur le plan des principes, de répondre aux exigences de nature ontologique posées par le développement durable : une gestion rigoureuse des interfaces entre les systèmes naturels et les systèmes de production, dans le but de réduire les impacts environnementaux, et dans le sens donc d’une soumission progressive des objectifs économiques aux impératifs de préservation de l’environnement (Boiral, 2004). L’écologie industrielle semble ainsi signifier une modification profonde des pratiques et des objectifs des entreprises, en introduisant des modifications significatives dans les procédés, les produits et les technologies.

22Au cœur du système de l’écologie industrielle figure très clairement la notion de « métabolisme industriel », qui renvoie à l’idée d’un nécessaire encastrement de la sphère des échanges économiques dans les relations caractérisant l’environnement naturel dans son ensemble. L’objectif global devient donc d’assurer la stabilité de cet ensemble, par la stabilité des sous-ensembles qui le composent. Dans ce contexte, la gestion rationalisée des ressources naturelles et des flux de matières et d’énergie ainsi que l’éducation de l’ensemble des acteurs aux principes de l’écologie industrielle constituent la pierre de touche du bon fonctionnement du métabolisme industriel : « les concepts d’écologie industrielle doivent être connus des fonctionnaires, utilisés par eux, par les cadres de l’industrie et par les médias. Ils doivent être présentés à tous les citoyens, et guider la conduite des gouvernements et des industriels » (Frosch et Gallopoulos, 1989 : 144).

23Les critiques ne manquent pas vis-à-vis de cette approche en termes d’écologie industrielle, qui renvoient d’une part au caractère très libéral des mécanismes d’internalisation des effets externes (en dehors de toute intervention de l’Etat) sur lesquels reposent finalement ces pratiques et, d’autre part, à la forte prégnance d’une vision en termes d’ingénierie écologique qui se dégage de l’écologie industrielle (Jorda et Vivien, 2005). Plus généralement, on peut s’interroger également sur les difficultés d’une articulation entre le discours « court-termiste  » de la gestion des entreprises, qui ne semblent pas vraiment remises en cause par l’idée de métabolisme industriel, et l’inscription dans le long terme impliquée par les principes de l’écologie industrielle.

  • 6 En France les expériences sont encore peu nombreuses. Parmi d’autres, on citera celle, pionnière, d (...)

24Les parcs éco-industriels, qui se sont développés depuis quelques années sur le modèle du site pionnier de Kalundborg (Danemark), constituent la forme la plus aboutie d’écologie industrielle existant à ce jour. Des expériences, souvent fort différentes les unes des autres, se sont multipliées en Amérique du Nord, en Europe du Nord, en Australie et, plus récemment, en Asie6. Ces parcs éco-industriels s’appuient sur une approche systémique des relations entre les acteurs pour atteindre l’objectif d’une meilleure gestion des ressources naturelles dans le cadre du développement durable (Côté et Cohen-Rosenthal, 1998 ; Deutz et Gibbs, 2004). Des analyses récentes ont montré l’importance prise par la bonne articulation entre les objectifs des acteurs publics et les stratégies de management des entreprises (Eilering et Vermeulen, 2004  ; Deutz et Gibbs, 2007). Les parcs éco-industriels favorisent le renforcement des liens entre un nombre réduit d’acteurs et constituent une tentative de répondre collectivement à l’enjeu d’un positionnement concurrentiel sur les marchés mondiaux par une meilleure gestion des ressources naturelles.

25En considérant la gestion des ressources naturelles au sein des espaces urbains et dans le cadre des processus de production, il apparaît qu’un enjeu commun de rationalisation environnementale se dégage des préoccupations exprimées tant par les populations que par les acteurs publics et les entreprises. Pour tous ces acteurs, en effet, la problématique du développement durable renvoie à l’objectif de gérer au mieux les flux liés à des prélèvements ou à des rejets. Au-delà toutefois de cet enjeu de rationalisation écologique, il apparaît que la convergence des acteurs vers une action collective passe fondamentalement par une réinscription territoriale de leurs comportements, qui se concrétise par une préoccupation commune à considérer le temps long de la mémoire et de la projection dans le futur pour la décision et l’action.

26Nous tentons, dans cette dernière section, d’ouvrir des pistes de recherches pour l’identification d’une approche territoriale de l’action collective associant les entreprises à la valorisation des ressources naturelles.

