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Les résidents secondaires, des acteurs essentiels des systèmes touristiques littoraux français ?

L’exemple de la Charente-Maritime
Second Homes Owners as Key Stakeholders of Tourism Coastal Systems in France? The Case of the Charente-Maritime
Caroline Blondy, Luc Vacher et Didier Vye

Résumés

Les littoraux sont pour la plupart caractérisés par une forte attractivité. Parmi les populations qui alimentent cette attractivité, les résidents secondaires occupent une place remarquable notamment par leur nombre, leur rôle dans l’hébergement touristique et leur contribution à l’économie locale. Ils forment une population à la fois résidente et touriste, expression des nouveaux modes d’habiter et font l’objet de nombreux débats. Nous posons alors comme hypothèse que, loin d’être « secondaire », cette catégorie d’acteurs participe pleinement aux dynamiques des territoires, notamment littoraux et touristiques. Toutefois, les usages, les représentations et les attentes des résidents secondaires restent encore mal connus, particulièrement sur le littoral. C’est pourquoi une étude sur les usages des résidences secondaires en Charente-Maritime, destination majeure du tourisme littoral en France a été lancée en 2013. Tout d’abord, nous montrerons l’intérêt mais aussi la difficulté d’étudier les résidents secondaires dans le cadre d’une analyse sur le fonctionnement des territoires touristiques littoraux. Puis, nous présenterons et détaillerons la méthodologie de l’étude menée en Charente-Maritime. Enfin, à partir de premiers résultats, nous évaluerons dans quelle mesure les résidents secondaires sont effectivement des acteurs à part entière des territoires touristiques littoraux.

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Texte intégral

Introduction

1Les espaces littoraux, particulièrement en France, sont marqués par une double attractivité, touristique et résidentielle (Vye, 2011 ; Sacareau, Vacher, Vye, 2010) et par une économie présentielle en plein développement (Davezies, 2009). Interroger l’articulation entre ces espaces littoraux et les systèmes touristiques implique une attention particulière aux acteurs du tourisme qui comme le définit l’équipe MIT (Mobilités, Itinéraires, Tourismes) est un « système d’acteurs, de pratiques et de lieux qui a pour objectif de permettre aux individus de se déplacer pour leur recréation hors de leur lieu de vie habituel, en allant habiter temporairement d’autres lieux. » (Équipe MIT, 2002 : 287). Ces acteurs, c’est-à-dire, des individus, des groupes ou des institutions dotés d’une « personnalité et d’une ou plusieurs compétences territoriales » (Gumuchian et al., 2003 : 33), d’une « intentionnalité et d’une capacité stratégique autonome » (Lussault, 2003 : 39) sont multiples et s’inscrivent dans des échelles et des interactions mettant en œuvre des jeux de pouvoirs.

2La catégorisation de ces acteurs varie en fonction des problématiques envisagées, des types de territoires à étudier et des interactions à privilégier dans l’analyse. Dans le cas d’un espace abordé sous l’angle de l’attractivité touristique, on peut distinguer deux grands types d’acteurs (Blondy, 2010) : les acteurs utilisateurs du lieu touristique qu’ils agissent à titre individuel (le campeur et sa famille) ou collectif (une association de plaisanciers) ; les acteurs organisationnels réunissant les acteurs professionnels vivant directement ou indirectement du tourisme et les acteurs institutionnels comme les acteurs publics en charge des politiques d’aménagement et de développement. Les touristes sont les plus emblématiques des acteurs utilisateurs mais d’autres, tels que les excursionnistes, les résidents secondaires ou les résidents permanents sont parfois très présents dans les lieux de pratiques de tourisme et de loisir du littoral, y compris en pleine saison estivale (Blondy et al., 2013). De plus, l’opposition classique entre « touristes » et non « touristes » n’est pas forcément pertinente au regard des interactions pouvant exister comme le prouve la part importante de touristes hébergés durant leur séjour chez des parents ou amis résidents principaux et secondaires. L’approche par le statut « résidentiel », c’est-à-dire une analyse des acteurs selon leur rapport au logement, à l’hébergement dans le lieu (Vacher, Vye, 2012) est donc particulièrement intéressante pour appréhender la place des acteurs utilisateurs dans le système touristique. Il permet notamment de traiter des modes d’habiter, c’est-à-dire, le rapport à l’espace exprimé par les pratiques des individus (Stock, 2004). Le statut résidentiel permet également de nous interroger sur le degré d’autonomie dans le choix des lieux touristiques, sur la fidélisation des individus à ceux-ci, et donc sur l’attractivité des territoires touristiques.

  • 1 Source : enquête Atout France, 2010.

3Parmi ces acteurs utilisateurs du territoire touristique, les résidents secondaires tiennent une place particulière. S’ils participent pleinement à l’attractivité résidentielle et touristique des systèmes littoraux (plus d’un million de résidences secondaires sur le littoral français1), ils sont aussi l’objet de nombreux débats et controverses. Souvent associée à une image péjorative de « volets fermés » ou de « lits froids », coupable de concurrencer de manière déloyale l’hébergement commercial, c’est une population à la fois résidente et touriste, expression des modes d’habiter de nos sociétés contemporaines à individus mobiles (Stock, 2006). Par son statut de propriétaire, le résident secondaire « habite, réside, est ancré dans un lieu » (Dubost, 1998 : 12) mais c’est aussi un « passant qui reste et un habitant qui passe » (Urbain, 2002 : 516) définie par sa mobilité spatiale entre l’ici et l’ailleurs.

4Toutefois, est-il moins ancré dans le lieu qu’un résident principal alors qu’il est par définition propriétaire, ce qui est loin d’être le cas de tous les résidents à l’année ? Cet ancrage particulier se traduit-il par un investissement spécifique dans la commune de résidence secondaire ? À quelle échelle cet investissement se manifeste-t-il ? Est-il confiné à l’échelle de sa propriété selon une logique d’entre-soi, ou à la commune touristique tout entière, notamment par la participation à la vie publique et associative ? Le résident secondaire, en hébergeant son entourage, ne joue-t-il pas également un rôle dans l’attractivité et la valorisation de la destination touristique ? Nous posons donc comme hypothèse que, loin d’être « secondaire », cette catégorie d’acteurs participe pleinement aux dynamiques des territoires littoraux et touristiques.

  • 2 Aux côtés des trois auteurs, cette étude est menée au quotidien par Christine Plumejeaud (UMR LIENS (...)

5Néanmoins, cette catégorie d’acteurs reste mal connue, notamment en raison de la difficulté de collecter des données sur les usages, les perceptions et les attentes de cette population mobile. Partageant le constat d’un décalage entre cette méconnaissance et l’ampleur du phénomène en Charente-Maritime, un des principaux départements touristiques de France, un laboratoire de recherche (UMR Littoral, Environnement, Sociétés - LIENSs – CNRS/Université de La Rochelle), un acteur du développement touristique (Charente-Maritime Tourisme) et les deux Chambres de Commerce et d’Industrie du département se sont associés pour lancer en 2012 une étude de grande envergure. Les analyses présentées ici s’appuient en partie sur les résultats de cette enquête2. Tout d’abord, nous montrerons l’intérêt mais aussi la difficulté d’étudier les résidents secondaires dans le cadre d’une analyse sur le fonctionnement des territoires touristiques littoraux. Puis, nous présenterons et détaillerons la méthodologie déployée dans le cadre de l’étude menée en Charente-Maritime. Enfin, à partir de premiers résultats nous verrons dans quelle mesure les résidents secondaires sont des acteurs réellement « investis » au sein des territoires touristiques littoraux.

