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Quelle place pour la Forêt amazonienne dans le développement territorial guyanais ?

What Place in the Guianese Territorial Development for the Amazonian Forest?
Rémy Louis Budoc

Résumés

Située au cœur du Plateau des Guyanes en Amérique du sud, la Guyane recèle, parmi ses multiples richesses naturelles une forêt immense, dense et variée malheureusement méconnue du fait de la superficie et de l’enclavement de son territoire. Pourtant, elle offre une biodiversité exceptionnelle classée dans les biens publics mondiaux. Grâce à ses 8,22 millions d’hectares (32 % de la forêt française), la France est le premier pays forestier tropical de l’Union européenne, ce qui lui donne une responsabilité internationale de premier plan en matière de valorisation et de préservation des écosystèmes intégrés au sein de l’Amazonie. Mais les intérêts des divers acteurs (États riverains, sociétés minières privées, communautés locales, etc.) pourraient conduire à des conflits majeurs dans la perception et l’approche de la gestion de son patrimoine forestier. Les auditions, interviews, enquêtes et analyses statistiques que nous avons menées auprès de la plupart des parties prenantes l’attestent. En outre, la question du développement durable et écologiquement soutenable met en exergue des menaces multiples à combattre et des politiques publiques de protection de ce grand massif forestier à mettre en œuvre. Dans ce contexte, un nouveau paradigme en matière de développement du territoire guyanais d’un territoire en quête de croissance, peut passer par une stratégie de valorisation de cet immense potentiel forestier pour le rendre plus attractif.

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Texte intégral

1Située au cœur du Plateau des Guyanes en Amérique du sud, la Guyane recèle, parmi ses multiples richesses naturelles, une forêt immense, dense et variée, malheureusement méconnue du fait de l’enclavement de son territoire. Pourtant, elle offre une biodiversité exceptionnelle classée dans les biens publics mondiaux (MAEE, 2011). Grâce à ses 8,22 millions d’hectares (32 % de la forêt française), la France est le premier pays forestier tropical de l’Union européenne, ce qui lui donne une responsabilité internationale de premier plan en matière de valorisation et de préservation des écosystèmes intégrés au sein de l’Amazonie, « premier poumon mondial ».

2Elle doit aussi faire face aux intérêts des divers acteurs (États riverains, sociétés minières privées, communautés locales, etc.) avec des risques de conflits majeurs dans la perception et l’approche de la gestion de son patrimoine forestier.

3Dans ce contexte, notre travail de recherche s’appuie sur les données recueillies au cours des auditions, interviews et enquêtes que nous avons pu mener en qualité de rapporteur au Conseil économique social et environnemental auprès de la plupart des parties prenantes et sur différents contenus statistiques d’organismes spécialisés, notamment des tableaux-clés et des publications statistiques. Il répond à un cadre analytique construit sur les problématiques forestières ultramarines qui nous permet d’étudier la question du développement durable et écologiquement soutenable en combinant trois aspects : d’une part, reconnaissant que ce vaste territoire français situé à 7.000 km de Paris occupe une place incontournable, nous cherchons à mettre en exergue, notamment son immense richesse forestière, son statut et sa biodiversité au centre de l’Amazonie. D’autre part nous tentons d’identifier et d’évaluer les modes d’interventions des acteurs (Buclet, 2011), selon leur nature, sur la question du développement durable et écologiquement soutenable, sous le prisme du choc des intérêts stratégiques et des menaces multiples à combattre et des politiques publiques de protection et de valorisation de ce grand massif forestier à mettre en œuvre. Finalement nous tentons de caractériser les éléments décisifs d’un nouveau paradigme qui permettraient l’essor d’une économie guyanaise où la forêt jouerait un rôle central pour le développement territorial.

1. La forêt guyanaise : une richesse exceptionnelle malheureusement méconnue

  • 1 Food and Agriculture Organization of the United Nations : Organisation des Nations Unies pour l’ali (...)

4Les publications et statistiques de la FAO1 que nous avons consultées fournissent tous les cinq ans l’évolution, la gestion et l’utilisation des forêts du monde grâce à son Programme d’évaluation des ressources forestières. Nous constatons, avec regret, qu’elles ne fournissent qu’une information minimale et harmonisée sur la forêt française. En Guyane, le chercheur est confronté à un champ de connaissance largement lacunaire malgré le rôle reconnu à sa forêt au niveau planétaire (maîtrise des changements globaux, réservoir de biodiversité), patrimoine naturel riche et fragile (Budoc 2012a). Pourtant, intégrée dans l’un des derniers grands massifs planétaires, elle présente des enjeux incontournables.

1.1. Une forêt peu visible, malgré des enjeux incontournables

5Il est temps que les publications françaises officielles remédient à cette situation préjudiciable qui entretient le paradoxe d’une forêt, certes incontournable par ses enjeux, mais finalement peu visible. En effet, le champ géographique des enquêtes sur la forêt et sur l’occupation et l’utilisation du territoire – enquête Teruti-Lucas- (Ministère de l'Agriculture, de l'alimentation et de la pêche, 2012, 2014) pourrait couvrir l’ensemble de la Guyane dont seule la bande côtière est actuellement concernée. De même, il serait judicieux que le prochain panorama d’ensemble de la filière bois-forêt publié par le Service statistique public (SSP) prenne en compte la Guyane, ce qui n’était pas le cas en 2006. Enfin, concernant l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), chargé de l’inventaire permanent des ressources forestières nationales, il est difficile de comprendre qu’elle n’inclut pas les problématiques guyanaises dans ses publications (sont uniquement rassemblés des « indicateurs de gestion durable des forêts métropolitaines ») avec, si nécessaire, des indicateurs spécifiques.

1.2. Un statut essentiellement public qui attise les tensions et conflits

6L’analyse des données disponibles montre que la forêt de la France métropolitaine couvre 29 % du territoire et progresse depuis 1990, tandis que le massif forestier guyanais couvre 98 % du territoire ultramarin le plus boisé de France (tableau 1), loin devant le département des Landes, bien qu’il connaisse une régression sur la même période (1990-2010).

Tableau 1 : Étendue de la forêt guyanaise en 2010 (en ha)

Terres émergées

Forêts

%forêt/ total

Répartit° forêt (%)

France (métropole)

55 010 000

15 954 000

29.0

63.2

Guadeloupe

161 000

64 000

39.8

0.3

Martinique

106 000

49 000

46.2

0.2

Saint-Barthélemy

2 000

0

0.0

0.0

Saint-Martin

5 000

1 000

20.0

0.0

Guyane

8 220 000

8 082 000

98.3

32.0

Saint-Pierre et Miquelon

23 000

3 000

13.0

0.0

La Réunion

250 000

88 000

35.2

0.3

Mayotte

37 000

14 000

37.8

0.1

Nouvelle-Calédonie

1 828 000

839 000

45.9

3.3

Polynésie Française

366 000

155 000

42.3

0.6

Wallis et Futuna

14 000

6 000

42.9

0.0

TOTAL

66 022 000

25 255 000

38.3

100.0

France (métropole)

55 010 000

15 954 000

29.0

63.2

Territoires Ultramarins

11 012 000

9 301 000

84.5

100.0

Total

66 022 000

25 255 000

38.3

100.0

Source : Évaluation des ressources forestières mondiales en 2010, FAO.

7Son statut juridique est public (tableau 2) au sein du domaine privé de l’État (5,5 millions d’hectares) géré par l’Office National des Forêts (ONF), le reste étant principalement constitué par le cœur du Parc Amazonien de Guyane (PAG).

