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IV · Textes et transmission

L’histoire de la restauration des peintures à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine

The history of painting restoration at the Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (Architecture and Heritage Media Library)
Gaëlle Pichon-Meunier
p. 112-120

Résumés

Au sein des archives de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP) se présentent deux ensembles utiles à l’étude de la restauration des œuvres peintes. D’une part, se trouvent les archives administratives (rapports rédigés par les inspecteurs présentés au cours de la commission des Monuments historiques et les procès-verbaux correspondants, pièces comptables, correspondance entre le conservateur – ex-inspecteur – et le restaurateur), les dossiers de restauration proprement dits et surtout les fonds photographiques.
D’autre part, la MAP a entrepris de rassembler les archives d’ateliers de restauration ayant travaillé notamment pour les Monuments historiques, comme par exemple, en 2001, celles de Malesset-Genovesio. Des documents et des photographies nourrissaient déjà la documentation des objets mobiliers mais ces archives apportent un éclairage supplémentaire sur des restaurations non renseignées par ailleurs, sur des techniques d’intervention ou fournissent des tirages comparatifs avant et après restauration pour de nombreux tableaux conservés dans les musées de France ou dans les églises de Paris ; ils permettent même de connaître, dans certains cas, des commandes publiques ou privées plus originales de création ou re-création de décor.

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Texte intégral

1La Médiathèque de l’architecture et du patrimoine1 est chargée de conserver, d’inventorier, d’étudier et de mettre à la disposition aussi bien de l’administration que du public les fonds d’archives constitués depuis la naissance du service des Monuments historiques. La MAP rassemble les archives relatives à la restauration des peintures classées dans un fonds qui respecte la logique des versements. La constitution de cette documentation toujours vivante devenue fonds d’archives au cours de l’histoire du service des Monuments historiques témoigne de l’évolution des préoccupations et des débats qui ont pu entourer certaines interventions sur des œuvres emblématiques classées au titre des Monuments historiques dans le domaine de la peinture de chevalet ou de la peinture monumentale. L’apparition d’un vocabulaire spécifique et la mise en place progressive d’un dossier photographique, puis d’un véritable dossier documentaire des interventions de restauration accompagnent l’émergence de la discipline de la conservation-restauration. Dans ce fonds, les photographies sont d’un intérêt primordial pour connaître les états successifs d’une œuvre. Devis et mémoires des restaurateurs détaillent les interventions, tandis que les observations des conservateurs retracent l’histoire matérielle de l’œuvre avant et après. Les archives des inspecteurs en particulier éclairent l’étude de la restauration des œuvres ; elles apportent des réponses quant aux choix effectués, aux méthodes utilisées, aux innovations techniques, aux coûts et parfois aux produits utilisés. Par ailleurs, en complément de ces versements administratifs, la MAP a entrepris depuis quelques années de collecter les archives privées d’ateliers de restauration ayant travaillé notamment pour les Monuments historiques comme celles de l’atelier Malesset et de son successeur Genovesio.

Les procès-verbaux de la commission des Monuments historiques

Mise en place de la sous-commission en charge des objets mobiliers

  • 2 Loi du 30 mars 1887 et décret du 3 janvier 1889 (article 6) sur la conservation des Monuments histo (...)
  • 3 Elle deviendra par le décret du 17 mai 1909 la section des Antiquités et Objets d’Art de la commiss (...)
  • 4 Par exemple, les triptyques de Jean Bellegambe à la cathédrale d’Arras (classés le 11-05-1897), le (...)
  • 5 En 1891, la sous-commission est composée de quatre membres de droit : H. Roujon (directeur des Beau (...)

2Depuis l’origine, la commission des Monuments historiques s’intéresse aux peintures comme partie décorative des édifices susceptibles de recevoir une subvention pour leur restauration. C’est le cas des peintures romanes monumentales de l’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe sur la liste de 1840. La loi du 30 mars 1887 établit pour la première fois le principe d’un classement des objets mobiliers en tant que tel2. Une sous-commission en charge du classement des objets mobiliers se met ainsi en place à partir de 18913. Outre les demandes de protection des objets, elle examine les propositions de crédits et d’exécution de travaux. Environ 400 tableaux4 et 150 peintures murales ont été classées au titre des Monuments historiques avant 1900, et près de 3 000 tableaux et 250 peintures murales entre 1900 et 1910. Les membres de la sous-commission, personnalités des musées et des Monuments historiques, ont l’occasion de confronter leur points de vue et d’aborder la question spécifique de la conservation in situ5.

Les débats

3Les procès-verbaux de la commission sont une source privilégiée pour connaître les débats autour de la restauration des objets mobiliers. On y voit apparaître des termes relatifs à l’état du tableau, à son vernissage ou son rentoilage en vue d’une protection ou suite à celle-ci. Certains comptes-rendus permettent parfois d’identifier le restaurateur qui est intervenu sur une peinture murale, une toile ou un panneau peint et de cerner son profil professionnel, praticien expérimenté ou artiste peintre. Les procès-verbaux relatent quelques cas d’espèce et font connaître les interventions prévues aux membres de la commission qui donne son autorisation aux dépenses à engager.

  • 6 Arch. des Musées nationaux, P2R30, O32 dossier 37.

