Navigation – Plan du site

AccueilNuméros60PerspectiveS’adapter au changement climatiqu...

Perspective

S’adapter au changement climatique sur le littoral : retours empiriques sur une démarche participative chercheurs-habitants (Côte d’Opale, France)

Adapting to climate change on the coast: empirical feedback on a participatory researcher-inhabitant approach (Opal Coast, France)
Anne-Peggy Hellequin, Caroline Rufin-Soler, Philippe Deboudt, Marie-Hélène Ruz, Florian Lebreton, Arnaud Héquette et Vincent Herbert

Résumés

Cet article propose une présentation et un retour d’expérience empirique à propos d’une démarche d’action participative de co-construction, entre chercheurs et résidents de deux communes côtières de la région Hauts-de-France (Oye-Plage et Wissant), de stratégies d’adaptation au changement climatique. L’article est structuré en deux parties. La première partie présente les protocoles méthodologiques utilisés avec la description des dispositifs participatifs (réunions publiques, ateliers participatifs, suivis collaboratifs), les outils mobilisés par les chercheurs. La seconde partie propose un retour d’expérience sur ces dispositifs en mettant en avant trois principaux résultats suite à l’analyse de cette démarche participative et en soulignant les avancées et les limites de celle-ci.

Haut de page

Texte intégral

Introduction

1Plusieurs recherches ont estimé que la population exposée au risque de submersion marine pourrait augmenter de plusieurs centaines de millions de personnes au cours des prochaines décennies en raison de la croissance démographique et de l'élévation du niveau de la mer (Dasgupta et al., 2011; Jongman et al., 2012; Mondal et Tatem, 2012; Neumann et al., 2015; GIEC, 2019).

2Le changement climatique se traduira par une augmentation des risques qui menaceront les communautés côtières nécessitant l’élaboration de stratégies d'adaptation et/ou d'atténuation appropriées. Ses effets sur les littoraux, plus que sur d’autres territoires, sont visibles à l’échelle locale et peuvent correspondre à des événements brutaux (Adger, 2001). Ainsi, la question de l’avenir des communautés côtières et leur adaptation est devenue un enjeu éthique, pratique (Few et al., 2007) et stratégique. Comme recommandé par le GIEC (2019) et l’Union européenne (Alves et al., 2013), des politiques doivent être mises en oeuvre pour élaborer une action publique à différentes échelles, en intégrant les résidents dans les stratégies d’adaptation (Oen et al., 2016) : « idéalement, les décideurs s'engagent à co-construire des réponses avec les populations exposées » (Lebbe et al., 2021) ; l'implication des parties prenantes et du public étant particulièrement importante pour favoriser le consentement (Hugel et Davies, 2020).

3Récemment, on a pu observer un nombre croissant de projets visant à impliquer les acteurs et les chercheurs dans une démarche de co-construction pour proposer des réponses aux impacts du changement climatique et cela dans différents champs comme la biodiversité, l’urbanisme ou l’agriculture (Akkari et Bryant, 2016 ; Cvitanovic et al., 2019). Cependant, seuls 14% des programmes issus des sciences citoyennes ont une dimension maritime ou littorale (Conrad et al., 2011). Plus que dans d’autres espaces, la participation est soumise à des contraintes logistiques notamment pour le recueil de données, la complexité des effets, leurs temporalités (Cigliano et al., 2015) et le possible bouleversement du quotidien des habitants si le retrait et la relocalisation des biens devaient entraîner un déménagement (Few et al., 2007).

4Il existe donc moins d'exemples de projets de recherche impliquant des scientifiques, des habitants et des parties prenantes pour traiter des problèmes environnementaux actuels ou émergents dans les zones côtières (Benham et Daniell, 2016). La littérature scientifique sur la participation dans le cadre du changement climatique qui a émergé dans les années 2000 s’est beaucoup développée après 2005 (Hugel et Davis, 2020) ; il faut noter aussi que peu d’articles scientifiques s’intéressent à la seule participation des habitants et à leur part dans le processus de prise de décision (Oen et al., 2016, Cvitanovic et al., 2019). La plupart des travaux mobilisant des démarches participatives sur le littoral concernent en réalité des acteurs publics locaux, représentant des entrepreneurs, des associations liées aux activités de loisirs sur le littoral, ou certains groupes de pression comme les pêcheurs par exemple (MacGinley et al., 2021 ; Bousquet et al., 2021 ; Monfort et al., 2021 ; Lebbe et al., 2021 ; Oen, 2016 ; Mineo Kleiner et Meur-Ferec 2016 ; Rocle, 2015). Il faut distinguer les exemples canadiens où le cadre légal a favorisé la recherche de coopérations entre habitants, acteurs locaux et scientifiques (Plante et al., 2018 ; Chouinard et al., 2017 ; Guillemot, 2011) ou encore un exemple portugais (Schmidt et al., 2014). Pour la France, la difficulté est grande car comme le montrent Mineo-Kleiner et al. (2021), la gestion des risques côtiers est une compétence de l’État et les relations avec les élus territoriaux restant conflictuelles, la place des habitants est encore plus rare. De fait, la littérature réflexive sur la participation citoyenne dans l’adaptation des littoraux au changement climatique n’existe quasiment pas, alors que la même question portant sur la gestion des inondations continentales est déjà un champ d’études important dans lequel des typologies d’engagements ont été élaborées (Hegger et al., 2017). Déjà, dans son analyse des appels à projets de l’État sur la Gestion Intégrée du Trait de Côte (GIZC), Meur-Ferec (2007) remarquait que peu de projets affichaient un objectif de participation citoyenne et que celle-ci restait imprécise et peu approfondie ; elle consistait surtout en une information des habitants et passait quasiment toujours par les associations de riverains ou de défense de l’environnement et non par les résidents directement. De même, Deboudt (2012) avait identifié, dans le cadre de plusieurs projets de GIZC mis en oeuvre en France de 2005 à 2007 (20 sur 25), l’élaboration d’un processus de concertation associant plusieurs parties prenantes (débat public, forum, groupe de travail, etc.), mais sans qu’il soit centré sur la participation des habitants. De plus, jusqu’à récemment, il existait peu de références sur les facteurs de succès et les écueils de la participation dans l’adaptation au changement climatique ; la plupart des articles s'intéressant plus à la mise en œuvre de la participation du public. Pour Cvitanovic et al., (2019) et Few et al., (2007), les travaux sur les défis et les risques par rapport à la question de l’adaptation au changement climatique sont plus connus en urbanisme par exemple (Hugel et Davies, 2020) ou en environnement (Few et al., 2007).

5Pourtant, dans un contexte où l'engagement des scientifiques dans la société est souhaité, le versant "scientifique" de la relation science-société est devenu un objectif de plus en plus répandu et valorisé (Crettaz von Roten et Moeschler, 2010 ; Le Crosnier, Neubauer et Storup, 2013). Plus largement, ce modèle participatif, censé réunir chercheurs et citoyens ou populations directement concernées par la conduite du projet, reviendrait à mettre en œuvre une "stratégie planifiée d'investigation et d'intervention scientifique" dans le cadre d'une "stratégie d'intégration des connaissances visant à accroître le niveau de compétence des participants afin d'apporter des solutions innovantes, efficaces et efficientes aux problèmes" (Lefrançois, 1997).

6Cette définition met en évidence le potentiel de l'approche collaborative, concept antérieur à ce que l'on appelle aujourd'hui la recherche participative (MacDonald C., 2012 ; Reed et al., 2018), dans la mesure où elle réunit des acteurs sociaux et des chercheurs de divers horizons. L'aspect interdisciplinaire est également un élément majeur de cette approche. Aujourd'hui appelée science participative, elle met en avant l'investigation scientifique du contexte concerné, mais pose également un problème de légitimité par rapport aux preuves scientifiques (savoirs experts) lorsqu'elles sont confrontées aux expériences du citoyen (savoirs profanes). Le statut de l'habitant ou, plus largement, de la population intégrée au processus de recherche, doit être interrogé sur le rôle civique qu'il doit jouer et ainsi, tenter de coproduire des connaissances. De cette question découlent différentes modalités de la recherche-action à l'image des travaux pionniers de Lewin (1946) qui, selon lui, "naît de la rencontre entre un désir de changement et une intention de recherche" : la recherche-action participative (RAP) et la recherche participative (RP), la recherche-action collaborative (RAC) et la recherche interventionnelle (Hisschemöller et al., 2001). En ce sens, la démarche participative s'inscrirait plus largement dans un processus de recherche-action, car selon Coenen (2001), l'objectif est de parvenir à "une reconnaissance concrète des compétences des chercheurs et des acteurs sur la pratique sociale à étudier, mais aussi de la mobilisation effective de ces deux compétences". C'est précisément là que réside la difficulté de conduire le processus dans la durée. Certaines difficultés apparaissent dans la prise de conscience d'une réalité souvent sous-estimée ou cachée, et de là émergent les premières critiques citoyennes de la démarche en question (Coenen, 2001).

7Dans cet article, nous présentons une partie des dispositifs mis en oeuvre et les premières leçons tirées du projet COSACO (Quel littoral dans 50 ans ? CO-construction des Stratégies d’Adaptation au changement climatique en Côte d’Opale) visant à co-construire les préférences des populations en matière de stratégie d'adaptation pour faire face aux changements côtiers à l’œuvre dans les cinquante prochaines années. Il s’agit d’un retour empirique du terrain après trois années de programme qui s’est conclu le 21 novembre 2019 par le choix majoritaire des parties prenantes pour un recul stratégique et/ou une intervention souple de la gestion du trait de côte. Dans la première partie, nous présentons l'ensemble des dispositifs utilisés dans le projet qui ont permis aux habitants d'anticiper le futur et de participer au développement de stratégies d'adaptation. Dans la seconde partie, nous avons rassemblé trois résultats principaux issus de l’analyse de cette démarche participative. En effet, face aux nombreux défis que représentent les démarches participatives, certaines pratiques peuvent favoriser l’engagement des citoyens. Elles sont de différents ordres, de l’organisation générale du projet planifié en amont à des précautions minutieuses qui tiennent à la gestion du temps de parole, la disposition de la salle ou la gestion des conflits entre habitants ou entre habitants et chercheurs par exemple. Cependant, comme le montrent nos résultats empiriques, les écueils sont encore nombreux, et les effets tellement complexes que l’utilité des démarches peut même être remise en cause (Blondiaux et Fourniau, 2011).