Tableau 2 : Régime de propriété des forêts en 2010 (en %)

Public

Privé

Total

France (métropole)

26

74

100

Guadeloupe

53

47

100

Martinique

33

67

100

Saint-Barthélemy

Saint-Martin

Guyane

100

100

Saint-Pierre et Miquelon

97

3

100

La Réunion

76

24

100

Mayotte

61

39

100

Nouvelle-Calédonie

57

43

100

Polynésie Française

15

85

100

Wallis et Futuna

Source : Évaluation des ressources forestières mondiales en 2010, FAO

  • 2 Établissement public sous tutelle du ministère de l’Agriculture.
  • 3 Par exemple : divers ministères, collectivités locales, ONF, conservatoire du littoral, association (...)
  • 4 Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » - mené notamment par les « 500 frères », un groupe très popu (...)
  • 5 Ministère des Outre-mer, Conseil des ministres du 5 avril 2017, Plan d’urgence et accords pour la G (...)
  • 6 Il convient de noter que depuis le 1er janvier 2017, l’ancien Établissement Public d’Aménagement de (...)

8Toutes les forêts du domaine privé de l’État ne relèvent pas du régime forestier : dans des zones de droits d’usage collectif, déterminées par arrêtés préfectoraux, l’utilisation des ressources naturelles est réservée aux besoins de subsistance des communautés autochtones et locales. La connaissance quantitative et qualitative de ces espaces forestiers mériterait d’être améliorée, par exemple en implantant sur place un Centre régional de la propriété forestière (CRPF)2 , chargé d’orienter et de développer la gestion des bois, forêts et terrains à boiser des particuliers, et d’approuver les plans de gestion des forêts privées. Cette orientation ne remettrait pas en cause la place centrale occupée par l’ONF parmi les nombreux intervenants dans ce domaine3, mais faciliterait sans doute les négociations entre les élus locaux, les peuples autochtones et l’État quant au conflit structurel concernant la propriété des terres et forêts de ce territoire. Pour l’instant, suite à la crise sociale d’ampleur inédite4 qui a touché la Guyane dans la période récente (mars-avril 2017), le Gouvernement, après négociation, a validé5 la rétrocession de 250 000 hectares de foncier de l’État à la Collectivité territoriale et aux communes de Guyane ainsi que l’attribution de moyens financiers pour la création d’une Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural (SAFER) et de 20 000 hectares de foncier à son capital6.

  • 7 Un instrument international légalement contraignant qui traite spécifiquement des droits des peuple (...)
  • 8 Ministère des Outre-mer, Conseil des ministres du 5 avril 2017, Plan d’urgence et accords pour la G (...)

9Concernant les peuples autochtones, certes, la France n’a pas à ce jour ratifié la convention n° 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT)7. Toutefois, une attitude collective des États amazoniens, dont la France, allant dans la perspective de réduire significativement toute velléité d’exploitation abusive et illicite des ressources forestières affirmerait que cet écosystème n’est pas un simple accident de l’histoire pour que quiconque se prévale du monopole d’y réaliser à sa guise n’importe quelle activité. Dans cet esprit, on peut noter un signal positif donné par le Gouvernement français en signant, en avril 2017, un accord avec les représentants des peuples autochtones8, pour la création d’un office foncier des populations amérindiennes qui gérera 400 000 hectares attribués par l’État.

1.3. La position privilégiée de l’ONF

  • 9 Concernant les coûts de gestion en Guyane, dans le cadre du PDRG 2007-2013, l’ONF bénéficie au titr (...)
  • 10 Depuis l'adoption de la loi de finances initiale pour 2008.
  • 11 Délégation à l’Outre-mer du Sénat, 14 janvier 2015, Compte-rendu, commissions Outre-mer.
  • 12 Délégation à l’Outre-mer du Sénat, 14 janvier 2015, Compte-rendu, commissions Outre-mer.

10L’ONF mène son action dans le cadre de contrats d’objectifs et de moyens ou de conventions avec l’État et les collectivités. Le contrat d'objectifs pour la période 2012-2016 fait apparaître un volet spécifique consacré à la forêt ultramarine. Toutefois en raison de la faiblesse des revenus forestiers, du statut juridique de la forêt et de l’absence du « versement compensateur », l’Office y assume une grande partie des coûts de gestion9. Son déficit global de gestion est compensé par des transferts internes, mais ses dirigeants nous ont expliqué que la question reste posée de la réévaluation de ses moyens financiers et humains, à la fois par l’État et les collectivités territoriales : les financements spécifiques via des conventions n’étant, pour le moment, pas à la hauteur des objectifs à atteindre. Quelques efforts, jugés insuffisants, sont néanmoins réalisés, comme en témoigne la convention sur la biodiversité entre l’ONF et le ministère en charge de l’Environnement pour un montant de 2,5 M€, dont 30 % dédiés aux Outre-mer. Certes, l'ONF paie10 la taxe sur le foncier non bâti en métropole11 sur l'essentiel des surfaces de la forêt domaniale, mais pas en Guyane. L’État estime que l’extension de cette assiette à la Guyane serait très coûteuse12. Aussi, une clarification s’avère nécessaire après des discussions entre l'État et l'ONF sur les missions qui lui sont confiées, sur les forêts qu'il doit gérer ou pas en Guyane et sur les conditions financières d'exercice.

11Globalement, il nous semble indispensable de donner aux institutions chargées de la forêt les moyens d’être à la hauteur de la biodiversité exceptionnelle du massif amazonien. Par exemple, sur le terrain, l'ONF exerce simultanément une fonction de protection, une fonction sociale puisque les espaces forestiers contribuent fortement à l'attractivité touristique des territoires et une fonction de production (bois d'œuvre et bois « énergie ») (ONF, 2015) exploités selon les méthodes les plus respectueuses de l'environnement.

1.4. Une biodiversité intégrée dans l’un des derniers grands massifs de la planète

  • 13 Site Internet : http://indicateurs-biodiversité.nature.france.fr, consulté le 08/04/2017.

12Les indicateurs de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB)13, entre autres, mettent en valeur que les enjeux de la forêt guyanaise sont étroitement liés à la connaissance et la préservation d’une biodiversité exceptionnelle.

  • 14 Qualifiées tantôt de forêts denses humides, de forêts équatoriales, de forêt fluviale, de forêts om (...)

13Ainsi, les forêts tropicales humides14 sont les plus proches de l’équateur. Elles se développent sous des climats où la saison sèche dure moins de trois mois et où les précipitations s’élèvent à 1 500-2 000 millimètres/an au moins. Elles sont remarquables par la grande diversité de leurs végétaux : près des trois-quarts des espèces vivantes. Elles constituent un réservoir de biomasse impressionnant et un réservoir écologique et économique de première importance en fournissant nourriture, plantes médicinales et matières premières végétales.

14Les mangroves (60 000 ha) sont des forêts mais s’en différencient profondément car elles se développent dans un environnement spécifique : des zones d’eau saline, un milieu habituellement peu propice aux arbres. La principale essence parvenant à s’y implanter est le palétuvier qui se décline en plusieurs espèces. La faune des mangroves, très riche en mollusques, crustacés et poissons, offre d’abondantes ressources alimentaires, ce qui expose ces forêts à une surexploitation, renforcée par l’extraction du bois, alors qu’elles jouent un rôle important pour la préservation des paysages et la protection des côtes (Budoc, 2012a)En Guyane, elles appartiennent au domaine public maritime (imprescriptible et inaliénable) et ne sont pas soumises au régime forestier (défrichement interdit) ni à la loi sur l’eau.

15La forêt et la mangrove jouent également un rôle essentiel dans la lutte contre l’érosion des sols, la prévention des risques naturels ainsi que pour la protection du patrimoine foncier et des ressources en eau. Les mangroves permettent notamment d’atténuer les effets des inondations.

  • 15 Les deux autres étant ceux du Congo et de Bornéo-Mékong.

