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III. Un défi interdisciplinaire

Des objets polymorphes : décrire la matérialité des saints Suaires du Moyen Âge à nos jours

Polymorphous objects: Describing the materiality of the holy shrouds from the Middle Ages to the present
Nicolas Sarzeaud
p. 86-95

Résumés

Les reliques, parce qu’elles doivent justifier de leur prétention à l’authenticité, sont parmi les objets le plus régulièrement décrits dans la documentation depuis le Moyen Âge. Ainsi, l’apparence des Suaires du Christ est détaillée par des textes et des images depuis le xie siècle jusqu’à nos jours. Ces descriptions évoluent sur plusieurs points : les fragments deviennent des linges entiers, les linges blancs se chargent de taches. Cette mutation se concentre particulièrement sur les derniers siècles du Moyen Âge, témoignant à la fois d’une montée en puissance de l’esthétique indiciaire dans la culture visuelle et d’un changement plus profond dans le rapport aux reliques, dont les descriptions tendent à se spécifier, leur consacrant un régime de singularité. Pour ces objets au statut singulier, il est encore aujourd’hui difficile d’obtenir des données fiables sur leur matérialité : ainsi, le Suaire de Turin, au centre d’un culte contemporain, est concerné par des études nombreuses et contradictoires, présentant des méthodes à la scientificité discutée, nouvelle étape dans la longue histoire de ce polymorphisme des objets.

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Extrait du texte

Ce document sera publié en ligne en texte intégral en septembre 2025.

Plan

« Saint Suaire », un mot et cent choses
Le sang perce
Un régime de singularité des objets
Une science des Suaires ?
Une vérité d’objet

Aperçu du texte

Nombre de reliques ont fait l’objet de descriptions écrites régulières, pour les identifier et certifier leur authenticité, plus rarement de représentations, dont la mise en série donne un résultat parfois déroutant : leur aspect semble changer d’un témoin à l’autre. Ainsi, nous conservons le Suaire du Saint-Sauveur d’Oviedo, une pièce de lin de 85 x 52 cm, maculée de sang, datée du haut Moyen Âge par le carbone 14 (fig. 1). Pourtant, lorsqu’il apparaît dans la documentation, à la 27e place d’un inventaire des reliques rédigé par l’évêque Pélage (1102-1130), il est décrit comme une relique de sudario Christi, du Suaire du Christ, sans mentionner les impressionnantes taches que les textes évoquent depuis le xvie siècle, et qui fait son succès contemporain. S’agit-il du même objet ? Celui-ci a-t-il changé d’apparence ? Ou est-ce le regard porté sur lui, les manières de le décrire, qui ont évolué ?

Fig. 1. Le Suaire d’Oviedo, c. 570-700 (14C), lin, 85 x 52 cm, Oviedo, San Salvador

Fig. 1. Le Suaire d’Oviedo, c. 570-700 (14C), lin, 85 x 52 cm, Oviedo, San Salvador
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Pour citer cet article

Référence papier

Nicolas Sarzeaud, « Des objets polymorphes : décrire la matérialité des saints Suaires du Moyen Âge à nos jours »Technè, 57 | 2024, 86-95.

Référence électronique

Nicolas Sarzeaud, « Des objets polymorphes : décrire la matérialité des saints Suaires du Moyen Âge à nos jours »Technè [En ligne], 57 | 2024, mis en ligne le 26 septembre 2025, consulté le 30 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/techne/22433 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12cw7

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Auteur

Nicolas Sarzeaud

Enseignant-chercheur, Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire, université de Lorraine, Metz (nicolas.sarzeaud[at]ehess.fr).

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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