4Ainsi nommé en 1893 inspecteur général adjoint chargé des objets mobiliers, Paul-Frantz Marcou (1860 -1932) présente-t-il à la sous-commission, lors de la séance du 18 novembre 1910, l’avis de Fernand Brisson6, rentoileur des Musées nationaux (fig. 1), consulté pour un tableau du xve siècle représentant Les Funérailles de sainte Delphine, conservé à la cathédrale d’Apt (Vaucluse), classé le 28 février 1907 et déplacé à Paris pour consolidation :

  • 7 Rapport de P.-F. Marcou du 11 octobre 1911 présenté à la commission des Monuments historiques (MH), (...)

« Cet examen nous a permis de constater que la peinture usée qui couvre très légèrement la toile ne pourrait être réparée sans que cette réparation n’entraînât une restauration générale, laquelle risquerait de faire perdre à l’œuvre son caractère, et, par la suite, la majeure partie de son intérêt. Dans ces conditions, il m’a paru qu’il convenait de se limiter à une réparation purement matérielle, c’est-à-dire à un simple rentoilage et ensuite à un léger vernissage qui fixerait et ferait revivre les colorations éteintes, le travail ne donnera lieu qu’à une faible dépense de cent francs que nous vous proposons d’autoriser. »7

  • 8 Voir le dossier administratif (MAP/ Documentation objets mobiliers 74/006). Consultation de G. Chau (...)

5Autre exemple lors de la séance du 3 novembre 1911 : Marcou suggère, dans le cas d’une peinture murale, de proposer à Albert-Jacques Gsell-Maury, artiste peintre, de « poursuivre le débadigeonnage de la chapelle des Allinges8 (Haute-Savoie) classée le 13 juillet 1907 » (fig. 2) et de lui allouer une somme de 592 francs et le 17 mai 1912, « la commission souhaite profiter du passage de l’artiste au Puy pour lui demander d’examiner les peintures murales et de les restaurer le cas échéant ». Le rapport soumis à la commission pour chaque étude de cas est précieusement conservé.

Fig. 1. Mémoire de Brisson (1911). MAP, DOM, dossier administratif de la cathédrale d’Apt (84/003)

Fig. 1. Mémoire de Brisson (1911). MAP, DOM, dossier administratif de la cathédrale d’Apt (84/003)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Fig. 2. Rapport de Gsell-Maury (1911). MAP, DOM, dossier administratif de la chapelle des Allinges (74/006)

Fig. 2. Rapport de Gsell-Maury (1911). MAP, DOM, dossier administratif de la chapelle des Allinges (74/006)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Des premiers rapports de Paul-Frantz Marcou aux archives des conservateurs du patrimoine

Un service d’inspection « chargé de l’entretien et de la réparation des objets classés »

  • 9 Loi du 31 décembre 1913 sur les Monuments historiques, article 22.
  • 10 Loi du 30 mars 1887 (articles X et XIII), loi du 9 décembre 1905 (titre III) et décret du 16 mars 1 (...)

6La loi de 19139, qui précise que les objets classés ne peuvent être réparés ou restaurés sans l’autorisation du ministre des Beaux-Arts ni hors la surveillance de son administration, a été préparée par la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 et les décrets successifs de 1907 et 1908. Alors que le conservateur départemental assure sur place la surveillance des objets classés, le personnel de l’inspection, représenté par Anatole Perrault-Dabot, Paul Ginisty, Jean Ajalbert et Henri Bauer, « est chargé de veiller à la conservation, par les administrations qui les détiennent, des objets soumis au classement, ainsi qu’à leur entretien et à leur réparation ». L’inspecteur général à la tête du service de l’inspection est P.-F. Marcou « spécialement chargé de tout ce qui a trait à l’entretien et à la réparation des objets classés »10.

Création d’une documentation

  • 11 Rapport du 7 novembre 1911 de P.-F. Marcou au sous-secrétaire d’État des Beaux-Arts concernant les (...)

7Alors que la séparation des Églises et de l’État a pour conséquence l’augmentation importante du nombre d’objets mobiliers classés, les quatre ou cinq inspecteurs sont répartis entre de vastes circonscriptions régionales ; ils assurent le travail de terrain11 tandis qu’un second groupe d’inspecteurs prend en charge les tâches administratives, de documentation et d’archivage :

  • 12 Rapport de P.-F. Marcou du 7 mars 1907 dans les archives relatives à l’organisation du service de l (...)

« L’autre groupe d’inspecteurs, qui tout en restant en dehors des cadres de l’administration centrale, demeurerait en contact étroit avec elle, comprendrait les deux inspecteurs qui en faisaient déjà partie et les deux inspecteurs adjoints qui viennent d’être nommés, à savoir MM. Ganné, Daudet, Agoustène, Janneau. Leur tâche serait de concourir avec votre administration à l’expédition des affaires, à la classification des écrits, graphiques ou photographies constituant les archives du Service et à l’établissement des répertoires. »12

8Ces fiches, répertoires et fonds photographiques constituent le noyau de la documentation des objets mobiliers actuelle qui conserve à ce jour plus de 30 000 dossiers administratifs pour un total de plus de 120 000 objets ou ensembles d’objets classés au titre des Monuments historiques dont environ 22 000 tableaux et 1 300 peintures murales.