1. Terrains, outils et démarches collaboratives pour co-construire l’adaptation entre scientifiques et habitants

8L’objectif principal du projet de recherche COSACO était de co-construire des stratégies d’adaptation au changement climatique. Pour nous, la co-construction se définit par une participation ouverte d’une pluralité d’acteurs à l’élaboration d’une politique publique, ici l’adaptation au changement climatique sur les littoraux (Cvitanovic et al., 2019). Si l’équipe de recherche a déposé seule la demande de financement, elle reposait sur les connaissances préalables du territoire et des interrogations des habitants à travers les différentes mobilisations existantes et des travaux de recherches déjà menés (Paxion et Cohen, 2002 ; Ruz et Meur-Férec, 2004 ; Aernouts et Héquette, 2006 ; Herbert et al., 2009 ; Héquette, 2010 ; Crapoulet et al., 2017 ; Drobenko et al., 2014 ; Ruz et al., 2016 ; Ruz et al., 2017). Ces travaux montraient que certaines communes étaient hautement concernées par l’érosion et le changement climatique, que les enjeux résidentiels et économiques étaient importants et qu’il existait des mobilisations locales plus ou moins institutionnalisées. Ces connaissances préalables du terrain ont décidé l’équipe de recherche à élaborer des démarches participatives dans deux communes des Hauts-de-France : Wissant et Oye-Plage.

9Dans une dimension éthique de science au service des citoyens, l’aspect stimulant de ce projet participatif était de dépasser les outils traditionnels en sciences sociales en y incorporant une approche visant à dynamiser les échanges avec les populations locales, sur une longue durée, et dans une logique qui ne serait plus seulement extractive. La volonté des chercheurs était bien de créer un espace de délibération c’est-à-dire avec une visée d’actions (Blondiaux, 2001) à travers la création et le choix de scénarios d’adaptation à faire connaître notamment aux représentants de l’État, redonnant du pouvoir aux habitants (Arnstein, 1969) dans la gestion des risques côtiers ; la première étape indispensable de la démarche reposant sur le partage des connaissances.

1.1 Deux communes cotières exposées au changement climatique

Figure 1: Carte de localisation.

Figure 1: Carte de localisation.

1 : Wissant, 2 : Oye-Plage

10Wissant est une petite station balnéaire (981 habitants en 2016, INSEE) située dans la baie de Wissant (Figure 1), constituée par une plage de sable de 5,5 km de long qui forme une seule cellule littorale bien définie entre les caps Gris Nez et Blanc Nez (Figure 1), dans les Hauts-de-France. Une grande partie du front de mer est protégée par un perré qui a subi des dommages importants à plusieurs reprises ces dernières années, et qui est désormais maintenu par des enrochements (Figure 2). Les dunes, dans la partie centrale de la baie, ont subi une forte érosion au cours des dernières décennies (Battiau-Queney et al., 2003 ; Ruz et Meur-Férec, 2004), et le front dunaire a reculé de 280 m entre 1949 et 2015 (Zemmour, 2019). Dans la partie ouest du village, ces forts taux d'érosion mettent en péril plusieurs maisons situées à l'arrière de la dune dont la largeur est inférieure à 40 m (Figure 2A).

Figure 2A: Wissant, dune d’Aval

Figure 2A: Wissant, dune d’Aval

Source: Association « Amis de la Baie de Wissant »

Figure 2B: Platier d’Oye, lotissement des Ecardines

Figure 2B: Platier d’Oye, lotissement des Ecardines

Source: Association « Amis de la Baie de Wissant »

11Le second site, le Platier d'Oye, est situé à Oye-Plage, une commune de 5260 habitants (INSEE, 2016) entre Calais et Dunkerque (Hauts-de-France), et forme une avancée délimitée à ses extrémités par deux flèches sableuses qui se sont fortement développées depuis le milieu du 20e siècle (Figure 2B). La zone centrale du Platier d'Oye, longue de 1,5 km, est cependant caractérisée par l'érosion. De 1949 à 2013, le recul du trait de côte a été de l'ordre d'une cinquantaine de mètres (Ruz et al., 2016). Le Platier d'Oye, Réserve naturelle nationale depuis 1984, a la particularité d'accueillir un lotissement où 153 maisons ont été construites au milieu des années 70 (les Ecardines). Il est situé à une centaine de mètres en arrière de la dune en érosion et en dessous des plus hautes mers de vives-eaux (altitude moyenne de 4 m IGN 69). Les deux communes sont concernées par un Plan de Prévention des Risques littoraux.

12Compte tenu des enjeux et de l’objectif, la dimension participative s’est donc organisée en un partage de connaissances entre chercheurs et habitants, en réunions publiques et ateliers participatifs qui se sont clôturés par une journée d’échanges et de choix de scenarios entre résidents, représentants des acteurs locaux et services de l’État en novembre 2019.

1.2. La construction de la connaissance

13Comme indiqué par Allen (2018), la participation est liée à la production de connaissances sur l’objet même des démarches participatives, ici le sujet du changement climatique affectant les deux communautés côtières. Pour cela, trois outils ont été mis en œuvre : une cartographie prospective à différents pas de temps, un suivi collaboratif du trait de côte et un recueil mémoriel iconographique.

1.2.1. Une cartographie prospective

14Comme l’indique Few et al., (2007), il est particulièrement intéressant, mais complexe pour les habitants de participer à la prise de décision de stratégies fondées sur l’anticipation à long terme des effets du changement climatique. L’élaboration de cartes anciennes et prospectives devaient donc favoriser l’appréhension de la dynamique côtière par les habitants.

15Trois séries de cartes ont été réalisées : la première retraçait l’évolution cinématique du trait de côte depuis le XIXeme siècle, la seconde concernait l’évolution actuelle et la troisième, l’évolution prospective à l’horizon 2065. Ces cartes prospectives de la bande côtière dans 50 ans (par rapport à 2015) ont été préparées sur la base des évolutions documentées du littoral au cours des dernières décennies et en considérant l'élévation future du niveau de la mer (Héquette et al., 2023). Une élévation du niveau de la mer de 23 cm d'ici 2065 a été déterminée sur la base de la projection d'élévation du niveau de la mer correspondant au scénario RCP6.0 (IPCC, 2013) qui peut être considéré comme un scénario de concentration moyenne de gaz à effet de serre (Van Vuuren et al., 2011). Les vitesses les plus élevées de recul du trait de côte observées entre 1949 et 2015, à l'aide de photographies aériennes, ont été sélectionnées pour projeter la position du littoral en 2065. De plus, le niveau d'eau maximal pendant une tempête à haute énergie et à basse fréquence a été estimé en calculant le niveau d'eau maximal de la période de retour de 100 ans sur la base des enregistrements des stations marégraphiques voisines (Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque) selon la méthode de Schmidt et al., (2018), et la surcote due aux vagues lors de conditions de tempêtes à partir de la méthode recommandée par Stockdon et al. (2006), pour les plages macrotidales à faible gradient, en utilisant les données de houles enregistrées au large de Boulogne-sur-Mer (Héquette et al., 2023).

16Ainsi, les cartes générées montrent non seulement la position attendue du littoral en 2065, et la perte de terres correspondante, mais aussi les zones à risque de submersion lors d'un événement de tempête important (par exemple Figure 3) en utilisant des données topographiques aériennes LiDAR à haute résolution (erreur verticale < 15 cm) obtenues en 2016 comme topographie de référence. Les cartes prospectives ont été présentées aux habitants lors de réunions publiques afin de les sensibiliser à la nature et à la localisation des risques côtiers qui pourraient les menacer au cours des prochaines décennies et afin de les inciter à chercher des solutions, des scenarios, aux problèmes prévus.

Figure 3: Carte prospective de la zone côtière en 2065 pour Wissant

Figure 3: Carte prospective de la zone côtière en 2065 pour Wissant

17La carte et la photographie aérienne sont des outils qui permettent, dans les PAR, une appropriation rapide par les résidents, quel que soit leur niveau d’étude. Comme le soulignaient Douglas et al. (2012), les présentations doivent être, pour être accessibles par le plus grand nombre, très visuelles et pédagogiques ; un travail spécifique de sémiologie graphique a donc été mené par l’équipe. Ainsi, afin de ne pas effrayer les habitants et permettre, avec eux, un échange constructif de leur territoire à l’horizon 2065, nous avons délibérément choisi de ne pas indiquer les zones potentiellement submersibles en bleu, mais en jaune.

1.2.2. Un suivi collaboratif du trait de côte

18Afin d’impliquer plus directement les habitants dans le projet, il a été proposé, à partir de mars 2017, de suivre l’évolution d’un ou plusieurs secteurs de côte dont l’intérêt avait été identifié par eux (secteurs en érosion ou en accumulation caractéristiques), en utilisant trois types d’outils : la collecte photographique la cartographie via l’application « Rivages » du Cerema et des levés topographiques à partir d’un cadre-topomètre. Ce dernier outil (Emery, 1961 ; Troadec, 1991 ; Puleo et al., 2008 ; Le Duff et al., 2019) est un instrument permettant de mesurer, le long d’un axe perpendiculaire à la plage, des variations verticales du niveau de sable en haut de plage. Avant la collecte des données sur le terrain, les habitants-volontaires ont suivi une formation théorique puis pratique et ont reçu des livrets tutoraux détaillés. Si les premières observations ont été réalisées avec l’appui des responsables techniques du projet COSACO, les suivantes l’ont été en autonomie. Les mesures réalisées, a minima, deux fois l’an ou après tout événement tempétueux significatif pour les habitants étaient ensuite comparées, permettant de déterminer l’évolution du rivage, et présentées par les volontaires lors des réunions publiques. Deux exemplaires du matériel nécessaire aux mesures ont, depuis, été laissés à disposition des habitants afin d’assurer la continuité des mesures une fois le projet finalisé. Ce suivi n’a concerné que la commune de Oye-Plage, les habitants de Wissant assurant leurs propres mesures par l’intermédiaire d’un géomètre.

