Les alliages à base de cuivre se rencontrent dans des contextes très variés à la fin du Moyen Âge, constituant par exemple de nombreux objets du ménage ou de la parure vestimentaire. Dans les inventaires, les comptes ou encore les traités, les scripteurs les désignent selon différents vocables dont le sens évolue et parfois nous échappe. Que veulent dire cuivre, airain, laiton, archal et métal pour les médiévaux ? Par la mesure de leur usage à partir d’une base de données constituée de plus de 1 200 occurrences entre Loire et Meuse, ces mots sont analysés en fonction des types d’objets décrits et des contextes dans lesquels ils sont exprimés. Ils sont ensuite confrontés aux compositions élémentaires de plusieurs centaines d’objets, celles-ci mettant en évidence la variabilité des compositions, mais aussi des groupes d’alliages correspondant à des types d’objets spécifiques. La disjonction apparente entre les matériaux et les formules ou les mots spécifiques utilisés permet d’interroger la signification médiévale du lexique employé et la représentation de certains matériaux, mais aussi l’usage de normes rédactionnelles et les savoirs mobilisés dans la reconnaissance et la description d’un alliage.
Copper-based alloys are found in many different contexts in the late Middle Ages. For example, they make up many household objects or dress accessories. In inventories, accounts, or even treatises, writers designate these alloys according to different words whose meaning evolves – and sometimes escapes us. When medievals wrote cuivre, airain, laiton, archal, and métal, what did those words mean to them? Measuring their use from a database of 1200 different mentions, as recorded between the Loire and the Meuse, the terms are analyzed within the framework of the type of object described and the context in which they are expressed. They are then compared to the elemental compositions of several hundred objects, highlighting the variability of the compositions, but also the groups of alloys which correspond to specific types of objects. The apparent disjunction between the materials and the formulas or specific words employed allows us to question the medieval meaning of the lexicon in use and the representation of certain materials. Not only that but it also allows us to investigate the use of writing standards and the kinds of knowledge mobilized in the recognition and description of an alloy.