16L’essentiel de la biodiversité guyanaise s’intègre dans l’un des trois derniers grands massifs forestiers de la planète15, l’Amazonie. Une analyse comparative permet de constater que sa richesse floristique et faunistique, supérieure à celle de l’ensemble des espèces forestières de toute l’Europe, compte de 7 000 à 10 000 espèces végétales dont plus de 1 500 espèces ligneuses et parmi lesquelles 300 espèces de grands arbres (Budoc, 2012a).Sur à peine un hectare de forêt, on recense entre 140 et 200 espèces d’arbres différentes (contre seulement une dizaine dans une forêt européenne). Elle comprend également 1 200 espèces de vertébrés dont 685 espèces d’oiseaux et 400 000 espèces d’insectes (entre 10 et 20 % des espèces d’insectes inventoriées dans le monde).

17L’explication de cette richesse vient de l’appartenance de la Guyane au Bouclier Guyanais, entité géologique et biogéographique bien individualisée. Les mécanismes de contraction et extension successives des surfaces forestières, sous l’effet de l’alternance des périodes glaciaires et des périodes de réchauffement au cours des derniers millénaires, apportent en partie une réponse sur l’origine de cette richesse et l’endémisme que l’on retrouve à plus petite échelle au niveau des bassins versants et des massifs montagneux de ce territoire. Ainsi, le taux d’endémisme atteint 40 % en moyenne chez les poissons avec une augmentation significative vers l’amont des bassins-versants16.

18Au total, cette biodiversité forestière est propice à une multitude de possibilités pour la recherche scientifique fondamentale et appliquée. L’adoption du protocole de Nagoya le 29 octobre 2010, par les parties à la Convention sur la diversité biologique ouvre un champ très vaste et prometteur. Aux niveaux communautaire et national, la recherche sur la biodiversité en Outre-mer est davantage considérée, à travers l’Agence nationale de la recherche (ANR) ou les Programmes-cadres de recherche et de développement (PCRD). La recherche forestière en Guyane est assurée par de nombreux organismes fortement motivés comme le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Office national des forêts (ONF), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME)…

19Les différents acteurs rencontrés, nous ont fourni des éléments sur plusieurs campagnes de recherche qu’ils ont pu mener. Pour estimer la quantité de carbone des forêts à partir de données aériennes, le réseau Guyafor (CIRAD, CNRS, ONF) s’est, par exemple, associé au projet « Biomass » dans un ambitieux programme de conception d’un radar d’observation de la biomasse à l’échelle globale. Ce projet figure parmi les trois en lice pour devenir le septième satellite du programme d’observation de la terre de l’Agence spatiale européenne.

20Le projet « GuyaSIM17 », qui nous a été présenté sur le Campus du CIRAD à Kourou, concerne la construction d’un « simulateur de la Guyane » pour quantifier et cartographier les évolutions possibles d’indicateurs de services environnementaux : le stock de carbone, la béta-biodiversité ou le fonctionnement du sol selon différents scénarios socio-économiques de changement d’occupation des sols. Cet outil présente un caractère innovant grâce à une double fonctionnalité :

  1. constituer une aide à la décision permettant d’optimiser l’aménagement et le développement de la Guyane, au regard du paramètre environnemental ;

  2. fournir un laboratoire virtuel aux scientifiques pour tester plus facilement certaines hypothèses écologiques.

  • 18 Le programme européen LIFE+ couvrant les activités du projet du 15/09/2010 au 20/09/2015, a financé (...)

21Au niveau financier, la Guyane a bénéficié d’un dispositif de type LIFE+ CAP DOM18 qui concerne la biodiversité et plusieurs espèces forestières. Enfin, parmi les projets de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) 2011-2020, deux des cinq thèmes retenus concernent les forêts ultramarines : le thème B « Restauration de milieux remarquables ou sensibles » et le thème C « Lutte contre les espèces exotiques envahissantes terrestres et maritimes dans les départements et collectivités d’Outre-mer ».

2. La question du développement durable et écologiquement soutenable

22La démonstration a été faite que les principales menaces pour la forêt, bien souvent liées à la présence et à l’activité humaine, sont les espèces exotiques envahissantes (EEE) (Soubeyran, 2008, 2010), les incendies, le défrichage et l’étalement urbain, mais surtout les effets négatifs de l’exploitation minière illégale. Une étude réalisée en 2014 par l’ONF et l'Institut géographique national (IGN, 2015) sur le protocole de Kyoto, permet d’opérer la mise à jour de l'occupation du sol en Guyane entre 1990 et 2012. En comparant les surfaces, nous pouvons donc mesurer les flux de déforestation et remarquer que, hors effet du barrage de Petit-Saut, la déforestation touche environ 3 000 hectares par an. Le premier poste de déforestation, qui explique une diminution de 1 500 à 2 000 hectares/an, est l'agriculture et l'élevage. Viennent ensuite l'orpaillage, clandestin et légal, pour 800 à 1 000 hectares/an et les travaux d'infrastructures, notamment urbaines et routières, pour moins de 400 hectares/an. En rapportant ces chiffres à la surface forestière globale (environ huit millions d'hectares), quel que soit le propriétaire et quel que soit le statut foncier, on peut en conclure que les taux de déforestation sont donc faibles par rapport à l'Amérique du Sud.

23Ces questions ont été théorisées (Diamond, 2006) en posant le problème crucial du « développement durable et écologiquement soutenable » à travers les âges : des sociétés choisissent d’échouer en épuisant leurs ressources naturelles. D’autres décident de réussir en renversant leurs paradigmes culturels et en prenant des mesures audacieuses qui assurent leur bien-être collectif. Outre ces menaces qu’il faut combattre, une politique volontariste de protection des forêts s’impose, ainsi que la valorisation du potentiel carbone du massif forestier et des ressources génétiques.

2.1. Le choc des intérêts et les menaces multiples à combattre

  • 19 Ministère des Outre-mer, Conseil des ministres du 5 avril 2017, Plan d’urgence et accords pour la G (...)

24Consécutive au niveau élevé des cours de l’or des dernières décennies, l’extraction minière illégale conduit à un choc des intérêts entre les parties prenantes et à un malaise important. Ce facteur majeur de la déforestation a déjà causé à lui seul la disparition de 9 300 hectares de forêt depuis 1990 dont environ 4 000 sur les 3,4 millions de couvert forestier du PAG. Les communautés traditionnelles estiment que les impacts directs ou indirects de l’orpaillage illégal sont nombreux et portent atteinte à leurs modes de vie : dégradation, érosion des sols, destruction des lits mineurs de cours d’eau, pollutions par les matières en suspension, pollutions aux hydrocarbures. En outre, le rejet du mercure dans les rivières provoque la contamination d’espèces de poissons consommés par les populations, les plus concernés étant les Amérindiens Wayanas du Haut-Maroni, mais aussi toutes les populations des bassins versants touchés par l’orpaillage illégal : les bushinengués, les Amérindiens Tekoet Wayãpi du Maroni et de l’Oyapock. Ces peuples autochtones ont obtenu récemment satisfaction19 quant à leur réclamation d’un siège à la Commission départementale des Mines, mais cette décision, qui renforce le dialogue, n’apporte pas pour autant de solutions aux problèmes de fonds posés sur le terrain.

  • 20 En 2004, l’État s’est engagé dans une action d’éradication de l’orpaillage clandestin avec les opér (...)

25Si la destruction s’est fortement accrue entre 1995 et 2008, les résultats obtenus dans les actions de lutte contre l’orpaillage clandestin menées en forêt par les forces de l’ordre20, ainsi que l’évolution des modes d’orpaillage, montrent un ralentissement en 2009 et 2010. Depuis 2011, un palier semble avoir été atteint en termes de nombre de chantiers d’exploitation alluvionnaire actifs, notamment au sein des territoires concernés par le Parc Amazonien de Guyane, et de développement de l’activité de type primaire.

  • 21 Les garimpeiros sont des chercheurs d'or originaires du Brésil. Ils travaillent souvent sur des cha (...)