1.2.3. Le recueil mémoriel iconographique

19Pour favoriser l’historicisation des processus naturels par les habitants et redonner une place aux savoirs profanes, les habitants ont été sollicités afin qu’ils fournissent des photographies, des cartes postales, des articles de journaux, des documents divers retraçant l’évolution du littoral de leur commune. À partir de leurs photographies et cartes postales, deux recueils de mémoire photographique ont été présentés lors de réunions plénières. À Oye-Plage, il a ainsi été possible de retracer l’évolution du cordon dunaire depuis 25 ans alors qu’à Wissant, l’évolution de la station balnéaire depuis le début du XXe siècle a été présentée. Les éléments de ces recueils ont tous été scannés lors de prêts ou lors de rendez-vous chez les habitants. Si les habitants ont été extrêmement sensibles et nombreux, à participer à « l’avancée de la science », ces données ont été pour l’équipe une source inestimable d’informations sur l’évolution de ce littoral à partir d’une temporalité jamais égalée. En effet, les suivis du trait de côte se font soit annuellement soit après un événement tempétueux majeur, mais jamais de façon aussi régulière et sur une aussi longue période.

20Sur la base de cette co-production de connaissances, un programme de 30 mois s’est déroulé ; chaque rencontre (réunions ou ateliers) étant distant de trois ou quatre mois.

2. Une action participative regroupant 16 réunions publiques et ateliers participatifs entre chercheurs et habitants

21Des dispositifs de participation ont été mis en place dans les deux communes comme les réunions publiques et les ateliers. Une terminologie différente a été employée pour distinguer d’une part, les réunions publiques où l’objectif était de partager l’avancée des connaissances avec les habitants des deux communes concernées et les acteurs du littoral et de répondre à leurs questions ; et, d’autre part, les ateliers dits participatifs dans lesquels l’équipe COSACO étaient plus en retrait.

2.1. Les réunions publiques comme partage des connaissances

22Le premier dispositif concerne la dizaine de réunions publiques organisées tout au long de ces trois années. Elles ont rassemblé entre 30 et 70 personnes environ (Figure 4).

Figure 4 : Exemples de réunions publiques à Oye-Plage (photo à gauche) et Wissant (photo à droite) en novembre 2017

Figure 4 : Exemples de réunions publiques à Oye-Plage (photo à gauche) et Wissant (photo à droite) en novembre 2017

23Les premières réunions publiques ont eu lieu en décembre 2016 et consistaient en la présentation du projet « Quel littoral dans 50 ans ? » et de son calendrier. L’objectif était de sensibiliser les résidents et l’administration locale à l’existence du projet. Les réunions de mars et octobre 2017 avaient pour objectif de partager la synthèse des recherches sur la dynamique côtière (passée, récente et future). Dans un souci de clarté et de partage des connaissances, tous les résultats étaient systématiquement présentés sous un format synthétique (pas plus de 30 minutes). Les résultats des recherches en sciences humaines et sociales, que ce soit à partir des ateliers participatifs ou des questionnaires de la perception du risque menés en complément, ont eu lieu en mars, novembre et décembre 2018. Enfin, les réunions de restitution du projet auprès des acteurs territoriaux et des résidents ont été réalisées en mars et novembre 2019. Chaque réunion publique a été organisée de la même manière avec un temps consacré à la présentation et, un second temps dédié aux échanges avec les participants. Celui-ci faisait l’objet d’une observation participante de la part des membres de l’équipe. L’enregistrement des débats et les prises de note ont permis d’identifier les interrogations et les thématiques récurrentes qui ressortaient des échanges. À chacune des réunions publiques et des ateliers, les habitants étaient invités à remplir une feuille d’émargement nous permettant non seulement d’évaluer le taux de participation au fil du projet, mais également de pouvoir les solliciter individuellement par courriel avant chacune de nos venues.

2.2. Le rôle des ateliers participatifs pour co-construire l’adaptation

24Une fois que les résidents ont eu connaissance de la dynamique côtière passée et présente, une démarche, la plus participative possible, a été élaborée, sans préjuger des demandes des résidents sur les thématiques à aborder ou les enjeux à préserver. Pour cela, lors des ateliers de juin 2017, une question globale a été posée à savoir « ce qui était le plus important pour eux si on parlait de risque littoral » ; leurs réponses conditionnant alors l’objet des travaux à venir. La question était volontairement le plus large possible afin d’éviter d’influencer leurs choix et de partir de leurs réels besoins de connaissances sans préjuger de ce qui nous semblait important. Il est admis en effet depuis Arnstein (1969) que toutes les sciences sociales différencient la participation en fonction de l’engagement du public dans la constitution même du choix des démarches participatives (Few et al., 2007). Au fur et à mesure des discussions entre les résidents, des demandes de précisions et de reformulations, trois thématiques ont émergé constituant les futurs sujets des ateliers participatifs : les usages, la gouvernance des risques et les retours d’expériences. Les thématiques identifiées à Oye-Plage et à Wissant ont été très proches ; le fait d’être des résidents de communes littorales, plutôt rurales, confrontés aux mêmes questionnements face aux risques littoraux les unissaient. Rapidement, ainsi certains habitants, le plus grand nombre d’ailleurs, ont évoqué la plage et ses accès, la digue et les dunes comme espaces publics et leurs maisons comme enjeux principaux par rapport à l’évolution du trait de côte. Nous avons regroupé ces demandes autour d’une thématique dite des « usages ». Pour celle-ci, nous avons choisi d’utiliser la cartographie participative qui est un moyen très concret de structuration et d’organisation du savoir (Wilson, 1963) et qui permet d’une part, de construire une représentation graphique et abstraite du territoire et, d’autre part, de proposer une réalité très concrète pour les habitants. Par ce moyen, les habitants ont pu réagir à la notion d’usages. Nous nous sommes aidés pour cela d’une carte où seul un trait de côte simplifié était matérialisé. Cette représentation minimaliste avait pour objectif d’éviter d’influencer les résidents sur les usages à matérialiser et potentiellement à prioriser. À partir de cette carte, les habitants devaient positionner les usages passés, présents et futurs qu’ils considéraient comme les plus emblématiques de leur commune. Les trois temporalités étaient proposées sans ordre, les participants ayant dans les deux communes choisis de suivre un ordre chronologique usuel, hier, aujourd’hui et demain (Figure 5).

Figure 5 : Exemples de cartes participatives décrivant les usages passés, actuels et futurs en Baie de Wissant

Figure 5 : Exemples de cartes participatives décrivant les usages passés, actuels et futurs en Baie de Wissant

25L’intérêt de cette chronologie a permis de libérer la parole sur les cartes d’hier, celle d’aujourd’hui présentait surtout les problèmes et celle de demain permettait de laisser libre cours à l’imagination et à un désir de côte. En positionnant ainsi les usages selon ces trois pas de temps, les habitants devaient, lors de discussions, se mettre d’accord sur les usages qu’ils considéraient les plus importants pour eux et leur commune et donc à préserver dans le cadre du changement climatique. Un autre groupe d’habitants nous a questionné sur les solutions qui pouvaient être envisagées pour limiter les risques littoraux sur leur commune en prenant exemple sur d’autres territoires en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Nous avons appelé ce deuxième atelier « Retour d’expériences ». Le principe de cet atelier était de partager les diverses connaissances d’expériences des personnes présentes et de mentionner les techniques connues en aménagement du littoral (ex : enrochement, rechargement, plantation d’oyat…). Chaque participant devait apposer sur une cible un papier où était mentionnée la technique. Cette dernière permettait de classer les avis pour chaque technique, sachant que plus on s’approchait du centre de la cible, plus on était en accord avec la technique concernée.

Figure 6 : Exemple d’un atelier participatif sur le « retour d’expériences » (Wissant, juin 2017)

Figure 6 : Exemple d’un atelier participatif sur le « retour d’expériences » (Wissant, juin 2017)

26Ainsi, le cercle extérieur de la cible, blanc, correspondait aux sans avis (NSP), puis, plus on se dirigeait vers le centre de la cible plus les habitants pouvaient être Pas du tout d’accord (PDTA), Plutôt d’accord (PA), Tout à fait d’accord (TAD) avec les techniques mentionnées. Très rapidement, les nombreuses réponses TAD ont occupé tout l’espace du cercle central qui s’est avéré au final trop réduit pour une bonne lisibilité.

27Enfin, d’autres habitants ont souhaité évoquer leur gestion quotidienne du risque et leur incompréhension face aux strates de l’administration française. Nous avons nommé cet atelier, la « gouvernance des risques ». Dans un premier temps, les habitants devaient identifier tous les acteurs du risque qu’ils connaissaient. Chaque acteur était écrit sur un post-it et ce post-it était ensuite positionné sur une grande feuille. Les habitants devaient alors établir d’éventuelles relations entre eux, leur cadre hiérarchique, s’il en existait un.

Figure 7 : Un atelier sur la gouvernance des risques (Oye-Plage, septembre 2017)

Figure 7 : Un atelier sur la gouvernance des risques (Oye-Plage, septembre 2017)

28Ce schéma était ensuite discuté afin de voir si aucun acteur n’avait été oublié, négligé. Rapidement, la place de certains acteurs a été contestée par les habitants. Leur légitimité et leurs moyens d’action ayant été largement décriés, nous avons alors proposé aux habitants de réfléchir à leur gouvernance idéale des risques. C’est ainsi que dans chaque commune une nouvelle gouvernance dans la gestion des risques a été proposée par les résidents.

29Les trois ateliers que nous avons menés parallèlement se sont organisés en 3 phases. Lors de la première phase, les discussions étaient ouvertes et chaque participant pouvait exprimer ses idées, son point de vue. Dans la seconde phase, les discussions se sont engagées autour des idées exprimées par chacun des participants. C’est un moment essentiel puisque les habitants confrontent leurs idées, défendent leurs points de vue tout en prenant connaissance de la vision des autres. C’est le vrai temps du débat, de la controverse. Lors de la dernière phase, le coordinateur de chaque atelier, représenté par un chercheur du projet, synthétise les paroles de chacun et apporte les principales conclusions. Il met en lumière à la fois les points faisant consensus et ceux de désaccord.