1. L’intérêt d’étudier les résidents secondaires pour comprendre les systèmes touristiques littoraux

6L’importance quantitative des résidences secondaires (RS) sur le littoral français est évidente. Cependant, il existe un décalage entre l’ampleur de ce phénomène au sein des territoires touristiques littoraux et la difficulté à cerner les usages de ce bien, en particulier par des propriétaires à la fois résidents et touristes et faisant l’objet de nombreuses controverses.

1.1. L’importance quantitative des résidences secondaires dans les territoires touristiques littoraux français

7Appréhender l’importance du phénomène des résidences secondaires nécessite tout d’abord de s’interroger sur les statistiques à notre disposition et donc sur la définition même de la résidence secondaire. La première difficulté est qu’en France, la résidence secondaire n’a ni de véritable définition légale, ni de statut juridique précis alors même qu’elle recouvre une grande diversité d’usages et de types de logement, du pied-à-terre à la luxueuse propriété en bord de mer. Toutefois, à la différence de certaines définitions étrangères (Duchêne-Lacroix, 2013) qui incluent également des hébergements semi-mobiles (tentes, caravanes et mobiles homes) ou mobiles (bateaux de plaisance ou camping-cars), la résidence secondaire à la française reste un logement fixe, défini statistiquement par l’INSEE et fiscalement par la DGFIP. Toutefois, ces deux définitions ne se recoupent pas. Selon l’INSEE, la résidence secondaire est « un logement utilisé pour les week-ends, les loisirs et les vacances. Les logements meublés loués (ou à louer) pour des séjours touristiques sont également classés en résidence secondaire »3. De plus l’INSEE opère une distinction entre « résidences secondaires » (utilisées à des fins touristiques) et « logements occasionnels » (utilisés dans le cadre d’une activité professionnelle). Au sens des services fiscaux, il s’agit d’un « local meublé, affecté à l’habitation et non occupé en permanence » et soumis à la taxe d’habitation. Ainsi, la définition INSEE inclut les meublés de tourisme c’est-à-dire les villas et appartements proposés à la location de vacances, mais aussi les logements en résidence de tourisme. Or, ces derniers sont exclus de la définition fiscale car ils ne sont pas soumis à la taxe d’habitation (Atout France, 2010). Ainsi, si la définition fiscale ne fait pas référence à la dimension touristique des usages de la résidence secondaire, elle permet toutefois de comptabiliser les résidences occupées effectivement par le propriétaire à la différence de la définition INSEE.

8Ces deux définitions alimentent deux sources d’information distinctes aux rythmes d’actualisation différents : le Recensement de la population pour la définition INSEE, fichier réactualisé tous les ans mais non exhaustif et le FIchier des LOgements à la COMmune (FILOCOM), pour la définition fiscale, réactualisé tous les deux ans mais a priori plus exhaustif car construit à partir du fichier de la taxe d’habitation.

9C’est pour toutes ces raisons que ces deux sources donnent des résultats différents. Particulièrement dans les territoires les plus touristiques, le nombre de résidences secondaires selon le Recensement est largement supérieur à celui calculé selon le fichier FILOCOM. Ainsi, pour l’Île de Ré, le nombre de résidences secondaires comptabilisées par l’INSEE équivaut à 13 536 logements en 2008 alors que selon la définition fiscale FILOCOM (2007), il n’y aurait « que » 10 103 résidences secondaires sur l’Île de Ré soit 25 % de moins !

10Ces précautions méthodologiques rappelées, l’INSEE estime à environ 3 millions le nombre de résidences secondaires ou de logements occasionnels en France en 2011, chiffre relativement stable depuis le début des années 2000 auquel il faudrait théoriquement retrancher environ 5 % (150 000 unités d’habitations) de logements classés en résidence de tourisme (Atout France, 2010 : 27). Les résidences secondaires sont très inégalement réparties sur le territoire, avec une localisation préférentielle au sein des espaces touristiques et plus particulièrement sur le littoral. Ce dernier regroupe en effet environ le tiers des résidences secondaires (Atout France, 2010 : 21), soit plus d’un million de logements. Sur les 15 départements concentrant plus de la moitié du parc de RS, seuls trois départements n’ont pas de façade maritime ; les deux Savoie et Paris intramuros (carte 1).

Carte 1 : Répartition et évolution du nombre de résidences secondaires en France entre 1990 et 2008

Carte 1 : Répartition et évolution du nombre de résidences secondaires en France entre 1990 et 2008

Source : INSEE – Recensements de population. Conception : Blondy, Vye, Vacher. Réalisation P. Brunello, 2014.

11De plus, ce sont trois départements du littoral atlantique qui ont connu la plus forte augmentation du nombre de résidences secondaires depuis 1990 : Morbihan (+37,8 %), Vendée (+43 %) et surtout Charente-Maritime (+57 %). L’augmentation du parc de résidences secondaires s’inscrit d’ailleurs dans une dynamique d’attractivité résidentielle de l’ensemble de la façade atlantique devenue plus attractive que la façade méditerranéenne depuis les années 1990 tant pour les résidents secondaires que pour les résidents permanents (Vye, 2011).

12De plus, si la croissance est mieux répartie entre littoral et arrière-pays sur la façade méditerranéenne, la littoralisation de ce processus est très nette dans l’Ouest français (carte 2) : ainsi sur les 700 000 résidences secondaires que comptent le Grand Ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Basse-Normandie), 500 000 sont situées dans des intercommunalités littorales (Vye, 2014) dont elles constituent souvent une part non négligeable des logements.

Carte 2 : Des résidences secondaires particulièrement nombreuses sur le littoral du Grand Ouest

Carte 2 : Des résidences secondaires particulièrement nombreuses sur le littoral du Grand Ouest

Source : INSEE -Recensement de population. Conception : Blondy, Vacher, Vye. Réalisation : P. Brunello, 2014.

13En effet, si, à peine 10 % des logements en France sont des résidences secondaires (INSEE 2011), cette proportion atteint 25 % sur l’ensemble des communes du littoral français (Atout France, 2010) et dépasse parfois les 50 % dans certaines îles touristiques (carte 2). De plus, avec 72 % des lits touristiques en France, les résidences secondaires contribuent pour une large part à la capacité d’hébergement touristique de la première destination mondiale. Enfin, les résidences secondaires constituent une source de revenus directs pour les collectivités locales littorales : elles sont comptabilisées dans le calcul de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) versée par l’État à hauteur d’un habitant fictif par résidence secondaire et leur propriétaire s’acquitte évidemment des impôts locaux tels que la taxe d’habitation, la taxe foncière ou la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.