  • 13 Une nouvelle restauration du tableau de N. Lépicié, Guillaume le Conquérant, a lieu en 1993 par C. (...)
  • 14 Toile exposée au Salon en 1765, achetée par les Bénédictins de Saint-Maur pour orner le réfectoire (...)
  • 15 Séance de la CSMH du 14 janvier 1910.
  • 16 Dossier administratif du lycée Malherbe, ancienne Abbaye aux Hommes (devenu hôtel de ville), (MAP/D (...)

9Les rapports d’inspection conservés dans les dossiers administratifs documentent les interventions successives sur une œuvre à partir du classement au titre des Monuments historiques. Ainsi on conserve la trace écrite en quelques dizaines d’années de trois restaurations successives sur les tableaux du réfectoire du lycée Malherbe (ancienne Abbaye aux Hommes) à Caen (fig. 3) : en 1910, en 1948 et en 196913. Pour répondre à la demande d’un sénateur du Calvados, P.-F. Marcou dans un premier rapport daté du 11 septembre 1909 suite à un état des lieux propose à Fernand Brisson le nettoyage des toiles. Dans le devis du 30 octobre 1909, le rentoileur signale notamment la forme particulièrement contraignante du châssis du grand tableau de Nicolas Lépicié14 (1735-1784) représentant Guillaume le Conquérant en Angleterre. La commission supérieure approuve l’allocation d’une subvention de 9 225 francs pour dépose et repose des encadrements, démontage et remontage de la toile, châssis et échafaudages15. Ce tableau devait être à nouveau restauré après la Deuxième Guerre mondiale comme l’ensemble des tableaux du réfectoire dans le cadre des dommages de guerre. Le devis du 1er août 1948 de Jean Malesset mentionne pour le tableau de Lépicié vingt-cinq déchirures ou trous provoqués par des éclats d’obus mesurant de 2 à 15 cm et un chanci profond sur toute la surface de la toile (fig. 4). Un collage de pièces, un nettoyage, une régénération des anciens vernis, un dévernissage partiel, une restauration et un vernissage de protection sont les travaux envisagés. À l’initiative d’une personnalité politique locale, une troisième intervention16 est effectuée en 1969 sans demande d’autorisation de travaux.

Fig. 3. Vue d’ensemble du réfectoire de l’ancienne Abbaye aux Hommes de Caen (état après bombardements). MAP, Arch. phot., Molinard, 1946 (MH0181208)

Fig. 3. Vue d’ensemble du réfectoire de l’ancienne Abbaye aux Hommes de Caen (état après bombardements). MAP, Arch. phot., Molinard, 1946 (MH0181208)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Fig. 4. Tableau de Nicolas Lépicié (1765) : Guillaume le Conquérant en Angleterre, dans le réfectoire de l’ancienne Abbaye aux Hommes de Caen, classé MH le 15 avril 1911. MAP, Arch. phot., Molinard, 1946 (MH0181221)

Fig. 4. Tableau de Nicolas Lépicié (1765) : Guillaume le Conquérant en Angleterre, dans le réfectoire de l’ancienne Abbaye aux Hommes de Caen, classé MH le 15 avril 1911. MAP, Arch. phot., Molinard, 1946 (MH0181221)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Choisir des restaurateurs français compétents

  • 17 À partir de 1945, l’inspection se compose de cinq inspecteurs et d’un inspecteur principal : Jean V (...)
  • 18 F. Enaud (1920-1992, actif aux MH de 1949 à 1988), notice nécrologique dans Monumental, n° 1, 1992.
  • 19 Voir Enaud, 1971 et aussi Laclotte et Thiébaut, 1983, p. 140. La dépose de ces fresques a suscité d (...)
  • 20 D’une part le fronton triangulaire supérieur qui est orné d’un Christ entouré d’anges à peine visib (...)

10Jacques Dupont17, inspecteur général spécialement en charge des œuvres peintes à partir de 1949 en accord avec François Enaud, inspecteur des Monuments historiques18, relate dans plusieurs rapports réguliers et précis les étapes de l’importante découverte que fut celle de la mise à jour de l’ébauche et de la dépose des fresques de Simone Martini à la cathédrale Notre-Dame-des-Doms d’Avignon19. Le premier rapport de François Enaud du 11 novembre 1959 attire l’attention sur l’extrême intérêt sur le plan de l’histoire et de l’art de ces restes de fresques peintes vers 1340 pour le portail occidental de la cathédrale, sur la ruine qui les menace alors que l’opinion internationale trouve déjà la situation très préoccupante. Une documentation photographique permet de juger de son état (fig. 5)20.

Fig. 5. Tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon : Vierge entourée par les anges, fresque de Simone Martini, vers 1341 (avant dépose). MAP, DOM, Atzinger, 1960

Fig. 5. Tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon : Vierge entourée par les anges, fresque de Simone Martini, vers 1341 (avant dépose). MAP, DOM, Atzinger, 1960

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

  • 21 Procacci, U., Sinopie e affreschi, Milano, Electa Editrice, 1961.