30Ces ateliers participatifs ont permis aux habitants de faire émerger une vision du littoral dans l’avenir et les usages qu’ils souhaitaient privilégier, la gouvernance des risques et les solutions possibles de protection. Quelques mois plus tard, en réunion publique, chaque coordinateur a présenté les résultats qui ont émergé de chacun des trois ateliers. Il s’agissait de livrer, sans détour, la parole brute des habitants, la mise en cause de certains acteurs ayant été parfois complexe à gérer par l’équipe COSACO.

31Sur la base de ces dispositifs, quelques enseignements empiriques ont pu être tirés d’une démarche participative chercheurs-habitants.

32À la lumière du choix des stratégies élaborées en novembre 2019 par les habitants et les acteurs, et des principaux écueils relevés dans la littérature sur les démarches participatives, trois enseignements principaux peuvent être tirés des dispositifs mis en place par l’équipe COSACO. Ils ont pour objectifs de renseigner les futures équipes désireuses de mettre en place la co-construction de scenarios d’adaptation au changement climatique sur les littoraux. Les principaux écueils seront évoqués rapidement ainsi que les solutions mises en oeuvre. Pour chacune, un bilan a été élaboré. Les écueils repérés concernent d’abord la constitution de l’équipe de recherche et le sentiment d’abandon ressenti par les habitants lorsque le projet se termine. Un second écueil concerne la confiance entre les parties. Enfin, la dissolution du processus et les conflits entre les habitants constituent le troisième écueil.

3. Trois enseignements principaux de la mise en œuvre de ces dispositifs participatifs et des résultats ambivalents

3.1. Un succès pour l’expérimentation d’une démarche transdisciplinaire de recherche sur 30 mois

33Comme le note la littérature sur la participation habitante, plusieurs écueils existent quant à la constitution de l’équipe de recherche, sa pérennité, au sentiment d’abandon des habitants lors du départ des chercheurs contractuels, voire à la pénalisation des carrières des chercheurs engagés dans la démarche.

34L'une des principales originalités de ce projet a été de développer un programme de recherche-action transdisciplinaire afin d'intégrer les approches des sciences sociales et des sciences exactes. Comme le soulignent Benham et al. (2016), l'utilisation de méthodes mêlant ces deux approches en milieu côtier peut faciliter la compréhension de problèmes complexes et renforcer les résultats de la recherche. L'équipe de recherche était composée de scientifiques issus de la géographie humaine, de la sociologie, de la géomorphologie côtière et de l'océanographie physique avec pour objectif de développer une approche holistique au cours du projet, en tentant de dépasser les frontières disciplinaires, et en se plaçant les uns par rapport aux autres comme des experts ou des profanes avertis.

35Comme dans d’autres programmes de recherche, trois autres difficultés peuvent être soulignées : premièrement, la difficulté de maintenir l’investissement de tous les chercheurs durant l’ensemble du programme (Long, 2016 ; Cvitanovic et al., 2019). Deuxièmement, gérer le sentiment d’abandon exprimé par les participants au départ des contractuels engagés spécifiquement pour la recherche, et troisièmement, avoir une vigilance concernant les carrières des chercheurs afin qu’elles ne soient pas pénalisées (Balvanera et al., 2017), car malgré un fort investissement en temps dans ce type de recherche, il y a peu de publications académiques qui sont issues des processus participatifs. Il faut souligner le fort investissement éthique des chercheurs dans ce projet. En effet, il s’agissait, a contrario d’autres programmes de recherche plus tournés vers la recherche académique (Cvitanovic et al., 2019), de partager des connaissances et surtout de co-construire des scénarios d’adaptation afin de les porter auprès des acteurs publics dans le cadre d’une alliance science-société ou d’une science fortement participative (Allen, 2017) ; l’équipe espérant faire émerger une nouvelle coalition résidents-chercheurs pour influer sur le processus décisionnel. En ce qui concerne la pénalisation des carrières, le départ des contractuels, le nombre de publications ou de la durée du projet, la question ne s’est pas forcément posée dans l’équipe puisqu’elle était surtout composée de chercheurs titulaires dont cinq professeurs des universités, dont la carrière n’est pas uniquement dépendante d’une production immédiate de publications scientifiques.

3.2. Des avancées sur la confiance entre chercheurs et habitants, mais une persistance d’obstacles pour rapprocher experts et profanes

36Un second ensemble d’écueils repérés dans la littérature concerne la confiance à construire entre les différentes parties prenantes au fil de la démarche et la distribution du pouvoir. La question de la confiance se joue donc entre chercheurs et habitants autour de l’indépendance supposée des chercheurs (Hugel et Davies, 2020) et du rapprochement des savoirs experts et profanes. L’ethnographie de la participation (Cefaï et al., 2012) montre aussi qu’un jeu sur la gestion de l’espace peut minorer la distance entre chercheurs et habitants et que la gestion des temps de paroles est stratégique pour distribuer le pouvoir à tous les participants (Few et., 2007).

37Selon H. Nez (2011), plusieurs travaux ont déjà montré l’effacement des frontières traditionnelles entre savoirs experts et savoirs profanes, notamment dans le domaine de la sociologie des sciences (« démocratie technique »), à mesure que le citoyen est réintroduit dans la prise de décision politique et technique (Callon, Lascoumes et Barthe, 2001 ; Collins et Evans, 2002 ; Barthe, 2006 ; Bérard et Crespin, 2010). Sans considérer que la connaissance profane doit être mise au niveau (Flanquart, 2016), voire dans un cas extrême remplacer celle des experts, elle peut être indispensable dans la gestion des risques, surtout lorsqu’ils engagent un bouleversement du quotidien (Few et al., 2007).

38La confiance entre les participants chercheurs et habitants est donc la clé de voute de la réussite de tout processus participatif (Davies, 2005 cité par Hugel et Davies, 2020). Ce « pont » entre expert et profane a été pensé tout au long du projet dans les différents processus méthodologiques mis en place. Un des premiers objectifs était de donner une information claire et accessible à tous. Ainsi, les présentations des chercheurs donnaient lieu à des préparations et des répétitions pour que le discours soit simple d’accès ; l’expérience d’enseignant a été pour cela très utile. Pour le même objectif, et pour éviter les controverses qui naissent d’informations scientifiques contradictoires, l’équipe de chercheurs s’est présentée comme unitaire en masquant les grades, les appartenances universitaires et les spécialités de recherche, avec une seule adresse mail. Les échanges entre chercheurs et participants étaient dans l’ensemble importants, parfois conflictuels et certaines prises de parole relevaient de la contestation de la méthodologie, des résultats ou même de l’intérêt du projet. Pourtant, elles témoignent de l’implication des résidents dans le processus, et même d’une certaine aisance à prendre la parole en public, signe parfois violent d’une co-construction entre chercheurs et participants, bien loin de l’apathie du public occasionnellement relevée dans les processus participatifs (Few et al., 2007).

39Les discussions informelles avant et après les séances ont également souligné le respect mutuel. La valorisation de l’université locale et de proximité (Flanquart et al., 2012) a joué un rôle favorable dans cette double construction : « Ils en connaissent ! Mieux que ces gens qui sont dans les bureaux. Les gens du terrain comme vous, comme mon mari. Oui, ils ont de très bonnes idées, mais on les écoute pas » (OP, 23/03/18).

40Au fur et à mesure des réunions, l’agencement spatial des salles et le positionnement des membres de l’équipe au sein du groupe ont évolué, fruit aussi d’une volonté de réduire les clivages possibles. La première réunion publique de présentation du projet, en mode plénière, a mis face à face les chercheurs, venant exposer leur projet, et les habitants. Le but était de voir les visages des résidents et en retour d’être vu et de mettre en place une relation de confiance dans le temps. Puis, rapidement, les chaises des participants ont été disposées en arc de cercle. Et, progressivement, les tables ont été retirées pour limiter les barrières physiques et inciter à la discussion. De plus, après les deux premières réunions, et pour éviter d’être physiquement trop présents, les membres de l’équipe se sont installés dans le public quand ils n’intervenaient pas, devenant observateurs. La place de chaque participant est en effet, en soi, un objet de recherche à la manière d’E. Goffman (2013) donnant des informations sur la place que chacun se donne dans l’espace de délibération (Blondiaux, 2001 ; Cefaï et al., 2012). Si le placement des résidents dans la salle était libre, au fur et à mesure des rencontres, les leaders d’opinion se retrouvaient dans les premiers rangs, les membres des associations faisaient bloc autour de leur président, le maire d’une des communes choisissait plutôt une position intermédiaire. Une analyse précise des places de chacun reste cependant à faire.

41Pour favoriser les échanges et laisser à tous les résidents la possibilité de s’exprimer, ce qui est un danger réel des démarches participatives, les chercheurs sont devenus animateurs, ce qui était attendu, mais aussi médiateurs. D’une part, lorsque les débats étaient tendus entre les habitants, et entre chercheurs et habitants, un membre de l’équipe reprenait alors la parole pour expliciter les propos et devenait médiateur pour maintenir une ambiance favorable aux débats. D’autre part, à chaque séance, un membre de l’équipe était chargé de gérer le temps de parole (3 minutes) afin que tous les résidents puissent s’exprimer et que la parole ne soit pas monopolisée par les leaders d’opinion. Le risque de dissensions entre participants est d’ailleurs courant dans les recherches participatives (Long et al., 2016). Pour y pallier dans les ateliers participatifs, deux chercheurs au moins étaient présents par table ; le premier était chargé de l’animation et le second, de l’observation et du bon déroulement des échanges.