26L’ONF et le PAG collaborent à ces actions aux côtés des services régaliens : parquet, gendarmerie, forces armées, police aux frontières, douanes. La situation reste cependant fragile, l’orpaillage clandestin demeurant un fléau qui nécessite encore de prolonger l’effort en accentuant notamment le volet judiciaire. En effet, pour répondre aux moyens de lutte mis en œuvre par l’État français, les garimpeiros21 adaptent en permanence leurs modes d’action comme l’exploitation sous la canopée sans défricher, l’abandon de l’extraction alluvionnaire au profit de celle de l’or primaire, la réutilisation de sites déjà déforestés et l’installation de chantiers plus petits.

27De son côté, l’ONF nous a signalé la création, en partenariat avec les services étatiques concernés, de l’Observatoire de l’activité minière pour maîtriser l’occupation du sol guyanais et les impacts environnementaux qui y sont liés. Cet outil de renseignement, essentiel au préfet et aux forces de sécurité, dresse un bilan patrimonial annuel récapitulant la localisation et l’importance des activités d’orpaillage ainsi que leur impact sur la forêt et l’environnement. Pour plus de transparence, il serait utile de prendre des dispositions règlementaires, afin de rendre ses données accessibles à l’ensemble des acteurs concernés.

  • 22 Il est prévu qu’il le soit tous les cinq ans.
  • 23 Devenue collectivité territoriale de Guyane (CTG) depuis décembre 2015.

28Entré en vigueur le 1er janvier 2012, le Schéma départemental d’orientation minière (SDOM) de Guyane – en cours de révision22 – résulte d’un processus de concertation avec les élus et les associations environnementales, entrepris de mars 2008 à février 2009. L’ambition est d’établir un équilibre entre protection de la forêt et développement économique lié à la filière aurifère, aboutissant ainsi à des zonages et à une meilleure prise en compte des spécificités à la fois économiques et environnementales. La Région23 a d’ailleurs déféré ledit SDOM au Conseil d’État, au motif qu’elle en refusait le périmètre et n’y retrouvait pas cette notion d’équilibre. Quoi qu’il en soit, il établit aujourd’hui très clairement les surfaces et les endroits où l’exploitation minière est légale.

  • 24 La biomasse est constituée de l’ensemble des organismes vivants de la planète.

29Par ailleurs, le projet « GUYAFIX », retenu dans le cadre des appels à projets de la SNB 2011-2020, vise à apporter les outils nécessaires à la mise en place d’une filière de production d’espèces d’arbres endémiques de la forêt guyanaise choisies pour leur capacité à se développer sur les milieux pauvres et érodés grâce à leur aptitude à fixer l’azote de l’air et à leur caractère héliophile. Ces espèces d’arbres pourraient servir à la réhabilitation des sites miniers, au renouvellement de la biomasse24 pour les usines de cogénération et à la restauration de la fertilité des sols agricoles issus de la déforestation. Toutefois, la déforestation liée aux activités minières légales ne doit pas être négligée : les plans de restauration de sites en fin d’exploitation pourront prévoir des mesures compensatoires réelles sous la forme de prescriptions règlementaires.

30Des démarches de certification de la forêt guyanaise ont été réalisées par l’ONF et ses partenaires et une traçabilité de l’or extrait en pleine forêt a été développée, ce qui devrait être, à cet égard, conforté en complément des opérations policières et militaires. En outre, on ne peut que se réjouir de la signature en 2008, de l’accord de coopération en matière de police et de justice, dans le cadre de la coopération franco-brésiliens pour lutter contre l’extraction aurifère illégale, finalement ratifié le 12 décembre 2013 par les députés et sénateurs Brésiliens, ce qui n’est pas encore le cas au niveau du Suriname (Budoc 2012b). Enfin, le Comité de vie locale (CVL) du PAG, qui rassemble des représentants des populations et des usagers des territoires concernés par le Parc, affirme son souhait que l'or illégal saisi soit réinvesti dans des projets au bénéfice des territoires directement impactés par l'orpaillage illégal.

  • 25 Adoptée en 1971 à Ramsar en Iran, la convention des zones humides est entrée en vigueur quatre anné (...)
  • 26 Concession agricole de 20 ha sur 5 ans.

31Toutefois, les principales dégradations du milieu forestier concernent le défrichement, la culture sur brûlis – pratiquée dans des conditions non durables – ou les feux de brousse et le pâturage. Le Code forestier permet certes de poursuivre les contrevenants, mais les dégâts entraînent progressivement un appauvrissement des milieux et une perte irréversible de la biodiversité. L’agriculture sur abattis-brûlis est pratiquée depuis des millénaires. À titre indicatif, la FAO a identifié le « système agraire des Wayanas (Guyane) » au titre des systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM). Les agriculteurs se basent sur la reconnaissance par les pouvoirs publics français de cette forme d’agriculture, notamment via le décret n° 2007-1507 du 19 octobre 200725 modifiant le code du domaine de l'État, qui donne la possibilité aux agriculteurs pratiquant la culture sur abattis à caractère itinérant en Guyane de bénéficier de titres fonciers spécifiques26. Ce système est durable, s’il est pratiqué dans certaines conditions (notamment durée des rotations).

32Enfin, l’étalement de l’urbanisation et le mitage du territoire sont deux phénomènes qui constituent une menace pour certains écosystèmes forestiers. La préservation du foncier peut être illustrée par l’exemple de la bande littorale de la Guyane, zone de développement futur avec de forts enjeux mais également parfois des conflits d’usage au niveau du sol et une définition à venir des territoires à conserver au niveau forestier.

2.2. Pour une politique volontariste de protection des forêts

33La politique volontariste – conduite par le ministère des Outre-mer et le ministère de l’Écologie – de mise en place de parcs naturels et de réserves pour protéger les espaces naturels remarquables, parait conforme aux objectifs de la loi Grenelle I.

34En effet, un rapide recensement montre que la Guyane possède de nombreux sites protégés ou classés tels que des réserves naturelles du fait :

  1. de la diversité de ses écosystèmes ;

  2. de la richesse de sa faune et de l’étendue du domaine forestier – dont les trois plus grandes de France, après celles des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) ;

    • 27 Adoptée en 1971 à Ramsar en Iran, la convention des zones humides est entrée en vigueur quatre anné (...)

    des acquisitions du Conservatoire du littoral, des zones humides (zones RAMSAR27), des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Iedom, 2011).

35Ainsi, la réserve naturelle nationale des Nouragues et la réserve biologique intégrale de Lucifer-Dékou-Dékou ont été créées dès 1995-1996. En 2006, ce fut le tour de la réserve naturelle nationale du Grand Matoury.

36Le Parc naturel régional de Guyane (PNRG)28 créé en mars 2001 et scindé en deux parties s’étend géographiquement sur six communes29 : Mana (à l’ouest), Roura (à l’est), Iracoubo et Sinnamary (Les Savanes), St Georges de l’Oyapock et Ouanary (à l’est). Une commune y est associée : Montsinéry-Tonnegrande. Sa superficie actuelle est de 6 271 km². Les objectifs du PNRG sont de favoriser un développement économique et culturel respectueux de l’environnement, l’aménagement du territoire et la promotion de l’écotourisme.

37La Guyane accueille également le plus grand parc national français par sa superficie, le Parc amazonien de Guyane (PAG), créé en 2007 et couvrant une surface de 34 000 km². Il est frontalier du parc brésilien du Tumuc-Humac et s’inscrit ainsi dans la logique de protection environnementale du Plateau des Guyanes.

Carte 1 : Le parc amazonien de Guyane

Carte 1 : Le parc amazonien de Guyane

Source : Parc amazonien de Guyane, NASA, IGN, DEAL, Réalisation PAG-PJ, 2017

  • 30 Cette charte a fait l’objet d’un décret d’approbation du 28 octobre 2013 après enquête publique du (...)