1.2. Les résidents secondaires : des multirésidents difficiles à cerner et faisant l’objet de controverses

14Les résidents secondaires appartiennent à une catégorie de plus en plus incontournable dans l’analyse des modes d’habiter : les multirésidents (McIntyre et al., 2006). Ce qualificatif possède l’avantage de ne pas induire de hiérarchisation a priori entre les deux lieux de résidence au contraire de l’expression « résident secondaire ». Si l’on en croit la typologie réalisée par Markus Hesse et Joachim Scheiner (Hesse, Scheiner, 2007, cité par Duchêne-Lacroix, 2013 : 156), les résidents secondaires se distinguent des autres multirésidents par le fait que la multirésidentialité est essentiellement liée au temps libre et aux loisirs alors qu’elle est surtout liée au travail (les « navetteurs hebdomadaires ») ou à la famille (« couples non-cohabitants » ou LATs « Living Apart Together ») pour les autres types.

15Il s’agit d’une catégorie d’acteurs à la fois inscrite dans la sphère résidentielle par leur statut de propriétaire et dans la sphère touristique parce que les résidents secondaires utilisent leur bien immobilier pour des pratiques de tourisme et de loisirs (Sacareau et al., 2013). De ce fait, ils intéressent tout autant les chercheurs spécialistes du tourisme que les spécialistes de planification urbaine et régionale, de géographie rurale ou de géographie des populations (Müller, Hoogendoorn, 2013).

  • 4 « Ensemble des pratiques habituelles formelles (par exemple résidence principale et secondaire) et (...)

16Son statut de multirésident fait que le résident secondaire s’inscrit dans des modes d’habiter complexes marqués par des relations plus ou moins intenses entre plusieurs lieux de vie et notamment entre la résidence principale et la résidence secondaire. L’articulation entre ces lieux de résidence est liée aux différentes fonctions que le résident secondaire attribue à ceux-ci, ce qu’Hilti appelle des « configurations multirésidentielles idéaltypiques » dont certaines peuvent concerner les résidences secondaires (Hilti, 2012 cité par Duchêne-Lacroix, 2013). Les fonctions attribuées à ces différents lieux de vie font que le résident secondaire est caractérisé par un mode d’habiter particulier, tantôt qualifié dans la littérature de « multilocal4 » (Duchêne-Lacroix et al., 2013) ou de « poly-topique » (Stock, 2006). L’inscription dans le territoire touristique littoral du résident secondaire est donc à analyser au regard de ce mode d’habiter oscillant entre l’ici et l’ailleurs, entre l’ancrage spatial et la discontinuité temporelle : le résident secondaire est en effet un propriétaire d’un logement où il ne réside pas toute l’année.

17Or, ce mode d’habiter spécifique est générateur de controverses sur le rôle joué par le résident secondaire au sein du territoire dans lequel il possède son bien. Le titre du premier véritable ouvrage scientifique de référence sur ce sujet résume bien ce débat : les résidences secondaires sont-elles une « bénédiction ou une malédiction » ? (Coppock, 1977). Paru à la fin des années 1970 dans un contexte de développement important de ce phénomène dans les pays développés, cet ouvrage pose la question toujours d’actualité des impacts socio-spatiaux et environnementaux des résidences secondaires sur les territoires touristiques. Toujours à la fin des années 1970, des travaux similaires sur les espaces ruraux français portent sur ce phénomène un jugement très négatif (Dubost, 1998). L’augmentation du nombre de résidences secondaires serait ainsi un changement non souhaité (Müller, Hoogendoorn, 2013) responsable de plusieurs effets pervers allant de la flambée des prix de l’immobilier entraînant le départ des populations permanentes et un processus de gentrification (Paris, 2009) aux tensions avec les populations « locales » (Brida et al., 2011), pouvant dans certains cas se traduire par des « émeutes anti-résidences secondaires » comme celles qui embrasèrent la campagne galloise au début des années 1970 (Gallent et al., 2005). Ces tensions avec les populations locales seraient également nourries par deux visions opposées du développement territorial, l’une propre aux habitants permanents plus favorables au développement économique, l’autre propre aux résidents secondaires, plus favorables à un statu quo et privilégiant la préservation d’un environnement idéalisé (Overvåg, Berg, 2011).

18Cette stigmatisation est parfois alimentée par l’idée que la résidence secondaire est un signe distinctif des élites, notamment de la haute bourgeoisie (Pinçon, Pinçon-Charlot, 1989). Les propriétaires de résidence secondaire feraient alors partie d’une classe privilégiée socialement et économiquement, par nature auto-centrée. Enfin, le résident secondaire est accusé d’être un « intermittent territorial ». En effet, en France, la fréquentation moyenne d’une résidence secondaire a été estimée à 42 jours par an dont 30 jours par le propriétaire et 12 jours par son entourage (Atout France, 2010). Le taux d’occupation (12 %) est ainsi beaucoup moins élevé que pour d’autres formes d’hébergement touristique comme les hôtels (61 %) ou les campings classés (33 %) d’où l’expression de « lits froids » illustrant la perception chez certains acteurs locaux d’un manque à gagner pour le territoire touristique.

19Nomades résidentiels, intermittents territoriaux, tout en faisant a priori partie d’une élite sociale, les résidents secondaires sortent des représentations et des cadres habituels de gestion des territoires de nos sociétés sédentaires qui, d’une part proposent des découpages administratifs (commune, intercommunalité, collectivité territoriale, Union Européenne) de moins en moins compatibles avec nos modes de vie poly-topiques (Stock, 2006) et, d’autre part, assignent administrativement chaque habitant à un domicile unique. En ce sens, le résident secondaire dérangerait.

20Néanmoins, une vision revisitée et plus nuancée de la relation entre le propriétaire de résidence secondaire et son territoire d’accueil apparait désormais dans la littérature (Müller, Hoogendoorn, 2013). En effet, la fréquentation du territoire touristique par le résident secondaire est « toujours temporaire mais sans cesse recommencée » (Urbain, 2002 : 515), ce qui permet d’insister sur la fidélisation progressive de celui-ci vis-à-vis de son lieu de villégiature et donc de s’interroger sur la profondeur de son ancrage territorial qui ne peut pas simplement se mesurer en nombre de jours de présence. Ainsi, la résidence secondaire n’est pas qu’un signe extérieur de richesse, il peut aussi être un « refuge des générations » (Dubost, 1998), un lieu de retrouvailles familiales qui peut créer un lien particulier avec le territoire d’accueil parfois plus fort que celui créé avec son lieu de vie à l’année.

21Par ailleurs, les différentiels de représentations en matière de développement territorial entre « populations locales » et « résidents secondaires » sont à nuancer, l’une comme l’autre de ces catégories étant affectées par le syndrome NIMBY (Farstad, Rye, 2013). De plus, bien que les propriétaires de résidence secondaire possèdent un patrimoine et un niveau de revenus supérieur à la moyenne nationale (Atout France, 2010), cette catégorie est loin d’être homogène socialement : l’acquisition s’est progressivement popularisée, notamment dans les campagnes françaises (Boyer, 2007).