42Si la défiance à l'égard des scientifiques s'accroît dans les différentes enquêtes d'opinion, hors période de pandémie, cela doit interroger sur l'efficacité à long terme du dispositif de co-construction. Dès les premières rencontres, un certain nombre de questions ont émergé chez les habitants intégrés aux ateliers participatifs : « Que va devenir ce travail ? », « À quoi ça sert ? », « On ne décide de rien, à quand les services de l'État ? ». Dans un autre registre, nous avons également pu mesurer cette défiance lorsque nos ateliers participatifs ont été joints à des réunions publiques organisées, cette fois-ci, par les services de l'État. Le sentiment de défiance que nous avons évoqué s'est même exprimé dans les propos des acteurs en charge de l'action publique qui œuvrent à la consultation des populations et des associations locales. Par exemple, lorsque le représentant de l'État interviewé dans la presse locale mentionne explicitement que « malheureusement, un jour un scientifique va vous constituer un projet, et un autre expert va vous dire le contraire », cela ne fait que renforcer le sentiment de défiance envers le travail scientifique, y compris celui qui s'inscrit dans une démarche participative.

43Lors de ces assemblées, des remarques ont parfois aussi été sans appel : « Vous ne servez à rien ». Cette défiance vis-à-vis des chercheurs a même atteint une remise en question de notre éthique et de notre objectivité par des résidents : « Nous on ne veut pas payer tout cet argent (protection du trait de côte). Nous n’avons pas été interrogés par le questionnaire, vous (chercheurs) avez été manipulés par les gens du bas du village » (W., 24/11/18).

44De même, à Wissant, une condescendance de certains résidents par rapport aux chercheurs s’est révélée. Dans cette commune, quelques participants, ingénieurs en retraite par exemple, ou résidents principaux d’une grande agglomération, ont pensé relever des imprécisions dans le discours scientifique. La difficulté a été alors de rester pédagogue avec tous les participants, de rester un outsider (Green et al., 2003 cité par Long et al., 2016 ; Schmidt et al., 2014), c’est-à-dire cohérent avec le reste de la communauté scientifique. L’équipe a dû aussi systématiquement rappeler son indépendance vis-à-vis des institutions (État et collectivités territoriales) et les différents travaux scientifiques qui alimentaient leur réflexion ont été mis en ligne. Cette condescendance des participants lors des réunions publiques peut être interprétée en mobilisant par exemple la notion d’ironie ordinaire définie par R. Barbier (2005), c’est-à-dire une prise de distance des profanes vis-à-vis des mondes du public. R. Barbier (2005) a montré que ce détachement ironique est susceptible de se manifester soit comme lucidité (« l’expert est aux ordres »), soit comme désenchantement (« Finalement, on ne sait rien »). Il peut également s’agir du fait que « celles et ceux qui sont fournisseurs de savoirs (...) éveillent la méfiance de celles et ceux qui sont (...) habitants d’un territoire à risque » (Beck, 2003 in Flanquart, 2016) et cela, quel que soit leur niveau d’études.

45Lors des réunions publiques, nous avons pu aussi observer la même attitude vis-à-vis des structures de gestion et des représentants des autorités compétentes (État, département, municipalité). Ainsi, les participants manifestaient notamment un rejet du Conservatoire du Littoral, établissement public d’État en charge de la protection des espaces naturels littoraux par acquisition foncière. Au sein de la Réserve naturelle nationale du Platier d’Oye, le Conservatoire est accusé de ne pas répondre aux attentes des résidents concernant l’accès à la plage : « parler d‘accès à la plage, dites-moi comment faire avec le Conservatoire qui s’est tout accaparé ». Ils ont également exprimé une défiance vis-à-vis des représentants directs de l’État (préfet, sous-préfet), accusés d’être absents dans le déroulement des discussions et des réunions publiques : « On ne communique pas avec ces gens-là parce qu’ils font tout ce qu’ils veulent. Et c’est nous qui payons en plus » (OP, 23/03/2018). Dans cette situation, la coalition chercheurs-participants semblait effective : « Je vous remercie pour ce que vous faites. On est tous ensemble ici pour participer. Ce que j’aurais aimé c’est qu’un préfet ou qu’un sous-préfet soit là pour relayer ce que veut la population » (W., 25/11/17).

46Enfin, il semble que ce soit la lassitude des habitants, due au sentiment d’un manque de résultats efficaces face à l’érosion, qui les a conduits à une perte de confiance envers l’ensemble des acteurs publics : « Est-ce que ces études ne sont pas là, Madame, pour informer la population, c’est bien, mais aussi faire en sorte que pendant qu’on fait des études, on n’agit pas ? Parce qu’on a toujours une autre étude à faire. Et qu’on se justifie en quelque sorte dans les études, mais jamais d’un système efficace. Or, des systèmes efficaces, il en existe » (W, 25/11/17).

47Un dernier obstacle enfin, se situe dans des perceptions différentes du rapport au temps et à l’intérêt de la prospective, entre les chercheurs et les résidents. Comme dans la plupart des recherches prospectives, il existe un décalage concernant la temporalité à propos du futur des territoires, selon les chercheurs ou les résidents. En effet, pour la plupart des résidents, le futur ne se décline que sur quelques années et se limite à une temporalité assez réduite (de quelques jours à cinq ans). À l’inverse, le « Demain » (précisé dans l’intitulé du programme Fondation de France), correspond à une perspective d’au moins 50 ans pour les chercheurs. La question soulevée par les résidents de Oye-Plage à propos de l’escalier d’accès à la plage en est une parfaite illustration, avec un intérêt manifesté pour la résolution du problème dans un temps très court. Cette appréciation différenciée des temporalités est selon R. Few et al., 2007, la caractéristique des démarches participatives d’adaptation au changement climatique et contient une tension intrinsèque difficile à surmonter. Elle oppose une action couteuse et ayant un fort impact sur la vie quotidienne des habitants pour un futur lointain et incertain.

3.3. Des habitants présents, mais des collectifs revendicatifs aussi

48Pour qu’une démarche participative fonctionne, il faut que la population locale, dans sa diversité, ait connaissance du projet, s’identifie aux enjeux et accepte le projet et ses protagonistes. Au-delà de la présence effective des habitants, la question de la représentativité des personnes présentes est aussi en soi un enjeu éthique de tout processus participatif qui doit être discuté en amont du lancement du processus (Long et al., 2016). En effet, il a été largement identifié dans la littérature que tous les habitants n’ont pas le même accès à ces processus, trop souvent les démarches se résument à la participation de citoyens professionnels. Par rapport à cet écueil essentiel, plusieurs outils ont été mis en œuvre. D’abord, pour favoriser la venue de différentes populations, une communication assez large a été mise en place, grâce à des affichages dans les mairies, dans les commerces, sur les panneaux électroniques communaux, des encadrés dans les journaux municipaux et des invitations distribuées individuellement dans toutes les boîtes aux lettres pour le lancement du projet. La faible participation du premier atelier participatif à Oye-Plage a été un élément déclencheur pour changer la capacité de l’équipe à mieux communiquer en prenant en compte la diversité sociale et en densifiant nos moyens de communication (simplification du vocabulaire dans les documents à destination des habitants, individualisation des invitations entre Oye-Plage et Wissant, nouvelle distribution personnalisée dans les boîtes aux lettres). À Oye-Plage, il a été décidé de s’appuyer sur un groupe d’habitants particulièrement investis dans le projet nommés « les ambassadeurs ». Ils ont validé les outils de communications et ont diffusé les informations dans leurs réseaux personnels.

Figure 8 : Un flyer de communication travaillé avec les ambassadeurs

Figure 8 : Un flyer de communication travaillé avec les ambassadeurs

49Parallèlement, dès le début de la recherche, le service communication de l’université a contacté les journaux locaux pour les avertir du démarrage de la recherche et des premières réunions. Ainsi, la presse locale (La Voix du Nord et Nord-Littoral) a relaté les réunions et les ateliers participatifs en y ajoutant des comptes-rendus plus ou moins favorables à travers une quinzaine d’articles. À chaque fois, les articles mentionnaient la dimension participative du projet COSACO. Cette couverture médiatique a certainement favorisé une bonne communication autour du projet et a permis sans aucun doute de maintenir une bonne participation aux différentes rencontres chercheurs-habitants.

50D’après Charles (2012), la principale limite à la réussite des dispositifs participatifs est que les habitants se désinvestissent de la démarche au fil du temps (ici, un projet de trois ans). Pour COSACO cela n’a pas été confirmé. Dans l’ensemble, la présence des habitants a toujours été importante oscillant toutefois entre 30 et 70 personnes à chaque réunion. À Wissant, seule une réunion publique en novembre 2018 a été peu fréquentée par la population. À la différence de toutes les autres, elle avait été déplacée par la mairie et se tenait pendant une manifestation nationale. Il convient toutefois de noter que si le public a toujours été présent en nombre, il a changé selon les séances. Si on analyse la présence, le suivi longitudinal des présent(e)s a été assez disparate car peu de participants sont venus sur l’intégralité des réunions. Une majorité est venue de manière épisodique et/ou sélective (forte présence lors de la réunion du 25/11/17 sur la présentation des cartes « évolution future » notamment) ce qui illustre la priorité accordée par les habitants à l’intérêt de ce type de projet participatif, qui dans les faits, est plutôt un échec relatif. On en revient souvent à l’idée que l’intérêt personnel (le bâti et souvent « sa maison ») prime sur l’intérêt collectif (stratégie collective à adopter sur le long terme). Si les nouveaux participants étaient bienvenus, ils généraient souvent des incompréhensions sur les objectifs du programme, voire sur sa légitimité. Les « nouveaux » réclamaient des informations qui avaient déjà été présentées lors des réunions précédentes ; ce qui agaçait par ailleurs les participants réguliers. Les membres de l’équipe devaient régulièrement signaler que la question avait été traitée : « (...) j’aimerais juste faire un petit rappel pour les gens qui étaient là ou ceux qui n’étaient pas là. Sur ces questions-là, il y a quand même eu dans les premières phases du projet, toute la restitution du travail qu’on a fait sur l’évolution du trait de côte depuis le milieu du XXe siècle. On vous a présenté toute l’évolution du trait de côte. Et on vous a présenté aussi où pouvait être le trait de côte dans 10 ans, dans 50 ans et aussi les altitudes avec les niveaux de tempête et, en cas d’érosion, où l’eau peut passer. Je veux juste rappeler qu’on a présenté toutes ces cartes-là » (intervention d’un chercheur lors d’une réunion à OP, 23/03/18).

