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Texte intégral

1Depuis 2013, la revue Technè a repris une formule mise en place par Jean-Pierre Mohen et interrompue en 2007, qui consiste à consacrer un numéro sur quatre aux actualités de l’apport des sciences à la conservation du patrimoine. Le présent numéro inaugure cependant une formule nouvelle pour la revue, celle d’alimenter la rubrique « Actualités et perspectives » par un appel ouvert à contributions. Chacune des propositions reçues a été soumise à une expertise menée par les membres du comité de rédaction ou par des spécialistes extérieurs. Cette lecture critique a permis de sélectionner les sujets et de bâtir un sommaire cohérent et équilibré. De la sorte, la revue s’ouvre plus largement à des contributeurs extérieurs et à des sujets nouveaux, au-delà du cadre plus contraint des numéros thématiques.

2Le sommaire du présent numéro présente donc par nature un spectre très large de thèmes afin de suivre, dans la mesure du possible, les avancées récentes de cet apport des sciences à la conservation, qui est le fondement même de la création et de la vie de la revue Technè. Il faut ici entendre les sciences au sens le plus large et le plus interdisciplinaire : l’histoire de l’art, l’histoire de la conservation et de la restauration y figurent au même titre que la physique, la chimie ou l’imagerie scientifique. Le dossier qui ouvre le numéro porte sur la place de la documentation dans le processus de restauration et sur l’étude des sources anciennes de la pratique actuelle. Les articles qui composent ce dossier apportent des éléments nouveaux et passionnants à l’histoire de la restauration, montrant que l’acte de documenter une intervention par la gravure, par le dessin et, depuis le xixe siècle, par la photographie, est une démarche bien plus ancienne qu’on ne le croit souvent. On y voit que ses origines remontent au xviiie siècle et manifestent un souci réel de permettre aux amateurs et aux historiens de distinguer l’original de l’apport contemporain, par la trace documentaire sinon par la visibilité sur l’œuvre elle-même. Bien évidemment, cette démarche novatrice s’attache au prestige de l’art de l’Antiquité, et non aux manifestations plus récentes du Moyen Âge et des temps modernes ; celles-ci devront attendre le xixe siècle et surtout les théoriciens du xxe siècle, comme Cesare Brandi, pour recevoir la même attention. Cette étude des sources documentaires anciennes, qui permet de mieux connaître les avatars qu’ont subis les œuvres et l’approche déontologique et critique qui a présidé à leur restauration, nous conforte bien évidemment dans notre exigence documentaire actuelle, indispensable aux études et aux interventions que mèneront nos successeurs.

3Le dossier d’actualités s’attache de manière très large à la matérialité d’œuvres variées. On y voit comment l’apport de l’imagerie scientifique, l’analyse par PIXE-PIGE sur l’accélérateur AGLAE, ou l’analyse par microscopie électronique à effet de champ permettent de proposer des attributions très assurées pour des fragments de terres cuites glaçurées des Della Robbia à Marseille, de suggérer des changements de parti, de format et de mains pour le Portrait d’Antoine de la Roque de Watteau, d’éclairer la genèse de certains tableaux de Gustave Courbet, de mieux appréhender les phénomènes d’altération des ambres du fonds Campana du Louvre, comme enfin de comprendre les mécanismes d’opacification d’émaux du xixe siècle de la manufacture de Sèvres.

4Le numéro se conclut par des études validant de nouveaux protocoles de traitement pour des œuvres en matériaux organiques, textiles et bois. Il s’agit là des résultats de travaux récents menés à l’Institut national du patrimoine, département de formation des restaurateurs, et au laboratoire ARC-Nucléart à Grenoble. Ces trois articles ouvrent de nouvelles perspectives sur les questions délicates du traitement des filés d’argent ternis dans les textiles, de la désinsectisation des bois et de la consolidation des bois gorgés d’eau, qui seront fort utiles aux responsables de collections, lecteurs de la revue Technè.

5Je voudrais terminer cet éditorial par des remerciements appuyés à la rédactrice en chef de la revue, Brigitte Bourgeois, aux coordinateurs et au comité de rédaction. Ils ont œuvré à la cohérence et à la qualité de ce numéro ainsi qu’au bon lancement de cette nouvelle formule qui sera reconduite l’année prochaine et permettra d’affirmer le rôle de Technè comme support largement ouvert aux travaux transdisciplinaires, dans le domaine de la conservation du patrimoine muséal.

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Pour citer cet article

Référence papier

Isabelle Pallot-Frossard, « Éditorial »Technè, 42 | 2015, 3.

Référence électronique

Isabelle Pallot-Frossard, « Éditorial »Technè [En ligne], 42 | 2015, mis en ligne le 01 décembre 2015, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/techne/6427 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/techne.6427

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Auteur

Isabelle Pallot-Frossard

Conservateur général du patrimoine, Directeur du Centre de recherche et de restauration des musées de France.

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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