3. Dynamique territoriale et ressources environnementales

3.1. Conflits d’usage et confrontation des valeurs

27Les conflits à propos d’une ressource environnementale portent fréquemment sur les différents usages possibles de ces ressources, traduisant les effets potentiellement négatifs d’une proximité géographique subie (Torre et Caron, 2005). Au-delà de l’identification des modalités de résolution de ces conflit, la mise en évidence de ces conflits révèle les difficultés d’une articulation des conceptions « économiques » des ressources environnementales à une conception plus hétérodoxe qui tend à situer l’activité humaine et économique au sein d’un système écologique global. Ce qui suscite le conflit, en effet, c’est tout autant l’usage de la ressource que son évaluation et plus précisément la valeur que chacun des acteurs peut lui attribuer. La reconnaissance de ces conflits marque une première spécificité des ressources environnementales, en tant qu’elle indique la nécessité d’une convergence sur les déterminants de l’évaluation de la ressource (Beaurain et Maillefert, 2004). Elle constitue de toute évidence une étape indispensable dans les tentatives de conciliation du développement industriel et de la qualité environnementale, dans la mesure où l’usage des ressources environnementales par les entreprises se heurte souvent au refus par les populations des techniques industrielles prédatrices de l’environnement. En ce sens, le mécanisme de création de ressource semble à tout le moins conditionné par la résolution de ces conflits, posant ainsi clairement la question de la conciliation locale des multiples usages de la ressource environnementale et celle consubstantielle de l’accord collectif sur la valeur. Même si cet accord n’existe pas nécessairement, du moins les acteurs s’entendent-ils sur la reconnaissance de plusieurs valeurs possibles (Harman et Arbogast, 2004). Les modes de résolution de ces conflits par la mobilisation d’une « proximité organisée » entre acteurs invitent alors à considérer les conditions d’émergence d’une dynamique territoriale mettant en lumière les formes de coordination entre acteurs, supports d’une action collective. C’est précisément cette dynamique territoriale qui, faisant émerger une proximité institutionnelle synonyme de partage des valeurs, permet d’assurer dans le temps long la pérennité du processus de création de ressources.

3.2. Des conflits d’usage à l’action collective  : les enjeux d’une dynamique territoriale de création de ressource

28L’émergence d’une action collective peut également être saisie à partir d’une référence commune à la notion de patrimoine. Celle-ci invite à considérer un objet-support, défini dans ses caractéristiques physiques assurant le transfert de la mémoire attachée au patrimoine. En effet, par l’idée de préservation d’une ressource naturelle ou artificielle qu’il véhicule, le processus de patrimonialisation renvoie tout autant à la perpétuation dans le temps d’une identité sociale qu’à une réflexion critique sur le rapport des acteurs au temps (Micoud, 2005). Pour autant, la patrimonialisation des ressources environnementales ne se limite pas strictement à leur protection et à leur maintien dans le temps. Si le patrimoine a forcément à voir avec une réflexion sur les limites de l’économie marchande, à l’image du domaine de l’environnement, c’est bien à un double titre (Barthélemy et al., 2005). D’une part, le caractère patrimonial renvoie fondamentalement à une idiosyncrasie, fondatrice de l’identité, qui échappe à la sphère marchande. D’autre part, s’il n’est pas difficile de constater que l’intégration des biens environnementaux dans les relations marchandes contribue à sa banalisation comme marchandise pouvant faire l’objet d’une appropriation privative (l’internalisation des effets externes), la reconnaissance du caractère patrimonial de ces biens pose a contrario la question de la présence de multiples rationalités économiques dont il convient alors de trouver l’articulation. S’il est évident que les biens patrimoniaux possèdent pour les individus une autre valeur que la seule valeur marchande, renvoyant ainsi à une nécessaire mais non suffisante négation du marché et au devoir d’identification des fondements de cette valeur spécifique, il n’en reste pas moins que le patrimoine comme mode de réflexion sur le lien social ne peut faire l’économie d’une confrontation avec la mise en relation par le marché (Pecqueur et Peyrache-Gadeau, 2004). En ce sens, on peut considérer que la définition du patrimoine, dans le cas de l’environnement, nécessite une réflexion critique sur les déterminants économiques de la valeur des biens environnementaux, et la mise en évidence d’autres modes d’évaluation, issus pour une large part de délibérations sociales.

29Le développement de stratégies territoriales autour de ressources environnementales pose le problème de l’articulation temps/espace engagée par le développement durable. La référence au temps long impliquée par le développement durable renvoie au problème de la conciliation entre les attentes des populations pour le maintien des ressources environnementales et les comportements d’entreprises. La résolution de ce problème dépend largement des capacités des entreprises à s’inscrire dans une démarche d’intégration des contraintes environnementales dans les processus de production. Pour cela, il apparaît nécessaire pour ces entreprises de s’engager dans une logique d’apprentissage et d’action en interaction avec le développement des connaissances scientifiques, dans laquelle l’accès à l’information et aux connaissances est central pour tous les acteurs concernés, à l’image des démarches d’écologie industrielle.

30Les dynamiques territoriales constituent alors un point de convergence entre les revendications des acteurs en faveur du maintien dans le temps long d’une qualité environnementale des territoires, condition d’une acceptation par les populations des techniques industrielles, et les demandes des entreprises pour un partage des connaissances et des informations susceptible de faciliter la diffusion de l’innovation technologique.