38Il se répartit sur cinq communes : Maripasoula, Papaïchton, Saint-Élie, Saül et Camopi et comprend une grande partie de la zone d’accès règlementé du sud de la Guyane. Il est divisé en deux zones géographiques : une zone cœur de 20 000 km² (soit 24 % de la surface du territoire) sur laquelle la protection est renforcée et une zone de libre adhésion où les collectivités locales ont été invitées à signer une charte30 élaborée par l’ensemble des acteurs locaux pour les territoires concernés. Pour promouvoir et protéger cette biodiversité, la Guyane a élaboré des plans d’action locaux pour la biodiversité dès 2006 dans le cadre de la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) 2004-2010. En 2011, un objectif spécifique a été inscrit parmi les vingt objectifs de la nouvelle SNB 2011-2020 : « Faire de la biodiversité un moteur de développement et de coopération régionale en Outre-mer » (Objectif 10).

39Dans ce contexte, l’Initiative française pour la biodiversité (IFREBIOM), prévue par le Conseil interministériel de l’Outre-mer (CIOM) et mise en œuvre en 2012 pourrait être encouragée pour permettre, au niveau national, de coordonner les actions territoriales et, au niveau local, d’animer la politique en faveur de la biodiversité en lien avec les collectivités. Elle gagnerait aussi à relancer les Plans d’action pour les espèces menacées qui sont l’un des engagements du Grenelle de l’environnement en matière de biodiversité.

40Il apparait donc indispensable de poursuivre la mise en place d’un réseau d’espaces géographiques protégés (Blanc, 2011), avec le classement des mangroves en réserves naturelles régionales et de valoriser l’usage des plantes médicinales et aromatiques dans différents secteurs qui participent au développement économique.

  • 31 Parc situé sur la rive de l’Oyapock et sur le littoral nord de l’État fédéré brésilien d’Amapá.

41Ces outils permettent d’inscrire les forêts de la Guyane et des États riverains dans une dynamique de coopération régionale (Budoc, 2013a). Ainsi, le Parc naturel régional de Guyane et le Parque Nacional du Cabo Orange en Amapá31 ont lancé en juin 2008 le programme « Oyana » (Oyapock Nature), pour promouvoir un développement économique et touristique durable commun autour de la basse vallée de l’Oyapock sur les deux rives du fleuve (Iedom, 2011), tout en protégeant le cadre naturel. Le projet qui englobe les communes de Ouanary et Saint-Georges en Guyane, Oiapoque et Calçoene au Brésil, est financé par le Programme opérationnel (PO) Amazonie (FEDER) et concerne une quarantaine d’activités (aménagements touristiques, actions éducatives, études scientifiques…). Il comprend également la mise en place d’une aire protégée commune aux deux parcs, autour des communes précédemment citées, éligibles au label « Réserve de biosphère » du programme « Man and biosphere » de l’UNESCO. Aujourd’hui, le projet Oyana se poursuit avec l’Agencia do Desenvolvimento Amapense (ADAP) qui s’est substituée au Cabo Orange en 2012 pour lui donner une nouvelle impulsion.

2.3. REDD+32 et la valorisation du potentiel carbone du massif forestier

  • 32 Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en dé (...)
  • 33 Rapport au Parlement 2016, Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durab (...)

42Les estimations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) révèlent en 2004 que 23 % des émissions mondiales de CO2 étaient imputables à la déforestation et à la dégradation des forêts et des tourbières, soit davantage que l’ensemble du secteur des transports au niveau mondial. Récemment, les Outre-mer se sont pleinement mobilisés lors de la COP21, afin d’alerter la communauté internationale sur les impacts du changement climatique sur leurs territoires. Ils sont inclus dans le champ d’application de l’Accord de Paris concernant notamment la réduction et la maîtrise de leurs émissions de gaz à effet de serre, soit dans le cadre de la contribution de l'Union européenne et de ses États membres soit, pour les Pays et Territoires français d'Outre-mer, dans le cadre d’une contribution spécifique. C’est ce qui ressort de la Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020 (SNTEDD).33

43Par ailleurs, une évaluation régulière et la communication de leurs émissions nationales de gaz à effet de serre, y compris les émissions et éliminations de carbone interprétées comme une variation des stocks au sein des forêts, s’imposent aux pays membres du protocole de Kyoto et de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). En France, la mise en œuvre du Protocole de Kyoto implique notamment un suivi de l’utilisation et du changement d’affectation des terres de la Guyane au cours de la première période d’engagement 2008-2012, par rapport à la situation de l’année de référence, 1990.

  • 34 Estimation pour l’année 2010.

44Le tableau suivant montre l’estimation du stock de carbone dans la biomasse forestière vivante34 donnée pour la Guyane (tableau 3), qui rend sa prise en compte incontournable. L’analyse des bilans régionaux effectués par l’inventaire national forestier montrent ainsi que c’est en Guyane que s’effectuent 50 % des déboisements français.

Tableau 3 : Stock de carbone dans la biomasse forestière vivante

Stock de carbone (millions de tonnes)

Stock de carbone/ha (tonnes)

France (métropole)

1208

76

Guadeloupe

12

195

Martinique

8

173

Saint-Barthélemy

Saint-Martin

Guyane

1 651

204

Saint-Pierre et Miquelon

La Réunion

6

68

Mayotte

Nouvelle-Calédonie

60

72

Polynésie Française

21

132

Wallis et Futuna

Source : Évaluation des ressources forestières mondiales 2010, FAO.

45Dans ce domaine, le mécanisme REDD+ présente un intérêt économique et scientifique indéniable. Après plusieurs années de négociations entre les États, il a été inscrit dans l’Accord de Cancún, adopté par la 16e Conférence des Parties à la CCNUCC en décembre 2010. Son objectif est de créer une valeur financière pour le carbone stocké dans les forêts et d’offrir des incitations financières aux pays en développement pour qu’ils réduisent les émissions provenant des terres boisées35. Malheureusement, la Guyane, collectivité territoriale française, n’y est pas éligible, puisque, concernant l’accessibilité aux crédits carbone, la France, inscrite à l’annexe 1, n’est pas éligible à REDD+, alors qu’elle est l’un des pays financeurs de ce mécanisme, à disposer d’un couvert forestier tropical important.

46Les flux financiers Nord-Sud pourraient atteindre jusqu’à 30 milliards de dollars/an pour récompenser une réduction significative des émissions de CO2, soutenir de nouvelles formes de développement, aider à conserver la biodiversité et sécuriser des services écosystémiques vitaux. REDD+ a également pour ambition la gestion durable des forêts et le renforcement des stocks de carbone forestiers. Par ce dispositif, des projets évitant les émissions de gaz à effet de serre provoquées par la déforestation et la dégradation des forêts seraient susceptibles de générer du crédit carbone monnayable sur le marché carbone mondial.

  • 36 C'est à l'occasion de la quatorzième Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations unie (...)
  • 37 Document du projet REDD + Plateau des Guyanes, ONF,2011.

47À titre d’exemple, les porteurs de REDD+ Plateau des Guyanes36 porté par l’ONF International, nous ont présenté ce projet comme un partenariat amazonien qui propose de renforcer le potentiel économique du territoire qui couvre le Guyana, le Suriname, la Guyane et l’Amapá, en luttant contre la déforestation et la dégradation forestière grâce à la valorisation du potentiel carbone du massif forestier et l’inscription dans le processus REDD+37 Cette étude consiste à préciser le potentiel de ressource carbone du massif forestier recouvrant la zone analysée, considéré comme homogène et d’un seul tenant (point zéro), puis à identifier les sources de déforestation et de dégradation des forêts dans chaque pays. Des estimations seront ensuite faites sur les quantités de carbone séquestrées ou émises en fonction de ces dernières et des scénarii de développement des différents pays. Enfin, il conviendra de mettre en place des outils nécessaires à l’entrée des participants dans le mécanisme REDD+. Ce projet mené dans le cadre du programme du PO Interreg IV Caraïbes avec le soutien de la Collectivité territoriale de Guyane s’est achevé en décembre 2015.