22Enfin, notamment en France, la majorité des études analysant l’inscription dans le lieu du résident secondaire concerne les espaces ruraux (entre autres : Perrot, De la Soudière, 1998 ; Urbain, 2002) dont l’attractivité résidentielle et touristique est moins marquée que sur les côtes. De ce fait, même si certains enjeux sont communs (préservation des aménités environnementales, NIMBY, entre-soi), le processus de gentrification du littoral est autant lié à l’augmentation de résidents permanents (Marjavaara, 2007) qu’à l’arrivée des résidents secondaires. De plus, en milieu littoral, beaucoup de résidents secondaires sont eux-mêmes de futurs résidents permanents (Duhamel, 2000) notamment à l’âge de la retraite (Cribier, 1994). Enfin, concernant les retombées économiques, les résidents secondaires sont considérés comme des populations contribuant de manière notable à l’économie présentielle des territoires (Davezies, 2009).

23Objet de controverses, la relation entre le résident secondaire et son territoire d’accueil reste complexe, en particulier au sein des espaces littoraux et ce, d’autant plus qu’il est un acteur dont les usages, les attentes et les représentations sont encore assez largement méconnus. C’est tout l’enjeu de l’étude lancée en Charente-Maritime en 2012.

2. L’étude sur les usages des résidences secondaires en Charente-Maritime : quand la parole est donnée aux propriétaires

24Malgré un net regain d’intérêt depuis la fin des années 1990 en particulier dans la littérature anglophone (McIntyre et al., 2006), la relation entre le propriétaire de résidence secondaire et son territoire d’accueil reste mal cernée (Duchêne-Lacroix, 2013). C’est particulièrement vrai pour la relation à l’environnement, étrangement peu étudiée (Müller, Hoogendoorn, 2013). De plus, peu d’études traitent spécifiquement des territoires touristiques littoraux. Les rares études francophones ont surtout été conduites dans un contexte de mobilités touristiques internationales (Duhamel, 2000) ou sur une catégorie de population en particulier comme les retraités (Cribier, 1994). Les quelques études récentes sur le littoral français focalisent plutôt sur le bien immobilier (Aguer, Vergeau, 2009) ou sur l’analyse des disparités régionales de ce phénomène (Zaninetti in Roca, 2013). Il en est de même pour la littérature grise dont l’approche reste plutôt quantitative (Atout France, 2010). Certes, quelques enquêtes traitant de la multirésidentialité, sont en cours comme l’enquête Famille et Logement menée par l’INSEE et l’INED en 2011 mais elles ne sont centrées ni sur les résidents secondaires ni sur les espaces littoraux. Or, seules des enquêtes auprès des propriétaires peuvent proposer une lecture fine et nuancée de leurs usages et de leurs représentations. Cependant, ces enquêtes ou entretiens sont parfois difficiles à réaliser du fait des particularités de cette population, présente de manière intermittente sur le territoire, ce qui limite souvent la taille de l’échantillon (Brida et al., 2011). L’étude lancée en Charente-Maritime en 2012/2013 a tenté de relever le défi.

2.1. Contexte de l’étude : un partenariat entre universitaires, institutionnels et collectivités territoriales

25Cette étude s’appuie sur des travaux antérieurs réalisés à l’échelle du département. En 2008, une exploitation des données FILOCOM a ainsi été initiée par Charente-Maritime Tourisme (CMT) en partenariat avec l’INSEE et la Région Poitou-Charentes. Elle a abouti à la publication en 2009 de fiches présentant la situation des résidences secondaires dans le département et dans la région. Cette étude a essentiellement porté sur la résidence secondaire en tant que bien immobilier et sur ses caractéristiques (localisation, nombre, évolution, profil des résidents secondaires). Elle montre que le parc de résidences secondaires dans le département a connu un développement supérieur à la moyenne nationale soulignant ainsi l’attractivité de certains territoires comme le Royannais où la part des résidences secondaires dans l’habitat total est égal à 40 %, ou l’île de Ré ou d’Oléron où elle dépasse les 50 % (FILOCOM). Cette progression est toujours visible entre 2007 et 2013. En effet, on passe de 73 000 résidences secondaires dans le département en 2007 à 79 405 résidences secondaires en 2013 soit 19 % de l’habitat total (FILOCOM).

Carte 3 : Les résidences secondaires dans les EPCI de Charente-Maritime en 2013

Conception : Blondy, Vacher, Vye.
Réalisation : P.Brunello, 2015UMR 7266 LIENSs CNRS - Université de La Rochelle.
Sources : Filocom, 2013.

26Cette étude préalable justifiait donc le choix de notre terrain. En revanche, si ces travaux soulignaient l’importance des résidences secondaires dans l’offre d’hébergement touristique, elle ne permettait pas de mettre en évidence le poids de cette pratique dans le système touristique local. En effet, elle ne détaillait pas le profil des propriétaires et les usages qu’ils font de leur bien (fréquentation, prêt, location, pratiques touristiques, etc.).

  • 5 Seuls les résultats de cette première phase d’enquête sont présentés dans cet article.

27L’étude est donc née d’une convergence d’intérêts entre acteurs institutionnels, collectivités territoriales et chercheurs de l’UMR LIENSs (CNRS/Université de La Rochelle). Connaître les usages des résidences secondaires permet de comprendre les systèmes touristiques, en particulier leur attractivité et les jeux d’acteurs qui les animent, d’évaluer le rôle des résidents secondaires dans l’économie présentielle et d’ajuster au mieux les politiques ou actions de développement territorial et ainsi mieux répondre aux attentes de cette population notamment en termes de services, d’activités, etc. En 2012, l’UMR LIENSs s’est donc associée avec Charente-Maritime Tourisme (CMT), la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Rochelle (CCILR) et celle de Rochefort-Saintonge (CCIRS) pour mener une réflexion focalisant sur les propriétaires des résidences secondaires et les usages de leur bien dans dix communes tests avant un déploiement de l’étude à l’échelle départementale en 20145. L’originalité de notre démarche a été de remettre au centre de l’analyse l’acteur résident secondaire.

2.2. Donner la parole aux résidents secondaires : un défi méthodologique à relever

28Le choix d’interroger les propriétaires a l’avantage de s’adresser à la personne qui a théoriquement la meilleure connaissance de l’usage de son bien par lui-même mais aussi par les autres usagers (prêt ou location). Néanmoins, cela pose une véritable difficulté méthodologique. Comment contacter cette population flottante entre deux lieux et assurer un taux de retour intéressant ? Est-elle plus facilement saisissable sur son lieu de résidence principale ou plus disponible sur son lieu de résidence secondaire ? Le choix de la résidence principale paraissait plus pertinent dans la mesure où l’étude d’Atout France annonçait 30 nuits en moyenne d’occupation par le propriétaire.

29L’étude a focalisé pour des raisons pratiques sur les propriétaires dont la résidence principale est située en France. Ceux vivant à l’étranger sont cependant minoritaires : en 2007, 95 % du parc de résidences secondaires en Charente-Maritime appartient à des propriétaires résidant en France (Observatoire des clientèles CMT, 2008).

30Pour accéder à l’adresse de résidence principale des propriétaires, deux méthodes ont été utilisées en fonction des données disponibles selon les communes. La première a été de constituer un fichier « adresses » en croisant les fichiers du cadastre numérique MAJIC III avec celui de la taxe d’habitation. Ce croisement nécessite de nettoyer la base de données car un propriétaire peut y figurer plusieurs fois quand il possède plusieurs résidences secondaires. De même une résidence secondaire peut être mentionnée plusieurs fois quand elle compte des propriétaires multiples. La seconde méthode a été d’utiliser le fichier de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Il répertorie toutes les résidences secondaires pour lesquelles un seul propriétaire est identifié. La représentativité de l’échantillon a été établie en partenariat avec la DREAL Poitou-Charentes selon deux critères : la région de résidence principale (découpage administratif de 2015) et le territoire de localisation de la résidence secondaire en Charente-Maritime.