11Deux experts, Enzo Carli, spécialiste de Simone Martini, et Ugo Procacci, surintendant de Florence, auteur de Sinopie e affreschi21 ainsi qu’un restaurateur italien se déplacèrent en Avignon pour expertise à la demande de la France :

« Monsieur le directeur des Beaux-Arts d’Italie, professeur Bruno Molajoli, que j’ai intéressé à la question, a fort bien compris que je souhaitais l’avis autorisé de savants et de techniciens italiens avant de commencer le travail et non l’exécution de la dépose elle-même. »

12Jacques Dupont, inspecteur général des Monuments historiques, explique ses choix dans le rapport du 16 juin 1961 :

  • 22 Marcel Nicaud, dont il est question plus loin.

« […] Déjà dans le passé, M. Cesare Brandi, directeur de l’institut de restauration de Rome, avait offert à M. Jean Verrier de faire exécuter cette dépose par des restaurateurs italiens. Cette proposition, qui mettait en doute la technique française, n’eut pas de succès. Dès lors qu’il ne s’agissait que de donner des conseils et non de faire une opération spectaculaire, M. Brandi ne poursuivit pas la négociation. Aujourd’hui, M. Brandi n’est plus à la tête de l’Institut de restauration et ma position, comme celle de mon prédécesseur, est qu’il faut s’entourer de conseils – pour éviter toute polémique sur le plan international – mais que le restaurateur désigné, M. Nicot22 est parfaitement capable de réaliser l’opération avec toutes chances de succès. Mon enquête a donc porté sur les hommes les plus capables de donner leur opinion et leurs conseils pour un enlevage qui dans l’opinion italienne n’est pas particulièrement difficile. C’est ce que m’a dit le professeur Mora de l’Institut de restauration qui est allé sur place. J’ai pu joindre, comme le souhaitait M. Chastel, le surintendant de Sienne, M. Enzo Carli, spécialiste de Simone Martini, qui estime comme indispensable de sauver ces précieux restes en enlevant séparément ce qui reste de la couche picturale et ensuite l’ensemble de la sinopia sous-jacente qui porte le dessin bien visible. C’est la technique que nous avons préconisée. »

13Les décisions ont été prises à tous les échelons du service des Monuments historiques et même au-delà par l’intervention du ministère des Affaires étrangères pour le déplacement des spécialistes italiens. Dans ce contexte, René Perchet, directeur général de l’architecture, tient à rappeler dans une note du 22 juillet 1961 la compétence des restaurateurs français :

« Je ne considère pas comme absolument nécessaire le recours aux spécialistes italiens car nous avons à Fontainebleau la preuve que nos restaurateurs sont capables d’entreprendre les travaux les plus délicats. Mais M. l’inspecteur général Dupont considère qu’en raison de l’origine des fresques de Notre-Dame-des-Doms à Avignon et des études que les spécialistes italiens ont entreprises sur l’œuvre de Simone Martini, il est opportun et prudent pour éviter toutes critiques ultérieures de consulter les restaurateurs officiels de la Direction des Beaux-Arts d’Italie. […] Mais il doit être bien entendu que ces spécialistes italiens n’interviennent qu’à titre d’experts et de conseils et que l’opération sera ensuite mise au point et proposée à la décision de M. le Ministre en confiant le travail aux restaurateurs français qui ont déjà fait leurs preuves. »

  • 23 Le devis du 30 juin 1961 détaille le coût de l’opération : arrachage [sic] des restes de fresques, (...)

14C’est à l’inspecteur que revient le choix du restaurateur, en l’occurrence Marcel Nicaud, artiste peintre décorateur assisté de Marie-France Sorbets-de-Christen dont la connaissance des fresques italiennes et des méthodes de transposition est jugée précieuse23 (fig. 6 et 7).

Fig. 6. Tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon : la Vierge entourée d’anges, sinopia (en dépôt au Palais des Papes). MAP, Arch. phot., Sorbets-de-Christen, [1963] (63P905)

Fig. 6. Tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon : la Vierge entourée d’anges, sinopia (en dépôt au Palais des Papes). MAP, Arch. phot., Sorbets-de-Christen, [1963] (63P905)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Fig. 7. Étude partielle des visages de la Vierge et l’Enfant, détachée du mur et reposée sur châssis indépendant, sinopia exécutée par Simone Martini au tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon (en dépôt au Palais des Papes). MAP, Arch. phot., Sorbets-de-Christen, [1963] (63V1806)

Fig. 7. Étude partielle des visages de la Vierge et l’Enfant, détachée du mur et reposée sur châssis indépendant, sinopia exécutée par Simone Martini au tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon (en dépôt au Palais des Papes). MAP, Arch. phot., Sorbets-de-Christen, [1963] (63V1806)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Mise en place du dossier de restauration

De la surveillance des travaux au contrôle scientifique et technique

15Les archives relatent l’évolution de la réflexion sur la formation, la création d’un laboratoire, le recrutement des restaurateurs, la sauvegarde des métiers et la transmission des savoir-faire. En 1966, l’inspecteur Pierre-Marie Auzas évoque les « tâtonnements » auxquels des réponses sont ensuite apportées :

  • 24 Rapport de P.-M. Auzas à J. Dupont (IGMH), le 15 juin 1966. (MAP, Archives Auzas (1993/001). Voir a (...)