51Le choix de mettre en ligne sur le site web du projet tous les documents et les comptes rendus permettait aussi de renvoyer à cette documentation disponible. D’autant que, dans certains cas, notamment pour les différentes techniques de protection du littoral, des fiches méthodologiques complémentaires avaient été spécialement réalisées.

52Comme dans plusieurs recherches participatives, des tensions sont apparues entre les résidents durant les réunions et les ateliers. Cela résulte souvent de défauts dans l’identification de la communauté des participants (Long et al., 2016 ; Israel et al., 1998 cité par Long 2016). Pour les chercheurs, celle-ci était constituée dès le départ des résidents principaux et des résidents secondaires ; ces derniers jouant un rôle important dans le débat public dans les communes littorales (Rey-Valette et al., 2014), même si nous savions que cette identification poserait des difficultés. Pour permettre une large représentativité et favoriser la participation des personnes en situation d’activité, les réunions ont été placées le vendredi soir à Oye Plage et le samedi matin à Wissant où les résidences secondaires sont nombreuses, nous privant alors des acteurs institutionnels. Ce choix a été bénéfique car les résidents principaux et secondaires étaient présents ce qui a suscité des conflits attendus, mais d’autres ont émergé, plus inattendus.

53À Wissant par exemple, quatre types d’opposition d’intérêts ont pu être repérés ; ils reposaient sur une distinction spatiale et historique. Ainsi, se sont opposés les Wissantais du Haut (qui s’interrogent sur le financement des travaux du perré) versus ceux du Bas (à proximité du trait de côte) plus menacés ; cette opposition lors des réunions a été validée dans l’enquête par questionnaire menée par ailleurs par l’équipe COSACO (Ruz et al., 2020) ; les Wissantais « natifs » (se considérant comme « légitimes ») versus les « nouveaux », c’est-à-dire les personnes qui se sont récemment installées pour les aménités littorales ; les Wissantais en résidence principale (se considérant comme « prioritaires ») versus les résidents secondaires ; enfin, les Wissantais habitant au droit de la digue (considérés comme protégés) versus les résidents en retrait de la dune d’Aval (très vulnérables). Si ces oppositions paraissent simples, elles sont en réalité plus complexes, car les parcours résidentiels reconstruits lors de l’enquête par questionnaire montrent qu’on peut être secondaire pendant un temps et principal à la retraite, qu’une installation dans la commune il y a une vingtaine d’années vous rapproche des « natifs » et vous éloigne des « nouveaux », et que vous pouvez être « natif » et résident secondaire.

54À Oye-Plage, le même constat a pu être établi, avec notamment un groupe d’habitants du lotissement des Ecardines revendiquant surtout (de façon parfois vindicative/agressive) le rétablissement d’un accès privilégié à la plage (Rufin-Soler C. et al., 2020).

55Ces prédispositions au débat ont conduit à des échanges parfois houleux, prétextes à des règlements de compte qui semblaient relever d’un contexte plus ancien et extérieur à notre problématique. Ces diverses réactions et comportements ont montré, au-delà des divergences d’intérêts, un déséquilibre dans la représentation des résidents, car force est de constater que les interventions les plus fréquentes émanaient des représentants des associations ou de personnes habituées à intervenir en public malgré les efforts faits en ce sens ; le questionnaire représentatif de perception du risque a permis de donner une vision plus globale.

Conclusion

56Le principal objectif de cet article est de restituer la méthodologie d’une recherche-action participative mobilisant une diversité de dispositifs impliquant à la fois des chercheurs et des habitants à propos des enjeux de l’adaptation au changement climatique pour deux communes côtières de la Région Hauts-de-France, Oye-Plage et Wissant, exposées à des risques d’érosion et de submersion marine. La démarche participative a permis l’expression de points de vue individuels en évitant le plus possible les interférences et a créé un espace favorable pour des échanges afin de construire des visions globales partagées. Les citoyens n’ont pas été les objets de la recherche, mais bien les acteurs de cette dernière. Si l’article n’aborde pas la thématique de la recherche concernant l’adaptation au changement climatique et la co-construction de scénarios d’adaptation (Ruz et al., 2020, 2021), il se focalise sur les réussites et les difficultés ou obstacles rencontrées lors de la mise en œuvre de ces actions participatives. L’un des objectifs était de rompre la distance habituellement rencontrée entre experts et profanes. L’analyse de cette démarche montre qu’avec un dispositif très cadré, intégrant une diversité de dispositifs et mobilisant une équipe de chercheurs expérimentés, l’émergence de relations de confiance, susceptibles de se maintenir dans la durée entre experts et profanes est possible. La mise en œuvre de cette démarche participative a également contribué à améliorer la production et le partage de connaissances entre scientifiques et habitants. Elle a également démontré aux acteurs publics et gestionnaires des risques côtiers la capacité de mobilisation des populations et leur disposition à être confrontées aux changements, susceptibles d’être initiés par les nouvelles politiques publiques de gestion des risques côtiers. À Wissant, les rencontres répétées entre plusieurs représentants d’associations durant nos réunions ont d’ailleurs contribué à leur rapprochement. Les revendications portées par ces associations ont reçu le soutien du nouveau maire et ont provoqué l’émergence d’une commission « trait de côte » dans l’organisation de la municipalité. Les habitants/résidents/citoyens/usagers réclament globalement une reconnaissance et un pouvoir d’agir face à ce qu’on peut résumer dans la dégradation de leur cadre de vie : les associations de riverains et propriétaires à Wissant regroupées dans cette Commission Trait de Côte de la municipalité exposent eux-mêmes leurs solutions et veulent se positionner comme des acteurs de la gestion des risques côtiers avec un pouvoir décisionnaire constituant l’émergence d’un contre-pouvoir.

57Cependant, cette recherche montre également la persistance possible d’une défiance envers les scientifiques et d’une défiance relativement marquée envers l’action publique nationale ; c’est une caractéristique que l’on retrouve dans la plupart des risques environnementaux. Cette défiance constitue sans aucun doute le principal défi à relever dans le cadre de la mise en oeuvre des politiques publiques et plus particulièrement celles concernant le changement climatique. Par exemple, le profond décalage qui pourrait exister entre les connaissances théoriques vulgarisées dans les réunions publiques et la pratique citoyenne verbalisée dans les ateliers participatifs peut conduire à certains malentendus quant à l'utilité de la démarche de co-construction. Une troisième source de méfiance apparaîtrait lorsque les scientifiques n'apportent aucune connaissance nouvelle dans le contexte de l'étude ou lorsqu'ils oublient, du point de vue du citoyen, certains facteurs explicatifs de l'expertise locale. Enfin, de nombreuses questions demeurent sur l'identité de la communauté, ses divisions internes par rapport aux processus participatifs et les échelles des territoires concernés.

Haut de page

Bibliographie

Adger W.N., 2001, Scales of governance and environmental justice for adaptation and mitigation of climate change, Journal of International Development, Vol. 13, pp. 921-931.

Aernouts D. & Héquette A., 2006. L’évolution du rivage et des petits-fonds en baie de Wissant pendant le XXe siècle (Pas-de-Calais, France), Géomorphologie : relief, processus, environnement, Vol. 12, n° 1, pp. 49-64.

Akkari C. & Bryant, C.R., 2016, The co-construction approach as approach to developing adaptation strategies in the face of climate change and variability: A conceptual framework, Agricultural Research, Vol. 5, n° 2, pp. 162-173.

Allen B., 2018, Strongly Participatory Science and Knowledge Justice in an Environmentally Contested Region, Science, Technology, & Human Values, Vol. 43, n° 6, pp. 947-971, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1177/0162243918758380, mis en ligne le 14/02/2018, consulté le 12/04/2023.

Alves F.L., Sousa L.P., Almodovar M. & Phillips M.R., 2013, Integrated Coastal Zone Management (ICZM): a review of progress in Portuguese implementation, Reg Environ Change, Vol. 13, pp. 1031-1042, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1007/s10113-012-0398-y, mis en ligne le 30/01/2013, consulté le 12/04/2023.

Arnstein S.E., 1969, A Ladder Of Citizen Participation, Journal of the American Institute of Planners, Vol. 35, n° 4, pp. 216-224, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1080/01944366908977225, mis en ligne le 26/11/2007, consulté le 12/04/2023.

Balvanera P., Sander J., Nagendra H., O’farrell P., Bridgewater P., et al., 2017, Key features for more successful place-based sustainability research on social-ecological systems: a Programme on Ecosystem Change and Society (PECS) perspective, Ecology and Society, Vol. 22, n° 14, pp. 345-353.

Barbier R., 2005, Quand le public prend ses distances avec la participation, Natures Sciences Sociétés, Vol. 13, pp. 258-265.

Barthe Y., 2006, Le pouvoir d’indécision. La mise en politique des déchets nucléaires, Paris : Economica.

Battiau-Queney Y., Billet J.F., Chaverot S. & Lanoy-Ratel P., 2003, Recent shoreline mobility and geomorphologic evolution of macrotidal sandy beaches in the north of France, Marine Geology, Vol. 194, pp. 31-45.

Benham C. F. & Daniell K. A., 2016, Putting transdisciplinary research into practice: A participatory approach to understanding change in coastal social-ecological systems, Ocean & Coastal Management, Vol. 128, pp. 29-39.

Bérard Y. & Crespin R., 2010, Objet flou, frontières vives. L'expertise entre savoirs et pouvoirs, in Y. Bérard & R. Crespin (dir.), Aux frontières de l'expertise. Dialogues entre savoirs et pouvoirs, Rennes : Presses Universitaires de Rennes, pp. 15-31.

Blondiaux L. & Fourniau J.-M., 2011, Un bilan des recherches sur la participation du public en démocratie : beaucoup de bruit pour rien ?, Participations, n° 1, pp. 10-34.

Blondiaux L., 2001, Démocratie locale et participation citoyenne : la promesse et le piège, Mouvements, Vol. 18, n° 5, pp. 44-51.