31À l’issue de cette enquête menée par courrier, une enquête téléphonique a été organisée à raison d’un entretien d’une dizaine de minutes confié à un prestataire. À la fin du questionnaire envoyé au domicile des propriétaires résidents secondaires par courrier, nous avons proposé aux répondants de donner leurs coordonnées téléphoniques s’ils souhaitaient poursuivre l’échange, en abordant des questions plus sensibles ou plus complexes nécessitant l’accompagnement d’un enquêteur pour répondre (perception des risques liés à la mer, dépenses effectuées etc.).

32Parallèlement, des focus groups ont été organisés à Châtelaillon-Plage, station balnéaire de l’agglomération de La Rochelle. Deux groupes d’une dizaine de résidents secondaires ont été réunis en juillet 2013 pendant plus de deux heures pour les laisser s’exprimer.

33Nous avons donc conjugué démarche quantitative et qualitative pour mieux cerner les profils, les usages et les représentations. Néanmoins, il faut également s’interroger sur le système touristique littoral et délimiter des terrains d’enquête.

2.3. La réussite de l’étude : des propriétaires de résidences secondaires heureux d’avoir la parole ?

34L’envoi des questionnaires a été réalisé sur dix communes-tests choisies pour leur représentativité des différents contextes territoriaux du littoral charentais : littoral continental ou insulaire, stations touristiques intégrées ou pas dans une agglomération (carte 3).

35Donner la parole aux propriétaires a été une réussite : les résidents secondaires ont montré une volonté de s’exprimer à travers un taux de retour important (34 %) mais aussi à travers l’ajout de verbatim voire de courriers accompagnant le questionnaire lors de son retour. Sur les 12 919 questionnaires envoyés, ce sont 4 662 questionnaires qui ont été recueillis dont 4 648 étaient exploitables et ont été traités. 1 487 enquêtés ont souhaité être contactés par téléphone pour poursuivre l’échange. Plus de 700 d’entre eux ont ainsi pu être contactés et ont continué à s’exprimer. Les focus groups ont également connu un réel succès. Force est de remarquer que les résidents secondaires ont été réactifs face à cette étude. Cette population dont on dit qu’elle brille plus par son absence que par sa présence dans les territoires semble démentir ces stéréotypes. Faut-il en conclure qu’ils ne sont pas des acteurs si « secondaires », et qu’ils se sentent investis dans le lieu où se situe leur bien ? Nous allons essayer de porter des éléments de réponse à cette question.

3. Entre ancrage local et valorisation de la destination : les résidents secondaires, des acteurs « investis » au sein du territoire touristique littoral ?6

  • 6 Les résultats présentés en 3ème partie s’appuient essentiellement sur le questionnaire « courrier » (...)

36Afin de vérifier que les résidents secondaires sont des acteurs à part entière du fonctionnement du territoire touristique littoral, il s’agira de s’interroger sur leurs différentes formes d’investissement au sein de celui-ci. La notion d’investissement qui, au sens large, désigne « tout ce qui est dépensé en vue d’un profit » (Brunet et al., 1992 : 283) est d’abord économique : le fait d’acquérir un bien immobilier est évidemment le premier investissement qu’il effectue au sein du territoire touristique même s’il investit pour lui-même (et sa famille) plus que pour le territoire en question. Une fois acquis, il va entretenir sa propriété, s’y rendre régulièrement, consommer des biens et des services alimentant alors l’économie présentielle du territoire touristique. Cette dimension économique ne sera pas étudiée ici. Nous avons en effet fait le choix d’insister sur l’investissement affectif du résident secondaire, ce qui passera par l’analyse du lien sensible que celui-ci entretient avec le lieu touristique. L’investissement peut également être social : il s’agira alors d’analyser les différentes formes de participation des résidents secondaires à la vie locale notamment à travers la question de leur implication dans le monde associatif. Nous faisons donc l’hypothèse que ces différentes formes d’investissement façonnent différents modes d’habiter contribuant à alimenter l’attractivité du territoire touristique, d’une part en renforçant l’ancrage du résident secondaire dans le lieu et d’autre part en participant à la valorisation de la destination.

3.1. Le lien affectif entre le résident secondaire et le lieu touristique

37La notion d’ancrage exprime à la fois la sédentarisation, mais aussi la mobilité, le déplacement, à l’image du navigateur qui jette l’ancre entre deux escales avant de poursuivre son voyage. C’est une notion moins rigide que celle d’enracinement et mieux appropriée au résident secondaire qui, en tant que multirésident, « navigue » entre plusieurs lieux de vie. Or, plutôt que d’affirmer que le résident secondaire est partout et nulle part, et donc a priori peu investi dans son lieu de villégiature, il est possible dans la lignée d’auteurs comme M. Stock (2006) ou de C. Duchêne-Lacroix (2013) de formuler l’hypothèse inverse : c’est son mode d’habiter poly-topique qui nourrit son ancrage. « Si l’homme moderne est tellement mobile, c’est qu’il s’emploie à atteindre des lieux fonctionnellement ou/et identitairement importants et à établir et consolider des ancrages géographiquement éclatés ; son expérience et son appréciation des lieux sont nourris par sa multilocalité » (Duchêne-Lacroix, 2013 : 153).

  • 7 Source : Focus Group n°1, 17 juillet 2013, Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime).

38Être ancré dans un lieu signifie d’abord une forme d’attachement à celui-ci, une topophilie (Tuan, 1961), c’est-à-dire le lien affectif qui existe entre un individu et un lieu. C’est un lieu dans lequel l’individu se sent bien, une sorte de « chez-soi » où il a envie de revenir, où il a ses habitudes, où il s’investit émotionnellement. C’est pour lui un lieu signifiant qui façonne son identité individuelle. Toutefois, comment mesurer l’attachement au lieu d’un individu tel que le résident secondaire ? Il convient d’emblée de rappeler une évidence : le lieu de la résidence secondaire est un lieu associé aux vacances, aux loisirs. Ainsi, avant d’être propriétaire, le résident secondaire a très souvent été touriste dans le lieu. Dans huit communes sur dix de notre étude, c’est le premier motif cité concernant leur connaissance du lieu au moment de l’acquisition de leur bien. Ce chiffre, systématiquement supérieur à 40 % est particulièrement élevé dans les communes très touristiques du Royannais (Saint-Palais-sur-Mer et Saint-Georges-de-Didonne). De ce fait, l’expérience touristique préalable a pu être un déterminant fort dans l’acquisition de leur deuxième résidence. Aujourd’hui encore, dans chacune de nos communes enquêtées, plus de 88 % des personnes interrogées considèrent leur résidence secondaire comme un lieu de détente. De plus, comme tout lieu touristique, c’est un lieu de rupture avec les contraintes du quotidien, un lieu de « recréation » individuelle ou collective (Équipe MIT, 2002). Le discours sur la rupture avec le cadre de vie de la résidence principale est en effet très présent dans les focus groups organisés : la venue en résidence secondaire permet de « changer d’air, de rythme de vie, d’aller faire le marché à pied, tranquillement, revenir le long de la mer »7.