« Dans plusieurs domaines et surtout peut-être dans celui de la peinture, nous en sommes tous à des tâtonnements faute d’expériences valables : comment se comportera une peinture murale déposée, mise sur toile et marouflée à son emplacement d’origine ? Comment pallier les inconvénients certains d’une opération aussi délicate ? Comment plus simplement se comporteront des toiles restaurées dans une église humide ? Ayant fait restaurer récemment trois toiles dans l’ancienne cathédrale de Tréguier, toutes trois exposées dans le côté sud du déambulatoire, je les ai fait réinstaller selon trois procédés différents sans aucune garantie de ma part et je me contenterai de les observer chaque année. Ne pourrait-on faire mieux ? »24

  • 25 Depuis 1993, la MAP collecte et inventorie les archives des conservateurs (ex-inspecteurs) relative (...)

16Les archives de Pierre-Marie Auzas, inspecteur de 1947 à 1978, sont entrées à la MAP en 1992 peu après le décès de l’inspecteur. Celui-ci a constitué des dossiers désormais précieux comprenant, pour chaque restaurateur avec lequel il avait l’habitude de travailler comme Jean Ten Kate, Marcel Nicaud, Mme Huvelin et M. Lepage ou P. A. Moras, des devis et des mémoires d’interventions, des rapports de tournées, de la correspondance ou des listes d’œuvres à restaurer25.

  • 26 Chef de l’atelier de restauration des peintures des Musées nationaux de 1935 à 1971.

17Alors qu’antérieurement, le travail des restaurateurs n’est connu de l’administration que par des pièces comptables, mémoires de travaux et devis, les avis de l’inspecteur des Monuments historiques nécessitent dorénavant de la part des restaurateurs des écrits plus détaillés. Plus rarement, le restaurateur rédige ce qui correspond aujourd’hui à un constat d’état détaillé. C’est le cas de Jean-Gabriel Goulinat26 en 1948 à propos du tableau d’Ingres Le Vœu de Louis XIII de la cathédrale de Montauban (fig. 8) :

  • 27 Dans le dossier : constat d’état détaillé de J.-G. Goulinat et rapport de J. Taralon de 1952 suite (...)

« Dans mon devis détaillé27, j’ai précisé tout ce qu’il était nécessaire de faire pour la remise en état de ce tableau. Actuellement, ces travaux sont exécutés et pour le moment il n’y a aucune autre intervention à envisager. Toutefois, j’ai remarqué que de minuscules galeries se forment, sous la pellicule picturale, dans les parties d’ombres des figures. N’ayant jamais eu l’occasion d’étudier Le Vœu de Louis XIII d’aussi près, je ne sais pas si ces petits soulèvements sont récents. On peut admettre qu’ils se sont formés pendant la guerre à la faveur des changements de climat hygrométrique. On peut espérer que la menace, presque invisible encore, ne fera aucun progrès et qu’avant de très longues années, il ne sera pas question de « transposer » la pellicule picturale de ce tableau. Il n’en est pas moins vrai que cette œuvre est à surveiller et qu’il serait imprudent de l’exposer en un endroit sujet aux écarts de température, sujet également aux écarts de climat hygrométrique. »

  • 28 Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, IIe congrè (...)

18L’inspection a toujours été attentive à recueillir des traces des interventions faites sur les œuvres, tandis qu’à la même époque les réflexions internationales soulignent l’importance de la constitution d’une documentation28. Un embryon de dossier de restauration se met en place d’abord par des attachements figurés liés à la facture puis au cours des années 1970 sous la forme d’un dossier photographique plus ou moins légendé.

Fig. 8. Projet de présentation dans la cathédrale de Montauban du tableau d’Ingres Le Vœu de Louis XIII, classé MH le 21 octobre 1903 (photomontage). MAP, DOM, dossier administratif de la cathédrale de Montauban (82/072)

Fig. 8. Projet de présentation dans la cathédrale de Montauban du tableau d’Ingres Le Vœu de Louis XIII, classé MH le 21 octobre 1903 (photomontage). MAP, DOM, dossier administratif de la cathédrale de Montauban (82/072)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Les archives Malesset-Genovesio

  • 29 Un travail de recherche de l’École du Louvre est en cours sur l’atelier Chauffrey-Müller par Odette (...)

19À cet égard on constate l’importance des archives des ateliers travaillant dans la période d’après-guerre car avant la généralisation des dossiers de restauration, elles éclairent, par leur masse, les interventions, notamment grâce à des clichés devenus précieux. La MAP a rassemblé en 2001 les archives dites « Malesset-Genovesio » qui se composent d’une photothèque (plaques de verre, négatifs et tirages) et de quelques dossiers sur papier. Jean Malesset (fig. 9) est formé chez Gaston Chauffrey de 1926 aux années 194029. Quand J. Malesset prend sa retraite en 1975, Luciano Genovesio, formé dans une école de peinture et collaborateur dans l’atelier, reprend l’affaire. L’inventaire compte plus de 2 500 lignes correspondant à des œuvres conservées dans toute la France, protégées au titre des Monuments historiques ou non, à des tableaux de musées, à des peintures murales conservées dans les églises de Paris (décor de l’église Sainte-Marguerite - Paris 11e), des commandes de création ou de re-création de décor dans des hôtels particuliers privés (hôtel des Ambassadeurs de Hollande - Paris 4e) ou dans des monuments appartenant à l’État comme en 1965 dans le cas de la dépose de l’œuvre de Jean-Paul Laurens et de la réalisation du décor de Masson au plafond du théâtre de l’Odéon.