31Enfin, la mise en jeu des ressources environnementales dans la dynamique économique territoriale pose la question du rôle des acteurs publics. Ces ressources peuvent être considérées à la fois comme relevant de la sphère marchande, dès lors qu’elles entrent dans le processus de production des entreprises et/ou qu’elles peuvent faire l’objet d’une appropriation privée, et comme relevant de la sphère non marchande dans la mesure où elles renvoient à des ressources qui caractérisent l’identité d’un territoire. Ce constat met en évidence le rôle incontournable des acteurs publics dans l’émergence d’une dynamique territoriale répondant à la fois aux exigences de compétitivité des firmes et de maintien des ressources environnementales dans le temps. Il renvoie également à la nécessité de faire émerger, par le biais d’une gouvernance locale notamment, des formes originales d’articulation entre sphère marchande et non marchande pour la gestion des biens environnementaux, sans que celles-ci ne mettent en péril le contenu physique, et donc l’identité dans le temps, des ressources naturelles.

Conclusion

32En guise de conclusion, il apparaît que le développement durable urbain met en lumière la double dimension des rapports de l’individu et du collectif sur la question de la prise en compte de l’environnement. D’une part, en effet, c’est vers une préoccupation commune d’inscrire les comportements dans une démarche de rationalité écologique que semblent converger les acteurs de l’espace urbain dans leurs choix individuels de court terme, sous l’impulsion des politiques publiques, et dans le cadre des outils fournis par la planification urbaine. Cette
préoccupation de rationalité écologique est également à l’origine des démarches d’écologie industrielle, qui traduisent le souci des entreprises de s’engager dans la problématique du développement durable.

33D’autre part, l’émergence d’une action collective dans ce domaine, constitutive d’un territoire commun, s’apprécie au travers des dispositifs facilitant la confrontation des valeurs et la patrimonialisation des éléments naturels. Ces deux démarches tracent en effet les traits d’une volonté collective de considérer l’importance du rapport au temps dans la protection des ressources naturelles, et donnent corps à une approche de ces ressources qui répondrait aux attentes des populations en faveur de l’amélioration de la qualité de vie et aux contraintes nées de l’intégration des contraintes environnementales dans les processus de production.

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Notes

1 Christian Brodhag souligne ainsi que, s’il y a bien une contradiction entre les intérêts de l’espèce humaine et les idéologies fondées sur l’intérêt individuel, notamment dans la gestion des biens publics, des stratégies « gagnant-gagnant » sont néanmoins possibles et souhaitables, qui passent par la sobriété dans l’usage des ressources naturelles (Brodhag, 2003).

2 On connaît l’opposition désormais classique entre les tenants d’une « soutenabilité faible » (économie de l’environnement), pour lesquels il existe une forte substituabilité entre les différents éléments du capital (humain, technique, naturel...) et les tenants d’une « soutenabilité forte » (courant de l’Ecological Economics) pour lesquels au contraire, les éléments naturels du capital paraissent irréductibles. Ces deux approches, qui traduisent une conception différente des relations entre l’homme et son environnement, renvoient également à des modalités sensiblement différentes de gestion des ressources naturelles.

3 Cette question de la confrontation des valeurs attribuées aux ressources est largement développée par le courant de l’Ecological Economics. (Costanza et allii, 1997 ; Daly et Farley, 2004). Plus largement, elle invite à une réflexion sur la distinction entre l’usage « productif » des ressources naturelles et leur jouissance en tant que bien public inappropriable.

4 Dans ce domaine, on notera par exemple la tentative de conciliation réalisée, dans le droit fil de l’économie des ressources naturelles, à partir de la notion de « régime institutionnel de ressource naturelle » (Knoepfel et Nahrath, 2003).

5 Quoiqu’il ne s’inscrive pas précisément dans la problématique du développement durable urbain, le modèle de la ville émergente mis en lumière par Y. Chalas traduit bien néanmoins les enjeux urbains d’une présence corporelle quotidienne des éléments naturels (Chalas, 2005).

6 En France les expériences sont encore peu nombreuses. Parmi d’autres, on citera celle, pionnière, de la zone industrielle des Deux Synthes, près de Dunkerque. La littérature scientifique traitant de ces expériences de parcs éco-industriels est abondante depuis quelques années, en particulier dans les revues anglo-saxonnes spécialisées dans l’écologie industrielle. Essentiellement descriptive à ses débuts, et donc centrée sur l’étude des flux, cette littérature s’est peu à peu intéressée aux enjeux économiques induits par ces démarches (développement de l’innovation, transmission de l’information, partage des connaissances, apprentissages, proximité géographique et mise en réseau des acteurs, participation des acteurs publics nationaux et régionaux...), ouvrant ainsi un vaste champ de réflexion.

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Pour citer cet article

Référence papier

Christophe Beaurain, « Les enjeux de l’insertion des entreprises dans l’action collective en faveur du développement durable urbain »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, 4 | 2006, 54-64.

Référence électronique

Christophe Beaurain, « Les enjeux de l’insertion des entreprises dans l’action collective en faveur du développement durable urbain »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 4 | 2006, mis en ligne le 15 décembre 2011, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/479 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/tem.479

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Auteur

Christophe Beaurain

Maître de conférences en économie
Institut des Mers du Nord (EA 1702) – Ifresi (CNRS)
Université du Littoral Côte-d’Opale
21 Quai de la Citadelle
BP 5528
59383 DUNKERQUE Cedex 1
beaurain@univ-littoral.fr

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