  • 8 Source : Entretiens téléphoniques (703 répondants). La commune de l’île d’Aix, au nombre de réponda (...)

39C’est également, pour une très large majorité des propriétaires (entre 61 % et 84 % selon les communes), un lieu de retrouvailles, notamment familiales. Dans un contexte d’éclatement géographique croissant des familles, la résidence secondaire apparait ainsi comme le « centre de la vie familiale, permettant de resserrer les liens familiaux, mais aussi comme le marqueur de l’identité familiale et de son histoire » (Clément, Lelièvre, 2005 : 95), d’où le qualificatif de « maison de famille » qu’on lui attribue souvent. De surcroît, de nombreux propriétaires possèdent des attaches familiales. Quelle que soit la commune testée, au moins un résident secondaire sur cinq se déclare enfant ou petit-enfant de résident (secondaire ou permanent). C’est, en règle générale, le second motif concernant la connaissance préalable du lieu après l’expérience touristique. Cet attachement par filiation est également renforcé par le fait d’hériter de sa résidence secondaire. Bien que le mode d’acquisition le plus fréquent soit l’achat d’un bien déjà construit (plus de la moitié des répondants quelle que soit la commune), l’acquisition par héritage n’est toutefois pas négligeable, concernant un propriétaire sur quatre environ8 dans trois communes de notre échantillon (Ars-en Ré, Châtelaillon et Fouras).

40De plus, les propriétaires, majoritairement âgés (environ la moitié d’entre eux ont entre 60 et 74 ans) accueillent régulièrement enfants et petits-enfants. La topophilie peut ainsi se transmettre de génération en génération, ce que certaines pratiques très symboliques viennent confirmer : les enfants décident parfois de choisir la commune de résidence secondaire de leurs parents pour se marier, c’est le cas d’au moins 3 ménages participant aux focus groups de Châtelaillon-Plage. Cette pratique peut représenter un marqueur fort d’ancrage dans le lieu. De plus, dans une station perçue comme familiale, ce sont souvent, au dire des propriétaires participant aux focus groups, les enfants ou les petits-enfants qui justifient la présence de la résidence secondaire ou le maintien de celle-ci dans le giron familial.

41Un autre critère peut permettre de mesurer l’ancrage dans le lieu : les rythmes et les temporalités de la fréquentation. Si le temps de présence à l’échelle d’une année est par définition discontinu, il n’est toutefois pas satisfaisant pour mesurer l’ancrage dans le lieu. C’est surtout le fait d’y revenir depuis plusieurs années qui peut montrer un signe d’attachement fort. Notre enquête posait la question de l’année d’acquisition de la résidence, critère nécessaire bien que non suffisant pour mesurer l’ancienneté de la présence dans le lieu, en particulier pour les propriétaires, descendants de résidents secondaires ou permanents qui peuvent fréquenter le lieu depuis bien plus longtemps. Cependant, les résidents secondaires enquêtés ont tendance à être plus anciennement propriétaires que la moyenne nationale. En effet, l’enquête Atout France réalisé en 2010 annonce une ancienneté moyenne de 15 ans. Or, ce chiffre est dépassé dans huit communes sur dix de notre échantillon allant jusqu’à 19 ans d’ancienneté moyenne pour Ars-en-Ré et 23 ans pour l’île d’Aix. Mais cette moyenne cache une opposition entre deux grandes catégories de résidents secondaires. D’une part, les « nouveaux propriétaires », c’est-à-dire les résidents secondaires ayant acquis leur bien depuis 2001 soit une dizaine d’années environ. Ils illustrent la dynamique récente de l’attractivité résidentielle de la façade atlantique en général et du département de Charente-Maritime en particulier et sont logiquement la catégorie la plus représentée dans neuf de nos dix communes-tests allant même jusqu’à constituer la moitié des propriétaires interrogés dans trois communes : Châtelaillon-Plage, La Tremblade et Saint-Denis d’Oléron. Cette catégorie majoritaire ne doit pas masquer la présence de la catégorie des « enracinés », qui possèdent leur résidence secondaire depuis au moins une génération (avant 1991 soit 22 ans minimum). Ces derniers représentent jusqu’à un tiers des résidents secondaires à Ars-en-Ré (34 %), Fouras (30 %) ou Saint-Georges-De-Didonne (32 %).

3.2. La participation à la vie locale

42Faire l’hypothèse que l’investissement dans la vie locale des résidents secondaires n’est pas négligeable implique certaines précautions. En effet, la collecte d’informations par l’enquête sur une telle question peut être suspectée de ne pas être complètement représentative, les personnes faisant la démarche de renvoyer un questionnaire dans le cadre d’une enquête pouvant être plus investies dans l’action collective que la moyenne de la population. Cependant, le taux de retour élevé de l’enquête plaide pour une mobilisation d’ensemble révélant un désir d’être entendu.

43L’adhésion et la participation à la vie d’une association est un bon indicateur de l’investissement local des résidents secondaires. Ce niveau d’investissement est tout à fait intéressant avec un résident secondaire sur quatre participant à une association dans sa commune de résidence secondaire dans la majorité des communes enquêtées. Il a été démontré que la propension à être membre d’une association augmente très sensiblement avec l’âge et le niveau de formation (Prouteau, Wolff, 2013). Or, dans le cadre de notre enquête, les PRS sont plus âgés que la moyenne nationale (70 % des répondants ont plus de 60 ans) et sont majoritairement issus des catégories socio-professionnelles supérieures. Ainsi, une part non négligeable des résidents secondaires enquêtés compensent la présence intermittente dans le lieu par un investissement marqué dans les associations locales.

44Si l’implication dans les associations locales est importante, les motifs d’adhésion sont parfois très intéressés. Ainsi, dans la majorité des communes enquêtées, plus de 40 % des adhérents à une association locale participe à une association de propriétaires, un type de structure de défense de droits et d’intérêts qui représente une proportion beaucoup plus faible au niveau national (12,5 % pour Prouteau, Wolff, 2013). L’importance chez les résidents secondaires de cette catégorie d’association est d’autant plus forte qu’elle comprend aussi les organisations de protection de l’environnement et du patrimoine qui représentent environ 20 % des adhésions des résidents secondaires de l’enquête que nous avons menée. Il est aussi intéressant de noter que la proportion d’adhésions aux associations de propriétaires est souvent inversement proportionnelle à la part des adhésions aux associations de protection de l’environnement. Ainsi, dans les communes enquêtées sur l’Île d’Oléron où 50 % des adhésions aux associations concernent la défense des intérêts des propriétaires, les associations de défense de l’environnement représentent moins de 20 % des adhésions ; en revanche, dans les deux communes de l’Île de Ré où les associations « vertes » sont mieux représentées (25 à 36 % des adhésions) les associations de propriétaires sont moins prisées (moins de 20 % des adhésions). Pourtant, les résidents secondaires enquêtés à Oléron semblent plus inquiets que ceux de l’Île de Ré concernant la défense de l’environnement de leur commune de résidence secondaires : ils sont 17 à 19 % à ne pas être du tout satisfaits par la défense de l’environnement dans les communes d’Oléron alors que ce chiffre est de 8 % dans les deux communes rétaises et la part des « très satisfaits » qui atteint 13 % sur Ré n’atteint pas les 5 % sur Oléron. De manière étrange, l’adhésion aux associations environnementalistes semble se développer quand la situation de la protection des patrimoines se stabilise, alors que, quand celle-ci est problématique, c’est à travers la question plus générale de la défense des intérêts du propriétaire qu’elle s’exprime.