Fig. 9. En-tête de Jean Malesset au 3, rue Asseline (Paris XIVe). MAP, Archives (2002/11)

Fig. 9. En-tête de Jean Malesset au 3, rue Asseline (Paris XIVe). MAP, Archives (2002/11)

© Ministère de la Culture, Médiathèque du patrimoine, dist. RMN.

Archivage des dossiers de restauration : formalisation d’une pratique

  • 30 Décret du 11 avril 1908 : « L’inspecteur général des MH […] est personnellement chargé de tout ce q (...)
  • 31 Direction régionale des affaires culturelles.
  • 32 1945-1995 : cinquante ans de travaux sur les objets mobiliers classés en Limousin, 2000, p. XXIII.

20Les décrets successifs30, jusqu’aux textes les plus récents précisant les tâches des conservateurs des antiquités et objets d’art, entraînent dans certains départements la rédaction de programmes annuels de travaux à la présentation de plus en plus précise. La circulaire du 27 décembre 1984 portant sur les travaux d’entretien, de sécurité, de présentation et de restauration des objets mobiliers classés, indique que « pour tout devis ou étude, un dossier documentaire sera remis par l’entreprise ». Les missions d’inspection sont déconcentrées au sein des Directions régionales des affaires culturelles. Pour le conservateur des Monuments historiques en Drac31, fonction créée au sein du corps des conservateurs du patrimoine en 1997, la conservation et la restauration du patrimoine mobilier représentent une part importante de son activité32. Dans le même temps, les restaurateurs sont mieux formés et rendent mieux compte des interventions.

  • 33 Code du patrimoine. Livre VI. Monuments historiques, sites et espaces protégés, 2004.
  • 34 Telle qu’elle pouvait apparaître dans la loi du 31 décembre 1913 relative aux monuments historiques
  • 35 Décret 2007-487 du 30 mars 2007 modifié relatif aux monuments historiques (article 66) modifié par (...)

21L’ordonnance du 8 septembre 2005 a modifié en profondeur le Code du patrimoine33 afin de faire évoluer la notion de « surveillance » des travaux34 vers un véritable contrôle scientifique et technique. Pour formaliser la production et l’archivage des documents qui s’y rattachent, les acteurs des services des Monuments historiques ont mis en commun leurs pratiques ce qui a abouti à la rédaction entre 2007 et 2009 de textes réglementaires35. Deux des trois exemplaires du dossier documentaire des travaux exécutés remis par le maître d’ouvrage doivent être archivés : l’un à destination de la Direction régionale des affaires culturelles avant versement aux archives départementales, l’autre à destination de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine. La dernière circulaire diffusée le 1er décembre 2009 prévoit en outre la dématérialisation des dossiers de restauration en recommandant la sauvegarde au format PDF texte avec images et documents graphiques intégrés et la transmission par voie électronique.

22Les fonds de la MAP s’enrichissent continuellement. Leur consultation offre donc nombre de recoupements et apportent des informations différentes et complémentaires : administratives, historiques, techniques et artistiques. Ainsi chaque projet de restauration est-il précédé d’une synthèse par le conservateur responsable et suivi d’un versement du dossier d’intervention du restaurateur à la MAP. Ces archives et documents sont progressivement accessibles sur Internet par leur signalement dans la base de données Mediathek et les dossiers de restauration enregistrés dans un inventaire spécifique sont dépouillés systématiquement pour enrichir les notices d’objets protégés Monuments historiques de la base Palissy.

J’adresse tous mes remerciements à Mmes Judith Kagan, Fabienne Dufey et M. Jean-Daniel Pariset pour leurs observations et leurs suggestions.

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Bibliographie

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Notes

1 Voir le site Internet de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine : http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr

2 Loi du 30 mars 1887 et décret du 3 janvier 1889 (article 6) sur la conservation des Monuments historiques et des objets d’art.

3 Elle deviendra par le décret du 17 mai 1909 la section des Antiquités et Objets d’Art de la commission supérieure des Monuments historiques (première section immeubles et objets de 1984 à 1993, troisième section avant 1984 et après 1993 jusqu’en 2007, quatrième section depuis).

4 Par exemple, les triptyques de Jean Bellegambe à la cathédrale d’Arras (classés le 11-05-1897), le Saint Sébastien de Mantegna à Aigueperse (classé le 12-01-1897), le Retable du Buisson ardent de Nicolas Froment à la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence (classé le 14-06-1898).

5 En 1891, la sous-commission est composée de quatre membres de droit : H. Roujon (directeur des Beaux-Arts), P. L. Boeswillwald, J. Lisch et P. Selmersheim (les trois inspecteurs des Monuments historiques) et de quatre membres nommés par le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts : L. Courajod, conservateur adjoint au musée du Louvre (remplacé par E. Molinier à partir de 1893), A. Darcel, directeur du musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny (remplacé par E. Saglio en 1893), R. de Lasteyrie, membre de l’Institut et professeur à l’École des chartes et enfin A. Proust, député. Voir la thèse de l’École des chartes d’H. de La Tour-Sévelinges, 1992.

6 Arch. des Musées nationaux, P2R30, O32 dossier 37.

7 Rapport de P.-F. Marcou du 11 octobre 1911 présenté à la commission des Monuments historiques (MH), section des Antiquités et Objets d’Art du 3 novembre 1911 pour donner suite à la séance du 18 novembre 1910 (MAP/DOM 84/003, dossier administratif de la cathédrale d’Apt).

