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Comptes rendus de lecture

Isabelle Backouche, Fabrice Ripoll, Sylvie Tissot, Vincent Veschambre : La dimension spatiale des inégalités. Regards croisés sur les sciences sociales

Géographie sociale, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011, 357 pages
Helga-Jane Scarwell
Référence(s) :

Isabelle Backouche, Fabrice Ripoll, Sylvie Tissot, Vincent Veschambre (dir), La dimension spatiale des inégalités. Regards croisés sur les sciences sociales, Géographie sociale, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011, 357 pages

Texte intégral

1Cet ouvrage, comprenant seize articles répartis en quatre parties, est issu d’un colloque pluridisciplinaire « Espaces hérités, espaces enjeux : appropriation – (dé) valorisation – catégorisation » qui s’est tenu en 2007 à l’université de Caen Basse-Normandie. Ses principaux animateurs s’étaient investis quelques années plus tôt dans l’organisation d’un séminaire qui a commencé à fonctionner en 2000 à partir de l’hypothèse selon laquelle, dans leur diversité, les recherches en géographie sociale étaient amenées à croiser cette problématique de l’appropriation de l’espace. Puis en 2003, une journée d’étude sur cette même problématique avait débouché sur la publication d’un premier dossier (Ripoll, Veschambre et al., 2004). Cette problématique a ensuite été reprise dans le cadre d’un échange entre le CRESO, site caennais de l’UMR, et le département de géographie de l’Université Badji Mokhtar d’Annaba (Algérie) et a donné lieu à un colloque international intitulé « Usages et appropriation de l’espace : entre pratiques et régulations » (20-21 avril 2004). Autant dire que les éditeurs connaissent leur sujet. Les seize communications retenues dans cet ouvrage alimentent une réflexion fructueuse qui vise à voir « en quoi l’appropriation, la catégorisation, la valorisation différentielle des espaces jouent-elles un rôle dans la production des inégalités sociales » ? Les terrains de recherche exploités concernent aussi bien la ville, la montagne que la mer, l’industrie ou la prison. Les angles d’étude retenus portent sur les conflits d’usage, la valorisation des espaces ou la dévalorisation en raison de la présence de groupes à faibles ressources à partir d’exemples présents sur différents continents : Afrique, Europe, Moyen-Orient.

2La première partie porte sur les enjeux de la catégorisation des espaces et propose matière à réflexion sur la mise en place d’espaces au sein de la ville et la manière dont ils évoluent. Il s’agit autant de l’installation de classes moyennes dans les quartiers centraux ou périphériques dans le contexte des « velléités anti-individualistes de mai 1968 » que des ZUP, passées d’un espace valorisé à un lieu d’exclusion, ou encore de l’analyse des rapports entre les catégorisations des types d’espaces résidentiels, celles des groupes sociaux, et celles des attitudes politiques associées à ces groupes sociaux, tels que l’on peut les analyser dans la presse écrite durant la campagne présidentielles française de 2007. Si la première partie se penche sur des discours et sur les catégorisations, la seconde est davantage axées sur les rapports qui se constituent entre institutions politiques (ONU, Banque Mondiale, le Comité consultatif de Baie de Granville…) et usagers à l’occasion d’interventions sur des espaces marins ou montagnards en vue de l’appropriation de la nature, de ressources ou de biens matériels.

3Dans une troisième partie comprenant quatre contributions et portant sur: « Appropriations et valorisations de l’espace : quelles interactions ? » sont regroupées des communications relatives à des cas empiriques montrant les interactions entre appropriation et valorisation de l’espace. Les contributions s’efforcent toutes d’identifier le ou les « groupes appropriateurs », ainsi que les atouts qui permettent à ces groupes de s’approprier durablement l’espace en le façonnant. Enfin, une quatrième partie comprenant elle aussi quatre contributions et intitulée : « groupes à faibles ressources et espaces dévalorisés : l’appropriation impossible ? » met l’accent cette fois sur les groupes dépossédés et relégués spatialement. Ainsi, seront interrogées les populations ayant peu de pouvoir sur l’espace, à l’exemple des prisonniers, des enfants des rues, des locataires du logement social. Chaque cas est particulièrement intéressant et révèle un rapport à l’espace différent. En définitive, le mérite de cet ouvrage est bien de présenter des articles qui posent la question de savoir si c’est l’installation de populations qui déclenche la valorisation d’un espace ou si c’est une « intervention sur l’espace (aménagements divers, désenclavement) qui attire les groupes sociaux » dans certains espaces. Autant d’espaces témoins de la fabrique de la ville.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Helga-Jane Scarwell, « Isabelle Backouche, Fabrice Ripoll, Sylvie Tissot, Vincent Veschambre : La dimension spatiale des inégalités. Regards croisés sur les sciences sociales »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 17-18 | 2013, mis en ligne le 06 avril 2017, consulté le 14 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/2100 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/tem.2100

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Auteur

Helga-Jane Scarwell

Université Lille1 Sciences et Technologies

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Droits d’auteur

CC-BY-4.0

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