  • 9 Source : entretiens téléphoniques 2013.

45Comme l’indiquaient déjà les très bons taux de réponse à cette enquête, si l’implication dans les associations locales est importante, l’affirmation d’une implication dans la vie de la commune de résidence secondaire l’est encore plus. Sur l’ensemble des communes enquêtées, les personnes se déclarant autant ou plus investies dans leur commune de résidence secondaire par rapport à leur commune de résidence principale représentent entre 25 et 55 % des répondants9. Sur les communes enquêtées des îles de Ré et d’Oléron la proportion est toujours supérieure à 50 %. Ces valeurs démontrent pour beaucoup de propriétaires la volonté d’être considérés comme de véritables acteurs du territoire.

3.3. Des résidents secondaires, acteurs d’une attractivité choisie du territoire touristique littoral et donc de sa valorisation

46Les résidents secondaires ont une importance dans le fonctionnement du système touristique littoral qui va bien au-delà de leur simple présence ou absence dans les lieux ou de leur implication dans la vie locale. Ils ont en effet un rôle capital dans les dynamiques qu’ils permettent pour d’autres populations. L’hébergement non marchand représente en France la première forme d’accueil touristique et pèse pour 66,7 % des nuitées en 2013. Si, dans cette valeur, les nuitées dans les résidences secondaires du foyer compte pour 16,8 %, l’accueil chez des parents et amis représente en France en 2013 47,8 % des nuitées selon la Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services soit presque une nuitée touristique sur deux. Une part de ces nuitées concerne les habitations principales de la famille et des amis mais une part importante profite aussi de leur résidence secondaire en particulier dans les espaces touristiques.

47Sur le littoral charentais, seuls 2 % des résidents secondaires déclarent ne jamais « recevoir » dans leur bien et, un sur deux déclare héberger régulièrement des amis ou de la famille. La résidence secondaire fait donc bien office de lieu de sociabilité où l’on reçoit ses proches. Parfois, elle peut devenir une véritable maison de famille permettant l’accueil de différentes générations dans un cadre agréable. Les jeunes générations profitent souvent de l’accueil par des seniors qui composent l’essentiel des propriétaires sur le littoral.

  • 10 Source : Focus Group n°2, 25 juillet 2013, Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime).

48Il faut dire que la résidence secondaire avec environ 6 à 7 couchages par logement pour l’ensemble des communes enquêtées est bien équipée pour accueillir les visiteurs. D’ailleurs la résidence secondaire est aussi considérée comme un lieu de retrouvailles pour la grande majorité des résidents secondaires (70 % dans la majorité des communes avec des taux dépassant les 80 % dans l’île de Ré). Cet accueil participe à l’attractivité des lieux, car convaincre des amis et la famille de passer vous voir se fait bien souvent en vantant la qualité des lieux. Et inversement, l’attractivité du lieu touristique joue sur la venue de parents ou amis, comparativement au lieu de résidence principale, même lorsque celui-ci est situé à proximité : « Quand on est à Niort, on ne voit personne, quand on est à Châtelaillon, comme par hasard tout le monde vient »10. Ces lieux ainsi découverts pourront être fréquentés à nouveau dans le cadre d’un hébergement marchand, voire susciter des projets d’acquisition d’un bien pour profiter des lieux de manière plus régulière et plus autonome.

  • 11 Les premiers résultats de l’enquête 2013 ne nous ont pas permis de calculer pour chaque commune un (...)

49Les propriétaires de résidences secondaires du littoral charentais déclarent utiliser leur bien durant un quart à un tiers de l’année avec des valeurs variant entre 87 et 106 jours selon les communes enquêtées (figure 1). Les mois de juillet et d’août dont l’occupation est comprise entre 19 et 24 jours en moyenne sont les moments forts de l’occupation du logement : entre 80 et 90 % des résidents secondaires séjournent dans leur bien durant cette période. Certes, entre décembre et février, se trouvent les mois creux pour ces logements souvent mal ou pas équipés en chauffage, mais ce sont tout de même entre 20 à 30 % des propriétaires selon les communes qui se rendent dans leur résidence. Quand les logements sont bien équipés, comme on peut le supposer dans l’île de Ré où le prix du foncier est élevé, le taux de passage des propriétaires durant les mois d’hiver peut atteindre les 40 % sur des week-ends ou pour les fêtes de fin d’année. La saisonnalité de la fréquentation est donc réelle mais à nuancer, d’autant plus que les rares données disponibles sur le taux d’occupation des résidences secondaires annonçaient à l’échelle nationale des valeurs beaucoup plus faibles : 30 jours par le propriétaire (Atout France, 2010). Sur le littoral charentais, notre enquête montre en 2013 que les valeurs sont a minima11 trois fois plus forte et atteignent ou dépassent les 100 jours d’occupation notamment sur l’Île de Ré.

Figure1

Figure1

A - Source : Enquête Résidences secondaires Charente-Maritime 2013, UMR LIENSs CNRS Université de La Rochelle, Charente-Maritime Tourisme, CCI La Rochelle, CCI Rochefort et Saintonge, Conception : Blondy, Vacher, Vye, 2014.
B - Conception : Blondy, Vacher, Vye, 2014.

50L’usage de la résidence secondaire dans l’accueil touristique est aussi complété par le fait que c’est un bien généralement prêté à la famille ou à des amis. L’enquête 2013 nous indique qu’environ un tiers des résidents enquêtés dans chaque commune ont prêté leur résidence secondaire en 2013. Le pic estival reste le moment privilégié pour ce prêt et l’étude de la temporalité indique que, même si ces prêts renforcent l’usage de la résidence tout au long de l’année, elle participe plus à son usage à temps plein en été qu’à assurer une fréquentation soutenue hors saison (figure 1). Si une à deux résidences secondaires sur dix sont prêtées entre les mois de juin et de septembre, la situation devient beaucoup plus anecdotique en dehors de cette période. La résidence secondaire en hiver est donc essentiellement utilisée par les propriétaires … quand elle est utilisée.

51Même sans évoquer la catégorie des meublés de tourisme déclarés résidences secondaires avec l’INSEE, de nombreuses résidences sont louées durant une partie de l’année. La raison classiquement avancée par les propriétaires est d’assurer les frais d’entretien et de permettre de régler les impôts liés au bien. Cette période de location est généralement estivale. Sur cette période, selon les communes, entre 4 et 13 % des résidences secondaires enquêtées ont été déclarées louées au moins une fois dans le mois. L’importance de la période estivale par rapport au reste de l’année est encore plus forte pour les locations qu’elle ne l’était pour les prêts. La location entre octobre et mars est vraiment marginale, même si elle n’est cependant jamais totalement absente sur aucune des communes enquêtées et sur aucun des mois de l’année. Durant les vacances de printemps ou en arrière-saison, quelques locations de résidences secondaires participent modestement à l’étalement de la saison et au fonctionnement de ces espaces littoraux. Toutefois, de nombreuses locations ne sont pas déclarées et échappent donc à la fiscalité (Sacareau, Vacher, Vye, 2013). En conséquence, les propriétaires sont discrets voire silencieux sur des opérations certainement sous-évaluées dans le cadre de cette étude.

