Éditorial
Texte intégral
1Temps d’arrêt, pas de côté, réflexion utile, voilà sans doute comment on peut interpréter un tel sujet dans le cadre de la revue Technè. Dire et penser la matière, la perception de l’objet, de sa composition, de sa réalité passe évidemment par le vocabulaire, dans lequel entrent en jeu la culture propre des partenaires de la recherche, l’état d’avancée des techniques analytiques et des connaissances sur les lieux de création, les normes et les conventions au sein de chaque discipline, sans parler des finalités de l’objet lui-même ou du discours porté sur lui. Autant de différences et de points de vue sur lesquels il convient de s’arrêter un moment.
2Pour la communauté de la conservation-restauration et de la recherche sur les matériaux du patrimoine, la question est d’autant plus sensible qu’il est indispensable pour eux de savoir nommer un objet d’étude à la croisée de plusieurs disciplines, et de pouvoir l’identifier de façon partagée avec des mots et des concepts acceptés et compris par chacun, quelle que soit sa spécialité, et ce, dans la durée, au regard du caractère incontournable, avant toute action, de l’analyse rétrospective conduite sur les interventions anciennes ou sur la documentation existante. En effet, la langue est en constante évolution, le vocabulaire se modifie au cours du temps, se précise ou se dilue, et une action donnée peut changer d’appellation ou recouvrir des réalités ou des gestes différents.
3L’analyse de la matérialité des œuvres confrontée à l’histoire de l’art, à l’archéologie et à l’histoire des civilisations est au cœur des réflexions et des articles parus dans la revue depuis son origine. Redisons-le, pour la conservation-restauration et les recherches conduites sur la composition des œuvres et leurs altérations, s’arrêter un instant sur les vocabulaires, les mots, les définitions utilisées paraît incontournable à plusieurs titres. De cette approche sémantique approfondie découle en effet une définition consensuelle de l’objet, de ses éléments constitutifs, des usages qui lui sont propres, sa perception matérielle, culturelle ou symbolique.
4Ce sont là toutes les questions débattues dans ce numéro qui aborde tout à la fois les termes employés pour évoquer ou traiter de la matérialité, leur confusion avec la matière ou l’objet lui-même et, enfin, les différents vocabulaires utilisés pour un même objet en fonction des points de vue de son observation ou sur la durée. C’est en tout cas l’occasion d’aborder sous un angle nouveau des réflexions et des articles sur le patrimoine et de mettre en avant l’interdisciplinarité du champ de Technè.
5Les deux articles des Varia, bien que très différents dans leur approche, peuvent aussi se lire en ayant en mémoire les grandes lignes du dossier thématique : l’utilisation de l’aluminium dans les constructions du xxe siècle et un dossier de restauration exemplaire sur l’un des vases célèbres de la Bibliothèque nationale de France.
6Profitons de cet éditorial pour indiquer quelques pistes de réflexion que nous suivons actuellement au sein de la rédaction de la revue : la création d’un comité scientifique spécifique, le renouvellement d’une partie du comité de rédaction et une étape de modernisation avec la mise en place d’une plateforme de dépôt et de gestion des articles en ligne. Nous vous tiendrons informés dans le prochain numéro.
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-Michel Loyer-Hascoët, « Éditorial », Technè, 57 | 2024, 3.
Référence électronique
Jean-Michel Loyer-Hascoët, « Éditorial », Technè [En ligne], 57 | 2024, mis en ligne le 26 septembre 2024, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/techne/22043 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12cvx
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