2.4. Quelle valorisation des ressources génétiques ?

  • 38 Mise en œuvre de l’article 15 de la Convention sur la diversité biologique – CDB –du 5 juin 1992.
  • 39 Article L. 331-15-6 du Code de l’environnement.
  • 40 En particulier ses articles 8-j et 15-j.
  • 41 Établissement public français à caractère scientifique et technologique.

48La question de la valorisation des ressources génétiques est une préoccupation croissante des acteurs locaux (Budoc, 2012a). La réglementation de l’accès et du partage des avantages tirés de l’exploitation des ressources génétiques38 concerne totalement le PAG. Comme prévu par le Code de l’environnement39, sur proposition du Congrès des élus, la charte du PAG définit les orientations relatives aux conditions d’accès et d’utilisation des ressources génétiques, notamment en ce qui concerne les modalités du partage des éventuels bénéfices conformément à la CDB40. Les acteurs conviennent que l’encadrement de l’accès et du partage des avantages doit permettre de produire des connaissances au service du territoire guyanais, en s’appuyant le cas échéant sur la recherche et les connaissances des communautés locales. Toutefois, l’établissement des liens entre des connaissances traditionnelles dont serait détentrice une communauté et l’exploitation nouvelle d’une ressource biologique peu constituer un enjeu capital (Thierry, 2017). La polémique née en Guyane à propos du dépôt par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD)41 d’un brevet concernant une molécule de lutte contre le paludisme est tout à fait symptomatique des possibles contentieux latents. La molécule objet du litige est en effet issue du couachi, une plante traditionnelle en Guyane dans les jardins créoles. L’IRD est accusé de biopiraterie pour n’avoir prévu aucun partage des avantages avec la population locale dont les connaissances traditionnelles auraient pourtant contribué à cette avancée scientifique. Pour autant, cette polémique a conduit l’Institut à proposer aux autorités guyanaises un protocole qui garantirait « l’information et la sensibilisation des communautés d’habitants à la démarche scientifique à la base de ce projet de recherche, son évolution et ses enseignements » et prévoirait « un engagement commun de garantir des conditions logistiques et de prix permettant l’accès des populations concernées à un éventuel nouveau médicament antipaludique qui serait issu de ce brevet ». On voit à travers cet exemple, les enjeux et les sensibilités qui ont été exacerbés sur cette question.

3. Le nouveau paradigme d’une forêt au centre du développement territorial

49Le potentiel de valorisation économique de la forêt est énorme et peut contribuer au développement et à la création d’emplois pour un territoire dont la croissance démographique est accélérée (574 000 habitants en 2040, contre 220 000 en 2008 (Insee, 2011), la dépendance économique très forte et le taux de chômage très élevé. Même les prospectives actuelles sur une future exploitation pétrolière off-shore au large des côtes guyanaises (Budoc, 2013b) qui fait largement débat encore aujourd’hui, ou encore sur le projet Montagne d’Or, de mine d’or industrielle dans l’Ouest guyanais, ne réussiront certainement pas à éclipser le bois, une ressource renouvelable contrairement au pétrole et à l'or épuisable. C’est ainsi qu’un nouveau paradigme pourrait positionner le bois comme moteur de développement de la Guyane qui dispose d’un énorme potentiel de production, d’une opportunité de tendre vers l’autonomie énergétique avec la biomasse et d’atouts notables pour formuler une offre éco-touristique.

3.1. Un énorme potentiel de production de bois

50De l’avis des professionnels de cette filière que nous avons rencontrés sur le terrain, la production de bois pourrait être plus dynamique avec une filière bois-forêt davantage structurée. La récolte de bois est assurée sur une zone de 70 km de profondeur d’une surface de 2,4 millions d’ha à vocation de production : le Domaine Forestier Permanent. La filière bois emploie environ 900 personnes pour une production de 73 000 m3/an (soit 0,2 % de la production française) dont 90 % sont commercialisés sur le marché local (Ministère de l’Agriculture, de l’alimentation et de la pêche, 2012

51La production repose sur une liste de 47 essences régulièrement commercialisées sur près de 90 identifiées pour leur valeur commerciale. Cependant, des particuliers par leur production et leurs usages locaux, conservent encore les savoir-faire attachés à une gamme plus étendue d’essences, souvent réservées à des usages très spécifiques. L’essence commerciale majeure est l’Angélique42 du fait de son abondance sur l’ensemble du territoire et de ses propriétés technologiques élevées. L’exploitation forestière suivie par l’ONF obéit au principe de l’exploitation à faible impact de la FAO : « une opération d’exploitation forestière intensément planifiée, précautionneusement mise en ordre et contrôlée afin de minimiser son impact sur le peuplement forestier en se basant habituellement sur une sélection des arbres à abattre ». De fait, dans les forêts ouvertes à l’exploitation forestière, la moitié des surfaces relève de zones protégées. Ensuite, on descend d’un cran pour arriver à l’unité de gestion d’une surface de 200 à 300 ha. Les prélèvements sont limités à 5 arbres/ha, avec une rotation de 65 ans entre deux coupes qui permet de garantir une reconstitution de la ressource.

52Le principe de l'exploitation à faible impact a été concrétisé fin 2010 par la signature d’une charte entre les professionnels et l’État. L’attribution des aides, que ce soit celles du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) dans le cadre du Programme de développement rural de la Guyane (PDRG) ou du CIOM, est conditionnée au respect de cette charte. Enfin, en parallèle, il existe une exploitation de subsistance (constructions et artisanat) en partie dans les zones de droits d’usage collectifs.

  • 43 Le fonctionnement de cet outil technique est assuré par l’association Centre Technique des Bois et (...)
  • 44 Deux organismes indépendants : le Programme européen des forêts certifiées (PEFC) et le Forest stew (...)

53Néanmoins, les professionnels du secteur soulèvent de nombreuses difficultés qui peuvent expliquer la faible capacité de production de bois. Tout d’abord, l’accès aux ressources forestières limite leur exploitation. Ensuite la filière bois devrait être mieux structurée. Les maillons « exploitation » et « premières transformation » sont en effet quasi inexistants ou en régression. C’est vrai que dans le cadre de sa politique publique de soutien aux filières de production locale, l’État apporte son appui à la filière forêt-bois à travers des aides publiques (y compris de l’Union européenne) qui sont les plus significatives dans le cadre des programmes de développement ruraux et des contrats de projets États-Région. Ils représentent plus de 44 M€ dont 16 M€ de dépenses publiques nationales en cofinancement du FEADER, sur la période de programmation 2007-2013. De plus, avec les mesures CIOM, suite aux États généraux de l’Outre-mer de 2009, 2 M€ de crédits de l’État ont été affectés à la filière bois de Guyane pour améliorer ses conditions d’exploitation et sa structuration. En 2009, la Maison de la Forêt et du Bois de Guyane (MFBG)43 a été créée pour apporter un appui technique utile à la filière : elle bénéficiera d’ici le début de l’année 2018, d’un bâtiment mis à disposition par la Collectivité territoriale de Guyane (laboratoire, centre de ressources, show-room), dédié à ses missions d’appui technique, de promotion de la filière et de ses productions. Enfin, l’ONF s’est engagé en lien avec l’interprofession bois dans une démarche qui a abouti en 2013 à une certification forestière à la fois PEFC et FSC44. Ces deux normes certifient que les forêts – et les bois qui en sont issus – sont gérés de manière à préserver la ressource, sans endommager d’autres écosystèmes et de façon équilibrée entre les trois fonctions économique, sociale et environnementale de la forêt, dans une logique d’aménagement du territoire (Dubourdieu, 1997).

3.2. La biomasse : un moyen vers l’autonomie énergétique ?

54La biomasse est un secteur qui semble recueillir l’aval des acteurs locaux car elle peut être utilisée à des fins énergétiques, soit directement sous forme de biocombustibles solides (le bois essentiellement y compris les « déchets » des scieries mais aussi les matières agricoles, voire les EEE végétales), soit après avoir été transformée en combustibles liquides ou encore sous forme de gaz permettant une valorisation des déchets organiques.