8 Voir le dossier administratif (MAP/ Documentation objets mobiliers 74/006). Consultation de G. Chauffrey en 1949. Intervention de P. Leboucq, peintre restaurateur de La Tronche (Isère) en 1950 : nettoyage, piquage, bouchage des parties éclatées, retouches sur les éraflures, pose d’une teinte neutre sur les parties trop étendues « sans chercher une reconstitution qui pourrait comporter des erreurs, faute de documents indiscutables ». Rapports critiques d’A. Jacques, CAOA. Rapport de J. Taralon. Projet de travaux par M.-F. Sorbets-de-Christen en 1961 et en 1983.

9 Loi du 31 décembre 1913 sur les Monuments historiques, article 22.

10 Loi du 30 mars 1887 (articles X et XIII), loi du 9 décembre 1905 (titre III) et décret du 16 mars 1906 (article XXIX). Création du service des Antiquités et Objets d’Art par le décret du 27 février 1907 et du 26 avril 1907 (article 6) (MAP, archives du service de l’inspection des Monuments historiques, 80/005, inventaire rédigé par C. Chabot et F. Glière).

11 Rapport du 7 novembre 1911 de P.-F. Marcou au sous-secrétaire d’État des Beaux-Arts concernant les circonscriptions à attribuer aux inspecteurs des Antiquités et Objets d’Art (MAP, archives du service de l’inspection des Monuments historiques (80/005), inventaire rédigé par Christine Chabot et Francine Glière).

12 Rapport de P.-F. Marcou du 7 mars 1907 dans les archives relatives à l’organisation du service de l’inspection des MH (MAP 80/005), inventaire rédigé par C. Chabot et F. Glière.

13 Une nouvelle restauration du tableau de N. Lépicié, Guillaume le Conquérant, a lieu en 1993 par C. Andronescu (ordre de service de décembre 1993).

14 Toile exposée au Salon en 1765, achetée par les Bénédictins de Saint-Maur pour orner le réfectoire de l’abbaye aux Hommes de Caen (hôtel de ville de Caen depuis 1960), où elle se trouve encore. Elle a été classée au titre des Monuments historiques le 15 avril 1911. Elle était rectangulaire à l’origine, mais fut cintrée pour s’encastrer en haut des boiseries.

15 Séance de la CSMH du 14 janvier 1910.

16 Dossier administratif du lycée Malherbe, ancienne Abbaye aux Hommes (devenu hôtel de ville), (MAP/DOM, 14/063) : lettre de M. Gourhand, CAOA, signalant la restauration en cours par M. Poinsier sans autorisation de travaux.

17 À partir de 1945, l’inspection se compose de cinq inspecteurs et d’un inspecteur principal : Jean Verrier (1897- 1958), inspecteur général des Monuments historiques, fondateur de l’inspection moderne. Jacques Dupont, adjoint de Jean Verrier à partir de 1949, est spécialement chargé des œuvres peintes. Il remplacera Jean Verrier comme inspecteur général en 1957.

18 F. Enaud (1920-1992, actif aux MH de 1949 à 1988), notice nécrologique dans Monumental, n° 1, 1992.

19 Voir Enaud, 1971 et aussi Laclotte et Thiébaut, 1983, p. 140. La dépose de ces fresques a suscité des débats sur les produits employés.

20 D’une part le fronton triangulaire supérieur qui est orné d’un Christ entouré d’anges à peine visibles, d’autre part le tympan inférieur en demi-cercle qui est décoré d’une Vierge à l’Enfant également environnée d’anges et du donateur, le cardinal Stefaneschi. Ces deux parties, extrêmement délabrées, empoussiérées, cloquées, laissent apparaître par les manques de la fresque, tombée par endroits, des traces d’une esquisse à la sanguine qui semble de belle qualité (synopia) d’après le rapport de F. Enaud du 11 novembre 1959 (MAP/DOM 84/008). Les citations suivantes sont extraites du même dossier.

21 Procacci, U., Sinopie e affreschi, Milano, Electa Editrice, 1961.

22 Marcel Nicaud, dont il est question plus loin.

23 Le devis du 30 juin 1961 détaille le coût de l’opération : arrachage [sic] des restes de fresques, de la « sanguine en synopia » avec transport en atelier à Paris (10 650 NF), grattage des enduits, transposition, entoilages et châssis (12 800 NF). La repose des fresques et le marouflage sur reproduction en staff du portail constituent une troisième campagne de travaux.

24 Rapport de P.-M. Auzas à J. Dupont (IGMH), le 15 juin 1966. (MAP, Archives Auzas (1993/001). Voir aussi la notice nécrologique de Pierre-Marie Auzas (1914-1992), Monuments historiques, n° 186, mars-avril 1993.

25 Depuis 1993, la MAP collecte et inventorie les archives des conservateurs (ex-inspecteurs) relatives à la restauration des objets mobiliers.

26 Chef de l’atelier de restauration des peintures des Musées nationaux de 1935 à 1971.

27 Dans le dossier : constat d’état détaillé de J.-G. Goulinat et rapport de J. Taralon de 1952 suite à la CSMH du 9 décembre 1949 (MAP, DOM, 82/072).

