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Comptes-rendus de lecture

Helga-Jane Scarwell, Guillaume Schmitt, Pierre-Gil Salvador (dir.), Urbanisme et inondation : outils de réconciliation et de valorisation

Presses Universitaires du Septentrion, 2014, 368 pages
Jacques Heude
Bibliographical reference

Helga-Jane Scarwell, Guillaume Schmitt, Pierre-Gil Salvador (dir.), Urbanisme et inondation : outils de réconciliation et de valorisation

Presses Universitaires du Septentrion, 2014, 368 pages

Full text

1L’ouvrage coordonné par Helga-Jane Scarwell, Guillaume Schmitt et Pierre-Gil Salvador, Urbanisme et inondation, outils de réconciliation et de valorisation, part de constats évidents : l’urbanisation que connaît la France depuis les deux derniers siècles, accélérée depuis 1945, a conduit à une vulnérabilité croissante des agglomérations et de leurs populations. Les sites de fonds de vallées, propices au développement d’activités multiples, constituent des territoires attractifs au sein desquels la population s’est concentrée. Ces sites abritent aujourd’hui les plus grandes agglomérations urbaines. Le développement urbain et économique dans les zones inondables constitue l’un des principaux facteurs aggravants, et cependant, la localisation en zone inondable n’apparaît pas comme un facteur limitant (p. 12).

2L’exposition au risque d’inondation, au rythme d’événements extrêmes, a conduit les pouvoirs publics à mener une politique de prévention portant sur la maîtrise de l’aléa, puis sur le contrôle de la vulnérabilité, par le levier la maîtrise de l’urbanisation. Le Plan de Prévention des Risques (PPR) a été consacré comme l’outil juridique privilégié de la prévention en France. Toutefois, la récurrence d’épisodes d’inondations catastrophiques met en lumière les limites de cette prévention et alimente le débat sur les réponses à apporter pour concilier une demande sociétale de sécurité de plus en plus forte et le développement économique des territoires. Aujourd’hui, ces réponses s’orientent vers une réduction de la vulnérabilité au risque d’inondation des personnes et des biens, par l’amélioration du cadre législatif et réglementaire mais aussi par une plus grande intégration du risque dans les politiques urbaines, à travers notamment la planification et une meilleure organisation des territoires.

3Il existe une longue lignée d’ouvrages de géographie (cf. ceux de Roger Dion) consacrés aux rapports étroits qu’entretiennent les sociétés riveraines avec leurs cours d’eau. L’ouvrage présenté ici a le grand avantage de mettre en avant les concepts et outils utilisés par les acteurs de l’aménagement et de l’urbanisme, en France (ce que le sous-titre aurait pu préciser). L’ouvrage s’organise en trois volets subdivisés en dix articles rédigés par quinze contributeurs (chaque article s’appuie sur une bibliographie autonome ; un glossaire s’intercale pages 9-10). Le premier volet montre comment les sociétés urbaines riveraines des cours d’eau ont pris en compte l’inondation ; le second fournit des retours d’expériences mobilisant des outils d’urbanisme, de gestion et de valorisation des zones inondables ; le troisième tente d’apporter une réponse opérationnelle à la gestion du risque.

4La 1ère partie replace dans une perspective historique, depuis l’époque romaine, les relations ville/cours d’eau. Connaître le passé permet de mieux cerner les enjeux présents et contribue à mieux anticiper les dynamiques possibles. Jean-Paul Bravard croise ainsi les approches de l’archéologie urbaine de sites fluviaux rhônalpins et de l’hydrogéomorphologie fluviale pour envisager les rapports complexes entre la ville et le fleuve. Il en ressort une conception dynamique de cette relation, exprimée par le concept de métamorphose de l’enveloppe fluviale. Jean-Marc Antoine et Bertrand Desailly traitent de l’évolution de la gestion du risque d’inondation, depuis l’époque moderne jusqu’au milieu du XXe siècle, pour des villes du sud-ouest. Laurent Deschodt et Christine Crécy montrent comment l’installation et l’essor urbain de Lille a transformé profondément le site initial dans la vallée humide, en en faisant une ville « orpheline de sa rivière ». Cyril Castagnet explique la gestion des risques fluviaux menée par les communautés du Val de Loire orléanais et que la vulnérabilité des sociétés actuelles est un héritage des sociétés du passé. Sylvie Servain-Courant révèle les disparités de traitement du risque et de son intégration par les communes riveraines de la Loire pour la période post-1950 marquée par la très forte progression de l’urbanisation du Val de Loire en zone inondable.

5La deuxième partie ancre l’ouvrage dans le champ de l’aménagement du territoire et propose un retour d’expériences portant sur l’utilisation d’outils d’urbanisme à partir de plusieurs cas, tous situés dans cette « zone atelier » de la vallée de la Loire : Sylvain Rode met en valeur le retour d’expérience menée dans l’agglomération de Blois ; à l’échelle des zones urbaines inondables de la Loire moyenne, Sylvain Dournel et Sylvie Servain-Courant analysent la façon dont les outils d’urbanisme sont mobilisés et comment les composantes du paysage servent à valoriser des sites à forte biodiversité. Catherine Carré développe avec précision la question des modalités de la prise en compte du ruissellement dans l’urbanisme. L’auteur insiste sur la nécessité de développer une culture du risque de l’inondation pluviale.

6La troisième partie propose une remise en cause des « rhétoriques dominantes » (Helga-Jane Scarwell) par une approche opérationnelle du risque, évaluant les degrés de sa prise en compte dans plusieurs plans locaux d’urbanisme (Annette Groux). Dans l’ultime chapitre de l’ouvrage (Helga-Jane Scarwell, Annette Groux et Guillaume Schmitt), le manuel devient un guide pratique à l’aide de « fiches outils » spécifiques permettant d’intervenir dans la majorité des situations liées au risque d’inondation, soit 24 fiches au total très utiles : documents d’orientation, de planification et d’urbanisme (SCoT, PLU, SDAGE, etc.) ; des exemples de démarches volontaristes ; des techniques dites alternatives : de la chaussée réservoir au toit stockant.

7La conclusion générale (pp 363-366), sans doute un peu succincte par rapport au volume total de l’ouvrage- pointe, à travers l’exemple de la tempête Xynthia, la contradiction entre les discours officiels et les actes, les dysfonctionnements ou, pour le moins, les articulations difficiles entre la politique nationale de prévention des risques et les politiques locales d’aménagement, et ce jusqu’à la question sensible de la délivrance des permis de construire. Le cas, devenu « école », de la submersion de lotissements de la côte atlantique, méritait d’ailleurs une entrée à part entière, dans le contexte français, qui développe ses milliers de kilomètres de littoraux mais également ses milieux insulaires ultra-marins. Cela justifierait une réédition augmentée, que le public des acteurs et des spécialistes, ainsi que le grand public avisé (sensibilisé aux questions du développement durable, et en particulier, à ce risque d’inondation) attendent déjà.

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References

Electronic reference

Jacques Heude, Helga-Jane Scarwell, Guillaume Schmitt, Pierre-Gil Salvador (dir.), Urbanisme et inondation : outils de réconciliation et de valorisation Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [Online], 37 | 2018, Online since 06 March 2018, connection on 03 December 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/4460; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/tem.4460

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Jacques Heude

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