Conclusion

52Bien qu’encore inachevée, l’étude menée sur les usages des résidences secondaires en Charente-Maritime, en donnant la parole aux propriétaires, permet d’ors et déjà de mieux cerner la relation complexe que ces acteurs entretiennent avec le territoire touristique. Elle porte par ailleurs un regard inédit sur cet objet d’étude pour plusieurs raisons. D’abord, son ampleur est un gage de fiabilité, avec plus de 4000 personnes interrogées dans des communes littorales charentaises présentant des contextes territoriaux représentatifs. Elle est également inédite car elle balaie des thématiques peu investies par les études précédentes en s’intéressant aux usages, aux attentes et aux représentations que ces acteurs ont de leur bien et de leur cadre de vie.

53Il a ainsi été possible d’analyser trois formes d’investissement dans le lieu de ces populations en particulier l’importance de l’investissement affectif que les résidents secondaires portent au lieu touristique. Ce dernier se traduit par un attachement fort au lieu et s’exprime par une topophilie s’expliquant par le rôle attribué au bien (lieu de vacances et/ou de retrouvailles familiales). Il prend parfois racine dans le temps long, la connaissance du lieu pouvant être ancienne quand le résident secondaire est un ancien touriste dans le lieu ou un descendant de résident secondaire ou permanent. Ceci expliquerait pourquoi la participation de ces résidents un peu particuliers à la vie locale bien qu’inégale est tout à fait réelle. Il existe un vrai désir de reconnaissance en tant qu’habitant à part entière au sein du territoire touristique qu’ils soient anciens ou nouveaux propriétaires, héritiers ou acheteurs d’un bien récent. Dans le même temps, cette participation reste complexe à cerner, entre la défense d’intérêts particuliers liés à leur statut de propriétaire et un investissement pour la collectivité lorsque les enjeux environnementaux sont forts.

54Sur le littoral charentais, les résidents secondaires sont enfin des acteurs-clés de l’attractivité du territoire touristique grâce à une présence sur le territoire significative (autour de 100 jours avec une présence notable d’avril à septembre). D’autre part, en recevant parents et amis, ils participent à la valorisation de la destination bien qu’il s’agisse d’une attractivité choisie, car centrée sur leur cercle d’amis ou familial et qui ne permet pas un réel étalement de la fréquentation sur l’année.

  • 12 Voir le site internet dédié aux résultats de l’étude départementale 2014. Un rapport final ainsi qu (...)

55Le déploiement de l’enquête « résidences secondaires » en 2014 à l’échelle de l’ensemble du département de la Charente Maritime permettra de confronter les observations faites sur les dix communes-tests avec des villes touristiques telles que La Rochelle ou des zones rétrolittorales et intérieures12.

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Notes

1 Source : enquête Atout France, 2010.

2 Aux côtés des trois auteurs, cette étude est menée au quotidien par Christine Plumejeaud (UMR LIENSs, CNRS-Université de la Rochelle), Stéphane Donnat, Caroline Bontet (Charente-Maritime-Tourisme), Murielle Vermandé (Chambre de Commerce et d’Industrie de La Rochelle), Olivier Bellanger et Jean-Philippe Riollet (Chambre de Commerce et d’Industrie de Rochefort-Saintonge).

3 http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/residence-secondaire.htm

4 « Ensemble des pratiques habituelles formelles (par exemple résidence principale et secondaire) et informelles (par exemple, chez un ami et chez ses parents) d’habitation en plusieurs lieux distincts » (Duchêne-Lacroix, et al., 2013 : 97)

5 Seuls les résultats de cette première phase d’enquête sont présentés dans cet article.

6 Les résultats présentés en 3ème partie s’appuient essentiellement sur le questionnaire « courrier », sauf mention particulière (entretiens téléphoniques ou focus groups)

7 Source : Focus Group n°1, 17 juillet 2013, Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime).

8 Source : Entretiens téléphoniques (703 répondants). La commune de l’île d’Aix, au nombre de répondants trop faible a été exclue de l’analyse de celle-ci.

9 Source : entretiens téléphoniques 2013.

10 Source : Focus Group n°2, 25 juillet 2013, Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime).

11 Les premiers résultats de l’enquête 2013 ne nous ont pas permis de calculer pour chaque commune un nombre total de jours d’occupation pour le prêt ou la location en raison de taux élevés de non-réponses. Le déploiement de l’enquête à l’échelle départementale devrait rendre cela possible.

12 Voir le site internet dédié aux résultats de l’étude départementale 2014. Un rapport final ainsi que des publications scientifiques seront également disponibles à partir de 2016.

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Table des illustrations

Titre Carte 1 : Répartition et évolution du nombre de résidences secondaires en France entre 1990 et 2008
Crédits Source : INSEE – Recensements de population. Conception : Blondy, Vye, Vacher. Réalisation P. Brunello, 2014.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/3344/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre Carte 2 : Des résidences secondaires particulièrement nombreuses sur le littoral du Grand Ouest
Crédits Source : INSEE -Recensement de population. Conception : Blondy, Vacher, Vye. Réalisation : P. Brunello, 2014.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/3344/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Crédits Conception : Blondy, Vacher, Vye.Réalisation : P.Brunello, 2015UMR 7266 LIENSs CNRS - Université de La Rochelle.Sources : Filocom, 2013.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/3344/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 464k
Titre Figure1
Crédits A - Source : Enquête Résidences secondaires Charente-Maritime 2013, UMR LIENSs CNRS Université de La Rochelle, Charente-Maritime Tourisme, CCI La Rochelle, CCI Rochefort et Saintonge, Conception : Blondy, Vacher, Vye, 2014.B - Conception : Blondy, Vacher, Vye, 2014.
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/3344/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 794k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Caroline Blondy, Luc Vacher et Didier Vye, « Les résidents secondaires, des acteurs essentiels des systèmes touristiques littoraux français ? »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 30 | 2016, mis en ligne le 20 avril 2016, consulté le 16 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/3344 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/tem.3344

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Auteurs

Caroline Blondy

UMR LIENSs CNRS-Université de La Rochelle
Institut du littoral et de l’environnement
2 rue Olympe de Gouges
17000 La Rochelle
cblondy@univ-lr.fr

Luc Vacher

UMR LIENSs CNRS-Université de La Rochelle
Institut du littoral et de l’environnement
2 rue Olympe de Gouges
17000 La Rochelle
lvacher@univ-lr.fr

Articles du même auteur

Didier Vye

UMR LIENSs CNRS-Université de La Rochelle
Institut du littoral et de l’environnement
2 rue Olympe de Gouges
17000 La Rochelle
dvye@univ-lr.fr

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Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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