  • 45 www.aquaa.fr/GENERG, consulté le 10/04/2017.
  • 46 Cette étude prend en compte également les filières hydroélectriques au fil de l’eau, éolienne, sola (...)

55Nous avons analysé le scénario réalisé par le GENERG (Groupement des entreprises en énergies renouvelables de Guyane), sur la production électrique à l’horizon 202045. Il ressort de ce travail de prospection qu’une large part est réservée notamment au développement de la filière bois qui pourrait contribuer à atteindre l’objectif de 85 % d’énergies renouvelables à l’échéance fixée. D’après les travaux du GENERG, les filières propres et renouvelables46 peuvent assurer un développement local et la création d’emplois non délocalisables.

  • 47 D’autres projets existent : celui mené par POWEO à Montsinéry-Tonnegrande, le projet du Groupe FABB (...)

56Cette étude confirme que le potentiel issu de la biomasse forestière guyanaise peut donc constituer une alternative intéressante aux énergies fossiles et une opportunité pour le développement du territoire. La valorisation des produits du bois issus de la première et de la seconde transformation pour la production d’énergie a été initiée en 2009 avec la société VOLTALIA à Kourou qui produit de l’électricité à partir des déchets de trois scieries47. Ce processus, en cours de consolidation, pourrait conduire au développement d’une filière d’approvisionnement en biomasse ligneuse, source d’énergie pérenne, en y associant, pour garantir un volume d’approvisionnement notable, les bois issus des défrichages agricoles. Cette mobilisation permettrait la montée en puissance d’une énergie renouvelable génératrice d’emplois.

  • 48 Source : cahier des charges de l’étude d’appui aux filières de la production d’énergie par la bioma (...)

57Une étude de terrain, d’appui aux filières de la production d’énergie par la biomasse ligneuse, a été réalisée en 2012 par le Commissariat au développement productif de la Guyane. Elle visait la mise en œuvre d’un programme triennal d’assistance technique articulant autour d’un pôle central d’ingénierie de projets, un nombre à déterminer de pôles périphériques correspondant aux grandes filières structurantes de l’économie guyanaise telles que la production d’énergie par la combustion de la biomasse, la mise en valeur de la biodiversité et l’exploitation des bio-ressources, la dynamisation des filières de production végétales, animales, halieutiques 48

58Les autorités locales reconnaissent que la biomasse est un secteur nécessitant des d’efforts d’investissements supplémentaires avec un pilotage renforcé entre l’amont et l’aval pour offrir un vrai potentiel de production durable d’énergie à moindre coût, en réponse à la demande sociale. Son développement doit être organisé autour d’une exploitation responsable et durable de la filière bois, en liaison avec l’ONF et dans le respect de la biodiversité. Un travail au niveau de la recherche fondamentale doit également être encouragé notamment autour de la question de l’exploitation responsable du bois et des « brûlis ».

3.3. Une attractivité des métiers du bois à améliorer

59Les métiers de la forêt et du bois sont nombreux aussi bien dans le secteur des forestiers (pépiniériste, sylviculteur, bûcheron, câbliste, conducteur d’engins) que dans ceux de la scierie (réceptionniste, scieur de tête, conducteur de séchoir) ou de la seconde transformation (menuiserie, charpente, tonnellerie). Certains métiers sont peu attractifs et les contraintes de la certification forestière nécessitent des savoir-faire spécifiques et le respect de codes de bonnes pratiques. Des jeunes ne pourront donc être attirés par ces métiers que si la pénibilité est réduite grâce à la mécanisation, si la formation est adaptée et si les salaires sont décents (CGAAER, 2011).

60Il est dommage que, dans un territoire disposant d’essences exceptionnelles (Felzines, 2007), le travail du bois ne soit pas plus développé comme il l’est chez les voisins surinamiens et brésiliens. L’attractivité des métiers de la filière bois mériterait d’être améliorée et des initiatives seraient indispensables pour la mise en place de conventions collectives « Exploitation forestière ». En outre, l’accueil de personnes, et particulièrement des jeunes, au sein de chantiers d’insertion en forêt gagnerait à être encouragé et amplifié.

3.4. La forêt : un atout pour l’offre éco-touristique

61La forêt peut constituer un atout pour promouvoir l’offre touristique dans le cadre du développement durable, dans le respect des populations locales et la préservation de leur environnement naturel. Dans le vaste territoire guyanais et de façon paradoxale, la question foncière (statut domanial d’État de la forêt, gestion par l’ONF) expliquerait, selon les opérateurs touristiques, que l’intérieur du pays ne soit pas mis en valeur pour l’accueil des touristes. Un accord doit être trouvé avec l’ONF pour permettre l’implantation de « lodges » construits avec des techniques et matériaux locaux et selon les critères du tourisme responsable. Il conviendra de faciliter leur accès par l’ouverture et l’entretien des routes, une navigabilité sécurisée des fleuves et cours d’eau et l’aménagement de pontons de débarquement équipés des services adaptés. De même les connaissances des Amérindiens sur la flore, la pharmacopée et la faune endémique mériteraient d’être réellement exploitées, en association étroite avec les tribus (Amérindiens et Bushinengés). Les éventuelles retombées économiques pourraient ainsi être réinvesties pour les activités de pleine nature (guides) et la connaissance de la flore (gardes).

62Enfin, pour les territoires concernés par le PAG, la charte de ce Parc prévoit que le développement touristique repose sur un choix délibéré des populations concernées.

Conclusion

63Cette recherche sur la valorisation des richesses de la forêt guyanaise, pour en faire un outil de développement tout en minimisant l’impact écologique, est révélatrice d’un enjeu d’articulation entre une stratégie de développement économique soutenable et un processus de débat sociétal et institutionnel. Afin de conclure au caractère opérationnel d’un développement durable et écologiquement soutenable, nous pouvons déjà noter que la forêt est globalement soutenue par les décideurs publics et qu’il existe une volonté réelle de leur part d’agir en ce sens malgré des difficultés dues à des divergences de diagnostic et d’intérêts stratégiques. Il faudra du temps pour concrétiser un projet qui positionne la forêt comme un moteur essentiel de la dynamique de croissance recherchée pour la Guyane, tout en étant attentif aux politiques publiques de protection de ce grand massif forestier. C’est donc un accord sur un « point d’équilibre » que les décideurs doivent trouver pour apaiser les tensions environnementales que soulèvent la démographie guyanaise, les besoins en termes de développement du territoire et d’emplois pérennes et l’impérieuse nécessité de protéger les populations autochtones. Les parties prenantes en sont pleinement conscientes et ont bien compris que leur rôle, leur leadership et leur volontarisme sont et resteront fondamentaux dans la mise en place effective d’une gestion équilibrée et durable des ressources forestières ainsi que leur promotion et leur préservation. Les revendications formulées dans ce domaine lors des durs évènements qui ont touché la Guyane en mars-avril 2017 et les quelques avancées constatées, viennent confirmer tout l’intérêt d’un nouveau paradigme en matière de développement de ce territoire en quête de croissance, afin de contribuer au positionnement de la forêt en tant que vecteur essentiel d’un développement territorial, tout en étant attentif aux politiques publiques de protection de ce grand massif forestier.

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Notes

1 Food and Agriculture Organization of the United Nations : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

2 Établissement public sous tutelle du ministère de l’Agriculture.

3 Par exemple : divers ministères, collectivités locales, ONF, conservatoire du littoral, associations, habitants, touristes, propriétaires privés, entreprises, organismes de recherche (CIRAD, CNRS, INRA, IRD, etc.), Directions de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF).

4 Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » - mené notamment par les « 500 frères », un groupe très populaire dont les membres défilent encagoulés -, a piloté le mouvement social agitant le territoire pendant plus de trois semaines sur la base de revendications sécuritaires, économiques et sociales.