Bousquet F., Rocle N., Rey-Valette H., Meur-Férec C., Vye, D., Lautrédou-Audouy N. & Becu N., 2021, Une exploration interdisciplinaire des liens entre relation au lieu et concernement. À propos des risques fluviaux et côtiers en France métropolitaine, Natures Sciences Sociétés, Vol. 29, pp. 141-158, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1051/nss/2021038, mis en ligne le 27/08/2021, consulté le 12/04/2023.

Callon M., Lascoumes P. & Barthe Y. 2010. Agir dans un monde incertain, Paris : Le Seuil.

Cefaï D., Carrel M., Talpin J., Eliasoph N. & Lichterman P., 2012, Ethnographies de la articipation, Participations, Vol. 4, pp. 7-48, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3917/parti.004.0005, mis en ligne le 11/12/2012, consulté le 12/04/2023.

Charles J., 2012, Comment la cartographie méconnaît les habitants : Le formatage de la participation dans une commune belge, Participations, Vol. 4, n° 3, pp. 155-178.

Chouinard O., Plante S., Weissenberger S., Noblet M. & Guillemot J., 2017, The Participative Action Research Approach to Climate Change Adaptation in Atlantic Canadian Coastal Communities, in W. Leal Filho & J. Keenan (eds), Climate Change Adaptation in North America. Climate Change Management, Springer : Cham, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1007/978-3-319-53742-9_5, mis en ligne le 28/05/2017, consulté le 12/04/2023.

Cigliano J.A., Meyer R., Ballard H. L., Freitag A., Philipps T., B. & Wasser A., 2015, Making marine and coastal citizen matter, Ocean & Coastal Management, Vol. 115, pp. 77-87.

Coenen H., 2001, Recherche-action : rapports entre chercheurs et acteurs, Revue internationale de psychosociologie, Vol. 7, n° 16, pp. 19-32.

Collins H. & Evans R., 2002, The Third Wave of Science Studies : Studies of Expertise and Experience, Social Studies of Science, Vol. 2, pp. 235-296.

Conrad C.C. & Hilchey K.G., 2011, A review of citizen science and community-based environmental monitoring: issues and opportunities, Environ Monit Assess, Vol. 176, pp. 273-291, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1007/s10661-010-1582-5, mis en ligne le 17/07/2010, consulté le 12/04/2023.

Crapoulet A., Héquette A., Marin D., Levoy F. & Bretel P., 2017, Variations in the response of the dune coast of Northern France to major storms as a function of available beach sediment volume, Earth Surface Processes and Landforms, Vol. 42, pp. 1603-1622.

Crettaz von Roten F. & Moeschler O., 2010, Les relations entre les scientifiques et la société, Sociologie, Vol. 1, n° 1, pp. 45-60.

Cvitanovic C., Howden M., Colvin R.M., Norström A., Meadow A.M. & Addison P.F.E, 2019, Maximising the benefits of participatory climate adaptation research by understanding and managing the associated challenges and risks, Environmental Science & Policy, Vol. 94, pp. 20-31.

Dasgupta S., Laplante B., Murray S. & Wheeler D., 2011, Exposure of developing countries to sea-level rise and storm surges, Climatic Change, Vol. 106, pp. 567-579.

Davies A., 2005, Local action for climate change: transnational networks and the Irish experience, Local Environment, Vol. 10, n° 1, pp. 21-40.

Deboudt P., 2012, Testing the implementation of ICZM in France, Ocean and Coastal Management, Vol. 57, pp. 62-78.

Douglas E.M., Kirshen P.H., Paolisso M., Watson C., Wiggin J., Enrici A. & Ruth M., 2012, Coastal flooding, climate change and environmental justice: identifying obstacles and incentives for adaptation in two metropolitan Boston Massachusetts communities, Mitigat. Adapt. Strateg. Glob. Change, Vol. 17, n° 5, pp. 537-562.

Drobenko B., Amara R., Héquette A. & Herbert V., 2014. Gouvernance des risques littoraux en Nord-Pas-de-Calais, rapport de synthèse, programme Fondation de France.

Emery K.O., 1961, A simple method of measuring beach profiles, Limnology and Oceanography, Vol. 6, pp. 90-93.

Few R., Brown K. & Tompkins E.L., 2007, Public participation and climate change adaptation : avoiding the illusion of inclusion, Climate Policy, Vol. 7, n° 1, pp. 46-59.

Flanquart H., 2016, Des risques et des hommes, Paris : Presses Universitaires de France.

Flanquart H., Hellequin A.P. & Vallet P., 2012, Faire ou non confiance aux gestionnaires du risque ? Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement, Vol. 1, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/567, mis en ligne le 15/02/2012 consulté le 12/04/2023.

Giddens A., 1994, Les conséquences de la modernité, Paris : L’Harmattan

GIEC, 2019, Résumé à l’intention des décideurs, Rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique [sous la direction de H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, V. Masson-Delmotte, P. Zhai, M. Tignor, E. Poloczanska, K. Mintenbeck, M. Nicolai, A. Okem, J. Petzold, B. Rama et N. M. Weyer].

Goffman E., 2013, Comment se conduire dans les lieux publics : notes sur l’organisation sociale des rassemblements, Paris: Economica.

Green L. W., George A., Daniel M., Frankish C. J., Herbert C. P., Bowie W. R., et al., 2003, Guidelines for participatory research in health promotion, in M. Minkler & N. Wallerstein (Eds.), Community based participatory research in health, San Francisco: Jossey-Bass, pp. 419-428.

Guillemot J., 2011, Proximité et démarches participatives à l’Isle-aux-Grues et l’Isle-aux-Coudres (Québec), Territoire en mouvement, Vol. 11, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/1198, mis en ligne le 01/09/2013 consulté le 12/04/2023.

Hegger D, Mees H., Driessen P. & Runhaar H., 2017, The Roles of Residents in Climate Adaptation: A systematic review in the case of the Netherlands, Environmental Policy and Governance Env. Pol. Gov., https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1002/eet.1766, mis en ligne le 14/06/2017 consulté le 12/04/2023.

Héquette A., 2010, Les risques naturels littoraux dans le Nord-Pas-de-Calais, France, VertigO, Vol. H-S 8, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/vertigo.10173, mis en ligne le 21/10/2010 consulté le 12/04/2023.

Héquette A., Ruz M.-H., Cohen O. & Schmitt F.G., 2023, Cartographie prospective d’évolution du trait de côte et des risques de submersion dans un contexte du changement climatique : une méthode appliquée au littoral du nord de la France. VertigO, à paraître.

Herbert V., Maillefert M., Petit O. & Zuindeau B., 2009, Risque environnemental et action collective : l’exemple de la gestion du risque d’érosion à Wissant (Côte d’Opale), VertigO, Vol. 9, n° 3, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/vertigo.9303, mis en ligne le 14/12/2009 consulté le 12/04/2023.

Hisschemöller M., Tol, R.S. & Vellinga P. 2001, The Relevance of Participatory Approaches in Integrated Environmental Assessment, Integrated Assessment, Vol. 2, pp. 57-72, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1023/A:1011501219195, mis en ligne en juin 2001 consulté le 12/04/2023.

Hügel S. & Davies A. R., 2020, Public participation, engagement, and climate change adaptation: A review of the research literature, WIREs Climate Change, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1002/wcc.645, mis en ligne le 27/03/2020 consulté le 12/04/2023.

IPCC, 2013, Climate change 2013: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change , T.F. Stocker et al. (eds.), Cambridge: Cambridge University Press.

IPCC, 2019. Special Report on Ocean and Cryosphere in a Changing Climate

Israel B. A., Schulz J., Parker E. A. & Becker A. B., 1998, Review of community based research : Assessing Partnership Approaches to Improve Public Health, Annual Review of Public Health, Vol. 19, n° 1, pp. 173-202

Jongman B., Ward P.J. & Aerts J.C.J.H., 2012, Global exposure to river and coastal flooding: long term trends and changes, Global Environmental Change, Vol. 22, pp. 823-835.

Le Crosnier H., Neubauer C. & Storup B., 2013, Sciences participatives ou ingénierie sociale : quand amateurs et chercheurs co-produisent les savoirs, Hermès, Vol. 67, n° 3, pp. 68-74.

Le Duff M., Dumas P., Allenbach M. & Cohen O., 2019, An orientation for coastal disaster risks management and prevention policy in a global warmin context: Case study in Ouvea (New Caledonia), Marine Policy, 10.1016/j.marpol.2018.12.012 . hal-03333407, mis en ligne en 2019 consulté le 12/04/2023.

Lebbe T.B., Rey-Valette H., Chaumillon E., Camus G., Rafael Almar, et al., 2021, Designing Coastal Adaptation Strategies to Tackle Sea Level Rise, Frontiers in Marine Science, Vol. 8, 10.3389/fmars.2021.740602, hal-03412421, mis en ligne le 3/11/2021 consulté le 12/04/2023.

Lefrançois R., 1997, La recherche collaborative : essai de définition, Nouvelles pratiques sociales, Vol. 10, n° 1, pp. 81-95, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.7202/301388ar, mis en ligne le 28/01/2008 consulté le 12/04/2023.

Lewin K. 1946, Action research and minority problems, Journal of Social Issues, Vol. 2, n° 4, pp. 34-46.

Long J. W., Ballard H.L., Fisher H. A. & Belsky J., M., 2016, Practice-based knowledge. Questions that won’t go away in participatory research, Society & Natural Resource, Vol. 29, pp. 250-263.

MacDonald C., 2012, Understanding participatory action research : a qualitative research methodology option, Canadian Journal of Action Research, Vol. 13, n° 2, pp. 34-50.

McGinlay J., Jones N., Clark J. & Maguire-Raipaul V.A., 2021, Retreating coastline, retreating government? Managing sea level rise in an age of austerity, Ocean & Coastal Management, Vol. 204, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1016/j.ocecoaman.2020.105458, mis en ligne le 15/04/2021 consulté le 12/04/2023.

Meur-Ferec, C., 2007, La GIZC à l’épreuve du terrain : premiers enseignements d’une expérience française, Développement durable et territoires, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/developpementdurable.4471, mis en ligne le 7/01/2007 consulté le 12/04/2023.