28 Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, IIe congrès international des architectes et des techniciens des Monuments historiques, Venise, adoptée par l’Icomos, 1965 : « Les travaux de conservation, de restauration et de fouilles seront toujours accompagnés de la constitution d’une documentation précise sous forme de rapports analytiques et critiques illustrés de dessins et de photographies. Toutes les phases de travaux de dégagement, de consolidation, de recomposition et d’intégration ainsi que les éléments techniques et formels identifiés au cours des travaux y seront consignés. Cette documentation sera déposée dans les archives d’un organisme public et mise à la disposition des chercheurs ; sa publication est recommandée. »

29 Un travail de recherche de l’École du Louvre est en cours sur l’atelier Chauffrey-Müller par Odette Berthelé sous la direction de Nathalie Volle.

30 Décret du 11 avril 1908 : « L’inspecteur général des MH […] est personnellement chargé de tout ce qui a trait à l’entretien et à la réparation des objets classés » ; décret 71-859 du 19 octobre 1971 : « Un CAOA est chargé […] de concourir à la préparation des programmes annuels de travaux de restauration […], de suivre l’exécution des travaux » ; circulaire n° 1317/75 du 5 mars 1975 sur la documentation devant accompagner les opérations de restauration des œuvres classées MH (tableaux et sculptures isolées) ; décret 87-312 du 5 mai 1987 sur les études préalables ; plan national de restauration du patrimoine (avant-projet) par Ph. Reliquet et Cl. Veyssière-Pomot, vers 1991 ; ordonnance 2005-1128 du 8 septembre 2005.

31 Direction régionale des affaires culturelles.

32 1945-1995 : cinquante ans de travaux sur les objets mobiliers classés en Limousin, 2000, p. XXIII.

33 Code du patrimoine. Livre VI. Monuments historiques, sites et espaces protégés, 2004.

34 Telle qu’elle pouvait apparaître dans la loi du 31 décembre 1913 relative aux monuments historiques.

35 Décret 2007-487 du 30 mars 2007 modifié relatif aux monuments historiques (article 66) modifié par le décret 2009-750 du 22 juin 2009 (article 9) : « Le dossier comporte une copie des mémoires réglés aux entreprises et une copie des protocoles d’intervention des restaurateurs mentionnant les produits utilisés et des documents figurés présentant l’œuvre avant, pendant et après restauration. Les documents préparatoires (études scientifiques ou techniques, diagnostics) sont joints au dossier s’ils éclairent utilement les travaux réalisés. »
La circulaire 2009-024 du 1er décembre 2009 rappelle que « chaque intervention nécessite de connaître précisément le monument historique, son histoire, ses interventions antérieures. La documentation des travaux doit concourir à la connaissance et à la conservation ultérieure du patrimoine protégé et en ce sens répondre à des normes techniques nationales. »

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Mémoire de Brisson (1911). MAP, DOM, dossier administratif de la cathédrale d’Apt (84/003)
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Titre Fig. 2. Rapport de Gsell-Maury (1911). MAP, DOM, dossier administratif de la chapelle des Allinges (74/006)
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Titre Fig. 3. Vue d’ensemble du réfectoire de l’ancienne Abbaye aux Hommes de Caen (état après bombardements). MAP, Arch. phot., Molinard, 1946 (MH0181208)
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Titre Fig. 4. Tableau de Nicolas Lépicié (1765) : Guillaume le Conquérant en Angleterre, dans le réfectoire de l’ancienne Abbaye aux Hommes de Caen, classé MH le 15 avril 1911. MAP, Arch. phot., Molinard, 1946 (MH0181221)
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Titre Fig. 5. Tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon : Vierge entourée par les anges, fresque de Simone Martini, vers 1341 (avant dépose). MAP, DOM, Atzinger, 1960
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Titre Fig. 6. Tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon : la Vierge entourée d’anges, sinopia (en dépôt au Palais des Papes). MAP, Arch. phot., Sorbets-de-Christen, [1963] (63P905)
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Titre Fig. 7. Étude partielle des visages de la Vierge et l’Enfant, détachée du mur et reposée sur châssis indépendant, sinopia exécutée par Simone Martini au tympan du portail occidental de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms en Avignon (en dépôt au Palais des Papes). MAP, Arch. phot., Sorbets-de-Christen, [1963] (63V1806)
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Titre Fig. 8. Projet de présentation dans la cathédrale de Montauban du tableau d’Ingres Le Vœu de Louis XIII, classé MH le 21 octobre 1903 (photomontage). MAP, DOM, dossier administratif de la cathédrale de Montauban (82/072)
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Titre Fig. 9. En-tête de Jean Malesset au 3, rue Asseline (Paris XIVe). MAP, Archives (2002/11)
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Pour citer cet article

Référence papier

Gaëlle Pichon-Meunier, « L’histoire de la restauration des peintures à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine »Technè, 33 | 2011, 112-120.

Référence électronique

Gaëlle Pichon-Meunier, « L’histoire de la restauration des peintures à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine »Technè [En ligne], 33 | 2011, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 21 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/techne/21076 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12hyc

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Auteur

Gaëlle Pichon-Meunier

Chargée d’études documentaires, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, responsable de la documentation objets mobiliers (gaelle.pichon-meunier[at]culture.gouv.fr).

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