5 Ministère des Outre-mer, Conseil des ministres du 5 avril 2017, Plan d’urgence et accords pour la Guyane.

6 Il convient de noter que depuis le 1er janvier 2017, l’ancien Établissement Public d’Aménagement de Guyane (EPAG) est devenu l’Établissement Public Foncier et d’Aménagement de la Guyane (EPFAG). Il sera doté progressivement de 7.000 hectares de foncier appartenant à l’État. Cette « nouvelle » version de l’institution en charge de préparer les grands projets d’aménagement urbains en Guyane aura comme mission principale la conduite des études de développement « d’un urbanisme durable et équilibré » dans les périmètres de l’Opération d’Intérêt National (OIN), définis dans un décret paru le 14 décembre 2016.

7 Un instrument international légalement contraignant qui traite spécifiquement des droits des peuples indigènes et tribaux

8 Ministère des Outre-mer, Conseil des ministres du 5 avril 2017, Plan d’urgence et accords pour la Guyane. Les organisations concernées sont : l’organisation des Nations autochtones de Guyane (ONAG), la Fédération des Organisations autochtones de Guyane (FOAG), les représentants des Jeunesses autochtones sur des problématiques propres en faveur des populations amérindiennes et bushinengués.

9 Concernant les coûts de gestion en Guyane, dans le cadre du PDRG 2007-2013, l’ONF bénéficie au titre de la mesure 125C créations de pistes forestières de 100 % d’aides (75 % Europe FEADER, 25 % MAAP, MOM, CNES et top up ONF) ; dans le cadre de la mesure 227, 100 % d’aides également (85 % Europe FEADER, 15 % MAAP, MOM, Région et ONF).

10 Depuis l'adoption de la loi de finances initiale pour 2008.

11 Délégation à l’Outre-mer du Sénat, 14 janvier 2015, Compte-rendu, commissions Outre-mer.

12 Délégation à l’Outre-mer du Sénat, 14 janvier 2015, Compte-rendu, commissions Outre-mer.

13 Site Internet : http://indicateurs-biodiversité.nature.france.fr, consulté le 08/04/2017.

14 Qualifiées tantôt de forêts denses humides, de forêts équatoriales, de forêt fluviale, de forêts ombrophiles ou hygrophiles

15 Les deux autres étant ceux du Congo et de Bornéo-Mékong.

16 Charte du parc Amazonien de Guyane, Partie 1, page 16 : http://www.parc-amazonien-guyane.fr/assets/charte_pag_approuvee_28102013.pdf

17 Voir : http://www.ecofog.gf/IMG/pdf/prospectusguyasim.pdf, consulté le17/04/2017.

18 Le programme européen LIFE+ couvrant les activités du projet du 15/09/2010 au 20/09/2015, a financé des projets de développement et de mise en œuvre de la politique et du droit en matière d’environnement.

19 Ministère des Outre-mer, Conseil des ministres du 5 avril 2017, Plan d’urgence et accords pour la Guyane.

20 En 2004, l’État s’est engagé dans une action d’éradication de l’orpaillage clandestin avec les opérations Anaconda, suivies de Harpie. Débutée en février 2008 et devenue permanente en 2010, la mission intérieure Harpie a pour objectif de venir à bout du pillage des sols guyanais par les orpailleurs et d’empêcher les pollutions au mercure et les déforestations, générées par ces activités illégales. Elle est menée conjointement par les forces armées et les forces de gendarmeries en Guyane.

21 Les garimpeiros sont des chercheurs d'or originaires du Brésil. Ils travaillent souvent sur des chantiers d'orpaillage clandestins en Guyane.

22 Il est prévu qu’il le soit tous les cinq ans.

23 Devenue collectivité territoriale de Guyane (CTG) depuis décembre 2015.

24 La biomasse est constituée de l’ensemble des organismes vivants de la planète.

25 Adoptée en 1971 à Ramsar en Iran, la convention des zones humides est entrée en vigueur quatre années plus tard. En Guyane, la Basse-Mana (59 000 ha), l’estuaire du fleuve Sinnamary (28 400 ha) et le Marais de Kaw (137 000 ha) sont protégés par cette convention.

26 Concession agricole de 20 ha sur 5 ans.

27 Adoptée en 1971 à Ramsar en Iran, la convention des zones humides est entrée en vigueur quatre années plus tard. En Guyane, la Basse-Mana (59 000 ha), l’estuaire du fleuve Sinnamary (28 400 ha) et le Marais de Kaw (137 000 ha) sont protégés par cette convention.

28 Site internet : http://www.guyane-parcregional.fr, consulté le 17/04/2017.

29 La commune d’Awala-Yalimapo est sortie du territoire du PNRG.

30 Cette charte a fait l’objet d’un décret d’approbation du 28 octobre 2013 après enquête publique du 11 janvier 2013 au 11 février 2013.

31 Parc situé sur la rive de l’Oyapock et sur le littoral nord de l’État fédéré brésilien d’Amapá.

32 Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement.

33 Rapport au Parlement 2016, Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020 (SNTEDD) – adoptée en février 2015, qui fait l’objet d’un rapport de mise en œuvre conformément à l’article 1er de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 –. Ce rapport est présenté pour avis au Conseil national de la transition écologique et transmis au Parlement.

34 Estimation pour l’année 2010.

35 Site Internet www.un-redd.org, consulté le 09/04/2017

36 C'est à l'occasion de la quatorzième Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, tenue en 2008 à Poznan, que le projet « REDD+ pour le Plateau des Guyanes » a été lancé, tout d’abord par le Guyana, le Suriname et la France qui ont été, peu de temps après, rejoints par l’État de l’Amapá (Brésil).

37 Document du projet REDD + Plateau des Guyanes, ONF,2011.

38 Mise en œuvre de l’article 15 de la Convention sur la diversité biologique – CDB –du 5 juin 1992.

39 Article L. 331-15-6 du Code de l’environnement.

40 En particulier ses articles 8-j et 15-j.

41 Établissement public français à caractère scientifique et technologique.

42 Dicorynia guianensis Amsh

43 Le fonctionnement de cet outil technique est assuré par l’association Centre Technique des Bois et Forêts de Guyane (CTBFG), fondée par Interprobois Guyane, la Chambre de commerce et d’industrie de région Guyane (CCIRG), l’institut technologique Forêt Cellulose Bois Ameublement (FCBA), le laboratoire de Sciences du Bois du CIRAD en Guyane.

44 Deux organismes indépendants : le Programme européen des forêts certifiées (PEFC) et le Forest steward ship Council (FSC). Cette certification est la norme généralement adoptée en forêt tropicale.

45 www.aquaa.fr/GENERG, consulté le 10/04/2017.

46 Cette étude prend en compte également les filières hydroélectriques au fil de l’eau, éolienne, solaire thermique et photovoltaïque, et les économies d’énergie réalisables dans le secteur du bâtiment selon les constructions bioclimatiques.

47 D’autres projets existent : celui mené par POWEO à Montsinéry-Tonnegrande, le projet du Groupe FABBRI à Saint-Georges-de-l ‘Oyapock, celui d’Albioma, etc.

48 Source : cahier des charges de l’étude d’appui aux filières de la production d’énergie par la biomasse ligneuse, 2012.

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Table des illustrations

Titre Carte 1 : Le parc amazonien de Guyane
Crédits Source : Parc amazonien de Guyane, NASA, IGN, DEAL, Réalisation PAG-PJ, 2017
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/4295/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 368k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Rémy Louis Budoc, « Quelle place pour la Forêt amazonienne dans le développement territorial guyanais ? »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 36 | 2017, mis en ligne le 26 septembre 2017, consulté le 19 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/4295 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/tem.4295

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Auteur

Rémy Louis Budoc

Membre du directoire du Grand Port Maritime de la Guyane
Ancien membre du CESE (2010-2015)
Docteur en Economie-Gestion (Paris I Panthéon Sorbonne)
Académie des Sciences d’Outre-mer
PK 1,5 Cabassou, Troubiran
97300 Cayenne
budoc973@gmail.com

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