Mineo-Kleiner L., Perherin C. & Meur-Ferec C., 2021, La difficile territorialisation des stratégies nationales de gestion des risques côtiers en France, Annales de géographie, Paris : Armand Colin.

Mineo-Kleiner L. & Meur-Ferec C., 2016, Relocaliser les enjeux exposés aux risques côtiers en France : points de vue des acteurs institutionnels, VertigO,Vol. 16, n° 2, http://vertigo.revues.org/17656, mis en ligne le 9/09/2016 consulté le 12/04/2023.

Mondal P. & Tatem A.J., 2012, Uncertainties in measuring populations potentially impacted by sea level rise and coastal flooding, PLoS ONE, Vol. 7, 10.1371/journal.pone.0031743, mis en ligne le 21/02/2012 consulté le 12/04/2023.

Monfort A., Amalric M., Becu N., Anselme B., Beck E., Bertin X., Costa S., Laatabi A., Maquaire O., Marilleau N., Pignon-Mussau C. & Rousseaux F., 2021, Analyser la réception sociale du recul stratégique face au risque de submersion marine en Camargue et en Normandie à travers une expérience simulée, Bulletin de l’association de géographes français, Vol. 98, n° 3/4, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/bagf.8639, mis en ligne le 1/07/2022 consulté le 12/04/2023.

Neumann B., Vafeidis A.T., Zimmermann J. & Nicholls R.J., 2015, Future coastal population growth and exposure to sea-level rise and coastal flooding - A global assessment, PLOS ONE, Vol. 10, n° 3.

Nez H., 2011, Nature et légitimités des savoirs citoyens dans l’urbanisme participatif, Sociologie, n° 4, Vol. 2, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/sociologie/1098, mis en ligne le 29 février 2012 consulté le 12/04/2023.

Oen A. M., Bouma G. M., Botelho M., Pereira P., Haeger‐Eugensson M., Conides A., Przedrzymirska J., Isaksson I., Wolf C., Breedveld G. D. & Slob A., 2016, Stakeholder involvement for management of the coastal zone, Integr Environ Assess Manag, Vol. 12, pp. 701-710.

Paxion K. & Cohen O., 2002, La baie de Wissant : cent ans d’évolution du rivage, Mappemonde, Vol. 67, pp. 24-27.

Plante S., Vasseur L. & Santos Silva J., 2018, Adaptation des communautés côtières aux effets des changements climatiques sous l’angle de la résilience : lier la gouvernance locale au développement durable, VertigO, Vol. 18, n° 2, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/vertigo.22079, mis en ligne le 5/09/2018 consulté le 12/04/2023.

Puleo J. A., Pearre N. S., He L., Schmied L., O'Neal M., Pietro L. S. & Fowler M., 2008, A single-User subaerial beach profiler, Journal of Coastal Research, Vol. 244, pp. 1080-1086, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.2112/06-0665.1, mis en ligne le 1/07/2008 consulté le 12/04/2023.

Reed M. S., Vella S., Challies E., de Vente J., Frewer L., Hohenwallner‐Ries D., Huber T., Neumann R. K., Oughton E. A., Sidoli del Ceno J. & van Delden H., 2018, A theory of participation : what makes stakeholder and public engagement in environmental management work?, Restor Ecol, Vol. 26, pp. S7-S17, DOI:10.1111/rec.12541, mis en ligne le 22/08/2017 consulté le 12/04/2023.

Rey-Valette H., Rulleau B., Hellequin A.-P., Meur-Ferec C. & Flanquart H., 2014, Second-home owners and sea-level rise : the case of the Languedoc-Roussillon, Journal of Policy Research in Tourism, Leisure and Events, 10.1080/19407963.2014.942734, mis en ligne le 4/08/2014 consulté le 12/04/2023.

Rocle N., 2015, Gouverner l’adaptation au changement climatique sur (et par) les territoires. L’exemple des littoraux aquitain et martiniquais, Natures Sciences Sociétés, Vol. 23, pp. 244-255, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1051/nss/2015046, mis en ligne le 14/09/2015 consulté le 12/04/2023.

Rufin-Soler C., Ruz M.-H., Deboudt P., Révillon R., 2020, Comment vivre avec des conflits d’usages au sein d’un espace naturel protégé exposé à des risques littoraux ?, VertigO, Vol. 20, n° 1, https:// doi.org/10.4000/vertigo.27769, mis en ligne le 14/09/2015 consulté le 12/04/2023.

Ruz M.-H., Héquette A. & Marin D., 2016, Development of large nebkhas along an accreting macrotidal coastline, Northern France, Aeolian Research, Vol. 24, pp. 1-14, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1016/j.aeolia.2016.11.002, mis en ligne le 8/12/2016 consulté le 12/04/2023.

Ruz M.-H., Héquette A., Marin D., Sipka V., Crapoulet A. & Cartier A., 2017, Development of an incipient foredune field along a prograding macrotidal shoreline, northern France, Géomorphologie : relief, processus, environnement, Vol. 23, n° 1, pp. 37-50.

Ruz M.-H., Rufin-Soler C., Hellequin A.P., Héquette A., Deboudt P., Herbert V., Cohen O., Lebreton F., Le Goff L., Révillon R, Schmitt F. & Marin D., 2021, COSACO : Quel littoral dans cinquante ans ? Co-construction des stratégies d’adaptation au changement climatique en Côte d’Opale, rapport de synthèse, 77 p.

Ruz M.-H., Rufin-Soler C., Héquette A., Révillon R., Hellequin A.-P., et al., 2020, Climate Change and Risk Perceptions in Two French Coastal Communities, Journal of Coastal Research, Vol. 95, n° sp1, pp. 875.

Ruz M-H. & Meur-Férec C., 2004, Influence of high water levels on aeolian sand transport : upper-beach/dune evolution on a macrotidal coast, Wissant Bay, Northern France, Geomorphology, Vol. 60, pp. 73-87.

Schmidt L., Gomes C., Guerreiro S., O’Riordan T., 2014, Are we all on the same boat? The challenge of adaptation facing Portuguese coastal communities: Risk perception, trust-building and genuine participation, Land Use Policy, Vol. 38, pp. 355-365.

Schmitt F. G., Crapoulet A., Héquette A., Huang Y., 2018, Nonlinear dynamics of the sea level time series in the Eastern English Channel, Natural Hazards, Vol. 91, pp. 267-285.

Stockdon H.F., Holman R.A., Howd P.A. & Sallenger A.H., 2006, Empirical parameterization of setup, swash, and runup, Coastal Engineering, Vol. 53, n° 7, pp. 573-588.

Troadec R., 1991, Courantologie et sédimentologie des baies de Saint-Paul et de la Possession à l'île de La Réunion, Thèse de doctorat, Université d’Aix-Marseille II, 217 p.

Van Vuuren D.P., Edmonds J., Kainuma M., Riahi K., Thomson A., Hibbard K., Hurtt G.C., Kram T., Krey V., Lamarque J.-F., Masui T., Meinshausen M., Nebojsa Nakicenovic N., Steven J., Smith S.J. & Rose, S.K., 2011, The representative concentration pathways: an overview, Climatic Change, Vol. 109, n° 5, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.1007/s10584-011-0148-z, mis en ligne le 5/08/2011 consulté le 12/04/2023.

Wilson A., 1963, The Wild Garden, or Speaking of Writing, Berkeley: University of California Press.

Zemmour A., 2019, Étude de l'évolution des littoraux dunaires de la Côte d'Opale à différentes échelles de temps : analyse de leur capacité de régénération post-tempête, Thèse de doctorat Université du Littoral-Côte d’Opale, Dunkerque.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1: Carte de localisation.
Crédits 1 : Wissant, 2 : Oye-Plage
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Titre Figure 2A: Wissant, dune d’Aval
Crédits Source: Association « Amis de la Baie de Wissant »
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 136k
Titre Figure 2B: Platier d’Oye, lotissement des Ecardines
Crédits Source: Association « Amis de la Baie de Wissant »
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 156k
Titre Figure 3: Carte prospective de la zone côtière en 2065 pour Wissant
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 272k
Titre Figure 4 : Exemples de réunions publiques à Oye-Plage (photo à gauche) et Wissant (photo à droite) en novembre 2017
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 108k
Titre Figure 5 : Exemples de cartes participatives décrivant les usages passés, actuels et futurs en Baie de Wissant
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Titre Figure 6 : Exemple d’un atelier participatif sur le « retour d’expériences » (Wissant, juin 2017)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 424k
Titre Figure 7 : Un atelier sur la gouvernance des risques (Oye-Plage, septembre 2017)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
Titre Figure 8 : Un flyer de communication travaillé avec les ambassadeurs
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/docannexe/image/10231/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 268k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Anne-Peggy Hellequin, Caroline Rufin-Soler, Philippe Deboudt, Marie-Hélène Ruz, Florian Lebreton, Arnaud Héquette et Vincent Herbert, « S’adapter au changement climatique sur le littoral : retours empiriques sur une démarche participative chercheurs-habitants (Côte d’Opale, France) »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 60 | 2024, mis en ligne le 14 avril 2023, consulté le 19 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/tem/10231 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/l92y

Haut de page

Auteurs

Anne-Peggy Hellequin

Professeure des Universités
Université de Nanterre
aphellequ@parisnanterre.fr

Articles du même auteur

Caroline Rufin-Soler

Maître de conférences en géographie
Université du Littoral Côte d’Opale
rufin@univ-littoral.fr

Philippe Deboudt

Professeur des Universités, Université de Lille & Université Littoral Côte d'Opale, philippe.deboudt@univ-lille.fr

Articles du même auteur

Marie-Hélène Ruz

Professeure des Universités, Université Littoral Côte d'Opale & Université de Lille, ruz@univ-littoral.fr

Florian Lebreton

Maître de conférences, Université Littoral Côte d'Opale & Université de Lille, florian.lebreton@univ-littoral.fr

Arnaud Héquette

Professeur des Universités, Université Littoral Côte d'Opale & Université de Lille, arnaud.hequette@univ-littoral.fr

Vincent Herbert

Professeur des Universités, Université Littoral Côte d'Opale & Université de Lille, dir.inrent@univ-littoral.fr

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search